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N°3 - MARS 2004 É D I TO R I A L A S S O C IATI O N A ÉR O NAUTI Q U E & A STR O NAUTI Q U E En un siècle, les progrès accomplis dans le domaine aérospatial ont été fantastiques, grâce au génie inventif et au talent industriel et technologique de quelques uns, à l’esprit d’aventure et à la volonté d’entreprendre de bien d’autres. Il n’est donc que justice de reconnaître les plus créatifs et les plus entreprenants d’entre eux, en les distinguant. Chers et chères collègues, e déplacer dans les airs ou dans l’espace, au delà de notre atmosphère, fait partie des plus vieux rêves de l’humanité. En un siècle environ, nous sommes passés ou presque, des rêves à la réalité. Même s’il reste encore beaucoup à faire, les progrès accomplis sont fantastiques. Tout cela a été réalisé grâce au génie inventif et au talent industriel et technologique de quelques uns, à l’esprit d’aventure et à la volonté d’entreprendre de bien d’autres. Un des fondements les plus solides de ces incontestables progrès réside dans le formidable développement des sciences et des techniques de l’aéronautique et de l’astronautique. Dans les nombreuses disciplines qu’elles couvrent, nous avons acquis et devons encore acquérir de vastes connaissances, de solides expériences et des méthodes efficaces pour concevoir et produire des engins aériens et spatiaux toujours plus performants et soucieux du bien-être de l’humanité. Notre association, l’AAAF, la seule société savante française universellement reconnue dans ces domaines de l’aéronautique et de l’astronautique, est fière de rassembler, dans notre pays, les acteurs de ces progrès, avec le souci de leur donner un large rayonnement mondial. Il n’est donc que justice de reconnaître les plus créatifs et les plus entreprenants d’entre eux. Pour formaliser cette reconnaissance, l’AAAF a créé depuis quelques années trois types de distinctions : les Prix, les Médailles et les Grades. Tout d’abord, les Prix. Ils ont pour but de reconnaître l’excellence des travaux individuels ou collectifs ayant fait avancer de façon significative les connaissances, les produits et la notoriété de notre recherche, de nos institutions et de notre industrie. Depuis trois décennies, ces prix ont ainsi été décernés chaque année à de nombreuses personnalités et équipes. Vous en trouverez la liste dans l’annuaire et sur le site Web de l’AAAF. Outre ces Prix, nous décernons des Médailles en reconnaissance des services éminents rendus à notre association et à la collectivité aéronautique et astronautique par ses membres ou par les membres d’associations amies. S DANS CE NUMÉRO : • LA VIE DES GROUPES RÉGIONAUX • SCIENCE & TECHNOLOGIE DE F R AN C E Pour terminer, les Grades. Ils distinguent la qualité d’expert que nos professionnels, chercheurs, enseignants, ingénieurs et managers auront acquise tout au long de leur vie professionnelle. Le fait d’appartenir à l’association est déjà le signe d’un niveau de formation important et d’un grand potentiel de compétence qui va s’enrichir dans l’exercice du métier de chacun. Le grade de « Membre Senior » confirme le haut niveau de compétence et la qualité d’expert obtenus au cours d’un parcours professionnel remarquable. Il doit justifier tout particulièrement de la maîtrise reconnue de sa spécialité, de la conduite et de l’aboutissement de projets, de la publication de travaux originaux, de l’accomplissement de recherches dans des domaines nouveaux, de l’enseignement dans sa spécialité, du management d’équipes… Le grade le plus élevé, celui de « Membre Emérite » est réservé aux plus hauts niveaux d’excellence. Il correspond souvent à l’aboutissement d’une carrière exemplaire de spécialiste ou de manager. A la suite d’un accord passé avec la CEAS (Confederation of European Aerospace Societies), ces grades sont reconnus, au niveau international, par toutes les autres associations européennes de la profession. Ces Prix, Médailles et Grades sont attribués, soit par le conseil d’administration, soit par un comité créé à cet effet, constitué de nos membres les plus éminents sous la direction de notre président. Les commissions techniques de l’AAAF jouent un rôle tout particulier dans les propositions de candidatures. J’ai l’honneur de piloter l’ensemble de ces opérations qui s’étalent sur plus de six mois depuis le recueil de candidatures jusqu’aux nominations. Pour terminer, je tiens à rappeler que notre association, riche de ses membres, a l’ambition d’en faire reconnaître, de façon toujours plus marquée, la très grande qualité dans tout le monde scientifique, technique et industriel. Elle a aussi la volonté de favoriser la relève par les plus jeunes en leur ouvrant la possibilité d’être, à leur tour, distingués par leurs pairs pour leur apport personnel ou collectif au développement de l’aéronautique et de l’astronautique. Bien cordialement, 2-5 7, 10-15 • Christian MARI VICE-PRÉSIDENT DE L’AAAF, RESPONSABLE DES GRADES ET DES PRIX • LES ÉVÉNEMENTS À VENIR ESPACE JEUNES 16 • 8&9 • N°3 - MARS 2004 L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X Côte d’Azur 2 LES MISSIONS SCIENTIFIQUES AUSTRALES ET POLAIRES FRANÇAISES UNE CONFÉRENCE DE RENÉ BOST (PRÉSIDENT DE L’AMICALE DES MISSIONS AUSTRALES ET POLAIRES FRANÇAISES, AMAPOF) ■ René BOST C’est à une conférence inhabituelle et exceptionnelle, illustrée de photos splendides, que nous a conviés, le 18 novembre 2003, René BOST, ancien Directeur des laboratoires scientifiques des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises), ex-responsable au CNES des sciences de la vie dans l’espace, puis Directeur du MEDES, Institut de médecine et de physiologie spatiale. Le territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises, TAAF, est constitué de quatre parties géographiques dispersées dans le sud de l’Océan Indien sur plus de 7 millions de km2, dont 437 747 seulement émergent de l’océan et 430 000 environ sont couverts de glaces éternelles. Du nord à l’extrême sud on trouve successivement, les îles Saint-Paul et NouvelleAmsterdam, les archipels de Crozet et de Kerguelen, enfin la Terre Adélie qui s’étend de la côte du continent Antarctique jusqu’au pôle sud géographique. Si l’on excepte SaintPaul et la NouvelleAmsterdam, le point climatique commun aux districts des TAAF est la fréquence et la violence des vents. Catabatiques, accompagnés de blizzard en Terre Adélie, ils dévalent la pente du ■ Fusée sonde ERIDAN utilisée pour l’expérience ARAKS continent Antarctique jusqu’à la mer. A versement des moussons à des altituKerguelen ou à Crozet, ils soufflent en des de 30 à 35 Kilomètres dans l’hépointe jusqu’à 300 Km/h. Aucun relief misphère sud. Un radar SUPER DARN ne les arrête sur la boule lisse de l’o- installé récemment à Kerguelen fait céan et ils ont valu à ces mers du sud la partie d’un réseau international dont les réputation d’être les plus tempétueuses données permettront de prédire les du monde, ce sont les 30e mugissants, perturbations électromagnétiques dues au vent solaire. En raison de sa situales 40e rugissants, les 50e hurlants… Découvertes tardivement, ces terres tion de plate-forme unique au sud de inhospitalières restèrent longtemps l’Océan Indien, le CNES a construit à inhabitées. Le peuplement débuta au Kerguelen une station de recueil de XIXe siècle avec l’exploitation des données de satellites et de contrôle de graisses animales et des peaux. trajectoires. D’autres tentatives d’activités plus D’autres activités scientifiques plus terrécentes, épisodiques et modestes, se restres s'opèrent également sur ces soldèrent toutes par des échecs. Seule territoires. Les observatoires permala pêche subsiste, qui exploite actuelle- nents de géophysique externe et de ment les ressources de l’Océan Indien. séismologie y fonctionnent depuis un Dès 1947, les différends sur les reven- demi-siècle. Leurs mesures ont valeur dications territoriales des nations ayant de référence internationale. des prétentions sur l’Antarctique, pro- Des forages profonds dans la glace du voquèrent de nombreuses réunions Dôme C (à travers de plus de 3000 m sous l’égide des Nations Unies. Ce de glace) ont été effectués récemment n’est qu’en 1959 qu’elles aboutirent à à la station franco-italienne CONCORla signature du traité de l’Antarctique. DIA en Terre Adélie. Ces sondages ont Afin de renforcer sa position, le gou- permis d’extraire des données paléo vernement français encouragea des climatiques spectaculaires pour la expéditions qui implantèrent les pre- compréhension de l’évolution des climières structures des établissements mats et des effets de la pollution propermanents que nous connaissons voquée par l’Homme. La reconstitution des climats et de leurs cycles de variaactuellement. De 1956 à 1957 l’AGI (Année tion, au cours des 500 000 années Géophysique Internationale), organisa passées a été possible. un programme commun d’observations Les terres australes et le continent des phénomènes géophysiques sur Antarctique isolés pendant des millétoute la planète. Ce fut le point de naires sont devenus de rares sanctuaidépart de la vocation scientifique des res où la faune et la flore terrestre et TAAF qui occupent des situations géo- océanique ont évolué sans interaction magnétiques exceptionnelles. Le pôle notoire avec les autres formes de vie magnétique sud se situe en Terre développées sur les autres continents, Adélie ; Kerguelen, situé sous la zone à l’abri des bouleversements provoaurorale antarctique, est aussi le seul qués par l’intervention de l’Homme. En point émergé de haute latitude géoma- raison de son inaccessibilité pendant la gnétique sud correspondant à un point nuit polaire, le Dôme C offre aussi un conjugué magnétique émergé de