Ferme Frazer teste le volet bien-être animal de proAction
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Ferme Frazer teste le volet bien-être animal de proAction
R E P O R TA G E À L A F E R M E Par YVON GENDREAU, journaliste, PLQ Ferme Frazer teste le volet bien-être animal de proAction Pour Patrick Samson, de la Ferme Frazer de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, participer au projet-pilote de proAction sur le volet bien-être animal allait presque de soi : « Je savais, dit-il, que tôt ou tard, on en viendrait là. » 30 MAI 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS LAIT_MAI-2015.indd 30 2015-04-16 09:14 Patrick fait partie des 37 producteurs de lait des MRC de Bellechasse, de Lotbinière et de Nouvelle-Beauce qui ont participé au projet-pilote visant à mettre à l’épreuve le volet préliminaire bien-être animal de proAction (voir l’article On a testé le volet bienêtre et soins des animaux de proAction, p. 18). Comme tous les participants, il a assisté à une journée de formation qui lui a permis de se familiariser avec les exigences de ce volet. En plus de la production laitière, Patrick est également éleveur de porcs. Il était déjà sensibilisé à la mise en place de telles mesures. En effet, depuis 2008, il existe des règles concernant le bien-être animal en production porcine – devenues obligatoires en 2012. C’est donc sans trop d’hésitation, mais aussi par intérêt, que Patrick a accepté de participer au projet-pilote sur le bien-être animal du programme proAction. « Je n’avais rien à perdre, lance-t-il. En participant, je pouvais connaître à l’avance ce qu’était le programme, voir comment ma ferme se situait et me préparer pour les années futures. Ça me permettait aussi de planifier les changements à faire, si jamais il y en avait, et de mieux les répartir dans le temps en fonction de mes moyens. » Les dernières modifications apportées à l’intérieur de l’étable datent déjà d’une quinzaine d’années et visaient à améliorer l’espace et le confort. METTRE LE PROGRAMME À L’ÉPREUVE Selon Patrick, tôt ou tard, les producteurs n’auront d’autres choix que de se conformer aux règles concernant le bien-être animal. Quant à lui, il n’aime pas être à la remorque et préfère prendre les devants pour parer à toutes les éventualités. Il a d’ailleurs emboité le pas très tôt quand le programme Lait canadien de qualité a vu le jour. Les primes liées à Patrick déplore que les producteurs aient de plus en plus de documents à lire et à remplir pour répondre à toutes les nouvelles exigences. ce programme lui ont permis d’aller chercher un montant appréciable qu’il a pu investir avec d’autres sommes pour améliorer encore la qualité de son lait (nouveaux lactoduc et système de lavage, principalement). Des changements qu’il dit bénéfiques, puisqu’il a pu augmenter sa production laitière, améliorer la qualité de son lait et éliminer depuis deux ans les problèmes de mammite dans le troupeau. L’expérience du projet-pilote sur le bien-être de proAction a-t-elle nécessité beaucoup de temps? En incluant les procédures normalisées d’opération (PNO) à rédiger ainsi que les visites du vétérinaire et de l’agent de validation, Patrick estime à environ une dizaine d’heures le temps qu’il a dû consacrer à ce projet. « Une fois que tu as mis par écrit tes PNO, le gros du travail est fait. Le reste, c’est du suivi normal. Comme le projet a été réalisé PROACTION EN BREF Les Producteurs laitiers du Canada ont donné le coup d’envoi à l’Initiative proAction en 2013. L’idée derrière celle-ci est d’avoir un programme de certification prenant en compte plusieurs aspects de la production laitière qui serait uniforme à travers le Canada. L’objectif de cette initiative est de positionner le lait canadien auprès des consommateurs comme l’un des meilleurs au monde et qui réponde aux plus hautes normes. Les aspects concernés par ce programme sont le bien-être animal, la biosécurité, l’environnement, la salubrité par Lait canadien de qualité (LCQ), la qualité et la traçabilité. Pour en apprendre davantage sur cette initiative, vous êtes invités à lire les chroniques publiées régulièrement sur le sujet à l’intérieur de la revue. MAI 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS LAIT_MAI-2015.indd 31 31 2015-04-16 09:14 REPORTAGE À LA FERME Malgré l’âge des installations de la Ferme Frazer, le projet pilote a montré que celles-ci étaient conformes au volet bien-être et soin des animaux de proAction. à l’automne tard, après les récoltes, c’était aussi plus facile de lui consacrer du temps. » Plutôt porté vers l’action et le travail manuel que vers « l’écriture », Patrick déplore toutefois le temps que les producteurs doivent de plus en plus passer à lire et remplir des documents pour répondre à toutes ces nouvelles exigences. « Heureusement, dit-il, j’ai pu compter sur la participation de ma conjointe Marie-Pierre pour remplir Patrick et sa conjointe Marie-Pierre en compagnie de leurs deux enfants : Noah et Julianne. Selon les exigences de proAction, les veaux doivent être en mesure de se tourner sur 180 °. 