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Résumés/Abstracts Résumés/Abstracts René-Paul Desse - Les centre commerciaux français, futurs pôles de loisirs ? À l’échelle des agglomérations, les regroupements spatiaux sont très importants, sous forme de centres commerciaux ou de zones d’activités commerciales, comme si l’effet de masse était recherché. Le bouclage des périphéries ayant été effectué, il s’agit actuellement de se démarquer de la concurrence. L’alliance des loisirs et du commerce apparaît comme le moyen de donner une nouvelle vie à des centres commerciaux ou à des zones d’activités qui ont été conçus sur les mêmes modèles de marketing et qui ont donc quelques difficultés à se différencier les uns par rapport aux autres. Les consommateurs d’ambiance, que nous sommes, contribuent au recul des espaces publics traditionnels de centre-ville en privilégiant ces espaces plus ou moins disneylandisés. Quant aux acteurs institutionnels, ils ne s’y trompent pas, confirmant dans quelques cas comme à Atlantis (Nantes), Odysseum (Montpellier) ou Val-d’Europe, la naissance d’une nouvelle centralité, en la rendant accessible par le TCSP. Are French shopping centers to become leisure centers ? Large concentrations of shops in shopping centers or shopping districts have been developped in urban areas, seemingly in search of economies of size. The spatial coverage of suburban areas is now complete, and each of these centers now aims at differenciating itself from its competitors. The combination of shopping and leisure appears as a way to revive shopping centers or districts that were designed according to the same marketing rules and hence have difficulty elaborating and implementing such a differenciation strategy. « Consumers of surroundings » — all of us — contribute to the decline of traditional urban centers by favouring those more or less « disney-fied » spaces. And the examples of Altlantis (in Nantes), Odysseum (in Montpellier) or Val d’Europe (in Marne la Vallée), among others, show that insti- tutional actors fully understand this process of emergence of new central places : they have these new shopping and leisure centers served by public transport. Guénola Capron & Pedro José García Sánchez L’urbanisme moderne de dalle, histoire d’un lent échouage urbain : le cas du centre-ville de Choisy-leRoi Derrière quelques réussites flagrantes de « grands paquebots » ayant généré de l’urbanité et de la citadinité, on ne compte pas les échecs dont on parle moins. Les dalles « idéologiques » de l’agglomération francilienne, qui étaient censées constituer des centralités de substitution, modernes, représentent un cas de dérive urbaine progressive. L’accrochage entre le territoire (le centre-ville sur dalle en l’occurrence, avec ses places et ses lieux d’échanges — centres commerciaux, galeries marchandes —) et les différents réseaux qui s’y entrecroisent (notamment au sein des flambants « pôles intermodaux de transport ») a subi les vicissitudes de l’histoire urbaine. Cet accrochage ne s’est jamais vraiment produit, faute de pensée urbanistique et géographique globale sur les jeux d’échelles et leurs enjeux, de pensée sociologique sur le rapport entre les formes urbaines et les usages et pratiques des habitants et, finalement, faute de coordination dans l’intervention des acteurs. La dalle de Choisy-le-Roi représente un cas assez exemplaire d’un échouage urbain. A slow « urban grounding » process : slab urbanism. The story of Choisy-le-Roi city center Beside a few remarkable successes of large « urban ships » in which a sense of urbanity developed, there was a large number of failures that have been less documented. The « ideological urban slabs » in the Paris region, which were supposed to develop into new, modern central places, 101 Flux n° 50 Octobre - Décembre 2002 have in fact progressively drifted. The connection between the urban place (here the new urban centers built on slabs, with its various squares and poles of connection, especially shopping centers) and the various networks that interconnect in such a place (especially the much praised « intermodal transport poles ») has suffered from the vicissitudes of urban history. This connection was never actually achieved, due to the lack of a planning and geographical reflection on spatial scales and their interaction, to the lack of a sociological reflection on the relation between urban forms and the behaviors of dwellers, and finally to a lack of coordination between urban actors. As a result, the Choisy-le-Roi slab city center constitutes a remarkable example of an urban grounding. Sophie Didier - L’ambiguïté de l’expérience Disneyland en matière de gestion des flux de visiteurs Cet article propose de mettre en parallèle l’organisation spatiale des parcs à thème de conception moderne et les relations qu’entretiennent leurs dirigeants avec les pouvoirs publics des collectivités locales environnantes, à travers la question de la gestion des flux automobiles de visiteurs se rendant dans ces parcs. L’analyse révèle l’ambiguïté de l’articulation de ces équipements à l’espace qui les accueille. C’est particulièrement net dans le cas du Disneyland original (celui de Californie du Sud, à Anaheim, inauguré en 1955) qui entretient avec l’espace qui l’environne une double relation, à la fois d’insularité et de connexion aux grandes voies de communication. Un historique des relations entre dirigeants du parc et pouvoirs publics du site d’accueil de Disneyland montre que cette ambiguïté se traduit par un refus de la compagnie Disney de coopérer à la résolution du problème des embouteillages de la zone touristique ceinturant le parc à thème, alors même que la compagnie, par la grande maîtrise qu’elle a développée en matière de gestion des flux internes au parc, s’impose comme un expert en la matière. The ambiguities of the Disneyland experience in car flows management This paper examines the link