Document 4650665

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Document 4650665
muze { 160 } Atelier d’écriture
{ 161 } muze
Atelier
http://blog.muze.fr/
d’écriture
Commençons par un cliché et faisons rimer romans d’été
avec succès. Certes, ce n’est pas toujours le cas, mais c’est
souvent à cette saison que les éditeurs espèrent rentabiliser
leurs romans populaires. Livre de plage, livre de gare, thriller
ou eau de rose, on imagine que, l’été, les lecteurs ont
les neurones au repos et cherchent l’évasion. Pourquoi pas ?
Des best-sellers, il en existe de formidables et c’est un art en
soi. C’est pourquoi Muze a voulu en savoir plus sur l’exercice
difficile qu’est la séduction du grand public. L’éditeur
de Marc Levy, abonné au succès d’été, nous en dit plus, tandis
que l’irrésistible jongleur de mots Jean-Loup Chiflet livre
ses variations sur les clichés, bien souvent nichés dans…
© Liam Norris/Getty Images
les romans d’été. Et comme toujours, n’hésitez pas à vous
exprimer. Le blog de Muze vous attend !
muze { 162 } Atelier d’écriture
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Un éditeur vous conseille
Leonello Brandolini
Propos recueillis par Stéphanie Janicot
Il publie Marc Levy, Marek Halter, Dominique Lapierre, Jean
d’Ormesson, John Grisham, Michael Crichton, Carlos Ruiz Zafón,
Ken Follett… Pour disséquer les secrets d’un roman best-seller,
Leonello Brandolini qui dirige les éditions Robert Laffont, entre
autres (le groupe rassemble quatre maisons : Robert Laffont, NiL,
Julliard et Seghers), est un interlocuteur de choix.
muze : Lorsque vous recevez un manuscrit,
pouvez-vous flairer le best-seller ?
L. B. : Tout dépend de ce qu’on appelle
best-seller. Étymologiquement, c’est
la présence dans une liste de ventes.
Sous ce nom générique, il faut déjà
distinguer la fiction et la non-fiction
qui obéissent à des règles différentes.
En ce qui concerne la fiction, on peut
certes flairer un bon sujet, de bonnes
ventes, un livre appelé à plaire à un
large public. Mais qu’est-ce qu’un large
public ? 20 000 exemplaires, 100 000,
500 000 ? C’est là que la notion de bestseller devient vague. Lorsqu’Actes Sud
achète Millénium, ils ne pensent pas un
seul instant qu’ils vont vendre presque
4 millions d’exemplaires ! D’ailleurs, si je
vous avais dit, il y a dix ans, que le bestseller mondial serait un polar écrit par
un Suédois inconnu, vous m’auriez ri au
nez ! Il y a toujours un facteur de mystère. Si le best-seller était une loi exacte,
tout le monde en ferait !
muze : Êtes-vous à la recherche du best-seller ?
L. B. : Tout éditeur digne de ce nom est
en quête d’un best-seller. Des livres
très différents peuvent être des bestsellers. Si on cherche le succès à travers un prisme rigide, on ne le trouve
pas. Il faut s’attacher à des livres qui
nous interpellent en tant que lecteur
et qui, donc, ont des chances d’inter-
© DR
l’art du best-seller
peller d’autres lecteurs. Ce qui change
aujourd’hui, c’est qu’on est dans un
phénomène de concentration. Avant, il
y avait 40 ou 50 livres par an qui pouvaient atteindre 100 000 exemplaires.
Aujourd’hui, il y en a deux ou trois,
mais ils dépassent les 500 000 ! Tout le
monde lit le même livre.
muze : Comment le cherchez-vous ?
L. B. : Quand nous avons acheté, il y a
cinq ans, Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, nous
avons trouvé ce livre délicieux. Le
service marketing nous a dit : « Avec
un titre pareil, ça va être difficile ! » Je
pensais en vendre 20 ou 30 000. C’est
un joli livre, on y apprend des choses
et lorsqu’on le ferme, on se sent bien.
Mais de là à imaginer que l’on en vendrait 480 000 exemplaires ! Bien sûr,
on peut chercher les best-sellers sur
des sentiers battus, c’est-à-dire dans
un genre particulier comme le thriller, mais, là encore, c’est incertain. Par
exemple, j’ai refusé le Da Vinci Code. Je
pensais que le public français ne pourrait jamais gober une histoire pareille,
qui démarre avec l’assassinat du directeur du musée du Louvre et propose
tout un salmigondis religieux. Je me
suis trompé. C’est le bouche à oreille
qui fait le best-seller. C’est beaucoup
plus efficace que la critique. Dans
chaque best-seller, il y a une surprise.
muze : Quels sont les ingrédients indispensables ?
