Marchés émergents : Ne ratez pas le bateau

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Marchés émergents : Ne ratez pas le bateau
Présenté par
Marchés émergents :
Ne ratez pas le bateau
Un supplément de Conseiller.ca
May 2010
Ce supplément de Conseiller.ca
est commandité par :
Mai 2010
Quatre économies en pleine croissance
et 2,8 milliards de consommateurs
Profitez du potentiel illimité de quatre nouvelles puissances économiques au moyen de la Catégorie de société BRIC Templeton
• Brésil: Une puissance économique locomotive de l'Amérique du Sud riche en ressources naturelles et comportant
un marché boursier bouillonnant
• Russie: Des exportations énergétiques lucratives et des revenus personnels en hausse alimentent la croissance
de la consommation de la classe moyenne
• Inde: Une décennie de croissance du PIB estimée à 8,5 % en 2010*
• Chine: Une des économies connaissant la plus forte expansion dont la croissance du PIB est estimée à 10 % en 2010*
Le gestionnaire de portefeuille Mark Mobius, qui compte 42 ans d’expérience dans les marchés émergents, et l’équipe mondiale
d’analystes de Templeton procurent une connaissance concrète de la région et une bonne perception des marchés BRIC.
Investissez aujourd’hui dans les géants de demain.
201004230381_F
Pour en savoir plus sur cette solution, communiquez avec votre directeur régional des ventes au 1 800 897-7286 ou
consultez le www.franklintempleton.ca.
*Source : World Economic Outlook du FMI au 1er avril 2010. Les montants investis dans les fonds communs de placement peuvent donner lieu à des commissions, des commissions de suivi, des frais de gestion et d’autres
frais. Veuillez lire le prospectus avant d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur fluctue souvent et leur rendement passé n’est pas garant de leur rendement futur.
Marchés émergents :
Ne ratez pas le bateau
Dettes ? Récession ? Ces fléaux semblent
épargner les marchés émergents. Bien que le
taux de croissance de la Chine et de l’Inde a
quelque peu ralenti, ces pays offrent des perspectives économiques de loin supérieures aux
2 % prévus dans le monde développé.
4
Les marchés émergents le
sont-ils vraiment ? 10
Marchés frontaliers :
faut-il céder à la tentation ?
Peut-on encore les qualifier d’émergents
ces pays du BRIC qui affichent une
croissance supérieure à celle des
économies établies ?
Tandis que l’économie canadienne se
remet d’une grave récession mondiale,
les investisseurs gagnent en audace et se
tournent vers des marchés exotiques.
6
Les meilleurs gestionnaires
font du terrain
13
Miser sur la consommation
émergente
Investir sur les nouveaux marchés exigent
expérience, perspective mondiale et
rigueur à toute épreuve.
Plusieurs sociétés européennes sont fin
prêtes à profiter de la croissance des
économies émergentes. Détails d’une
stratégie inédite.
8
Conjuguer placements
éthiques et marchés
émergents
Ce concept fait des adeptes dans les
marchés émergents. Néanmoins, il en
est encore à ses balbutiements et doit
affronter un lot de difficultés.
Marchés émergents : Ne ratez pas le bateau — Un supplément de Conseiller.ca 0 5 2
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Les marchés
émergents le sont-ils
vraiment ?
Chuk Wong, vice-président et gestionnaire de portefeuille
à Fonds Dynamique.
TERRI GOVEIA, journaliste établie à Toronto.
L
Vecteurs de croissance
L’essor de la Chine et de ses semblables de la zone du
’an dernier, des économistes de Morgan Stanley
BRIC est soutenu par plusieurs facteurs. En Chine, les
débattaient de la pertinence d’ajouter un nom au
changements démographiques et la hausse des revenus
peloton de tête des marchés émergents : celui de
ont créé une classe de consommateurs en pleine
l’Indonésie. En effet, avec ses juteuses projections de
expansion et alimentent l’augmentation du PIB. La Chine
croissance pour 2011, ce pays devrait rejoindre, selon eux,
et certaines économies émergentes voisines ont réduit
les rangs des principaux marchés à l’instar des pays du
leur dépendance aux exportations vers les pays occiden-
BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
taux et se distancient des secteurs manufacturiers de
Ce débat mettait en lumière une question plus générale,
faible valeur, comme celui des textiles, note Eng Hock
à savoir qui fait partie de quoi ? Étant donné que plusieurs
Ong, administrateur délégué pour AGF Asset Manage-
de ces pays affichent une croissance supérieure à celle
ment Asia. « Au cours des dernières années, le gouverne-
des économies bien établies, peut-on encore judicieuse-
ment [chinois] a pris conscience que le modèle
ment les qualifier d’« émergents » ?
