Rochefort, le Plongeur, premier sous-marin français
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Rochefort, le Plongeur, premier sous-marin français
M A R I N E Rochefort, le Plongeur Michel GRANGER premier sous-marin français C’est un bien étrange poisson métallique que Rochefortais et Rochelais voient croiser sur la Charente et dans le pertuis d’Antioche durant quelques jours des années 1863 et 1864. Sa disparition, brutale, fut tout aussi curieuse. Certains disent qu’il survit, sous les formes du Nautilus vernien. 18 L E P I C T O N 1 7 5 / J «A vant-hier, on a mis à l’eau, des chantiers de l’Arsenal – “sans bruit” – un bateau sous-marin, de forme nouvelle, connu vulgairement sous le nom de Plongeur, et dont la construction, faite, dit-on, sur les plans de M. le capitaine de vaisseau Bourgois, a été suivie par M. Brun, ingénieur de 1re classe. Avant de prendre possession de son nouveau lit, le Plongeur a été béni par M. l’abbé Soubiranne, vicaire-général d’Orléans, directeur de l’œuvre des Écoles d’Orient ». Cet entrefilet plein de mystère, publié par Les Tablettes des Deux-Charentes du 20 mai 1863, en dit long sur le secret entourant les essais du sous-marin le Plongeur, premier bateau de ce genre testé par la Marine française. À cette époque l’arsenal de Rochefort vit une importante mutation. La maîtrise de la vapeur et de la métallurA N V I E R F É V R I E R 2 0 0 6 gie impliquent l’adaptation de la marine de guerre, la voile et le bois ne sont plus d’actualité. De nouveaux ateliers sont édifiés et une nouvelle forme de radoub1, inaugurée en 1861, est creusée à côté de la forme double2. Abrégé d’histoire Lorsqu’en 1863, le Plongeur fait surface à Rochefort il y a déjà des années que des ingénieurs se penchent sur cette idée d’un engin submersible capable d’approcher aussi discrètement que possible les vaisseaux ennemis pour tenter de les couler à l’aide d’une mine explosive apposée sur leur coque. Certains marins voient d’ailleurs d’un fort 1. Bassin dont on peut vider l’eau et dans lequel un navire peut être mis à sec pour entretien ou réparation. 2. Forme achevée en 1688 et qui accueille actuellement le chantier de l’Hermione.