Une ombre Des trouées de soleil Là, à l`endroit de ma peau

Transcription

Une ombre Des trouées de soleil Là, à l`endroit de ma peau
Une ombre
Des trouées de soleil
Là, à l’endroit de ma peau
Picotements
Le cœur en pointillé
Cousu main
Made in France
Effeuillé
Pétales éparpillées
Je t’aime
Un peu
Beaucoup
A la folie
Pas du tout
Amour déshabillé
Comptine à l’envers
Pour remonter le temps
Jusqu’où
Je t’aime
Un point c’est tout
Une ombre
Un seul soleil
Chacun son ombre
Chantal Pellet
Etre et n’avoir rien à se mettre !
Etre et n’avoir rien à se mettre !
C’est ennuyeux cette recherche du paraître.
Même si l’habit ne fait pas le moine
Chacun se met en quatre pour trouver son moi.
Les vêtements des hommes et des femmes
En disent long (manteaux !) sur l’âme.
Les animaux se parent de leurs plus beaux atours pour séduire
D’où certains humains de se pervertir,
dans la zoophilie
hardi petit !
Quant à moi, pour ne rien vous cacher
un rien m’habille :
pour les bains de minuit, dans l’eau je babille
j’ai enfin trouvé !
Dominique André
Le roi est nu.
Le roi, sur son trône, préside une assemblée de fidèles. Il est comme un
prêtre du haut de sa chair. Il est habillé de ses plus beaux atours, avec un
collier qui semble séparer la tête de son corps comme si les perles étaient
des pointillés. Mais ce collier rappelle aussi qu’il est lié, lui, le roi, à son
peuple et à sa fonction.
Ses habits sont fastueux, telle une parure, il se tient droit devant sa
communauté, froid, glacé. Il a la prestance.
L’assemblée, devant lui, le trouve à son goût, dans cet assemblage de
vêtements.
Au fil de cette réunion, les esprits se fatiguent, ses habits deviennent un drap
qui s’abîme peu à peu. Le bon goût devient amer et acide.
Cet être si charmant devient décharné. Ses vêtements sur son corps sans
muscles se décollent et tombent à ses pieds.
Le dernier drap qui le couvre s’envole comme celui qui recouvrait un fantôme.
L’union qui existait entre les peuples et le roi s’évapore.
L’assemblée le voit tel qu’il est.
Le roi est nu.
Dominique André
Bizarre,
Les yeux écarquillés, sous son édredon blanc-coquille, il fixait le plafond coloré,
étonné de son dernier aveu.
Il s’attendait au pire.
L’ombre envahissait la pièce, de même qu’un bien être accompagné
d’odeurs de vanille.
« Une petite prune ! » se dit-il.
Mais chez les Birmans, c’est du soda pour le réconfort.
Tous ces tableaux magnifiques dans cette propriété. .. avoir, avoir… on y étouffe. Il
regrette ses graffitis sur les parois rupestres.
Un miroir. Une onde de crac lui chatouille les narines.
Il l’a dit par amour.
Il envoie paître le pitre.
Brigitte Lumiere (1)
La nudité ?
Sous le tableau du nu, quelqu’un a écrit :
« avant ou après ? »
Avant, c’est l’attente, l’espoir,
une petite touche d’angoisse
une louche de rêve
un regard au miroir qui renvoie le regard,
approbateur ou non.
Avant, on attend,
ou on n’attend pas
on a envie d’on ne sait quoi,
de s’envoler vers de nouveaux pays,
de voler
et d’habiter nos veines.
Après, c’est
c’est se laisser porter
c’est déjà fini ?
c’est du regret, déçue,
c’est du paisible
du fini, du jamais fini.
Et pendant alors ?
On n’en parle pas ?
C’est du merveilleux
le moment sans parole
la vie à cent pour cent
les mêmes gestes
et toujours des sensations nouvelles.
Le plus court chemin du plaisir
au bonheur passe par la tendresse.
