2015 © Les Entretiens de Bichat, Tou roduction même partielle est
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o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T es ti nt er di te . Orthophonie lle Dysphagies neurogériatriques : du bon sens au sens pratique m êm e pa rti e Les Entretiens d’Orthophonie 2015 uc tio n P. Pénigault*, V. Ruglio** pr od * Orthophoniste libéral, Paris (75) re ** Orthophoniste, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris (75), Service de Gériatrie et Equipe jet de soins orthophonique s’attachera à une approche simple et pratique, et faisant bien sûr appel aux sens du patient, mais aussi au bon sens de tous les intervenants, aidants professionnels et familiaux. RÉSUMÉ ns MOTS-CLÉS te di re te -T ou rv és se ré ts oi dr s To u t, ch a Bi de ns tie tre En s Studies are to be developed on the evolution of sensory abilities with age and under common geriatric neurological diseases. Measurement and management of visual and auditory skills is common for patients still living at home or in geriatric institutions; however, the assessment of olfactory-gustatory abilities remains nowadays reserved for very specialized or research activities. During speech therapy intervention for dysphagia in the elderly, sensory abilities 15 © Le er nt ti es le el rti êm pr od uc tio n m Results of research on dysphagia in the elderly give us some courses of action already implemented by speech therapists in the field: we know some tactile, thermal, and tasty stimulations make swallowing easier. Mais les études portant sur l’évolution des capacités sensorielles avec l’âge et dans le cadre de pathologiques neurologiques fréquentes en gériatrie sont à développer afin d’adapter spécifiquement la prise en charge. La prise en charge dans ce domaine étant pluriprofessionnelle et globalisante, le pro- pa ABSTRACT Certaines pistes d’action sont déjà exploitées par l’orthophoniste sur le terrain : on sait que certaines stimulations tactiles, thermiques, et gustatives permettant de faciliter la déglutition. Lors de l’intervention orthophonique auprès des sujets âgés dysphagiques, les sens et leurs éventuelles déficiences sont donc à considérer avec attention, dans ce qu’ils impliquent en termes diagnostiques et thérapeutiques. . Dysphagies, déglutition, sensorialité, gériatrie, démence, neurogériatrie, sens pratique 20 20 m e 20 15 © Le s En tre tie La déglutition est une fonction complexe où la sensorialité est indispensable. Les afférences visuelles, auditives, tactiles, proprioceptives, olfactives et gustatives participent toutes à la qualité de réalisation du geste de déglutition. Les recherches fondamentales et cliniques menées sur l’ensemble de la population et sur l’ensemble des fonctions motrices et sensorielles doivent aujourd’hui être prises en compte pour enrichir l’intervention orthophonique auprès de la personne âgée. e de Bi ch at ,T ou s dr oi ts ré se rv és -T ou te Mobile Gériatrique Externe - Pr Olivier Saint Jean - [email protected] © Les Entretiens de Bichat 2015 - 1 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie m êm e pa rti e sables à son bon déroulement, ainsi qu’à un contrôle neurologique complexe. n and their possible impairments are carefully considered in their diagnostic and therapeutic implications. se rv és -T ou te re pr od uc tio As management in this area is multi-professional and comprehensive, the speech therapist’s project will focus on a simple and practical approach, and will of course involve the patient’s senses, but also use good common sense of all stakeholders, professional caregivers and family. Pourtant difficiles à évaluer, les fonctions sensorielles doivent être prises en compte dans l’intervention orthophonique de la personne âgée. Cette prise en charge doit s’enrichir des apports de la recherche menée à la fois dans les processus normaux et pathologiques sur l’ensemble de la population. ts ré De la recherche… tre tie ns de Bi 20 15 © Le s En La déglutition, fonction essentielle à la survie de l’individu, fait appel à un grand nombre d’organes moteurs et sensoriels indispen- 2 - © Les Entretiens de Bichat 2015 nt ti es le el rti pa e êm m s dr oi ts ré se rv és -T ou te re pr od uc tio n La Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) a adopté en 2011 la définition suivante de la fragilité : « La fragilité est un syndrome clinique. Il reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux. Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque de mortalité et d’événements péjoratifs, notamment d’incapacités, de chutes, d’hospitalisation et d’entrée en institution. L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais n’explique pas à lui seul ce syndrome. La prise en charge des déterminants de la fragilité peut réduire ou retarder ses conséquences. Ainsi, la fragilité s’inscri- To u t, ch a En pratique gériatrique, il est habituel de considérer que l’âge seul n’est responsable que d’une diminution des capacités d’adaptation des fonctions ou des organes sénescents et n’a donc pas, à l’état de base, d’expression clinique particulière. Ainsi, l’âge est un processus avant tout chronologique et rien n’est plus arbitraire que de définir un seuil à partir duquel une personne puisse être définie comme âgée. Cependant, malgré une grande variabilité interindividuelle, l’avancée en âge s’accompagne souvent d’une fragilité ainsi que de modifications sélectives de fonctions organiques ou psychiques. C’est pourquoi le concept de fragilité est essentiel en gériatrie pour évoquer la santé des personnes âgées. Les troubles de la déglutition, fréquents chez les personnes âgées, sont largement impliqués dans l’apparition et la persistance de ces états de fragilité, par leurs conséquences majeures : la dénutrition, la déshydratation et la pneumopathie d’inhalation (Cornette et al, 2004). . En 2004, menant une recherche sur 1313 personnes de 65 ans et plus vivant dans une même communauté urbaine, Kawashima et al. retrouvent une prévalence des troubles de la déglutition à 13,8 %, sans préjuger de son étiologie. En outre, en institution et dans les unités de soins prolongés, la prévalence des troubles de la déglutition se révèle concerner 30 % des sujets en Europe après 75 ans (Woisard, 2003). te Introduction di dr s ,T ou 20 m e 20 15 © Le s En tre tie ns de Bi ch at Dysphagia, swallowing, sensoriality, geriatrics, dementia, neurogeriatrics, senses, practical er oi Le processus de vieillissement est complexe et multifactoriel. Mais il est avant tout physiologique et il convient de faire la distinction entre une modification normale des fonctions et leur altération pathologique. En effet, si l’avancée en âge modifie un certain nombre de tissus et de fonctions, ce sont essentiellement les pathologies multiples auxquelles le sujet est confronté qui sont la cause de la perturbation de ces fonctions. KEYWORDS o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm m n tio se rv és -T ou te re pr od uc s dr oi ts ré Dans le cas des troubles de la déglutition, ce sont la qualité de vie et la vie même du patient qui sont mises en jeu. ,T ou Les perturbations sensorielles sont volontiers ignorées chez la personne âgée et il faut savoir les rechercher devant toute perte d’appétit ou troubles de la déglutition. On a en effet trop souvent tendance à imputer au seul vieillissement une anomalie des fonctions olfactives ou gustatives entraînant une anorexie. de Bi ch at Rôle des afférences sensorielles dans la déglutition et vieillissement Les informations visuelles, olfactives, gustatives et proprioceptives influent sur le volume du bolus mis en bouche, sur la manipulation de l’aliment par les joues, les lèvres, la langue. Elles détermineront également vers quel type de dents orienter les solides et quelle sera la force de la mastication nécessaire à leur découpage et leur broyage. Ces afférences sensorielles permettront aussi l’adaptation de