(32,3%). la survie post
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(32,3%). la survie post
LE CURAGE GANGLIONNAIRE CERVICAL DANS LA CHIRURGIE DES CANCERS DES VOIES AERO-DIGESTIVES SUPERIEURES KOUASSI Y.M.1, TANON-ANOH M.J.1, N'GATTIA K.V., BURAIMA F.1, YODA M.1, KOUASSI B.3 1- Service ORL et Chirurgie Cervico-faciale, CHU de Yopougon (Abidjan) Côte d'Ivoire 2- Service ORL et Chirurgie Cervico-faciale, CHU de Bouaké (Côte d'Ivoire) 3- Chef du service ORL et Chirurgie Cervico-faciale, CHU de Yopougon (Abidjan) Correspondant : Dr KOUASSI Y. Mathurin 06 BP 2829 Abidjan 06 Côte d'Ivoire E-Mail : [email protected] RESUME SUMMARY Au cours du traitement des cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), le curage ou évidement ganglionnaire cervical est réalisé pour prévenir les métastases ganglionnaires ou les éradiquer. L'objectif de ce travail était de faire le bilan de cet acte chirurgical afin de relever les indications, les types de curage et les difficultés rencontrées dans notre contexte. Il s'agissait d'une étude rétrospective, transversale portant sur 34 dossiers médicaux de patients ayant subi un curage ganglionnaire, répertoriés sur une période de 6 ans à Abidjan. L'âge moyen des patients était de 54,7 ans avec un sex-ratio de 10 hommes pour 1 femme. L'intoxication alcoolo-tabagique était retrouvée dans 56% des cas. Un carcinome épidermoïde, mature, invasif, plus ou moins différencié, était constamment retrouvé (100%). Le curage ganglionnaire a été fonctionnel dans 85,3% des cas (bilatéral dans 76,5% et unilatéral dans 8,8%) et radical dans 14,7% des cas. L'évolution post-opératoire a été émaillée de suppuration de la plaie opératoire (35,3%) et de pharyngostome (32,3%). La survie post-opératoire était de 50% avec 26,5% de décès. Les résultats post-opératoires pourraient être améliorés par la prise en compte de certains facteurs de morbidité : le retard à la consultation chez le spécialiste ORL, l'impossibilité d'obtenir un examen histologique extemporané et l'absence de radiothérapie en Côte d'Ivoire. During the treatment of upper aero-digestive tract cancers, the cervical ganglionic curettage or scraping out is done to prevent ganglionic metastases or to eradicate them. Our objective was to make an assessment of that surgical act in order to point out the indications, the types of curettage and the difficulties met in our context. It was a transversal, retrospective study based on 34 medical files of patients who underwent a ganglionic curettage, indexed over a period of 6 years in Abidjan. The average age of the patients was 54, 7 years, with a sex-ratio of 10 men for 1 woman. Alcohol and tobacco intoxication were found in 56 % of the cases. An epidermoïd, mature, invasive, and more differentiated carcinoma was constantly found (100 %). The ganglionic curettage was functional in 85, 3 % of the cases (bilateral in 76, 6 % and unilateral in 8, 8 % of the cases) and radical in 14, 7 % of them. The post-surgery survival was of 50 % with 26, 5 % of deaths. The post-surgery results could be improved by taking into account some morbidity factors: delay in the visit to the ENT specialist, impossibility to obtain an extemporaneous histological examination and the lack of the radiotherapy in Côte d'Ivoire. MOTS-CLÉS KEY WORDS : CERVICAL GANGLIONIC CURETTAGE, CANCERS , UPPER AERO-DIGESTIVE TRACTS ( UADT). : CURAGE GANGLIONNAIRE CERVICAL, CANCERS , (VADS). VOIES AÉRO -DIGESTIVES SUPÉRIEURES Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 2, 2006, pp. 9-15 KOUASSI Y.M.; TANON-ANOH M.J.; N'GATTIA K.V.; BURAIMA F.; YODA M.; KOUASSI B. INTRODUCTION II - RESULTATS Le curage ou évidement ganglionnaire cervical est un acte chirurgical qui consiste en l'exérèse des ganglions des aires cervicales réalisée dans le cadre du traitement d'un cancer des voies aérodigestives supérieures. On distingue essentiellement deux types de curage : le curage radical