Adaptation des impédances
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Adaptation des impédances
1/13 ADAPTATION DES IMPEDANCES 2ème Partie INTRODUCTION Dans la première partie de cet article, nous avons introduit le problème de l'adaptation des impédances et rappelé les notions essentielles sur les impédances et les admittances. Ce faisant, nous avons vu qu' en plaçant une réactance en série ou en parallèle avec une impédance, on pouvait modifier la partie résistive et la partie réactive de cette impédance; ces transformations étant matérialisées dans le plan complexe par des segments de droite ou des arcs de cercle. Dans la 2ème partie de cet article, nous étudierons plus en détail le problème de l'adaptation des impédances. 1. CONDITION D'ADAPTATION DES IMPEDANCES 1.1 RAPPEL DU PROBLEME On considère (figure 1) un générateur de tension sinusoïdale d'impédance de sortie Z s = R s + jX s , Zs = R s + jX s Z L = R L + jX L Figure 1: générateur de tension sinusoïdale chargé par une impédance complexe. 2/13 branché sur une charge d'impédance Z L = R L + jX L (par exemple, un émetteur raccordé à une antenne). On s'intéresse à la relation qu'il faut avoir entre Z L et Z S pour que la puissance fournie par le générateur à la charge soit maximum. 1.2 IMPEDANCES DE SOURCE ET DE CHARGE PUREMENT RESISTIVES On envisage d'abord le cas où les deux impédances sont purement résistives (figure 2). Zs = R s U IL ZL = R UL s L Figure 2: générateur d'impédance de sortie résistive, chargé par une résistance pure. Soit US l'amplitude de la tension à vide du générateur et UL l'amplitude de la tension aux bornes de la charge. La puissance fournie à la charge vaut, IL étant l'amplitude du courant dans la charge: 1 2 P = R I L 2 L L (1) avec I L = U R S S +R (2) L Le facteur 1/2 dans (1) provient du fait que l'on travaille ici avec les amplitudes. En remplaçant dans (1), IL par son expression, on obtient: US 1 P = R L 2 L R + R S L Soit : 2 (3) 3/13 U2 RL S P = L 2 (R + R )2 S L (4) Si l'on suppose RS fixe, le problème est de savoir quelle doit être la valeur à donner à RL pour que la puissance PL fournie à la charge soit maximum. Remarquons que si RL = 0 (court-circuit), PL =0; de même, si RL = ∞ (circuit ouvert), PL =0 aussi car IL = 0. On a donc bien un maximum pour une certaine valeur de RL non nulle et non infinie. Mathématiquement, le problème se résout en calculant la dérivée de PL par rapport à RL ; la valeur recherchée pour RL est celle qui annule cette dérivée. On trouve alors que PL est maximum lorsque la résistance de la charge est égale à celle du générateur. RL = RS (5) 1,00 PTot = PL + PS PL/PTot 0,80 PL (puissance dissipée dans la charge) 0,60 η = PL/ PTot 0,40 PS (puissance dissipée dans la source) 0,20 0,00 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 RL/RS Figure 3: variation du rendement η = PL/ PTot en fonction du rapport RL/ RS; on voit bien le maximum de PL pour RL = RS (pour les courbes de puissance, PTot a été normalisée à 1 W). On voit que la puissance fournie à la charge est maximum lorsque la résistance RL de la charge est égale à l'impédance de sortie RS du générateur; dans ce cas, la puissance PL fournie à la charge est égale à la puissance PS dissipée dans le générateur et le rendement vaut alors 50 %. Par exemple, un émetteur de 100 W, d'impédance de sortie égale à 50 Ω, et branché sur une charge de 50 Ω, dissipe aussi 100 W (en chaleur) dans son étage de sortie. La figure 3 montre comment varie le rendement η = PL/ PTot en fonction du rapport RL/ RS (PTot étant la puissance totale fournie par le générateur); la figure montre aussi les courbes de PL, PS et PTot (avec PTot normalisée à 1 W). La courbe du rendement montre bien que celui-ci n'est pas maximum lorsque la condition RL = RS est réalisée; en fait, il ne vaut que 50 %. Pour cette raison, l'adaptation des impédances n'est pas toujours réalisée, en particulier, dans les systèmes de production d'énergie. 