Tricherie Internet et école

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Tricherie Internet et école
Tricherie Internet et école
La tricherie sur Internet est-elle une menace pour
l’École ?
Revue de presse
En France, 70% des étudiants « déclarent avoir triché durant leur
scolarité, selon une enquête par questionnaire menée auprès de 1.815
étudiants par deux universitaires et publiée à l'automne 2009 dans la
Revue française de pédagogie. » (AFP Les étudiants déclarent à
70% avoir triché durant leur scolarité (enquête) 29 juin 2010).
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur les répercussions d’une telle
proportion de « tricheurs » dans le système éducatif français.
C’est surtout dans les études supérieures que le problème
inquiète. Quelle est la valeur d’un diplôme obtenu en trichant ? La
proportion des « tricheurs » n’entache-t-elle pas la valeur du diplôme ?
La première question qui se pose est la suivante : pourquoi les
étudiants trichent-ils plus aujourd’hui ? La réponse est simple ; les
moyens mis à leur disposition sont de plus en plus évolués et
permettent de tricher plus facilement. Que ça soit le téléphone
portable ou Internet, les étudiants peuvent trouver très facilement des
alternatives au vrai travail. Internet représente une énorme source
d’informations accessibles très facilement et qui semblent n’appartenir
à personne. Qui dit personne dit tout le monde. Ainsi, il est facile pour
l’étudiant de se donner bonne conscience lorsqu’il va tricher sur
internet. L’étudiant a moins l’impression de tricher lorsqu’il « copiecolle » depuis internet que lorsqu’il prépare une antisèche ou qu’il
copie sur son voisin. « Selon un rapport de l'inspection générale
portant sur l'évaluation à l'université en 2007, il existe un écart
important de perception du phénomène selon que l'on interroge les
professeurs et administratifs qui « minimisent » la triche et les
étudiants qui en font une évocation « inquiétante » en ce qui
concerne les examens sur « table ». S'agissant de la fraude par
plagiat sur Internet, les appréciations sont inversées. ». (LE FIGARO
France, La fraude aux examens est massive, 29 juin 2010, Marie-Estelle
Pech).
Ce qui inquiète particulièrement les universités c’est cette banalisation
du plagiat sur Internet ; « les cas de tricherie et de plagiat au sein de
son établissement ont augmenté de 81 % entre 2003 et 2006. Ceux de
plagiat à partir d'Internet ont même pratiquement triplé au cours de la
même période, passant de 54 à 153. » . « Selon une étude menée
auprès de 1.200 étudiants lyonnais, 79,7 % d'entre eux déclaraient
avoir eu recours au copier-coller lors de leurs études. Neuf enseignants
sur dix affirmaient y avoir été confrontés alors qu'un devoir type
contiendrait en moyenne 20 % de copier-coller. » (YONREP, L'Yonne
Républicaine-Nord; L’Yonne Républicaine-Sud). Plusieurs personnalités
ont d’ailleurs eux-mêmes plagié certains de leurs travaux ; en
Allemagne : « La chef de file des libéraux allemands au Parlement
européen, Silvana Koch-Mehrin, vient d'être épinglée par les
cybertraqueurs pour avoir copié de nombreux passages dans sa thèse
de doctorat. L'ancien ministre de la Défense, Karl-Theodor zu
Guttenberg, avait déjà été contraint à la démission pour le même
forfait. », en France : « L'actuelle présidente de l'université de
Polynésie française a été accusée en février dernier par un collectif
d'une cinquantaine d'enseignants d'avoir abondamment plagié
l'écrivain Umberto Eco. La ministre Valérie Pécresse a récemment
envoyé à Louise Peltzer un rappel à la loi. Ex-directeur de l'École
supérieure d'art de Cambrai, Geoffrey X a été condamné en mars
dernier par le tribunal de grande instance de Paris pour contrefaçon
d'une thèse en histoire de l'art, sur Marcel Duchamp, écrite en 2005 à
Nanterre par Philippe Y. » (LE FIGARO France, Quelques plagiaires pris
en flagrante copie, 23 mars 2011)
Les étudiants n’ont pas forcément tous conscience de la gravité
du plagiat. C’est contraire à tous les règlements et même souvent
passible d’exclusion. « J'AI RÉCEMMENT mis un zéro à une étudiante de
master qui avait plagié. Elle était en pleurs, m'a expliqué qu'elle avait
travaillé puisqu'elle avait cherché des informations sur Internet.
Visiblement, elle ne comprenait pas. Elle m'a même accusé de
racisme ! ».
Pour contrer ce phénomène de plagiat, les universités et les
grandes écoles tentent de réagir. « Pour endiguer la triche sur
Internet, les grandes écoles cherchent le bon dosage entre
prévention, formation, chartes éthiques, logiciels de détection de
fraude... et sanctions. Mises en garde, sanctions, logiciels mouchards...
L'enseignement supérieur a déclaré la guerre au plagiat. » (L
´Expansion, Haro sur les copies « copiées-collées », Camille Raynaud
de Lage, 1 avril 2008). Outre la prévention et la formation, les
universités se dotent de logiciels capables de repérer les travaux
aillant été construit par « copier-coller ». Un de ses logiciels se nomme
Compilatio : créé par deux étudiants « face à la montée en puissance
[du] phénomène [de plagiat], les universités réagissent. Avec une arme
fatale : Compilatio.net. Ce service permet aux enseignants de mettre
en évidence les similitudes entre un devoir rendu par un étudiant et
l’ensemble des sources disponibles sur Internet mais également la
base de données des documents déjà analysés par le passé. « Le
logiciel fonctionne comme un métamoteur qui va en quelque sorte
suivre le même chemin qu’un étudiant en phase de documentation » ».
(Comment les profs traquent les devoirs copiés sur Internet,
Par Didier Forray, 24 janvier 2008, Micro Hebdo). Ainsi, de plus en plus
d’universités utilisent de tels logiciels permettant de traquer et
sanctionner les tricheurs.
Pourtant, la lutte est loin d’être gagnée. Malgré la prévention, et
le risque de sanction, le plagiat reste très ancré dans notre société :
« Le scientifique ne reste plus insensible à la prospérité des financiers,
princes de la manipulation, ou aux nouveaux hérauts des temps
modernes, les rois de la Silicon Valley qui, tels Bill Gates (Microsoft) ou
Mark Zuckerberg (Facebook), ont bâti leur fortune sur un plagiat
originel.[…]
L'opinion, les institutions, les entreprises veulent un monde sans
risque dans lequel la création n'a plus de droit de cité. Et, de fait,
pourquoi créer quand imiter rapporte plus ? »
« Pour les Chinois, le plagiat est une notion juridique occidentale
périmée et l'imitation est un facteur de progrès et de développement.
C'est clair, le succès est désormais au bout du plagiat. ». (Pour
gagner... Il faut plagier, 16 avril 2011, La Tribune.fr).
Mais la tricherie via Internet ne se résume pas aux « copier-coller »
dans les travaux des universitaires. Certains étudiants de collèges ou
de lycées utilisent fréquemment Internet pour tricher. En effet, depuis
plusieurs années, des sites proposant aux étudiants de faire leurs
devoirs ou proposant une base de données de différents travaux
fleurissent sur le web. Les « « cyber-pompeurs » s'échangent des
devoirs dont les sources ne sont jamais spécifiées. » (Antisèches.com
ou les joies de la triche sur Internet. 22 novembre 2000, La Tribune). La
triche devient même un business lorsque le site faismesdevoirs.com
fait son apparition. C’est un site proposant le service suivant : en
échange d’une somme d’argent, un étudiant peut demander qu’on lui
fasse son devoir. Autre business, les mots d’absences payant : « Le
site Xkiouse.com, qui devrait être lancé le 12avril prochain, en France
et en Belgique, se propose de «mettre à disposition des élèves tout un
panel d’excuses inattaquables à fournir à l’administration scolaire».
Moyennant une somme allant de 7,90 à 34,90euros, faux certificats
médicaux, certificats de vols établis «par le commissariat local», ou
encore «confirmations» de retards de train seront ainsi fournis aux
jeunes en mal d’école buissonnière. » (Quand l’aide à l’absentéisme devient un
business, Camille Bauer, 3 mars 2010, L'Humanité).
La triche sur Internet est aujourd’hui très présente dans le
système éducatif. Malgré les tentatives de traques et de sanctions, la
plupart des tricheurs passent à travers les mailles du filet. La
prévention et l’éducation semblent être les solutions les plus adaptées
pour luter contre ce phénomène.
ANNEXES 1
TRICHER SUR INTERNET :
-le plagiat
Pour gagner... Il faut plagier
689 mots
16 avril 2011
La Tribune.fr
TBNWEB
Français
(c) 2011 La Tribune - www.latribune.frhttp://www.latribune.fr.
Une nouvelle affaire de plagiat fait scandale outre-Rhin. La chef
de file des libéraux allemands au Parlement européen, Silvana KochMehrin, vient d'être épinglée par les cybertraqueurs pour avoir copié
de nombreux passages dans sa thèse de doctorat. L'ancien ministre de
la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, avait déjà été contraint à la
démission pour le même forfait. En sciences, le plagiat est un acte
grave : celui qui se fait prendre voit sa réputation ruinée. Pourtant, le
plagiat se répand dans la communauté scientifique comme une
traînée de poudre, à tel point que les universités se dotent de codes de
bonne conduite et de logiciels sophistiqués pour dépister les plagiaires.