l’insalivation, et joueront sur les mécanismes de protection des voies aériennes, sur la force des péristaltismes pharyngé et œsophagien… m êm e pa rti el le ns tie tre En s Le © 15 te di er nt es La prévalence des troubles visuels augmente avec l’âge pour atteindre plus de 60 pour cent des sujets âgés de plus de 60 ans. Outre la presbytie liée à l’âge, quatre grands problèmes voient leur incidence augmenter avec l’âge : la cataracte, la dégénérescence maculaire, la rétinopathie diabétique et le glaucome (Pepersack, 2004). . La déficience visuelle Bi ch a t, To u s dr oi ts ré se rv és -T ou te re pr od uc tio n Or, le plaisir alimentaire fait appel au sens de la vue. Dans les restaurants étoilés, le dressage est un art et fait partie intégrante de l’appréciation du plat. Il stimule la curiosité gustative, l’appétit, la salivation, et engage à initier le repas. De même, la vue des aliments permet d’en repérer en amont leur nature (viande, poisson, légume…), leur texture et préparation (en morceaux, en purée, taillés en julienne ou brunoise…) ou leur éventuelles difficultés de préparations en bouche (feuilles entières, spaghettis…). de Le vieillissement entraîne des modifications des afférences sensorielles, sur toutes leurs modalités. Outre la vue et l’audition, les perturbations du goût et de l’odorat entraînent des modifications importantes de détection des saveurs à partir de 50 ans et du plaisir perçu au cours de l’acte alimentaire. Il en résulte des changements du comportement alimentaire et une diminution de consommation, d’autant plus dangereuse qu’elle s’installe de façon progressive et non perçue, et qu’elle est, le plus souvent, niée par la personne âgée concernée. Ceci pourrait expliquer une moins grande variation des menus dans le régime alimentaire des sujets de plus de 60 ans (Ferry, 2012). L’altération des fonctions sensorielles La déficience visuelle s’accompagne fréquemment d’une dépression qui chez le sujet âgé se manifeste précocement par un refus alimentaire. Des recommandations existent pour la préparation des repas de patients atteints de déficience visuelle. 20 20 m e 20 15 © Le s En tre tie ns La déglutition est un mécanisme complexe, faisant intervenir la coordination d’une grande variété de stimuli sensoriels, proprioceptifs et de réactions motrices. ti Il est utile de rappeler que le patient gériatrique ne se définit pas exclusivement par son âge ; on peut le décrire aujourd’hui comme un patient généralement âgé de plus de 75 ans, polypathologique et présentant un risque de perte d’autonomie, d’aggravation de dépendance fonctionnelle et/ou d’entrée en institution (Ruglio, 2013). Les notions de sensorialité et de plaisir perçu peuvent également être évoquées dans les causes psychosociales et psychoaffectives du refus alimentaire de la personne âgée. S’alimenter est un acte essentiel dans le maintien de la vie. Le refus alimentaire peut être à la fois une ultime volonté de contrôle de sa propre vie, d’affirmer son choix, sa liberté, donc son existence. Il peut être également le signe d’une dépression, de la perte du plaisir de vivre qui peut être due à la perte des plaisirs de la vie, souvent liés aux afférences des organes des sens. rti e rait dans un processus potentiellement réversible » (Rolland et al., 2011). © Les Entretiens de Bichat 2015 - 3 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa el le es pa rti Les déficits de l’olfaction liés à cette pathologie semblent être à la fois de nature cognitive (c’est-à-dire porter sur l’identification, la familiarité) et perceptive (seuils de détection). od uc La déficience gustative te re pr Souvent insidieuse, la perturbation du sens gustatif, ou dysgueusie est sans doute un des facteurs principaux de la perte d’intérêt de la personne âgée pour son alimentation. rv és -T ou La perte de la perception des odeurs ou dysosmie est une des manifestations les plus fréquemment décrites par les patients âgés présentant une perte d’appétit. s dr oi ts ré se Le seuil de détection des quatre sensations de base du goût est augmenté (hypogueusie). Cette modification affecte par ordre croissant : le sucré, l’acide, l’amer et surtout le salé (aucune étude n’a encore été publiée sur une diminution de perception chez l’homme de l’umami, qui est la capacité de reconnaissance du glutamate). Elle est encore plus importante pour les saveurs complexes. Ainsi, le sujet âgé a généralement une appétence relative pour le sucré et un rejet relatif pour le salé (Ferry, 2012). To u t, ch a Bi de ns tie tre En s Le © 15 20 tio n m êm e Les patients présentant une diminution ou une perte de la fonction olfactive peuvent se plaindre d’avoir perdu le goût et l’odorat. En réalité, c’est parfois seulement l’odorat qu’ils ont perdu. 4 - © Les Entretiens de Bichat 2015 . ti nt La majeure partie de l’information chimique constituant une saveur provient de l’olfaction et non pas de la gustation. L’odeur des aliments est perçue avant la préhension du bolus par voie nasale, et tout au long de sa préparation en bouche par voie rétronasale. te tre En s Le © 15 20 e m 20 La déficience olfactive di tie ns de À titre d’exemple, on peut citer le travail de Hummel (Hummel et al, 2005) qui a montré, après confirmation du diagnostic post mortem de la pathologie sur 110 sujets, que 84 % d’entre eux présentaient de leur vivant de tels troubles olfactifs (100 % pour les cas sévères) contre 10 % dans une population témoin. En ce qui concerne la précocité de l’apparition de troubles olfactifs, il semble que ceux-ci apparaissent de 18 à 24 mois avant les troubles du comportement, ce qui devrait permettre un diagnostic précoce. er Bi ch at ,T ou s dr oi ts ré se rv és Le grand intérêt suscité par les tests olfactifs dans la détection de la maladie d’Alzheimer vient de deux observations. D’une part le pourcentage de déficits olfactifs liés à la pathologie est très élevé et d’autre part ces symptômes apparaissent très tôt avant l’apparition des autres symptômes cognitifs ou comportementaux (Bianchi et al, 2015). Le bruit provenant de la préparation ou de la mastication (mijoter, croustiller etc.) participe également au plaisir alimentaire et à la salivation. La diminution du seuil de perception des odeurs commence vers 20 ans et se poursuit de manière continue au cours de la vie chez l’homme alors qu’elle ne commence que vers 40-50 ans chez la femme et s’accélère rapidement chez tous à partir de 60 ans. Elle commence plus tôt pour les odeurs volatiles que pour les odeurs alimentaires et elle aboutit à une anosmie totale chez 10 à 15 % des personnes de 80 ans. Cela peut mettre en danger la personne âgée : par exemple, entraîner la non-perception d’odeurs de gaz ou de brûlé. De même, la stimulation olfactive de l’appétit est moins grande, avec pour conséquence une diminution progressive de ce dernier (Ferry, 2012), une salivation moins importante ainsi que la perte de plaisir à l’alimentation. e êm -T ou te re pr od uc tio n m La prévalence des troubles auditifs augmente avec l’âge (> 50 % des sujets après 60 ans, > 65 % après 60-79 ans, 81 % après 80 ans). La surdité marque profondément la vie des personnes âgées. La capacité de communiquer détermine l’autonomie, l’indépendance, le bien-être social. La présence de troubles auditifs altère les fonctions cognitives, émotionnelles, sociales, et physiques. Le port d’un amplificateur améliore ces fonctions. Le dépistage de troubles auditifs est souvent négligé. Pourtant il devrait être fait de manière systématique. L’impact des troubles auditifs sur la qualité de vie est probable parce qu’ils limitent la dimension conviviale du partage d’un repas (Pepersack, 2004). rti e La déficience auditive o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T rti e Les facteurs locaux pa e êm -T ou te re Il existe parfois des distorsions du goût : le goût rance des graisses n’est pas perçu (Ferry, 2012). és Les autres facteurs pathologiques