Le Figaro – op-ed by Yann Coatanlem

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Le Figaro – op-ed by Yann Coatanlem
LE FIGARO
Marie Maurisse
Georges Malbrunot
Antoine Daccord
FONDUE,
LA SUISSE ?
L’ORIENT
INDISCRET
VOLUME
BLOG.LEFIGARO.FR/SUISSE/
BLOG.LEFIGARO.FR/MALBRUNOT/
Yann Coatanlem
Pour le directeur
du think-tank
Club Praxis*, la clé
de la résolution de la
crise européenne porte
sur la transformation
de l’État.
débats opinions 17
BLOG.LEFIGARO.FR/DACCORD/
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L
a conjonction de la crise
financière débutée en 2008 et
des changements rapides des
modes de communication dont le printemps arabe et le
phénomène WikiLeaks offrent
des illustrations spectaculaires -,
marquera-t-elle la fin de l’État
omniscient, omnipotent, centralisateur et
bureaucratique, tel que l’a si bien décrit
Albert Cohen dans Belle du Seigneur ? Et
déjà un ancien premier ministre, Tony
Blair, parle de l’heure du « Post
bureaucratic State ».
Les manifestants de Wall Street,
comme ceux de nombreux pays du G20,
ne s’en prennent-ils pas à des Bastilles
imaginaires ? En réalité, l’État exemplifié
par Richelieu, codifié par Napoléon et
rendu à sa dignité par de Gaulle, l’État des
préfectures imposantes de la
IIIe République, l’État, au fond, de la
relation de maître à esclave est en voie de
L’œil
du New Yorker
▼
THE NEW YORKER/WWW.CARTOONBANK.COM/ L’INTÉGRALE DES DESSINS/© LES ÉDITIONS DES ARÈNES, PARIS
vendredi 28 octobre 2011
«C’était le bon temps»
décomposition rapide. N’est-ce donc pas
aux citoyens et aux organisations non
gouvernementales de s’organiser pour
réinventer les structures de la vie
communautaire ?
A
près tant de crises économiques et
sociales et de politiques prodigues
conduites sans visibilité, l’État
d’aujourd’hui, en France comme dans de
«
à cette situation, et devant la complexité
et l’interconnexion des problèmes
mondiaux, les médias – et les journalistes
sont les premiers à le reconnaître – n’ont
pas des moyens d’investigation efficaces.
Il est temps pour les citoyens d’exiger
une plus grande transparence de l’État,
qui pourra déboucher, et c’est là l’enjeu
clé du problème, vers une société plus
responsable et plus solidaire. La
Après tant de crises économiques et sociales et de politiques
prodigues conduites sans visibilité, l’État d’aujourd’hui apparaît
au bord de la faillite et incapable de réconcilier l’exigence de
long terme avec la frénésie des échéances électorales
»
nombreux pays développés, apparaît au
bord de la faillite et incapable de
réconcilier l’exigence de long terme avec
la frénésie des échéances électorales. Face
PRÉSENTÉ PAR
JEAN-LOUP CHIFLET
DESSIN DE JACK ZIEGLER
transparence, c’est notamment être
informé de l’ensemble des budgets de
l’État (gouvernement central,
institutions locales, organisations sous le
contrôle de l’État), de ses obligations
présentes et futures dans le financement
des retraites, de la santé et de la
dépendance. C’est aussi pouvoir mesurer
l’efficacité des politiques, y compris de
manière relative, en particulier par
rapport à nos partenaires européens ou
du G20.
Quelle compréhension avons-nous de
la politique fiscale de l’État ? Savonsnous, au-delà des slogans politiques, si
l’État se montre juste vis-à-vis des
ménages et des entreprises ?
L’administration fiscale est devenue une
immense usine à gaz d’un arbitraire et
d’une opacité diaboliques. Aux ÉtatsUnis, une commission bipartisane a
considéré que si le gouvernement
américain abolissait toutes les
niches, tous les avantages
fiscaux, on pourrait
réduire le taux
d’imposition fédéral de
35 % à 23 % et en plus
générer 80 milliards de
dollars de revenus
supplémentaires !
Quelles informations
précises avons-nous sur
la crise européenne ?
L’Autorité bancaire
européenne (EBA), créée
en novembre 2010, a
imposé en juillet
dernier des
stress tests aux
banques
européennes qui
sont tout… sauf
des stress tests :
car enfin ce n’est
pas un scénario bien rigoureux que de
projeter un risque de défaut de 15 % pour
la Grèce et surtout de permettre aux
banques de comptabiliser les obligations
des États européens en tant
qu’investissements de long terme, c’està-dire « sans risque ». Et du reste la
grande majorité des banques (82 sur 90)
ont passé le test, dont Dexia,
ironiquement… La solution ? Des stress
tests plus ambitieux, plus fréquents et
plus transparents, en coordination avec
les autres économies du monde et au
moins avec les membres du G20, et
surtout des stress tests spécifiques aux
États eux-mêmes, qui devront mesurer
l’adéquation des gouvernements à
résister à des chocs économiques et
monétaires importants. C’est un
problème d’œuf et de poule. Le retour de
la confiance, indispensable à un
apaisement des marchés et de
l’économie, ne sera pas possible tant que
l’interdépendance entre les États et les
banques ne sera pas évaluée de façon
détaillée et crédible.