dit traditionnel et le curage fonctionnel avec cependant de nombreuses variantes. Le diagnostic de plus en plus précoce des cancers des VADS au stade N0 permet d'envisager aujourd'hui des curages ganglionnaires sélectifs sous d'autres cieux. La valeur de ces interventions tient au fait que la métastase ganglionnaire est l'étape lymphatique primaire : c'est la deuxième période de la "marche tumorale" habituelle d'un cancer de la tête et du cou 6. Le curage ganglionnaire, réalisé pour éradiquer des métastases ganglionnaires ou pour en prévenir la survenue, peut être émaillée de complications parfois graves. A travers cette étude rétrospective, nous voulons faire le bilan de cet acte chirurgical dans notre service afin de : - déterminer les indications et les types de curage réalisés ; - apprécier l'évolution postopératoire ; - établir le pronostic des cancers des VADS. 2-1 EPIDÉMIOLOGIE Age : L'âge moyen était de 54,7 ans avec des extrêmes de 29 et 72 ans. Les tranches d'âge les plus touchées étaient celles comprises entre 50 et 70 ans (64,7 %) avec un pic de fréquence dans la tranche d'âge de 50 à 60 ans (35,3 %). Sexe : Notre population se répartissait en 31 sujets de sexe masculin et 3 de sexe féminin soit un sex-ratio de 10 hommes pour 1 femme. Mode de vie : L'intoxication alcoolo-tabagique était retrouvée dans environ 56 % des cas. Le tabagisme seul était retrouvé dans 23,5 % des cas et l'éthylisme seul dans 11,7 % des cas. Trois patients (8,8 %) n'avaient aucune notion d'intoxication éthylique et tabagique. 2-2 ASPECTS CLINIQUES Topographie de la tumeur de la tumeur primitive Les organes concernés par les tumeurs malignes des VADS étaient : le larynx, 30 cas (88,2 %) ; la région amygdalienne, 3 cas (8,8 %), le nez et les sinus, 1 cas (3 %). Aspects histopathologiques de la tumeur Quelle que soit la localisation topographique de la tumeur, il s'agissait toujours d'un carcinome épidermoïde mature, invasif, plus ou moins différencié (100 %). I - METHODES ET MATERIEL 1-1 METHODES Il s'agissait d'une étude rétrospective, transversale réalisée dans les services d'ORL du CHU de Yopougon et de la Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie (PISAM) à Abidjan. Elle s'étendait sur une période de 6 ans, allant de février 1997 à décembre 2002. 1-2 MATERIEL (POPULATION D'ÉTUDE) Critères d'inclusion : ont été inclus dans notre travail, tous les patients quels que soient l'âge et le sexe, ayant présenté une tumeur maligne des VADS histologiquement confirmée et dont la prise en charge chirurgicale a comporté un curage ganglionnaire cervical. Critères d'exclusion : nous avons exclu de notre travail, tous les patients n'ayant pas bénéficié d'un curage ganglionnaire ou dont le dossier médical était incomplet. Au total, 34 patients répondant aux critères ont été retenus. Pourcentage 70,00% 61,80% 60,00% 50,00% 40,00% 23,50% 30,00% 20,00% 10,00% 8,80% 5,90% 0,00% Stade I Stade II Stade III Stade IV Figure 1 : Répartition selon la stadification de la tumeur Classification (figure 1) : La plupart des patients étaient au stade III (61,8 %) au moment de la prise en charge, tandis que 23,5 % des patients étaient au stade II. Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 2, 2006, pp. 9-15 -10- Le curage ganglionnaire cervical dans la chirurgie des cancers des voies aéro-digestives supérieures. 