Le féminin : don prophétique pour aujourd`hui by Mana KENEC

Transcription

Le féminin : don prophétique pour aujourd`hui by Mana KENEC
Femme, « va vers toi-même1 »
Le féminin : don prophétique pour aujourd'hui
by Mana KENEC'HDU, member of the Foyers de Charité
[email protected]
www.foyer-de-charite.com
La lettre apostolique « Mulieris Dignitatem » - dont nous fêtons le 25e anniversaire en
2013 - est un « point de départ »2 qu'il nous faut redécouvrir sans préjugés afin de continuer
à la déployer
En relisant « Mulieris Dignitatem » à la lumière de notre vie quotidienne – celle de
membres d'une communauté mêlant prêtres et laïcs, hommes et femmes, couples et célibataires
engagés dans les 'Foyers de Charité' -, cette lettre nous paraît profondément reliée à notre
propre expérience. Nous rejoignons ainsi l'exclamation de St Bernard de Clairvaux : « ce que
nous vivons crie plus fort que ce que nous disons ». Émerveillée par la façon dont l'Esprit Saint
suscite en son Église les charismes dont notre monde a besoin, nous souhaiterions par ces
quelques lignes partager la façon dont nous percevons - et surtout dont nous vivons aujourd'hui
- la vocation et la mission de la femme.
"Plus la femme est sainte, plus elle est femme" écrivait l'écrivain catholique français Léon
Bloy. On pourrait ajouter que plus la femme est proche de la Vierge Marie, plus elle est femme.
L'expérience quotidienne dans toute sa simplicité, avec ses fragilités assumées et offertes,
témoigne de la beauté de la féminité vécue selon le Cœur de Dieu.
Au fil de ces lignes, nous verrons tout d'abord comment la figure de Marthe Robin (19021981) incarne cette Espérance. Puis comment la vie simple et quotidienne à la main de la
Vierge Marie nous révèle le secret d'une féminité accomplie. Enfin, la communauté chrétienne
sera présentée comme lieu d'enfantement à une humanité assumée et à la Vie en Dieu en tant
que « matrice spirituelle ».
•
La vie de Marthe Robin, grande figure spirituelle française du XXe siècle à l'origine
des Foyers de Charité, vient bousculer nos représentations traditionnelles d'une vie
réussie et d'une femme accomplie.
La maladie qui l'atteint dès l'âge de 16 ans l'immobilise et la paralyse, ne lui permettant
plus de quitter la petite chambre de la ferme familiale. Son rêve de devenir carmélite est brisé.
L'avenir de cette jeune femme semble bouché.
Mais la rencontre avec le Cœur de Jésus en croix et la découverte profonde de la bonté de Dieu
Père transforment à jamais son existence. Même traversée par la souffrance, elle trouve une
fécondité et un rayonnement que Dieu seul peut donner.
Dès lors, Marthe n'aura de cesse de vouloir être un apôtre de l'Amour. « Aimer et faire aimer
l'Amour », telle est sa devise !
Un membre féminin du Foyer de Charité situé à Châteauneuf-de-Galaure, village où vécut
Marthe Robin jusqu'à sa mort en 1981, raconte : " Un jour, excédée par ma sensibilité féminine
1
Cette injonction est la traduction de l'appel de Dieu à Abram (Genèse ch. 12, verset 1) donnée dans la Bible de
Chouraqui. On la retrouve également dans le Cantique des Cantiques, ch. 2, verset 10.
2
Ana Cristina Villa Betancourt rapporte les propos du pape François durant le séminaire d'études selon lesquels
« Mulieris Dignitatem est un point de départ. » (a « starting point ») http://ncronline.org/news/womenresist-call-new-theology (ENG)
exacerbée, donc source de difficultés, je dis au père [Finet] que je priais le Seigneur de m'en
délivrer. » La réponse du Père Finet jaillit : "Oh ! surtout ne faites pas cela. Marthe est plus
femme que vous toutes, plus sensible que vous toutes, et c'est la source de son offrande, de son
intercession, de son amour. "
Recevant l'intuition de la fondation des Foyers de Charité et la confiant au Père Georges Finet
pour qu'il la mette en œuvre, Marthe Robin vit cette admirable complémentarité entre l'homme
et la femme dans une totale chasteté. Elle incarne ce génie féminin exalté dans Mulieris
dignitatem... En étant ce « canal d'Amour » qui reverse l’amour sur les plus faibles, elle relie
l’humanité à Dieu. A travers la rencontre de plus de 100.000 visiteurs qui viennent chercher
auprès d'elle la lumière et la paix, Marthe fait partie de ces femmes fortes qui ouvrent à l'Infini,
de ces femmes qui rendent possible l'édification de la civilisation de l’amour, témoignant du
triomphe de Dieu dans la faiblesse et la fragilité.
