DNA/01-QUOTIDIEN/Parutions/2011-09-04/Textes - OXYD-PROD

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Haguenau / 30e anniversaire
Le père, la mère et la fille
fans d’Indochine
La famille Burckel est fan depuis toujours de l’univers sombre et onirique du groupe Indochine. Vendredi 16 septembre, Frédéric, Mégane et Shirley
organisent avec l’association Oxyd Prod une soirée festive à Haguenau pour le trentième anniversaire du groupe.
Frédéric, Mégane et Shirley Burckel tendent le point vers l’avant, signe de ralliement des fans du groupe Indochine dans les concerts. (Photo DNA)
Des yeux charbonneux,
des cheveux en pétard,
Shirley Burckel a gardé un
petit quelque chose du
look des années 1980. Un
petit quelque chose de
sombre et rebelle. « Je suis
un peu nostalgique de cette
époque », reconnaît cette
mère de famille.
À cette époque, Shirley
n’était encore qu’une ado
timide qui venait de se
d éco u vr i r u ne p assio n
pour le groupe Indochine,
formé en 1981. « Pour moi,
c ’ é ta i t l a p é r i o d e d e s
boums, leur musique était
super pour faire la fête, j’ai
tout de suite accroché. »
Avec son argent de poche,
elle s’achète leur premier
album L’Aventurier qui
passe en boucle sur les
bandes FM et dans les
juke-box, au fond des bistrots. C’est le début d’une
■
passion pour la « new-wave », pour l’univers obscur
du chanteur Nicola Sirkis
et de ses potes musiciens.
« Un groupe qui a évolué
en captant chaque fois
un nouveau public »
En feuilletant les pages
d’un album souvenir, la
quadra rock’n’roll s’étonne : « Ça fait déjà trente
ans ? » Et oui, trente ans,
une vingtaine d’albums,
des centaines de concerts
et des millions de disques
vendus pour Indochine.
Shirley les a tous. Dans un
meuble du salon, elle va
chercher une pile de CD et
quelques vinyles, reliques
des débuts. « Beaucoup de
leurs plus grands succès
sont sur le troisième album » sobrement intitulé
3. En retournant la pochet-
te, elle cite 3 e sexe, Canary
Bay, Trois nuits par semaine, Tes yeux noirs…
Du classeur aux souvenirs, Shirley tire aussi le
billet d’entrée pour leur
premier concert à Strasbourg, au hall Tivoli. Un
petit bout de carton à
« 85 francs » pour quelques
heures de rêve le « 28 janvier 1986 ». Ce soir-là,
« j’étais avec une copine au
premier rang, à fond dedans ». Quand Indochine a
regagné les loges, Shirley
n’a pas osé les attendre
pour avoir un autographe,
« bien trop impressionnée »
et aussi « bien trop timide ». Depuis la chance ne
s’est jamais représentée.
Sur les bancs du lycée,
quelques années plus tard,
son look sombre, son teint
clair et ses cheveux bouclés « avec une petite mè-
che lisse sur le devant »
font chavirer le cœur de
Frédéric. Par amour, il se
met aux pantalons noirs
etJ aux chemises à jabot —
à l’époque cette dégaine
ne faisait rire personne. Il
se met surtout à aimer
Indochine. « C’est un groupe qui a réussi à évoluer, en
captant chaque fois un nouveau public tout en gardant
ses fans de la première
heure », analyse Frédéric
devenu spécialiste en la
matière — et qui a depuis
regagné une certaine sobriété vestimentaire.
En 1993 — « la période
creuse d’Indochine » — le
couple de fans donne naissance à Mégane, bébé bercé au son de Miss Paramount, Le Baiser, Des
F l e u rs p o u r S a l i n g e r …
L’oreille bien faite, la petite fille marche logique-
ment dans les pas de ses
parents. « J’ai eu la révélation en 1999 avec leur
album “Dancetaria” », raconte Mégane aujourd’hui
âgée de 17 ans et devenue,
elle aussi, calée sur l’histoire du groupe. « C’est un
disque très sombre puisque
Stéphane, le frère de Nicola
Sirkis, est mort pendant
l’enregistrement. » Pas très
gai pour une gamine mais
« j’adorais ça ». À tel point
qu’elle a adopté le look
gothique du groupe, rouge
et noir de rigueur, « que
tout le monde trouvait bizarre dans la cour de récré ».
« Il faut vraiment
les voir en concert,
c’est du grand spectacle »
Trop contents de pouvoir
partager leur passion avec
leur fille, les Burckel l’ont
emmenée dans tous les
concerts. « La première
fois, c’était en 2002 pour la
sortie de leur disque “Paradize” au Rhénus », raconte
Mégane. Juste à côté de
la salle où, vingt ans plus
tôt, sa mère découvrait les
rockeurs. Les albums suivants Alice & June et plus
récemment La République
des Meteors se sont enchaînés, sans décevoir la
famille. « Il faut vraiment
les voir en concert, c’est du
grand spectacle », assure
Frédéric.
Dans les gradins ou, le
plus souvent, dans la fosse, le père, la mère, la fille
se frottent à trois générations de fans pour crier
leur amour d’Indochine. Pour crier aussi leur
nostalgie de l’esprit libertaire des années 1980.
Geneviève Lecointre