haute terrain de simulation idéal pour tester latitude nord (Sogra, près d’Arkhan- les comportements humains dans des gelsk en Russie). Cette situation per- environnements extrêmes. Il est envisamet des observations simultanées aux gé d’utiliser la station CONCORDIA deux extrémités d’une même ligne de pour simuler un voyage sur Mars ou force du champ magnétique terrestre. l’implantation d’une station habitée sur Dès 1967, des tirs scientifiques de la Lune. fusées sonde (Dragon et Eridan de Sud-Aviation) furent effectués depuis la Jean LIZON-TATI d’après René BOST Terre Adélie et Kerguelen, pour étudier en particulier les mécanismes du Pour en savoir plus : www.taaf.fr déclenchement des phénomènes aurowww.amapof.fr raux (Expérience franco-russe ARAKS, 1974-75). Des lâchers de ballons, depuis Port aux Français (Kerguelen), permirent les premières études du ren- ■ La base DUMONT d’URVILLE en Terre Adélie UNE CONFÉRENCE (GIFAS) D’ALAIN AUDIER ■ Alain AUDIER Quoi de plus logique que d’inviter un représentant du GIFAS pour parler de l’aéronautique française dans sa globalité. Alain AUDIER, Directeur des Affaires Internationales Equipements, s’est acquitté avec brio de cette lourde tâche, le 16 décembre 2003, devant les membres du Groupe régional Cannes-Côte d’Azur réunis dans l’auditorium du Spacecamp d’Alcatel Space de Cannes la Bocca. ■ Aibus A318 ■ ATR 72 secteurs : les systémiers, les motoristes, les équipementiers, recouvrant les programmes civils et militaires. Le GIFAS, avec sa filiale SIAE (Salons Internationaux de l'Aéronautique et de l'Espace), est également l’organisateur du Salon International du Bourget, considéré comme le premier salon aéronautique du monde. ■ RAFALE – METEOR Sur le plan mondial, l’industrie française aéronautique et spatiale se classe parmi les meilleurs élèves. Numéro un en Europe avec 31% de la production totale, c’est aussi le leader de la coopération dans de nombreux programmes. Le chiffre d’affaires 2002 est de 24,6 Md€ (72% civil, 28% militaire) dont 10,8 pour la France et 13,8 à l’exportation. Industrie en excellente santé, son carnet de commande couvre 4 années d’activités : les commandes reçues en 2002 correspondent à 25,6 Md€ dont 64% à l’export. Le secteur emploie un effectif de 101 500 personnes en France, auquel il faut ajouter plus de 100 000 personnes chez 4 000 sous-traitants. Bernard MANSUY, Jean LIZON-TATI Marseille Provence VISITE DU CENTRE D’ASTRONOMIE DE SAINTMICHEL L’OBSERVATOIRE, LE 12 DÉCEMBRE 2003 ■ TIGRE L’industrie aérospatiale française a joué un rôle majeur dans la profonde restructuration de la profession qui a eu lieu au cours de la dernière décennie. Outre la création du géant européen EADS, on peut noter l’émergence des 4 grands équipementiers concepteurs de systèmes que sont les groupes Zodiac, Snecma Equipements, Thalès et Sagem, suivie également par des regroupements importants dans le secteur des PME. Dans le concert européen, l’industrie aérospatiale nationale détient une position prépondérante ou majoritaire au sein des activités des acteurs majeurs que sont EADS, Thalès, Snecma, Sagem, Dassault Aviation et Le centre culturel de Saint-Michel l’Observatoire, crée en 1998 par décision du Conseil Général des Alpes de Haute Provence, est en charge de diffuser des informations scientifiques auprès des scolaires et du grand public. Il a ouvert ses portes, le 12 décembre 2003 dernier, à une quarantaine de membres du groupe régional Marseille-Provence de l'AAAF pour une session nocturne. Le programme comportait : •Une présentation des installations et des activités du centre, par son directeur au cours du repas précédant la veillée ; •un examen du ciel de Provence, hémisphère nord et hémisphère sud, à la clarté des étoites ; L A L ETTRE AAAF La Chambre Syndicale des Industries Aéronautiques d’où sera issu le GIFAS est née le 17 janvier 1908, de la volonté de quelques pionniers dont Louis BLERIOT, Louis BREGUET, Gabriel VOISIN et Robert ESNAULT-PELTERIE, avec le but clairement exprimé de donner un caractère industriel et commercial à des activités considérées jusque-là comme relevant du sport. En 1958, nouvelle étape : la Chambre syndicale élargit sa compétence à l'Espace. En 1975 enfin, apparaît la dénomination que nous connaissons. Le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (www.gifas.asso.fr/) est une association professionnelle qui regroupe 215 sociétés spécialisées dans l'étude, le développement, la réalisation, la commercialisation et la maintenance de tous programmes et matériels aéronautiques et spatiaux, depuis les grands maîtres d'oeuvre jusqu'aux PME. Celles-ci sont réparties en 3 grands ■ REIMS F406 Zodiac, par ordre décroissant de chiffre d’affaires. Ils contribueront, à leur niveau et en coopération avec d’autres entreprises françaises ou européennes, aux programmes qui marqueront la décennie en cours : A380 ; A400M et ses moteurs TP 400-D6 ; évolution du Rafale Standard F3 ; NH90 ; Tigre ; Ariane 5 ; Galiléo ; Missile Météor ; Drones et UCAV. L’optimisme qui pourrait découler d’un examen trop continental des résultats des industries aérospatiales françaises et européennes doit être quelque peu tempéré si on rapproche ceux-ci des chiffres publiés outre-atlantique. Le déséquilibre est parfaitement illustré par les budgets de défense (voir l’article consacré à la politique spatiale européenne de la LETTRE AAAF N°2-2004), structurés et en forte hausse côté américain, fragmentés et non-coordonnés côté européen. C’était le message réaliste glissé parmi les conclusions du conférencier : un appel à encore plus de coopération entre les pays de notre continent, en matière de défense en particulier. L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X LES ENTREPRISES FRANÇAISES ET L’INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE MONDIALE 3 L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X N°3 - MARS 2004 4 •une observation individuelle par chaque participant avec une lunette de visée calée sur Aldébaran et les Pléiades et le télescope de •l'observatoire centré successivement sur Mars et Satume ; •un diaporama sur grand écran décrivant les principales planêtes, étoiles et galaxies de notre univers proche et leurs caractéristiques principales. Le Centre d'astronomie de SaintMichel l'Observatoire, qui jouxte l'observatoire de Haute Provence et fonctionne avec lui en partenariat, est doté d'équipements de pointe comme un sidérostat qui permet l'observation du ciel en plein jour, de lunettes à fort grossissement et de télescopes sur tourelles asservies permettant l'alignement en site et azimut de l'axe de visée avec une grande précision. La validité scientifique des actions du Centre d'astronomie est garantie par la présence de chercheurs de haut niveau du CNRS appartenant à l’observatoire de Haute Provence. Les soirées proposées au public, associent avec bonheur les observations du ciel, les conférences et des concerts permettant de conjuguer connaissance et divertissement. Pour le premier trimestre 20004 sont notamment programmés : - le 28 février 2004 : « Voyage sur la lune » : projection « en direct » de la lune dans son premier quartier et commentaires illustrés sur la variété de ses paysages ; - le 27 mars 2004 : « C'est quoi la théorie de la relativité, au fond ? » - le 24 avril 2004 : « Naissance des étoiles » : scénario proposé par les scientifiques pour expliquer leur formation et leur évolution dans l’univers. Des veillées d'observation « Découverte du ciel » sont également prévues tous les mois. Elles débutent par une simulation sur écran du ciel de la soirée qui facilite l'identification à l'oeil nu des différentes étoiles, puis leur observation au télescope. Des séances diurnes d'observation du soleil et de ses protubérances sont également proposées sur coronographe. Plusieurs sites Internet permettent de retrouver images et informations célestes. La deuxième partie de la soirée a débuté par un « passage au noir » pour rejoindre à travers quelques escaliers et sentiers le plateau d'observation de la voûte céleste. Côté Nord d'abord où un guide « éclairé » nous a fait cheminer sur les « sentiers du ciel ». Etoiles, galaxies, constellations, planètes, amas de nébuleuses, ont été brièvement passés en revue. La Grande Ourse et la Petite Ourse permettent un cheminement aisé vers l'Etoile Polaire. Le double amas de Persée situé entre les constellations de Cassiopée et de Persée est constitué de deux groupes d’étoiles, d'un diamètre de 70 années lumières chacun, visibles à l'oeil nu. Toutes les étoiles qui le composent sont nées en même temps que la même nébuleu- se, il y a 5 millions d'années et représentent le plus jeune « amas » de l'univers. Côté Sud, la constellation du Bélier avec ses quatre étoiles visibles à l'oeil nu est essentielle aux yeux des astronomes : elle comprend le point « vernal » qui, croisé par le soleil donne la signal du printemps. Dans la constellation de la Baleine, une étoile géante Mira-Ceti se gonfle et se dégonfle périodiquement avec un diamètre allant de 400 à 500 fois celui du soleil. A son maximum, elle brille 250 fois plus que le soleil mais, très éloignée elle est à peine perceptible à l'oeil nu. Ce « cheminement » céleste a été complété par des observations aux instruments sur cibles pointées avec précision : lunettes au sol pour l’observation notamment de Mars et de la Lune, télescope de type « Newton », muni d'un oculaire latéral et d'un viseur axial : Saturne et ses anneaux, Aldébaran et les Pléiades offrent de merveilleuses images. La soirée s'est terminée comme il convient en pleine lumière. Une projection sur grand écran nous a été présentée avec une description des planètes du système solaire et de leurs satellites ainsi