rv • chirurgie (ORL), affections ORL chroniques (sinusites, pharyngites, etc.), mycoses digestives, ré se dr oi ts Le toucher est le premier sens à apparaître dès la naissance et sa perception est ressentie jusqu'à la fin de la vie. Forme de communication non verbale, il participe à signaler notre présence à l'autre. Le toucher porte sur plusieurs caractéristiques : le contact, la pression, la température et la douleur (MalaquinPavan, 2005). Peu d’altérations sont décrites dans le processus normal de vieillissement, mais il peut y avoir des modifications dans la détection des seuils de douleur ou de température, ainsi qu’une sensation d’engourdissement, rendant moins sensible la détection et la manipulation de petits objets. de Bi ch at ,T ou s • hypothyroïdie, affection virale (influenzalike) ; tous les cancers (taste aversion); insuffisance rénale chronique. L’altération des récepteurs cellulaire, En tre tie ns • hyposialie chronique par syndrome de Gougerot-Sjögren ou médicaments. od uc tio n m êm e pa rti el le -T ou te re pr Les facteurs exogènes de pertes sensorielles Les facteurs iatrogènes ts ré se rv és La liste des médicaments ayant une influence sur les perceptions sensorielles est très longue. Il est essentiel devant toute agueusie, anorexie et/ou dénutrition de vérifier les thérapeutiques du patient. Certains médicaments, comme les antibiotiques ou les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, peuvent agir sur le goût lui-même. Ils peuvent également diminuer le goût par le biais d’une baisse de la sécrétion salivaire, la salive étant nécessaire pour imbiber l’aliment et solubiliser les molécules porteuses des qualités gustatives. C’est le cas des psychotropes et des traitements To u s dr oi Les facteurs endogènes de pertes sensorielles 15 © Le s En tre tie ns de Bi ch a t, Les facteurs neurologiques Toute lésion d’un nerf crânien (V, VII, IX ou X), traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral, tumeur cérébrale, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, épilepsie auront un potentiel effet sur les perceptions sensorielles ou leur traitement cognitif. . te di er es Le toucher ne se limite pas à la peau, et la langue est un excellent organe d’information tactile. Une altération de ce sens entraînera donc une modification de la perception de la température des aliments, un défaut dans la manipulation du bolus et des anomalies dans la perception des textures, d’où une inadéquation du mécanisme de mastication et un mauvais ajustement du péristaltisme pharyngé. La présentation de boissons gazeuses, le chaud ou le froid pourront en revanche stimuler la fonction tactile de la langue. nt Il est à noter que même débutante, la déshydratation est toujours une cause de perte de goût et l’odorat diminue dès la phase très précoce de la maladie d’Alzheimer (évoquée par le diagnostic). La perturbation du goût et de l’odorat est présente lors de l’évolution de la maladie et participe aux perturbations nutritionnelles (Hummel et al, 2005). 20 20 m e 20 15 © Le s Tous ces éléments ne sont pas particuliers au vieillissement mais sont plus fréquemment observés chez les sujets âgés, du fait de la fréquence des maladies et de l’emploi des médicaments qu’elles génèrent. ti Diminution du sens tactile Ce sont l’ensemble des lésions ou élément pouvant altérer la muqueuse buccale : brûlures, irradiations, produits chimiques contenus dans certains dentifrices et produits antiseptiques pour bains de bouche (hexétidine et laurylsulfate de sodium) ; les mycoses buccales. m n tio pr od uc La capacité discriminative diminue ; cette diminution s’observe surtout pour les mélanges qui contiennent les saveurs les plus touchées, notamment le salé, ce qui explique le caractère très anorexigène des régimes hyposodés en gériatrie. lle es ti nt er di te . Orthophonie © Les Entretiens de Bichat 2015 - 5 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm tio n m Outre les modifications sensorielles, les produits pharmaceutiques peuvent avoir un effet sur le traitement central des afférences sensorielles, et provoquer des distorsions du goût et des odeurs. Enfin, ils peuvent avoir un effet important sur l’état de vigilance et le mécanisme de déglutition. (Ferry, 2012). tion, que l’étiologie ait été découverte ou non (Ferry, 2012) : rti e anticholinergiques. Un tiers de la pharmacopée est susceptible de modifier le goût. • Inciter à boire suffisamment. Une bonne hydratation est indispensable ; -T ou te re pr od uc • mastiquer longuement les aliments. Ne pas presser la phase buccale, cela permet de « ressentir » la palatabilité des aliments ; és • stimuler la sécrétion salivaire par des aliments sapides, aux saveurs travaillées, avec additifs si nécessaire ; dans certains cas rebelles, on peut proposer un stimulateur artificiel de la sécrétion salivaire ; se rv Les facteurs nutritionnels ,T ou s dr oi ts ré D’autres facteurs liés à l’alimentation ellemême du patient, ou à ses carences, sont susceptibles de modifier la perception sensorielle, notamment au niveau du goût et de l’odorat. La déshydratation est responsable d’une sécheresse de la bouche et donc d’une hyposialie. La malnutrition ralentit le renouvellement cellulaire des bourgeons du goût. Des déficits en vitamine B3 et en zinc, la cirrhose et plus généralement la présence d’une intoxication alcoolique sont également des perturbateurs sensoriels. tie ns de Bi ch at • au niveau social, inciter le patient à ressentir les saveurs présentes, stimuler son analyse des perceptions sensorielles. t, To u s dr oi ts ré se • le principe d’autonomie : chaque personne a le droit de prendre les décisions qui la concerne, notamment l’acceptation ou le refus de soins, sous réserve d’une information bien comprise et acceptée ; ch a Bi de ns tie tre En s Le © 15 6 - © Les Entretiens de Bichat 2015 . te di nt ti es rv és -T ou te re pr od uc tio n m êm e pa rti el le Traitement Il n’existe pas de traitement standard des troubles du goût puisqu’ils restent fonction de l’étiologie. Il faut en premier lieu s’assurer que la dysgueusie n’est pas liée à la prise d’un traitement. Si ce dernier n’est pas indispensable, il peut être interrompu. L’arrêt des médicaments est plus délicat dans le cas de certains antibiotiques ou certains psychotropes qui diminuent la sécrétion salivaire par leur effet anticholinergique. Le traitement de la cause, quand elle peut être déterminée, apporte une récupération. C’est par exemple le traitement des carences rares en vitamine B3 et oligoéléments, comme le zinc, mais aussi la correction de troubles fréquents comme la malnutrition ou la déshydratation, voire les soins d’hygiène buccale et l’entretien des prothèses dentaires. Le retour à une perception normale des goûts peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Les « petits moyens » peuvent améliorer la situa- er Il est parfois difficile de faire la différence entre les troubles dysphagiques ci-dessus et le refus alimentaire qui peut amener le patient âgé à refuser toute nourriture. Ce refus est parfois le signe d’un syndrome dépressif, ou l’expression par le sujet de sa liberté, parfois ultime liberté, d’avoir un contrôle sur sa vie. Ce refus alimentaire, souvent observé dans l’évolution des démences, est un casse tête éthique pour l’entourage et pour les soignants. La loi Léonetti considère que personne ne peut contraindre une personne à être soignée contre son gré. C’est pourquoi la Société française de soins palliatifs et Société française de gériatrie et gérontologie ont retenu un certain nombre de principes à respecter devant tout refus de soin : Bien que n’étant pas un élément nutritionnel, la consommation de tabac est à évoquer comme un grand destructeur de sensations gustatives et olfactives. 