d’exportation n’est pas viable. Le principal moteur de
À en juger par les projections de plusieurs pays du
BRIC, le qualificatif d’émergent semble effectivement
croissance sera la consommation. »
Par ailleurs, un récent rapport de Barclays attribue
dépassé. Selon Morgan Stanley, la croissance du PIB des
certains gains d’autres pays d’Asie et d’Amérique Latine
nouvelles économies devrait faire un bond spectaculaire
aux « prises de guerre » des politiques de change, à
en 2010, passant de 1,6 % à 6,5 %, voire 10 % dans le
l’amélioration des mesures fiscales et aux retombées de
cas de la Chine — tandis que la croissance du PIB prévue
l’essor économique de la Chine. Le rapport note que ces
pour les économies des pays du G10 ne devrait pas dé-
éléments ont neutralisé les facteurs locaux susceptibles
passer les 2 %. « Parfois, la différence entre pays émergent
d’amplifier l’incidence des problèmes externes, respon-
et marché développé est loin d’être évidente », affirme
sables de crises contagieuses qui ont embrasé les
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marchés émergents à plusieurs reprises. En outre, le
croissance languissante des marchés développés démon-
rapport n’hésite pas à rebaptiser Singapour, le Chili, la
tre que les pays émergents doivent diversifier davantage
Corée, Taiwan, Israël (et la Chine) de « marchés émergents
leurs vecteurs de croissance, ajoute-t-il, car une contrac-
avancés », affranchis de la volatilité inhérente aux marchés
tion découlant de la récession menace ceux où le marché
émergents traditionnels, et dont l’évolution les situe à mi-
de la consommation est trop limité. L’administrateur note
chemin entre les marchés émergents proprement dit et les
aussi que l’effondrement de la croissance des pays dével-
économies développées ouvertes.
oppés avait de quoi inquiéter et qu’un certain risque géopoli-
À l’amélioration des données économiques fondamentales — dont l’absence de dettes des gouvernements et des
tique perdure dans quelques pays hors de la zone BRIC,
notamment le Vietnam, le Pakistan et la Corée du Sud.
sociétés — s’ajoute l’augmentation de la masse monétaire
Autre élément à signaler, la croissance du PIB par habi-
à travers le monde. « Autrement dit, il y a de plus en plus de
tant. « Dans l’ensemble, la croissance du PIB par habitant
capitaux en quête de placement, fait remarquer Mark Mobius,
est encore considérablement inférieure dans les marchés
gestionnaire principal des fonds Franklin Templeton Invest-
émergents que dans la plupart des pays occidentaux »,
ments investis dans les marchés émergents. »
affirme Phil Langham, chef de l’équipe Marchés émer-
Selon toute vraisemblance, il s’agit de progrès – et de
croissance – durables dans l’ensemble. En 2009, les mar-
gents, RBC Gestion mondiale d’actifs.
De plus, malgré des progrès notables, les marchés
chés émergents représentaient plus de la moitié du PIB
financiers des économies émergentes présentent encore
mondial, avec une part de 34 % pour l’Asie seulement,
des lacunes, selon M. Langham. Non seulement certains
précise Sean Cleary, CFA, professeur BMO en finance à
de ces marchés demeurent vulnérables aux fluctuations
l’Université Queen’s. « Ce genre de statistiques permet de
des titres boursiers étrangers, mais ils doivent aussi peau-
croire que ces économies continueront à progresser au
finer leurs pratiques en matière de comptabilité et de gou-
cours des 10 à 15 prochaines années avec une croissance
vernance, ajoute M. Wong, reconnaissant que le véritable
soutenue à moyen et long terme. »
défi sera de gérer cette nouvelle croissance économique.
Abattre la clôture
Ces radieuses perspectives des marchés émergents
suffisent-elles à justifier l’attribution d’un nouveau statut
« Il faudra du temps, à mon avis, avant que ce soit patent,
mais l’écart entre les marchés émergents et les économies
développées se resserrera. »
– et la création d’une nouvelle catégorie de marché –
Capitaliser sur la croissance
comme semble le proposer Barclays ? Se sont-ils réelle-
Dissociés ou non, les marchés émergents et leur crois-
ment émancipés du monde développé ?
sance sont un débouché intéressant pour les investis-
À certains égards, oui, selon les gestionnaires de fonds.
seurs. Les particuliers peuvent y participer par le biais de
En effet, les facteurs qui sous-tendent ces gains— ex-
fonds communs de placement ou de fonds de couverture
pansion de la classe moyenne, augmentation des inves-
qui accordent une forte pondération aux marchés émer-
tissements en infrastructure, etc. — sont également des
gents. M. Cleary ajoute que les investisseurs canadiens
indices d’émancipation. De plus, alors que l’économie
ont également l’option des fonds cotés en bourse,
américaine était encore entravée par les répercussions de
soulignant la rapide croissance de cette catégorie d’actif.
la récession en 2009, la Chine continuait sur sa lancée,
Même si la croissance se maintient, une absolue disso-
souligne M. Wong. « Du point de vue économique, il y a
ciation des marchés risque d’être impossible, note M. Ong.
une nette dissociation. »
« Il me semble que le monde est de plus en plus intégré, ce
Mais cette transformation est loin d’être achevée.
qui complique d’autant plus une dissociation d’avec le dével-
Même la Chine, premier des pays du BRIC, demeure sans
oppement de l’économie mondiale. Les pays progressent et
contredit une économie naissante de l’avis de M. Ong. La
se dissocient effectivement, mais pas les marchés. »
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Les meilleurs gestionnaires
font du terrain
BRENDA CRAIG, journaliste établie à Toronto.