Brigitte Lumiere (2)
Se mettre à nu…( A tenue légère, propos légers. )
Se mettre à nu, soit, mais en toute contemporanéité car les robustes
modèles des siècles passés laissant déborder leurs formes alanguies des
cadres dorés de nos musées, nous transportent plutôt dans l’univers de la
viande : chairs pâles et grasses ou viandes rouges bien saignantes, de celles
qui vous reconstituent un convalescent émacié, de celles qui peuplent le
quotidien des garçons bouchers aux gros bras tatoués, sous lesquels roulent
des muscles irréprochables.
Ho hisse ! et sans une éructation, le demi bœuf calé contre la pèlerine
blanche, au creux de l’épaule, s’éloigne de son support et se trouve hissé
jusqu’au croc…
Le bœuf mis à nu à l’abattoir ne fait pas fantasmer. La bagatelle se
suggère autrement aujourd’hui.
Voulez-vous dire qu’on rêve d’étreintes en contemplant les mannequins
anorexiques qui défilent sur les podiums de la Haute couture ? Visages
exsangues, lèvres crispées, regard méprisant attaché aux cimaises des
plafonds alors que les hauts talons, diaboliquement incisifs scandent la
musique sur un plancher raide comme leurs émotions bridées. Elles
marchent au pas cadencé, ces reines du défilé, absentes, inaccessibles, à
peine passées qu’effacées. Il ne restera d’elles que les tenues présentées.
Pas le moindre fantasme !
Se mettre à nu est tout un art. Tout art est contemporain. A fortiori l’art
du nu. Concevez-vous que l’on puisse se dévêtir aujourd’hui d’un caleçon
long de grand-père alors que le mâle moderne vous est présenté sur les
magazines dans un superbe étui textile, moulant à la perfection des formes
viriles qui en imposent ?
Il faudra donc que la pièce jouée soit au goût du jour. Les acteurs de
notre temps, s’ils manquent leur entrée côté cour ou côté jardin, ne doivent
en aucun cas passer à côté de la délicate séquence de l’effeuillement : je
t’aime… un peu : enlève le haut ; beaucoup : enlève le bas ;
passionnément…la pièce est finie. Déjà ! Et il faut attendre quelque peu
avant de la rejouer ! d’autant que le prologue : l’alléchante mise en bouche de
l’effeuillement, supporte mal une reprise sans renouvellement de la fleur et de
son jardinier.
Se mettre à nu…peut-être…avec le professionnalisme des modèles
sous l’œil du peintre ou du sculpteur : Etre Jeanne dont la nudité est
transfigurée par un port de tête si démesuré, si fluide qu’on croit déceler sous
le pinceau de Modigliani, le cou ondoyant d’un cygne. Etre Camille, figée
dans la plastique de son corps devant les mains modeleuses de Rodin et
soudain, naître d’un coup de pouce dans l’argile et d’un pétillement sensuel
du regard.
Se mettre à nu ? oui…en toute liberté, sur la plage d’une crique
déserte. Capter par tous les pores de la peau, les éclats du soleil pour
s’habiller de lumière, marcher vers la grève avec la prescience de la
jouissance prochaine, entrer sans effraction dans l’écharpe des caresses
d’eau, mesurer la progression du désir en s’enfonçant vers l’abyme liquide et
enfin plonger avec délectation dans la mer et saisir de tout son corps
l’orgasme iodé, ténu, incomparable, venu tout droit des grands fonds.
Danielle Manoa
Se dénuder : tout un art
Elle et Lui, seuls au monde, enlacés dans le noir,
Heureux dans leur présent ; hier encor inconnus…
Il s’émerveille fort de ses têtons charnus
Et sent son corps ardent enclin à s’émouvoir.
Il a ôté ses bas, sa robe, laissé choir.
Elle n’a plus un voile et trouve saugrenu
Qu’il n’ait pas pris le temps de se mettre tout nu.
Près d’elle, il se démène, envahi par l’espoir
De faire glisser enfin son étroite culotte
Qui enserre ses reins de son carcan textile.
Elle, lovée, câline et tendre lui chuchote :
« Donne-moi des baisers…donne m’en plus de mille ! »
Il tire en forcené la fermeture éclair…
Et le morceau de fer se plante dans ses chairs !