4/13 1.3 IMPEDANCES DE SOURCE ET DE CHARGE QUELCONQUES On envisage maintenant le cas général. En se reportant à la figure 1, on voit que la puissance fournie à la charge est encore la puissance PL dissipée dans la partie résistive RL de la charge (la partie réactive ne dissipant pas de puissance). On a donc: 1 2 P = R I L 2 L L (6) Avec IL = US US = (R S + jX S ) + (R L + jX L ) (R S + R L ) + j(X S + X L ) (7) I L et U S étant les amplitudes complexes (amplitudes réelles et phases) du courant dans la charge et de la tension à vide du générateur. L'amplitude IL du courant vaut: I L = U (R S + R L ) 2 S + (X S + X L ) (8) 2 La puissance dissipée dans la charge vaut donc: 2 U 1 S P = R L 2 L (R + R )2 + (X + X )2 S L S L (9) L'expression (9) montre que l'on peut maximiser une première fois la puissance PL dissipée dans la charge en prenant XL = -XS. On a alors: 2 U 1 S P = R L 2 L (R + R )2 S L (10) On est alors ramené au cas précédent (l'expression (10) est identique à l'expression (4) du 1er cas). Par conséquent, pour maximiser la puissance fournie à la charge, il faut réaliser les deux conditions suivantes: RL = RS et XL = -XS (11) Soit * Z L = RS – jXS = Z S (12) Il faut donc que l'impédance de la charge soit le complexe conjugué de l'impédance de sortie du générateur; on parle alors d'adaptation conjuguée (Rappelons que le complexe conjugué d'un * nombre complexe Z = a + jb est Z = a – jb). 5/13 Exemple. Un émetteur dont l'impédance de sortie est de 50 Ω doit fonctionner avec une antenne dont l'impédance vue à travers la ligne reliant l'émetteur à l'antenne vaut (50 - j100) Ω (figure 4). La fréquence de travail est de 3,65 MHz. On peut donc considérer qu'à la fréquence de travail, le système "ligne - antenne" est équivalent à une résistance de 50 Ω en série avec une capacité de 436 pF. On veut assurer un transfert maximum de puissance vers l'antenne. Zs = 50 Ω Z L = (50 − j100) Ω Figure 4: émetteur chargé par une impédance capacitive. Zs = 50 Ω L = 4,36 µH XL = +100 Ω Z L = (50 − j100) Ω Figure 5: la réactance capacitive a été compensée par une inductance. Solution. Comme l'égalité des parties résistives des impédances est déjà réalisée, il suffit, puisque l'impédance de sortie de l'émetteur est purement résistive, d'annuler la partie réactive de 6/13 l'impédance de la charge. Pour cela, il faut insérer dans le circuit d'alimentation de l'antenne une inductance L dont la réactance à 3,65 MHz vaut +100 Ω ; soit L = XL/(2πf) = 4,36 µH (figure 5) (on suppose ici que l'inductance est parfaite). 1.4 ADAPTATION PAR TRANSFORMATEUR n n p s ZL Z Figure 6: transformation d'une impédance au moyen d'un transformateur. Lorsqu'une impédance est branchée aux bornes du secondaire d'un transformateur de rapport de transformation np/ns (figure 6), l'impédance mesurée aux bornes du primaire vaut: np Z = ZL n s 2 (13) En exprimant les impédances sous la forme polaire, on obtient: Z= np Z ∠ϕ L L n s ( ) 2 2 n = Z p ∠ϕ L n L s = Z∠ϕ L (14) Cette dernière relation nous montre que le module de Z est égal au module de Z L multiplié par le 2 np carré du rapport de transformation ; par contre l'argument φL n'est pas modifié. Il résulte de n s cela que le point représentatif de l'impédance se déplace sur une droite passant par l'origine (figure 7). 7/13 Dans ce cas, on peut montrer que la puissance fournie par le générateur est maximum lorsque les impédances de source Z S et de charge Z L ont le même module (ZL = ZS). X (réactance) ZL Z ΦL 0 R (résistance) Figure 7: transformation d'une impédance par un transformateur (on a supposé ici un rapport np/ns < 1). 2. RESEAU D'ADAPTATION DES IMPEDANCES Dans la pratique, on a rarement affaire à des cas aussi simples que celui de l'exemple précédent. En général, l'impédance de la charge a une réactance non nulle et une résistance différente de celle du générateur. Dans ce cas, il faut alors effectuer une transformation de l'impédance de la charge, par des mises en série et/ou parallèle avec cette charge, de réactances convenablement choisies; c'est le rôle du réseau d'adaptation des impédances, en particulier, du coupleur d'antenne dans le cas d'un émetteur (figure 8). 