between the spatial organization of modern theme parks and the relations of their managers with local governments, by studying how the traf- 102 fic generated by these centers is managed. This reveals that these amenities are connected to their local environments in an ambiguous way. This seems especially true concerning the original Disneyland (Southern California, Anaheim, opened in 1955) : the park’s relations with its local environment combine a search for insularity and a search for efficient connection to major highway networks. This ambiguity is confirmed by the historical account of the relationship between Disneyland’s managers and local governments ; in particular, it documents the company’s unwillingness to cooperate in solving the traffic problems that plague the tourist resort surrounding Disneyland, even though the company can be regarded as an expert in traffic management — if one refers to its achievements inside the park area. Cynthia Ghorra-Gobin - Inscription territoriale d’un équipement et légitimité politique à l’échelle de la région urbaine : le cas du « Mall of America » L’analyse du centre commercial « Mall of America » perçu comme l’équipement emblématique de la dernière génération des centres commerciaux (incluant un parc à thèmes) met en évidence la figure du politique en vue de son insertion dans le territoire urbain. À Minneapolis-Saint Paul, le Conseil métropolitain a organisé un processus de négociation entre les acteurs (privés et publics) à partir d’une représentation commune du mall pensé comme « pôle générateur » de flux et d’emplois. L’étude s’avère un révélateur intéressant de la reconceptualisation de la question du transport dans les villes américaines. The territorial inscription of an urban facility and its political legitimacy at the level of the urban area: the example of the Mall of America The study of the Mall of America, chosen as an emblem of the recent generation of shopping malls (including a theme park), stresses the role of politics in order to integrate such a facility in the urban territory. In Minneapolis-Saint Paul, the metropolitan council succeeded in organizing a negociation process among the various actors (private and public) based on a shared vision of the Mall as a generator of jobs and traffic flows. The study is a good indicator of the reconceptualization of the transportation issue in American cities. Résumés/Abstracts Éric Baye - Grands projets et utopies pour les métropoles au Japon Large urban projects and utopias in Japanese metropolises En partie sur la base des résultats d’une recherche conduite en 2001 sur les programmes technologiques et la ville au Japon, cet article commence par rappeler la relation forte entre la société japonaise et la technique, puis la technologie. Cette relation touche depuis la fin du XIXe siècle la ville et les réseaux urbains. Elle est plus manifeste encore depuis les années 1960 et a pris une dimension économique nouvelle avec l’intérêt des grands groupes, industriels, financiers, opérateurs de réseaux, pour les projets urbains. L’article envisage deux formes de développement spécifiques de cette relation. La première renvoie aux grands complexes urbains, ceux notamment conçus autour des gares ou des zones littorales, et stimulés par le développement de l’industrie de la communication. Ces projets font en même temps écho aux mutations d’une société en mal de « post industrialisation » tout en misant sur un consumérisme effréné, qu’il soit de biens ou de loisirs. La seconde renvoie aux utopies urbaines qui ont fleuri au Japon depuis les années 1970, et qui ont été stimulées par la période de prospérité des années 1980 ; l’article en considère deux : les villes compactes, avec les hyper buildings, et les villes flottantes, avec le projet Mega-float. En conclusion, l’article estime que ces manifestations, grands complexes urbains ou utopies urbaines, ne peuvent être uniquement rangées au rayon des caprices d’une société convaincue que la croissance économique serait éternelle. Les espoirs mis dans le rapport de la ville à la technologie au Japon renvoient à des traits culturels profonds. Avec ou sans crise, l’archipel devrait à cet égard rester un lieu privilégié d’imagination. Based in part on the results of a research carried in 2001 on technological projects and the Japanese city, this paper starts by recalling the strong relation between the Japanese society and technics - and later technology. Since the nineteenth century, this relation affects cities and urban networks. This is even more true since the 1960s and the city-technology relation has gained a new economic dimension as the interest of large financial, technological and utility companies for urban projects rose. The paper discusses two specific forms of development of the city-technology relation. The first relates to the mega urban complexes, built especially around train stations or in coastal areas, and stimulated by the development of the telecommunications industry. These projects echo the transformations of the Japanese society confronted to post-industrialization and stake on the expansion of an unrefrained consumerism of goods and leisure. The second form of development of the city-technology relation has to do with the urban utopias that have flourished in Japan since the 1970s and that were stimulated by the period of prosperity in the 1980s. The paper examines two of those utopias in detail : compact cities with their « hyper buildings », and floating cities (the Mega float project). The paper concludes that these developments, mega projects or urban utopias, cannot be seen solely as the whims of a nation convinced that economic growth will be eternal. The hopes placed in the citytechnology relations are embedded in profound cultural features of the Japanese society. Be there a crisis or not, the archipelago should therefore remain a privileged milieu of urban imagination. 103