2-3 ASPECTS THÉRAPEUTIQUES Moment de la décision du type de curage Le type de curage à réaliser a été indiqué en préopératoire dans 61,8 % des cas soit 21 cas/34. Dans 38,2 % des cas (13 cas/34), la décision du type de curage à réaliser a été prise en peropératoire. Type de curage réalisé (Tableau I) Tableau I : Répartition selon le type de curage EFFECTIF POURCENTAGE (%) Fonctionnel bilatéral 26 76,5 Fonctionnel unilatéral 3 8,8 Fonctionnel + radical 4 11,8 Radical unilatéral 1 2,9 34 100 TOTAL observées dans 35,3 % des cas. Il s'agissait d'hématome (8,8 %) et de suppuration de la plaie opératoire (35,3 %). Type de complications (Tableau II ) : L a suppuration de la plaie opératoire et le pharyngostome étaient retrouvés dans des proportions respectives de 35,3 % et 32,3 %. Tous les cas de pharyngostome étaient survenus après une chirurgie pour des tumeurs malignes du larynx, au décours d'une suppuration de la plaie opératoire. La reprise tumorale enregistrée est survenue au niveau du lit tumoral initial. Au niveau du lit ganglionnaire, aucune reprise évolutive n'a été retrouvée. Tableau II : Répartition selon le type de complication EFffectif Pourcentage (%) 3 8,8 Suppuration de la plaie opératoire 12 35,3 Pharyngostome 11 32,3 Reprise tumorale 1 2,9 Métastase à distance 1 2,9 Trouble de l'articulé dentaire 1 2,9 Autres (escarres) 1 2,9 Hématome 2-5 EXAMEN ANATOMO-PATHOLOGIQUE EFFECTUÉ SUR LES GANGLIONS ÉVIDÉS Figure 2 : Dissection des éléments vasculonerveux du cou lors du curage Sur les 5 cas de curage radical, il a été réalisé dans 4 cas, un curage radical classique et dans 1 cas, une variante du curage radical. Cette variante a consisté en la conservation du muscle sterno-cléido-mastoïdien et du nerf spinal. Le curage était bilatéral dans 88,3 % de cas et une sous-maxillectomie a été pratiquée dans 5 cas/ 34, soit 14,7 %. (figure 2) 2-4 EVOLUTION POST-OPÉRATOIRE Evolution post-opératoire immédiate : Les suites opératoires immédiates ont été simples dans 22 cas, soit 64,7 % des cas de curage. Les complications immédiates ont été © EDUCI 2006 Sur les 34 cas d'évidement ganglionnaire, nous avons noté 9 cas de métastases ganglionnaires représentant un taux de 26,5 % des cas. Sur les 9 cas d'envahissement ganglionnaire, nous avons noté 5 cas après curage fonctionnel et 4 cas après curage radical. Trois (3) cas de ganglions non décelables cliniquement sur 24 étaient envahis, soit 12,5 %. 2-6 TRAITEMENTS COMPLÉMENTAIRES Dans 44 % des cas (15cas/34), aucun traitement complémentaire n'avait été entrepris. Aucun patient n'avait entrepris une chimiothérapie complémentaire. Dans 19 cas (55,9 %), une radiothérapie complémentaire a été faite soit au Ghana, soit en France. -11- KOUASSI Y.M.; TANON-ANOH M.J.; N'GATTIA K.V.; BURAIMA F.; YODA M.; KOUASSI B. 2-7 PRONOSTIC Survie post opératoire (figure 2) Nous avons enregistré 50 % de survie post opératoire, 26,5 % de décès et 23,5 % de patients perdus de vue. Vivants Décédés 23,5 % Perdus de vue 50 % 26,5 % Figure 3 : Répartition selon la survie post-opératoire Appréciation de la survie post opératoire en fonction du temps (tableau III) : Le patient décédé à 6 mois de délai postopératoire était classé stade IV. Sur les 5 décès (14,7 %) survenus à 1 an, 3 patients étaient classés stade III soit 8,8 %. A vingt quatre (24) mois, nous avions quinze (15) patients vivants soit 44 % dont 14,7 % classés stade III. Sur les 8 décès enregistrés dans le même délai, un seul était imputable à la reprise de la tumeur au niveau du lit tumoral. Tableau III : Répartition des patients selon leur delai de survie post-opératoire Survie Vivants Décédés Perdus de vue Total 6 mois 33 1 0 34 12 mois 25 5 3 33 24 mois 15 8 8 31 36 mois 6 9 8 23 48 mois 5 9 8 22 60 mois 1 9 8 18 > 60 mois 1 9 8 18 III - DISCUSSION 3-1 ASPECTS ÉPIDÉMIOLOGIQUES L'âge : Dans notre étude, l'âge moyen des patients était de 54,7 ans. La tranche la plus touchée était celle comprise entre 50 et 60 ans dans une proportion de 35,3 %. CUISNIER et al.5 trouvent dans leur série, un âge moyen à peu près identique (56,8 ans). Pour MARANDAS et al.9, les cancers des VADS se rencontrent principalement entre 55 et 60 ans ; ce qui est conforme à nos données. BRAMI et al.4 trouvent une tranche d'âge la plus atteinte, plus large, entre 50 et 70 ans. Le sexe : MARANDAS et al.3, dans leur série de 5478 cas de cancers traités de 1959 à 1970 à l'Institut Gustave-Roussy, trouvent une énorme disproportion entre hommes et femmes : 95 % d'hommes et 5 % de