La pratique a toujours existé mais son ampleur surprend. Selon
différentes études menées aux Etats-Unis, un quart des mémoires
universitaires seraient réalisés en un clic de souris.
Les outils informatiques et les moteurs de recherche facilitent la
tâche des fraudeurs, et, dans cette culture Internet, peu d'entre eux
ont conscience de mal agir. Mais si les dérapages se multiplient, c'est
aussi parce que la communauté scientifique ne fait que reproduire le
comportement du monde économique.Certes, le capitalisme naissant a
très vite inventé la propriété intellectuelle pour protéger ses brevets
et... ses situations de rente. Mais la culture de la performance, du
chiffre, du résultat à tout prix qui s'impose désormais dans de larges
pans de l'économie l'emporte sur toute autre considération. Le plagiat
est même devenu un mode de management. Et la science n'échappe
plus à la règle. Un président d'université, soucieux des classements
internationaux, recrutera ainsi ses chercheurs en fonction du nombre
d'articles publiés et de leur impact plutôt qu'en fonction de l'originalité
des travaux. De son côté, chaque candidat aura intérêt à découper en
tranches sa recherche pour multiplier les articles que personne n'aura
le temps de lire. Dès lors, la sélection se fera davantage sur une
batterie de critères quantitatifs (nombre de citations, de publications...)
que sur le qualitatif. En résumé, les valeurs fondamentales de la
science sont soumises aux mêmes pressions concurrentielles que le
monde de l'entreprise. Et les comportements s'en ressentent. L'esprit
scientifique s'imprègne des valeurs de la réussite entrepreneuriale. Il
apparaît de plus en plus difficile de prôner la transparence, l'éthique ou
l'objectivité des résultats quand aucune de ces valeurs n'est plus le
gage de la reconnaissance professionnelle ou de la réussite. Le
scientifique ne reste plus insensible à la prospérité des financiers,
princes de la manipulation, ou aux nouveaux hérauts des temps
modernes, les rois de la Silicon Valley qui, tels Bill Gates (Microsoft) ou
Mark Zuckerberg (Facebook), ont bâti leur fortune sur un plagiat
originel. Plus contraignant encore, la mode n'est plus à la science
pionnière et aventureuse. On se méfie de la science et la prise de
risque est de moins en moins acceptée. L'opinion, les institutions, les
entreprises veulent un monde sans risque dans lequel la création n'a
plus de droit de cité. Et, de fait, pourquoi créer quand imiter rapporte
plus ? Ce n'est donc pas un hasard si l'imitation, sinon le plagiat, est si
fortement ancrée dans notre époque. Le monde des arts et de la
littérature l'avait anticipé. La liberté artistique permet tout, même de
travailler sur les idées des autres. On s'extasie devant une pâle copie
de Marcel Duchamp. On célèbre le roman d'une jeune fille qui s'avère
être une simple compilation de blogs. Même les philosophes sont
appelés à la rescousse pour célébrer l'imitation comme en témoigne le
regain d'intérêt pour les écrits de Gabriel Tarde, précurseur de "l'acteur
réseau", pour qui l'Histoire n'est qu'une succession d'imitations. Et le
modèle chinois, tant célébré à Davos, devrait balayer les dernières
réticences. Pour les Chinois, le plagiat est une notion juridique
occidentale périmée et l'imitation est un facteur de progrès et de
développement. C'est clair, le succès est désormais au bout du
plagiat.
P2Yonne
De l'art du copier-coller à l'Université
480 mots
31 mars 2011
L´Yonne Républicaine
YONREP
L' Yonne Républicaine-Nord; L' Yonne Républicaine-Sud
Français
Copyright 2011. Centre France. All Rights Reserved.
Selon une étude menée auprès de 1.200 étudiants lyonnais,
79,7 % d'entre eux déclaraient avoir eu recours au copier-coller lors de
leurs études. La présidente de l'Université de Bourgogne s'inquiète de
ce phénomène de masse.
Forcément, c'est plus rapide. Le copier-coller prend une ampleur
jamais égalée dans les universités françaises. Lors d'un colloque
organisé sur le plagiat à l'Université de Rennes il y a quinze jours,
plusieurs chiffres ont été révélés, rapportés par Le Figaro. Selon une
étude menée auprès de 1.200 étudiants lyonnais, 79,7 % d'entre eux
déclaraient avoir eu recours au copier-coller lors de leurs études. Neuf
enseignants sur dix affirmaient y avoir été confrontés alors qu'un
devoir type contiendrait en moyenne 20 % de copier-coller.
Sophie Béjean, la présidente de l'Université de Bourgogne dont
dépend l'IUT d'Auxerre, prend la mesure du phénomène. « Internet et
l'informatique ont accru le recours au plagiat, c'est une certitude,
analyse-t-elle. La difficulté reste qu'on attend de l'étudiant et du
thésard qu'il puisse trouver des travaux antérieurs. Mais ne pas citer
ses sources, c'est malhonnête, c'est nuire à soi-même et aux travaux
des autres. »
Pour Sophie Béjean, c'est bien le rapport aux sources qui doit être
à nouveau défini. « Vérifier les sources, croiser les informations, c'est
une question de rigueur qu'il faut expliquer dès le lycée et en première
année de faculté. On n'empêchera plus la diffusion de masse des
sources. C'est d'ailleurs un progrès pour la connaissance. Faire
connaître les travaux scientifiques est la vocation de l'université et de
ses enseignants-chercheurs. » Dans le cadre de son plan Réussite
licence, l'Université de Bourgogne a mis en place des rapports à
produire en première et deuxième année, espèces de mini-mémoires.
« Plus vous expliquerez ce qu'est un bon devoir à la base, plus vous
obtiendrez de bons résultats. »
La présidente de l'Université de Bourgogne n'a pas généralisé les
logiciels « antiplagiat ». « Les étudiants arriveront toujours à les
contourner », explique-t-elle. Quitte à passer davantage de temps à
bricoler leur devoir qu'à réfléchir par eux-mêmes ou à citer
correctement leurs sources. Pour Sophie Béjean, c'est la présentation
du devoir à l'oral qui est imparable : « Quand un étudiant a pompé
sans savoir, vous le voyez à l'oral. Vous le savez instantanément. »
Et elle rappelle : « Lorsque j'étais au Conseil national des
universités et qu'Internet n'était pas généralisé, une thèse avait été
présentée avec de nombreux articles recopiés in extenso. J'ai fait en
sorte que son auteur ne puisse pas exercer à l'université. Le plagiat
est une fraude et peut valoir l'exclusion. »
-communiquer durant les examens
Qu’est-ce qui est pire selon vous : la triche ou la délation ?
Fini la triche à l’ancienne, place à Twitter et à l’iPhone !
Voici une histoire dont la grande presse fait le relai, et dont le buzz semble avoir dépassé les
protagonistes concernés.
Pour faire très bref, un étudiant en école d’informatique a triché pendant un examen de
Flash (un langage informatique) en demandant de l’aide sur Twitter.
Pour ceux qui ne connaissent pas Twitter, c’est un système de micro-blogging qui permet de
communiquer avec vos contacts (une sorte de Facebook mais sans les photos, les quizz à la
con, etc… juste avec les statuts en quelque sorte).
Voici le message que le tricheur aurait lancé via Twitter : “en Partiel de Flash, qui veut
m’aider ?”.
20minutes.fr nous informe que c’est un certain Soymalau sur Twitter qui lui aurait répondu, et
qui aurait accepté de l’aider contre 100 euros. Marché conclu, jusqu’à ce que Soymalau lui
demande 300 euros pour ne pas le balancer à son école:
“Ce qui serait encore mieux, c’est 300 € pour que je ne téléphone pas tout de suite à l’école
en leur balançant les photos et le résumé du chat qu’on vient d’avoir”.
Et c’est ce qu’il a fait. Une démarche qui choque beaucoup de monde sur le web, car quant
bien même la triche est inadmissible, que dire de la délation ?
Soymalau s’explique :
«Au début, j’étais prêt à l’aider, quitte à mettre une indication au prof dans le code source,
pour qu’il voit que son étudiant a triché. Je trouve assez surprenant que des étudiants
puissent avoir accès à Internet durant un examen. Mais quand Romain a commencé à me
proposer de l’argent, ça m’a gêné. Toute cette histoire, pour moi, c’était pour rigoler. En
revanche, si l’école me demande des preuves, je ne pense pas que je perdrai du temps pour
ça…»
Soymalau continue de s’expliquer et de répondre à certains détracteurs via son compte Twitter
:
C’est mal de balancer les cons qui pensent que l’argent permet d’acheter un diplôme ?
Se démerder ça aurait été se rendre sur un forum flash, demander de l’aide. Pas essayer de
payer qqn pour faire à sa place.
Et de recevoir des messages pour le moins insultants et hors-contexte :
Allez, mes premiers mails d’amour : Olivier B. “En 1940 c’est avec des mecs comme toi que
les gens finissaient au gaz”
Et enfin, d’ironiser avec humour :
Salut les amis, je rentre de soirée, j’étais avec les petits enfants de Pétain, Eric Besson et
Brice Hortefeux, c’était cool.