Investir sur les Marchés
émergents demande de les
connaître hors des livres.
son entourage, nous estimons que le principe de légalité
ui ne risque rien, n’a rien ! À ce titre, les nouveaux
Q
du terrain. Fondateur et chef de la direction d’Excel
marchés ont procuré des gains astronomiques au
Funds à Toronto, M. Asdhir précise que cette présence
est absent; ce qui est assez grave. »
Pour savoir à quoi s’en tenir avant d’investir dans un
pays, Bhim Asdhir estime que rien ne vaut l’expérience
cours de la dernière décennie. Toutefois, investir dans les
locale est le meilleur moyen de prendre le pouls du gou-
pays en développement n’est pas affaire gagnée
vernement. « La prise de décisions éclairées nécessite
d’avance. L’opération exige expérience, perspective
d’être au fait des décisions précédentes du gouverne-
mondiale et rigueur à toute épreuve.
ment et de ce qu’on attend de lui à l’avenir. »
Il ne suffit pas d’agrémenter un portefeuille d’actions
Il cite le Brésil en exemple. « Le président Lula a ac-
de l’Inde, de Chine ou d’Europe de l’Est pour muscler
compli un travail remarquable, affirme M. Asdhir, utilisant
ses rendements. Selon des experts chargés de gérer
le surnom que la plupart des Brésiliens donnent au prési-
l’équilibre risque/rendement des marchés émergents, rien
dent Luiz Inácio da Silva. Mais son mandat se termine
ne doit être laissé au hasard pour obtenir des résultats
dans quelques mois et il ne peut se représenter aux élec-
probants, qu’il s’agisse des pratiques comptables de
tions. Il faut absolument en tenir compte. »
la société, du climat politique du pays ou des dernières
marottes de ses autorités.
Ainsi, il est exclu d’investir dans une société qui exerce
M. Asdhir est un des pionniers des placements dans
les marchés émergents. À l’époque où il s’est tourné vers
l’Inde, voilà plus d’une décennie, les autres investisseurs
ses activités dans un pays instable. « Le premier critère
n’osaient s’y aventurer, considérant que le milieu des affaires
est le principe de légalité; s’il fait défaut dans un pays,
y était trop corrompu pour procurer des rendements fiables.
nous ne placerons pas notre argent dans les sociétés
qui s’y trouvent, explique le Canadien James Donald
Sur le terrain
de la firme new-yorkaise Lazard Asset Management,
M. Asdhir voyage régulièrement pour rencontrer en
responsable du portefeuille des marchés émergents de la
personne des autorités de réglementation, des dirigeants
Banque de Montréal. Au Venezuela, par exemple, étant
d’entreprise ou des partenaires financiers. En Inde, par
donné que le président Chavez a confié pratiquement
exemple, Excel Funds a établi un partenariat avec Birla
tous les postes de la Cour suprême à des membres de
Sunlife, la première société indienne de fonds communs
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de placement. « Ce sont nos conseillers auxiliaires, ajoute
M. Asdhir, à propos des partenaires indiens d’Excel, Birla
Sunlife. Ils font partie du même environnement que les
sociétés dans lesquelles ils investissent et consomment
leurs produits et services. Ils comprennent la langue et
Se rendre sur le terrain est le
meilleur moyen de prendre
le pouls du gouvernement et
de la concurrence locale.
tous les rouages de la concurrence locale. Ils savent vers
quoi tendent les gestionnaires de l’entreprise. Tous ces
Des livres clairs avant toute chose
aspects ont une importance capitale, et c’est à eux que
En définitive, les spécialistes des marchés émergents
je fais référence quand je parle de l’expérience du terrain. »
s’entendent sur une chose : tout dépend des livres
Tous les gestionnaires de portefeuille s’entendent pour
comptables. M. Mobius pratique les marchés émergents
dire que chaque société est choisie individuellement. « En
depuis plus de 30 ans et il fait partie des Fonds de
matière de bêta ou de marchés risqués, les nouvelles
croissance Templeton depuis 1987. « Chez nous, les
économies suivent généralement le même mouvement
bilans et les états des résultats sont examinés à la
que les autres marchés boursiers mondiaux, note James
loupe. Il est évidemment primordial que les états
Donald. Par conséquent la diversification se fait davan-
financiers soient vérifiés, mais il est tout aussi primordial
tage par la sélection des sociétés. »
de gratter sous la surface et de faire une analyse
Il faut savoir que les bonnes occasions de crois-
juricomptable. Mauvaise gestion, bilan défaillant, piètres
sance qu’offrent les marchés émergents ne se lisent pas
perspectives commerciales, etc. Si nous décelons un
nécessairement dans l’indice, souligne M. Asdhir. « En
seul élément susceptible d’affecter la rentabilité, la
Inde, par exemple, le principal indice boursier se com-
société est écartée », conclut M. Mobius.
pose des 30 sociétés les plus importantes, mais cela ne
Si le manque de rigueur comptable a déjà posé
signifie pas pour autant qu’elles soient concurrentielles
problème, James Donald de la firme Lazard, constate
à l’échelle mondiale ni qu’elles affichent la croissance la
que les sociétés des marchés émergents se sont consid-
plus rapide. »
érablement améliorées à cet égard au cours des
Qu’ils appliquent une stratégie axée sur la valeur ou
sur la croissance, la qualité des données fondamentales
15 dernières années.
Il ajoute que chaque décision de placement exige
est impérative pour les gestionnaires de portefeuilles de
de « valider l’information comptable ». Les membres de
marchés émergents chez Lazard. « Cela manque peut-être
Lazard se rendent donc sur place pour rencontrer les
d’originalité, convient M. Donald, mais les rentrées de tré-
dirigeants de la société, visiter ses usines et vérifier per-
sorerie et les bénéfices sont incontournables pour nous. »
sonnellement ses livres et ses pratiques comptables. « On
Mark Mobius, président exécutif de Templeton Asset
ne saurait nier qu’il existe encore une certaine corruption
Management, rappelle que les ingrédients de la réussite
dans les pays en développement, reconnaît M. Asdhir.
sont immuables, peu importe où la société est établie.