20 20 m e 20 15 © Le s En tre Le refus alimentaire neurogériatrique • le principe de bienfaisance et de non-malfaisance : les soins prodigués ont pour but le bien du patient et que le soignant doit s’abstenir de nuire ; • le principe de proportion : il est interdit d’imposer au malade un traitement dont l’inconfort dépasse le bénéfice escompté ; o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm m n tio te re pr od uc • enfin le principe d’humanité affirme le caractère inaliénable de la nature humaine et le respect de ses choix. -T ou En tre tie ns de Bi ch at ,T ou s dr oi ts ré se rv és L’orthophoniste intervient auprès du sujet âgé par un bilan diagnostique de la déglutition et si besoin, des propositions thérapeutiques qui en découlent. Les sens seront considérés avec attention, dans ce qu’ils impliquent en termes diagnostiques et thérapeutiques, et le projet de soins orthophonique s’attachera à une approche simple et faisant appel au bon sens de tous les intervenants, aidants professionnels et familiaux. Temps Particularités de l’évaluation s pa rti el le êm e Principaux points uc tio n m Le bilan proposé en gériatrie peut comporter les points suivants : od La dissociation entre le ressenti du patient et de son entourage et l’observation clinique de la déglutition est un élément fondamental, car il y a souvent absence de corrélation entre l’importance des troubles et les difficultés signalées par le patient et son entourage (Woisard, 2005). re pr • anamnèse, histoire de la maladie, -T ou te • interrogatoires, se rv és • évaluation clinique (souvent mêlée à l'évaluation fonctionnelle) : dr oi ts ré –– morphologie, motricité et sensibilité buccolinguofaciales, état bucco-dentaire, To u s Etude du dossier L’étude attentive du dossier médical avant l’évaluation, et/ou l’enquête anamnestique auprès du médecin traitant sont des éléments importants de la démarche diagnostique orthophonique en gériatrie. Elle est nécessaire à l’établissement d’un programme thérapeutique personnalisé et bien adapté au terrain. ch a t, –– capacités respiratoires et laryngées, Bi –– parole, voix, tre tie ns de –– langage et fonctions supérieures associées, © 15 –– toux, expectoration, Le s En –– déglutition salivaire, test au sérum physiologique nasal si besoin, te di er nt es Dans le cadre de troubles cognitifs, l’interrogatoire, tout en recevant le discours spontané et les plaintes du patient, doit être élargi aux proches et aussi au médecin traitant, ou aux intervenants socio-sanitaires au domicile afin de reconstituer une anamnèse et des antécédents aussi précis que possible (Debray, 2004). . Le temps nécessaire à l’évaluation est supérieur à celui d’une consultation de l’adulte jeune, a fortiori ne présentant pas de déficit cognitivo-comportemental et/ou des déficiences sensorielles. Le bilan d’investigation comprend l’évaluation des facteurs de risque et la reconstitution de l’histoire de la maladie, et se compose d’un examen clinique et fonctionnel de la voix, de la parole et de la déglutition (Woisard et Puech, 2011). Chez la personne âgée malade, ce bilan présente des particularités (Ruglio, 2013). 20 Le © 15 20 e m 20 La notion de déficience sensorielle est un point important de l’anamnèse et des interrogatoires. Les évaluations sensorielles ne sont pas actuellement systématiquement intégrées dans les bilans orthophoniques de la déglutition. Il existe des outils d’évaluation relevant du domaine de la recherche ou de consultations spécialisées (Garches), mais pas de test standardisé et pratique pouvant être utilisé sur le terrain. Des travaux futurs sont à engager. Dans le cadre de l’évaluation fonctionnelle, il est souhaitable de s’intéresser aux capacités de reconnaissance des diverses senteurs, saveurs, températures des aliments, selon les capacités d’expression et compréhension du patient. ti … à la pratique • évaluation fonctionnelle : observation et essais alimentaires plus ou moins dirigés au cours du repas et dans les instants qui suivent la fin de celui-ci. rti e • le principe de non-futilité : tout traitement n’apportant aucun bénéfice au patient doit être arrêté ; © Les Entretiens de Bichat 2015 - 7 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm pr od uc tio n m te re • la pertinence des actions des aidants (positionnement, techniques d’aide). ,T ou s dr oi ts ré se rv és -T ou Selon son expérience clinique, il peut également noter des signes évoquant une dysphagie basse associée ou isolée (délai de vidange pharyngée, blocages, reflux et régurgitations, selon le niveau de remplissage gastro-œsophagien). tie ns de Bi ch at Enfin, l’orthophoniste peut, lors de cette consultation très riche, introduire l’information et éducation des aidants (et du patient si possible) concernant l’ensemble des déficits, et poser les bases de conseils préventifs en situation. Les déficiences sensorielles sont systématiquement prises en compte dans cette démarche. pa rti el le es e êm te re pr od uc tio n m L’examen fonctionnel repose notamment sur l’observation de la totalité d’un repas, car des essais alimentaires codifiés et en nombre restreint, ou isolés en dehors de la situation fonctionnelle, ne suffisent pas à appréhender l’ensemble des facteurs entrant en jeu dans la déglutition chez le patient gériatrique et les signes cliniques sont souvent discrets ou trompeurs. 15 © Le s En tre tie ns de Bi • le risque de fausse route (notamment silencieuse), avec un nombre élevé et significatif de déglutitions de divers aliments (textures, températures, saveurs, volumes), avec des postures, positionnements, ustensiles et modalités d’alimentation très variés, s dr oi ts ré se rv és -T ou L’orthophoniste peut rassembler les recommandations personnalisées en termes d’aménagements compensatoires dans une fiche de consignes alimentaires, qui peut être jointe au compte rendu et adressée au patient et à son entourage, de manière à être prise en compte par tous. Cette fiche, qui s’inscrit dans la prise en charge globale du patient au quotidien, peut être : To u t, ch a Même en l’absence de coopération, l’orthophoniste estime durant le déroulement d’un repas entier : te di ti nt Au terme de l’évaluation, l’orthophoniste soumet au médecin son diagnostic orthophonique (mécanismes physiopathologiques touchant les capacités de propulsion, de protection des voies aériennes et d’expulsion, ainsi que les déficits cognitivo-comportementaux ayant une incidence sur la déglutition) et fait des propositions thérapeutiques. Tous ces éléments sont argumentés et synthétisés dans un compte rendu de bilan. . Compte rendu et fiche pratique de conseils personnalisés Observation d’un repas entier 20 20 m e 20 15 © Le s En tre En l’absence de prise en compte des limites cognitivo-comportementales précises du patient, les objectifs et moyens de la prise en charge orthophonique des dysphagies neurogériatriques ne peuvent être tout à fait adaptés et pertinents, avec notamment un risque important et classique de non adhésion du patient dément (ou simplement anosognosique) aux consignes qui lui seront données, ou de refus des modifications diététiques qui lui seront proposées au quotidien. 