L. B. : Il y a une part de chance et la re-
cette n’est pas infaillible. Je dirais que
trois facteurs sont nécessaires. Premièrement : le plaisir. Si les lecteurs n’ont
pas de plaisir en lisant, je ne vois pas
comment un livre peut devenir un
best-seller. Deuxièmement : l’écriture.
« Dans chaque best-seller,
il y a une surprise. »
Il faut qu’elle soit efficace, que le lecteur ait envie de savoir comment l’histoire évolue. Troisièmement : la touche
surprise, que le lecteur soit surpris par
quelque chose qui le frappe, une petite touche indéfinissable. Dans le cas
de Marc Levy, son premier succès Et si
c’était vrai est certes une jolie histoire
d’amour, mais toute l’originalité vient
de ce qu’elle a lieu entre un vivant et
un fantôme !
mément. Le public a envie de lui parler,
d’échanger avec lui. La sympathie du
public est très importante. Un écrivain
qui veut du succès doit avoir envie de
communiquer. Ce n’est pas tant de savoir présenter son livre dans les médias
qui importe que de désirer en parler
avec les lecteurs.
muze : N’est-ce pas aussi le fait d’avoir raconté
un conte de fées autour de l’auteur ? Je pense
à Steven Spielberg achetant les droits d’adaptation
au cinéma de Marc Levy avant même la parution
de son premier roman……
L. B. : Derrière tout auteur à succès, il y
Et surtout le fait d’être honnête avec
soi-même. On doit raconter quelque
chose auquel on croit, auquel on est
attaché. L’honnêteté donc et la sincérité.
Le best-seller fabriqué, ça ne marche pas.
a une belle histoire. Bien sûr, celle de
Marc Levy qui écrit un petit récit pour
son fils et qui séduit Spielberg, est une
belle histoire. Mais il en existe aussi
autour d’Amélie Nothomb ou de John
Grisham, avocat américain un peu
dégoûté par la justice de son pays qui
se met à écrire pour montrer qu’elle ne
fonctionne pas à tous les coups, et qui
s’engage dans un combat.
muze : Ainsi la personnalité de l’auteur joue aussi
dans le phénomène best-seller……
L. B. : Sûrement. Marc Levy a un talent
de conteur, mais sa personnalité généreuse, tournée vers autrui, joue énor-
muze : Pour faire un best-seller, la simplicité
de l’écriture est-elle nécessaire ?
L. B. : Oui. Un style limpide est un atout.
muze : Les clichés sont-ils nécessaires ?
L. B. : Catégoriquement non. Je suis très
contre. Ou alors il faut beaucoup de talent pour les déjouer.
muze : Une histoire que l’on peut résumer ?
L. B. : Tout spécialiste de marketing litté-
raire vous dira que oui. Moi, je dis que ce
n’est pas indispensable. C’est la force de
l’histoire qui est beaucoup plus importante que le fait que l’on puisse la résumer. Le pitch peut être porteur, mais pas
forcément. Il peut même être contreproductif. Certaines histoires ne font
pas envie lorsqu’elles sont résumées et
sont, pourtant, fortes à la lecture.
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Leonello Brandolini
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c’est un roman d’action, alors oui, il faut
des rebondissements. Mais si c’est un
roman introspectif (et cela peut aussi
être un best-seller), alors c’est autre
chose. Peut-être faut-il des rebondissements de l’âme !
muze : Des personnages bien identifiables ?
L. B. : Il y a deux écoles. Marc Levy ne dé-
crit jamais ses personnages. Il estime
que chaque lecteur doit pouvoir se
les imaginer comme il le souhaite. À
l’inverse, d’autres écrivains les caractérisent énormément. Mon conseil serait
de camper fortement les personnages
lorsque le roman est psychologique.
Dans un roman d’action, les personnages sont forts par ce qu’ils font. On
n’est pas obligé non plus d’accentuer
l’aspect « les bons » d’un côté, « les méchants » de l’autre. Mais la vérité, c’est
qu’il faut beaucoup de talent pour
écrire une histoire où il n’y a que des
personnages antipathiques. Je pense
que l’identification du lecteur au personnage est aussi un facteur très important.
muze : Qu’est-ce qui caractérise l’écriture
d’un best-seller français ?
L. B. : Il existe une veine littéraire et inti-
miste avec Annie Ernaux, sincère dans
le fait de raconter sa vie sans l’embellir,
ou Amélie Nothomb, plus dans le décalage et l’humour. Avec Marc Levy, c’est
la tendresse avec laquelle il entoure
ses personnages. Des auteurs comme
Bernard Werber ou Jean-Christophe
Grangé répondent à des lois beaucoup
plus universelles, d’action, de qualité de
l’histoire, d’effet de surprise. En France,
l’imaginaire n’est pas vraiment une ver-
« Ce sont les vraies fins qui
font le bouche à oreille. »
tu, c’est pourtant une recette infaillible !
