L`Effet King Kong 2011

Transcription

L`Effet King Kong 2011
L’Effet King Kong 2011/2012
chorégraphique, théâtrale et multimédia avec Anna Ventura & Jean-Marie Frin
d’après «projet de Loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes»
de S. Marechal, Virginie Despentes et Tom Waits.
Imagerie collective remixée avec humeur, intransigeance et désir d’élévation l’Effet King Kong mets en scène
un pas de deux insolent à l’iconographie virevoltante, convoquant l’imagerie des antihéros de bandes
dessinées, des anges déchus, du fétichisme, des mangas et autres mythologies contemporaines.
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Conception & chorégraphie Anna Ventura. avec Jean-Marie Frin et Anna Ventura Création graphique et
vidéo : Anna Ventura, Alban Van Vasenhove, Régie vidéo & VJ :Alban Van Vasenhove Design sonore, régie
son & temps réel : Elise Fernagu Musiques Ez3kiel, Laurent Perrier, Karinn Helbert Eclairage & régie générale
Tony Pantin Scènographie & accessoires MC DLD Costumes Yolaine Guais , Sophie Pecaud & Mimi Penson
Sémiologue Valérie Folliot Web master Philippe Collet Collaborations & artistes invités Axelle Rioult,
OliviePolard, Philipe Baudelot,Administration snark & Fabien Lefort , Développement et mission Galatée
Reuter.
Production La Ventura Cie & Département de Kréation Dynamique Coproduction CCN de Caen / BasseNormandie, dans le cadre de "l'Accueil-Studio " / Ministère de la Culture et de l Communication Avec les
soutiens Institut Français (Cultures France) ; OMI Arts Center New-York ; Odia Normandie Région BasseNormandie ; ODACC / Conseil Général du Calvados ; Ville de Caen, le Centre Chorégraphique National de
Caen Basse-Normandie dans le cadre de l’Accueil Studio ; Le Centre de Création contemporaine Les 2
angles à Flers , le Relais Culturel du Pays de Falaise/Chorége ; Cultures et Collectivités Locales/Paris ,Le Cube Cie La Belle Meunière de Hérisson/Auvergne, et dans le cadre d’un accueil studio, micadanses/Paris et le
CND Centre National de la Danse à Pantin Mimi Pinson et Agnes B.
Anna Ventura et Jean-Marie Frin se sont rencontrés en 1991 au gré d’une coproduction en
Normandie. Anna Ventura propage alors son tempérament flamboyant auprès du Centre
Chorégraphique National de Caen ; Jean-Marie Frin est acteur du Centre Dramatique National
de Caen. La chorégraphe crée cette même année La Ventura Cie & Département de Kréation Dynamique
et prend siège en Normandie d’où elle sévit depuis. D’autres envolées, dès planches théâtrales aux écrans du
cinéma pour Jean-Marie Frin, dont le récent « Des hommes et des dieux »
de Xavier Beauvois, Grand Prix au Festival de Cannes, séparent les deux artistes, jusqu’à la création « FaunA
après-midi on the Rocks » au Festival Les Hivernales d’Avignon en février 2009. Vingt ans après, « L’Effet King
Kong » les réunit à nouveau dans un pas de deux de corps, de mots et d’images, interrogeant au travers de
perspectives multiples la question féminine, l’accès a la connaissance, la discrimination et la censure.
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« King Kong comme un raccourci imagé pour exprimer un décalage, une disproportion, une iniquité.
Référence cinématographique, populaire - le cinéma d’aventure grand public - avant de devenir culte, le
film de Merian C. Cooper, King Kong, propose une répartition des rôles mâle – femelle, représentatifs d’une
époque, d’une civilisation et d’un mode de pensée. Ici les genres sont exprimés par les dialogues de ses
protagonistes : lui « grrrrr ! » ; elle « ahhhhh ! » Ces onomatopées gutturales ont pour moi l’attrait d’émanations
corporelles expressives, assez explicites pour pouvoir se passer de traduction ; tout comme le geste.
