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Crise plurielle.
Mr. Mark Eyskens,
Ministre d’Etat
Le mot "crise", vocable d'origine grecque,
n'est pas nécessairement péjoratif. Il vise un
moment critique, de réflexion, d'inflexion,
un revirement, un tournant, pour le meilleur
mais aussi pour le pire. Les crises peuvent être
salutaires. Les crises de toute manière constituent des défis qu'il faut relever. C'est le cas
aujourd'hui où il faut restructurer un monde
en mutation permanente tous azimuts.
1/ La crise actuelle a éclaté aux États-Unis
fin 2007 par de graves problèmes bancaires, conséquence des taux d'intérêt trop
bas et de l'emballement dans l'octroi
de crédits, souvent dans des conditions
risquées. Étant donnée l'imbrication du
monde financier, suite à la globalisation,
toute la planète fut rapidement contaminée par une crise bancaire. Ce fut la
première phase .
2/ Elle s'est vite transformée en une crise
économique causant un effondrement
de la croissance économique, la fermeture d'entreprises et l'augmentation du
chômage. Les gouvernements eurent
toutefois une réaction positive à court
terme en accordant une aide massive
au système bancaire et en injectant de
nombreux milliards de dollars et d'euros
dans l'économie afin de soutenir la
demande.
3/ Mais en 2010 il devint clair que les engagements très importants des États, allant
de pair avec des déficits budgétaires et
des dettes publiques en hausse rapide,
affaiblirent dangereusement les trésors
publics, dès lors qu'ils durent s'adresser
au marché des capitaux pour financer
leurs énormes besoins. En Europe, la
Grèce, membre de l'Union monétaire,
fut la première victime d'un manque de
confiance, par ailleurs attisé par la spéculation mais aussi par le trucage des
statistiques officielles communiquées
par la Grèce. Ce pays fut dès
lors obligé d'emprunter à
des taux d'intérêt qui dépassaient largement la moyenne
européenne. La hausse des
charges financières à supporter par la Grèce rendit
les mesures de compression
budgétaires quelque peu
dérisoires. Après de laborieuses négociations, l'Union européenne
a mis au point un mécanisme d'aide à
la Grèce en faisant appel également au
Fonds Monétaire International.
4/ Les péripéties décisionnelles autour du
cas grec mirent en exergue une quatrième crise: celle du fonctionnement des
institutions. L'Union européenne, dotée
d'une Union monétaire, n'avait pas suffisamment réussi à mettre sur les rails une
véritable Union politique, capable d'une
gouvernance commune et intégrée, cohérente et efficace en ce qui concerne
les politiques budgétaire et fiscale, sans
oublier l’harmonisation nécessaire du financement de la sécurité sociale
L'Union européenne reste une construction
paradoxale dans la mesure où elle est un compromis permanent entre le fédéralisme et le
confédéralisme, entre l'inter-gouvernementalisme et des compétences intégrées, entre des
décisions prises par le Conseil européen et les
Conseils des ministres et des mesures proposées par la Commission européenne, approuvées par le Parlement européen. Le Traité de
Lisbonne n'est pas parvenu à vraiment fédéraliser l'Europe, nonobstant certains progrès.
Il est vrai que suite à la nomination d'un président du Conseil européen, le Belge Herman
Van Rompuy, et d'un Haut représentant à la
Politique étrangère en la personne de Lady C.
Ashton, – qui sont toutefois ni le président ni
le ministre des Affaires étrangères de l’Europe
– l'Union européenne dispose aujourd'hui,
pour répondre à la boutade d'Henri Kissinger, d'un numéro de téléphone plus ou moins
unique. Mais une fois le contact établi, l'alibiphone signale au correspondant qu'il est
prié de presser la touche 1 pour l'Allemagne,
la touche 2 pour la France, la touche 3 pour
la Grande-Bretagne, la touche 4 pour l'Italie,
la touche 5 pour l'Espagne, et ainsi de suite
jusqu'à la 27e touche.
S'ajoute à cela que beaucoup d'États
membres au sein de leurs propres structures
politiques rencontrent des problèmes aigus de
gestion efficace suite à l’instabilité gouvernementale, à de multiples contestations par des
groupes de pressions et des partis politiques, à
la complexité des problèmes et le déficit d'information du public et des électeurs. La Belgique est manifestement dans ce cas dans la
mesure où son système politique est à la fois
fédéral et confédéral, doté de nombreux gouvernements, d'innombrables partis politiques
et d'une fréquence trop élevée d'élections. La
démocratie doit non seulement être représentative des tendances de l'opinion publique. Elle
doit aussi être efficace, c'est-à-dire parvenir à
résoudre les grands problèmes qui se posent.
Or, dès aujourd'hui les gouvernements nationaux sont trop petits pour les grands problèmes et trop grands pour les petits problèmes.
70 % des mesures prises au niveau national
sont en fait la conséquence ou la traduction
de décisions édictées au niveau européen.
La crise financière et économique, nonobstant sa multiplicité, n’est par ailleurs qu’un
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et d'une stratosphère, serait à terme également entourée d'une noosphère, à savoir une
sphère de l'information et partant du savoir et
de l'intelligence. Les historiens anglo-saxons
scindent l’histoire universelle en deux périodes : BC ou before Christ et AC ou after
Christ. Aujourd'hui l'histoire de l'humanité
est éclatée en deux époques bien différentes :
before computer (BC) et after computer (AC).