Mais la majorité des sociétés aspirent au marché mondial.
« Le but est de dépister les entreprises qui affichent une
Elles sont concurrentielles et les autorités de réglementa-
croissance des bénéfices stable à long terme avec un
tion sont de plus en plus strictes. Nous avons obtenus
risque limité, déclare-t-il de Singapour où il dirige une
d’excellents résultats sur les marchés émergents. »
équipe d’analystes répartis dans les 15 bureaux marchés
émergents. Autrement dit, nous évaluons les sociétés en
fonction de la compétence de la gestion, de la santé du
bilan et de la qualité des bénéfices. »
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Conjuguer placements éthiques
et marchés émergents
investissements durables et marchés émergents
ne font pas d’office bon ménage.
doug watt,
Auteur et rédacteur d’Ottawa, spécialiste des placements
responsables et cofondateur du SRI Monitor.
Ce concept fait des adeptes en ce qui concerne les
marchés émergents, remarque Bob Mann, directeur général
pour l’Amérique du Nord de Jantzi-Sustainalytics, firme
I
l serait bien malvenu de priver les nouveaux marchés
de recherche torontoise spécialisée dans les investisse-
des mêmes perspectives de croissance que celles qui
ments socialement responsables. « Nous avons le plaisir
ont alimenté les économies des pays développés, mais la
de constater que les entreprises s’efforcent de plus en plus
fulgurance de cette croissance n’est pas sans conséquence.
d’accroitre la transparence de leurs publications financières,
Dans les pires cas, les principes de gouvernance
dans les marchés émergents comme ailleurs, ajoute
d’entreprise sont transgressés, les ressources naturelles sont
M. Mann. La notion de placement éthique se répand dans
épuisées et un nombre alarmant d’ouvriers s’éreintent dans
plusieurs de ces pays dont le Brésil et la Corée du Sud. »
de mauvaises conditions pour un salaire de misère.
Dans quelle mesure ce type de croissance peut-il être
Combler les lacunes
durable ? Cette question pose un véritable dilemme à tous les
Néanmoins, ce marché qui en est encore à ses balbutie-
investisseurs, mais particulièrement à ceux qui ont à cœur le
ments comporte bien d’autres difficultés. D’entrée de jeu,
développement durable et les placements éthiques. « Si vous
l’entrave la plus importante est l’insuffisance de données.
envisagez investir sur les marchés émergents, il faut d’abord
« Il est extrêmement difficile d’obtenir une information
savoir que tous les placements participent plus ou moins
satisfaisante sur les sociétés de ces régions, confirme
directement aux marchés émergents, affirme Danyelle Guyatt,
M. Mann. Lorsqu’une firme comme la nôtre est consultée
qui dirige l’équipe de recherche sur les investissements
pour mettre au point un produit axé sur les marchés émer-
responsables pour la société de gestion de placements
gents, elle est confrontée à la rareté de renseignements
Mercer. D’ailleurs, l’indice mondial MSCI, souvent utilisé
fiables; sauf dans le cas des grandes multinationales, les
comme point de référence par les fonds communs de place-
publications financières laissent généralement à désirer. »
ment d’actions internationales, accorde actuellement une
pondération d’environ 12 % aux marchés émergents. »
« Si vous élucidez la question de la durabilité, vous gérez
« Notre priorité stratégique est de trouver la façon de
dénicher ces données, ajoute Mme Guyatt, dont les
bureaux sont sis à Londres. Les firmes de recherche ESG
par le fait même le risque inhérent à votre portefeuille,
ont la réputation de ne pas couvrir à fond les sociétés de
note-t-elle. Par conséquent, ne serait-ce que sur le plan de
marchés émergents, ce qui est le cas en réalité. »
la gestion du risque, vous avez intérêt à évaluer les place-
« Il faut dire que les paramètres de recherche utilisés par
ments selon les critères des répercussions environnemen-
des firmes comme Jantzi-Sustainalytics sont tout simple-
tale et sociale et de la gouvernance d’entreprise (ESG). »
ment inappropriés dans le cas des sociétés des marchés
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émergents, précise M. Mann. Les normes sociétales de
région, souligne M. Mann. Les fonds issus de ces pays se
ces pays sont radicalement différentes; lorsqu’ils analysent
distingueront probablement des autres, mais ceux en prov-
ces marchés, beaucoup de gens ont tendance, selon moi, à
enance d’Amérique du Nord et d’Europe seront indubitable-
exagérer leur capacité à cerner les éléments qui témoignent
ment dans la même veine que ce que nous connaissons. »
d’une entreprise digne de confiance, ou à reconnaître les
sources d’information dignes de foi. Si on s’attaque à ce
Choix des produits
genre de recherche, on ne peut pas se contenter de calquer
Du point de vue pratique, le moyen le plus simple de faire des
les modèles existants pour les marchés développés. »
placements éthiques sur les marchés émergents consiste à
Mme Guyatt abonde en ce sens : « la structure du capital
choisir parmi les multinationales à grande capitalisation, selon
social de ces entreprises nous est fondamentalement
M. Mann. « Nous sommes en terrain de connaissance avec
étrangère, et cette analyse exige de nous une démarche et
ces sociétés et elles mettent à notre disposition une informa-
un raisonnement inédits. »
tion plus consistante car elles sont souvent inscrites aux
Bourses des marchés développés. Les normes qu’elles
Progrès tangibles
appliquent sont beaucoup plus proches des nôtres. »
L’an dernier, Mercer et la Société financière internationale,
En revanche, on ne peut en dire autant des sociétés à
institution chargée des opérations avec le secteur privé qui
petite et moyenne capitalisation. « Leur cas est probléma-
fait partie du Groupe de la Banque mondiale, ont effectué
tique; à l’heure actuelle nous serions bien embarrassés de
une vaste étude sur les placements durables sur les
proposer un produit susceptible de répondre à la plupart
marchés émergents. En fonction des données recueillies
des exigences des placements éthiques », précise M. Mann.