-autres
Les étudiants déclarent à 70% avoir triché durant leur scolarité
(enquête)
258 mots
29 juin 2010
18:28
Agence France Presse
AFPFR
Français
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Soixante-dix pour cent des étudiants déclarent avoir triché durant
leur scolarité, selon une enquête par questionnaire menée auprès de
1.815 étudiants par deux universitaires et publiée à l'automne 2009
dans la Revue française de pédagogie.
A la question "avez-vous déjà triché au cours de votre scolarité?",
70,5% des étudiants ayant participé à l'enquête ont répondu par
l'affirmative, relatent Pascal Guibert et Christophe Michaut dans un
article intitulé "Les facteurs individuels et contextuels de la fraude aux
examens universitaires".
Parmi ces derniers, 4,7% déclarent avoir surtout triché à l'école
primaire, 48,3% au collège, 35,6% au lycée et 11,4% à l'université.
Les auteurs relèvent néanmoins que "la fréquence de la tricherie
est relativement faible: par exemple, seuls 11,5% affirment avoir assez
souvent ou très souvent copié sur la feuille du voisin au collège. Ils ne
sont plus que 10,9% à l'avoir fait au lycée et 4,9% à l'université".
Le phénomène est donc "massif mais occasionnel", résume
l'article.
Indépendamment de leurs caractéristiques individuelles, les
étudiants de sciences et technologie déclarent significativement plus
tricher que les étudiants de droit ou de sciences économiques.
Selon l'article, "les principaux résultats de cette recherche", y
compris le chiffre de 70%, concordent avec ceux obtenus par des
enquêtes anglo-saxonnes.
Le questionnaire a été adressé par courrier électronique aux
32.000 étudiants d'une "université pluridisciplinaire française" et 5,7%
ont répondu.
ANNEXES 2
QUELLES REACTIONS ?
Prévenir, éduquer, sanctionner.
Comment les profs traquent les devoirs copiés sur
Internet
Par Didier Forray
956 mots
24 janvier 2008
Micro Hebdo
MICROH
Français
Tous droits reservés (c) 2008 Groupe Tests, 01net
Copier-coller des documents n’a jamais été aussi facile. Pour faire
face à ce phénomène, les universités disposent désormais de
Compilatio, un logiciel antiplagiat.
Quel étudiant n’a pas été tenté un jour de recopier quelques
lignes d’un ouvrage de référence, histoire de gagner un peu de
temps ? Mais voilà, avec le développement d’Internet, le plagiat a pris
une tout autre dimension. Alors qu’il fallait jusque-là au moins prendre
le temps de chercher et de recopier la source, désormais un simple
copier-coller suffit ! « C’est un véritable fléau, que ce soit pour un
mémoire ou un petit exposé », lance Laetitia Lepetit, maître de
conférences en économie à l’université de Limoges.
Face à la montée en puissance de ce phénomène, les universités
réagissent. Avec une arme fatale : Compilatio.net. Ce service permet
aux enseignants de mettre en évidence les similitudes entre un devoir
rendu par un étudiant et l’ensemble des sources disponibles sur
Internet mais également la base de données des documents déjà
analysés par le passé. « Le logiciel fonctionne comme un métamoteur
qui va en quelque sorte suivre le même chemin qu’un étudiant en
phase de documentation », explique Frédéric Agnès, cofondateur de la
société Six Degrés, éditeur de Compilatio.net, et qui reconnaît bien
volontiers avoir cédé à la tentation du plagiat lorsqu’il était étudiant...
Compilatio équipe aujourd’hui une soixantaine d’universités, les
écoles centrales et autres grandes écoles.
Garder une valeur au diplôme
« L’objectif est d’en finir avec la culture du copier-coller :
apprendre, ce n’est pas cela ! », tempête Christophe Batier,
responsable recherche et développement pour le service Tice de
l’université Lyon 1. Le but du jeu est de produire un travail personnel
d’analyse et de synthèse et le logiciel permet de guider les étudiants
dans la bonne direction. » Stéphanie Bastelica, responsable du centre
de ressources pédagogiques de l’Ecole des dirigeants et créateurs
d’entreprise à Paris renchérit :« C’est un outil antifraude qui permet
aussi de valoriser le diplôme. »
En fonction de la taille du document Word, PowerPoint ou PDF,
son analyse prend une vingtaine de minutes environ. Le verdict
apparaît ensuite sous la forme d’un pourcentage global estimant le
taux de plagiat. Mais il ne s’agit en aucune façon d’une correction
automatique. L’analyse se borne à faire ressortir les ressemblances.
Car la question demeure : quelle tolérance accepter et à partir de quel
degré y a-t-il plagiat ?
Pour Arnaud Thauvron, directeur de l’Institut d’administration des
entreprises Gustave Eiffel de l’université Paris XII et responsable de
masters : « Il n’y a pas de pourcentage critique. Le logiciel met en
évidence ce qu’il considère comme du plagiat mais l’enseignant garde
la main. Il peut considérer que tel ou tel paragraphe n’est pas du
plagiat à proprement parler. Cela peut effectivement dépendre de la
matière : ainsi, dans les matières juridiques, les étudiants doivent
forcément citer des articles du code. »
Et Christophe Batier de confirmer : « Tout dépend du travail
demandé. C’est au professeur de fixer le taux de plagiat qu’il estime
acceptable. On peut avoir le cas où il ressort un plagiat à 80 %, mais
où le travail consistait justement à compiler les meilleures références
en la matière. Le taux global de plagiat ne veut donc rien dire. » Les
enseignants s’accordent toutefois sur le fait qu’en dessous d’un taux
de similitude de 10 %, le travail peut être considéré comme personnel.
« De même qu’il y a une tolérance légale de 10 % lorsqu’on photocopie
un livre, on peut considérer qu’en dessous de 10 %, cela n’est pas du
plagiat », observe Claude Dodisco, chargé de l’utilisation de
Compilatio au sein du département formation continue de la faculté
de sciences économiques de l’université d’Aix Marseille 2. « Il est
évident qu’écrire que “la dépréciation du dollar renforce la politique
des prix” ne peut être considéré comme un plagiat. Il faut distinguer
dix mots consécutifs et le moment où cela devient un recopiage de
paragraphe entier. »
Le droit à la citation préservé
Frédérique Agnès précise tout de même que : « Cette tolérance
de 10 % couvre le droit à la citation et les similitudes accidentelles ».
Compilatio ne veut donc aucunement priver les étudiants du droit à la
citation.« Les citations ne sont pas condamnables en soi, mais les
étudiants doivent respecter les règles et, lorsqu’ils ont recours aux
citations, celles-ci doivent être explicitement identifiées comme telles
», observe Arnaud Thauvron. Un principe défendu par Stéphanie
Bastelica : « On peut comprendre que les étudiants ne soient pas des
génies et qu’ils ne vont pas révolutionner les choses, mais lorsqu’on
reprend mot pour mot un texte qui n’est pas le sien, il faut le citer !
C’est une question de méthode de travail. » Et quels que soient
l’université ou l’établissement, les règles de la citation sont
universelles : mettre le texte entre guillemets et ajouter une note
indiquant la source. Voilà les étudiants prévenus : désormais
Compilatio veille !
Avant le logiciel Compilatio, les enseignants s’en remettaient
généralement à Google : quelques mots tapés dans le moteur de
recherche permettaient de retrouver la source. Le logiciel rend
aujourd’hui les recoupements plus faciles, plus rapides et
systématiques.
Dans les universités ou les écoles utilisant Compilatio, les
enseignants reconnaissent un effet très dissuasif de cet outil. « Les
étudiants en ont peur », raconte Laetitia Lepetit, maître de conférences
en économie à l’université de Limoges. Mais ce n’est pas le seul but : à
l’université Claude Bernard de Lyon, Compilatio est avant tout perçu
comme un outil de détection de l’échec universitaire.
Des professeurs brisent le tabou du plagiat à l’université
CESAR Nicolas
765 mots
27 septembre 2010
La Croix
LACRX
38777
Français
Copyright 2010 Bayard-Presse - La Croix “All Rights Reserved”
Avec Internet, le plagiat s’est banalisé. Au point que les
universités ont décidé de se lancer dans l’achat de logiciels anticopie.BORDEAUX. BORDEAUX, De notre correspondant
Des mémoires et des thèses plagiés par dizaines chaque année…
Le phénomène a pris de telles proportions depuis les années 2000
avec Internet et la démocratisation des études supérieures qu’aucune
université n’est épargnée. Selon une étude réalisée par Six Degrés
pour l’université de Lyon en 2007 auprès d’un corpus de 1
191 personnes, quatre étudiants sur cinq déclarent avoir recours au «
copier-coller » et neuf enseignants sur dix ont déjà été confrontés à
cette pratique. « On nous demande de rédiger trop de rapports, alors,
parfois, faute de temps, on cède à la facilité », reconnaît Charley,
étudiant à Bordeaux 3.
Certains y ont même vu un marché. Ainsi, en mars 2009, un site,
Faismesdevoirs.com, a proposé moyennant rémunération de faire les
exercices scolaires à la place des lycéens et collégiens. Il a été fermé
après les critiques de l’éducation nationale.