que leurs caractéristiques (diamètre, période de rotation sur ellemême et autour du soleil, température, etc.) puis des étoiles et des galaxies proches observables avec le télescope géant « Hubble » . Fernand d'AMBRA Toulouse - Midi-Pyrénées L'APESANTEUR EN VOL PARABOLIQUE Soixante personnes ont assisté, le 13 Novembre 2003, à une conférence de deux sympathiques membres du CEV d’Istres, Didier POISSON, pilote d'essais, et Michel CARTIER Ingénieur navigant. Cette conférence était organisée par le groupe régional Toulouse Midi-Pyrénées dans la salle symposium du siège d'AIRBUS. Dans le numéro d’avril 2004 de La LETTRE, nous consacrerons un dossier au premier vol « Zéro g » réalisé avec un Airbus, d’après les souvenirs d’un ancien d’Airbus et de EADS. été un challenge ambitieux et nécessaire pour la recherche fondamentale. L’avion est l’un des rares moyens qui permette de réaliser cet état. C’est pourquoi le Centre d’Essais en Vol (CEV) participe au programme des vols paraboliques français depuis 1987, avec un total de 5300 paraboles réalisé avec la Caravelle « Zéro g » jusqu’en 1995. Arrivée en fin de vie, la Caravelle fut remplacée par un Airbus A-300 - le numéro de série N° 3 – avec lequel Didier POISSON et Michel CARTIER effectuèrent les vols d’essais et de mise au point pour la microgravité, au CEV en juin 1996. Offrir du temps en apesanteur Une phase exaltante d'essais Pour des raisons évidentes, aussi bien techniques que commerciales, offrir du temps en apesanteur, sans pour autant aller jusque dans l’espace, a toujours Cette phase de vols d’essais fut riche d’enseignements techniques, avec des lois de pilotage, différentes de celles de la Caravelle. Il fut possible, avec UNE CONFÉRENCE DE DIDIER POISSON ET MICHEL CARTIER DU CENTRE D'ESSAIS EN VOL. l’Airbus de paramétrer correctement les paraboles, quant à l’assiette, la vitesse, l’absence de roulis, grâce à un dispositif très particulier de pilotage à trois, pour réaliser des temps en microgravité de l'ordre de 20 à 25 s. Les deux conférenciers avec forces courbes et profils expliquèrent avec passion comment ils progressèrent jusqu'à avoir des paraboles parfaites, capables de satisfaire les exigences des scientifiques. Des campagnes actives Depuis le début de sa phase opérationnelle, l’A300 « Zero g » a réalisé 37 campagnes de vols en microgravité avec un total de 4400 paraboles, permettant la réalisation de nombreuses expériences, de l'entraînement aux vols en apesanteur aux expériences médicales et mécaniques. Des équipes étrangères, notamment japonaises vinrent tester leur matériel à vocation spatiale. LES JOURNEES D’ETUDES FEDESPACE Il n'est plus nécessaire de démontrer l'intérêt porté par les scientifiques à ce genre de vols en apesanteur simulé. Didier POISSON et Michel CARTIER ont su captiver l'assistance et susciter de nombreuses…questions de la part de l’assistance. Un repas offert par le groupe régional permit de réunir autour des deux conférenciers, quelques membres du groupe qui poursuivirent une discussion animée et captivante. FEDESPACE a organisé, en collaboration avec l’ANAE, une journée d’études, le 26 novembre 2003 à Toulouse, sur le thème « Le transport aérien : vers l’automatisation du vol et de sa gestion ? ». Le Groupe régional Toulouse-Midi-Pyrénées de l’AAAF a organisé, à l’intention des élèves de l’option air-espace de EPF- Formation d’ingénieurs, une session sur le même thème, le 8 janvier 2004. Ces deux manifestations étaient animées par Marc PELEGRIN, membre de l’AAAF, de l’ANAE et de l’Académie des technologies. Jean-Claude RIPOLL nous en parle dans son article « Les avions, le contrôle et les hommes » à voir dans ce numéro, rubrique SCIENCE &TECHNOLOGIE. Francis GUIMERA ERTS : EMBEDED REAL TIME SOFTWARE : « UNE APPROCHE PLURISECTORIELLE SUR L’ÉVOLUTION DU LOGICIEL TEMPS RÉEL DANS LES TRANSPORTS » PAR MARC CHARLET (SIA) Un congrès Européen à Toulouse L’AAAF (Association Aéronautique et Astronautique de France), la SEE (Société de l'Électricité, de l'Électronique, et des Technologies de l'Information et de la Communication) et la SIA (Société des Ingénieurs de l’Automobile), ont organisé les 21, 22 et 23 janvier 2004 au Palais des Congrès Pierre Baudis de Toulouse un congrès Européen sur le Logiciel Embarqué. Cet événement plurisectoriel a réuni plus de 370 participants (constructeurs, équipementiers, fournisseurs, laboratoires de recherche et universitaires) et a permis de faire le point sur cet axe stratégique pour l’évolution de nos industries que constitue le logiciel embarqué. Une exposition de 34 stands suivie par notre représentante AAAF Joëlle HUNEAU-STELLA, a rassemblé les grands acteurs du secteur et a mis en avant les nombreux centres de compétences présents dans la région Toulousaine. Les convergences automobile, aéronautique, espace et ferroviaire. ERTS est un formidable espace de rencontres et d’échanges des principaux experts européens du domaine et favorise les convergences entre les différents secteurs d’activité : automobile, aéronautique, espace et ferroviaire. Le 2ème Congrès ERTS a consacré la convergence aéronautique – automobile à Toulouse. Tous les participants ont pu apprécier combien les enjeux du logiciel temps réel embarqué du nouvel Airbus A380 étaient proches de ceux des grands constructeurs automobiles européens, tous présents à cette deuxième édition présidée par notre représentant SIA Jean Luc MATÉ. Qualité, fiabilité, maîtrise totale de la conception des fonctions embarquées par une architecture ouverte et des outils de conception totalement intégrés ont été démontrés tout au long des conférences. La table ronde multisectorielle a permis de valider la transversalité de l'agenda de la recherche européenne sur l'axe système et logiciel temps réel embarqué. L'initiative AUTOSAR : AUTtomotive Open System ARchitecture lancée par les constructeurs et équipementiers automobiles sur le thème de la standardisation des interfaces logiciels, représentée par son porte-parole de BMW, a convaincu l'auditoire du défi que cette industrie souhaite relever. La table ronde « business model » Quels modèles économiques pour la rémunération de logiciels de très haute technologie ? Quel processus pour garantir la sécurité et la responsabilité d'un système intégré multi-fournissseurs ? La table ronde « business model » a posé toutes les questions qui vont certainement traverser les directions achats des donneurs d'ordres européens. Jean Claude LAPRIE notre président du Comité de programme à conclu par : « de la fédération des systèmes à l'intégration » harmonieuse d'architecture complète, notre tâche reste grande. Le rendez-vous 2006 Aussi rendez-vous est pris pour la 3ème édition du congrès ERTS 25, 26 et 27 janvier 2006 qui devrait attirer les industriels mondiaux des logiciels embarqués pour le transport intelligent. Nous tenons à remercier l’IERSET (Institut Européen de Recherche sur les Systèmes Electroniques pour les Transports) pour sa forte contribution dans la mise en place du programme ainsi que le Conseil Régional Midi-Pyrénées, la Communauté d’Agglomération du Grand Toulouse et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse pour leur soutien. Si Toulouse s'écrit toujours avec « 2 ailes » dixit Airbus, ERTS a consacré l'existence d'un nouveau pôle européen qui pourrait permettre de le réécrire : TOUs les LOgiciels Unis pour les Systèmes Embarqués. Marc CHARLET L A L ETTRE AAAF AUTOSAR En effet, si les 5 millions de nouveaux véhicules produits chaque année intègrent ce standard dans les 20 calculateurs embarqués, ce ne sont pas moins de 100 millions de licences logiciels qui devront être livrées sur la planète au standard AUTOSAR. Dans ce contexte, le logiciel temps réel devient un produit en tant que tel et de ce fait, doit structurer son propre marché. Si l'automobile doit encore apprendre la conception sous contrainte sécuritaire maîtrisée par l'aéronautique, le spatial et le ferroviaire, ces derniers devraient bénéficier de solutions bas coûts générés pour les volumes de l'automobile. L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X Conclusion 5 L A V I E D E S CO M M I S S I O N S T EC H N I Q U E S Commission Énergétique ON-BOARD ENERGETIC EQUIPMENT 2004 18-20 OCTOBRE 2004 AVIGNON, FRANCE • APPEL A COMMUNICATIONS CONTEXTE Faisant suite à Avignon 2002, la Commission Énergétique de l'AAAF organise un second symposium, Avignon 2004, au Palais des Papes d'Avignon du 8 au 20 octobre 2004, rassemblant les Institutionnels, les Maîtres d'œuvres et les Équipementiers du domaine aérospatial (Défense, Espace et Aéronautique, plates-formes civiles et militaires) autour d'un thème central : L'énergie embarquée En effet les équipements évoluent et se diversifient depuis plusieurs années. Ils sont au cœur de nombreuses avancées technologiques dans des secteurs aussi variés que la génération et le stockage d'énergie, les modes de conversion, de transmission, de régulation et de contrôle, ainsi que les applications fonctionnelles du type mécanismes ou équipements propulsifs. OBJECTIFS TECHNOLOGIES L'objectif du Colloque est de faire le point sur les équipements énergétiques embarqués sur les différentes plates-formes : avions civils, avions d'armes, hélicoptères, drones, missiles tactiques et stratégique, lanceurs, satellites, sondes interplanétaires : • progrès et perspectives des technologies énergétiques; • récentes évolutions et les ruptures technologiques; • développements en cours, les axes de R&D, notamment sur les sources d'énergie embarquées; • nouvelles applications fonctionnelles. Les différentes technologies des équipements énergétiques embarqués qui seront considérées par le Colloque sont listées ci-dessous, à titre indicatif : • matériaux