Par ricochet, un parallèle s’ouvre avec le film de Cocteau « La Belle et la Bête » ; mais ici sophistication,
onirisme surréaliste, et l’ « exquisitude » , fournissent le cadre à l’action. Confrontation intéressante de deux
films mythiques de ce que l’on nomme le 7ème art.
Je manie moi aussi l’image. Mon monde à moi est fait d’images. Des images en mouvement. Faire bouger les
images est mon boulot d’artiste ; par l’art de la graphie du corps dans l’espace, la chorégraphie. Aussi au
moyen d’autres médias tels que l’utilisation d’outils numériques, la vidéo, performance, photographie,
installations plastiques…Très attaché à la forme, je la sais révélatrice d’une incarnation. Une réversibilité du
« dedans ». Une configuration en chair de la pensée.
Je ne fuis pas la narration. J’aime raconter des histoires J’ai souvent décrit mes créations comme des
« comptes cruels pour adultes au complexe de Peter pan affirmé ». D’où mon goût du récit. Et du fantastique :
« raconter des histoires », des choses pas vraies, irréelles. Sous la thématique récurrente de l’enfance se
déclinent en un palimpseste d’œuvres récentes les questions de l’héritage, de la mémoire et de sa
transmission.
Comme l’acquisition des savoirs se fait autant par une communication orale que par la lecture , le texte de
Sylvain Maréchal , m’a interpelé dès sa lecture (!) et est devenu un pari incontournable : Soumission.
Amputation. Stupeur. Et au dedans cela se met à vibrer, la chair se déplace, l’ « image bouge ». A Ventura
.
King Kong nous met KO au CCN – Caen, Ouest Caen oct 2011
Sur le ring de la Comédie de Caen, un homme et une femme, mais pas de chabadabada. Des
corps l'un contre l'autre, en cuir noir, semblant combattre depuis la nuit des temps sur un plateau blanc
immaculé, support de la foudre vidéo d'Alban Van Wasenhove, très inspiré. Ce qui nous scotche, c'est l'art de
la boucle sans cesse coupé par des ruptures de ton assez spectaculaires.
La boucle, c'est le texte de Sylvain Maréchal, projet de loi stupéfiant de 1802 visant à interdire aux femmes
d'apprendre à lire. Le comédien Jean-Marie Frin le décline génialement, sur tous les tons et dans tous les
styles, rageur, facétieux, en cuir, sur des talons de drag-queen ou en costume de lapin pendant qu'Anna
danse la résistance, grandiloquente ou hilarante. Elle use de figures mythiques qui assoient son propos, et
vraiment, la Ventura a quelque chose à dire. King Kong et la frêle Anna, le petit chaperon rouge et le grand
méchant loup, la belle et la bête, tous se mettent à nous crier avec force et humour ce combat inégal et
absurde entre l'homme et la femme.
Chaque nouveau round on se laisse prendre. Par l'émotion, la rage, le rire aussi. Et ce chaos sonne juste,
incroyablement. Quant à la danse : revigorante. La danseuse dit « lis-moi » à l'homme, qui détaille ses
postures, au micro. Alors victoire par KO. L'homme ne sait pas lire parce que la danse est neuve, la femme est
forte. C'est un pas de deux entre la danse et l'engagement, le rêve, le théâtre, le rire, la vie.
Grave, poignant et inquiétant
par Valérie Folliot, sémiologue et historienne de la danse
(…) “à quoi bon courir après le pouvoir”. Guerre des sexes, règlements de comptes et dérèglement des
plaisirs…la joie d’exister– le duo Anna Ventura et Jean-Marie Frin – est une grande leçon d’humilité et une
cérémonie de jouvence dans l’âme. La tragédie de l’amour impossible a découvert son visage. Amour
impossible et amour fou à la fois qui se relève de tout ! Déployant des moyens sans noms pour souffler l’influx.
