I/ Présentation de l`œuvre II/Situation de l`œuvre dans son contexte

Mommy
Problématique : Comment l'art témoigne-t-il des transformations de
l'individu ?
Période artistique : XXIe siècle (époque contemporaine)
Thématique : Arts, techniques et expressions
Domaine artistique : Arts du visuel
I/ Présentation de l’œuvre
Type de l’œuvre: film
Réalisateur : Xavier Dolan
Date de réalisation : 2014
Acteurs principaux : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément
Durée : 139 minutes
Format : 1:1, format de forme carrée, pour mieux cadrer les personnages, il est
idéal pour des portraits, pour ne se concentrer que sur les personnages et leur
ressenti, il n'y a aucune distraction possible. De temps à autre le format passe en
1:85, le format traditionnel (scène de Steve qui part courir, plan plus grand pour son
sentiment de liberté)
II/Situation de l’œuvre dans son contexte historique
a) Biographie de Xavier Dolan
Il est acteur, réalisateur, scénariste et producteur canadien né le 20 mars 1989 à
Montréal. Son père est acteur est danseur, il a grandi dans le monde du spectacle.
Xavier Dolan a réalisé son premier long-métrage « J'ai tué ma mère » à 20 ans et a
déjà réalisé sept long-métrages (J'ai tué ma mère, Tom à la ferme, Laurence anyways
pour les plus connus) alors qu'il n'a que 27 ans. Il est l'un des plus connus parmi les
jeunes réalisateur québecois.
b) Contexte de création
Dans un Canada du futur, le film reflète la société de demain. Le réalisateur crée une
société future pour ouvrir nos yeux sur un sujet inconnu. L'histoire se déroule dans
une banlieue, les gens ne sont pas très riches et manquent d'instruction. Pour cette
œuvre le réalisateur s'est senti encore plus proche de l'histoire et des personnages
que pour ses précédents films.
c) Synopsis
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent atteint du
TDAH, qui est impulsif et violent. Ils ont une relation très complice, bordée de
violence et d'emportement. A l'aide de leur voisine Kyla, complexée et souffrant de
bégaiement, ils vont tenter de s'en sortir en créant un trio à la fois étonnantet plein
d'espoir.
III/Description et analyse de l’œuvre
Affiche :
Les deux acteurs ont des traits en commun (même taille, les yeux fermés). Une
différence est pourtant présente sur la différence d'âge, la couleur de cheveux, la
main plaquée sur la bouche de la femme accompagnée d'un baiser (paradoxe). Le
dialogue sous l'image « -Toi pis moi on s'aime encore, hein ? -Nous deux, c'est ça
qu'on fait d'mieux, mon homme » ; il est peu courant de citer une réplique du film
sur l'affiche. Ils n'ont pas l'air d'appartenir à un milieu social favorisé, le jeune
homme lui montre son amour par le baiser mais aussi son importance de fils et
d'homme dans la maison : il console sa mère et il lui plaque la main sur la bouche.
Portraits des personnages :
Diane :
Elle a un comportement d'ado mais reste profondément adulte dans sa manière
d'élever son fils et de gérer les problèmes familiaux. Elle est tout de même comique
et imposante par son tempérament, sa dégaine très sexuée et son langage vulgaire
(qu'elle tente de contrôler pour l'éducation de son fils). Sous ce comportement se
cache une femme forte et pratiquement invincible.
Kyla :
Quand elle rencontre Steve et Diane elle retrouve de l'espoir, perd petit à petit ses
tics, son bégaiement et son tempérament froid. A côté de ce petit bonheur elle
s'éloigne de son mari et sa fille et de sa vie « d'avant ».
Steve :
Il porte un amour excessif pour sa mère et fait voir son désir d'être l'homme de la
maison malgré son grand cœur et sa générosité qui font de lui un
personnage,troublant, atypique et attachant. Il ferait tout pour que sa mère soit
heureuse.