énergétiques, • sources d'énergie électrochimique, • pyrotechnie, • technologies LASER, • technologies photovoltaïques, • alliages à mémoire de forme, • stockage et la restitution d'énergie, • conditionnement (air, température, ...), • filtration, • nanotechnologies énergétiques, • cryotechnique, • technologies de propulsion, • technologie fluidique, • technologies de freinage, • actionneurs asservis, • commandes de vol, les systèmes de sauvetage. Les diverses formes d'énergie embarquée : mécanique, fluidique, chimique, électrique,... seront abordées en tenant compte plus particulièrement des problématiques suivantes : • modes de stockage, de restitution et de conversion; • miniaturisation des équipements; • simplification des équipements et des systèmes les utilisant; • fiabilité des équipements; • rendements énergétiques; • asservissements; • sûreté de fonctionnement; • maintenance; Effets induits (pollution, bruit chocs, vibrations, température,...), sécurité / vulnérabilité en cas d'accident et les mesures prises pour en contenir les impacts; • intégration et la mise en œuvre sur les systèmes; • démantèlement en fin de vie; • modélisation dynamique des systèmes; • certifications. Applications Concrètement, sans vouloir être exhaustif, les équipements et sousensembles énergétiques embarqués qui intéressent le Colloque sont répertoriés ci-dessous par fonction : Génération (principale, auxiliaire et de secours) • Générateurs de gaz froid • Générateurs de gaz balistique • Générateurs solaires • Générateurs de puissance pneumatiques, hydrauliques, électriques Conversion - Transmission • Boîtiers convertisseurs • Équipements de transmission de puissance , • Arbres flexibles • Circuits de commande de vol Équipements propulsifs • Mini et micro moteurs à propergol solide • Mini et micro moteurs à matériaux énergétiques dissociés • Mini et micro moteurs gaz froid • Équipements de vannage de gaz • Dispositifs de déploiement de structures Stockage - Accumulation • Piles thermiques, • Piles à combustible • Batteries (lithium-ion) • Réservoirs Régulation Contrôle (qualité de l'énergie fournie) • Roues cinétiques • Équipements de contrôle thermique passif et actif • Équipements de régulation • Équipements de circuits fluidiques • Calculateurs d'asservissement • Cryostats et sous-ensembles cryotechniques • Équipements de climatisation • Filtres Mécanismes • Actionneurs, servocommandes mécaniques, électriques, balistiques piézoélectriques, électro-hydrauliques, • Équipements de sauvegarde • Dispositifs de freinage avions • Organes d'entraînement de rotors d'hélicoptères • Organes de trains d'atterrissage • Équipements de séparation, de libération et d'éjection • Démarreurs N°3 - MARS 2004 APPEL À COMMUNICATIONS 6 Les auteurs désirant faire acte de candidature sont priés d’envoyer avant le 30 avril 2004 à AAAF, 61 avenue du Château, 78480 Verneuil/Seine ([email protected]), les documents suivants: - un résumé restreint comportant le titre, l’auteur, les co-auteurs et leur appartenance, un texte en anglais de 50 mots environ précisant le thème de la communication et son originalité; - un résumé étendu comportant le titre, l’auteur principal (avec ses coordonnées: adresse, téléphone, fax, mail), les co-auteurs et leur appartenance et un texte en français ou en anglais de 300 à 500 mots. Notification d’acceptation ou de refus Le comité de programme notifiera aux auteurs le résultat de son analyse en mai 2004. Cette notification sera accompagnée d’instructions détaillées permettant aux auteurs retenus de rédiger et d’envoyer leur article complet pour le 1er octobre 2004. L’Airbus A400M : Chronique d’un succès annoncé Enfin, Jean-Jacques CUNY a accepté de décrire dans le détail, pour la LETTRE AAAF, les défis technologiques du Programme A400M. Le Programme A400M Le Programme A400M répond à un besoin exprimé par les 8 armées de l’air européennes pour un avion de transport militaire de nouvelle génération. C’est en septembre 1997 que ces membres européens de l’OTAN ont publié une demande de proposition (Request for Proposal) et c’est pour répondre à cette demande que les industries spatiales de ces nations ont conclu un partenariat connu maintenant sous le nom de Airbus Military. Airbus se lance ainsi pour la première fois dans l’aviation militaire avec ce transporteur polyvalent qui se place dans une catégorie intermédiaire entre des avions comme le G130 Hercules ou le C-160 Transall et le C-17 Globemaster ou le C-5 Galaxy. En juillet 2000, 9 pays se prononcent en faveur de 223 appareils. triel de l’A400M. Bien que la signature par l'Allemagne porte encore la réserve de l'approbation parlementaire, le ministre de la Défense Rudolf SCHARPING a exprimé sa confiance en une confirmation rapide par le Bundestag de la participation allemande au programme. L'arrangement (MoU) et le contrat deviendront effectifs une fois cette approbation obtenue. Les pays ont finalisé les dispositions détaillées de gestion du programme par l'OCCAR (Organisation Conjointe de Coopération en matière d'ARmement), qui mettra en œuvre, dans un esprit de progrès continu, les meilleures méthodes d'acquisition, pour l'approvisionnement des équipements de défense, y compris la mise en compétition. Avec son siège à Bonn et des bureaux de programmes actuellement à Bonn et à Paris, l'OCCAR gère plusieurs programmes en coopération, dont la Famille de missiles Surface-Air Futurs (FSAF), l'hélicoptère de combat TIGRE, le radar de Contre-Batterie COBRA, le système d'armes Sol-Air ROLAND et les systèmes de missiles antichars HOT/MILAN. Le programme de l'avion de transport militaire A400M, sera géré dès 2002 par l'OCCAR, quand les ultimes réserves auront été levées. Le contrat couvre toutes les activités de développement, production et soutien initial en service pour un programme en une seule phase. L'engagement initial des Etats s'élève à près de 20 G€. Les engagements des participants au contrat portent sur nombre total d’avions de 196 : Allemagne 73, Belgique 8 (dont 1 pour le Luxembourg) ; Espagne 27 ; France 50 ; Portugal 3 ; Royaume Uni 25 ; Turquie 10. Ce contrat représente une avancée décisive dans le processus de construction de la défense commune de l'Europe. Il permet de consolider les industries aéronautiques des pays participants autour d'un projet commun important. De plus, c'est un grand pas vers l'objectif fixé en 1999 à Helsinki de doter l'Union d'une capacité indépendante de gestion des crises et de mener des actions conjointes. Le 4 décembre 2002, l’Allemagne confirme sa participation mais réduit sa commande à 60 A400M au lieu des 73 prévus, décision qui doit être entérinée par le Bundestag avant d’être effective. Le seuil des 180 appareils (au lieu des 196 prévus) exigé par AIRBUS Military pour lancer les développements est préservé, les commandes des différents partenaires se chiffrant comme suit : Allemagne (60), France (50), Espagne (27), Grande Bretagne (25), Turquie (10), Belgique (7) et Luxembourg (1). Le Portugal qui devait commander trois appareils et qui avait suspendu sa réponse, se retire définitivement du Programme le 20 février 2003, tout comme l’Italie, pour se tourner vers les Etats-Unis. Dès le début de l’année 2003, Airbus commence la mise en œuvre du Programme. Les premières livraisons sont prévues en 2009. Les deux ans d’écart avec le Programme du gros porteur A380 permettra à Airbus d’appliquer à l’avion de transport militaire les technologies développées pour le gros porteur. En avril 2003, Airbus lance un appel d’offres mondial pour les 750 futurs moteurs de l’A400M qui représentent 15% des 20 milliards d’€ du Programme. Les moteurs proposés par le motoriste américain PRATT & WHITNEY d’une part et par le consortium européen EPI (EuroProp International) d’autre part, composé du français SNECMA (28%), du britannique ROLLS ROYCE (28%), de l’allemand MTU (28%) et de l’espagnol ITP(16%), ont des performances très semblables mais des prix nettement en faveur de l’américain. Certains gouvernements ne sont pas L A L ETTRE AAAF En décembre 2001, la signature d’un protocole d’entente (Memorandum of Understanding : MoU) par l'Allemagne, la Belgique (représentant aussi le Luxembourg), l'Espagne, la France, le Royaume-Uni, le Portugal et la Turquie, marque une étape importante dans le lancement indus- ■ Le futur avion de transport militaire Airbus A400M S C I E N C E & T EC H N O LO G I E Le 14 juin 2002, Alain CASSIER, directeur technique du Programme A400M présentait aux membres du Groupe régional Marseille-Provence de l’AAAF, le projet AIRBUS militaire A400M, avion de transport militaire à grande capacité. Plus récemment, le 16 septembre 2003, JeanJacques CUNY, en charge de la conception générale de l’avion à AIRBUS Toulouse donnait une conférence devant les membres du Groupe Cote d’Azur (voir la LETTRE AAAF N°3-2003), sur le Programme A400M devenu réalité depuis le 28 mai 2003 par la signature du contrat entre l’OCCAR (Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement) et AIRBUS Military. Cela montre, s’il en ait besoin, la pertinence des sujets d’actualité retenus par les responsables des groupes régionaux AAAF pour la programmation de leurs conférences. Il nous a paru intéressant : - de retracer pour nos lecteurs la chronologie de ce qui semble être, à plus d’un titre, un succès annoncé pour l’Europe de la Défense ; - d’apporter un éclairage sur l’apport de la recherche à ce projet industriel. 