La révolution des technologies de l'information et des communications, donnant naissance à la société de la connaissance a, me
semble-t-il, déclenché deux « crises d'inversion » de l'histoire au cours des dernières 25
années. La première révolution fut principalement politique. Elle a depuis la chute du Mur
de Berlin en 1989 conduit à l'implosion du
communisme et du socialisme collectiviste. La
deuxième révolution, de date plus récente, est
de nature économique et sape considérablement le capitalisme libéral. Les deux grandes
idéologies qui ont dominé la pensée sociétale
depuis 250 ans, le libéralisme et le socialisme,
engendrées par la première et la deuxième
révolution industrielle, s'avèrent être complètement dépassées par les récents développements scientifiques et technologiques.
aspect d'un phénomène mondial beaucoup
plus fondamental et beaucoup plus vaste, à
savoir l'émergence accélérée de la société de
la connaissance, portée par les technologies
de l'information et des communications (TIC)
et leurs applications multiples, toutes dérivées
de l'invention de cet outil fabuleux que nous
appelons l'ordinateur. Le célèbre philosophe
et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin
avait prédit il y a déjà plus d'un demi-siècle
que notre planète, dotée d'une atmosphère
Un phénomène de décollectivisation générale, incompatible avec le communisme et le
socialisme collectiviste s'est manifesté. Dès lors
que la connaissance et la créativité innovatrice
sont devenues les facteurs de production les
plus importants, la recette marxiste de la collectivisation – la nationalisation – des facteurs
de production capitaliste devient inapplicable
et donc caduque.
La révolution des technologies de l'information et de la communication affecte à son
tour le libéralisme d'un phénomène débilitant
de déprivatisation. Rien n'est encore privé,
toutes les idées, propositions, découvertes et
inventions se propagent à travers les réseaux
électroniques et digitaux dans le monde entier,
souvent à la vitesse de la lumière. Il en résulte
que la propriété industrielle et intellectuelle
est de moins en moins protégée. Dans certains
secteurs, jusqu'à 25 % de la production mondiale est contrefaite ou imitée. Dans certains
pays asiatiques, le « copyright » est traduit en
« the right to copy ». La globalisation technologique a crée des marchés mondiaux où les
fusions et les reprises d'entreprises (mergers
and acquisitions) se multiplient. Les contrain-
tes concurrentielles et les énormes efforts sur
le plan financier qui s'avèrent nécessaires en
matière de recherche et de développement
forcent les entreprises à agrandir leurs échelles. Une concurrence mortelle s'installe ainsi
au niveau de la planète. Les Américains l’appellent « cut the throat over competition ».
Il s'agit d’un mode darwinien (the survival of
the fittest) de concurrence oligopolistique –
en fait de compétition innovatrice – qui réduit
les avantages du fonctionnement du marché
où les élimine carrément. Le secteur financier
joue dans cette évolution un rôle tout à fait
stratégique dans la mesure où il est appelé
sur les marchés oligopolistiques à financer des
entreprises de plus en plus géantes, autour
desquelles les petites et moyennes entreprises
sont très souvent satellisées. C'est la concurrence à outrance au niveau mondial, allant de
pair avec le lancement de nouvelles pratiques
financières et de nouveaux produits risqués
(toxic products), qui est à la base de l'actuelle
crise financière et économique. Avec pour
résultat que le capitalisme libéral se trouve
atteint autant dans sa crédibilité que dans son
efficacité.
La crise politique de la fin du XXe siècle et
la crise financière et économique du début
du XXIe sont les révélateurs d'une crise existentielle des idéologies du passé (socialisme
et libéralisme). Il s'ensuit que la communauté
mondiale est à la recherche d'une nouvelle
vision cohérente de la société, laquelle devra
de toute évidence transcender le « googlisme » et « l’internautisme ». Le défi le plus
important pour nos sociétés et leur gouvernance est de transformer le déferlement de
changements en véritable progrès humain. Il
n'est pas interdit de penser que compétition
et coopération ne sont pas nécessairement
antinomiques et inconciliables. Certains économistes aujourd'hui d'ailleurs parlent de
« coopétition », une synthèse de coopération
et de concurrence.
La gouvernance d’une planète mondialisée,
le Globalistan devra être basée sur un nouvel
« attelage du marché et de l'autorité » et cela
dans un contexte sociétal et mondial complètement différent. Dans un monde internationalisé, il faut une autorité internationale qui
puisse appliquer une politique de concurrence
efficiente. L'Union européenne en donne
l'exemple depuis de nombreuses années en
confiant « la politique de concurrence » à un
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de ses commissaires les plus influents.
Une économie globale requiert une gouvernance aussi collective que possible,
si l'on veut à l'avenir éviter de nouvelles
crises systémiques. C'est la raison pour
laquelle il me paraît également souhaitable de promouvoir une beaucoup plus
grande coopération entre le Fonds Monétaire International, la Banque mondiale
et l'Organisation Mondial du Commerce,
allant éventuellement jusqu'à leur fusion.
L'on pourrait en même temps envisager
qu'au sein des Nations Unies, à côté du
Conseil de Sécurité politique l’on crée
un « Conseil de Sécurité économique »,
suffisamment représentatif des forces
économiques en présence dans le monde
actuel, par exemple en donnant un statut
onusien au G20.
ses membres. Un déferlement de changements insoupçonnés et inégalés s’annonce. Force est toutefois de souligner
que tout changement n'est pas nécessairement amélioration et qu'il faut dès
lors faire la distinction entre ce qui est
bénéfique et préjudiciable au progrès de
l'humanité, entre ce qui finalement est le
bien et le mal. Cette très ancienne question à caractère éthique est aujourd'hui
plus actuelle que jamais. La communauté
internationale doit être organisée. Ce qui
implique l'acceptation et l'application
d'une éthique du changement. Ethique
du changement qui me paraît essentielle
et plus importante qu'un changement
d’éthique.
Le développement de la société de
la connaissance inaugure une nouvelle
phase dans l'histoire de l'humanité et de
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