auprès de 10 gestionnaires de placements mondiaux,
Cependant, la demande croissante en placements
l’étude constatait que l’actif des fonds de marchés
axés sur les marchés émergents a entraîné la création de
émergents qualifiés de placements durables représentait
nombreux fonds d’investissement responsable spécialisés,
quelque 50 milliards $US en 2008; si ce montant corre-
destinés aux investisseurs institutionnels. « La demande de
spond au quintuple de celui répertorié en 2003, il ne
nos clients institutionnels pour des placements dans les
constitue que 1,55 % du total des placements sur les
marchés émergents est assez importante, constate Chris-
marchés émergents.
tophe Vandewiele, qui dirige le Bureau de représentation
Encore plus intéressant, l’étude s’est penchée sur les
au Canada de Dexia Asset Management. Dexia offre un
placements durables effectués sur les marchés émergents
fonds de placement durable dans les marchés émergents
eux-mêmes (Inde, Chine, Brésil et Corée du Sud) et révèle
depuis 2008. Pour nous, cela va de soi, c’est la logique
qu’ils avaient atteint les 300 milliards $US en 2008.
même. Comment peut-on investir dans une société
Le rapport de l’étude note également que si on reconnaît
publique dont les dirigeants ne tiennent pas compte des
souvent aux gestionnaires d’actif des marchés développés
changements climatiques ou des règles de gouvernance
d’avoir une longueur d’avance en appliquant le critère ESG
d’entreprise, entre autres ? »
à leurs décisions de placement, les résultats de la recherche
Malgré la pondération croissante accordée aux marchés
démontrent que leurs collègues des marchés émergents
émergents, le fonds relativement nouveau de Dexia, dont
commencent à prendre les aspects ESG au sérieux.
les rendements sont appréciables, n’a pas particulièrement
Ce mouvement s’intensifiera sans doute, mais on ne
la cote au Canada. Selon M. Vandewiele, ce n’est qu’une
saurait s’attendre à ce que la situation du marché des
question de temps. « D’ici cinq ou dix ans, les placements
placements éthiques et ESG soit identique à celle des pays
durables seront peut-être devenus la norme. Les gens
développés. « Ce marché doit son origine en grande part aux
commencent à s’interroger, c’est un début; c’est un pas
normes culturelles, et elles divergent sérieusement selon la
dans la bonne voie. »
Marchés émergents : Ne ratez pas le bateau — Un supplément de Conseiller.ca 0 5 2
010 9
Marchés frontaliers : faut-il céder
à la tentation ?
vikram barhat, journaliste au Groupe Conseiller.
Ils sont plus prometteurs que
les marchés émergents, mais
sont-ils encore trop risqués ?
L
geront vers les pays les plus liquides. Le Nigeria, le Sri
Lanka et le Kenya lui semblent les meilleurs candidats à
cet égard. « En général, les marchés frontaliers les plus
susceptibles d’attirer les capitaux sont ceux qui offrent
des évaluations incontournables, affichent une robuste
es marchés frontaliers sont comme de jeunes
santé économique et financière et possèdent des so-
athlètes prometteurs : il faut les dépister tôt et suivre
ciétés capables d’assurer une croissance des bénéfices
leurs progrès. De fait, ces options de placement suscitent
un intérêt grandissant pour les gestionnaires et les
appréciables », déclare M. Eng.
Cependant, presque tous les observateurs consi-
investisseurs avant-gardistes en quête de nouveaux
dèrent que ce sont les marchés du MENA (Moyen-
débouchés.
Orient et Afrique du Nord) qui mèneront le bal. « Ces
Il n’existe pas de définition précise des marchés fron-
marchés-là sont les plus liquides et c’est vers eux
taliers, aussi dits d’avant poste. Ce sont des marchés
que la majorité des capitaux frontaliers seront dirigés,
de petite envergure, habituellement regroupés en tant
notamment dans les Émirats Arabes Unis, au Qatar, au
que sous-catégorie des marchés émergents et caracté-
Koweït et en Arabie Saoudite, affirme Phil Langham,
risés par les occasions de placement attrayantes qu’ils
chef de l’équipe Marchés émergents, RBC Gestion
offrent par rapport à celles des pays BRIC. Le fournis-
mondiale d’actifs. Le Nigeria est le seul marché fron-
seur d’indices new-yorkais MSCI Barra a classé dans
talier d’Afrique assez liquide pour y investir; ailleurs, la
cette catégorie 26 pays d’Asie, d’Europe de l’Est, du
liquidité est trop médiocre. »
Moyen-Orient et des Amériques.