Les Français travaillent davantage sur le
côté psychologique ou autofictionnel.
muze : Existe-t-il des recettes d’éditeur pour
transformer un roman ordinaire en best-seller ?
L. B. : Non. Le germe doit être dans le
livre dès le départ. Après, on peut aider
l’auteur à le mettre en scène. Mais au
moins l’un de ces trois éléments doit
figurer dans le manuscrit : un personnage fort, une histoire forte ou quelque
chose de très original.
ler. Mais on brode toujours sur un canevas qui existe. On peut intervenir sur
la fin, surtout lorsqu’elle se termine en
queue de poisson. Moi, j’aime les vraies
fins, ce sont elles qui font le fameux
bouche à oreille. Lorsque la fin est ouverte, il faut vraiment se poser la question d’une telle nécessité.
muze : Avez-vous publié des romans partis
pour être confidentiels et qui sont devenus
des best-sellers ?
L. B. : Mon plus bel exemple, c’est Le pia-
d’exemple. Mais cela arrive en non-fiction, lorsque des gens connus ont des
parcours intéressants, mais ne possèdent pas forcément l’art d’écrire. Pour
les romans, lorsque l’on fait réécrire,
c’est par les auteurs eux-mêmes.
niste, de Wladyslaw Szpilman, qui a, par
la suite, été porté à l’écran par Roman
Polanski. Le récit a été tiré à 4 000 exemplaires. Au final, nous en avons vendu
250 000 car la presse a été dithyrambique. C’était bien avant la sortie du
film. Je pense aussi au premier Philippe
Besson, En l’absence des hommes, chez
Julliard. On en avait tiré 5 000 au départ, on en a vendu 50 000 !
muze : Quelles sont les consignes que vous
donnez pour la réécriture ?
L. B. : Écouter son directeur littéraire ! Car
muze : Au contraire, avez-vous des exemples
de best-sellers annoncés qui ont été des échecs ?
L. B. : Tous les éditeurs en ont, mais ils
muze : Vous arrive-t-il de faire réécrire les romans
par des nègres ?
L. B. : Des romans, non. Je n’ai pas
nous avons l’habitude de lire énormément et nous sommes habilités à aider
un auteur. On peut lui demander de
clarifier une scène, de renforcer un personnage, mais, le plus fréquemment,
c’est de couper les longueurs. Souvent,
un écrivain ne se rend pas compte qu’il
s’enlise. C’est à l’éditeur de le lui signa-
n’aiment pas en parler !
muze : Lorsque la presse descend en flèche
certains de vos best-sellers, que pensez-vous ?
L. B. : Ça me fait de la peine pour l’au-
teur. Les critiques littéraires se méfient beaucoup du livre best-seller,
forcément mauvais à moins que ce ne
˘ Sophie Fontanel est
connue pour son
feuilleton « Fonelle et
ses amies » dans Elle.
Son dernier roman
Grandir qui évoque
le vieillissement de
sa mère est un succès.
˘ En 2000, Et si c’était
vrai, le premier roman
de Marc Levy, est
un best-seller. Depuis,
chaque année en juin,
il publie un nouveau
livre toujours accueilli
avec enthousiasme.
˘ L’académicien Jean
d’Ormesson est l’un
des écrivains préférés
des Français depuis plus
de cinquante ans.
˘ Mazarine Pingeot,
qui publie chez Julliard,
est une des rares
femmes sur la liste
des best-sellers du
groupe Robert Laffont.
soient eux qui l’aient propulsé dans la
liste des best-sellers. C’est très français. Mais mépriser un livre parce qu’il
raconte une histoire à laquelle le public s’identifie, c’est comme insulter les
lecteurs. Il y a de bons et de mauvais
livres dans tous les genres. Et le roman
populaire est un genre. On ne peut
pas toujours dire que ce que les gens
aiment lire est mauvais.
© E. Scorcelletti - Jean-Daniel Lorieux - Baltel/Sipa - Maxime Letertre
muze : Faut-il beaucoup de rebondissements ?
L. B. : Ça dépend de la nature du livre. Si
muze : Pourquoi en France est-il toujours un peu
honteux d’écrire ou de lire des best-sellers ?
L. B. : En France, il y a une très haute opi-
nion de la littérature. Le « Dis-moi ce que
tu lis, je te dirai qui tu es » est très répandu. C’est pourquoi toutes les enquêtes
de lecture sont fausses, car personne
n’ose dire qu’il lit un best-seller. Alors
qu’à l’étranger ça ne pose pas de problème, une femme peut dire qu’elle lit
Danielle Steel sans honte. C’est à cause
de la Culture avec un grand C !
muze : Est-il inévitable que la presse
et le grand public soient à ce point en décalage ?
L. B. : À ce point, c’est trop, c’est même ab-
surde ! Il serait beaucoup plus intéressant que la presse se penche sur les auteurs à succès et tente de comprendre
ce que recherchent les lecteurs.