2.1 CAS GENERAL D'une manière générale, le réseau d'adaptation va transformer l'impédance de la charge en une impédance qui est complexe conjuguée de celle du générateur; on aura ainsi réalisé l'adaptation conjuguée. Dans le cas particulier d'un émetteur avec une impédance de sortie purement résistive (égale à 50 Ω par exemple), l'impédance vue à travers le coupleur d'antenne devra aussi être égale à cette résistance pure. Nous avons vu dans la première partie de cet article que ce réseau d'adaptation devait être composé exclusivement de réactances, puisque des résistances introduiraient des pertes par effet Joule; en réalité, les réactances (inductances ou capacités) ne sont pas parfaites et une partie de la puissance fournie par l'émetteur sera donc perdue en chaleur dans le réseau d'adaptation. Pour la suite de cet article, nous supposerons que les pertes dans les réactances du réseau d'adaptation sont négligeables. 8/13 Le fonctionnement du réseau d'adaptation de la figure 8 peut être représenté graphiquement dans le plan complexe (figure 9). Il faut transformer Z L de façon à obtenir une impédance égale au * complexe conjugué de Z S , soit Z S = R − jX . La figure 9 montre qu'en partant du point A (point S S Zs = R s + jX s Réseau d'adaptation des impédances Z = R s − jX s ZL = R L + jX L Figure 8: à travers le réseau d'adaptation, le générateur voit une impédance Z égale au complexe conjugué de Z s . * représentatif de Z L ), il est possible d'arriver au point C (point représentatif de Z S ) par divers chemins (théoriquement, il en existe une infinité). Deux de ces chemins parmi les plus simples sont représentés sur la figure 9. 1° Le chemin ABC. En plaçant une inductance Ls en série avec Z L , on passe de A à B; ensuite, une capacité Cp en parallèle avec l'ensemble produit un déplacement dans le sens horlogique sur le cercle de * conductance constante passant par B, ce qui nous amène en C, point représentatif de Z S . Nous avons ici affaire à un adaptateur en L direct de type passe-bas. 2° Le chemin AB'C. En plaçant une inductance Lp en parallèle avec Z L , on passe de A à B' (déplacement dans le sens anti-horlogique sur le cercle de conductance constante passant par A); ensuite, une capacité Cs en * série nous amène en C, point représentatif de ZS . Le circuit obtenu constitue un adaptateur en L inversé de type passe-haut. En général, il faut au moins deux réactances pour réaliser l'adaptation; on parle alors de réseau en L. On peut utiliser un nombre de réactances plus élevé; pour trois réactances, on parle de réseau en T ou en π. La figure 10 illustre ces différentes configurations. 9/13 Réactance Ls B ZS XS * ZS Cp ZL B' ZL Chemin ABC A Résistance RS 0 Cs -XS * * ZS C Lp ZL ZS Chemin AB'C * Figure 9: transformation d'une impédance Z L en une impédance Z S , complexe conjugué de Z S . X1 X2 X2 X1 Réseau en L inversé Réseau en L direct X1 X3 X1 X2 Réseau en PI Figure 10: réseaux d'adaptation d'impédances à 2 et 3 réactances. X2 X3 Réseau en T 10/13 2.2 COUPLEUR D'ANTENNE A titre d'application de la théorie que nous venons de voir, considérons le cas de la figure 11 dans lequel une antenne est reliée par une ligne à un émetteur dont l'impédance de sortie est supposée purement résistive et égale à RS (50 Ω par exemple). L'impédance Z A de l'antenne est transformée par la ligne en une impédance Z L . Un coupleur est intercalé entre l'émetteur et la ligne pour réaliser l'adaptation des impédances. Ce coupleur doit transformer l'impédance Z L de la charge en une impédance RS purement résistive. Coupleur d'antenne ZS = R S Z=R S ZL Ligne Antenne ZA Emetteur Figure 11: système ligne-antenne relié à un émetteur via un coupleur. L'impédance Z L , à priori quelconque, est représentée sur la figure 12, par le point A. Le point C, correspondant à une résistance RS, représente l'impédance de sortie de l'émetteur. Une configuration de coupleur (L, T, PI …) est représentée dans le plan complexe par un chemin reliant A à C, ce chemin étant composé de segments de droite (réactances en série) et d'arcs de cercle (réactances en parallèle). Deux lieux particuliers sont représentés à la figure 12. - La droite de résistance constante