Dès 2004, l’université Bordeaux 4 a décidé d’investir dans l’achat
d’un logiciel de détection des « copier-coller », Compilatio. Elle n’est
pas la seule. En 2007, un rapport sur l’université numérique préconisait
la généralisation de ces logiciels dans les universités. « Depuis 2008,
nous avons 50 clients de plus par an », indique le directeur de la
société, Frédéric Agnès. Toutefois, « Compilatio est peu utilisé et
certains étudiants parviennent à le contourner », regrette Didier
Motard, web master pédagogique de Bordeaux 4.
Hélène Maurel-Indart, professeur de littérature à l’université de
Tours, auteur de Plagiat, les coulisses de l’écriture (1) et d’un blog
(www.leplagiat.net), estime néanmoins qu’« il est facile de repérer les
ruptures de style et de trouver des preuves avec une recherche sur
Google ». Cela sera sans doute de moins en moins vrai. « Nous avons
des plagiats de plus en plus “professionnels” », s’inquiète Patrice Brun,
président de l’université Bordeaux 3. Il est donc difficile de placer le
curseur entre l’emprunt stérile et le créatif. D’ailleurs, bien souvent, «
les étudiants n’ont pas conscience de plagier et d’avoir commis une
faute », s’étonne François Dubet, sociologue, professeur à l’université
Bordeaux 2.
Michelle Bergada, professeur de marketing à l’université de
Genève et créatrice dès 2004 d’un site référent en Europe sur la
question (www.responsable.unige.ch), y voit une mutation de
l’acquisition des connaissances : « Pour les jeunes, dit-elle, Internet est
un espace de partage. »
Jean-Noël Darde, auteur du blog « Archéologie du copier-coller (2)
», s’inquiète de « la tolérance de certains enseignants face au plagiat
». En 2006, ce maître de conférences à Paris 8 a prévenu son
département d’un cas de mémoire de master soutenu en 2002 et
entièrement plagié. Sans succès… Pire, « deux mois et demi plus tard,
cet étudiant a obtenu les félicitations du jury pour sa thèse qui, elle
aussi, était plagiée ». Selon lui, « la loi du silence » règne. Ceux qui
passent en conseil de discipline sont rares. Il a fallu attendre le
25 mars dernier pour que le conseil scientifique de son université
annule un doctorat en raison d’une thèse plagiée.
« Mettre en cause un diplôme, c’est jeter l’opprobre sur toute une
équipe de recherche. Avec le risque de voir la réputation de l’université
remise en cause », explique-t-il. Or, depuis quelques années, « le
ministère a “imposé” une “culture du chiffre” aux chercheurs, qui sont
de plus en plus nombreux à publier dans le but de gonfler les
statistiques ». Au point que certains enseignants n’hésitent pas à
s’approprier le travail d’un confrère. « Seuls des universitaires en fin de
carrière peuvent se permettre de dénoncer ce système », déplore-t-il.
Alors, que faire pour limiter le plagiat ? « Il faut d’abord éduquer,
sensibiliser et informer dès la rentrée les étudiants, puis utiliser
systématiquement les logiciels de détection pour leur effet dissuasif »,
suggère Hélène Maurel-Indart. À Bordeaux, l’Inseec, une école de
commerce, a mis en place cette méthode en 2007. « Depuis, les cas de
plagiat sont devenus rares », se félicite son directeur, Edgard Girard.
Pour lui, c’est une culture à instaurer. « Il faut faire comprendre à
l’étudiant qu’un diplôme se mérite et qu’il est là pour acquérir les
substrats, l’esprit critique, indispensables pour sa vie professionnelle
future. »
LE FIGARO France
Quelques plagiaires pris en flagrante copie
Marie-Estelle Pech; [email protected]
MICHELLE BERGADAÀ, PROFESSEUR
339 mots
23 mars 2011
Le Figaro
FIGARO
C
12
20726
Français
(c) Copyright 2011 Le Figaro.
« J'AI RÉCEMMENT mis un zéro à une étudiante de master qui
avait plagié. Elle était en pleurs, m'a expliqué qu'elle avait travaillé
puisqu'elle avait cherché des informations sur Internet. Visiblement,
elle ne comprenait pas. Elle m'a même accusé de racisme ! » ,
explique ce professeur de sociologie qui se dit d'autant plus
« désemparé » face au phénomène du plagiat que les fraudeurs
peuvent paradoxalement être de « bons éléments » .
« J'ai eu affaire à une jeune femme qui avait téléchargé deux
thèses pour faire son mémoire. Elle s'était contentée d'ajouter sur la
première page : À mes enfants, Maria et Mickaël » , raconte Michelle
Bergadaà. Professeur en France avant d'exercer à l'université de
Genève, elle a, entre autres exemples, eu connaissance d'un directeur
général d'une grande école de commerce française qui avait fait
traduire une thèse et l'avait mise à son nom. « Démasqué, il a été
poussé à la démission », raconte-t-elle.
L'actuelle présidente de l'université de Polynésie française a été
accusée en février dernier par un collectif d'une cinquantaine
d'enseignants d'avoir abondamment plagié l'écrivain Umberto Eco. La
ministre Valérie Pécresse a récemment envoyé à Louise Peltzer un
rappel à la loi.
Ex-directeur de l'École supérieure d'art de Cambrai, Geoffrey X a
été condamné en mars dernier par le tribunal de grande instance de
Paris pour contrefaçon d'une thèse en histoire de l'art, sur Marcel
Duchamp, écrite en 2005 à Nanterre par Philippe Y.
Edmond B, un avocat de La Rochelle, qui avait plagié sa thèse
d'éthique du droit ce qui lui avait permis de devenir docteur en droit
puis avocat, a été condamné pour contrefaçon en 2010.
Une femme qui avait téléchargé deux thèses pour faire son
mémoire s'était contentée d'ajouter sur la première page : à mes
enfants, Maria et Mickaël MICHELLE BERGADAÀ, PROFESSEUR
France
Le plagiat de thèse reste un tabou à l'université
Louise Fessard
2328 mots
5 octobre 2010
Mediapart
MEDAP
Français
Copyright 2010. Mediapart. All Rights Reserved.
Face à la banalisation du plagiat grâce à Internet, plusieurs
universités françaises s'équipent actuellement de logiciels anti-copie
pour détecter les tricheurs parmi leurs étudiants. «Avec le copier/coller,
un étudiant peut aujourd'hui faire un mémoire en une demi-journée, si
bien que les enseignants-chercheurs passent presque autant de temps
à vérifier l’originalité des mémoires qu’à les lire», regrette Alain Milon,
professeur de philosophie à l'université Paris-X Nanterre. Mais que se
passe-t-il quand le plagiaire est lui-même un universitaire en poste?
«Ces dernières années ont vu un nombre croissant de fraudes
d'étudiants et de saisies des commissions disciplinaires, explique
Hélène Maurel-Indart, qui, la première en France, a abordé ce sujet
dans son livre Plagiat, les coulisses de l'écriture. En revanche, le
plagiat commis par les universitaires eux-mêmes reste un tabou.»
D'autant que «ce n'est pas le même niveau de gravité, car les
enseignants sont censés véhiculer un certain rapport au savoir»,
remarque Simone Bonnafous, vice-présidente de la Conférence des
présidents d'université (CPU) et présidente de l'Université Paris-Créteil,
qui veut croire à des «cas exceptionnels».
Pas étudié, le phénomène est difficile à quantifier. Hélène MaurelIndart, professeur de littérature à l'université de Tours, suppute «une
croissance, liée comme pour les étudiants aux nouvelles technologies,
d'autant plus que l'évaluation des universitaires, qui se fait désormais
en fonction du nombre de publications, crée une pression à la
publication». Selon une étude menée par Six Degrés (qui
commercialise le principal logiciel anti-plagiat) et l'université de Lyon
en 2007 auprès de 1219 personnes (pour la plupart en école
d'ingénieur), quatre étudiants sur cinq déclarent avoir recours au
copier-coller et neuf enseignants sur dix ont déjà été confrontés à cette
pratique. Des chiffres qui plantent le décor mais ne disent rien sur
l'ampleur de la pratique chez les universitaires eux-mêmes.
«En France, les tricheurs sont couverts par le silence parce que
les juristes ont décidé qu'il ne fallait pas citer les noms des plagiaires,
dit Michelle Bergadaà, professeur de marketing et communication à
l'université de Genève, qui a créé en 2004 un site consacré au plagiat
universitaire. De plus, les universités françaises ne font rien, souvent
par peur de jeter un discrédit sur le département concerné, mais aussi
parce qu'elles ne savent pas quoi faire face à un enseignant en poste.»
Aucune des personnes interrogées n'a d'ailleurs souvenir d'un
enseignant-chercheur sanctionné pour pillage. «Au scandale du plagiat
s'ajoute celui de l'étouffement», estime un enseignant de l'université
de Picardie, récemment confronté à cette situation dans son UFR Arts.
Las de batailler en vain au sein du département Hypermédias de
l'université Paris-VIII contre l'inertie voire «la complicité» protégeant les
auteurs de plagiats, Jean-Noël Darde, maître de conférences en
sciences de l'information et de la communication, a lui créé son blog en
décembre 2009. «Nous sommes passés des mémoires plagiats aux
thèses plagiats», soupire-t-il. Il dénonce «le traitement a minima
souvent mis en œuvre par les instances universitaires face aux thèses
plagiats lorsque ces instances sont en situation de ne plus pouvoir les
ignorer.»