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Leonello Brandolini
« En France, personne n’ose dire qu’il lit un best-seller. »
muze : Les best-sellers caractérisent-ils
muze : Y a-t-il un comité de lecture ?
Robert Laffont par rapport à NiL ou Julliard ?
L. B. : Non. Le service des manuscrits fait
L. B. : Non. Cette idée vient de ce que des fiches de lecture et les transmets
Robert Laffont avait, en son temps, créé
une collection labellisée ainsi afin de
faire découvrir au public français les
best-sellers américains. Nous l’utilisons
de moins en moins. Aujourd’hui, les
éditions Robert Laffont sont très généralistes. NiL est l’éditeur de Matthieu
Ricard et Jacques Chirac. Mais aussi
d’Alice Sebold qui a écrit La nostalgie de
l’ange. C’est une littérature étrangère
à la fois grand public et avec du style.
Julliard ne publie que des écrivains
français et a une politique d’auteurs,
comme Yasmina Khadra, Jean Teulé qui
dépasse les 100 000 exemplaires en occupant un créneau particulier : raconter
l’histoire de France comme s’il s’agissait
d’aujourd’hui.
muze : Donnez-vous des instructions
particulières à vos éditeurs ?
L. B. : Non. Absolument pas. Je pars du
principe qu’ils savent faire leur métier.
Bien sûr, je peux ne pas être d’accord.
Mais les décisions sont prises de manière collégiale.
muze : À qui faut-il adresser son manuscrit
lorsqu’on pense pouvoir être dans la catégorie
best-seller ?
L. B. : Au service des manuscrits. On ré-
pond toujours aux auteurs. Mais il faut
savoir que nous recevons 5 000 manuscrits par jour.
à Nicole Lattès et moi-même. J’ai tendance à penser que les comités de lecture servent à faire briller des éditeurs
plus qu’à défendre des livres ! Nous
avons un comité d’idées. Nous y parlons
des projets éditoriaux à venir. Mais les
discussions sur les romans se passent
en dehors.
muze : Parmi vos grands auteurs de best-sellers,
il n’y a que des hommes, pourquoi ?
L. B. : Je ne sais pas. Je n’y ai pas pensé.
C’est le fait du hasard. Dans le domaine français, nous avons tout de
même Sophie Fontanel, et chez Julliard
Mazarine Pingeot !
muze : Et vous, qu’est-ce qui vous attire dans
un roman ? Quels sont vos goûts littéraires ?
L. B. : J’aime l’écriture qui vous donne
tout de suite l’impression d’entrer
dans une histoire, dans une ambiance.
J’aime comprendre d’emblée ce que
l’auteur veut me montrer. J’ai une affection particulière pour Italo Svevo.
Il me semble que c’est grâce à lui que
j’ai compris ce qu’était la littérature.
La conscience de Zeno est mon livre de
chevet. Mais si je devais n’emporter
qu’un seul auteur sur une île déserte,
ce serait Shakespeare, car il y a toutes
les histoires humaines dans l’œuvre
de Shakespeare : l’Histoire, la passion,
la poésie…
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À lire
˘ La nostalgie de l’ange,
d’Alice Sebold, Éditions NiL,
348 pages, 7 e.
˘ Le cercle littéraire
des amateurs des épluchures
de patates, de M. A. Shaffer
et A. Barrows, Éditions 10/18,
410 pages, 8,60 e.
˘ Le pianiste, de Wladyslaw Szpilman,
Éditions Pocket, 316 pages, 6,50 e.
Vous nous avez envoyé
des dizaines de textes.
Hélas, nous manquons
de place pour publier
tous nos coups de cœur.
En voici deux.
poésie
Vie violée, par Agathe Vergnaud
Lasse d’emprisonnement, elle a soif de vivre
Elle n’en peut plus de ceux qui l’empêchent de parler
Comme un oiseau léger ce qu’elle veut c’est partir
Elle voudrait être libre de ne plus se cacher
Sentir sur sa peau le doux souffle du vent
Elle s’imagine déjà en partance pour l’ailleurs
Voler et fendre l’air, indescriptiblement
Comme une aventurière n’écoutant que son cœur
Au fond de son silence bouillonne la colère
Elle se brise la voix à force de se taire
Les larmes de ses yeux, les appels au secours,
Sont des cris de détresse, désirs de délivrance
La vie est un voyage, pour elle c’est une souffrance
Femme puissante et forte, tu seras libre un jour.
