Grosplansurle“lowcost”

page 22 Lundi 11 juillet 2011
Le Dauphiné Libéré
FRANCE­MONDE
TRANSPORT AÉRIEN Alors qu’Easyjet connaît sa première grève en France
HOMMAGE Le chorégraphe est décédé hier
Roland Petit,
une vie pour la danse
Gros plan sur le “low cost”
Comment est né
le low cost
L a formule arrive des États­
Unis.Mais le phénomène des
vols à bas coûts explose vrai­
ment en Europe à partir de
1997 avec la déréglementa­
tion des transports aériens qui
voient les compagnies autori­
sées à desservir les autres
pays. Le paysage aérien
change. Ryanair puis Easyjet,
les leaders, s’engouffrent
dans la brèche.L’offre “low
cost” se développe crescen­
do.
La recette
des compagnies
Indissociables. Tout au long de sa carrière Roland Petit créa pour sa muse,
Zizi Jeanmaire. Photo AFP / Archives
A
u cours de sa carrière, il a
sillonné le monde entier :
Londres, Hollywood, Mos­
cou, Milan, Berlin, Tokyo…
Et a collaboré avec les plus
grands : Fred Astaire, Jean
Cocteau, Noureev, Yves
Saint­Laurent, Vasarely ou
César… C’est un immense
chorégraphe que la France a
perdu hier avec la mort de
Roland Petit. Âgé de 87 ans,
son décès a été annoncé par
sa femme et muse de tou­
jours Zizi Jeanmaire depuis
Genève où ils habitaient.
Du ballet au music-hall
Né le 13 janvier 1924 à Ville­
momble (Seine­Saint­Denis)
d’une mère italienne et d’un
père cafetier aux Halles, il
était entré en 1933 à l’Ecole
de danse de l’Opéra de Paris,
avant de créer son premier
ballet dès l’âge de 21 ans. Au
terme d’une carrière riche, il
était encore à l’automne der­
nier à l’Opéra de Paris avec
trois de ses plus célèbres bal­
lets, “Le Rendez­vous”, “Le
Loup” et “Le Jeune homme
et la mort”. Entre­temps, il
avait fondé “Les Ballets de
Paris, Roland Petit” en 1948
puis géré les ballets de Mar­
seille pendant 26 ans. Tou­
jours en étant inspiré par sa
muse Zizi Jeanmaire. Il la fit
notamment triompher dans
“La Revue”, dont elle des­
cendait le grand escalier vê­
tu par Saint­Laurent de son
célèbre “Truc en Plumes”,
qui lui collera à la peau.
Car Roland Petit toucha à
tous les genres, du classique
au music­hall.
Hier, Sarkozy a salué en
lui “un immense créateur”,
“un novateur incessant”, no­
tant qu’il “avait su établir
avec les créateurs majeurs
de toutes les autres discipli­
nes […] un dialogue d’une
inventivité et d’une richesse
sans égales”. Pour le minis­
tre de la culture Frédéric
Mitterrand, “ses ballets té­
moignent de la théâtralité et
de la sensualité propres à son
univers”.
o
Pas de miracle ou de secret.
Pour obtenir des prix imbatta­
bles, les “low cost” font voler
leurs avions au maximum,
utilisent les aéroports les
moins chers, souvent excen­
trés par rapport aux grandes
villes, emploient moins de
personnels et vendent les
billets sur internet. N’espérez
pas non plus des services en
nombre à bord.Tous les sup­
pléments comme les repas,
50 %
boissons, journaux, surplus
de bagages… sont payants et
donc sources de revenus pour
la compagnie.
Une part de marché
croissante
Aujourd’hui, le “low cost”
c’est 38 % du trafic aérien in­
tra­Europe.Selon une étude
de la société York aviation
(avril 2011), les compagnies
low cost ont connu une ex­
pansion rapide depuis
2005. Les chiffres devraient
continuer à suivre cette cour­
be dans les années à venir.
C’est pourquoi les compa­
gnies traditionnelles veulent
regagner du terrain.Air Fran­
ce cherche ainsi à établir des
bases régionales et à aug­
menter sa productivité.“Nous
essayons de trouver un modè­
le de production pour baisser
nos coûts de 15 %” sans tou­
cher à la qualité du service Air
France, explique le directeur
général. L’objectif est claire­
ment annoncé : des tarifs plus
bas pour mieux concurrencer
des compagnies comme Ea­
syjet ou Ryanair.
o
LE CHIFFRE
du trafic aérien européen. C’est la part de
marché que devrait représenter le low cost
à l’horizon 2020 (rapport d’York aviation,
avril 2011).