Mediapart a choisi de relater deux cas emblématiques et récents,
l'un signalé par une lectrice, l'autre relaté par Jean-Noël Darde sur son
blog. Les universitaires, qui, dans ces deux histoires, ont osé briser le
tabou, en sont restés marqués. «Ces affaires-là, qui se passent avec
des gens avec qui on travaille depuis des années, avec des amis, sont
d'une violence dont on n'a pas idée», explique l'enseignant à
l'université de Picardie déjà cité. «Tout ça nous a bousillés, raconte un
autre enseignant de la même UFR Arts. On se sent une sorte
d'inquisiteur, on se dit qu'on risque peut-être de mettre en l'air la vie
d'un collègue.»
Plagiaire à Liège
Un enseignant-chercheur nommé directeur d'une école
supérieure d'art, à Cambrai... malgré une condamnation en mars 2010
pour contrefaçon d'une thèse en histoire de l'art
Malgré une condamnation en mars 2010 par le tribunal de grande
instance (TGI) de Paris pour contrefaçon d'une thèse en histoire de
l'art, AA est toujours responsable de deux départements au sein de
l'université catholique de Lille. Il a même été nommé en mars 2010
directeur de l'école supérieure d'art de Cambrai, un établissement
public dépendant du ministère de la culture, par le maire de Cambrai,
François-Xavier Villain.
«Au niveau de l'image de l'école et sur le plan pédagogique, c'est
une catastrophe, témoigne une enseignante de l'école d'art. Tous les
enseignants savent très bien qu'il a été condamné, un communiqué
anonyme a circulé, mais nous n'avons pas trop fait de pub à cette
décision de justice car, après, comment aller dire à un étudiant de ne
pas copier un article Wikipédia?»
«Estimant avoir obtenu réparation de son préjudice en justice»,
selon son avocate Catherine de Gourcuff, BB, l'enseignant plagié,
aujourd'hui professeur dans une école d'architecture, n'a pas souhaité
s'exprimer. Fin 2007, il s'aperçoit, prévenu par son ancien directeur de
thèse, que la thèse en histoire de l'art que s'apprête à soutenir un
certain AA à l'université de Liège, en Belgique, ressemble étrangement
à celle qu'il a lui-même soutenue avec succès en novembre 2005 à
l'université de Paris-X Nanterre.
«Les responsables universitaires belges ont joué un jeu
transparent et ont envoyé la thèse au plagié, alors que d'habitude on
tente plutôt de camoufler ce genre d'affaires», salue Jean-Noël Darde.
Aussitôt le plagiat reconnu, l'université de Liège annule la soutenance
et exclut AA. Celui-ci soutient en octobre 2008, soit quelques mois
après son exclusion de Liège, une thèse de philosophie à l'université
Paris-X, sous la direction du philosophe Alain Milon.
«La thèse faite à Paris-X Nanterre sous ma direction ainsi que sa
qualification CNU (qui permet de devenir maître de conférences ou
professeur d'université, ndlr) ne sont absolument pas mises en cause,
affirme ce dernier, une fois mis au courant de la condamnation pour
plagiat. Mon étudiant s'est inscrit avec moi en novembre 2005 sur un
sujet de thèse autour de Blanchot, sujet qui n'a strictement rien à voir
avec son premier travail en histoire de l'art et il a fait sa thèse en
quatre ans en participant à tous mes séminaires de recherche.»
En mars 2010, AA est donc condamné par le TGI de Paris qui
reconnaît «un plagiat servile de l'œuvre première» dans la thèse qu'il
entendait soutenir fin 2007 à Liège. Une «exception» dans les affaires
de plagiat universitaire, souligne Catherine de Gourcuff, selon qui «il
semble que très peu de plagiés ont le courage de mener une action en
justice, car le monde universitaire est un petit monde qui paraît
craindre la publicité». Reste que ce jugement au civil «ne règle en rien
le lien entre l'université française et le plagiat, puisque l'université
catholique de Lille garde son plagiaire», estime Jean Noël Darde.
Le TGI renvoie en effet, concernant le poste de AA à l'université
catholique de Lille, «aux autorités universitaires» à qui il «appartient
de faire des choix dans l'attribution des postes d'enseignants en tenant
compte des manquements commis par certains et des mérites de
tous». Dans un cas semblable de plagiat d'une thèse découvert avant
sa soutenance, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la
recherche (Cneser), saisi en appel, avait décidé en juin 2008
l'«exclusion définitive de tout établissement d'enseignement supérieur
public» de l'étudiant fautif.
AA, joint au téléphone, assure, lui, ne s'occuper, à l'université
catholique de Lille et à l'école supérieure d'art de Cambrai, que de
«tâches administratives et de gestion». «La recherche et le projet
pédagogique sont avant tout produits par l'équipe pédagogique»,
précise-t-il. Le nouveau directeur de l'école supérieure d'art de
Cambrai met cette affaire sur le dos d'une «campagne locale de
harcèlement», avec «des lettres anonymes» reçues depuis qu'il a pris,
à son arrivée à la tête de l'école, la décision de ne pas reconduire trois
enseignants.
Contactée, l'université catholique de Lille dit «suivre de très près
l'affaire en cours» mais prétexte une «procédure d'appel en cours
l'empêchant de s'exprimer sur cette question». Sauf que AA reconnaît
lui-même ne pas avoir fait appel et que le délai d'appel (un mois après
signification de la décision) étant expiré, la décision du TGI est
aujourd'hui «définitive», comme le confirme Catherine de Gourcuff.
Evasif, AA ajoute juste qu'«il envisage d'autres recours avec son
avocate».
«On ouvre les fenêtres»
A Amiens, un doctorant, exclu en mai 2009 de l'université de
Picardie pour avoir largement plagié sa thèse, continue pourtant à
enseigner dans la même université
Le 19 mai 2009, le conseil de discipline de l'université de
Picardie Jules-Verne annule pour plagiat la thèse soutenue un an et
demi plus tôt par CC, doctorant en arts plastiques. Le fautif a été exclu
«en qualité d'étudiant, de tout établissement public d'enseignement
supérieur pour une durée de deux ans». La nuance «en qualité
d'étudiant» a son importance, puisque CC, en tant que professeur
agrégé, enseignait par ailleurs depuis dix ans à l'UFR Arts. L'exétudiant, exclu pour plagiat, continue donc, un an après, à assurer au
sein de la même UFR ses 384 heures de cours annuelles.
Sans toutefois faire de recherche puisque la mission d'un
professeur agrégé détaché dans l'enseignement supérieur est limitée à
l'enseignement. «Ce qui explique que le plagiat de ce doctorant, qui
relève d'une activité de recherche, n'ait pas de conséquences directes
sur son activité d'enseignement», nuance Hélène Maurel-Indart.
«Mais un étudiant qui commet un acte aussi grave est
normalement exclu à vie de l'université, car la thèse est le socle de
l'université, le fruit d'un travail de cinq voire dix ans d'études, estime
DD, l'un des deux enseignants de l'UFR Arts qui ont, en 2008, alerté le
président de l'université Jules-Verne de l'existence d'un plagiat. Là,
l'université fait comme le monde politique: elle accorde des
circonstances atténuantes à ceux qui sont en poste, au lieu de
considérer qu'il s'agit d'une circonstance aggravante.»
Révoltés par ce deux poids deux mesures, les deux enseignants
en question ont depuis suggéré à deux reprises au président de
l'université que le fraudeur quitte l'université et retourne enseigner en
collège ou lycée. Leurs courriers sont restés sans réponse. «Cet
enseignant a trahi un de ses étudiants; il a trahi sa directrice de thèse;
il a trahi tout son département, raconte DD. Notre département a été
profondément bouleversé et on a l'impression qu'on ne pourra plus
travailler ensemble. On a essayé d'en parler à l'intérieur, ça n'était pas
possible, alors on ouvre les fenêtres.»
Jean-Noël Darde relate en détail sur son blog la découverte du
plagiat par un doctorant et ancien étudiant de CC, d'abord alerté par
des emprunts à un de ses propres articles dans les 350 pages de la
thèse soutenue avec succès par CC en décembre 2007. Jean-Noël
Darde analyse également la décision a minima de la commission
disciplinaire, qui s'est bien gardée de poursuivre plus avant les
investigations entamées par le jeune étudiant sur le nombre
d'emprunts de la thèse.
«En définitive, après analyse, on peut dire que l'intégralité du
texte est plagiée sur d'autres travaux universitaires: c'est un
patchwork de textes mis bout à bout», affirment les deux enseignants
de l'UFR Arts. Tous deux décrivent une situation «intenable» au sein de
cet UFR: «La principale victime des plagiats, le doctorant, et nousmêmes, sommes vus comme des délateurs par certains collègues, et le
plagiaire comme la victime d'une campagne de harcèlement.» Dans un
communiqué, paru le 5 octobre (suite à la parution de cet article, et
d'un article dans Le Courrier Picard), l'université Jules Verne déclare
que la demande de saisie de la section disciplinaire compétente cette
fois à l'égard des enseignant «est actuellement à l'étude» et que le
président de l'université «arrêtera sa position dans les prochaines
semaines.»
