« De l`art de peindre à l`art de diriger ». Compte rendu de l

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« De l`art de peindre à l`art de diriger ». Compte rendu de l
« De l’art de peindre à l’art de diriger ».
Compte rendu de l’intervention de Dominique Christian au Club
GFF
Par Etienne Boespflug
Ce que j’en ai retenu et compris… (bribes)
Le sujet d’abord : « De l’art de peindre à l’art de diriger », titre du bouquin remis à la sortie
de cette aimable causerie (20 personnes, pas plus), par Jean-Pierre Bonnefond, Président du
GFF.
Difficile de déceler un plan dans cet exposé foisonnant d’une durée d’une heure. Sans doute
une manie d’ingénieur… et une caractéristique de psychothérapeute… Divergent,
convergent…
Les bribes, ensuite :
° Les références de l’introduction disent déjà beaucoup de choses : Ricœur, Levinas…
Dominique Christian, philosophe et psychothérapeute, ne cache pas que le « job » de
consultant nourrit mieux son homme que celui de peintre, activité à laquelle il aimerait bien
s’adonner à plein temps. OK.
° Les discours de managers ont un rapport avec l’invention de la perspective (14ème siècle)
° Dans la peinture rupestre (Lascaux, Chauvet…), l’homme invoque, évoque, convoque (déjà
le trinôme, la trilogie, la Trinité)
° Dans la peinture de vase grec, apparaît la présence du divin dans le quotidien de l’homme.
C’est déjà la question de « comment articuler le quotidien et l’avenir ? »
° Peinture d’Alexandre le Grand. Pour Alexandre, il s’agit de rendre présent ce qui est
lointain. Son Empire est très étendu et il ne peut pas être partout à la fois : la peinture lui
permet d’être présent. Déjà le management à distance…
° Sarcophages égyptiens : on y trouve des représentations des personnes
° La magie articule les humains et les objets : Devise de la marine américaine : « Tout ce qui
bouge, on le salue, tout le reste, on le peint » (allusion aux gradés et aux bâtiments qui
rouillent et qu’il faut repeindre sans cesse). Dans l’entreprise d’aujourd’hui, le manager a
tendance à faire : « Dans le doute, je les peins » (sous-entendu, « je les motive », puisqu’ils ne
bougent pas… (Il y aurait d’intéressants développements à faire, du type ; est-ce parce que je
ne les salue pas qu’ils sont devenus immobiles ? Si je les salue (reconnais), y aura-t-il encore
besoin de les peindre ?)
° Expérience de Bateson : un caillou de 50 kg et un chien de 50 kg. Avec le caillou, pas de
problème : plus je tape fort, plus il ira loin. Avec le chien, c’est moins sûr. C’est même
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l’inverse ; plus je tape fort, plus il se retournera contre moi. C’est l’expérience de l’interaction
entre deux vivants. (Ca me rappelle étrangement ce que je dis toujours aux élèves ingénieurs
de 5ème année, quels qu’ils soient : ce que vous avez appris ne s’applique qu’à 5% de ce que
vous rencontrerez : les liens proportionnels de cause à effet sont rares ; ce que vous
rencontrerez ressort du vivant, du systémique, pas du mécanique, de la physique. Pour eux,
c’est terrible ; tout ce temps passé à apprendre des lois qui ne s’appliquent pas à la réalité à
venir…).
° Pour DC, beaucoup de groupes industriels sont en train de muter pour passer à un autre
regard :
Objets
Humains
Objets
Approche
technique (mes
5%…)
Approche
magique
Humains
Approche
technocratique
Approche
stratégique
Pour lui, le problème est qu’on peut réussir aujourd’hui dans la première case (objets-objets)
en investissant du temps et de l’argent et complètement rater dans la case 4 (humainshumains), parce qu’on se trouve dans une interaction : je ne suis plus le maître du monde.
