Le culte impérial, une analyse du Panthéon d`Hadrien à Rome

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Le culte impérial, une analyse du Panthéon d`Hadrien à Rome
Observatoire des Programmes
et des Manuels scolaires
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Le Fait religieux dans la Rome antique
Programme d’histoire de 6ème
Pierre Dussère, septembre 2010
ANNEXE 2
Le culte impérial, une analyse du Panthéon d’Hadrien à Rome
reconstitution
en grisé : le panthéon d’Auguste
1 - LE PANTHÉON D’AGRIPPA ET AUGUSTE
Antécédent : en -42 : au nouveau forum d'Auguste, un temple dédié à MARS ULTOR = Mars
vengeur, contre les assassins de César, avec 3 statues : Mars, Vénus (protectrice de Troie, origine
de la famille des Julii), et César : c'est donc déjà un temple dynastique... dont Auguste va continuer
l’esprit en faisant édifier 1er Panthéon, peut-être déjà un "Augusteum" à sa gloire d'empereur
divinisé.
Commencé en -27, il est inauguré en -25 avant J.-C., d'où l’inscription actuelle (qu'Hadrien a
laissée) : "Agrippa fecit (Agrippa = gendre et architecte d'Auguste).
Le mot panthéon vient du grec pan = tout/tous theos = dieu, donc temple tous les dieux. Mais il
était en fait primitivement destiné à recevoir la statue d'AUGUSTE, (d'où "Augusteum") ;
cependant, toujours prudent sur ce point, Auguste s'est toujours refusé à être l’objet d'un culte à
Rome même, d'où la transformation en "temple de tous les dieux" (y compris lui) ; sa statue ne
figurant que dans le pronaos (entrée du temple). Ce temple était rectangulaire, plus large que long
et ouvrant à l’inverse de l’actuel, vers le sud.
En 80 : incendie d' où reconstruction par HADRIEN, avec un projet d'une autre ampleur.
2 - LE PANTHÉON D’HADRIEN
En apparence, guère de changement: ensemble avec arc et portique dont la largeur est la même
que celui du forum d'Auguste (Cf. ci-dessus) et l’aspect n'est guère changé - celui qui entre ne voit
pas la rotonde - sauf qu'il ouvre vers le nord au lieu du sud, (Cf. schéma ci-dessus).
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Une prouesse technique :
Celui qui entre, aujourd'hui encore, est immédiatement saisi par l'atmosphère,
er
indéfinissable au 1 abord, de ce lieu tout de rotondité, lumineux et sombre à la fois,
éclairé uniquement par un oculus de 9 m de diamètre, à la clef de voûte comme le soleil
au centre du globe céleste.
Coupole : 43m de diamètre (la plus large jamais construite avant l’âge du béton
moderne).
des arcs de décharge savamment disposés et cachés au sein de la "double coque"
qui compose la coupole...
Un monument hautement symbolique… :
A) Du savoir et de la culture d’Hadrien
hauteur = diamètre et donc la coupole continuée serait tangente au
sol (Cf. schéma). On retrouve aussi la pyramide égyptienne et les
carrés de Pythagore. Avec le parallélépipède du pronaos et le
prisme qui le surmonte,on constate la présence des principaux corps
géométriques.
Même diamètre aussi que celui du "théâtre maritime" de La villa de
Tivoli au centre duquel était peut-être une sorte de laboratoire
astronomique /astrologique.
"Ce temple ouvert et secret, était conçu comme un cadran solaire. Les heures tourneraient en rond au
centre de ce pavement soigneusement poli. Le disque du jour y reposerait comme un bouclier d’or, la pluie y
formerait une flaque pure; la prière s’échapperait comme une fumée vers ce vide où nous mettons les
dieux ".
(Marguerite Yourcenar)
B) Mais surtout de sa conception du caractère divin de sa fonction d’empereur
Etape 1: Hadrien associe au culte impérial celui de la ville éternelle d’où le temple de Vénus et de
Rome.
Etape 2 : il reprend l’idée du 1er panthéon érigé par Agrippa : un temple dynastique.
Etape 3 : il promeut une nouvelle triade divine : Zeus, Rome et... lui, l’empereur.
Etape 4 : le panthéon, nouveau temple dynastique aux allusions évidentes : l’empereur est luimême ‘cosmocrator’; il préside au système tout entier : il est le soleil de l’empire comme
Zeus-Hélios (soleil) est souverain du cosmos. En ce sens, le quadrige au dessus du fronton n'est
plus symbolique de la course de chars (Cf. aurige de Delphes) mais de celle du soleil. C’est le
quadrige de l’empereur assimilé à Zeus-Hélios.
Sa statue n’y figure pas, mais sa présence y est plus claire encore :
"Il pose pour principe l’identité entre lui-même et cet Hélios, ce "sol invictus" (cf. culte de Mithra) qui est la clé
de tout I'édifice" (...).
Lumière d'une théologie impériale p lus aveuglante que tous les fastes des cours orientales, immatérialité
d'une présence (…) telle est cette machine à visualiser la réalité du pouvoir concentré dans la seule
personne de l’homme-dieu, présidant aux destinées du monde.
Tel est cet espace lyrique, (...) qui matérialise la divinisation, comme aucun sanctuaire ne l'avait jamais fait.
Ce panthéon n'est autre que le temple dynastique dédié au culte impérial.
Henri Stierling, Hadrien et l’architecture romaine (office du livre, Fribourg, 1984).
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3 - LE PANTHÉON ÉGLISE
Sauvé de la destruction en 608 par le pape Boniface IV qui le transforme en église "ad martyres"
consacrée aux esclaves chrétiens qui ont construit les thermes de Dioclétien (actuelle église SteMarie des anges).
Ce qui n'empêcha pas le dépouillement :
- des tuiles de bronze de la coupole, emportées pour Constantinople ;
- des clous, des revêtements de bronze (poutres et toiture du porche) donnés par Urbain VIII
Barberini au Bernin pour faire le baldaquin de S. Pierre.
D'où le jeu de mots fameux :
Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini.
Ce que les Barbares n’ont pas fait,
(c’est-à-dire vandaliser le panthéon)
Les Barberini l’ont fait
Le Bernin lui ajouta également
deux clochetons, immédiatement
qualifiés de : ‘oreilles d’âne du Bernin’
(ci-contre) et supprimées dès 1883.
Avec les oreilles d’âne du Bernin
4 - LE PANTHÉON MAUSOLÉE
-
-
Tombeau du peintre Raphaël. Il repose dans un sarcophage antique avec une inscription en
latin dont voici la traduction :
Ci-gît RAPHAEL. A sa vue, la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu'il est mort, elle
craint de mourir.
Tombeaux de Humberto et Marguerite de Savoie, et surtout de Victor Emmanuel II, premier roi
de l’unité italienne.
Pierre Dussère, Coordinateur de l’OPM
FORMIRIS
OPM
Septembre 2010
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