micronouvelle
La mariée, par Paola Dicelli
Je le regarde dormir paisiblement près de moi. Je ne
bouge pas, mais respire au rythme des battements
de son cœur. Car lui, c’est moi, son souffle est le mien,
et mon cœur lui appartient comme j’appartenais au
sien. Nous nous l’étions promis un an auparavant
devant Dieu, et en cette nuit étoilée, je porte ma robe
blanche, et passe machinalement ma main sur la dentelle, brodée par mes soins. Je l’aime cette robe, et ne
la porte que pour les grandes occasions. Aujourd’hui,
cela fait un an que je me suis mariée, et j’ai fait du
feu dans la cheminée, pour que mon tendre amour ne
ressente pas le froid qui sévit dehors. Moi, je ne peux
m’empêcher de frissonner, assise sur le fauteuil, face
à notre lit conjugal. Je n’arrive pas à dormir, je suis
insomniaque, j’ai toujours peur de la nuit et de ses
bruits étranges. Alors je veille sur mon âme sœur, en
espérant qu’il dorme d’un sommeil calme. Le reste ne
m’importe guère. Mon ange est face à moi, ses mains
sont délicatement posées l’une contre l’autre et sa
tête penche légèrement de mon côté. J’ai toujours
voulu faire passer son bonheur avant le mien, je lui
avais promis à l’église. Lui aussi me l’avait juré, mais il
avait menti, mon amour. Il ne fera plus de mal à personne désormais. Je porte ma robe de mariée pour
les grandes occasions. Ses mains sont délicatement
posées l’une contre l’autre, tandis que les miennes
tiennent fermement son fusil de chasse. Il a sa tête
légèrement penchée de mon côté, et un mince filet
de sang coule sur ses joues. Il pleure, je lui pardonne.
Désormais, en robe de mariée, j’épouse la Liberté.
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Chassons
le cliché !
Le pire ennemi de l’écrivain s’appelle le cliché. Insidieux,
il revient sans cesse là où on ne l’attend pas. Il agit parfois à visage découvert sous forme d’expressions toutes
faites dont il est assez simple de se débarrasser, mais il
peut aussi agir hypocritement, derrière une idée un peu
trop commune, deux mots trop souvent associés, ou pire
s’inscrire dans l’air du temps. Comme Jean-Loup Chiflet,
amusez-vous à les repérer, à les apprivoiser et peut-être
à les détourner. Un petit jeu qui vous familiarisera avec
ces fameux clichés que redoutent tant les éditeurs et
qui vous aidera à les bannir une fois pour toutes, ou
alors à vous en servir, mais en toute conscience !
99 clichés à foutre à la poubelle.
Éditions Points Seuil, 124 pages, 10 e.
Un célibataire
endurci
Une belle brochette
Lorsque les métaphores n’ont rien à voir avec la gastronomie, je m’interroge. Certes, la brochette est tout à fait
mangeable, malgré son aiguille à tricoter qui brûle les
doigts et ses cubes de viande cuits-dehors-crus-dedans
qui nous mettent la bouche en feu.
Alors, une bonne brochette, peut-être, mais une belle
brochette, c’est à voir, à condition qu’elle soit féminine,
composée de miss, dauphines ou hôtesses de charme
qui… mettent en appétit. C’est vrai qu’elles sont belles les
brochettes de ton pays, Enrico, mais à cause de toi on a
miss Poitou, miss Quercy Rouergue, miss Limousin, sans
compter la supermiss qui travaille du chapeau. Curieusement, les bodybuildeuses et lanceuses de poids n’y
ont pas droit, car une belle brochette, ça doit faire saliver.
Sinon, ce n’est plus une brochette mais un gang ou une
bande, et les militaires se déplacent en commandos, jamais en brochettes à l’exception des légionnaires à cause
du sable chaud.
Le sexisme a encore de beaux jours devant lui, et même
si les petites-filles des suffragettes ont brûlé leurs soutiens-gorge et sont devenues professeures d’université,
les machos ne les voient pas. Il leur faut des créatures
consommables et libido-dégradables ; mais qui se frotte
trop à la brochette risque de se piquer.
Malgré le salon qui lui est consacré, les sites de rencontres, les réunions « speed dating » où on lui donne
cinq minutes pour vendre sa BMW, ses biceps, son job
de comptable et sa caravane, le célibataire… s’endurcit.