Ils portent la lourde mission d’attirer les regards sur ce que la société camoufle parce qu’elle a honte de ses
manquements aux rêves d’enfants. Une qualité de présence sans empire et juste puisque, comme l’on dit, en
capax Dei, dans le don du désintéressement, le véritable amour donc. Merci Anna de partager ton monde
ainsi avec nous. Merci à Jean-Marie d’y plonger comme il le fait si bien, avec générosité et maestria.
(…)L’Effet King Kong, en hommage au mythique gorille sorti tout droit de l’imaginaire cinématographique puis
de la BD des années 30 hantée par le fantastique des mondes perdus et la dépression des paradis artificiels.
Archétype des anciens dont l'es esprits ne quittent pas les vivants, il est l’incarnation renversée de nos
ancêtres repoussés, ou racines refoulées ; il symbolise la force brute de la nature indisciplinée, et sa violence
impose sa noblesse innée. A contrarier les tempéraments, arrive ce qui doit arriver : subversion et dévoiement.
Avec un air malicieux, fallacieux, iconoclaste et bon enfant, avec baroque et générosité, l’insolence quasi
burlesque détrône les idoles de leurs stèles, et c’est tout l’effet King Kong, une pièce d’Anna Ventura et de
Jean-Marie Frin qui se moquent dans une grande farce acide, un carnaval contemporain, un défilement de
rôles à l’emporte-pièce allant de Lucie, la première femme, à la trainée bcbg libertine en passant par la
prude, la nonne hystérique, Wonder Women, le Petit Chaperon Rouge et sa Mère Grand, le King du rock’roll,
le bon père de famille, le pervers, bref, etcetera, avec leurs sabots de bois, leurs haut talons de Drag, leurs
atours tour à tour endossés dans un mouvement de travestissement fatal, avec leur appareil bibliographique
où Virgibie Despentes occupe largement la place de la provocation, voilà que le récent spectacle d’Anna
Ventura et de Jean-Marie Frin bouscule la routine.
"La femme est-elle un homme comme les autres?"par A. Edeline
C'est un univers bien tranché que celui La Ventura et c'est tant mieux! Un Monde proche de la pensée
Queer, notamment avec le travail sur la voix , avec la présence des machines, comment la voix ne
correspond plus au corps devant nous.
Confrontation du masculin et féminin, décloisonnant le genre, les idées reçues, et chaque matière qui le
constitue . Genres différents mais pas forcement opposés!
Confrontation aussi de deux univers, qu'on pourrait penser à priori très éloignés (un comédien /une
danseuse) et qui au final se nourrissent l'un de l'autre.
Chaque univers absorbe celui de l'autre., en fait naître un nouveau : Une sorte de créature du tout,
surnaturelle, à la figure idéale du cyborg, constituée d' attributs masculins et féminins mais aussi de membres
technologiques , clairement inspirée du « Manisfeste cyborg » de Donna Haraway
Volupté d’être honnête et machine de guerre Par Michel Dubois, metteur en scène
Cet « Effet King Kong » est absolument magnifique, talentueux et empreint d’une recherche assez
exceptionnelle dans les productions vivantes des temps présents. Une approche réussie, très « culottée », de
ce qu’on attend de l art chorégraphique. J’ai reçu avec admiration le travail de danseuse interprète
novateur et sans complaisance ni affèteries. Les questionnements, les acquis sur cet art ancestral sont ici
déstabilises, non pas remis en question mais réinterrogés, reformulés par le geste, la tenue du corps ; ses
fragilités rivalisent avec son énergie, avec des audaces, mais aussi avec des doutes, d’infinis petits gestes où
le désarroi côtoie le brusquerie de la révolte, frôle le renoncement à danser pour se jeter ensuite dans ce que
je nommerais…euh… un déversement vers les limites de ce que peut faire le corps et les membres de
..