Scènes de fin et Camisole de force :
La camisole de force symbolise la violence faite aux incontrôlables ou à ceux qu'on
voudrait contrôler. Elle touche directement l'univers des asiles psychiatriques. Au
fond ce n'est pas seulement pour protéger le patient lui-même, c'est aussi pour
protéger les autres et pour le protéger des autres. Lorsqu'il est au téléphone,
attaché et qu'il s'excuse auprès de sa mère tel un petit garçon, comme pour rassurer
et protéger sa mère.
Musique :
La plupart des chansons entendues proviennent d'une compilation réalisée par le
père de Steve avant sa mort (Steve Mix4ever). Elle rappelle des moments passés en
famille. Xavier Dolan utilise ici la musique intra-diégétique : les sept chansons ne se
jouent pas SUR le film mais DANS le film (radio, casque, télé, chaine hi-fi), les
spectateurs rentrent dans le film.
Thématiques :
Adolescence :
Pour Steve et sa mère l'adolescence devient une période vraiment compliquée, en
plus du TDAH Steve est impulsif, violent , mais aussi efféminé et très proche de sa
mère (scène où il l'embrasse). Elle doit d'ailleurs prendre sur elle et faire plus
attention à son langage, ses manières de se conduire face aux autres pour donner
bonne impression à son fils, elle tente de se comporter plus en mère qu'en femme,
mais cela doit aussi passer en gérant des crises, chose à laquelle elle n'est pas
habituée.
Violence :
Elle est très présente dans le film, par l'impulsivité de Steve, (scène de violence du
début où Steve s'énerve contre sa mère et ils manquent de s’entre-tuer ; nombreux
moments où il insulte les gens autour d'eux), la violence mentale de sa mère malgré
elle (scène où Steve se fait emmener de force en asile psychiatrique).
L'amitié :
Entre le trio improbable d'une mère, de son fils et d'une voisine perdue se crée
pourtant une étonnante relation complice et imprévisible, en dehors de la relation
mère-fils Steve se fait une amie que l'on découvre peu à peu et qui se découvre
également à travers ses voisins. Peu à peu Kyla perd son bégaiement, prend
confiance en elle (elle chante avec Diane et Steve dans leur cuisine, elle leur parle
plus qu'à sa famille).
IV/Mise en relation avec d'autres œuvres
-Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012)
Laurence Alia est un professeur de lettres hétérosexuel, amoureux de Frédérique
avec qui il vit. Le jour de ses trente-cinq ans, il avoue à Fred que son corps d'homme
ne correspond pas à ce qu'il est réellement, une femme, et il décide alors de
s'habiller en femme et d'en devenir une, pour ne plus souffrir et mentir. Sa
compagne ne comprend pas.
-J'ai tué ma mère de Xa vier Dolan (2009)
Hubert Minel, seize ans, déteste sa mère Chantal, par ses goûts et sa personnalité
ainsi que son ignorance crasse. Elle est également manipulatrice et adepte de la
culpabilisation. Hubert cherche à reconquérir sa mère, à l'aide de son amant,
Antonin, ou encore de Julie, une enseignante en quête de liberté. Chacune de ses
initiatives confirme le gouffre qui la sépare de sa mère.
-Crazy de Jean-Marc Vallée (2005)
Zachary, né le 25 décembre, a un avenir prometteur pour ce fils de famille
québecoise où la religion occupe une grande place. Dès son plus jeune âge, Zachary
a des tendances homosexuelles. Sa famille, persuadée qu'il possède un don par sa
date de naissance, tente de le guérir et de diagnostiquer sa maladie par une
psychologue. Son père tente de se rapprocher de lui pour lui montrer des activités
« d'homme », ils tissent une relation particulière.
V/Ressenti
J'ai beaucoup apprécié ce film à la fois touchant et intéressant par ce thème insolite
et très peu exploité au cinéma, il m'a touchée par les relations si particulières entre
une mère et son fils avec une voisine, d'abord inconnue puis si importante, vitale à la
vie du « couple » explosif que sont Diane et Steve.