Alors comment cet être privilégié entre tous se retrouvet-il affublé d’un adjectif généralement réservé aux criminels ? Est-ce parce qu’il redoute d’avoir à partager un
jour sa sacro-sainte télécommande ou parce qu’il est
victime d’une mère possessive et intrusive ? Et à partir
de quel âge quitte-t-on le statut de célibataire « mou »
pour celui d’« endurci » ? Certes, la pratique du bodybuilding facilite bien des choses. L’endurcissement, ça se travaille. En réalité, le célibataire s’endurcit non pas en raison de chagrins d’amour récurrents mais parce qu’il a su
déjouer les pièges pour le rester : ruses de belles-mères
potentielles, dîners organisés pour le faire craquer,
week-ends familiaux passés à monter des Lego pour son
petit neveu. On gagne ses galons d’endurci comme un
bidasse sort crotté d’un parcours du combattant. « Certains hommes, disait Sacha Guitry, n’ont que ce qu’ils
méritent ; les autres sont célibataires. »
Une accalmie
passagère
Aucune accalmie, hélas, n’est à espérer sur le front de
la « pléonasmite » et des périssologies, tautologies et
redondances, quand on entend sans cesse ce beau mot
« accalmie » alourdi par le superflu « passagère ». Qui se
souvient qu’« accalmie » désigne le calme passager de la
mer ? Apparemment plus grand monde ! Que les ingénieurs de la météorologie utilisent cette expression à
longueur de bulletins, soit ! À l’époque du principe de
précaution et du risque zéro, les malheureux se sentent
sans doute obligés d’insister lourdement sur le côté éminemment passager de l’accalmie.
L’expression a encore de nombreux jours paisibles à couler,
en compagnie d’autres pléonasmes insolites tels que
« cirrhose du foie », « samba brésilienne » ou « proviseur
de lycée ». Elle a tout l’avenir devant elle, car la réduction
constante des heures d’enseignement de la langue
française, dont notre gouvernement ponctue ses pseudoréformes, ne risque guère d’améliorer les performances. À
moins qu’il n’ait comme « futur projet » de procéder par
« étapes successives » pour faire un « panorama complet »
des ravages de la redondance dans l’Hexagone.
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{ 171 } muze
Tout le bourg et les villages alentour connaissaient l’ânesse et son ivrogne
de maître. On s’amusait de l’étrange équipage, tout en compatissant avec la
pauvre bête.
Mais un soir de janvier que Licia attendait son maître, comme à son habitude, il
ne vint pas. Il faisait bien froid dans cette nuit sans lune, dans les courants d’air
de la cour, où l’ânesse tapait ses petits sabots gris sur les pavés noirs. Minuit sonna
au clocher de l’église. Le café était fermé depuis longtemps déjà et les rumeurs
habituelles du bourg s’étaient tues, lorsque la pâle lueur des trois réverbères de
la place s’éteignit, laissant l’ânesse oubliée dans l’obscurité la plus totale. Alors
Licia reprit le chemin de la ferme, seule, avec son chargement sur le dos.
Elle ne vit pas son maître, couché sur le trottoir du café, qui dormait d’un
sommeil de bois.
L’ânesse et la Comtesse
Un conte de Régine Bobée, lectrice de Muze
()
Dans un village paisible d’Italie vivait une ânesse douce et serviable, du nom
de Licia.
Tous les jours, elle travaillait aux champs avec son maître, dans la plaine
ou au pied des coteaux. De son petit pas léger, elle allait sur les chemins
poussiéreux ou les sentiers de cailloux, trimballant du matin au soir des
paniers pleins de bois ou de foin, et autres marchandises que l’homme
rapportait à la ferme.
Un samedi sur deux, il l’emmenait au bourg, où il allait vendre au marché des
œufs et des poulets, et selon les saisons, des champignons, des pommes ou
des tomates. Il allait ensuite à la coopérative acheter les denrées nécessaires à
sa famille, sans oublier sa bonbonne de vin pour la quinzaine.
Ces soirs-là, il s’arrêtait dans un café, toujours le même, où il buvait
jusqu’à en oublier l’heure et la route du retour. Il savait qu’il pouvait
compter sur sa fidèle ânesse, pour le ramener sain et sauf. Licia l’attendait
dans la cour arrière. Quand il avait son compte, l’homme grimpait comme
il pouvait sur le dos de l’animal et s’endormait, calé entre les couffins.
Licia savait le chemin.
Jamais, en vingt ans, Licia ne s’était trompée de route. Mais ce soir-là, en
arrivant à la croisée des Trois-Chemins, l’unique carrefour d’importance sur
son itinéraire, elle s’arrêta. Sous ses longues oreilles de velours à l’écoute du vent
de la plaine, elle dodelina de la tête. Elle fit quelques pas en direction de la ferme,
puis, soudain virant de bord, elle partit dans la direction opposée. Quittant la
route, elle s’engagea bientôt sur un sentier qui grimpait vers la montagne.
Elle trottina ainsi, bien décidée, une partie de la nuit, dépassant le col pour
redescendre sur l’autre versant. L’aube pointait lorsqu’elle arriva en vue d’un
minuscule village.
À l’entrée du hameau, devant la première maison, se tenait une vieille femme,
toute de noir vêtue, toute courbée sur une canne tordue. En apercevant
l’ânesse grise, qui trottinait dans sa direction, la vieille se redressa, comme
frappée par la foudre.
Écarquillant ses petits yeux fripés, elle regardait venir à elle la brave bête chargée
de ses paniers remplis de victuailles, comme un cadeau tombé du ciel. Elle se
planta en travers de sa route en levant le bâton, qu’elle tenait dans sa main libre.
