L`ŒUF RAIDE

L’ŒUF
RAIDE
On ne présente plus L'œuf Raide, qui depuis son premier album «13
à la douzaine» sortie en 2003 conduit (presque) seul son projet avec
détermination. Baroudeur infatigable, vous avez sûrement eu
l'occasion de croiser le bonhomme lors d'un de ses nombreux lives,
dont les très remarqués Divan du Monde à Paris en 2007 ou encore
au Tacheless fin 2009 à Berlin. Dans un premier temps, Fred pose
les charnières de sa musique avec des instruments à cordes
(guitares, basses, violons), qu'il sublime ensuite par des
arrangements électroniques. «Dans le même panier», sorti en 2005
concrétisait déjà les expériences sonores de L'œuf Raide avec une
synergie folle. Après son album psychédélique « Are You
Eggsperienced? », sorti en 2007, le Fred nous revient avec un nouvel
opus, «Berlin Eggsile», clin d'œil sans équivoque à sa nouvelle
patrie, où l'on retrouve avec plaisir la "patte" du chef. Il développe
ici un univers qui lui est propre, ouvert à toutes les variations
stylistiques, oscillant entre break-beat, jungle, électro, et abstract
hip-hop. On note également de nouvelles collaborations, puisque Blu
Rum 13 ("Oneself" avec DJ Vadim) et Rob Longstaff sont invités au
micro sur cette nouvelle galette. Une fois de plus, un album très riche, haut en couleurs, imprévisible et
détaché de toutes influences ou modes.
Depuis ton premier album « 13 à la douzaine », « Dans le même panier » puis "Are You Eggsperienced ?"
qui t'ont fait largement connaître auprès du public, quel chemin as-tu parcouru ? Comment qualifieraistu l'évolution de ta musique jusqu'à "Berlin Eggsile" ?
Ça fait bientôt 10 ans que "l'Œuf Raide" existe... C'est presque un tiers de ma vie, avec tout ce que ça implique.
Tout m'influence, ce que j'écoute, ce que je vis, ce que je vois, ce que j'aime, ce que je déteste... Je pense que
mon évolution musicale est comparable à un apprentissage linguistique. J'ai sans doute toujours voulu dire plus
ou moins les mêmes choses. Ce qui change, c'est le vocabulaire, qui s'enrichit avec le temps. Vu que je fais de la
musique électronique, évidemment, elle suit les nouvelles technologies, on pourrait parler de l'Oeuf Raide v4.0.
Sinon, d'un point de vue technique, je pense que je m'applique de plus en plus à la base des morceaux, ce qui
simplifie le mix et offre à Niko (Nico Matagrin, ingénieur du son de Mei Tei Sho, Brain Damage...) et moi
beaucoup plus de marge de manœuvres en studio .
Depuis quelques années, tu vis à Berlin. Pourquoi ce choix ? Te sens-tu influencé par la scène électro
berlinoise ? De nouvelles connections ?
Je suis venu m'installer à Berlin pour rejoindre ma copine de l'époque, et j'ai fini par rester là pour la ville, et je
ne le regrette pas. Culturellement, Berlin est au top, il y a toujours quelque chose à voir, écouter, faire... Bien sûr,
c'est chaud de vivre loin de sa famille et de ses potes, mais je rencontre plein de monde ici, je me suis refais un
réseau d'amis et un réseau disons plus professionnel. Pour ce qui est de l'électro berlinoise, on va dire que
j'essaye de m'en éloigner le plus possible, malgré mes efforts, je reste complètement hermétique à la minimale, je
peux apprécier certaines soirées pour l'ambiance, mais en général, je trouve ça juste chiant.
Au travers de ce nouvel album, tu explores des univers musicaux très variés, peut être plus qu'avant. Tu
peux nous en dire plus ?
Depuis le début, j'essaye de faire des morceaux qui me plaisent. S'ils plaisent à d'autres, c'est parfait. Je suis très
curieux musicalement; à part quelques rares styles (minimale, zouk, ska festif...) j'écoute vraiment de tout. Cette
curiosité se ressent dans mes productions. Je suis conscient de faire de l'électro, vu ma façon de créer et les outils
et instruments que j'utilise, mais justement l'électro me permet de faire ce que je veux, sans limite de genre.
Comme à ton habitude, tu utilises de nombreux samples d'instruments. Quel est ton mode de création ?
Ça dépend... Des fois, c'est un sample qui me donne envie de faire un morceau, des fois, je prends ma basse ou
ma guitare, il n'y a pas vraiment de règles, c'est au feeling... Une chose est sûre, si ça ne vient pas tout de suite, je
n'insiste pas, j'ai jamais réussi à finir un morceau dans la douleur, ça coule de source du début à la fin ou
j'abandonne.
Blu Rum 13 et Rob Longstaff sont invités sur cette nouvelle sortie. Raconte-nous un peu ces rencontres.
Penses-tu réitérer des collaborations de ce genre dans tes prochains albums, ou en live ?
J'ai rencontré Blu Rum 13 au studio Jarring où il était venu répéter avant un live à Lyon pendant qu'on mixait
l'album, le courant est bien passé et ça a donné une track. Entre le moment où il a écouté la track et la fin des
prises de voix, ça a dû prendre à peine plus d'une heure, il a pondu un texte de 4 pages en 20-25 minutes, et il a
embrayé et posé nickel !
Rob, je l'ai rencontré dans un bar où il jouait à Berlin, et j'ai direct kiffé sa voix, je lui ai proposé d'essayer de
faire quelque chose ensemble, j'avais fait un blues super old school, je le voyais bien dessus, finalement il chante
sur 2 tracks. J'ai aussi un morceau avec Rael, le MC de Ghostown, qui ne sera finalement pas sur l'album. J'ai
fait un essai avec Karlit et Kabok, je suis en contact avec beaucoup d'autres, il en découlera certainement des
morceaux.
Des projets d'avenir ? Un chien, une copine ? C'est chaud un peu sur Berlin ?
J'aimerais bien tourner un max, le nouveau live est bien vénère et bien dansant, et c'est toujours bon de se frotter
au public, d'écouter son son sur des systèmes qui tapent et bringuer. Un chien, une copine ? Un mix des 2 ? Une
chienne ;) Si c'est chaud sur Berlin ? Ça dépend de ce qu'on entend dans la question, avant-hier soir, je suis allé
boire une bière avec des potes, il faisait -16°... Sinon, c'est comme ailleurs, si t'es chaud, c'est chaud!
Une nouvelle fois, faisant fi de toute mode et de tout courant, l'Oeuf Raide cuisine l'électro à toutes les sauces.
Ce quatrième album en est un bel exemple. Il transcende les styles et ne cache pas le brassage d'influences qui le
nourrit. Dans cet album, plus éclectique et épicé que jamais, on passe avec une étonnante fluidité du trip hop
cinématique (Virtuelle Reise nach Spanien, Stiff climb) au rock (Produit d'appel), d'un breakbeat puissant
(Delicate burns) à des univers sombres et polymorphes (Aller Anfang ist schwer), il y en a vraiment pour tous les
goûts.
L'Oeuf Raide continue d'expérimenter un hip hop old school qu'il mijote à feu doux, conviant des invités de
qualité Rob Longstaff (Produit d'appel) et Blu Rum 13 (Lost in a vortex) aux flows légers et percutants.
Douze morceaux flirtant avec le dubstep, hip hop instrumental et des sonorités plus futuristes, des samples de
voix soignés (Chiming Radio). Un exercice de style réussi, l'Oeuf Raide bouillonne d'idées et le fait savoir.
LIENS :
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