8 - © Les Entretiens de Bichat 2015 • les effets de l’environnement sur les capacités et limites du patient, er Il est souhaitable qu’un bilan neuropsychologique à visée diagnostique ait été effectué, de manière à ce que les déficits cognitivocomportementaux soient pris en compte et compris par tous les intervenants et par l’entourage du patient au quotidien. A défaut, l’orthophoniste pratique une évaluation plus ou moins succincte des capacités exécutives, praxiques, gnosiques et de communication, qui est corollaire à l’évaluation de la déglutition elle-même, et permet de faire des propositions thérapeutiques réellement pertinentes. L’expérience de l’orthophoniste en clinique neuropsychologique est un avantage indéniable, voire un outil indispensable dans cette démarche. • les éventuelles répercussions des déficits cognitivo-comportementaux du patient en situation d’alimentation, rti e Prise en compte des limites cognitivocomportementales • un document nominatif, daté et signé par l’orthophoniste référent ; • un résumé de l’ensemble des informations concernant les pratiques à adopter au moment des repas et lors de l’hydratation o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm m n tio te re pr od uc • mise à jour au besoin, suivant l’évolution des troubles et de l’état général du patient ; rv és -T ou • un outil accessible d’information et de guidance destinées à toutes les personnes concernées. se Les caractéristiques physico-chimiques des aliments et boissons choisis permettent d’obtenir une facilitation de la déglutition et une réduction du risque de fausse route. Le recours à l’épaississement pour ralentir l’écoulement du bolus n’est pas le seul moyen disponible, puisqu’il est utile d’exploiter également les effets positifs des stimulations gustatives (notamment saveurs acides, poivrées), tactiles (boissons gazeuses), thermiques (froid) (Loret, 2015). at ,T ou s dr oi ts ré Divers exemples de fiches sont disponibles dans la littérature citée en références (Woisard et Puech, 2011 ; Ruglio, 2010 ; Derycke et al., 2011; Ruglio, 2012). En tre tie ns de Bi ch Il est important que cet outil soit clair et facile à utiliser, à afficher par le patient et/ou ses aidants (accessibilité des termes, mise en page, illustrations, adaptation aux déficiences visuelles…) ; il gagne à faire l’objet d’un accompagnement pour son utilisation, lors d’un entretien de guidance avec le patient et son entourage. s Dans tous les cas, la totalité des sens du patient sera prise en compte et exploitée dans les propositions thérapeutiques faites. Principes de l’intervention thérapeutique te er di rv és -T ou te • chant, groupes de parole, théâtre… si le patient y prend plaisir, ré se • choix de postures, manœuvres, textures, saveurs et températures alimentaires, To u s dr oi ts • préconisées au quotidien ou proposées lors de séances dirigées. Bi ch a t, Négociation fine risques / bénéfices de ns tie tre En s Le © 15 nt es re pr od uc tio n m êm e pa rti el le Dans la majorité des cas, du fait des spécificités du malade gériatrique, les conditions nécessaires à la mise en place d’une rééducation de la déglutition à proprement parler ne sont pas réunies ; certaines approches rééducatives (Lee Silverman Voice Treatment LSVT®) ont donné preuve de leur efficacité concernant la déglutition chez le parkinsonien même au stade avancé, avec certaines contraintes. Il s’agit de déterminer, mettre en place et réajuster si besoin les conditions permettant de supprimer ou réduire les symptômes dys- ti Une stimulation fonctionnelle peut souvent être utilisée. Elle consiste à proposer au patient des situations en fonction, dont on sait qu’elles lui apporteront des stimulations en elles-mêmes rééducatives visant la déglutition, et non simplement compensatoires ; elle a pour avantage notable de ne pas demander au patient une coopération importante ni des efforts : Actions réadaptatives et palliatives Les adaptations alimentaires et comportementales pourront, elles, toujours être mises en pratique rapidement. Ainsi, auprès des sujets âgés et a fortiori chez le dément, l’intervention orthophonique spécifique aux troubles de la déglutition est rarement rééducative, mais toujours réadaptative et compensatoire (Jacquot et al., 2001 ; Woisard et Puech, 2009 ; Derycke et al., 2011). . Stimulations fonctionnelles Ces propositions thérapeutiques résultent d’une réflexion fine prenant en compte les déficits et capacités existants, le pronostic d’évolution, les risques de complications (respiratoires, nutritionnelles et de qualité de vie), les besoins et envies du patient évalué, les moyens humains et matériels à disposi- 20 Le © 15 20 e m 20 phagiques, sans effet curatif sur les troubles de la déglutition. Le rôle de l’orthophoniste n’est pas d’accompagner tous les repas de son patient, mais de donner les moyens aux aidants familiaux et professionnels d’effectuer cet accompagnement quotidien, et au patient d’agir en autonomie lorsque cela est possible. Ainsi, la fréquence et le nombre de séances orthophoniques proposées pourront être variables selon les situations. rti e du patient (adaptations alimentaires, aliments à éviter, postures et positionnements utiles, ustensiles, manière de (donner à) manger) ; © Les Entretiens de Bichat 2015 - 9 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie pa e êm pr od uc tio n m te re Encouragement à l’autonomie és -T ou L’autonomie est en elle-même un facteur de limitation des risques de fausse route : la préservation et l’acquisition de l’autonomie au repas sont des modalités préventives et/ou réadaptatives fondamentales ; suite à un AVC, les adultes dysphagiques dépendants au repas présentent environ 20 fois plus de risques de développer une pneumopathie que ceux qui s’alimentent seuls (Langmore et al., 1998 ; Heart and Stroke Foundation of Ontario, 2002). Prise en charge écosystémique de Bi Limitation des efforts durant le repas 15 © Le s En tre tie ns Dans la mesure du possible, les propositions thérapeutiques doivent tenir compte du fait que tout effort artificiel, cognitif ou moteur, demandé au moment du repas peut constituer chez le patient gériatrique (a fortiori 10 - © Les Entretiens de Bichat 2015 es te ti nt Information, guidance et éducation thérapeutique (du patient et) des aidants re pr od uc tio n m êm e pa rti el le La Haute Autorité de Santé recommande que les aidants, familiaux comme professionnels, des personnes atteintes de démence de type Alzheimer ou apparentée reçoivent une formation sur la maladie, sa prise en charge et sur l’existence d’associations de familles (HAS, 2011). s dr oi ts ré se rv és -T ou te En institution et dans le cadre d’un projet dit d’éducation thérapeutique du patient (ETP), les actions d’éducation autour des troubles de la déglutition peuvent être développées par un personnel spécifiquement formé. Il s’agit d’un projet non pas professionnel mais pluriprofessionnel, pour que le patient et/ou son entourage puissent s’approprier de façon individuelle sa prise en charge personnalisée. Ces actions d’éducation thérapeutique doivent répondre au cahier des charges décrit par le Décret n° 2010-904 du 2 août 2010 relatif aux conditions d'autorisation des programmes d'éducation thérapeutique du patient (Derycke et al., 2011). To u t, ch a Plus les modifications de régime sont importantes, plus les risques inhérents à cette modification chez le dément sont importants (refus alimentaire, anorexie, dépression… et leurs complications). Plus les restrictions alimentaires sont présentes plus il existe un risque de déprivation sensorielle et fonctionnelle chez le patient. L’orthophoniste choisira donc autant que possible une modification minimale nécessaire du régime, et optera pour des modifications discrètes autant que possible ; le maintien de certains aliments appréciés et/ou utiles en termes d’entrainement fonctionnel et sensoriel peut être décidé malgré le risque d’inhalation, après discussion avec le médecin, le patient et son entourage. di Limitation des modifications de régime . La thérapie écosystémique a comme cible non seulement le malade dans son milieu mais son entourage familial et/ou professionnel qui devient partenaire incontournable de la prise en charge (Rousseau, 2007). L’orthophoniste doit rester le plus pragmatique possible au moment de faire des propositions thérapeutiques, en suivant les principes ci-dessous. 