« Holà ! ma jolie... tu vas où comme ça? » Licia s’immobilisa, sans comprendre
si la vieille lui voulait du bien ou du mal. Elle recula de quelques pas, comme
pour rebrousser chemin.
La vieille sembla comprendre la menace qu’elle représentait. Elle baissa le bras
et coinça le bâton solidement sous son aisselle. Alors, cahin-caha sur sa canne,
elle s’approcha de l’ânesse, qui attendait, grattant la terre du bout de son sabot.
La main de la femme toucha une oreille de la bête, qui ne broncha pas. La main
sèche se fit douce sur l’oreille de velours gris, la bouche édentée y murmura des
paroles d’apaisement. « Là, tout doux, ma belle... tu me rappelles mon vieux
Serafino, qui était bien brave, lui aussi... »
muze { 172 } Atelier d’écriture
La voix éraillée s’anima, s’échauffa. « Et t’arrives comme ça, chargée de cadeaux
comme la bonne fée, le jour de l’Épiphanie... c’est à pas y croire ! »
Puis, la voix se fit ferme. « Je sais pas d’où tu viens, ma belle, mais t’iras pas
plus loin... t’es arrivée chez toi ! viens ! je vais te donner à manger... et j’irai te
chercher des chardons... mon vieux Serafino, il aimait tant ça... »
À ces mots, Licia leva bien haut la tête et, découvrant ses dents, lança à la
cantonade un « hi-han ! hi-han ! » claironnant, qui les surprit toutes les deux.
Le braiment de l’ânesse avait attiré l’attention des voisins. Les uns après les
autres, ils sortirent de leurs maisons, suivis bientôt de leurs enfants encore tout
ensommeillés. Sans oser s’approcher, tous regardaient incrédules la vieille ravie,
qui, d’une main sur le col, guidait joyeusement l’animal vers la porte de sa maison.
« Vous avez vu ? la Comtesse qui rit... »
« C’est drôle, elle s’est r’dressée ! »
« Elle a pus son bâton ! »
En effet, le fameux bâton était tombé au sol, en plein milieu de la route. Mais la
Comtesse, comme on l’appelait ici, ne semblait pas s’en préoccuper.
Personne au hameau n’aurait su dire pourquoi on la surnommait ainsi, ni quel
était son vrai nom. On savait seulement qu’elle vivait seule, dans un dénuement
évident. Mais elle était irascible. Elle ne parlait à personne, sauf pour couvrir
d’imprécations en menaçant de son bâton levé quiconque s’aventurait à passer
devant sa porte. Comme elle habitait à l’entrée du village, personne n’y échappait.
Tous la craignaient donc, surtout les enfants, sans qu’aucun pourtant n’eût
jamais goûté aux caresses de son bâton. On faisait le grand tour, on trouvait
d’autres chemins. Mais quand on en avait l’occasion, on lui faisait des grimaces,
on l’imitait en moquant sa bosse ; on la guettait lorsqu’elle sortait par-derrière,
qu’elle s’enfermait dans la cabane de planches au fond de son jardin ; alors on
se déchaînait en rires forcés et en paroles crues ; certains lançaient des pierres
sur le toit ; bref chacun cherchait à attiser sa colère pour se donner l’air brave,
mais toujours à bonne distance, prêt à détaler, même si on se doutait bien que la
vieille ne pourrait jamais courir pour rattraper les garnements.
Les enfants ouvraient des yeux plus ronds que ceux de leurs parents, à la vue de
la méchante vieille, qu’ils ne reconnaissaient pas. « Ben, ça alors, on dirait pus la Comtesse... »
La Comtesse venait d’apercevoir la troupe curieuse, qui se tenait à distance. De
sa canne levée, elle héla ses voisins. Une main retint un des petits, qui avait fait
un pas vers la vieille et l’ânesse. Alors, de sa main libre, la vieille fit un signe
amical vers le groupe. Prudemment, lentement, on s’approcha d’un pas, de
deux, puis de dix.
« Elle vient d’où, c’te bête-là ? »
« L’a pas l’air sauvage... »
{ 173 } muze
« Et les paniers ? y sont pleins, on dirait... »
De nouveau, la Comtesse leur fit signe de s’approcher, en désignant les couffins
sur le dos de l’ânesse.
« Ça vous dirait t’y de voir c’ qu’y a dedans ? »
Il y eut un mouvement de surprise au sein de la petite troupe. Quelqu’un
hasarda :
« C’est quoi qu’y a, dedans ?
– J’en sais rien, pour l’heure... mais ça m’a tout l’air d’être bon à manger... »
Une agitation soudaine secoua les spectateurs. La curiosité, ou la faim peut-être,
trompait leur méfiance habituelle. On se consulta des yeux.