Danielle Manoa
Nus pieds nue tête
petite chose fluette
elle courait sur l'estran rocheux
Plus loin,
au delà de la plage déserte
la mer clapotait ! Querelle aquarelle
et l'invitait
Une impression de tendresse virtuelle
l'entourait
Insensiblement attirée par l'immensité profonde
elle approcha
Doucement elle fit glisser sa robe de voile
couleur de ciel
sur son corps svelte et gracieux
Elle sauta dans l'eau vive
telle une sirène argentée
plongea et disparut à mes yeux hagards
Avais-je rêvé ? L'avais-je rêvée
Je restais sans bouger et attendis
le cœur battant.
Aline I
Rencontre
Perché sur l'estran rocheux je réfléchissais, j'oubliais
C'est alors que je la vis, apparition mystique
pieds nus, tête nue
elle courait sur la plage déserte
De voile vêtue
elfe léger, évaporé
elle se tenait là, figure de proue irréelle,
Elle laissait la brise marine
caresser son jeune corps frémissant
en attente jusqu'à la jouissance.
Le clapotis des vagues
berçait tendrement ses sens en éveil.
Dans un geste d'une volupté sans pareille
lentement, elle fit glisser sa robe fluide
Sculpturale, elle entra dans l'eau vive
inondée de soleil
Telle une sirène d'argent, elle plongea
et disparut au plus profond de l'océan.
Plus tard, bien plus tard,
je ramassais sur le sable
une robe d'écume azurée
qui s'évanouit peu à peu
entre mes doigts déçus.
Je me décidai à quitter ces lieux enchantés
un peu triste mais serein.
On ne meurt pas d'une overdose de rêve.
Aline II
Mis à nu….
Désert aride,
Immensité de sable,
Soleil de plomb!
A l’abri sous la tente,
Femme dépouillée de ses voiles,
Elle dévoile sa féminité,
Déesse innocente.
A ses pieds,
Il contemple ce corps.
Corps mis à nu.
Corps qui raconte.
Peau témoin du temps,
Ventre marqué par les grossesses,
Lourds seins nourriciers.
Et,
Des yeux lumineux,
Un sourire serein.
Cette contemplation discrète,
L’inonde,
Une jouissance oubliée.
Jouissance,
Qui chasse son ennui.
Ennui, qu’il craignait
Plus que la solitude !
La toucher !
Non !
Simplement,
La regarder !
Soudain !
Elle l’aperçoit,
Le regarde,
Lui sourit.
Surpris !
Il se trouve mis à nu !
Graziella
Nuit noyée de néons
Nourrie de noctambules
Chalands en chaleur
Dragueurs impénitents
Jouisseurs débauchés
Vicieux impudiques
Malheureux coincés
A voile et à vapeur
Comme des mouches attirées
Venus tous là en nombre
En l’avenue où le nu est vendu.
Pour vous notables nostalgiques, les numéraires,
de nubiles nuptiales en nouveaux numéros s’affairent.
Au centre sur les pistes, de belles natures leur nu montré, leur corps à la
barre colimaçonné, nourrissant les clameurs d’un public voyeur et très
alcoolisé.
Dans le fond bien cachées cabines ouatées,là, nymphomanes en cage sur
des sons endiablés des cris rauques trop outrés, en pauses suggestives pour
le moins ambiguës, offrent anatomies aux regards noyés venus là satisfaire
une sexualité frustrée.
Si l’amour ça ne se fait pas, si l’amour ça se donne alors que dire quand il se
vend. Ici ou bien là, caché ou pas ce monde existe et même coexiste.
Commerce ou tristesse je ne veux pas trancher.
Chantal Bleicher
Rondeur 1
Un pointu, encordé à une des pannes du vieux port, tirait sur sa longe. Le
pointu doucement se balançait sans quitter ses frontières encombrées.
Un moteur secoue l'eau et crie, au loin.
Dans la cambrure de la vague qui revient jaillit le râble rebondi du pointu
qui retombe en soupirant, sans hâte.
Les reflets de l'eau oscillent entre bavardages, peurs ou rêves,
pâle feu d'artifice sous le râble lisse et rebondi du pointu vert-pomme.