femmes avec cependant une légère tendance à l'augmentation de la proportion de femmes. Ces données confirment celles retrouvées dans notre étude. En effet, nous retrouvons une nette prédominance masculine avec environ 91 % d'hommes et 9 % de femmes ; ce qui correspond à un sex-ratio de 10 hommes pour 1 femme. BRAMI et al.4, retrouvant également une prédominance masculine, confirment ces données. Le mode de vie : L'association du tabac et de l'alcool a été retrouvée chez 19 patients soit une proportion d'environ 56%. L'intoxication tabagique seule a été notée chez 8 patients soit 23,5 % des cas. La littérature confirme ces données. En effet, ROTHMAN et al.1 6 comparant deux groupes de sujets apportent des précisions concernant le "risque relatif" de cancer des VADS, notamment de la cavité buccale. Ce "risque relatif" est de 5,71 chez les sujets alcoolo-tabagiques, 1,53 chez les fumeurs et 1,23 chez les sujets éthyliques. Dans notre travail, 3 patients soit 8,8 % des cas n'avaient aucune notion d'intoxication alcoolo-tabagique. Ceci pourrait être en rapport avec l'existence d'autres facteurs favorisants notamment alimentaires et environnementaux. 3-2 ASPECTS HISTOPATHOLOGIQUES Le carcinome épidermoïde, mature invasif, plus ou moins différencié est retrouvé de façon constante dans notre étude (100 % des cas). Si la littérature reconnaît la primauté du carcinome épidermoïde, elle signale également l'existence d'autres types histopathologiques tels l'adénocarcinome (5 % des cas) et les lymphomes malins non hodgkiniens4,9. La constance du carcinome épidermoïde dans notre étude est due à un biais de recrutement. En effet, n'ont été retenus que les patients chez qui un curage ganglionnaire cervical a été pratiqué ; les hémopathies étant traitées médicalement par la chimiothérapie. Par contre, l'absence d'adénocarcinome pourrait s'expliquer par sa rareté. Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 2, 2006, pp. 9-15 -12- Le curage ganglionnaire cervical dans la chirurgie des cancers des voies aéro-digestives supérieures. 3-3 CLASSIFICATION La majorité des patients (61,8 % des cas) étaient au stade III et 23,5 % au stade II au moment de la prise en charge. Cela traduit le retard à la consultation en milieu spécialisé ORL de nos patients. Ce fait s'explique par plusieurs raisons : la pauvreté des populations, la pratique de la médecine traditionnelle, l'insuffisance de spécialistes ORL qualifiés en Afrique de l'Ouest. CUISNIER et al.5 dans leur série portant sur 154 patients en France, trouvent une proportion moindre au stade III avec 49 % des cas et une proportion plus élevée que la nôtre au stade II (42 %). Ceci traduit la précocité du diagnostic et de la prise en charge en Europe. 3-4 TYPE DE CURAGE RÉALISÉ Le curage bilatéral a été systématique dans tous nos cas de chirurgie pour cancer du larynx avec 26 cas de curage fonctionnel bilatéral (soit 76,5 %) et 4 cas de curage fonctionnel d'un côté et radical de l'autre (soit 11,8%). Par ailleurs, le curage a été toujours pratiqué dans le cadre d'une chirurgie en monobloc. CUISNIER 5 adhère à cette attitude. En effet, il préconise la chirurgie de première intention sur le site tumoral et les aires ganglionnaires en cas de tumeurs malignes du larynx. MOLINARI 10 quant à lui, fait un plaidoyer pour la pratique du curage partiel qui selon lui, est tout aussi efficace que le curage complet même dans les adénopathies métastatiques mobiles, dont la taille est inférieure ou égale à 2,5cm. Cependant, dans nos conditions de travail où l'examen histologique extemporané est quasi impossible, cette attitude ne nous paraît pas adaptée. Les 3 cas de cancer de la région amygdalienne ont fait l'objet d'un geste chirurgical à la fois sur le ganglion et le site tumoral de façon systématique. BARRY3 ne partage pas cette attitude. Pour lui en effet, les tumeurs de petite taille, T1 ou T2 bourgeonnantes et les aires ganglionnaires sont