20 20 m e 20 15 © Le s En tre tie ns de Bi ch at ,T ou s dr oi ts ré se rv Plus les adaptations sont personnalisées et adaptées aux capacités du patient à un moment donné, plus le risque de complications en termes d’alimentation/hydratation et qualité de vie seront réduits : le « tout mixé avec eau gélifiée » apporte certes une limitation large des risques d’inhalation, mais est nettement anorexigène, ne permet pas l’entretien de certaines capacités de mastication et de déglutition, et n’est pas forcément indiqué pour tous les dysphagiques âgés. er L’orthophoniste axe sa réflexion autour de la négociation entre risques et bénéfices : limitation des risques infectieux et maintien d’une nutrition et hydratation orales optimales, maintien des capacités de déglutition d’une variété maximale d’aliments, et maintien de la qualité de vie ou de fin de vie. dément avancé) un facteur de risque de complications notamment nutritionnelles, par la diminution des ingesta : le repas gagne à rester une activité naturelle et sans effort, et non un moment d’application de consignes et de travail. rti e tion sur le terrain et le projet thérapeutique médical (Ruglio, 2013), RFGG. o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T rti e pa e êm rv és En cas de perturbation sensitivomotrice latérale (hémiplégie, syndrome extrapyramidal dominant d’un côté), la rotation de la tête vers le côté déficitaire induit le passage du bolus du côté sain et peut permettre de limiter les fausses routes. La flexion-rotation de tête (« menton vers la clavicule ») du côté déficitaire rassemble les bénéfices des deux postures compensatoires (Logemann, 2006). On conseille alors aux aidants de se présenter du côté déficitaire et en bas, pour aider ou accompagner un patient à l’alimentation, de manière à induire sa flexion-rotation de tête vers ce côté. En tre tie ns de Bi ch at ,T ou s dr oi ts ré se Quel que soit le lieu de vie du patient, son entourage reçoit des informations précises concernant les troubles, le diagnostic orthophonique, les principes de la prise en charge, les aménagements alimentaires, ainsi que des conseils, de préférence en situation écologique, avec manipulations, dégustations, jeux de rôle si besoin. L’éducation peut s’appuyer sur un support didactique généraliste (Ruglio, 2012) ou bien sur des supports élaborés par l’orthophoniste au cas par cas. s . Grâce à l’éducation, le patient et/ou son entourage devront être capables de (Derycke et al., 2011) : ti nt er di te • comprendre la physiopathologie simplifiée de la déglutition, rti el le es • comprendre les principes de sa prise en charge, m êm e pa • connaître les aménagements alimentaires adaptés à leur dysphagie, re pr od uc tio n • observer les signes évoquant une modification de l’état fonctionnel et les transmettre à une personne ressource / référent médical en vue d’une réévaluation et de l’ajustement des aménagements alimentaires, rv és -T ou te Figure 1 – Positions d'aide conseillées (Ruglio, 2012) 15 © Le s ré ts oi dr s To u t, ch a Bi En tre tie ns de Par exemple, en termes de posture, on sait (Logemann, 2006) que la légère flexion antérieure de tête (menton baissé : posture spontanée du sujet sain et autonome au repas), peut améliorer la protection des voies aériennes en réduisant l’accès vertical du bolus vers la glotte ; elle s’oppose à l’hyperextension de tête (menton levé : position d’intubation), qui facilite l’ouverture des se • connaître la conduite à tenir en cas de fausse route asphyxiante (Manœuvre de Heimlich). Figure 2 – Positions d'aide déconseillées (Ruglio, 2012) 20 Le © 15 20 e m 20 voies aériennes, augmentant le risque de fausse route. En règle générale, il est utile de conseiller aux aidants de s’asseoir systématiquement pour aider ou accompagner un sujet âgé à l’alimentation, à la prise de médicaments et à la toilette orale, pour induire la flexion antérieure de tête et éviter son hyperextension. m n tio -T ou te re pr od uc L’intervention orthophonique de terrain comprend une large part d’information, éducation et guidance des aidants familiaux mais aussi professionnels (équipes de soins en institution, intervenants libéraux au domicile), avec inclusion du patient selon ses capacités cognitives. Sans cette guidance spécifique, la mise en place des aménagements alimentaires personnalisés est nettement compromise. lle es ti nt er di te . Orthophonie © Les Entretiens de Bichat 2015 - 11 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie Moyens de prise en charge orthophonique et pluriprofessionnelle pa e êm ré se rv és -T ou te re pr od uc tio n m ch at ,T ou s dr oi ts Les sessions de formation sont élaborées et animées par l’orthophoniste ou en collaboration pluriprofessionnelle. Incluant la totalité des intervenants, en groupes pluriprofessionnels (médicaux, paramédicaux et de rééducation, service et animation, responsables de cuisine et agents hôteliers), elles permettent de penser ensemble menus, ustensiles, installation, modalités de transmission des données en équipe, etc., si possible dans le cadre d’un projet d’établissement ou de service. 12 - © Les Entretiens de Bichat 2015 . te nt ti es le el rti pa e êm -T ou te re pr od uc tio n m En institution, les unités d’accueil et de vie dédiées à ces patients (EHPAD, CANTOU, MAIA, PASA, UHR) mettent en place des stratégies adaptées pour la prise alimentaire (DGS, DGAS, SFGG, 2007) : t, To u s dr oi ts ré se rv és • mise à disposition libre d’aliments et boissons dans les lieux de déambulation du patient : on exploite les comportements d’utilisation du patient dysexécutif durant ses activités autres ; on favorise le manger mains (cf. chapitre suivant) ; ch a Bi de ns tie tre En s Le © 15 20 20 m e 20 15 © Le s En tre tie ns L’organisation des repas en moments réguliers, rythmant la journée, est un élément qui peut être maintenu autant que possible, mais elle n’est pas toujours adaptée. Chez certains patients déments, il existe des troubles du comportement à titre d’agitation, instabilité psychomotrice, déambulation, associés aux troubles phasiques, gnosiques, praxiques et mnésiques, ainsi qu’à des déficiences sensorielles. Ces patients ont des difficultés progressivement croissantes à participer à un repas classique, à s’asseoir à table à des heures convenues et à utiliser les couverts et ustensiles. di de Bi Organisation des prises alimentaires La formation, réitérée périodiquement, gagne à être orientée vers la pratique et illustrée avec attention ; quel que soit le public, il est important qu’elle expose des données anatomo-physio-pathologiques précises : à défaut, l’investissement et l’appropriation des consignes préventives, même simples, sont fragiles (Ruglio, 2012). De plus, il est important de lutter contre les nombreuses idées reçues et craintes existant sur le terrain, dans ce domaine naturellement porteur de charge psychoaffective. Des sessions pratiques complètent parfaitement les sessions théoriques, avec une mise en situation d’épaississements divers, d’alimentation et de dépendance, avec exploitation d’aides techniques et dégustations. La mise en situation pratique et l’encouragement aux manipulations, jeux de rôle impliquant des troubles cognitivo-comportementaux et des déficiences sensorielles, dégustations dans le cadre de la formation des aidants professionnels sont des techniques permettant une meilleure intégration des informations. Signalons ici quelques moyens pratiques agissant sur les aspects sensoriels de la déglutition et de l’alimentation ; ils sont utilisés en présence de tout type de déficience sensorielle, et de déficiences cumulées avec des troubles cognitivo-comportementaux ; il est possible d’agir sur de nombreux paramètres. La plupart de ces outils sont expérimentés ou exploités en institution gériatrique. L’orthophoniste en tient compte, les intègre si besoin dans ses propositions thérapeutiques et peut s’en inspirer pour conseiller la famille du patient au domicile. er En institution gériatrique, l’implication des divers intervenants autour du patient est nécessaire. La mission orthophonique comprend les indispensables actions de sensibilisation et formation des équipes. Cette formation est la clef d’une meilleure prise en charge en déglutition (ANAES, 2002 ; Rosenvinge et Starke, 2005). rti e Sensibilisation et formation des équipes pluriprofessionnelles • ateliers « cuisine » avec