7 L E S É V É N E M E N TS À V E N I R CALENDRIER DATE DES LIEU MANIFESTATION 2004 Bordeaux Sud-Ouest (tél et fax 05 56 70 68 11 ; courriel : [email protected]) ________________________ 30 mars MIDI-PYRÉNÉES (Observatoire) IMA La chanson du soleil» par Sylvie VAUCLAIR 21 avril 18 juin ROCHEFORT SOGERMA EADS Visite du site ST-AUBIN-DE-MÉDOC 16 avril CANNES LA BOCCA Auditorium de Spacecamp Alcatel Space Les exoplanètes et la future mission COROT de l’ESA/Conférence de Tristan GUILLOT (CNRS, Observatoire de la Côte d’Azur) 25 mai CANNES LA BOCCA Auditorium de Spacecamp Alcatel Space « L’homme dans l’espace - Physiologie et médecine » conférence de Laurent BRAAK (MEDES - Toulouse) Toulouse Midi-Pyrénées (tél : 05 62 17 52 80 ; courriel : [email protected]) 21 avril TOULOUSE Alcatel Space __________________________ GMES : Global Monitoring for Environment and Security, une conférence de Claire-Anne REIX (Alcatel Space) Les samedis de l’histoire (tél : 01 34 60 11 34 ; courriel : [email protected]) _______________ 27 mars à 14h30 AÉROPORT DE PARIS LE BOURGET MUSÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE «L’irrésistible ascension des Wright» par Michel THOUIN (AAMA) Adhérez à l'AAAF et recevez la «LETTRE AAAF» VOUS ÊTES ADHÉRENTS Faites circuler cette lettre auprès de vos amis, de vos collègues, pour qu’ils nous rejoignent. VOUS DÉCOUVREZ LA LETTRE AAAF : Vous êtes passionné(e) par les sciences et techniques de l'aéronautique et de l'astronautique, vous souhaitez communiquer et échanger des informations ou des idées dans ces domaines, à titre professionnel ou personnel ; ➤ Vous souhaitez faire carrière, apporter votre expérience ou élargir vos horizons dans nos industries ou dans nos organismes de recherche ; vous souhaitez être reconnus dans votre profession, au plan national et international ; ➤ Votre Entreprise, votre Organisme de Recherche, votre Association souhaite promouvoir et défendre ses activités au travers des réalisations et des projets de l'aéronautique et l'astronautique française : ➤ REJOIGNEZ L'AAAF N°3 - MARS 2004 Les avions spatiaux» par Philippe JUNG (Commission Histoire de l’AAAF) Cannes - Côte d’Azur (tél : 04 92 92 79 80 ; courriel : [email protected]) ___________________________ ➤ 8 M A N I F E S TAT I O N S La seule association reconnue d'utilité publique qui soit une société savante délivrant des grades reconnus au niveau européen et couvrant sur le plan national, avec de larges ouvertures internationales, l'ensemble des disciplines aéronautiques et astronautiques. ➤ Offre spéciale réservée aux moins de 26 ans : rejoignez maintenant l'AAAF pour seulement 20 €. ➤ Pour toutes questions contactez nous par téléphone : 33 (0) 1 39 79 75 15 ou par courriel : [email protected]. ADHÉSION PAR INTERNET Rendez vous sur le site Web de l’AAAF : www.aaaf.asso.fr ➤ Choisissez votre catégorie de membre. ➤ Complétez soigneusement vos coordonnées sur la page du serveur «yaskifo». ➤ Réglez par carte de crédit. Pas de soucis, la liaison est sécurisée. ADHÉSION PAR COURRIER ➤ ➤ remplissez le formulaire ci-dessous (en lettres capitales) ; adressez le formulaire rempli accompagné de votre paiement à Association Aéronautique et Astronautique de France (AAAF), 61, avenue du Château, 78480 Verneuil-sur-Seine ❑ M. ❑ Mme ❑ Melle, Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénoms : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . 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Vous pourrez enfin accéder à toutes les sections du site AAAF COLLOQUES NATIONAUX ET INTERNATIONAUX LIEU ORGANISATEUR MANIFESTATION WASHINGTON DC USA AIAA-CEAS AIAA International Air & Space Symposium: « Sharing a Common Vision » 2-6 mai ANCHORAGE Alaska AIAA-CEAS 7th AIAA/CEAS International Space Cooperation Workshop : «From Challenges to solutions » 10-12 mai MANCHESTER Grande Bretagne AIAA-RAeS-CEAS [email protected] 10th Conference AIAA/CEAS Aeroacoustics 15-17 Juin PARIS Hôtel Sofitel Porte de Sèvres AAAF- Prospace Satel Conseil 10th Satel Conseil Symposium «Satellite Communications: Crisis or Business as Usual?» 16-18 juin AIX en PROVENCE France AAAF [email protected] Big Picture : Long Term Space Scenarios 21-22 juin ARCACHON France AAAF, EADS, Technicatome, Technip - [email protected] AAAF First International CS2E Conference Complex and Safe Systems Engineering 29 août3 sept 15-17 sept. YOKOHAMA Japon ICAS [email protected] ICAS 2004 FLORENCE Italie AAAF, http://missiledefence04. colloques-aaaf.com 2nd AAAF International Conference on Missile Defence’04 «Challenges in Europe» 14-16 sept. MARSEILLE France CEAS-AAAF [email protected] 30th European Rotorcraft Forum 18-20 oct. AVIGNON France AAAF [email protected] On-Board Equipment 2004 2004 19-21 avril Les Commissions Propulsion et Matériaux de L’Association Aéronautique et Astronautique de France organisent une conférence sur LES MATÉRIAUX DANS LES MOTEURS : EVOLUTIONS ET RÉVOLUTIONS PAR ALAIN LASALMONIE (SNECMA MOTEURS - FRANCE) L E S É V É N E M E N TS À V E N I R DATE La Commission Transport Spatial de L’association Aéronautique et Astronautique de France organise une conférence – débat sur LES SYSTÈMES DE LANCEMENT AÉROPORTÉS LAURENT GATHIER PHILIPPE COUÉ MICHEL RIGAULT DASSAULT AVIATION LAURENT BOUAZIZ EADS-ST Le Jeudi 25 Mars 2004 de 18h00 à 20h00 CNES, Salle Espace, 2 place Maurice Quentin, Paris 1er Métro: Les Halles Entrée gratuite - s’inscrire auprès de l’AAAF 61, Av. du Château, 78480 Verneuil-sur-Seine Tél: 01 39 79 75 15, Fax: 01 39 79 75 25, e-mail: [email protected] CNES, Salle Espace, 2 place Maurice Quentin, Paris 1er - Métro : Les Halles Entrée libre dans la limite des places s’inscrire auprès de l ’AAAF 61, Av. du Château, 78480 Verneuil-sur-Seine Tél: 01 39 79 75 15, Fax: 01 39 79 75 25, email:[email protected] L A L ETTRE AAAF Le Mardi 6 Avril 2004 de 18h00 à 19h30 9 S C I E N C E & T EC H N O LO G I E prêts à supporter le surcoût de l’offre européenne, d’autres veulent un avion 100% européen. Le 21 mai 2003, la commission parlementaire du Bundestag allemand vote les crédits et entérine définitivement la participation allemande au Programme. Le 27 mai 2003, l’OCCAR signe avec Airbus Military le contrat de développement et de production de l’A400M et le programme industriel est formellement lancé le 31 mai, conduisant à un premier vol en 2008 et une première livraison en 2009. La motorisation de l’A400M est finalement confiée au consortium européen après un effort pour s’aligner sur les prix de son concurrent américain. EPI fournira donc les turbopropulseurs TP400-D6 qui équiperont l’A400M à partir de 2007, il est responsable du développement, de la certification de type, des services aux clients, de la logistique, de la réparation et des activités de marketing. L’état d’avancement du développement du TP400-D6 est aujourd’hui conforme au calendrier de livraison de l’A400M à partir de 2009. Sources : AIRBUS Military ; Ministère de la Défense - Délégation à l'Information et à la Communication de la Défense ; Snecma. AIRBUS MILITARY Airbus Military est une Société par Actions Simplifiée (SAS) fondée en janvier 1999 sous le nom de «Airbus Military Compagny» pour gérer le projet d’avion de transport militaire européen A400M. La compagnie a été restructurée sous son nom actuel avant la signature du contrat, en décembre 2001. Ses actionnaires sont AIRBUS (représentant EADS & BAE SYSTEMS), EADS-CASA (Espagne), TAI (Turquie). Les quatre moteurs sont des turbopropulseurs de 10700 chevaux au décollage (13000 chevaux thermodynamiques), qui entraînent des hélices à huit pales. Les systèmes sont directement issus des derniers développements effectués par AIRBUS pour l’A380, et empruntent quelques éléments mécaniques aux autres membres de la famille AIRBUS (APU, turbo-machine de conditionnement d’air). Au delà des aspects de conception générale qui demandent un effort particulier comme l’aérodynamique (compromis basses et hautes vitesses), l’intégration motrice (interaction et effet de souffle des hélices), les charges (nombre et diversité des cas de charge), l’A400M présente quelques nouveautés que je vais détailler ci-dessous. Propulsion La question la plus fréquemment posée est : pourquoi des turbo-propulseurs ? A400M, LE NOUVEAU DEFI N°3 - MARS 2004 PAR JEAN-JACQUES CUNY (CONCEPTION GÉNÉRALE A400M, AIRBUS) 10 Le Programme A400M a été lancé en mai 2003 avec une commande initiale de 180 avions, passée par 7 pays Européens. C’est le plus gros contrat de défense jamais signé en Europe, entre l’OCCAR et AIRBUS Military. AIRBUS Military S.L., filiale d’AIRBUS domiciliée en Espagne, a pour tâche de gérer le contrat A400M passé par l’OCCAR et de vendre cet avion à l’export. AIRBUS est en charge du développement, pour le compte d’AIRBUS Military. La principale originalité du contrat est d’être de type «commercial» : AIRBUS vend un avion à prix fixe qui correspond à un prix de marché civil pour un avion de taille équivalente, et s’engage sur des performances garanties très complètes. L’A400M est un gros porteur de 130 tonnes au décollage, il a un fuselage d’un diamètre de 5,64m, soit le même diamètre que les gros porteurs d’AIRBUS. Sa voilure a une surface de 221m2, soit la même surface que celle d’un Airbus A310. En fait, nous avons étudié toutes les configurations et c’est celle qui donne le meilleur résultat d’ensemble, ce qui ne répond pas vraiment à la question. La raison fondamentale de ce résultat est assez subtile : les caractéristiques basses vitesses qui sont demandées à ce type de machine privilégient la propulsion par des hélices, ce mode de propulsion est particulièrement efficace à basse vitesse et permet de bonnes performances avec un moteur de plus petite taille qu’un turbo-fan équivalent. Il en ressort un avion plus léger et moins cher. Une façon de s’en convaincre est de comparer la puissance installée sur le C17 et sur l’A340-300. Ces deux avions ont une taille et une masse au décollage comparables, mais la puissance installée sur le C17 est de 30% plus importante. De