Une grève en pleine saison
L
a compagnie britannique
Easyjetaffronterademainet
mercredi sa première grève en
France. Le syndicat Unac des
hôtesses et stewards réclame
notamment une meilleure in­
demnisation des congés mala­
die et des accidents du travail.
Même si le préavis de grève est
maintenu,lesyndicatlaisseen­
core la porte ouverte à la négo­
ciation.Desoncôté,ladirection
se dit confiante et assure que
les vols seront normalement
assurés durant ces deux jours,
en soulignant que l’Unac est
“minoritaire” chez le person­
nel.
o
Sur un trajet identique, un vol “low cost” affiche un prix 30 % plus bas qu’une compagnie traditionnelle. Photo AFP
“Le low cost colle à l’attente des consommateurs”
E
mmanuel Combe est pro­
fesseur d’économie à l’uni­
versité Paris I, auteur de” Le
low cost” (éditions La Décou­
verte).
F Pourquoi le “low cost”
occupe­t­il une place si im­
portante sur le marché ?
­Pour un trajet identique, les
compagnies “low cost” bais­
sent les prix de 30 % en
moyenne. C’est considéra­
ble.Les “low cost” ont donc
pris des clients aux autres
compagnies mais ont surtout
élargi le marché à une clientè­
le qui ne voyageait pas jus­
que­là, ou moins ou différem­
ment (étudiants, profession­
nels…). En témoigne un
pourcentage impressionnant :
59 % des clients des “low
cost” n’auraient pas voyagé
sans ces vols à bas coût ! Cela
correspond aux attentes du
consommateur.L’avion est de­
venu une commodité et acces­
sible à tout le monde.
F Les clients ont donc dé­
passé la suspicion créée par
les baisses importantes de ta­
rifs ?
­Je crois que la logique du
portefeuille a pris le dessus.
Mais c’est vrai qu’au début, la
suspicion était très forte, à la
hauteur du côté drastique des
baisses. Sans compter l’image
d’un manque de sécurité.
Mais l’effet d‘habitude a
joué.Les gens ont vu que ce
n’était pas si mal que ça. Les
“low cost” rognent sur les ac­
cessoires mais pas sur la sécu­
rité et les horaires. Ces compa­
gnies sont au moins aussi sû­
res que les autres.Ce sont des
sociétés aux avions récents, en
POLITIQUE Après les premiers dépouillements du second tour de la primaire écologiste
Eva Joly se dirige vers une large victoire
E
va Joly serait en passe de
remporter le second tour
de la primaire d’Europe
E c o l o g i e ­ l e s Ve r t s
(EELV). Selon les toutes pre­
mières tendances du dé­
pouillement des votes par
courrier, l’ex­magistrate
pourrait dépasser les 60 %.
Il s’agirait donc d’une lar­
ge victoire face à Nicolas
Hulot, pourtant grand favori
il y a encore dix jours. Et
même si les résultats finaux,
incluant le vote électroni­
que qui a réuni 13 778 sym­
pathisants sur 32 896 ins­
crits, ne seront connus que
mardi après­midi, il y a “as­
sez peu de doute sur l’issue
finale”, assure un responsa­
ble d’EELV.
Report des voix
en faveur d’Eva Joly
Selon cette source, Nicolas
Hulot “stabilise son score
mais les reports de voix des
deux autres candidats, Hen­
ri Stoll et Stéphane Lhom­
Jean­Louis Borloo et son
ralliement tardif à la sortie
du nucléaire ont sans doute
eu raison de lui.
“Une écologie de combat”
La candidate franco-norvégienne à la primaire écologiste devrait
l’emporter avec plus de 60 % des voix. Photo AFP /Jean-Sébastien EVRARD
me, semblent avoir bénéfi­
cié” à l’eurodéputée. Elle
n’avait raté la victoire au
premier tour que de 64 voix.
Du côté du populaire pro­
moteur du Pacte écologique
en 2007, certains espéraient
une surprise possible. Mais
il a eu du mal à se défaire de
son image d’animateur de
TF1, dont la Fondation était
financée par les grands
groupes EDF ou L’Oréal.