Tandis que l’économie canadienne se remet d’une
Les atouts des marchés frontaliers
des récessions mondiales les plus dévastatrices de son
Andrea Nannini, gestionnaire du Fonds HSBC GIF
histoire, les investisseurs gagnent en audace. Les convoi-
Middle East North Africa (MENA), est du même avis.
tises se tournent vers des marchés frontaliers, exotiques
« Aujourd’hui, la région du MENA offre d’excellentes
et souvent non liquides. De plus, le ralentissement de la
occasions de placement. Son évolution démographique
croissance en Inde et en Chine incite les gestionnaires à
sous-tend sa croissance économique car il s’agit d’une
envisager les économies frontalières dans l’espoir d’y dé-
population jeune qui alimente la consommation. »
pister de futures poules aux œufs d’or. Pronostiquer quel
Toujours selon Mme Nannini, la hausse du prix des
sera le prochain marché à attirer les capitaux n’est pas
produits de base, les politiques gouvernementales proac-
simple. L’avis des experts varie selon la grille d’évaluation
tives et des dépenses en infrastructure considérables
ainsi que la compréhension et les opinions de chacun.
ajoutent à l’attrait de la région. « Les marchés frontaliers
Kevin Eng, analyste de portefeuille pour Russell
Investments à Toronto, affirme que les capitaux se diri-
sont les nouveaux marchés émergents, en particulier dans
la région du MENA, déclare Rayan Salam, gestionnaire de
Marchés émergents : Ne ratez pas le bateau — Un supplément de Conseiller.ca 0 5 2
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portefeuille à Algebra Capital à Dubaï, firme qui assure la
gestion du Fonds MENA Franklin Templeton, destiné aux
investisseur canadiens. »
Parmi les marchés frontaliers dans lesquels il pourrait investir, M. Salam compte les pays du Conseil de
Tous les observateurs considèrent
que ce sont les marchés du MENA
(Moyen-Orient et Afrique du Nord)
qui mèneront le bal.
coopération du Golfe (CCG), notamment les Émirats
Arabes, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar, Oman et
des marchés frontaliers et modère son optimisme avec
Bahreïn. En Afrique du Nord, l’Égypte, la Tunisie et le
des considérations bien pragmatiques. « Il faut placer
Maroc sont d’autres marchés potentiels. « Les capitaux
les choses en contexte. Depuis quelques années, les
afflueront dans la région du MENA compte tenu de son
capitaux dirigés vers les marchés frontaliers ont effec-
envergure par rapport aux autres marchés frontaliers et
tivement augmenté, mais ils étaient extrêmement rares
parce que ces économies disposent de surplus budgé-
à l’origine et ils ne représentent actuellement qu’un
taires substantiels. Ce sont des pays très prospères et
maigre pourcentage des capitaux investis dans les mar-
leur capacité de croissance et d’expansion est nette-
chés émergents en général. » Qui plus est, les apports
ment supérieure à celle des autres marchés frontaliers »,
de capitaux suivent habituellement la performance.
souligne M. Salam.
« Des capitaux considérables ont été placés dans les fonds
Pour quelles raisons exactement les marchés fron-
MENA en 2007 et début 2008, puis nous avons assisté à
taliers peuvent-ils avantageusement remplacer les
des retraits importants. Depuis, les apports de capitaux se
marchés émergents ? « Les raisons les plus souvent
sont stabilisés et n’augmentent pas. », ajoute-t-il.
évoquées : ils sont méconnus, peu en demande, sans
Relativement jeunes et sous-évalués, les marchés
corrélation avec les autres marchés mondiaux, la vola-
frontaliers n’ont pas été épargnés par les risques : vo-
tilité y est faible et ils affichent une bonne performance
latilité, inflation, instabilité politique et restrictions visant
historique », explique Phil Langham, chef de l’équipe
les investisseurs étrangers sont parmi les pires facteurs
Marchés émergents, RBC Gestion mondiale d’actifs.
baissiers inhérents à ce territoire. « Le degré de cor-
M. Eng avance des arguments plus techniques. « Ils
rélation avec les produits de base constitue un risque
apportent une bonne diversification à un portefeuille
certain, explique Mme Nannini. Il faut aussi tenir compte
existant. Ils sont une importante source d’alpha – négli-
du risque géopolitique, ainsi que de la transparence et
gés par les analystes de recherche et les investisseurs
des problèmes de gouvernance. » Elle ajoute que malgré
étrangers. Nombre de leurs sociétés sont sous-éva-
des progrès certains depuis quelques années, ces
luées. Leurs marchés boursiers sont sous-développés,
conditions demeurent inférieures à celles qui prévalent
avec de faibles ratios capitalisation boursière/PIB et ils
dans les marchés émergents plus évolués.
disposent de ressources non négligeables. Ce sont là
autant d’atouts pour les investisseurs. »
Autre facteur de poids, leur croissance est soutenue
Quant à M. Langham, c’est surtout la faible liquidité
qu’il trouve préoccupante. « Elle y est de loin inférieure
à celle des marchés émergents. Par ailleurs, la diver-
par leur situation démographique et l’essor potentiel
sification géographique est primordiale dans le cas de
des marchés du crédit et financiers. « De plus, l’intérêt
placements dans les marchés frontaliers afin de limiter le
des investisseurs envers ces marchés augmentera avec
risque – politique et économique – lié au pays. »
l’amélioration de leur liquidité », indique M. Eng.
Faisant allusion aux marchés largement tributaires
des produits de base et du pétrole comme ceux du
Ne vous emballez pas !
