HELLP syndrome Diagnostic et prise en charge

Transcription

HELLP syndrome Diagnostic et prise en charge
HELLP syndrome
Diagnostic et prise en
charge
DESC Réanimation médicale
Toulouse juin 2009
Caroline SAMIER
Définition
z
Décrit par Weinstein en 1982 sur 29 patientes, le
distinguant de la pré-éclampsie.
z
Syndrome biologique associant :
Hémolyse
Cytolyse hépatique
Thrombopénie
z
Traduction d’une micro-angiopathie disséminée résultant
d’une maladie placentaire.
Définition
z
Critères diagnostiques de Sibaï, définis en 1990
z
Hémolyse :
¾ Présence de schizocytes
¾ Bilirubine totale > 12 mg/L
¾ LDH > 600 UI/L
z
Cytolyse hépatique : avec ASAT > 70 UI/L
z
Thrombopénie : plaquettes < 100 000/mm³.
Epidémiologie
z
Concerne entre 0,5 et 0,9 % des grossesses et 10 à 20 %
des cas de pré-éclampsie sévère.
z
70 % des HELLP surviennent avant l’accouchement avec un
pic entre 27 SA et 37 SA :
¾ 10 % avant 27 SA.
¾ 20 % après 37 SA
z
Peut survenir dans les 48H du post-partum en présence
d’HTA et de protéinurie.
Haram BMC Pregnancy and Childbirth 2009
Diagnostic clinique
z
Signes cliniques variables et non spécifiques
z
Malaise ou syndrome pseudo-grippal dans des jours
précédents
z
Signes de pré-éclampsie dans 85 à 90% des HELLP : HTA,
protéinurie, céphalées, troubles visuels.
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité 2008
Diagnostic clinique
z
Tableau digestif au premier plan dans 30 à 90% des cas :
¾ Nausées et vomissements non spécifiques
¾ Douleur épigastrique en barre ou de l’HCD (signe du Chaussier)
traduisant l’obstruction des sinusoïdes hépatiques.
¾ Une douleur intense doit faire rechercher une rupture du foie.
¾ Ictère rare < 5% des cas
z
A évoquer en cas de tableau digestif du IInd trimestre.
Signes biologiques
z
Evolution rapide => surveillance rapprochée. La triade
biologique peut se compléter secondairement.
z
Hémolyse mécanique périphérique :
¾
¾
¾
¾
Présence de schizocytes au frottis
Chute de l’hématocrite et rarement de l’hémoglobine
Haptoglobine effondrée et augmentation des LDH
Augmentation de la bilirubine totale
z
Cytolyse hépatique modérée : à 3N
z
Thrombopénie : chute de 35 à 50% par jour
¾ Apparaît dans les 24 à 48h
¾ Réascension dans les 6 à 8 jours > 100 000 dans 85 à 90% cas.
z
Bilan d’hémostase : normal en absence de CIVD (8 à 20%)
Signes de gravité
Classe 1 : plaquettes < 50 000/mm³
z Classe 2 : plaquettes entre 50 000 et 100 000/mm³
z Classe 3 : plaquettes entre 100 000 et 150 000
z
Martin Am J Obstet Gynecol 1999
Complications hépatiques
z
Complications propres au HELLP : 1% des cas
Douleur intense de l’HCD.
z En cas de douleur abdominale, une anomalie hépatique à
l’imagerie est retrouvée dans 45% des cas : hématome souscapsulaire ou hématome intra-parenchymateux..
z
z
Rupture hépatique compliquant l’hématome sous capsulaire :
choc hémorragique nécessitant une laparotomie en urgence
pour packing ou ligature du pédicule ou transplantation ou
embolisation des A hépatiques.
Autres complications maternelles
z
Corrélation significative entre la classification de Mississipi
et le risque de complications.
z
40 % de complications sévères au cours du HELLP alors que
10% en cas de pré-éclampsie sévère.
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité 2008
Diagnostics différentiels
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité 2008
Mortalité maternelle
Isler Am J Obstet Gynecol 1999
z
Varie de 1% à 30% selon les études.
z
Les formes incomplètes ont un meilleur pronostic.
z
51 % des décès surviennent dans un contexte de retard
diagnostic.
Morbi-mortalité périnatales
z
Lié à la sévérité de la pré-éclampsie et à l’âge gestationnel.
z
Pas d’aggravation du pronostic en cas de HELLP syndrome
z
Mortalité : 7 à 20 %
Martin Am J Obstet Gynecol 1999
¾ 20 % si survenue du HELLP avant 28 SA
¾ Associée à un RCIU ou un hématome rétro-placentaire.
z
RCIU : 20 à 30 %
Attitude thérapeutique
z
Attitude agressive ou conservatrice :
¾ Evolution naturelle du HELLP : dégradation rapide et brutale
des paramètres clinico-biologiques
Sibaï Am J Obstet Gynecol 2004
¾ A discuter en fonction du terme
z
Quel que soit le terme : extraction en urgence en cas de :
¾
¾
¾
¾
¾
¾
Eclampsie
Insuffisance rénale aiguë
Hématome rétro-placentaire
CIVD
Hémorragie hépatique
Altération du RCF
Prise en charge
z
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité 2008
z
