Quels facteurs de risque pour le MCI ou Mild Cognitive Impairment ?

Transcription

Quels facteurs de risque pour le MCI ou Mild Cognitive Impairment ?
Quels facteurs de risque pour le MCI ou Mild Cognitive
Impairment ?
D’après les plus récentes études épidémiologiques, le
MCI (Mild Cognitive Impairment) est une entité clinique qui
va souvent évoluer en quelques années vers une démence et
particulièrement vers une authentique maladie d’Alzheimer.
Identifier ces patients MCI, et notamment connaître les
facteurs de risque associés aura des implications
thérapeutiques préventives fortes. Parmi les facteurs de
risque identifiés jusqu’à présent, les plus importants sont
l’hypertension artérielle en milieu de vie et un antécédent de
pontage coronarien pour une cardiopathie ischémique.
Les auteurs de ce travail ont recherché les facteurs de
risque de MCI à l’occasion d’une étude longitudinale, la
CHS-CS (Cardiovascular Health Study Cognition Study).
Les données issues de 2895 personnes ont été analysées. Une
IRM cérébrale était réalisée entre 1991 et 1994 avec une
mesure des degrés d’atrophie corticale, de la dilatation
ventriculaire et de la densité des lésions de la substance
blanche. Le MMS modifié (Mini Mental State), des tests
neuropsychologiques (DST = Digit Symbol Test), l’échelle
de dépression CES-D (Center for Epidemiologic StudiesDepression Scale), le niveau d’instruction, l’âge, les
antécédents d’hypertension artérielle, de diabète sucré, de
cardiopathie ischémique et la recherche de l’allèle APOE-ε4
étaient déterminés chez ces sujets. La survenue d’un MCI
était recherchée entre 1998 et 1999. Le type de MCI,
amnésique ou cognitif multiple, était aussi déterminé dans la
cohorte de Pittsburgh incluse dans la CHS-CS. Cette cohorte
était multicentrique.
Par rapport aux sujets sains, les patients avec un MCI
étaient plus âgés, étaient plus souvent de race noire, avaient
un niveau d’instruction moindre et étaient plus souvent
porteurs de l’allèle APOE-ε4. Les facteurs de risque
identifiés de façon significative par régression logistique
étaient la race noire, le bas niveau d’instruction, la présence
à l’IRM cérébrale d’un grade élevé de lésions de la substance
blanche et de dilatation ventriculaire, un score aux tests
neuropsychologiques plus bas (MMS modifié et DST) et un
score à l’échelle CES-D pour la dépression plus important.
Dans la cohorte de Pittsburgh, la régression logistique
permettait également de retenir comme facteurs de risque la
présence de l’allèle APOE-ε4, d’infarctus à l’IRM cérébrale
et des performances plus faibles aux tests DST et MMS
modifié. Le type MCI amnésique était lié aux mêmes
facteurs de risque exceptés les tests neuropsychologiques. Le
type MCI cognitif multiple était associé en revanche à des
scores aux tests neuropsychologiques plus faibles. Les
fonctions cognitives altérées évaluées initialement peuvent
être en rapport avec les symptômes du MCI, mais l’écart de
plusieurs années entre le diagnostic de MCI et l’évaluation
cognitive plaide contre cette hypothèse.
Les sujets de race noire sont plus fréquemment porteurs
de l’allèle APOE-ε4 et atteints d’une maladie
cérébrovasculaire et peuvent expliquer en partie les résultats
de cette étude. Cependant, l’analyse multivariée permettait
d’identifier ces facteurs de risque de façon indépendante.
Le rôle de la dépression dans la survenue d’un MCI est à
interpréter en tenant compte du fait que cette affection est
responsable d’un déficit cognitif chez le sujet âgé. La
dépression est elle-même souvent associée à l’existence
d’une pathologie cérébrovasculaire ou même
cardiovasculaire.
Cette étude confirme les résultats antérieurs désignant
une pathologie cérébrovasculaire comme un facteur de risque
pour le MCI. Toutefois, l’analyse du type de MCI reposait
sur des effectifs trop faibles et de plus larges études seront
nécessaires pour déterminer les relations en particulier entre
la présence de l’allèle APOE-ε4, la survenue d’un MCI et
d’une démence. Elles seront aussi nécessaires pour préciser
la chronologie de survenue du MCI chez ces patients à
risque, ainsi que du type de MCI développé, et pour
identifier les patients qui développeront finalement une
authentique démence.
L. Lechowski
Hôpital Sainte-Périne
Sujets sains (n=2318)
MCI (n=577)
Age à l’inclusion (date de l’IRM cérébrale) (ans)
74,0
75,4
Age à l’évaluation (ans)
78,4
79,7
Niveau d’instruction bas
1123 (49%)
374 (65%)
Sexe masculin
951 (41%)
236 (41%)
Race blanche
2102 (91%)
364 (63%)
Score au MMS modifié
93,9
88,9
Score du DST
43,7
34,2
465 (22%)
136 (26%)
Allèle APOE-ε4 présent
Les résultats sont exprimés, selon les données, par leur moyenne ou par le nombre de cas (%). Toutes les
valeurs du tableau sont significativement différentes.
Lopez AL, Jagust WJ, Dulberg C, Becker JT, DeKosky ST, Fitzpatrick A, Breitner J, Lyketsos C, Jones B, Kawas C, Carlson
M, Kuller LH. Risk factors for mild cognitive impairment in the cardiovascular health study cognition study. Arch
Neurol 2003; 60:1394-1399.
©2003 Successful Aging SA
Af 181-2003

Documents pareils

Révision de la définition de la maladie d`Alzheimer : une nouvelle

Révision de la définition de la maladie d`Alzheimer : une nouvelle dissociant clairement les aspects syndromiques (MCI, démence) et l’étiologie spécifique « MA ». Cette distinction est indispensable si l’on veut identifier de façon précoce des individus présentant...

Plus en détail