D
evant la tâche gigantesque
d’inventer l’État du XXIe siècle,
l’ONU a fait un premier pas en créant en
septembre 2011 le Partenariat pour un
gouvernement transparent (OGP, Open
Government Partnership). Dans sa
déclaration liminaire, celui-ci reconnaît
que « les peuples du monde (…)
demandent une participation accrue aux
affaires publiques » et s’engage à « saisir
cette opportunité pour renforcer nos
engagements en vue de promouvoir la
transparence, lutter contre la corruption,
habiliter les citoyens et
mobiliser le pouvoir des
nouvelles technologies pour
rendre le gouvernement
plus efficace et plus
responsable ».
Contrairement à la
Grande-Bretagne et
aux États-Unis, la
France n’a pas encore
rejoint l’OGP…
Certains poussent le
citoyen moderne à
« s’indigner ». C’est très
utile. Mais l’inciter à
demander davantage de
comptes à l’État, au moins
pour les questions qui
le concernent
directement, est
un objectif tout
aussi désirable.
*www.clubpraxis.com
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PIERRE ROUSSELIN
PIER
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dispose pas de la liberté de manœuvre
de notre président de la République.
Bruno Le Maire prône donc « un changement radical de méthode ». « Si l’on
veut vraiment une convergence francoallemande, il va falloir que tout le monde
s’y mette. On ne peut pas se contenter
d’une visite tous les six mois. »
Le ministre, qui est aussi chargé de
piloter le projet de l’UMP pour la présidentielle, était à Berlin au moment du
Conseil européen. Il s’est exprimé devant la Fondation Konrad-Adenauer et
a multiplié les contacts avec les responsables de la CDU, le parti de la chancelière. Chaque interlocuteur se fait l’écho
d’une demande de contacts plus fréquents, plus approfondis.
B
runo Le Maire explique que la France prendra bientôt de nouvelles mesures budgétaires, rendues nécessaires
par la révision des perspectives de
croissance. C’est répondre à l’attente
allemande, la France étant soupçonnée
Paul-Henri du Limbert (Politique,
Société, Sciences), Étienne de
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de ne pas en faire assez en matière de rigueur budgétaire.
Le malaise remonte à l’époque où le
chancelier Gerhard Schröder avait, en
2004, lancé son programme de réformes
structurelles « Agenda 2010 » et que
Berlin s’attendait à ce que Paris suive la
même voie. Depuis, de nombreux responsables allemands déplorent cet épisode et se méfient des engagements pris
à Paris.
Cette semaine, un article de l’hebdomadaire Der Spiegel, intitulé, en français,
« Bonjour tristesse », se fait l’écho de
cette attitude. Il dépeint un tableau très
négatif de notre pays et de ses maigres résultats, en termes de compétitivité notamment, comparés à ceux de l’Allemagne. « Une chose est sûre : avec
l’Allemagne, désormais rien n’est acquis. Il
faut donc expliquer et convaincre », relève
Bruno Le Maire. Devant la Fondation
Adenauer, et à ses interlocuteurs de la
CDU, le ministre français a expliqué que la
convergence était recherchée à Paris sur
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bien des sujets, mais que la France resterait la France et ne s’alignerait pas sur
certains aspects du « modèle allemand ».
Ainsi, notre politique familiale devrait
inspirer une Allemagne en pleine crise
démographique. Quant à la politique salariale, il n’est pas question de renoncer
au salaire minimum, inexistant dans une
Allemagne où la pauvreté s’aggrave.
E
n revanche, la concertation sociale,
le développement des PME, la formation professionnelle, la compétitivité
sont autant de domaines où l’UMP entend s’inspirer des réalisations de la
CDU. Pour Bruno Le Maire, le sommet
de Bruxelles représente « un nouveau
départ » de la construction européenne,
qui exige encore davantage de coopération entre Paris et Berlin. « Il faut gagner la confiance de l’Allemagne, explique-t-il, pour être en mesure de défendre
nos positions à un moment où l’on
s’oriente vers de nouveaux transferts de
souveraineté. »
Impression
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Supplément 4
Magazine 168 pages
Supplément 5 Madame
212 pages
Supplément 6 TV
120 pages
A
analyse
an
es derniers temps, c’est à raison d’une fois par semaine que
Bruno Le Maire fait le voyage à
Berlin. Il est l’un des rares
membres du gouvernement à
parler couramment allemand, avec
Laurent Wauquiez, à l’Enseignement
supérieur et à la recherche. Derrière le
couple Sarkozy-Merkel, qui occupe le
devant de la scène, le ministre de l’Agriculture se plaint d’être bien seul à porter
la voix de la France en Allemagne.
Pourtant, la relation franco-allemande est une priorité absolue de notre diplomatie. Elle l’est d’autant plus que le
poids de Berlin en Europe s’est encore
accru à la faveur de la crise de la dette.
Elle l’est plus que jamais après l’accord
sur le sauvetage de la zone euro, trouvé
à Bruxelles et qui relance l’intégration
européenne.
Se contenter des rencontres au sommet serait une grave erreur, surtout
avec un pays au système politique si différent du nôtre, où la chancelière ne