l’interprète ; ce qui a appelle, en toutes logiques, des bribes de mots , de soupirs, des évanouissements et des
gestes incongrus, des espèces d’appels au secours (…)
Dans cette déferlante d’interrogations pour un public interrogatif, mais qu’on sent immédiatement attentif et
même séduit, débarque Jean Marie Frin, huron parfait dans l’exercice de la contradiction, tel un Pirandello
dans sa « volupté d’être honnête», personnage en perdition basculé par le corps incontrôlable et les gestes
de sa partenaire ;« modérateur », très vite pris au piège devenant esclave de ce qui croyait être sa force : la
parole ; il se prend plein la gueule – son corps de mémé secouée dans cette machine de guerre. (…)
De l’effet que m’a fait l’effet KING KONG, www.insense-scenes.net Par Jean Pierre Dupuy, metteur en
scène
Le constat d’une différence irréductible ; la Ventura en propose une juste appréhension en travaillant la
distorsion et la disproportion tant du point de vue spatiotemporel (jeux des images et rythme de leurs
apparitions) que dans l’usage des effets sonores (jeux déformés des voix). Un univers se structure qui procède
de la magie et de l’enchantement : monde d’enfance et du fantastique. Libérer l’imaginaire et les possibles.
Enchantement ; Quête d’enchantement …Se laisser prendre par la main. Invitation.
Anna Ventura condense et agence écriture, plasticité, musicalité, chorégraphie et calligraphie ! Véritable
feu d’artifice sémiotique. Elle s’emploie à la tâche de toutes les manières, en variant autant que possible, les
angles de perception et en convoquant tous les sens et toutes les subtilités du langage artistique. Elle nous
invite à l’apprentissage d’une langue nouvelle …le corps s’écrit, se scripte en une superbe
condensation « calichorégraphiée » !
De l’invention du langage nous en fûmes joyeusement advertis : …Kong, ce grand singe dont Anna Ventura
explore les arcanes comme on visite la tour Effel , est le lieu d’une forme d’inventaire, joyeux décryptage de
propositions multiples concoctées comme une maïeutique socratique.
Pour s’offrir l’ivresse des sommets, Anna jouit d’un partenaire, cela va de soit …à la hauteur !
Sorte de figure de non-danse en forme d’aveu , l l’acteur Jean-Marie Frin en impose comme on dit ! Solide au
poste, disponible il goguenarde, moque gentiment , Clin d’œil à sa digne partenaire qui, quant à elle, fait
rimer pied avec tout ce que la danse peut autoriser.
Au final, pas d’usurpation : chacun y va de sa gamme et de son registre. Pas de triche. Mais une très efficace
« distanciation » qui souligne l’étrangeté, voire la magie et l’irrationnel d’un propos qui n’est pas clôs sur luimême mais plutôt de l’ordre de l’invitation
Dans l’ombre portée de « l’effet King Kong », elle et lui rendent compte avec pudeur et délicatesse, du rituel
amoureux.
Délicieux moment du spectacle que le « pas de deux » négocié entre elle et lui !
Comment faut-il s’y prendre ? ou s’éprendre ? ou s’entendre ?
Drôlerie tendre que celle d’observer un couple en ces premiers émois (il n’y a – semble-t-il -d’émoi que
premier. Le trouble n’a pas d’antécédent) …Quand la maladresse et la timidité façonnent les
comportements, quand il faut se déclarer en outrepassant les incertitudes.
Il s’agit bien de s’accorder. Se dire Oui.
Anna Ventura propose une « Bejahung », la Lebensbejahung (affirmation de la vie, joie de vivre) chère à
Nietzsche. Affirmation de la vie au bénéfice de la différence. Joie d’éprouver et cultiver la différence. C’est
donc comme cela que nos vies se jouent et que s’affirme un certain bonheur de vivre.
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