plus, pour obtenir sa performance, le C17 a recours à une technique d’aile soufflée. Cette technologie est très difficile à développer (un démonstrateur a été essayé en vol dans les années 70) et à certifier (Boeing a renoncé à certifier sa version civile du C17). Elle demande en outre des investissements en recherche et développement incompatibles avec les objectifs de coût de l’A400M. Mis à l’échelle de l’A400M, la motorisation du C17 correspond à des turbofans d’un peu plus de 20 000 livres de poussée, soit le bas de gamme du CFM56 ou le haut de gamme du futur PW6000. Dans les deux cas, cela correspond à une masse et un coût de l’ensemble propulsif largement supérieurs à ceux obtenus avec les moteurs EPI et les hélices Ratier/ Hamilton. Sens de rotation des hélices La configuration initiale de l’A400M avait quatre moteurs tournant tous dans le même sens. Il est apparu assez rapidement que la densité de puissance était telle que le comportement de l’avion était fortement asymétrique. Pour obtenir une portance maximale sensiblement égale sur les deux demivoilures, il fallait une forme particulière des bords d’attaque, différente côté droit et côté gauche. Les caractéristiques de contrôle en roulis étaient aussi très différentes dans un sens ou dans l’autre, et conduisaient, pour atteindre notre objectif de maniabilité, à avoir de grandes surfaces de contrôle. Les performances au décollage et l’objectif de vitesse de contrôle en lacet conduisaient à une grande dérive, ellemême pénalisante pour les performances par vent de travers. Nous avons donc naturellement regardé l’intérêt d’une configuration de propulsion symétrique. Toutes les configurations ont été étudiées, y compris leurs répercussions économiques. Malgré le surcoût important de la motorisation, il est apparu clairement que le bilan global était positif. On gagnait sur les postes suivants : dispositifs hypersustentateurs plus simples, plus légers et moins chers ou traînée moindre à grande vitesse, suivant les configurations ; taille de la dérive et gouverne de direction ; dimensionnement du contrôle en roulis ; actionneurs pour toutes les surfaces mentionnées ; insonorisation intérieure (meilleure efficacité du synchro-phasage). A notre surprise, la configuration symétrique qui présentait le plus d’avantages était celle ou les hélices tournent en sens inverse sur une même demi- en aluminium. La conception et la technologie de fabrication sont issues des développements récents effectués dans le cadre du programme A380, ce qui limite les risques de développement. Néanmoins, l’A400M aura les plus grandes pièces en carbone jamais produites par AIRBUS. La technologie de fabrication des peaux et longerons reprend le principe déjà utilisé pour les dérives des gros porteurs, à savoir le collage par co-cuisson de raidisseurs pré-cuits sur une peau externe en préimprégné. Les peaux de voilure bénéficient également de précautions de fabrication liées à la demande de résistance aux dommages de guerre. Des essais en vraie grandeur ont montré que des précautions assez simples permettent de rendre des structures en carbone plus résistantes que les structures en aluminium correspondantes. Voilure en carbone L’avionique Pour la première fois dans la famille Airbus, l’A400M a une voilure complète faite en carbone, composée d’un caisson central et de deux ailes externes. Le caisson central a une technologie issue des développements effectués pour l’A380. Les peaux et longerons sont en carbone monolithique : peau et raidisseurs forment une seule pièce. Le matériau utilisé est un préimprégné de fibres de carbone et de résine époxy. Les fibres sont en carbone haute résistance pour les zones en compression, et à module intermédiaire pour les zones en tension. Les nervures fortement chargées - deux de chaque côté, pour la jonction caisson central-ailes externes et la jonction voilure fuselage - sont en aluminium. Les autres nervures sont formées d’un croisillon de bielles en carbone attachées à des cornières en aluminium. Les ailes externes ont des peaux et des longerons en carbone monolithique, de construction similaire à celle du caisson central. Les nervures sont toutes C’est la première fois dans l’histoire d’AIRBUS qu’un nouveau programme est lancé alors que le précédent est encore en cours de développement. Une telle situation est difficile à gérer en termes de ressources, mais elle offre l’avantage de pouvoir partager les solutions technologiques. C’est ce qui est fait avec l’avionique de l’A400M. Le bus principal est directement issu de celui de l’A380, c’est un bus Ethernet à haut débit, redondant et déterministe (bus AFDX, 100Mbps). Ce bus est associé à une nouvelle ligne de calculateurs multifonctions et modulaires. Ces calculateurs utilisent une gamme de modules (cartes entréessorties, cartes mères, etc.) et sont composés à la demande (capacité de calcul, de mémoire ou d’entrées-sorties). La plupart des calculateurs modulaires intégrés de l’A400M sont déjà utilisés sur l’A380, gage d’efficacité économique et de fiabilité pour nos opérateurs qui bénéficieront d’une expérience en service accumulée à un rythme impensable pour un opérateur militaire. D’autres calculateurs ou technologies seront également utilisés, comme les calculateurs de commande de vol et les contacteurs électroniques (SSPC). L’architecture générale de l’avionique sépare les fonctions civiles et militaires, les fonctions civiles sont sur le bus AFDX et utilisent la communauté avec le monde civil en général et l’A380 et particulier. Les fonctions militaires utilisent des bus militaires de type 1553B, ce qui permet d’utiliser des calculateurs ou équipements existants comme des radios. Le calculateur de mission militaire assure la passerelle entre les deux mondes. Cette architecture n’est pas nouvelle, elle permet d’utiliser au mieux les synergies avec les systèmes civils et militaires existants et elle permet de réduire les risques de développement. Commandes de vol L A L ETTRE AAAF Les études de faisabilité de l’A400M faites il y a près de dix ans avaient mis en évidence l’intérêt d’un système de commande de vol basé sur l’utilisation de puissance hydraulique et électrique. Cette technique permet un grand niveau de redondance et permet de démontrer une résistance aux dommages très élevée. L’A380 a été le premier à bénéficier de ce développement. L’A400M reprend le même principe. Les surfaces de contrôle primaires sont actionnées par deux vérins, un vérin hydraulique classique, et un vérin électro-hydraulique (une petite pompe électrique assure localement la puissance). Dans certains cas, on utilise des vérins hydrauliques avec secours électrique (vérins hydraulique classique tant que la puissance hydraulique est disponible, il s’isole du circuit en cas de panne et est alimenté par une pompe électrique et un petit réservoir de fluide). L’A400M présente une particularité supplémentaire par rapport aux Airbus précédents : le système de dernier secours en cas de perte de tous les calculateurs est un système analogique sur les trois axes. La perte totale des calculateurs est donc moins grave que sur un Airbus, on peut se passer de la dissimilarité des calculateurs (calculateurs primaires et secondaires développés par des équipes différentes avec des outils et des processeurs différents), qui est de mise sur tous les autres Airbus. Le principe des lois de commande de vol (lois C*) des Airbus a été repris et adapté aux besoins spécifiques de l’A400M. En particulier, la philosophie des protections a été complètement repensée, de façon à élargir l’enveloppe de manœuvre tout en conservant un S C I E N C E & T EC H N O LO G I E voilure, avec les pales descendantes situées entre les moteurs (configuration que nous avons baptisée DBE, «Down Between the Engines»). En plus des avantages ci-dessus, nous avons également gagné sur les efforts dans la voilure, le couple des moteurs s’annule sur une demi voilure et la distribution de portance en présence du souffle des hélices est plutôt favorable. C’est cette configuration qui a été retenue pour le développement de l’avion. On notera que les deux sens de rotation sont obtenus par une modification assez simple du réducteur du moteur. Le moteur lui-même n’est pas impacté, si ce n’est par son installation ; le premier étage du compresseur voit arriver un écoulement vrillé différemment, suivant le sens de rotation de l’hélice. Cette particularité entraîne malheureusement un besoin d’essais supplémentaires coûteux. 