Lire également sous l'onglet "Prolonger"
Boîte noire
Parmi les universitaires contactés, beaucoup ont demandé
l'anonymat, pour des raisons évidentes concernant les fraudeurs, et
parce qu'ils estiment avoir déjà «assez morflé» pour les autres. Je les ai
donc appelés AA, BB, etc., au fil de leur apparition, n'épuisant
heureusement pas l'alphabet. Cet anonymat est un peu hypocrite
puisque le lecteur qui le souhaite retrouvera facilement le nom de
certaines des personnes citées.
Prolonger votre lecture
Un séminaire...
Quatre universitaires (Michelle Bergadaà - Internet : Fraude et
déontologie selon les acteurs universitaires -, Hélène Maurel-Indart - Le
Plagiat -, Jean-Noël Darde - Archéologie du copier-coller , et Geneviève
Koubi - Droit Cri-Tic) organisent un séminaire sur la plagiat des travaux
de recherche. La première séance, le 12 novembre à Paris, sera
consacrée à la réponse des institutions académiques.
... Et trois autres articles :
Plagiat: la copie pointée à l'université, Le Monde, 21 mai 2010
«L’ampleur du plagiat, c’est ça la nouveauté», Libération,18 mai
2010
En Suisse comme en France, le plagiat ronge l’Université,
Swissinfo.ch, 1er juin 2010
à la une Grandes écoles
Haro sur les copies « copiées-collées »
Camille Raynaud de Lage
988 mots
1 avril 2008
L´Expansion
EXPNSN
136,138
729
Français
(c) Copyright Groupe Express-Expansion All Rights Reserved L'Expansion
Pour endiguer la triche sur Internet, les grandes écoles
cherchent le bon dosage entre prévention, formation, chartes éthiques,
logiciels de détection de fraude... et sanctions.
Mises en garde, sanctions, logiciels mouchards... L'enseignement
supérieur a déclaré la guerre au plagiat. Car le pillage des travaux
d'autrui, pratiqué par les étudiants dans les devoirs à domicile, s'est
mué en activité de masse avec Internet. Selon deux enquêtes réalisées
en 2005 et 2007 par les sociétés Six Degrés et Le Sphinx
développement, 78 % des étudiants déclarent avoir recours au «
copier-coller » et près de trois travaux sur quatre (73,7 %) contiennent
au moins un passage copié sur le Net.
Nombre de grandes écoles, dépassées par l'ampleur du
phénomène, ont commencé par pratiquer la politique de l'autruche. «
En 2006, beaucoup d'écoles et d'enseignants niaient encore le
problème », raconte Frédéric Agnès, cofondateur de la société de
services Internet Six Degrés. Il a lancé en mai 2005 Compilatio.net, un
moteur de recherche en ligne permettant de détecter le taux de plagiat
dans une copie numérique. Aujourd'hui, 80 établissements ou
enseignants y sont abonnés.
Depuis deux ans, une véritable traque des plagiats s'est mise en
place. Les écoles échangent leurs meilleures pratiques, et les rares
parmi elles à n'avoir pas encore pris de mesures concrètes déclarent
que c'est « à l'étude » ou « en cours ». La plupart se dotent d'un
véritable corpus éthique, incluant charte à faire signer par les
étudiants, cours d'éthique et conférences de spécialistes des
technologies de l'information et de la communication (TIC).
Les plus « éclairées » insistent pour mettre en avant la dimension
pédagogique de leur lutte. Jacques Chaniol, directeur du programme
grande école à l'Escem Tours-Poitiers, récapitule sa stratégie en trois
points : « Prévention (affiches, attestation de non-plagiat signée jointe
aux travaux remis), formation (cours sur les outils et sur le traitement
de l'information) et, seulement en troisième position, sanctions (conseil
de discipline). » A Euromed Marseille, on affirme aussi conduire la lutte
de « manière positive ». Il s'agit « d'apprendre aux élèves à respecter
le travail d'autrui. Nos étudiants de première année suivent par ailleurs
un cours de méthodes de recherche », souligne Bernard Paranque,
directeur des programmes.
Dans l'ensemble, c'est toutefois un système majoritairement
répressif qui est mis en oeuvre : modification du règlement intérieur
comportant des clauses prévoyant l'expulsion, conseil de discipline,
sanctions « exemplaires »... Certains professeurs vont jusqu'à interdire
le recours à Internet pour faire des recherches. Le tout étant
sévèrement encadré par des logiciels de détection de fraude, tels
Compilatio, Urkund, Turnitin - autant de noms barbares devenus
familiers dans les amphis.
A lui seul, le cas de l'ESC de Montpellier résume l'histoire de la
lutte antiplagiat. Depuis 2002, l'école utilise le logiciel Urkund. Outre le
règlement intérieur, qui stipule l'interdiction de plagier, une formation
à Internet a été mise en place. Un professeur a été nommé
responsable de la formation des enseignants dans ce domaine. Voilà
trois ans, un cours « TIC et éthique » et une conférence annuelle sur le
sujet sont venus renforcer ce travail. Et, depuis la rentrée 2007, le
polycopié de chaque cours comporte un avertissement contre la
fraude. « Notre devoir est d'éduquer des managers socialement
responsables », souligne Nassim Aissa Belbaly, directeur académique.
Une préoccupation révélatrice de l'évolution actuelle, consistant à
réfléchir en profondeur sur les rapports avec l'information numérique.
« Les logiciels, c'est un peu comme le radar sur la route, ils ne
remplacent pas l'éducation, ils ne constituent pas une solution à long
terme », observe le directeur de l'Edhec, Olivier Oger. « Les logiciels de
détection sont des excuses. Il faudrait que les grandes écoles se
remettent en cause et reconsidèrent le rôle de l'enseignement destiné
aux jeunes d'aujourd'hui », abonde Michelle Bergadaa, professeure à
l'université de Genève, animatrice d'un site consacré à la lutte
antiplagiat ( http://responsable.unige.ch ).
« La solution, c'est d'apprendre Internet dès le collège, et de
former les professeurs », souligne Alexandre Serres, enseignantchercheur en sciences de l'information et de la communication,
coresponsable de l'Unité régionale de formation à l'information
scientifique et technique de Rennes. Et de conclure : « On a besoin
d'une révolution en profondeur par rapport à ce média, pas seulement
sur le plan technique - car, là-dessus, le gouvernement est réactif. Il
faut donner des clefs de compréhension. La culture de la connaissance
du Web est plus forte ailleurs, au Canada, par exemple. La France a dix
ans de retard sur ces questions ! »
Vincent s'est vu punir pour plagiat, Bertrand, lui, a été félicité par
le jury...
« Le problème des grandes écoles, c'est qu'elles sont
professionnalisantes ; on pense surtout à chercher un boulot et on y
manque toujours de temps », explique Bertrand, 25 ans, un ancien de
Reims Management School. Résultat : « On préfère passer un peu de
temps à camoufler du plagiat plutôt que beaucoup de temps à faire
des recherches », reconnaît-il. Il a ainsi paraphrasé 80 % de son
mémoire de fin d'études grâce à un rapport interministériel « pile dans
la problématique ». « Mon prof n'était pas dupe, mais je maîtrisais le
sujet à l'oral : j'ai eu la note maximale et les honneurs du jury ! »
raconte-t-il.
Vincent, 27 ans, n'a pas eu autant de chance à l'IEP-Lille : « Pour
un devoir en anglais sur la Grèce, j'ai "pompé" sur quatre sites
différents. Mais mon prof utilisait un logiciel de détection. Il a fait
pression sur la direction et l'on m'a convoqué en conseil de discipline à
l'université Lille II, parce que l'IEP en dépend. Il n'y avait aucun
membre de mon école pour me défendre. » Sanction : un an
d'exclusion avec sursis. « Une hypocrisie totale ! » conclut-il.
ANNEXES 3
AUTRES
ARTICLES
Quand l’aide à l’absentéisme devient un business
Camille Bauer
513 mots
3 mars 2010
L'Humanité
HUMAN
24
Français
Copyright 2010 l'Humanité All Rights Reserved
Après les devoirs contre de l’argent, un site veut offrir aux
adeptes de l’école buissonnière des mots d’excuse payants.
L’appât du gain ne connaît pas de limite. Des petits malins ont
trouvé un nouveau filon: faire des mots d’excuse aux élèves
moyennant finance. Le site Xkiouse.com, qui devrait être lancé le
12avril prochain, en France et en Belgique, se propose de «mettre à
disposition des élèves tout un panel d’excuses inattaquables à fournir à
l’administration scolaire». Moyennant une somme allant de 7,90 à
34,90euros, faux certificats médicaux, certificats de vols établis «par le
commissariat local», ou encore «confirmations» de retards de train
seront ainsi fournis aux jeunes en mal d’école buissonnière. Dans son
communiqué, le site se vante d’avoir déjà «testé ses produits auprès
de dix élèves (…) blanchis de tout soupçon aux yeux de leurs profs» et
garantit «100% de succès».