Moyen-Orient, il considère qu’une correction des cours
M. Langham met un bémol sur la kyrielle d’avantages
du brut constitue un autre risque.
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Et ce n’est pas tout : la montée de mouvements protectionnistes et de contrôle des capitaux, les politiques
fiscales ou monétaires inadéquates et les coûts d’investissement élevés allongent la liste des aléas à subir dans
l’espoir de meilleurs gains.
Un enthousiasme prudent
Ce qui nous amène à la question qui tue : les gains
sont-ils suffisants pour justifier ces risques accrus ?
L’opinion des spécialistes est positive mais leur
enthousiasme est teinté de mises en garde. « Les
rendements supérieurs découlent habituellement du
potentiel de croissance supérieur d’un pays, alors que
le risque élevé reflète son instabilité politique et économique, précise M. Eng. Les marchés frontaliers offrent
davantage de possibilités de gains que les marchés
développés, par exemple, mais l’augmentation des
perspectives de rendements est intrinsèquement liée à
un risque plus élevé. »
Il est aussi d’avis que la participation à des marchés
frontaliers est un atout de diversification pour un portefeuille, tout comme M. Langham qui rappelle qu’historiquement « les portefeuilles diversifiés parmi les marchés frontaliers ont affiché une volatilité restreinte; de
plus, excepté en période de crise grave, ces marchés
ont témoigné d’une faible corrélation avec les autres
catégories d’actif ».
M. Langham estime enfin qu’on aurait tort de présumer que les rendements seront forcément élevés. «
Je doute que ces marchés procurent dans l’ensemble
des occasions de placement aussi attrayantes que
celles des marchés émergents. Toutefois, de mon point
de vue, si l’idée d’investir dans les marchés frontaliers
s’impose, c’est qu’ils ne comportent pas un risque indu
dans le cadre d’un portefeuille diversifié. Ce qui serait
hasardeux, c’est de concentrer ses placements dans la
région du MENA. »
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Miser sur la consommation
émergente
La classe moyenne émergente fait grimper les titres
des produits de luxe à la mode.
Laura busch
V
ous croyez être rompus aux rouages des mar-
directement sur les marchés émergents », déclare
chés émergents? Si les secteurs des produits de
Phil Langham, premier gestionnaire de portefeuille et
base canadiens ont effectivement la réputation de don-
chef de l’équipe Marchés émergents, RBC Gestion
ner accès à moindre risque à la croissance exception-
mondiale d’actifs.
nelle des marchés émergents, il pourrait bien y avoir un
autre moyen.
À première vue, le moyen le plus direct d’entrer dans
Au cours de la dernière décennie, des millions de
personnes ont grossi les rangs de la classe moyenne,
entraînant une explosion de la consommation dans
la course est certainement d’investir dans des socié-
de puissantes économies comme la Chine et l’Inde.
tés des marchés émergents ou dans des fonds de
De la voiture de luxe aux yaourts français, l’appétit de
couverture axés sur ces marchés. Or, l’analyse macro-
cette nouvelle classe moyenne n’est jamais rassasié,
économique de la répercussion de ces marchés sur le
ce qui n’est pas sans rappeler certains comporte-
commerce mondial révèle d’autres possibilités.
ments occidentaux. « L’avènement d’une nouvelle
Selon une nouvelle étude stratégique, les ultimes
classe moyenne entraîne dans son sillage un tourbillon
bénéficiaires de la croissance des marchés émer-
d’émulation où chaque consommateur veut prouver
gents seraient non pas les pays en question, mais les
aux autres qu’il a réussi avant eux, explique le Dr Luke
sociétés et les marchés qui desservent leurs con-
Chan, vice-président associé, affaire internationales à
sommateurs. Autrement dit l’Europe, grâce à son ba-
la Degroote School of Business de l’université McMas-
taillon de marques de réputation mondiale. « À mon
ter. Pour ce faire, il arbore des accessoires haut de
avis, beaucoup de titres européens seront avantagés
gamme : sac à main Gucci ou Louis Vuitton, cravate
du fait que des investisseurs répugnent à investir
ou chemise griffées, ou bijoux hors de prix. »
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La consommation émergente
Le succès grandissant des marchés en développement
sur la scène mondiale avantage par la bande les
résidents de ces pays, sous forme d’une amélioration
des emplois et des revenus. « Selon la courbe en s, les
gens commencent à acheter des biens de consommation lorsque leur revenu annuel atteint 4 000 $US »,
La durabilité de la reprise
économique mondiale repose
davantage sur les consommateurs
des marchés émergents et en
développement que sur les
consommateurs américains.
indique Dominic Wallington, chef des placements, RBC
Asset Management UK Ltd.
Depuis quelques années, d’innombrables ouvriers
chinois ont franchi ce seuil de 4 000 $US. En 2007, le
salaire moyen en Chine était de 24 932 yuans (environ
3 550 $US). En 2008, il avait augmenté de 17 % pour
atteindre 29 229 yuans (environ 4 280 $US).