11 S C I E N C E & T EC H N O LO G I E LES RETOMBEES ECONOMIQUES DE L’A400M La division transport militaire d’EADS assure la commercialisation du Programme A400M. 700 personnes travaillent actuellement sur ce Programme. Elles seront 4400 en 2005. Au total ce sont 40000 emplois qualifiés qui doivent être créés et pérennisés chez les industriels participants et leurs fournisseurs au cours des 20 prochaines années. La conception de l’A400M sera réalisée pour l’essentiel à Toulouse, la production étant répartie ensuite entre les partenaires. L’assemblage sera assuré en Espagne par CASA (filiale d’EADS). De nombreuses entreprises (THALES AVIONICS, EADSSOGERMA,…) sont candidates pour la réalisation de sous-ensembles EPI fournira les moteurs TP400-D6 pour un montant de 2,5 M€ environ qui dégageront un volume d’affaires de 4 Md€ avec les activités de maintenance. Les partenaires du consortium se partageront la charge de travail au prorata de leur participation : SNECMA MOTEURS pour la chambre de combustion et la turbine haute pression (dérivées du réacteur M88 du Rafale), ROLLS ROYCE pour le compresseur haute pression et la transmission basse pression, MTU pour les compresseurs et les turbines intermédiaires et ITP pour la turbine basse pression. AIRBUS Military espère d’ici 2020 exporter de l’ordre de 200 appareils à un prix unitaire de l’ordre de 100 M€, vers des pays comme le Canada, la NouvelleZélande et la Suède qui doivent remplacer rapidement leurs flottes vieillissantes de Hercules C-130. Le consortium espère également intéresser l’Inde qui doit remplacer d’ici à 2007 ses gros porteurs russes. Source : AIRBUS Military bon niveau de protection contre les pertes de contrôle. La manœuvrabilité de l’A400M est également augmentée en taux de roulis et en facteur de charge longitudinal (jusqu’à 3 g à des masses correspondant à des missions tactiques). Conclusion L’A400M est un avion de haute technologie. Il bénéficie des derniers développements Airbus dans le domaine de l’avionique et des commandes de vol. De plus, son niveau de communauté avec les Airbus lui permet d’assurer une bonne maturité à l’entrée en service. Sa configuration originale de sens de rotation des hélices est gage de bonnes qualités de vol. Jean-Jacques CUNY A400 M : DE LA RECHERCHE À LA PRODUCTION. CALCUL ET EXPÉRIENCE ■ Lignes isobares calculées à l'extrados de l'avion, avec et sans souffle. Le maillage structuré utilisé pour les calculs Navier-Stokes a été généré à l'aide du logiciel ICEM-CFD et comporte 140 domaines, 1252 frontières et un nombre total de 5 594102 nœuds. M = 0,68, Rec = 5 106. Code Canari version 450 ; modèle de turbulence k-1 de Smith à deux équations de transport ; calculateur NEC SX5. du souffle sur la configuration complète. L'hélice est dans ce cas simulée par une surface de discontinuité de l'écoulement, sur laquelle une condition limite particulière est appliquée. On peut ainsi traiter des configurations tridimensionnelles de géométries complexes. Ce modèle de disque d'action a été validé, sur une géométrie d'avion de transport fournie par EADS Airbus SA et correspondant à celle de la demi-maquette d'avion de transport testée dans la soufflerie S1 MA de l'ONERA, pour des conditions de croisière correspondant aux conditions aérodynamiques des essais en soufflerie : nombre de Mach de 0,68, nombre de Reynolds de 5 x 106 (pour une corde aérodynamique moyenne de 0,49 m), incidences correspondant aux Cz de croisière. Les comparaisons des répartitions de pression calculées et expérimentales, globalement satisfaisantes, mettent en évidence des effets différents de la pale montante ou descendante. Du coté de la pale montante, on observe des effets correspondant sensiblement à une augmentation de l'incidence locale, soit une augmentation de la portance locale, un choc plus intense et une légère diminution des vitesses à l'intrados au voisinage du bord d'attaque. Pour la pale descendante, on note une tendance opposée correspondant pratiquement aux effets d'une diminution de l'incidence locale. PAR KHOA DANG TRAN N°3 - MARS 2004 La simulation numérique 12 Pour des avions à hélices rapides, destinés à voler à des nombres de Mach de croisière élevés (M ~ 0,70), il est important de prendre en compte, dès la phase de conception, un certain nombre d'interactions aérodynamiques liées à la compressibilité dont les effets sur la voilure à faible flèche, accentués par la présence des nacelles et du souffle des hélices peuvent nuire aux performances. La simulation, par le calcul, des effets de souffle d'hélice sur la voilure permet d'estimer au mieux ces performances et de minimiser les interactions. Elle peut être effectuée en stationnaire par un modèle de disque d'action («actuator disk») associé à un calcul NavierStokes stationnaire, ou en instationnaire par un calcul basé sur les équations d'Euler tridimensionnelles instationnaires. Dans le cas stationnaire, le modèle de disque d'action est un moyen rapide et efficace pour l'évaluation des effets moyens ■ Répartition de pression instantanée sur une configuration complète d'avion de transport (calcul 3D Euler). Le demi avion (partie verte du maillage) comporte 2,9 x 106 points répartis sur 109 blocs. Le domaine en rotation qui comprend l'hélice est constitué de 21 blocs, avec environ 3,5 x 105 points. La surface de chaque pale est décrite par 1566 points. Les essais en soufflerie Ces exemples montrent également que les calculs les plus sophistiqués ne peuvent se passer d'une validation par l'expérience. L'étude en soufflerie des configurations basses vitesses d'un avion de transport militaire comme l'A400M introduit des contraintes multiples : large domaine en incidence et dérapage avec les efforts associés, besoin d'un montage discret ne perturbant pas l'écoulement sur les parties arrières de l'avion, besoin de représenter la motorisation et donc d'alimenter la maquette par une source de puissance. Le cahier des charges demandait une maquette de la plus grande taille possible équipée de quatre hélices motorisées et pesées afin d’étudier l’influence des effets de souffle sur la voilure et l’écoulement sur la pointe arrière. Cette unique maquette devait être compatible avec un montage «classique» en dard droit et avec un montage en «bidard» sur lequel la maquette est tenue par les voilures au niveau des moteurs externes, mais où seule la pointe arrière est pesée. En dard droit il fallait loger dans le fuselage quatre systèmes indépendants d’alimentation en air comprimé et de réglage des simulateurs de forte puissance entraînant les hélices, tout en pesant l’ensemble de la maquette sans interaction. En bidard, une disposition différente des alimentations des moteurs et des organes de réglage d’air comprimé s’est avérée nécessaire. Outre la balance de pesée globale ou spécifique de pesée de pointe arrière, la maquette devait être équipée de balances de gouvernes rotatives d’hélices et de nombreux capteurs de pressions stationnaires (1500 prises) et instationnaires ainsi que d’accéléromètres. Pour être satisfaites, certaines spécifications du cahier des charges ont fait l’objet d’études spécifiques. En particulier, le support mono-mât de profil elliptique choisi par EADS CASA influence l'écoulement sur la maquette et nécessite des corrections. Celles-ci ont été déterminées par une campagne d'essais spécifique à la soufflerie Fl du Centre de Modane-Avrieux de l'ONERA, avant les campagnes d'identification des caractéristiques de l'avion. L'interférence du mât est déterminée par la différence de deux mesures successives des caractéristiques aérodynamiques de la maquette, avec et sans la représentation du support par un mât mannequin. L'originalité de la méthode est ici que le mât mannequin est lié à la maquette par une balance dard à six composantes. Les données aérodynamiques de la maquette en présence du mât sont ainsi obtenues par différence des mesures globales par la balance de paroi et des efforts transmis à la maquette par le mât mannequin, mesurés par la balance interne. L'étude des corrections à appliquer aux essais utilisant ultérieurement ce montage mono mât, a pris en compte les effets de nombreux paramètres : variations de l'incidence et du dérapage, diverses configurations avions (réglages des hypersustentateurs et des gouvernes), variation des nombres de Mach et de Reynolds. Cette méthode a permis de définir les corrections des effets de support dans un large domaine, particulièrement en dérapage où ces effets sont mal connus. Les coefficients ainsi déterminés ont été utilisés lors des essais qui ont suivi. S C I E N C E & T EC H N O LO G I E Dans le cas instationnaire, le calcul Euler tridimensionnel (code CANARI), validé pour des hélices isolées en incidence, est appliqué à l'avion complet à M = 0,68. Après deux rotations de l'hélice, le calcul est convergé : les coefficients de pression sur deux pales successives sont reproduits avec un déphasage de 60° (correspondant au décalage entre chacune des 6 pales de l'hélice). Les répartitions de pression instantanée calculées sur l'avion et sur l'hélice mettent en évidence la dissymétrie de l'écoulement sur les différentes pales, illustrant l'instationnarité de l'écoulement sur chaque pale. L'analyse des résultats de calcul à différentes positions de l'hélice, confirmés par l'expérience, montrent les effets instationnaires sont concentrés vers la partie interne de l'aile, principalement dans la zone plongée dans le sillage de l'hélice. En particulier, on remarque la progression oblique de zones de Mach élevé qui correspond à la progression de la trace des sillages de pale sur l'aile. Ces effets ont une forte influence sur le développement de l'écoulement transsonique sur l'aile et sur la nacelle. Ces exemples de calcul de l'effet de souffle d'hélice, par un modèle de disque d'action dans un calcul Navier-Stokes ou par un calcul Euler tridimensionnel instationnaire, montrent tout l'intérêt de la simulation numérique pour déterminer le champ de pression d'un avion équipé de turbopropulseurs et son intégration possible dans un processus d'optimisation de la configuration. Khoa DANG-TRAN Pour en savoir plus : F. MOENS, P. BARDO (ONERA - Activités 2000, p 1-5). J.-M. BOUSQUET, P. GARDAREIN (ONERA-Activités 2001, p 1-6). J. GATARD, J.-C. RAYNAL (ONERA- Activités 2002, p 5-12), J.-P. FOUCAULT, P. WAGNER, M. DESCHAMPS, C. BERTRAND (ONERA- Activités 2002, p 5-15). L A L ETTRE AAAF ■ La maquette utilisée dans la soufflerie F1 de l'ONERA est une représentation au 1/15ème de l'avion de transport militaire A400 M. Le montage retenu par EADS CASA est semblable à celui utilisé par cette société lors d'essais antérieurs dans la soufflerie RUAG d'Emmen (Suisse). La maquette est montée à l'envers sur un support 3 mâts adapté aux caractéristiques de la maquette et aux besoins des mesures avec dérapage. 