Pour rendre cela possible, la Vierge Marie demeure la première en chemin...
•
Avancer jour après jour à la main de Marie permet à une femme de trouver le secret
qui lui permet de vivre dignement sa féminité.
La prière de consécration à Jésus par Marie, telle que l'a reçue St Louis-Marie Grignion
de Montfort, nous apparaît comme un chemin d'incarnation, un chemin d'humanisation, un
chemin de promotion de la véritable féminité...
Priée chaque matin par les retraitants qui viennent vivre une semaine dans un Foyer de Charité,
priée quotidiennement par les membres des Foyers et plus solennellement encore lors de leur
engagement définitif, cette consécration entraîne un don de soi de plus en plus total puisque
« corps et âme », « biens intérieurs et extérieurs », « bonnes actions » sont offerts à la Vierge
Marie, choisie comme « Mère et Reine ».
Peu à peu, « en se tournant vers Marie, la femme trouve en elle le secret qui lui permet de vivre
dignement sa féminité et de réaliser sa véritable promotion. »3 Regardant le chemin parcouru,
chacune expérimente ainsi combien la lumière ultime sur la femme vient du mystère même de
la Vierge Marie. Celle que Jésus appelle « Femme » à Cana et à la croix vient éclairer chaque
femme, quelle que soit sa vocation particulière.
•
Comme le soulignait le Pape François en conclusion de notre séminaire d'études, le
mystère de l’Église est un mystère féminin : « J’ai plaisir également à penser que l’Église
n’est pas « le » Église, mais est « la » Église. L’Église est femme, elle est mère, et cela est
beau.4»
En ce sens, la communauté chrétienne est comme cette « matrice » qui, en son sein, fait
naître à la Vie de Dieu et, par là même, à une véritable humanité.
En tant que petite Église domestique, ecclesiola, chaque 'Foyer de Charité' fait cette
expérience particulière d'engendrement à travers l'accueil de ceux et celles qui viennent y vivre
une retraite spirituelle. A l'exemple des premiers chrétiens, nos communautés composées
d'hommes et de femmes deviennent signes en actes de cette complémentarité nécessaire voulue
par Dieu. La diversité des âges, des générations, des sexes manifeste combien cette diversité
3
Redemptoris Mater, n° 46
Discours du Pape François aux participants du séminaire organisé par le CPL à l'occasion du 25 e anniversaire
de « Mulieris Dignitatem »– 13 octobre 2013
http://www.laici.va/content/laici/fr/le-parole-di-papa-francesco/Udienza_seminario_donna.html
4
n'est jamais, en tant que telle, un obstacle à l'unité. Dans cette altérité assumée, dans ce pardon
sans cesse renouvelé pour que grandisse la communion, on perçoit l'identité et la richesse
inaltérable de chaque être. Ainsi peut s'épanouir la mission propre à chacun. Les membres
expriment par leur vie concrète et simple, proche de celle de Nazareth, les merveilles de Dieu
annoncées dans les Saintes Écritures et par le prédicateur.
Si la communion fraternelle dans la diversité des charismes féminins et masculins demeure un
travail de chaque jour, elle porte une fécondité qui est véritablement fruit de l'Esprit Saint. Tout
l'amour et toute l'offrande portés dans l'humble quotidien prennent une valeur de maternité.
Nous constatons si souvent que, pour des jeunes adolescents comme pour des adultes, vivre une
retraite spirituelle au sein d'une communauté chrétienne est une source profonde de paix.
Chaque petite attention personnelle révèle à celui qui en bénéficie combien il est précieux aux
yeux du Seigneur, combien il est son « enfant bien-aimé ». Cette harmonie, cette beauté, cette
bonté contribuent au repos du corps, de l'âme, de l'esprit et les relient à Dieu, de qui vient toute
grâce.
En assumant ce rôle maternel, la communauté du Foyer devient une matrice spirituelle dans
laquelle sont enfantés ou ré-enfantés des nouveaux-nés du Père. N'est-ce pas là la vocation de
toute communauté ecclésiale ?
Une femme aimée – et la première source de l'Amour, c'est le cœur de Dieu – est
toujours, quelle que soit son apparence extérieure, quelle que soit la réalité de sa vie
d'aujourd'hui, ses fêlures, ses blessures, une belle femme. Chacune est aimée, infiniment, par
son Dieu. Chacune peut accomplir sa vocation de femme en tant qu'elle est femme d'abord. Et
non à cause de tel ou tel état de vie.
Cette découverte ou redécouverte est un grand pas vers la réalisation de notre vocation de
femme au cœur du monde, vers la réponse à l'appel de toute femme à être pleinement fille du
Père, pleinement épouse du Christ, pleinement mère.