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VIE LOCALE
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PORTRAIT
De la cuisine
100 % made in Marie-France
Quand elle n’est pas derrière son piano Lacanche, Marie-France
Thiery-Bertaud pianote sur son clavier d’ordinateur. Cette
passionnée partage recettes et coups de cœur culinaires sur internet.
L
(Photo : Julien Marchione)
es casseroles en cuivre sont alignées. La RollsRoyce des pianos de cuisson, un Lacanche, trône
en bonne place. Des piles de livres de recettes
tiennent en équilibre. Au centre de la cuisine,
un magnifique plan de travail, rouge passion, en
bois et caisses de vin, “fait sur-mesure par un artisan de Pouzauges”.
Du local, rien que du local ! Marie-France Thiery-Bertaud,
challandaise d’origine et aujourd’hui Soullandaise, est un pur
produit vendéen. “Quand j’ai ouvert mon blog “Une cuillerée pour
papa”(1), il y a maintenant sept ans, les blogs culinaires fleurissaient
à tout va. Alors j’ai axé le mien sur les produits du terroir vendéen
parce que c’est mon identité. C’est devenu ma marque de fabrique,
raconte la souriante quinquagénaire. Ce blog, c’est mon espace de
détente. J’y consacre mes congés et mes week-ends.” Chaque jour,
ce sont plus de 500 internautes qui se connectent pour suivre
ses posts : des recettes la plupart du temps, mais aussi des avis
sur les tables gourmandes du coin et, plus surprenant, des clins
d’œil littéraires. L’autre grande passion de Marie-France. Un
rapide détour par son salon le confirme immédiatement : une
gigantesque bibliothèque tapisse le pan de mur. “Je me souviens
encore de mon premier livre sans image que m’avait donné une institutrice à l’école primaire : Croc-Blanc. Depuis, je n’ai jamais cessé
La devise de Marie-France : “L’abus de saines gourmandises ne nuit pas à la santé !”
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de lire.” Même si, à 19 ans, quand elle part de chez ses parents,
ce sont des ouvrages de recettes qui l’accaparent. “La cuisine,
c’était le domaine de ma mère donc je la regardais faire. Mais jamais
je ne mettais la main à la pâte. Alors il a fallu tout apprendre quand
je suis devenue indépendante. Je me suis mise à organiser des dîners
où mes amis servaient de cobayes !”
Puis Marie-France vadrouille à travers la France grâce à son
métier de commerciale dans l’immobilier. À Nancy, elle découvre
les spécialités gastronomiques des Vosges, la flammeküche, l’ambiance auberge des montagnes et surtout les vins d’Alsace : “Ah !
Le gewurztraminer et le sylvaner !” lance-t-elle rêveuse. À Angers,
elle apprend à cuisiner le brochet et le sandre et forge son palais
aux vins de Savennières. “Je parle très rarement de vin sur mon blog
car je ne suis pas une connaisseuse mais j’aimerais apprendre.”
“
Donner aux
gens l’envie
de cuisiner”
Forte de toutes ces expériences, c’est en 2007 qu’elle lance
son blog. “Ça paraît romanesque mais c’est vraiment comme ça que
ça s’est passé. Un matin, je me lève avec ce titre en tête : “une cuillerée
pour papa”. Je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose.”
Dix années alors que son papa est décédé… Comme un hommage à ce père, gérant de café, amateur de pêche à l’anguille
et à la grenouille avec ses copains de Bouin ;
hommage aussi à ces dimanches en famille
entre pique-nique et pêche à pied à Noirmoutier ou Saint-Jean-de-Monts. Certainement pas un hasard si les spécialités de
Marie-France restent le poisson et les fruits
de mer. “Pour les repas de famille, ma mère sortait la poissonnière pour le bar au beurre blanc.”
Aujourd’hui, les produits de la mer, notre
cuisinière vendéenne s’amuse à les détourner. Il n’y a qu’à voir une des dernières
recettes du blog : le hamburger vendéen
à l’anguille et au chou. Un pied de nez de la part de cette anti
McDonald’s ! Pain façon préfou, vinaigre de trousseminette
rouge (à base de vin d’épine), tranches de mizotte… Une création made in Soullans !
Créative, Marie-France l’est en cuisine mais aussi dans ses
récits. La lectrice invétérée est devenue auteure. Un rêve de
gosse ! Elle commence d’abord avec un ouvrage collectif, il y
a quatre ans, Les contes et légendes de Vendée, en deux volumes.
VIE LOCALE
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Portrait chinois
Un plat fétiche ? “Les cuisses de grenouille à l’ail et à
la crème fraîche, sans hésiter ! Le plat de mon enfance:
ma mère cuisinait les grenouilles pêchées par mon
père. J’en fais encore même si, maintenant, elles viennent plutôt de Hongrie. Je propose aussi une variante
avec une sauce à la bourrache.”
Un chef cuisinier référence ? “Alexandre Couillon, de
La Marine à Noirmoutier. En allant manger dans son
restaurant étoilé, j’ai découvert ce que pouvait être
une cuisine moderne, une vraie révélation ! J’aimerais
également citer Jean-Marc Pérochon des Brisants à Brétignolles qui vient d’avoir une étoile bien méritée.”
Un livre de chevet ? “Pas un livre de recettes mais un
roman de Patrick Süskind, Le Parfum. Une force d’évocation dans les descriptions… Ces odeurs pestilentielles… Ce livre m’a marquée.”
Puis, en solo, Les contes de la Cocotte(2), ou les chroniques gourmandes de personnages de papier livrent leurs recettes. En fin
d’année dernière, elle sort un ouvrage culinaire plus classique(3)
mêlant cuisine traditionnelle et créations originales comme
ces “bonbons de bonnottes” ou ce “tartare de canard aux pêches”.
“Je fais des dédicaces dans des salons du livre ou en librairie(4) et les
retours de lecteurs sont bons. Rien ne me fait plus plaisir que lorsqu’on
me dit : "Vos recettes sont simples, j’en ai fait plusieurs." Moi, ce qui
me plaît, c’est de donner aux gens l’envie de cuisiner. Je ne suis pas
une professionnelle, je propose une cuisine accessible au grand public.”
Son ambition semble atteinte au vu des
nombreux commentaires postés sur le blog
par une communauté de plus en plus nombreuse. “Les gens commencent à me connaître
dans le coin. J’ai participé à plusieurs émissions
de télévision, sur TV Vendée, mais aussi Midi
en France sur France 3 ou À vos régions sur D8.
Bientôt ce sera Météo à la carte sur France 3
avec Laurent Romejko.”
En attendant la sortie, avant l’été, d’un
second livre de recettes, c’est un roman
qui occupe le temps libre de MarieFrance. Une saga familiale entre Marais breton et Charente,
dans le milieu des pêcheurs à la gabarre… Le terroir, encore et
toujours, pour une Vendéenne authentique mais jamais rustique.
Delphine Blanchard
(1) http://unecuillereepourpapa.net. Également sur Facebook et Twitter.
(2) Les Contes de La Cocotte, illustrations de Juliette Chaux-Mazé, éditions Mines de
rien, 2012, 15 €.
(3) Vendée, le goût de l’authentique en 40 recettes, éditions Mines de rien, 2013, 15 €.
(4) En dédicace samedi 24 mai après-midi à la librairie Agora à La Roche-sur-Yon.
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