traitées par irradiation externe en première intention. Un curage ganglionnaire n'est réalisé qu'en cas de persistance des ganglions au décours de la radiothérapie. Seules les tumeurs T2 ulcérées, T3 et T4 sont traitées chirurgicalement en première intention. Cette attitude n'est pas applicable dans nos conditions de travail du fait de l'inexistence d'un service de radiothérapie en Côte d'Ivoire. © EDUCI 2006 Quant au caractère unilatéral du curage et aux indications des différents types de curage, nos points de vue sont concordants. Dans notre étude en effet, le curage ganglionnaire unilatéral a été fonctionnel dans 2 cas/3. ANDRE P.2, dans sa série de 232 patients présentant un cancer du larynx, recommande le curage radical en cas d'adénopathie : en effet, il trouve 26 % de récidive ganglionnaire en cas de curage fonctionnel pour des ganglions No-N1 contre 4 % seulement en cas de curage radical. Cependant pour nous, il faut éviter d'être aussi systématique. En tout état de cause, l'absence d'une corrélation évidente entre la taille des ganglions et l'existence d'un envahissement par la tumeur justifie l'intérêt de l'examen histologique extemporané. Dans l'impossibilité de réaliser cet exam e n extemporané, la radiothérapie complémentaire constitue à nos yeux l'alternative indispensable. Dans notre étude, nous avons noté 5 cas de curage radical , soit 14,7 % des cas. Les indications de ce curage sont essentiellement les métastases ganglionnaires N2-N3 et les adénopathies fixées. PESSEY J.J. et al.12 recommandent un évidement sous-maxillaire pour toutes les tumeurs à point de départ sus-hyoïdien, contrairement à notre étude où l'évidement sous-maxillaire n'a été réalisé que lorsque l'envahissement de la région sous-maxillaire était suspecté. L'indication du type de curage a été posée en per-opératoire dans 38,2 % des cas de notre étude. Cela est dû au fait que certaines adénopathies de petite taille passent inaperçues lors du bilan d'extension clinique et même para clinique. De plus, le scanner n'est pas un examen accessible à tous les patients en raison de son coût élevé, des rendez-vous souvent éloignés fixés aux patients. Ces données sont confirmées par certains auteurs7, 8 pour qui, malgré l'apport de nouvelles techniques (TEP, scanner, IRM), il n'y a aucune possibilité actuellement de diagnostiquer de façon certaine, les adénopathies métastatiques ; la plupart des techniques ne dépassant pas 85 % de sensibilité. 3-5 EVOLUTION POST-OPÉRATOIRE Les suites opératoires immédiates ont été émaillées de complications dans environ 35 % des cas avec 12 cas de suppuration de la plaie opératoire (35 % des cas) et 3 cas d'hématome -13- KOUASSI Y.M.; TANON-ANOH M.J.; N'GATTIA K.V.; BURAIMA F.; YODA M.; KOUASSI B. (8,8 % des cas). Secondairement, nous avons observé 11 cas de pharyngostome, soit 32,3 %. Contrairement à notre étude, CUISNIER 5 , trouve que les complications imputables à la réalisation d'un curage ganglionnaire sont rares. Concernant les complications locales, il n'a trouvé que 6 % d'hématome ou abcès cervicaux et 11 % de fistules ou lâchage (pharyngostome). Il attribue ce faible taux de complications à l'approche "sélective" du curage dans la prise en charge chirurgicale des cancers classés No. Il précise par ailleurs que ce curage sélectif doit se limiter aux territoires II (groupe jugulo-carotidien supérieur), III (groupe jugulo-carotidien moyen) et IV (groupe jugulo-carotidien inférieur). Les 11 cas de pharyngostome retrouvés dans notre étude ne sont pas imputables au curage ganglionnaire, mais à la laryngectomie. Cependant, le pharyngostome rallonge la durée d'hospitalisation et retarde par conséquent la réalisation de la radiothérapie complémentaire. De ce fait, il pourrait constituer un facteur pronostique péjoratif. 