Après 34 SA : naissance immédiate à envisager : pas de
bénéfice materno-fœtal à prolonger la grossesse.
z
Avant 34 SA :
¾ Risque de prématurité sévère induite
¾ Corticothérapie pour maturation pulmonaire fœtale et
extraction dans les 24h à 48h.
z
Avant 28 SA :
¾ Attitude attentiste pour améliorer le pronostic néo-natal.
¾ Le pronostic maternel rejoint celui de la pré-éclampsie sévère.
Bénéfices des corticoïdes
z
Indiqués pour la maturation pulmonaire foetale : 48h avant
l’extraction
¾ Bétaméthasone : 12mg IM x 2 à 24h d’intervalle
¾ Intérêt : passage trans-placentaire et faible action minéralo-
corticoïde.
z
Certains auteurs ont noté que une amélioration des
paramètres biologiques maternels (Essais de faible
puissance)
Dreyfus Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 1999
Matchaba Cochrane database 2004
z
Hypothèse sur le mode d’action : microangiopathie
généralisée comparable à une réaction inflammatoire
systémique avec exacerbation des phénomènes proinflammatoires.
Intérêt des corticoïdes
z
Mais… études randomisées en double aveugle :
¾ Pas de différence dans la durée d’hospitalisation
¾ Pas de différence dans la normalisation des paramètres
biologiques
¾ Pas de différence pour les complications maternelles.
Katz Am J Obstet Gynecol 2008
Fonseca Am J Obstet Gynecol 2005
Place des corticoïdes
z
z
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité
2008
Avant l’accouchement : Non recommandés
¾ Oui pour la maturation pulmonaire fœtale
¾ Pas de preuve de bénéfice maternel, même à fortes doses
¾ Utiliser des corticoïdes passant la barrière hémato-placentaire
z
Après l’accouchement :
Katz Am J Obstet Gynecol 2008
¾ Pas de bénéfice retrouvé en post-partum
¾ Données actuellement insuffisantes pour les recommander de
manière systématique en post-partum
Traitement anti-hypertenseur
z
Indication :
¾ si Pas > 160mmHg et/ou Pad > 110mmHg
¾ Prévention des à-coups tensionnels responsables d’insuffisance
cardiaque, d’AVC, d’HRP, d’encéphalopathie hypertensive
z
En évitant chute trop brutale du débit utéro-placentaire.
z
Molécules utilisables :
¾ Nicardipine
¾ Trandate
Prévention de l’éclampsie
z
Recommandée de manière systématique par Sibaï
Sibaï Obstet Gynecol 2003
¾ Prévalence élevée de cette complication en cas de HELLP : 10%
¾ jusqu’à 24h après l’accouchement.
z
Point de vue d’experts Gynécologie, obstétrique et fertilité
2008 :
¾ En cas de signes prédictifs de crise d’éclampsie : ROT vifs,
céphalées, troubles visuels
Transfusion
z
Transfusion plaquettaire :
¾ En cas de syndrome hémorragique et de thrombopénie sévère
¾ Transfusions itératives illusoires du fait de la consommation
plaquettaire et dangereuse au niveau du risque thrombotique.
¾ Au moment de l’accouchement : diminution du risque
hémorragique per-opératoire
z
Transfusion globulaire : si anémie sévère liée à l’hémolyse ou
à un syndrome hémorragique.
z
Correction associée des troubles de l’hémostase.
Mode d’accouchement
z
Pas de césarienne systématique
z
Décision en fonction de :
¾ Terme de la grossesse
¾ Bien-être materno-fœtal
¾ Conditions cervicales
AVB envisageable si terme > 30SA et col favorable.
z Thrombopénie < 50 000 n’est pas une contre-indication
z
z
Césarienne indiquée si RCIU, oligoamnios sévère, col non
déclenchable
Prise en charge anesthésique
z
Selon les recommandations de la SFAR sur les blocs périmédullaires:
¾ thrombopénie < 75 000 est une contre-indication à l’ALR du fait
du risque d’hématome péri-médullaire
¾ AG est donc à discuter au cas par cas
z
Intérêt de bolus de corticoïdes pour augmenter le taux de
plaquettes en cours d’évaluation afin de réaliser une ALR :
(PHRC en cours à Poitiers)
Risques à long terme
z
Correction des anomalies clinico-biologiques en une semaine.
Si persistance des signes : réévaluer le diagnostic
z
Dans 50% des cas, persistance de l’HTA pendant > 1 semaine
z
Risque de récurrence : dépend de l’âge, des caractéristiques
ethniques, des facteurs de risque CV
¾ 3 à 19% en cas de HELLP
¾ 16 à 52 % en cas de pré-éclampsie.
¾ 61 % de récurrence en cas de HELLP < 32 SA.
z
Pas de contre-indication à la contraception oestroprogestative
Conclusion
z
Diagnostic à évoquer facilement
z
Morbi-mortalité materno-fœtale importante
z
Attitude thérapeutique à discuter au cas par cas
z
Intérêt des corticoïdes non démontré.

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