manipulation d’aliments et boissons et possibilité de prise alimentaire opportuniste. Ateliers En institution gériatrique, il existe divers ateliers et groupes thérapeutiques de stimulation sensorielle, tels que « olfaction et réminiscence », o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T rti e pa e êm dr oi ts ré se rv és Certains sujets ont l’habitude de prendre leur repas avec l’accompagnement de la télévision, et dans ce cas il ne sera pas toujours constructif de supprimer ce type de stimulation sous prétexte qu’elles seraient potentiellement perturbantes, car ce n’est pas systématiquement le cas, et l’observation écologique du bilan permet de le savoir. Il faudra simplement s’assurer que les postures et positionnements compensatoires pour la dysphagie du patient sont respectés. tie ns de Bi ch at ,T ou s Concernant les déficiences olfacto-gustatives, citons la consultation dédiée à l’hôpital de Garches (92), et les prises en charge associant orthophonistes et olfactothérapeutes (Canac et al., 2010). En tre Architecture intérieure, éclairage Bi ch a t, To u s dr oi ts ré se En prise en charge olfactothérapique, l’on tente d’améliorer l’autonomie du patient en compensant les déficits visuels, et l’on apprend au patient à flairer de façon systématique les aliments (prévention de l’intoxication car ne parvient pas à déchiffrer les dates de péremption) et les produits d’hygiène car pour lui les spécificités de l’emballage ne sont plus porteuses de sens (le dentifrice est dans un tube, la mousse à raser est en bombe...) (Canac et al., 2010). Ces éléments peuvent être exploités partiellement chez le patient dément. 20 15 © Le s En L’ambiance sonore au moment de la prise alimentaire est un élément important. Elle peut être toxique à l’excès (silence total ou te di er nt es rv és -T ou te re pr od uc tio n m êm e pa rti el le L’ambiance olfactive fait également naître un indice sémantique de l’activité et des schémas sensorimoteurs qui vont suivre. Chez le patient dément au rythme des activités rompu/perdu et aux besoins physiologiques perturbés, ces stimulations gagnent à être exploitées au quotidien. Dans les institutions où cela est possible, et au domicile, la cuisine est ouverte de manière à diffuser les parfums de cuisson. de ns tie tre Ambiance et stimulations sonores ti s Le © 15 20 e m 20 Selon le sens commun, une agréable odeur de cuisine met « l’eau à la bouche ». La sécrétion salivaire qui peut faire défaut chez le sujet âgé dysphagique peut alors être améliorée par ce biais, et/ou en instaurant en pratique le humage systématique des aliments avant de les ingérer. . Ambiance et stimulations olfactives A partir de 55 ans les quantités de lumière nécessaire sont de 300 % plus élevées qu’à 25 ans, et ce pour un niveau de performances visuelles équivalent. Le traitement de la lumière dans les locaux devra garantir un rendu agréable des couleurs, une protection contre les éblouissements et créer une atmosphère reposante ou au contraire dynamisante L’éclairage doit être optimal sans éblouir, pour permettre une autonomie et des stimulations maximales, la lumière du jour étant à préférer si elle est suffisante, contrôlée par des stores et rideaux. (AGIRC et al., 2012). Ajoutons ici un mot sur les espaces et expériences multisensorielles Snoezelen en institution : ces techniques d’origine néerlandaise créent un environnement de stimulations multisensorielles pour la réduction des tensions et le plaisir (contraction de « doezelen », somnoler et de « snuffelen », renifler, sentir). Les études sur le sujet sont encore balbutiantes, difficiles à mener (Maseda et al., 2014). Du fait de la réduction des tensions que ces thérapies apportent, des bénéfices en termes de mécanique de la déglutition en contexte neurologique pourraient être imaginés. grand bruit), mais bénéfique à des intensités moyennes : une discrète musique d’ambiance type restaurant permet de poser un indice reconnaissable pour le patient désorienté, a fortiori souffrant de déficience visuelle ; de même, tous les bruits de couverts, les paroles des convives et des aidants, voire de la cuisson. m n tio -T ou te re pr od uc et « goûts et saveurs ». Animés par un ou plusieurs intervenants, utilisant des supports multisensoriels choisis, ils permettent une stimulation notamment de la remémoration par le biais des sens, ainsi que la stimulation de l’appétit, mais également des stimulations gnosiques et praxiques ; ils s’organisent en moments fixes de socialisation, qui structurent le quotidien, y compris chez des résidents présentant une démence avancée. Ces jeux peuvent être inclus dans des ateliers cuisine thérapeutique, qui à leur tour apportent des bénéfices multiples à divers niveaux. lle es ti nt er di te . Orthophonie © Les Entretiens de Bichat 2015 - 13 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T lle es ti nt er di te . Orthophonie Ustensiles et aides techniques Le placement à table en salle à manger (ou en chambre si le patient y prend ses repas) doit s’adapter aux besoins du patient : il est utile de lui proposer une place qui facilite la compensation par rotation de tête (Logemann, 2006) et limitera les postures contreindiquées ; par exemple, un patient présentant un déficit moteur ou sensitivomoteur dominant à gauche sera placé de préférence avec la vie du salon et les aidants placés à sa gauche, et le mur à sa droite (Ruglio, 2013). Il faut bien sûr veiller à ce que le patient porte si nécessaire toutes ses prothèses, et à leur adaptation efficace : lunettes, appareils auditifs, dentaires. uc tio n m êm e pa rti e Installation, vaisselle et mobilier s dr oi ts ré se rv és -T ou te re pr od L’indication d’aides techniques relève de la compétence ergothérapique. Dans le cadre des dysphagies neurogériatriques, l’orthophoniste est amené à recommander certaines d’entre elles en ce qu’elles apportent spécifiquement à la fonction de déglutition, au cas par cas, avec validation par un ergothérapeute si besoin. ,T ou Pour la déficience visuelle (Pepersack, 2004), il convient de dresser le couvert avec des plats de couleur claire sur une nappe foncée contrastante (ou l’inverse), de servir des aliments de couleur claire sur une assiette foncée, d’éviter la vaisselle transparente ou ourlée de motifs. La forme doit se distinguer du fond. Ces éléments sont utiles également en contexte d’agnosie visuelle. Textures Raisons . te di er el rti pa Cuillère à entremets m êm e Solides et mixés le es volume limité, taille bien adaptée à la bouche d’un adulte, manche facile à manier nt évite la prise du fond de Petite cuillère verre (qui encourage à lever le menton) ti Fond de verre (boisson ou médicament dilué) Figure 4 – Ustensiles conseillés (Ruglio, 2012) En institution, les pastilles de couleur ou un code couleur pour les sets de table permet aux équipes mais aussi aux patients et à leur entourage de bien prendre en compte les prescriptions de régime et texture pour chaque résident. Aliments Bi de ns tie tre En s Le © 15 14 - © Les Entretiens de Bichat 2015 te -T ou rv és Valorisation des textures mixées/moulinées s dr oi ts ré se La principale contrainte avec les textures modifiées (mixés, moulinés, hachés) est la perte du repère visuel, en particulier sur les plats de résistance viande et légumes. La valorisation de ces textures consiste à pallier ces limites par divers procédés : To u t, ch a Le mobilier pour les patients doit être adapté par l’ergothérapeute pour une installation optimale au repas, à table ou même au lit, patient assis dos droit à 90°. Pour les aidants, il est souhaitable que des tabourets à hauteur réglable soient à disposition en salle à manger, ou des sièges permettant de se placer assis plus bas que le niveau du patient dépendant. re pr od uc tio n Figure 3 – Contrastes inefficaces / efficaces à table (AGIRC et al., 2012) 20 e m 20 Ustensiles conseillés Verre normal permet de boire menton plutôt évasé légèrement