R = RS. Tous les points de cette droite correspondent à des impédances dont la partie résistive est égale à RS. Pour une impédance représentée par le point B par exemple (et en général par des points au-dessus de l'axe des R), la mise en série d'une capacité avec cette impédance suffit pour passer au point C (RS); dans le cas des points de la droite en dessous de l'axe des R (tel que B'), il faudrait utiliser une inductance. - Le cercle de conductance constante G = GS = 1/RS. Tous les points de ce cercle correspondent à des impédances pour lesquelles la conductance (partie réelle de l'admittance correspondante) est égale à 1/RS (voir 1ère partie de cet article). Pour une impédance représentée par le point D par exemple (et en général par des points du demi-cercle supérieur), la mise en parallèle d'une capacité avec cette impédance suffira pour arriver au point C; pour les points du demi-cercle inférieur (tel que E par exemple), il faudrait utiliser une inductance. 11/13 Pour revenir maintenant à l'impédance Z L , la figure 12 nous montre deux exemples de transformations possibles, donnant lieu dans ce cas, à des coupleurs en L. B Réactance A ( ZL ) Droite de résistance constante (R = RS ) B" D A' RS 0 Résistance C E Cercle de conductance constante (G = GS = 1/RS) D' B' Figure 12: transformation par le coupleur d'antenne, de l'impédance Z L (point A) en l'impédance RS (point C). 1° Le chemin ABC. En plaçant une inductance Lp en parallèle avec Z L , on passe de A à B en suivant dans le sens antihorlogique le cercle passant par A; ensuite, une capacité Cs en série avec l'ensemble produit le déplacement de B à C (on a affaire ici à un coupleur en L inversé passe-haut). 2° Le chemin AB'C. En plaçant une capacité Cp en parallèle avec Z L , on passe de A à B' en suivant dans le sens horlogique le cercle passant par A; ensuite, une inductance Ls en série nous amène en C (on a affaire ici à un coupleur en L inversé passe-bas). Une autre transformation possible est représentée par le chemin AA'B"C; elle correspond à un coupleur en T de type passe-haut (capacités dans les branches série et inductance dans la branche parallèle). Le chemin AD'DC représente un coupleur en PI de type passe-bas (capacités dans les branches parallèles et inductance dans le branche série). Les schémas correspondant à ces différentes transformations sont donnés à la figure 13. A la figure 12, le point A représentatif de l'impédance Z L a été arbitrairement placé à droite du lieu R =RS. D'autres solutions de coupleurs en L auraient été obtenues si ce point A avait été placé à gauche de ce lieu; une distinction est aussi à faire en fonction de la position du point A par rapport au cercle G = GS = 1/RS (à l'intérieur ou à l'extérieur). 12/13 CS LS RS RS ZL CP ZL LP Chemin ABC Chemin AB'C CS2 CS1 RS LS ZL RS CP1 CP2 ZL LP Chemin AA'B"C Chemin AD'DC Figure 13: schémas des coupleurs correspondant aux transformations de la figure 12. CONCLUSION Dans la première partie de cet article, nous avons revu les notions importantes d'impédance et d'admittance, ainsi que les modifications que subissent les impédances ou les admittances lorsqu'on met une réactance en série ou en parallèle avec elles. Nous avons montré que ces modifications se traduisent dans le plan complexe par des trajectoires rectilignes ou circulaires suivant le cas. Dans la seconde partie de cet article, nous avons vu comment se réalise l'adaptation des impédances, dans le cas particulier d'une charge résistive et dans le cas général d'une charge quelconque. Nous avons ensuite étudié quelques réseaux d'adaptation simples d'une façon générale et dans le cas plus particulier des coupleurs d'antennes. ON5WF [email protected] BIBLIOGRAPHIE 1. F. E. Terman, "Electronic and radio Engineering", McGraw-Hill 1955. 2. W. L. Everitt & G. E. Anner, "Communication Engineering", McGraw-Hill 1956. 13/13 3. F. de Dieuleveult, "Electronique appliquée aux hautes fréquences", Dunod 1999. 4. The ARRL antenna book. 5. G3YNH, "From Transmitter to Antenna", chapt 5: Impedance Matching, part 1. http://www.g3ynh.info/zdocs/index.html.