Sous couvert d’être une «start-up innovante», Xkiouse pêche
dans le même genre de fonds de commerce que faismesdevoirs.com,
qui proposait aux lycéens de faire leurs devoirs moyennant finance et
qui avait suscité de nombreuses critiques avant d’être finalement
interdit. D’un côté, ce nouveau site contribue à dévalo-riser l’école et à
faire des cours «des corvées insupportables auxquelles il faut échapper
par tous les moyens», comme l’a souligné Frédérique Rollet, secrétaire
générale du Snes, premier syndicat des collèges et des lycées. De
l’autre, il contribue un peu plus à faire entrer dans l’esprit des élèves
une mentalité mercantile qui n’hésite pas à donner des armes
différentes à ceux qui en ont les moyens et à «habituer les élèves à la
fraude et à la tromperie», insiste la syndicaliste.
Les condamnations ont fusé, hier, de toutes parts contre
l’initiative lancée par «trois jeunes amis qui se sont rencontrés sur les
bancs de leur lycée». Hésitant à qualifier toute l’affaire de blague, la
FCPE, fédération de parents d’élèves, a qualifié de pitoyable ce site qui
contribue à «dénigrer l’école». «C’est immoral, désastreux sur le plan
éducatif et déplorable vis-à-vis du travail qu’on essaye de faire pour
responsabiliser les jeunes», a estimé le secrétaire général du SgenCFDT, Thierry Cadart. De son côté le SNPDEN, premier syndicat de
chefs d’établissement, a condamné «sans aucune réserve ce projet qui
est totalement à l’opposé de nos valeurs».
Sans savoir encore avec certitude si le lancement de Xkiouse
était une réalité, ou s’il ne s’agissait que d’un coup de publicité de
petits malins en quête de reconnaissance, de nombreuses voix ont
souhaité l’interdiction du site. Elles n’ont, pour l’instant, pas été
écoutées par le ministère de l’Éducation nationale. Interrogé, le cabinet
de Luc Chatel a refusé de se prononcer «à ce stade sur un site qui n’a
pas encore vu le jour» et s’est contenté d’annoncer, hier, qu’il avait
«diligenté une expertise juridique».
LeMonde
27 septembre 2010
CANCRES - Triche sur Internet : Peut mieux faire (le blog de Dan
Ariely)
Dan Ariely, professeur de psychologie appliquée à l’économie est
un habitué des expériences concrètes qui remettent en cause la
théorie. Se disant effrayé par l’arrivée des “Essay Mills“ (littéralement
des “moulins à devoirs”), cyberentreprises qui proposent aux étudiants
de rédiger (via des rédacteurs souvent domiciliés en Afrique, comme le
raconte un article de The Chronicle of Higher Education ) leurs devoirs
pour eux contre rémunération et présentées comme le dernier moyen
de tricher efficacement, il a voulu vérifier leur efficacité.
Lui et ses collègues ont donc envoyé un de leurs sujets de devoir
à quatre de ces organismes. Le thème était tout trouvé : la tricherie, en
douze pages, avec références et citations à la clé. A rendre sous deux
semaines.
Et voilà le mythe de la tricherie accessible qui s’effondre. Les
quatre devoirs renvoyés relèvent du “charabia”, explique-t-il. Et ne
sont le plus souvent que des listes de citations reprises sur Internet,
sans aucune transition. La plupart des références mises en annexes ne
sont que des liens Internet inintéressants dont beaucoup s’avèrent être
des liens morts. “A ce point de l’expérience, nous avons été assez
soulagés en nous rendant compte qu’un étudiant ne pouvait pas
espérer soumettre ses devoirs à un moulin à devoirs et en tirer une
bonne note”, écrit-il.
Mais l’expérience ne s’arrête pas là, et Dan Ariely soumet les
devoirs à WriteCheck.com , qui vérifie le taux probable de plagiat d’un
texte. Certains devoirs sont pompés à plus de 35 % sur des travaux
existants. Le facétieux professeur demande donc à l’entreprise de lui
rembourser son devoir (dont le prix variait de 150 à 216 dollars). L’un
des moulins à devoirs refuse tout net, menaçant de le dénoncer à ses
profs pour tricherie !
Deux
l'éditorial; La guérilla des notes
578 mots
18 janvier 2011
La Charente Libre
CHARLI
Toutes
2
Français
Copyright 2011 La Charente Libre. All Rights Reserved.
Jacques GUYON
[email protected]
Luc Chatel ne décolère pas. Il menace même de poursuivre en
justice des enseignants et des parents d'élèves ! Motif de ce courroux:
le ministre de l'Education nationale vient de découvrir que les
questions - et les réponses qui vont avec... - qui devaient permettre
l'évaluation des élèves de CM2 ont été mises en ligne sur internet
hier ! Le jour même où les enfants commençaient à passer les
épreuves ! Cent questions de maths et de français en libre-service sur
la toile: c'est la dernière «trouvaille» d'enseignants relayés par des
parents d'élèves FCPE qui sont opposés depuis le début à cette idée
qu'avait lancée Xavier Darcos. Après les grèves, les refus de certains
enseignants de procéder à cette évaluation qu'ils jugent «inutiles»,
voici donc que la «désobéissance civique» n'hésite plus à prendre des
allures de sabotage. Un sabotage dont on ne sait s'il faut en rire ou en
pleurer. Rire de cette fuite organisée et de son côté blague de cour de
récréation. Rire de la façon dont l'idéologie de la performance prônée
par Luc Chatel se retrouve détournée par cette phrase du site
Evaluator: «Nos enfants ne travaillent pas assez. Il faut les aider. Nous
publions les évaluations nationales CM2 pour qu'ils puissent apprendre
à tricher et à gagner»... Ou pleurer de voir des parents et des
enseignants se comporter de façon aussi infantile et irresponsable en
montrant à des enfants la voie... à ne pas suivre. On dira que les
gamins n'ont pas besoin de ça pour tricher ? Sauf qu'on ne peut
prétendre être un éducateur digne de ce nom ou un parent
responsable en renonçant à son propre rôle et en se laissant aller à
cette complicité malsaine et parfaitement démagogique. Qu'on puisse
critiquer cette évaluation, qu'on pense que celle-ci serait plus utile en
début d'année - ou en fin d'année comme le prétendent d'autres... qu'on soupçonne le ministre de s'en servir pour établir un classement
des écoles: on peut entendre de tels doutes. Que ce ministre ait une
approche du monde de l'éducation qui fait plus penser au discours
produit d'un directeur marketing qu'à une réflexion construite et si
possible partagée sur le rôle de l'école dans notre République on peut
le penser. Mais croire que c'est par un petit jeu de guérilla d'opérette
qu'on va résoudre les problèmes bien réels qui sont ceux d'un système
qui ne joue plus que très imparfaitement son rôle d'ascenseur social
est une façon de fuir ses propres responsabilités. Même si certains
enseignants et parents font une allergie aux notes et tout ce qui peut y
ressembler, les derniers classements internationaux - tel le dernier
palmarès Pisa de l'OCDE qui place la France dans les élèves médiocres
de la planète - devraient les amener à un examen plus apaisé et
surtout plus constructif de la situation. Et leur rappeler que la première
façon de tricher est de se mentir à soi-même.
Après les grèves, les refus de certains enseignants de procéder à
cette évaluation qu'ils jugent «inutiles», voici donc
que la «désobéissance civique» n'hésite plus
à prendre des allures
de sabotage. Un sabotage dont on ne sait s'il faut
en rire ou en pleurer.
La guérilla des notes(1123261) | Pays de Cognac | Nord | Sud
Antisèches.com ou les joies de la triche sur Internet.
584 mots
22 novembre 2000
La Tribune
TRDS
Français
(c) 2000 La Tribune (not to be redisseminated) Tel: +33 (0)1 44
82 16 16 http://www.latribune.fr.
Les cancres adeptes du « copier-coller » ont vite compris
comment se servir du réseau.
Il me faut le résumé du livre second des Confessions de Rousseau
avant lundi 14 novembre », « Help SVP sur Marivaux par Fis Abé » (sic).
Voilà le type d'annonce que l'on peut trouver sur un site français
spécialisé dans les antisèches, monté par un lycéen de série
scientifique qui ne voulait plus « perdre son temps » à plancher sur les
matières littéraires. Dans un généreux souci d'aider son prochain,
l'adolescent a gracieusement mis en ligne fiches de lectures,
dissertations, exposés et autres corrigés dactylographiés qu'il a glanés
autour de lui pour alimenter sa base de données. Aujourd'hui, son site
fonctionne grâce aux forums et aux « chats » (discussions) où les «
cyber-pompeurs » s'échangent des devoirs dont les sources ne sont
jamais spécifiées.
Les enseignants ne sont pas dupes et s'interrogent. « L'aspect
positif de ce type de site est qu'il témoigne au moins d'une activité de
la part de l'élève, qui sort de son rôle passif par rapport au professeur.
Mais cela met en cause la responsabilité et le travail de l'enseignant »,
commente un professeur de lettres parisien. Pour lui, ce genre de site
se révèle très néfaste quand l'élève se contente de « repomper » les
devoirs en vue d'obtenir une bonne note, sans travail intellectuel ni
échange avec quiconque. « Le seul moyen que nous avons de lutter
contre ce type de fraude est de leur expliquer que cela ne sert à rien
de copier bêtement sur le Net. Et si l'école est perçue seulement
comme un fournisseur de notes et de diplômes, la solution est de leur
mettre zéro ! », poursuit l'enseignant.