fléchi en avant et bien rempli Liquides 20 15 © Le s En tre tie ns de Bi ch at En général, il convient d’utiliser le plus longtemps possible des ustensiles traditionnels auxquels la personne a été habituée durant toute sa vie (Ruglio, 2012). • Moulages (aliment mixé ayant l’apparence de l’aliment non mixé). • Séparation des denrées, moulées ou non, dans l’assiette. • Recours à des présentations en verrines, type petits fours… o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T rti e pa e êm -T ou te re pr od • Apporter des conseils utiles : commenter le menu pour encourager et stimuler la personne de manière naturelle, annoncer les noms des aliments et boissons avant de les donner ; lorsqu’une déficience visuelle existe (Pepersack, 2004), décrire la disposition des aliments dans l’assiette (méthode de l’horloge : « Pomme de terre à 2 heures ! »), accompagner le patient dans la reconnaissance des aliments à l’odeur, au son, à l’emballage, éventuellement avec des aides techniques spécifiques (lettres magnétiques sur les boîtes de conserve…). és ,T ou s dr oi ts ré se rv Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, on observe une baisse de la consommation alimentaire et un désintéressement au repas, liés à la pathologie. tie ns de Bi ch at Le concept du « manger mains » consiste en la proposition d’aliments sous forme d’amuse-bouche, de textures normales ou modifiées selon les risques de fausse route, et ne nécessitant pas l’utilisation de couverts ; . te di er es le el rti pa e êm uc od -T ou te re pr • Observer attentivement les mouvements de la gorge de la personne (élévations de la pomme d’Adam ou de l’équivalent féminin) pour s’assurer de la déglutition de la bouchée avant d’en proposer une nouvelle. ts ré se rv és Figure 5 – Manger mains en EHPAD (lamaisondusoleil.over-blog.com 2011) • Alterner parfois saveurs et températures contrastées pour stimuler. Les techniques d’aide du patient dysphagique dépendant sont spécifiques. La nécessité d’être alimenté par autrui est une expérience qui peut être pénible en soi. En outre, on sait que plus une personne est dépendante à l’alimentation, plus elle risque de faire des fausses routes ; ainsi, il convient d’opter pour les comportements suivants (Ruglio, 2012). • Contrôler si possible de temps à autre la voix de la personne après déglutition en lui demandant par exemple si tout va bien, si elle apprécie l’aliment ; si sa voix est graillonnante (ce qui montre qu’elle a besoin de nettoyer sa gorge), encourager la personne à se racler la gorge ou à tousser, puis à avaler sa salive. 15 © Le s En tre tie ns de Bi ch a t, To u s dr oi Techniques d’aide 20 20 m tio n m e 20 15 © Le s • Toucher légèrement la lèvre inférieure avec la cuillère pour inciter naturellement la personne à baisser le menton et à venir prendre la cuillère dans sa bouche ; éviter d’introduire la cuillère en bouche de manière brusque ou trop rapide ; éviter de toucher les dents, la prothèse dentaire ou le palais avec les ustensiles, ce qui est désagréable voire dangereux. nt En tre • De manière générale, prévenir la personne avant de la toucher, et approcher son visage avec douceur. Cette conduite devient quasiment indispensable chez le patient malvoyant, que l’on n’hésitera pas à prévenir de chaque bouchée donnée. Le concept Finger food est de proposer des aliments pouvant facilement être consommés à la main, et visuellement, gustativement et olfactivement attractifs pour les résidents atteints d’Alzheimer (Pouyet et al., 2014). ti Manger mains, « finger food » • Aider, encourager la personne à manipuler les ustensiles autant que possible, notamment le gobelet ou le verre, pour autonomiser, sécuriser, induire la flexion de tête, et activer la déglutition à l’avance. m n tio uc Par ailleurs, la saveur des aliments une fois mixés est modifiée ; l’art du préparateur repose notamment sur des recettes spécifiques. Pour mener à bien ce type d’amélioration, il existe des formations professionnelles et divers ouvrages destinés au grand public. Le goût est relevé par des épices (poivre, cumin, curry,...). lle es ti nt er di te . Orthophonie © Les Entretiens de Bichat 2015 - 15 o T d o ,T 1 u u p ct s ou 5 a r i © d o t s i r e n o Le dr lle i m oi s ê e t E m re s s n t r tie in és tre ns er tie ter vé To ns dit de e s ut d B . e e i T rti e pa se rv Lors de l’intervention orthophonique auprès des sujets âgés dysphagiques, les sens et leurs éventuelles déficiences sont à considérer avec attention, dans ce qu’ils impliquent en termes diagnostiques et thérapeutiques. ch at ,T ou s dr oi ts ré Le toucher thérapeutique en orthophonie, structuré ou non selon la thérapie manuelle Ostéovox©, et pratiqué par le thérapeute formé, semble également apporter des bénéfices, avec des résultats pratiques positifs en termes de régression des troubles du tonus, d’amélioration de la motricité buccolinguofaciale, de détente musculaire et de réduction de l’hypertonie, éléments utiles à la limitation des déficits en déglutition (Vivier, 2013). di er ti nt Santé [ANAES]. (2002). Recommandations. 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RÉFÉRENCES 1 – Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en ch a Bi 15 © Le s En tre tie ns de Les résultats de la recherche sur les dysphagies chez le sujet âgé donnent quelques pistes d’action déjà exploitées par l’orthophoniste sur le terrain : on sait que certaines stimulations tactiles, thermiques, et gustatives permettant de faciliter la déglutition. 20 20 m e 20 15 © Le s En tre tie ns de Bi La prise en charge dans ce domaine étant pluriprofessionnelle et globalisante, le projet de soins orthophonique s’attachera à une approche simple et pratique, et faisant bien sûr appel aux sens du patient, mais aussi au bon sens de tous les intervenants, aidants professionnels et familiaux. Ajoutons ici un mot sur le toucher-massage®. Le massage existe depuis toujours et fait partie de notre patrimoine instinctif de communication. Cette technique de soins, simple et ouverte à tous les intervenants sensibilisés, procure détente et réconfort au patient par des gestes appropriés, simples et naturels, englobants et réalisés en douceur. Les gestes, réalisés avec l'accord du malade, s'appliquent de façon générale plus spécifiquement sur les pieds, les mains, les bras, le visage et le haut du dos. Le toucher-massage® constitue aussi un autre moyen de communication pour le patient quand il n'arrive pas à exprimer son angoisse et ses émotions par la parole (Savatofski, 2010). En pratique gériatrique, on constate des bénéfices évidents en termes de détente, avec diminution des tremblements et mouvements anormaux, amélioration de l’autonomie, participant à la facilitation de la déglutition chez le dysphagique. Conclusion Les études portant sur l’évolution des capacités sensorielles avec l’âge et dans le cadre de pathologiques neurologiques fréquentes en gériatrie sont à développer. La mesure et la prise en charge des capacités visuelles et auditives est habituelle en ville et en institution ; en revanche, la mesure des capacités d’olfactogustation reste pour le moment réservée à une activité très spécialisée ou de recherche. e êm és -T ou te re pr od uc tio n m D’autres techniques d’aide peuvent être conseillées au cas par cas : pression du pouce sur le plancher buccal pour aider au déclenchement de la déglutition, pression de la cuillère sur le dos de la langue, stimulations thermotactiles pour la fermeture buccale (tapotements doux par un gant de toilette froid sur le tour des lèvres), aide au maintien du mouvement, du rythme... Leur efficacité est variable, et aucune technique n’est infaillible. lle es ti nt er di te . Orthophonie agircarrco-actionsociale.fr/fileadmin/action-socialev2/Documents/Accompagner/Guide/Guide_deficiences_senseorielles.pdf. 3 – Bianchi, AJ, Guépet-Sordet, H, Manckoundia, P. (2015). 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