Infection à VIH/Sida : Pouvons nous aujourd`hui, au Service

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Infection à VIH/Sida : Pouvons nous aujourd`hui, au Service
Infection à VIH/Sida : Pouvons nous aujourd’hui, au Service de Pédiatrie, faire le
bilan d’une prise en charge optimale ?
Déjà le nouveau-né, le nourrisson et l’adolescent ont à faire face à
cette myriade de pathologies infectieuses (septicémie, méningite,…), aux
différentes retombées des mauvaises conditions d’accueil á la naissance, aux
conditions nutritionnelles précaires inhérentes aux conditions socio-économiques
difficiles ; de nos jours s’ajoutent les assauts du virus du Sida, avec des
corollaires comme l’orphelinat, l'amplification de la susceptibilité aux infections,
pour ne citer que ceux là. Nous évoquerons aujourd’hui dans les lignes qui
suivent, un aspect de la réalité que nous vivons au sein du secteur
d’hospitalisation des 0 – 3 mois à l’H.U.E.H, par une tentative d’analyse des
similitudes et différences observées chez deux nourrissons ; cette réalité
probablement est différente au niveau des autres groupes d’âge.
Le 1er cas de sexe féminin, BB V pesant 3435gm, est né le 29 août 2005
à la Croix des Bouquets, et vu en consultation à 1 mois d’âge dans un Centre de
Image 2 :BB V après 15 jours d’hospitalisation
Image 1: BB V a l’admission
santé pour fièvre à allure intermittente et éruptions cutanées ; elle allait être
hospitalisé à l’H.U.E.H. sous référence des Centres GHESKIO, à 2 mois d’âge
Image 3 : BB V après 1 mois d’hospitalisation
Image 4 : BB V ré hospitalisé
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pour fièvre, pâleur, dyspnée, moniliase buccale et lésions cutanées. Les
impressions cliniques suivantes de septicémie et anémie sont retenues au départ
et avec l’apparition des râles crépitants, la Pneumonie fut ultérieurement
évoquée. Apres plus d’un mois d’hospitalisation, réclamée par sa mère, elle allait
partir pour revenir une semaine après, avec une détérioration de l’état général et
récurrence de la symptomatologie initiale. Placée sous antiretroviraux, elle
décédait quinze jours plus tard.
BB G, né le 16 juin 2005, pesant 2000gm, à un mois d’âge, est à sa
deuxième hospitalisation le 6 août 2005, sous référence des Centres GHESKIO
pour fièvre, toux, diarrhée. Avec un examen clinique révélant : fièvre, pâleur,
dyspnée, signes de déshydratation et tachycardie, les impressions de
Pneumonie, gastro-entérite d’origine parentérale et anémie sont retenues. A
noter que l’impression clinique lors de la 1ère hospitalisation était : septicémie et
anémie sévère. Placé sous ARV, le BB G a fêté ses 17 mois la semaine
dernière.
Image 5 : BB G à 1 mois
Image 6 : BB G à 4 mois
Image 2 :
Image 7: BB G à 12 mois
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En dehors de la virulence de la pathologie, BB V n’a pas eu le bénéfice
d’un environnement
familial apte à l’accompagner au cours de son
hospitalisation : mère hospitalisée en Médecine Interne pendant la majeure
partie de son séjour, père absent, encadrement pendant longtemps par une
grand-mère.
Par contre la mère et parfois le père de BB G étaient présents, « exécutant » tant
bien que mal les ordonnances, se chargeant de façon régulière de l’alimentation
et ne marchandant jamais leurs sentiments.
Les parents des deux petits patients ont eu à faire bien des
« gymnastiques » pour se procurer du lait artificiel dont se nourrissait leur bébé.
Dans le cas du BB V, très souvent la dilution du lait était revue à la baisse,
garantissant ainsi une plus longue durée de la boite.
BB V était nourrit par sa grand-mère et BB G par sa mère.
En dehors des ARV, il y avait les solutés, les antibiotiques, l’intracath à se
procurer, ceci quelque soit la disponibilité économique des parents (car le
Service n’offre pas toujours ce qu’il faut pour accomplir ces tâches).
BB V et sa grand-mère
Le programme de prise en charge de l’infection à VIH et du Sida ne
devrait pas exister en vase clos. L’introduction de cette « activité » devrait offrir
l’opportunité de renforcer les structures existantes, et permettre le
fonctionnement rationnel de l’ espace sanitaire :
- l’eau devrait couler 24 heure sur 24 dans les robinets (avec dispositifs
appropries) retrouvés au niveau des différentes salles du secteur ; ceci
réduirait déjà les risques d’infections nosocomiales.
- une salle de consultation externe devrait être aménagée au sein du
secteur, permettant d’accueillir tous les nouveau-nés et nourrissons
(hospitalisés), revenant en visite de suivi, écartant ainsi tout risque de
discrimination;
- tout le personnel soignant et de soutien, devrait recevoir les formations
relatifs aux différents aspects du problème (VIH /sida), dépendant bien sûr
de leur niveau d’intervention ; les formations devraient être « en
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permanence », offrant l’opportunité non seulement d’évaluer le système
mais aussi de maintenir un niveau d’information actualisé, afin de garantir
la cohérence au sein des équipes
un support nutritionnel, accompagné de séances d’éducation sur les
principes d’hygiène, sur le mode d’alimentation permettrait une meilleure
gestion des déficits nutritionnels.
un encadrement optimal devrait permettre l’intégration au niveau du
secteur, de travailleur social, psychologue, dame de salle… réduisant
ainsi les cas d’abandon, de fausses routes…
les investigations para cliniques de base, à l’instar des tests de dépistage
du virus, devrait être systématiquement offerts aux nouveau-nés admis.
Une coordination avec le programme de PTME serait indispensable pour
une gestion globale de la pathologie
Nous pouvons encore « gagner » ce paris. Pour ce, il faut prôner des
comportements fondés sur l’étique, un esprit de sacrifice et d’engagement.
Gardons espoir !