3-6 ENVAHISSEMENT DES GANGLIONS EVIDES Nous avons retrouvé dans notre étude, 12,5 % des cas de ganglions non décelables cliniquement qui étaient pourtant envahis. CUISNIER 5 trouve un taux plus élevé (27 %) ; tout comme MOYSE11 qui dans sa série, trouve 38 % de ganglions non palpables histolo-giquement envahis alors que 36 % des ganglions palpables sont histologiquement indemnes. D'autres études8,15 confirment ces données avec des taux de 20 à 30 % de métastases ganglionnaires sur des ganglions non décelables cliniquement. La réalisation d'un curage ganglionnaire permet ainsi d'augmenter le taux de contrôle régional 1,15,17. 3-7 TRAITEMENTS COMPLEMENTAIRES Aucun patient de notre série n'a entrepris une chimiothérapie complémentaire. Par contre, 55,9 % des patients ont effectué systématiquement une radiothérapie complémentaire. Cette radiothérapie systématique nous paraît adaptée à nos conditions de travail où l'examen anatomo-pathologique extemporané est impossible et le résultat de l'examen histologique effectué sur les pièces opératoires est obtenu avec beaucoup de retard. Plus que le type de curage réalisé, il semble que l'irradiation post-opératoire cervicale soit un facteur déterminant 5. Mais les modalités de cette radiothérapie complémentaire font l'objet de controverses1. Pour PRADIER et coll.14, au stade II, la radiothérapie complémentaire est réalisée en cas d'envahissement ganglionnaire histologiquement prouvé, mais elle devient systématique au stade III. Selon PIGNATARO13 par contre, la radiothérapie complémentaire parfois indiquée améliore rarement le pronostic des cas graves. 3-8 RÉSULTATS - PRONOSTIC La survie à 2 ans était de 44,1 % et de 14,7 % à 4 ans. A 5 ans, nous trouvons un taux de survie à environ 3 %. Ces résultats comportent cependant un biais du fait du nombre important de patients perdus de vue. Pour MOYSE11, la survie à 5 ans est de 60 % en l'absence d'envahissement ganglionnaire ou en cas de d'envahissement partiel. Cette survie n'est que d'environ 20 % en cas d'envahissement ganglionnaire total. CUISNIER 5 pense que le curage permet de classer précisément les patients en terme de pronostic. En effet, la présence d'une adénopathie envahie est un facteur pronostique péjoratif en terme de survie globale et spécifique. CONCLUSION Le curage ganglionnaire cervical constitue un acte essentiel dans la prise en charge chirurgicale des cancers des voies aéro-digestives supérieures. Au terme de ce travail, le retard à la première consultation chez le spécialiste ORL de nos patients, l'impossibilité d'obtenir un examen histologique extemporané, les complications post opératoires, l'absence d'un service de radiothérapie sont autant de difficultés qui constituent à nos yeux, des facteurs de comorbidité postopératoire. Pour minimiser ces facteurs, nous proposons la sensibilisation des populations, la formation accrue de spécialistes ORL compétents, l'ouverture d'un service de radiothérapie en Côte d'Ivoire, la pratique courante de l'examen histologique extemporané . Par ailleurs, nous avons noté un nombre considérable de patients perdus de vue en postopératoire. Afin d'établir un pronostic postopératoire fiable et de l'améliorer, nous suggérons une surveillance postopératoire plus rigoureuse et prolongée nécessitant une meilleure sensibilisation des patients sur le rôle et les intérêts du suivi postopératoire. Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 2, 2006, pp. 9-15 -14- Le curage ganglionnaire cervical dans la chirurgie des cancers des voies aéro-digestives supérieures. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. ANDERSEN PE, CAMBRONERO E, SHAHA AR, SHAH JP. The extent of neck disease after regional failure during observation of the N0 neck. Am J Surg. 1996 ; 172 : 689-691. 2. ANDRE P, LACCOURREYE H, HAGUET JF, BEAUVILAIN DE MONTREUIL C, HENIN JM, AUBERT JD. Comparaison des résultats carcinologiques à long terme entre les évidements cervicaux radicaux et conservateurs. Ann. Oto-laryngol. Chir. 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