Le cœur d`un garçon qui voyage

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Le cœur d’un garçon qui voyage
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! 05.11.2016, 00:01 Le cœur d’un garçon qui voyage
En passant d’une histoire à l’autre de manière organique, le film restitue les points de vue des parents,
médecins et malades...
En passant d’une histoire à l’autre de manière organique, le film restitue les points de vue des parents, médecins et
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malades... AGORA
PAR VINCENT ADATTE
CINÉMA - Avec «Réparer les vivants», la réalisatrice française Katell Quillévéré adapte le livre de Maylis
de Kerangal. Une réussite.
Après le déjà remarquable «Un poison violent» (prix Jean Vigo en 2007) et le magnifique «Suzanne» (2013),
qui retraçait 25 ans de la vie d’une famille à l’équilibre fragile, la jeune réalisatrice française Katell Quillévéré
récidive avec «Réparer les vivants», son quatrième long-métrage, qui traite de façon audacieuse du thème
combien délicat du don d’organes.
Avez-vous opéré des changements importants par rapport au roman d’origine?
Quand on lit un livre, on peut le poser, y revenir, et gérer finalement sa relation à l’émotion. Au cinéma, on
s’abandonne davantage à des sons, des images et une durée imposés. Assez vite, j’ai eu l’intuition que le
film aurait besoin de plus de lumière et de résilience que le roman. J’avais aussi très envie de développer le
personnage de receveuse, qui est plutôt symbolique dans le livre. Je voulais qu’il soit incarné, qu’il existe
pleinement et que toutes les questions autour de la réception de ce cœur étranger soient prises en charge,
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notamment du côté de l’amour, afin de dépasser la seule problématique du don d’organe.
La potentielle receveuse est plus âgée que dans le livre. Pourquoi l’avoir vieillie?
Je trouvais l’idée très intéressante. Ça aurait été facile de donner ce cœur à un enfant ou un adolescent,
mais ce qui est beau dans le choix d’une femme de cinquante ans, c’est que ça rend d’autant plus
ambivalentes et criantes les questions qui sont liées à la greffe. Est-ce que je mérite ce cœur? Est-ce que j’ai
le droit de vivre parce que quelqu’un est mort? Est-ce que je dois continuer à vivre parce que je suis mère?
Qu’est-ce que je dois encore à mes enfants? Autant de questions que je trouvais passionnantes!
Le film est très précis en ce qui concerne les protocoles. Comment vous êtes-vous préparée pour
obtenir cette dimension quasi documentaire?
J’ai été en immersion depuis l’écriture jusqu’au tournage. Nous avons rencontré tous les corps de métier
qui sont représentés dans le film, passé du temps en réanimation, dans le service de chirurgie cardiaque.
J’ai assisté à une greffe du cœur avec nos chefs-opérateurs. C’était un passage absolument nécessaire pour
être à la hauteur du sujet d’un point de vue non seulement scientifique, mais aussi émotionnel.
Malgré cet ancrage documentaire, votre film se pare d’un lyrisme inattendu, qui rappelle les mélos
flamboyants de Douglas Sirk. Quel est le sens d’un tel appariement?
Ce sont des choix stylistiques et de situation. C’est tout un ensemble qui touche à l’écriture et à la mise en
scène du film qui mue en permanence. Il change de statut au gré des situations et en fonction de ce que le
sujet m’inspirait. Il démarre comme un «teen-movie». On est avec des adolescents et on épouse leur élan
de vitalité. Cet élan est fauché par la mort et le film mute pour se confronter davantage au réel, au milieu
hospitalier et à la question du don. Après arrive la receveuse, avec une empreinte mélodramatique très
marquée, en regard de sa situation…
La situation vécue par les médecins dans le film procède-t-elle d’un vécu?
J’ai pas mal discuté de ces situations-là avec des infirmiers coordinateurs et des médecins réanimateurs
pour pouvoir écrire ces séquences, les dialoguer. J’avais besoin de me nourrir de moments vécus, donc j’ai
beaucoup enquêté, appris et pris dans l’expérience des soignants. C’est complexe parce que les infirmiers
coordinateurs doivent notamment participer à sauver la vie de patients en attente de greffe tout en évitant
à tout prix de convaincre les proches des victimes, au risque de fauter gravement sur le plan
déontologique. Ils doivent amener sur le chemin de la réflexion des gens qui se retrouvent dans des
situations terribles et qui ont tout sauf besoin qu’on leur parle de ça. Ils sont contraints de les conduire vers
ce questionnement sans jamais les manipuler. Ethiquement, c’est insupportable.
La pulsion de vie envers et contre tout
Adapté du roman éponyme de Maylis de Kerangal, «Réparer les vivants» frappe d’emblée par
l’amplitude lyrique de ses premières scènes. Trois jeunes surfeurs se jouent des vagues bretonnes.
Au retour, le chauffeur de la voiture qui les ramène chez eux s’endort. C’est l’accident. Le film se
resserre aussitôt. Amené à l’hôpital, Simon tombe dans un coma irréversible (mort cérébrale).
Pressés par le temps, un médecin et un infirmier s’efforcent alors de convaincre ses parents encore
sous le choc de les autoriser à prélever les organes vitaux de leur fils, tandis qu’à Paris une patiente,
quinquagénaire sentimentalement épuisée, est en attente d’un nouveau cœur…
Bénéficiant d’acteurs et d’actrices tous et toutes admirables de justesse (dont Mathilde Seigner, Bouli
Lanners, Tahar Rahim, Alice Taglioni, Dominique Blanc…), la jeune réalisatrice française Katell
Quillévéré assume avec une grâce bienveillante la dimension mélodramatique du propos, sans jamais
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porter atteinte à la dignité de ses protagonistes, au contraire!
INFO +
Actuellement sur les écrans: La Chaux-de-Fonds, cinéma ABC
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