Ce changement serait survenu à point nommé : de
nombreux experts considèrent que, sans les consommateurs des marchés émergents, la crise financière
mondiale aurait été nettement plus grave. « Nous
sommes convaincus que la durabilité de la reprise
économique mondiale reposera davantage sur les
consommateurs des marchés émergents et en développement que sur les consommateurs américains,
affirme Serge Pépin, Directeur général, Placements de
particuliers BMO. Nous avons toujours compté sur le
marché de la consommation des États-Unis, mais il me
semble que le vent tourne. »
Malgré le fait qu’il ait « émergé » dans un contexte
d’incertitude financière mondiale, le consommateur des
pays en développement se comporte à peu de choses
près comme son cousin occidental. « C’est une culture
dynamique qui évolue rapidement et les cycles de remplacement sont très courts. Les consommateurs veulent
constamment de nouvelles choses, précise M. Wallington.
D’ailleurs, j’arrive de Hong Kong où j’ai eu l’occasion de
me promener dans quelques centres commerciaux et
c’était très édifiant. Bien que je sois gestionnaire d’un
fonds européen, j’ai été sidéré par la quantité de marques
européennes présentes sur les étalages, je pourrais même
dire qu’il n’y avait que des marques européennes. »
Cette prédilection des consommateurs envers tout
ce qui provient d’Europe tient moins aux goûts des
acheteurs qu’aux budgets publicitaires que les so-
ciétés consacrent à leurs produits, remarque le Dr
Chan. « Il ne s’agit pas d’un match Europe-Amérique
du Nord, mais plutôt de savoir combien d’argent
vous pouvez dépenser pour la mise en marché. Cette
tendance [d’acheter des produits de consommation
étrangers] se maintiendra tant que les produits locaux
ne rivaliseront pas en prestige, au point où les consommateurs penseront qu’ils sont aussi bons qu’un
produit d’importation ».
L’implantation de l’Europe
Il est fort possible que la popularité actuelle des
produits européens auprès des consommateurs des
économies en développement tienne simplement au
fait que ces marques y sont plus connues que les
marques canadiennes.
« En ce moment, je dirais que les fonds européens
accordent généralement une pondération supérieure
aux marchés émergents que les fonds du Canada,
note M. Wallington. Au Canada, je constate qu’on se
tourne relativement peu vers les marchés émergents.
Néanmoins, jusqu’à tout récemment le marché boursier canadien affichait une corrélation très étroite avec
les marchés émergents. »
« Les indices de remplacement que je connais – qui
sont composés d’indices de sociétés tributaires en
grande partie des marchés émergents – ont généralement surpassé les principaux marchés européens,
dit-il. Bon nombre de gestionnaires de fonds européens
doivent certainement le savoir et s’efforcent de profiter
des performances remarquables de ce genre d’indices. »
Une augmentation des budgets de publicité dans les
économies en développement donnerait sans doute
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Les placements dans les marchés
émergents présentent un bon
potentiel de rendement élevé.
Cependant, cette promesse
d’Eldorado a son prix : à rendement
élevé, risque élevé.
peuvent l’être tout autant. « Si vous désirez partici-
un bon coup de pouce aux exportations canadiennes
recte », explique M. Pépin.
qui leur sont destinées, mais l’Europe — et l’Amérique
per aux marchés émergents, le véritable moyen est
d’investir directement dans leurs titres plutôt que de
passer par l’intermédiaire de sociétés qui vendent
leurs produits dans les marchés émergents. Cette
démarche vous procure effectivement une certaine
diversification, mais vous n’obtiendrez pas tous les
mêmes avantages que procure une participation diÀ présent que la crise financière mondiale semble
dans une moindre mesure — dominent nettement
passée, estime M. Langham, la volatilité des mar-
le marché des produits de luxe. « Je pense que de
chés émergents s’apaise. « Les risques des marchés
nombreuses sociétés du Canada peuvent tirer profit de
émergents sont nettement inférieurs. À plusieurs
ce contexte, mais au chapitre des biens de consom-
égards, l’économie des marchés émergents est
mation, il est clair que les États-Unis et l’Europe sont
beaucoup plus saine que celle de la plupart des
avantagés. Nos sociétés exercent des activités dif-
marchés développés. »
férentes, déclare M. Pépin. Nous sommes plutôt une
économie de matières premières. »
Risqués ou pas, les marchés émergents sont trop
alléchants pour être totalement écartés. « Les valorisations sont très intéressantes dans les marchés
Directs ou indirects, telle est la question…
émergents, conclut M. Langham. Les titres se négo-
Il est admis que les placements dans les marchés
cient à 10,7 fois les bénéfices de 2011, par rapport
émergents ont un potentiel de rendement élevé.
à une moyenne à long terme de 13 fois. Les sociétés
Cependant, cette promesse d’Eldorado a son prix.
se sont améliorées. Au cours de la majeure partie de
« À rendement élevé, risque élevé, affirme le Dr Chan.
la dernière décennie, le rendement des actions des
Sur ces marchés, choisir un titre ou une société
marchés émergents a surpassé celui des titres du
en particulier, par opposition à un marché dans
monde développé. »
l’ensemble, sont deux démarches totalement différentes. La volatilité et les fluctuations sont le propre de
tous les marchés émergents. »
Le Dr Chan est d’avis qu’un des principaux avantages de faire des placements directement liés à
la consommation dans les marchés émergents est
d’éviter une grande part de la confusion souvent
associée aux placements étrangers. « Vous êtes au
moins capable de comprendre l’information de l’état
des résultats. Et vous savez dans quelle mesure ils
sont diversifiés. Cela vous aide à décider d’investir ou
non dans ces marchés émergents. »
Cependant, cette stratégie n’est pas équivalente
aux placements dans les marchés émergents euxmêmes, car si le risque est moindre, les rendements
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