TEXTE 1 – LES ESSAIS – I, XXI « Des Cannibales »

Transcription

TEXTE 1 – LES ESSAIS – I, XXI « Des Cannibales »
TEXTE 1 – LES ESSAIS – I, XXI « Des Cannibales » - MONTAIGNE
– XVI° SIECLE
Comment la représentation de l'autre monde offre-t-elle à Montaigne l'occasion de
faire une critiques du sien ?
Introduction
Montaigne est un auteur du XVI° siècle, siècle de la Renaissance et de l’Humanisme. Il est surtout
connu pour son œuvre intitulée Les Essais, un recueil de pensées et de réflexions très diverses
organisées en trois livres et éditées avec des modifications, à trois reprises. Le texte étudié est un
extrait du chapitre XXI du livre I, « Des Cannibales », publié en 1580.
Lecture
Annonce
Cet extrait permet de mettre en relation la sauvagerie des peuples du Nouveau Monde et celle de
ceux de l'Ancien Monde. Pour répondre à la question « Comment la représentation de l'autre
monde offre-t-elle à Montaigne l'occasion de faire une critique du sien ? », j'étudierais tout d'abord
le cannibalisme, puis le point de vue que développe l’auteur.
Exposé
I – Le cannibalisme
Est considéré comme cannibale, celui qui mange ses semblables, ceux de son espèce. Ce peut être
regardé comme une nécessité ou un lien social.
A. Alimentation et nécessité
Le vocabulaire alimentaire est peu important dans la 1ere partie ( jusqu'au début de la ligne 12 )
alors que l'on parle des cannibales. On peut relever 2 mots seulement, tous à la ligne 11 :
« rôtissent » et « mangent ».
Il est plus fréquent par la suite : « nourrir » (l. 13), « manger » (deux fois à la ligne 26), « rôtir » et
« mordre » à la ligne 28, « nourriture » (l. 34), « faim » (l. 35) et « aliments » (l. 41).
Le rapprochement historique avec les Scythes, les Stoïques et les Gaulois souligne qu'en Occident
l'anthropophagie est utilitaire, issue de la nécessité, contrairement à celle des amérindiens.
B. Gestuelle et lien social
Pour les amérindiens, il ,e s'agit pas d'une coutume alimentaire cruelle mais de vie en société. Les
faits cannibales sont développés entre les lignes 1 et 13.
Montaigne insiste sur les postures guerrières (l. 1 à 3) avec un vocabulaire mélioratif. On peut
parler de présentation hyperbolique.
Il insiste également sur le partage et le lien social renforcé par le cannibalisme (l. 7 à 12) et
notamment la manière de conduire, tuer, manger les prisonniers.
Les amérindiens respectent leurs prisonniers (l. 5 et 6) malgré le fait que la raison de leur
anthropophagie est une « extrême vengeance » (l. 14).
Toute cette gestuelle met en évidence le sens véritable du cannibalisme. C'est une pratique qui
permet à la société de réaffirmer les liens qui la fondent.
II – Le point de vue de Montaigne
Montaigne s'engage et n'hésite pas à dénoncer et condamner la civilisation et il nous invite à
porter un jugement sur la société de son époque.
A – La dénonciation de Montaigne
« Je ne suis pas marri » (l. 23) est une forme négative et montre le désaccord de Montaigne par
rapport à l'immoralité des Européens.
Des ligne 13 à 23, une longue phrase dénonce la barbarie des européens avec un vocabulaire
péjoratif et notamment avec le vocabulaire de la violence. Il parle par exemple d' « horreur
barbaresque » (l. 23-24)
On peut remarquer également que l’auteur s'implique avec l'utilisation du pronom personnel « Je ».
B – Son invitation au jugement
Montaigne propose une remise en question de ses contemporains dont les pratiques ne valent pas
mieux que les pratiques de ceux considérés comme des barbares.
« Je pense » (l. 25) exprime une opinion et porte un jugement négatif, qui va jusqu'à les traiter de
meurtriers.
Montaigne détourne de mot « manger » de son sens initial à la ligne 26 : le parallélisme de
construction « plus de barbarie à manger un homme vivant, qu'à le manger mort » souligne la
différence entre la torture effectuée par les Européens (« manger vivant ») et l'action du
cannibalisme (« manger mort »).
Il dénonce au passage les guerres de religion en faisant les assimilant des ligne 29 à 31 à la torture.
Le lecteur est lui aussi impliqué dans cet essai grâce à l'utilisation de la 1ere personne du pluriel et
l'évocation d’ancêtres communs.
L'évocation des ancêtres permet, par des rapprochements avec le cannibalisme, de rapprocher
Occidentaux et « barbares ». L'effet de surprise produit par les exemples de l'Antiquité dans le
contexte du XVIeme siècle et la juxtaposition des faits appellent le lecteur à juger.
Conclusion
Montaigne démontre que le cannibalisme des peuple du nouveau monde apparaît moins comme
une pratique alimentaire que sociale au sens large. Il dénonce également avec habileté les
pratiques guerrières et religieuses de européens. Ce texte fournit donc de quoi réfléchir et élaborer
un jugement neuf sur le cannibalisme et méditer sur nos propres pratiques.
Ouverture sur :
•
Le XVI siècle
•
L'anthropologie
•
Les autre sujets abordés dans les Essais
•
La vie de Montaigne
•
la présentation du cannibalisme annonce le mythe du bon sauvage du XVII°