32 les questionnaires, les PNO et toute la paperasse liée à ce projet », avouant toutefois qu’il était quand même facile et peu contraignant de mettre en œuvre le volet bien-être et soin des animaux. « Tant qu’on n’apporte pas de changements à ce que l’on fait ou à nos installations par la suite, le suivi est simple. » Dans le cadre du projet-pilote, Patrick a reçu la visite de son vétérinaire qui a évalué l’état de chair de ses vaches laitières, les blessures aux jarrets, au cou et aux genoux ainsi que la boiterie. Cette évaluation a permis de confirmer que la ferme de Patrick n’est pas parfaite, mais que les petites imperfections ne seraient pas des freins à l’obtention de sa certification si celle-ci était déjà obligatoire. Comme bon nombre de producteurs qui ont participé au projet, Patrick n’a pas atteint toutes les cibles fixées dans le cadre du projet-pilote, principalement pour ce qui touche les blessures aux jarrets et au cou. Lors de la validation, il a perdu des points concernant le logement des veaux du fait que ceux-ci ne pouvaient pas se tourner à 180° et voir les autres veaux. « Dans l’ensemble, les résultats ont montré que mes installations sont conformes, mentionne-t-il. » En effet, aucune modification majeure de la ferme n’aurait été requise. MAI 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS LAIT_MAI-2015.indd 32 2015-04-16 09:15 LAIT_MAI-2015.indd 33 2015-04-16 09:15 REPORTAGE À LA FERME En plus de sa ferme laitière, Patrick Samson élève du porc. UN PROGRAMME DE BIEN-ÊTRE ANIMAL EN PRODUCTION PORCINE Depuis le 1er janvier 2012, les producteurs de porcs doivent obligatoirement appliquer le Programme Bien-être animal (BEA), piloté par le Conseil canadien du porc (CCP). Chaque province a la responsabilité de le mettre en œuvre. Ici, ce sont Les Éleveurs de porcs du Québec qui s’occupent du dossier. Le BEA comporte quatre procédures : • Traitement pour les porcs malades ou blessés • Problème de comportement social Patrick se dit d’ailleurs content des résultats : « Je m’attendais à pire, mais ma ferme s’en est bien sorti. C’est bien d’avoir un point de vue extérieur sur son entreprise. Ça nous permet de nous accepter comme on est. » L’expérience lui a aussi permis de constater qu’il était prêt pour ce volet de proAction. L’étable de la Ferme Frazer doit avoir une bonne centaine d’années d’existence. Hormis la vacherie qui a été allongée pour ajouter des stalles et quelques aménagements apportés à l’intérieur par son père il y a une quinzaine d’années afin d’offrir un peu plus d’espace et de confort aux animaux, les installations sont sensiblement demeurées les mêmes. Pour l’instant, Patrick n’envisage pas d’investissements majeurs sur sa ferme ni de grandes modifications à ses installations pour les dix prochaines années. Il attend de savoir si les enfants souhaiteront prendre la relève de l’entreprise. PORTRAIT DE LA FERME DES EFFETS POSITIFS À LONG TERME Conscient que ce ne sont pas tous les producteurs qui partagent son avis, Patrick ne voit pas d’inconvénients à ce que la production laitière se donne des règles en matière de bien-être animal. « Si ma vache reste plus longtemps sur la ferme parce que son milieu de vie • Euthanasie • Panne électrique Ce programme permet d’évaluer l’environnement dans lequel évoluent les animaux : ventilation, abreuvement, alimentation, surface allouée à chaque animal (calcul). Afin de se conformer au programme, le producteur doit répondre à 26 questions obligatoires (le programme comprend un total de 61 questions). Patrick précise que l’arrivée de ce programme dans la production porcine ne l’a pas obligé à modifier ses installations, mais il a dû adapter quelque peu ses méthodes de travail et, bien sûr, remplir un peu plus de paperasse... 34 lui permet de produire plus et mieux pendant plus longtemps, je pense que je suis gagnant à la fin du compte. Ça nous permet aussi d’être en bonne position sur les marchés face aux produits venus de l’extérieur et d’offrir des produits d’animaux élevés dans de bonnes conditions en lesquels les consommateurs auront confiance. » Outre le projet-pilote, Patrick est aussi d’avis qu’il y a eu beaucoup d’amélioration au fil des ans et que les producteurs ont fait un bon bout de chemin en matière de confort, de bien-être, mais aussi sur le plan environnemental et de la qualité du lait. « Ces programmes confirment ce que l’on fait déjà sur nos fermes. On est rendus là. Aujourd’hui, avec les téléphones portables, c’est facile de prendre des photos qui peuvent nuire aux producteurs et de les publier à large échelle. Mieux vaut donc montrer que nous faisons déjà bien les choses. » Patrick compte depuis peu sur la participation de son nouvel employé, Maxime Gosselin, pour l’appuyer dans ses tâches Patrick Samson est la troisième génération de la famille à devenir propriétaire de la Ferme Frazer, spécialisé en production laitière. Il est aussi propriétaire de la ferme de production porcine qui porte son nom et d’une petite érablière de 3 000 entailles. Associé avec son père Michel depuis 2005, il a acheté l’entreprise en 2010, devenant ainsi propriétaire unique. En plus de son élevage de quelque 1 200 porcs à l’engraissement, Patrick possède un troupeau holstein pur-sang de 120 têtes, dont environ 55 vaches en lactation. Sur les quelque 121 ha de terre de la ferme, 113 sont consacrés aux cultures. De cette superficie, 48 ha sont cultivés en céréales (maïs, blé) et en soya, et le reste, 65 ha, sont en foin, ce qui lui permet d’assurer l’autosuffisance de la ferme. Lui et sa conjointe Marie-Pierre Bilodeau, infirmière au CHUL, ont deux enfants : Julianne, 10 ans, et Noah, 8 ans. Encore bien jeunes pour s’avouer intéressés à prendre la relève de l’entreprise, Patrick se dit déjà prêt à leur laisser la porte ouverte quand viendra le temps de faire leur choix pour l’avenir. Pour l’aider dans ses tâches au quotidien dans l’entreprise, Patrick peut compter sur l’appui de Maxime Gosselin, son nouvel employé à temps plein. ■ MAI 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS LAIT_MAI-2015.indd 34 2015-04-16 09:16 LAIT_MAI-2015.indd 35 2015-04-16 09:16