Geneviève Fabre (1)
Rondeur 2 ou
Idéal
Ferme. Oui vraiment.
Un corps moulé comme l'acier qui coule du haut-fourneau. Avec, sur le flanc,
le blanc doré, rosé de la fusion.
Telle la vérité qui sort nue du puits.
Un puits de feu, avec ses rougeoiements.
Et ce ne sont pas les reflets de l'eau qui l'habillent mais sa chevelure
qui tombe en vagues rousses et crépues, nouée d'une faveur violine.
Vérité d'un corps plantureux
vérité secouée, mouillée
bafouillante ou bienheureuse
rebondie et pourtant gracieuse.
Son paradis, c'est sa chambre. Passée la porte, hors de ses quatre murs,
elle roule, elle tangue, elle heurte et compresse. Envie de plaire malgré
tout.
Geneviève Fabre (2)
Il est tard
Un châle sur les épaules
Le nombril à l’air
Elle attend…
Ruelle de la violence
Elle verrouille sa vie
Valse de la haine
Il est tard
Un film d’horreur
Décor sépia
Aux silhouettes rustres des
habitués
Elle vomit cette existence
Lèpre de la solitude
Abattement oubli
Il est tôt
Boire rentrer
Répudier son ombre
Elle gifle son destin
Valse de la peur
Madeleine Ginet (1)
Femme amphore
Sur la scène du théâtre de rue
Elle attend…
Boulevard de l’ennui
Elle peuple sa vie
Infimes parcelles du néant
Les images affluent
Se bousculent
Images de douleur
Qui empêchent de penser
Fragile, faible, impuissante
Aux heures des abus
Elle grelotte, nue
Elle n’attend plus rien
Le vide ouvre la carte de la mort
Ce n’est jamais qu’un trou sans
vide.
Madeleine Ginet (2)
Atelier écriture du 10 novembre 2009 animée par Aline Andrès
Etre, mettre, se mettre à nu.
Applications du mot nu :
1/ Pas, peu ou mal vêtu
2/ Non garni, sans végétation
3/ Dépourvu de (nu de gloire et de courage – Malherbe)
4/ Sans ressources (matérielles ou intellectuelles)
5/ Droit : titre nu : charge achetée sans clientèle
nue propriété : droit de propriété partiel (disposition d'un bien
sans l'usage
de la jouissance.)
I/ Autour du mot nu.
Sur un tableau, inscrire des mots que vous inspire le mot nu.
Chacun choisit trois mots et va les travailler sur un mode idéel et
matériel.
II/ Textes : fragments d'interviews, de témoignages. Les dénuder.
Chacun prend un texte, lui enlève un mot qu'il entoure et passe à son
voisin qui fait de même jusqu'à l'obtention de 6 mots par texte.
Prendre le texte obtenu : choisir trois mots à travailler.
Premier texte à écrire et afficher.
III/ Tirer un euphorisme
L'attribuer à l'un des textes auquel on le relie par un mot (3 mots par
texte)
Récupérer son texte
travailler les trois mots en idéel et matériel.
IV/ Photos de nus
Cacher la nudité des reproductions par des mots ou expressions. (3 par
photo)
En choisir une
Ecrire le deuxième texte avec l'idée d'une mise à nu.
L'euphorisme doit apparaître en totalité ou partiellement soit dans le
texte
soit au début
soit à la fin.
Un euphorisme cela peut être :
Métaphysique :
Une croix vue de profil
perd beaucoup de son intérêt.
Provocant :
La détente je suis pour,
d'ailleurs j'ai toujours le doigt dessus.
Ironique :
Quand on n'a plus rien à se dire
on parle de communication.
Amoral :
Lever le coude est la meilleure façon
de ne pas baisser les bras.
Prudent :
Là où le cul-de-jatte a pied,
ne plonge pas la tête la première.
Absurde :
Un eunuque décapité
ça n'a ni queue ni tête.
Optimiste :
À force de me planter
je vais bien finir par pousser.
Positif:
On ne meurt pas d'une overdose de rêve.