une_hebdo-lemarin- ECA spécialiste des drones
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© Le Marin - Tous droits réservés REPORTAGE Jeudi 22 décembre 2016 le marin Alain Lepigeon 20 Le drone de surface Inspector MK2 est une plateforme permettant de mettre en œuvre des drones sous-marins destinés aux opérations de déminage. Eca, spécialiste des drones depuis 80 ans La société Eca, connue pour ses robots sousmarins, a fêté ses 80 ans en 2016. Une aventure qui a démarré à Meudon, dans la région parisienne. E n 1936, Marcel Gianoli et Paul Rozycki, tous les deux ingénieurs diplômés de l’École centrale de Paris, créent la société Eca (Études et constructions aéronautiques). Marcel Gianoli a contribué à la construction de l’avion trimoteur Arc en Ciel de Mermoz. Ingénieur en aéronautique, il s’attelle à la partie technique, Paul Rozycki prenant en charge la partie commerciale. D’emblée, l’accent est mis sur l’innovation. Entre 1936 et 1950, l’entreprise dépose ainsi 100 brevets dans le domaine de l’aéronautique (pilotage, gestion des objets volants, système de direction…). En avril 1940, un premier projet de cible aérienne télécommandée pour l’entraînement des pilotes est présenté à la Marine nationale. Ce sont les prémices de la robotique. Jusqu’aux années 1960, l’activité d’Eca sera principalement tournée vers l’aéronautique. Son expérience dans l’aérodynamique subsonique, dont les lois sont proches de l’hydrodynamique, va permettre à Eca de faire son entrée dans le monde sousmarin, grâce au programme des premiers sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) voulu par le général de Gaulle. La société est alors chargée de concevoir, à l’échelle 1/10, un sous-marin contrôlé à distance pour effectuer des essais sur différentes formes hydrodynamiques, dans le golfe de Saint-Tropez. Une équipe d’Eca s’installe alors dans une bastide à Ramatuelle. La proximité avec le personnel de la Direction des constructions et armes navales (DCAN) de SaintTropez ainsi que l’expertise de la société en robotique débouchent, au début des années 1970, sur le développement d’un robot de déminage sous-marin, le fameux poisson autopropulsé (Pap). Son ultime version, le Pap Mk 6, équipe toujours en 2016 les chasseurs de mines de la Marine nationale. Devant, par nature, être silen- © Le Marin - Tous droits réservés - REPORTAGE 21 Eca le marin Jeudi 22 décembre 2016 L’« Épaulard » conçu en 1979 pour le Cnexo pouvait intervenir jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. Il servira notamment à la recherche des nodules polymétalliques. C’est un ancêtre des drones sous-marins actuels. pour le compte du Cnexo (devenu Ifremer), il plongera jusqu’à 6 000 mètres. Entre 1980 et 1991, l’Épaulard effectuera 200 plongées et sera employé notamment dans la recherche de nodules. Reprise en 1992 par le groupe Gorgé, Eca va alors axer tout particulièrement son activité sur la robotique. Si, entre les années 1970 et 1990, l’enjeu a été de construire des robots et, durant la décennie À partir des années 1960, Eca travaille au profit de l’industrie navale en concevant des maquettes au 1/10e des sous-marins nucléaires français. suivante, de les rendre autonomes, le défi est maintenant de les faire coopérer entre eux. À l’heure actuelle, Eca est la seule entreprise française présente, aussi bien dans la robotique terrestre, aérienne, sousmarine ou de surface. Elle possède également une division simulation pour le civil comme le militaire. n Alain LEPIGEON 80 pays sont clients d’Eca, que ce soit pour des activités militaires ou civiles Neuf Eca équipe neuf flottes militaires sur les dix plus importantes dans le monde. 65 % Actuellement l’activité robotique (aérien, naval et terrestre) d’Eca représente 65 % du chiffre d’affaires : 80 % des drones sont destinés à une activité militaire et 20 % au civil. 500 Eca cieux pour identifier les mines sous-marines, ce robot va permettre à Eca de se revendiquer comme le « spécialiste du silence ». Le savoir-faire développé par la société lui vaut aujourd’hui de réaliser le moteur de propulsion électrique des nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Barracuda. La commande par la DGA d’une première série de dix Pap va amener Eca à se rapprocher de la base navale de Toulon. Elle s’établit en 1975 à la périphérie de la ville, à La Garde, où se trouve maintenant le siège social. Les années 1970 verront également la réalisation de nouveaux robots autopropulsés tels que le Pope, le Marlin et le Sar, mais aussi de nombreux composants et systèmes robotisés ou téléopérés pour le monde sous-marin. En 1979, débutent les essais de l’Épaulard, premier engin opérationnel profond d’observation autonome inhabité au monde. Construit en collaboration avec CIT Alcatel (pour l’électroacoustique) Eca Eca Les robots Pap deviendront une référence ne déminage sous-marin et seront le produit phare d’Eca pendant trente ans. Eca concevra d’autres robots sous-marins suite au Pap, dont le Pope. Pas loin de 500 Pap (poisson auto propulsé) ont été vendus par Eca depuis le début des années 1970.