Du collège à la fac. Le phénomène a pris une telle ampleur qu'il
touche aujourd'hui toutes les tranches d'âge. Du collège à la fac, la
génération du « copier-coller » a repris à son compte le principe à
l'origine de la création de l'Internet, le partage des connaissances. D'un
simple coup de clic, les tricheurs en puissance peuvent avoir accès à
des milliers de travaux sous forme de mémoires, de thèses, d'études,
souvent mis en ligne par les universités elles-mêmes. La quasi-totalité
des disciplines sont représentées: droit, psychologie, histoire,
botanique, etc. Seules matières à échapper pour l'instant à la fraude
électronique, les mathématiques et les langues, qui demandent des
logiciels de traduction coûteux et encore peu performants.
Le corps enseignant dispose de peu de moyens pour traquer les
fraudeurs. Ainsi, selon une étude effectuée en Suède par l'institut de
recherche Skop, 3 % des professeurs interrogés pensent qu'une partie
de leurs élèves pompent sur Internet. Et 42 % estiment ne pas avoir
les moyens de lutter contre ce phénomène. Parmi les solutions
envisagées, l'université de Californie, à Berkeley, a développé un
moteur de recherche qui détecte les plagiaires indélicats. Chaque copie
d'étudiant est envoyée à un moteur de recherche, plagiarism.org, qui
vérifie sur Internet et dans une vaste banque de données que le travail
est une « oeuvre originale ». Si cela n'est pas le cas, le professeur
reçoit par e-mail la copie frauduleuse avec les extraits plagiés surlignés
et les sources d'emprunts dûment mentionnées. Après Berkeley, qui a
adopté ce système qui coûte 1 dollar par étudiant et par an, les
collèges et les universités britanniques devraient faire de même.
Fabienne Reybaud.
LE FIGARO France
La fraude aux examens est massive
Marie-Estelle Pech; [email protected]
Marie-Estelle Pech
762 mots
29 juin 2010
Le Figaro
FIGARO
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20499
Français
(c) Copyright 2010 Le Figaro.
Les meilleurs bacheliers sont paradoxalement ceux qui trichent le
plus à l'université.
ÉDUCATION Quelque 70,5 % des étudiants français avouent avoir
triché lors de leur scolarité. Telle est la conclusion inédite d'une étude
sur les facteurs de fraude aux examens menée auprès d'environ 1 815
étudiants inscrits dans une université pluridisciplinaire française par les
chercheurs Pascal Guibert et Christophe Michaut (1). L'ampleur de la
tricherie n'avait encore jamais été évaluée scientifiquement en France.
Or celle-ci apparaît massive !
Les étudiants interrogés sont 4,7 % à avoir triché dès l'école
primaire, 48,3 % au collège, 35,6 % au lycée et 11,4 % à l'université.
En revanche, cette pratique reste occasionnelle et se raréfie dans les
études supérieures : si 11 % disent avoir souvent copié sur leur voisin
au collège et 10,9 % au lycée, seuls 4,9 % le font à l'université. Utiliser
une antisèche est plus fréquent. Et demander ou donner la réponse à
un autre étudiant restent les formes « les plus répandues de la fraude
». La pratique est d'autant plus courante que les étudiants sont peu
informés. Seuls 16 % d'entre eux savent qu'on peut se faire exclure
définitivement pour cela.
Triche-t-on plus aujourd'hui qu'hier ? La fraude au bac existe
depuis la création de ce diplôme. « L'usurpation d'identité organisée à
grande échelle était un des moyens utilisés à une période où il était
difficile de contrôler l'identité des individus », expliquent les auteurs.
Aujourd'hui, les nouveaux outils de communication, comme le
téléphone portable et Internet, ont beaucoup transformé les moyens
de tricher. Selon un rapport de l'inspection générale portant sur
l'évaluation à l'université en 2007, il existe un écart important de
perception du phénomène selon que l'on interroge les professeurs et
administratifs qui « minimisent » la triche et les étudiants qui en font
une évocation « inquiétante » en ce qui concerne les examens sur «
table ». S'agissant de la fraude par plagiat sur Internet, les
appréciations sont inversées.
Rares sont les étudiants qui deviennent tricheurs en entrant à
l'université, selon Pascal Guibert et Christophe Michaut. « L'intensité
de la fraude aux examens dépend fortement de l'expérience déjà
acquise dans ce domaine », disent-ils. Qui a triché beaucoup au
collège ou au lycée, trichera beaucoup à l'université. Reste le cas
étonnant des meilleurs bacheliers (mention très bien, bien, assez bien)
qui se mettent davantage à frauder, une fois à l'université, que ceux
qui ont obtenu le bac avec mention passable ! Assurés de leur réussite,
ils ne cherchent pas à obtenir la moyenne à l'examen, mais à obtenir
une meilleure note. « Avant, je n'en ressentais pas le besoin, mais
surtout, c'est que je ne pouvais pas. À la fac, lors des examens, la
triche est facilement réalisable », explique un bac + 2, mention bien,
inscrit en sociologie. « J'ai triché parce que les connaissances à avoir
étaient trop denses, indigestes », dit une bac + 6, médecine, mention
très bien au bac. Pour eux, « le gain potentiel vaut le risque quand la
probabilité de détection est faible », expliquent les auteurs.
Les filles moins concernées
À l'inverse, les étudiants faibles tricheraient moins parce qu'ils ne
s'attendent pas à en tirer d'avantages suffisants. Autrement dit, ils
pensent être en difficulté qu'ils trichent ou non... Autre enseignement,
les « première année » fraudent moins que les autres (26 % contre
42 %). Sans doute parce qu'« il leur faut apprendre les règles et les
attentes universitaires ainsi que les manières de tricher en usage ».
Le phénomène touche par ailleurs tous les milieux sociaux. En
revanche, les filles fraudent moins que les garçons. Quelque 35 %
d'entre elles n'ont jamais triché contre 25 % des garçons. Elles ont une
appréciation plus sévère du phénomène. Par exemple, en
mathématiques, 53 % d'entre elles considèrent que demander à
quelqu'un le résultat d'un exercice, c'est tricher, alors que seuls 38 %
des garçons le reconnaissent ! Pourquoi les étudiants trichent-ils ? Les
chercheurs évoquent un « malentendu » entre les attentes de
l'institution pas toujours explicites et celles d'une partie des étudiants
qui jugent la charge de travail trop pesante, l'organisation des
examens inadéquate et la transmission des savoirs inadaptée, ce qui
conduit certains à tricher « sans avoir le sentiment de véritablement
le faire ».
OTTAWA _ Avec l'avènement des nouvelles technologies, la
tricherie se répand et évolue au sein des établissements secondaires
et postsecondaires canadiens, dit un article publié par le Conseil
canadien sur l'apprentissage (CCA).
Selon une étude menée par le CCA , la situation est telle
qu'enseignants et élèves ou étudiants ne s'entendent pas sur ce qui
constitue, ou non, de la tricherie.
Près des trois quarts (73 %) des étudiants qui entrent à
l'université admettent avoir commis au moins un acte grave de
malhonnêteté scolaire pendant leurs études secondaires. Et près de 60
% admettent avoir triché gravement dans le cadre d'examens,
toujours au secondaire.
"Au cours de la dernière décennie, la généralisation de l'usage
d'Internet et la multiplication des outils électroniques et informatiques
ont entraîné une véritable explosion de la tricherie", souligne Paul
Cappon, le président-directeur général du CCA.
D'ailleurs, selon un autre rapport, publié par une université
canadienne, les cas de tricherie et de plagiat au sein de son
établissement ont augmenté de 81 % entre 2003 et 2006. Ceux de
plagiat à partir d'Internet ont même pratiquement triplé au cours de
la même période, passant de 54 à 153.
L'enquête du CCA montre par ailleurs que les étudiants canadiens
n'assimilent pas la malhonnêteté scolaire à de la tricherie, même
bénigne, tandis que les enseignants, eux, l'y assimilent. Ils considèrent
les actes posés par les tricheurs comme graves, ou du moins d'une
certaine gravité.
D'après une série d'enquêtes portant sur divers établissements
postsecondaires américains et canadiens, 41 % des professeurs
admettent avoir fermé les yeux sur des cas soupçonnés de
malhonnêteté scolaire, avance le CCA.
"Selon les chercheurs, le défaut d'agir en pareils cas peut
contribuer à l'accroissement de la malhonnêteté scolaire en donnant
aux tricheurs un sentiment d'impunité tout en persuadant les autres
qu'ils se doivent de tricher s'ils veulent concurrencer ceux qui le font
déjà", peut-on lire dans l'article du centre.
Ce dernier recommande donc le recours à une série de stratégies
destinées à contrer l'augmentation de la malhonnêteté scolaire, parmi
lesquelles le déploiement des programmes de lutte contre le plagiat à
partir d'Internet et l'adoption de codes d'honneur en milieu scolaire.
L'enquête du CCA a été menée auprès de 20 000 étudiants issus
de 11 établissements d'enseignement postsecondaire canadiens. Ses
résultats sont résumés dans le nouvel article du Carnet du savoir du
CCA, intitulé Mensonge et tricherie : prendre en main la croissance de
la malhonnêteté scolaire.
(La Presse Canadienne)

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