Robert Delaunay Fiche enseignant
Transcription
Robert Delaunay Fiche enseignant
Robert Delaunay Fiche enseignant 3e Histoire des arts Robert Delaunay (Paris, 1885 - Montpellier, 1941) Nature morte au perroquet, 1907 Huile sur toile 81 x 65 cm Face à l’œuvre Que représente cette œuvre? Cette œuvre représente une nature morte où figurent : - un perroquet perché sur un vase bleu, sujet principal du tableau - des fleurs et végétaux arrangés en bouquet dans un vase transparent au deuxième plan - un autre petit vase bleu se situe à l’arrière-plan. Tous ces objets se détachent sur une nappe claire à motifs géométriques Sous quel angle de vue est peinte cette nature morte? Comment est-elle composée? Dans cette oeuvre, la composition est construite selon une vue plongeante qui permet au spectateur d’être en prise directe avec les objets posés sur la table. Cette composition qui concentre les motifs dans la partie droite est décentrée. Les deux vases bleus sont coupés par le cadrage de manière arbitraire ; ce découpage donne ainsi au cadre la fonction d’une fenêtre limite entre le monde fictif du tableau et l’espace réel du spectateur. La composition est construite selon de grands axes obliques qui prédominent sur les axes verticaux des vases. Ces lignes obliques dynamisent le tableau (les lignes des motifs de la nappe du premier plan, une diagonale passant par le perroquet et se prolongeant dans les végétaux du bouquet. Cette dernière croise la ligne oblique d’un motif orange de la nappe en haut à gauche). Décris la manière de peindre de Robert Delaunay. Comment est appliquée la peinture? Est-elle déposée de la même manière sur les différentes parties du tableau? Delaunay change de geste lorsqu’il dépose la peinture sur la toile. Sur le motif vert de la nappe, on voit la trace de son pinceau zigzaguant dans la peinture épaisse. Les fleurs jaunes du bouquet sont réalisées avec des touches « écrasées » à la pointe du pinceau. Sur le perroquet, les vases bleus et la partie droite du bouquet, le peintre adopte un effet mosaïque réalisé à partir des touches rectangulaires et des couleurs pures issues du prisme. Cette œuvre associe la répétition modulaire de la touche divisionniste et la liberté du geste dans des aplats vibrants de couleurs. Quelles couleurs le peintre a-il utilisées? Ces couleurs sont-elles fidèles à celles de la réalité? L’œuvre fait appel à une gamme à dominante bleu-vert-jaune-orangé. Presque toutes les couleurs du cercle chromatique (spectre solaire) sont présentes sur ce tableau. Ces couleurs sont composées partiellement avec la technique du divisionnisme qui est un moyen idéal pour se détacher progressivement de la réalité matérielle : par exemple le bouquet de fleurs devient un feu d’artifice de couleurs juxtaposées, couvrant comme une mosaïque de taches colorées la surface de la toile. Delaunay joue sur les contrastes de complémentaires (bleu/orangé, rouge vif/vert foncé sur le perroquet, violet/jaune les fleurs se détachant sur la nappe). Sur les fleurs roses, la touche mosaïquée est conçue comme une ample touche divisionniste reprenant la théorie des contrastes complémentaires avec des dominantes en vert et violet ponctués d’interstices rouges primaires. Delaunay applique les principes des traités scientifiques sur la couleur rédigés par Chevreul (La loi du contraste simultané des couleurs 1839) ou Rodd (Théorie scientifiques des couleurs, 1881) et obtient l’effet vibratoire recherché par les peintres néo-impressionnistes (Georges Seurat, Paul Signac et HenriEdmond Cross). La technique utilisée vise à amener ces complémentaires, juxtaposées sur toutes la surface de la toile, à s’exalter réciproquement. La couleur joue-t-elle un rôle important dans cette œuvre ? La couleur est primordiale dans cette œuvre, car elle participe de la composition du tableau. Delaunay adopte une touche mosaïquée et avec des couleurs qui rappellent celles des fauves. Après 1907 Delaunay va abandonner cette facture divisionniste pour s’ouvrir à une peinture qui va privilégier encore plus la couleur sans recourir à la figuration, comme dans la série des Fenêtres de 1912 par exemple.« La couleur spécifiquement et non considérée comme un coloriage est encore à connaître, à découvrir mais elle est en marche » explique Robert Delaunay (Du Cubisme à l’art abstrait, 1928-1930) Son fils Charles Delaunay a écrit dans Delaunays Dilemna ; La peinture, le jazz et moi. « Dans sa recherche d’absolu, il ignorait tout ce qui n’était pas la couleur : dessin perspective, clair-obscur et autres notions académiques. La peinture devait être avant tout le domaine de la couleur et se suffire à elle-même. Non pas ces couleurs crasseuses, jaunies par la patine du temps, comme celles de tant de chefs-d’œuvre de nos musées, mais la couleur à l’état « pur », celle du spectre solaire, les couleurs fondamentales et complémentaires, chaudes ou froides, et les contrastes issus des oppositions de ces couleurs entre elles, comme les avait étudiées et définies le génial Chevreul ». Comment les objets se détachent-ils sur le fond ? Afin de distinguer la figure et du fond, Delaunay entoure ses motifs d’un halo lumineux, perceptible ici autour du perroquet et matérialisé par des larges touches de jaunes pâles différents.