De même, sa petite phra­
se sur une hypothétique al­
liance avec le centriste
Face à lui, l’ex­juge d’ins­
truction s’est affirmée por­
teuse d’une “écologie de
combat” face à celle “du
consensus”, selon le député
vert François de Rugy. Pour
ses partisans, sa victoire,
désormais quasi­assurée,
s’explique par une adhésion
aux valeurs défendues par
l’ex­magistrate.
Pour Eva Joly, il faut à
présent réunir la famille
verte en vue de 2012. Nico­
las Hulot a déjà assuré qu’il
ne ferait “rien” qui puisse
nuire au rassemblement.
De son côté, Cécile Du­
flot, secrétaire nationale
d’EELV et officiellement
neutre, œuvre pour que les
deux candidats soient réu­
nis aux Journées d’été à
Clermont­Ferrand.
o
UMP Le secrétaire national hier dans les Alpilles
Copé et la nouvelle “entourloupe du PS”
À
185858600
l’heure où Jean­Fran­
çois Copé arrivait à
Maussane ­ un village du
nord des Bouches­du­Rhô­
ne où le secrétaire national
de l’UMP réunit chaque
année ses partisans ­ les
militants s’arrachaient dé­
jà la presse nationale et ses
rumeurs sur Martine
Aubry. Une campagne que
la candidate socialiste à
l’investiture attribue aux
sarkozystes.
“C’est la nouvelle en­
tourloupe du PS pour ga­
gner du temps et éviter de
parler des gros sujets qui
occupent les Français, a
écarté d’un revers de main
Jean­François Copé.
60 députés “copéistes”
“C’est une méthode absur­
de, les Français attendent
autre chose. Personnelle­
ment, je continue inlassa­
blement à organiser des
conventions sur tous les
sujets : immigration,
35 heures, économie nu­
mérique. Et personne chez
nous, ne parle de ces sujets
ridicules”, a­t­il lancé.
Après un samedi consa­
cré à un séminaire sur
l’état de l’opinion françai­
se, auquel participaient 60
députés “copéistes”, hier,
le patron de l’UMP et ses
amis ont tenu un grand
meeting, réunissant près
de 2 500 personnes. Le
double de l’an dernier.
Mot d’ordre : tous derriè­
re Sarkozy en 2012 et pas
de division pour “éviter un
21 avril à l’envers”. En at­
tendant… 2017 !
Jean-François GARCIN
C’est sous les acclamations
d’un public acquis à sa cause
que Jean-François Copé a fait
son entrée. Photo DL/Manuel PASCUAL
bonne santé financière, en Eu­
rope occidentale. Il y a aussi
une confusion avec un autre
modèle : les charters qui ne
sont pas des vols réguliers.
F Les autres compagnies
ont­elles les moyens de lut­
ter contre les “low cost” ?
­Air France fait déjà du “low
cost” sur des courts courriers
où elle resserre les sièges, sup­
priment les collations… Sans
le dire, elle reprend les recet­
tes du “low cost”. Pour contrer
la concurrence, Air France va
créer des bases en province,
ce qui devrait permettre
d’augmenter le nombre de ro­
tations et donc baisser ses
coûts de production. Une très
bonne idée qui devrait faire
très mal à Easyjet.
Propos recueillis
par Christelle DUPRAZ
POLITIQUE
EXPRESS
PRIMAIRE PS
Hollande fustige
les rumeurs
n Invité du journal de
20 heures de France 2, le
candidat à la primaire du
PS a souhaité que
cessent les “rumeurs et
des manœuvres”. Il
refuse que “ce soit dans
un marécage que
l’élection se déroule”.
SANTÉ
Pas de retour
sur la loi Evin
n Le ministre de la
Santé, Xavier Bertrand, a
affirmé hier qu’il “n’est
pas question de revenir
sur la loi Evin et sur le
décret sur l’interdiction
de fumer sur les lieux
publics”. Il répondait
ainsi à un projet de loi
qui propose de négocier
et minorer une amende
pour les contrevenants.
PRESIDENTIELLE
Sarkozy donné
perdant
n Un sondage LH2 en
partenariat avec Yahoo!
estime que Martine
Aubry et François
Hollande devanceraient
Nicolas Sarkozy au
premier tour de l’élection
présidentielle et le
battraient au second
tour, avec un écart
oscillant entre 15 et
20 %. Sondage par
téléphone les 8 et
9 juillet, avec échantillon
de 957 personnes
représentatif de la
population française
âgée de 18 ans et plus.
IFG-2