« Mais d’abord, vous lâchez vot’ canne ! sinon...
– Sinon quoi ? je vais pas vous assommer tous, à moi toute seule !
– Bon... d’accord... mais pas de blague, hein ?
– C’est la Befana qui nous tombe du ciel ! c’est p’têt un signe, non ? »
Lâchant sa canne, la vieille se détourna de la troupe encore hésitante et empoigna
un sac de toile.
« C’est lourd ! venez donc m’aider, vous autres... »
Les femmes se précipitèrent. Les hommes et les enfants suivirent d’un seul élan.
On s’extasia. On s’excita. On salivait déjà.
« Y’a du vin ! »
« Y’a du riz ! »
« …du sucre blanc ! »
« …de la farine ! »
« …des oranges ! »
« Oh ! c’est joli, ça ! c’est quoi ? »
« Des kakis ! »
On dressa une table. On fit bombance. On se causa. On fit la paix. Chacun
repartit avec de quoi améliorer l’ordinaire, en s’échangeant des promesses.
C’est ainsi que le hameau tout entier adopta l’ânesse aux yeux doux et aux oreilles
de velours gris. On la rebaptisa Befana, comme la bonne fée de l’Épiphanie.
Elle ne travailla plus, mais ne manqua jamais des chardons bleus dont elle raffolait.
Nul ne sut jamais d’où elle était venue, car personne ne croisa l’ivrogne dessaoulé
qui, de l’autre côté de la montagne, cherche encore sa fidèle Licia, en pleurant
des larmes de vin amer.
muze rencontre
Régine Bobée
© DR
muze { 174 } Atelier d’écriture
auteure de « L’ânesse et la Comtesse »
Propos recueillis par Anne-Laure Bovéron
muze : Quel âge avez-vous ? Quelle est votre
muze : Depuis combien de temps écrivez-vous ?
profession ?
R. B. : Seulement dix ans. Je me suis autoriRégine Bobée : J’ai 60 ans. J’ai occupé plusieurs sée à écrire l’été de mes 50 ans.
emplois : traductrice/interprète, assistante
export, correctrice, formatrice… toujours en
lien avec la pratique des langues (anglais et
italien). Depuis quelques années, j’enseigne
l’anglais aux francophones et le français aux
anglophones.
muze : D’où vous est venue la trame de ce conte ?
R. B. : C’est mon mari Giancarlo qui m’a
donné l’idée de départ, un souvenir de son
village d’enfance dans le nord de l’Italie. Et
puis Licia a suivi son petit bonhomme de
chemin et s’est retrouvée dans un village
de Bretagne, où je passais mes vacances
d’été. Elle a rencontré la Comtesse, qui terrorisait et intriguait tant les gamins que
nous étions alors. Il s’est passé quelque
chose entre elles deux.
muze : Avez-vous écrit d’autres choses ou avez-vous
des projets d’écriture ?
R. B. : Bizarrement, j’ai commencé par des
poèmes alors que je n’en lisais pas. J’en ai
envoyé quelques-uns à un concours, dont
l’un m’a valu le coup de cœur du jury. Un
autre a été publié (dans Village Magazine). C’est ça qui m’a encouragée, je crois.
Ensuite, je me suis mise à écrire des nouvelles. Aujourd’hui, j’écris des haïkus, pour
m’entraîner à écrire court, c’est difficile et
excitant. J’en traduis aussi en anglais.
Depuis huit ans, je participe à un atelier
d’écriture. Cette année, nous nous sommes
lancés dans l’aventure du roman à huit
mains. Jamais je n’aurais osé ça toute seule !
muze : Quels auteurs vous inspirent ?
muze : Quelles libertés vous apporte le conte ?
R. B. : Adolescente, je lisais des auteurs, exR. B. : Le conte permet de se promener entre clusivement, c’est-à-dire que je lisais tout
réel et fantaisie, sans effets spéciaux. On
entre de plain pied dans un monde fictif
sans quitter celui des hommes. Mine de
rien, ça met du merveilleux dans les choses
quotidiennes. C’est une forme d’écriture
que j’associe à la nouvelle, mon genre de
prédilection.
muze : Que représente pour vous le fait d’écrire ?
R. B. : Un challenge, une école, un plaisir.
Aller au bout d’une histoire, c’est magique.
Hervé Bazin, tout Maupassant, tout Gilbert
Cesbron. Adulte, je suis devenue très éclectique. J’aime les surprises, l’humour décalé,
déjanté, les histoires simples, les voyages.
Mes deux derniers coups de cœur sont Rosa
Candida de A. A. Ólafsdóttir et le flamboyant
Le cœur cousu de Carole Martinez. Comme la
nouvelle est vraiment ma tasse de thé, j’en
lis beaucoup. Et mon auteur préféré restera
toujours H. E. Bates, un amoureux de la vie,
de la nature et des femmes.

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