Evidemment, il y a les DRH, Direction des Ressources Humaines, comme des Directions des
Ressources Minières…)
Dans ce schéma, l’informatique correspond à la case « Objets-humains ». C’est le grand
retour de la magie.
Finalement, la question est de savoir, en tant que manager, quelle posture j’adopte , dans le
quadrant décrit .
° Pendant 1000 ans, dans le peinture, c’est l’éclipse : le moi est haïssable, le corps à conspuer.
Et puis, surgit Giotto (14ème siècle), une sorte de retour au rupestre : les peintures sur les
murs. C’est à cette époque aussi qu’apparaît la perspective : les personnages sortent de la
boîte, l’humain réapparaît.
° Le tableau de Pierro Della Fanschescca met en évidence la confrontation de la raison et de la
sensation :
Raison
Esprit
Culture
Projet
Sensation
Corps
Nature
Communauté
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Ce débat rend les managers insomniaques : où suis-je, où sont-ils ?
Appartenance
faible à la
communauté
Participation
faible au projet
d’entreprise
Participation
forte au projet
d’entreprise
Appartenance
forte à la
communauté
La perspective, dans le tableau de Pierra Della Franschescca permet de faire « rentrer » le
client : le spectateur est regardé, il n’est plus seul
° Dans l’interaction stratégique, l’élément majeur est la confiance (confiance donné et
confiance reçue). La confiance est spécifique de l’humain. La confiance est une relation
mutuelle. On ne peut pas fabriquer de la confiance avec une posture du type « Il faut que je
les motive, mais je sais que ce sont des bras cassés ». La confiance ne fonctionne que si on la
donne et si on la reçoit.
° Mais pour donner de la confiance, il faut déjà avoir de la confiance en soi. Pour interagir
avec les humains, je dois aller bien . donc, s’occuper de soi pour s’occuper des autres.
° La troisième dimension est donc le « Je », l’expression de soi. A la Renaissance, on
commence à peindre les saisons (le temps qui passe), l’ombre (le monde) et soi-même (le
miroir). Le tableau de Jean le Bon le montre avec des poils à la barbe : c’est vraiment lui.
Dürer se peint lui-même. Le peintre commence à signer ses tableaux. (Avant cette époque, il
faut remonter aux détails, pour identifier l’auteur d’un tableau, ; les peintres ne signaient pas,
ils n’existaient pas en tant qu tels). Michel Ange se peint lui-même dans la Chapelle Sixtine,
dans la défroque de l’écorché Bartolémé). C’est le début de l’anthropométrie (les empreintes
digitales).
° Ma Liberté commence là où commence celle d’autrui. La vieille devise « Ma Liberté
commence là où s’arrête celle des autres » est évidemment une ânerie.
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° Paul Ricoeur identifie bien les trois pôles qui doivent se rejoindre dans l’interaction
stratégique : « Je » ne peut pas s’entendre durablement avec « Tu » si leurs échanges ne sont
pas régulés par « Il », qui représente la Loi l’Ordre…
Il
Tu
Je
Pour qu’il y ait une Morale, il faut qu’il ait un troisième personnage, sinon la relation « JeTu » devient vite une relation de coquins.
° Aujourd’hui, l’entreprise doit participer à la reconstruction complète de la double relation :
individuel-collectif
présent-avenir
Quand je gère un « projet », je gère la crise sociétale dans laquelle nous sommes tous. Car
nous vivons tous une grande rupture d’identité. Il faut donc parvenir à une représentation
équilibrée du sujet, satisfaisant l’être (la relation) l’avoir (le bien) et le statut social.
Nous avons beaucoup de mal à parler du monde qui est en train de naître. Nous avons
l’expression de la déliquescence de ce monde, mais nous n’avons pas grand chose sur une
nouvelle expression d’être à soi et e’être aux autres. Les jeunes deviennent « Fan’ d’euxmêmes, ils n’ont plus de modèle.
° Je ne sais pas où on va, mais je crois que la « mise en récit » permet d’y aller . En période
troublée, il faut devenir escargot : garder la trace.
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