13 N°3 - MARS 2004 S C I E N C E & T EC H N O LO G I E Les avions, le contrôle et les hommes 14 technique, la tentation peut être de dommages provoqués par toute activipasser à zéro, encore que le coût de té. La sécurité est donc la première L’automatisation des avions. l’équipage technique ne soit pas pro- tâche du contrôle, mais la prise en compte des éléments économiques et On parle d’automatisation lorsque la portionnellement très élevé. commande des asservissements de La variété et la complexité des plans de techniques ne peut être évitée. Assurer puissance, qui ont transformé les com- circulation et d’accostage, pour un tra- aussi un trafic fluide et régulier est mandes directes des gouvernes en fic très intense, au moins aux heures de donc un objectif permanent, qui est le ordres relatifs à un objectif visé, peut à pointe des principales plates-formes, vrai motif du développement des systèson tour être réalisée par un asservis- constituent un défi à l’automatisation, la mes de contrôle, en nombre de contrôsement «d’ordre supérieur», répondant motorisation des roues s’avérant pro- leurs et de secteurs, en définition de à une consigne fixée par l’opérateur. Il bablement indispensable dans ce cas. routes et d’espaces, en dispositifs d’aiest ensuite possible d’imaginer des Enfin il faut évidemment se poser la de à la décision, et en équipements. «ordres» de niveaux de plus en plus question des avions sans équipage La plus grande continuité a été obserélevés, englobant dans un système humain à bord, «drones», ou «UAV», vée dans les évolutions, par perfectionautomatisé des tâches de plus en plus désormais courants dans le domaine nements successifs sans changer foncomplexes, l’opérateur fixant des militaire. La direction du vol est en damentalement les principes. Et cela objectifs de plus en plus stratégiques, général mixte, bien que les «missiles de d’autant plus que la performance du croisière» soient système à base d’opérateurs humains exécutés par la cascade Améliorer la sécurité entièrement pro- s’est avérée bonne. On exploite donc à des asservissements. des vols par un système grammés et autono- fond les capacités humaines de perautomatisé des tâches de mes, mais ils sont ception, d’analyse, d’imagination, d’apOn reconnaît dans cette plus en plus complexes description l’évolution au service d’un pilote «consommables». prentissage, d’adaptation, de bon sens Les opérations ont et de volonté de servir. des avions, clairement « directeur de vol » lieu dans des zones La place des automates est limitée aux inscrits dans un schéma de boucles successives, depuis la ser- spécifiques. Il s’agit aussi d’appareils tâches de préparation et de présentavocommande jusqu’à la boucle de navi- conçus dès l’origine pour être utilisés tion des données, à des calculs prévigation, elle-même susceptible d’être de la sorte, libérés des exigences liées sionnels pour alerte, sans pouvoir en intégrée dans la boucle du contrôle du au transport de personnes. Le télégui- attendre de solution aux principaux protrafic. Si on ne considère que les dage pose de redoutables problèmes blèmes posés au contrôleur, les conflits avions de transport de passagers de la de continuité et d’intégrité des informa- de trajectoires mettant en cause la dernière génération, il est clair que le tions échangées, avec les risques de sécurité. pilote traditionnel a disparu. Néan- brouillage et d’intrusion. En revanche le contrôle bénéficie des moins, les automatismes ont été conçus dans l’hypothèse de la présen- Il est donc indispensable de maintenir à performances procurées par les autoce d’un pilote, chargé de tâches cou- bord des moyens assurant la continuité matismes aux avions, précision de la rantes, mais aussi de la résolution des du contrôle de la trajectoire en atten- tenue des consignes, localisation prépannes non listées. Pour toutes les dant le rétablissement du contact cise et continue, ainsi que des immenphases autres que celles au contact du authentique avec le sol. Quelle trans- ses progrès des télécommunications et sol, l’opérateur est un «directeur de position au domaine civil? Le transport des équipements embarqués. Le convol». Le bénéfice le plus attendu de de fret ou de poste est évidemment trôleur doit cependant se soumettre à cette automatisation est l’amélioration candidat, mais sur des routes norma- des contraintes techniques inhérentes de la sécurité (safety): la baisse du taux lement soumises à la réglementation à la conception des avions, telles que d’accident des avions les plus récents générale. En fait on peut trouver des les domaines de vitesse ou les taux de montée, seules les a ainsi compensé l’augmentation du espaces spatio-temporels trafic, maintenant le nombre de cata- exploitables sans interféren- La régulation du trafic vitesses d’approstrophes à un niveau tolérable. Les ces avec le transport tradi- est un quasi automate che sont plus ou normalisuccès enregistrés portent à envisager tionnel, permettant d’autori- mais les décisions tac- moins d’aller encore plus loin. A la question ser ces vols dérogatoires tiques à court terme sées. La régulation «que faut-il automatiser?» la réponse par l’absence d’opérateur doivent être élaborées du trafic est ainsi un quasi automate, est «ce que l’automate fait mieux que certifié embarqué. On doit localement. compte tenu de la l’homme, en s’interdisant d’automati- en conclure que ces espaser ce que l’homme fait mieux que l’au- ces seront exploités dès que la rentabi- rigueur, de la précision et de l’exhaustilité en sera démontrée, et qu’il y aura vité des lois, règlements, normes et tomate» (d’après J. C. WANNER). une demande d’extension, instructions qui le gouvernent, objets En matière de sûre- Améliorer la sûreté conduisant inévitablement à d’accord internationaux. té (security), il est des vols par un pro- une insertion dans le trafic possible de pro- gramme de retour au général, ce qui amène au pro- Le contrôle évolue donc vers la consblème du contrôle du trafic truction d’un automate global qu’il grammer un retour sol automatique aérien. reste à programmer: de facto cela n’a au sol tout automapas encore pu être réalisé et seuls les tique échappant aux occupants à bord opérateurs humains sont assez perforafin de rendre inutile une prise d’o- Le contrôle peut-il être automatisé ? mants pour traiter le trafic réel, notamtages. En matière économique, outre les Le dispositif de contrôle du trafic ment gérer et résoudre les conflits. espoirs fondés sur l’automatisation aérien est la manifestation de la puis- On ne peut cependant exclure la pospour assurer la régularité du trafic, sance régalienne de l’État, qui doit pro- sibilité de résoudre le problème par après la réduction à deux de l’équipage téger les tiers innocents d’éventuels des algorithmes plus puissants, tourPAR JEAN-CLAUDE RIPOLL, MEMBRE AAAF métier de «pilote», dont la formation optimale devient plus proche de celle des «ingénieurs d’essais», axée sur une profonde connaissance technique des systèmes à l’œuvre dans les automates et sur la maîtrise des situations non prévues, comme pour les «pilotes d’essais». Le «directeur commandant de bord» est un ingénieur de haut niveau maîtrisant une pluridisciplinarité dans les systèmes; sa position particulière de «maître à bord après Dieu» lui imposant d’être aussi officier de santé et de police, surtout avec la perspective de 800 passagers à prendre en charge pour quelques heures (et quelques heurts?). Si on attribue généralement 70% à 80% des accidents au «facteur humain», seule l’intervention de l’homme a pu dans 90% des cas éviter un accident évitable. L’important est donc bien la capacité intellectuelle de l’homme, associée à sa nature profonde, en particulier la pugnacité qui l’animera jusqu’au bout, alors qu’une machine pourra déclarer forfait («fatal error»). L’intolérance du public à l’égard des catastrophes spectaculaires et médiatisées conduit à tout faire pour que ce responsable soit dans les meilleures conditions d’accomplir son travail à bord. En l’absence de croissance et moyennant quelques efforts d’organisation, la saturation du contrôle pourrait disparaître et avec elle l’intérêt des discussions sur l’automatisation, tout en facilitant l’automatisation du contrôle. La sécuriNéanmoins, il faut prendté, voire la sûreté peuvent être néanmoins des Seule l’intervention re en compte les limites motifs suffisants pour de l’homme a pu, d’une personne seule (ou dans 90% des cas, presque): le commandant continuer dans ce sens. éviter un accident de bord doit pouvoir L’organisation du contrôle évitable compter sur une assisparaît cependant devoir évoluer, peut être jusqu’au stade d’une tance face aux problèmes techniques. re-conception, sous l’influence de La première proposée est celle d’un divers facteurs: progrès de la localisa- adjoint technique. Cette assistance tion et des télécommunications; unifica- peut aussi être fournie par des centres tion des autorités de contrôle sur des de ressources ou de compétences territoires plus vastes ; précision des disposant de la mémoire de tous les vols et normalisation des per- problèmes connus et d’experts véritaformances; autonomie de l’avion dans la bles (probablement anciens commancollecte et l’exploitation des informa- dants de bord et concepteurs) pouvant tions ; fiabilité des appareils et des pré- être mis immédiatement en téléconférence avec le bord. visions météo. Les hommes Les hommes, c’est aussi les utilisateurs, les passagers: accepteront-ils d’embarquer dans un avion sans équipage technique? Les usagers du métro parisien classique, ignorant peut être qu’il fonctionne automatiquement, condition d’une haute cadence en sécurité, sur la nouvelle ligne comme dans les VAL, ne formulent aucune objection, mais le trajet est de courte durée, et on ne quitte pas la terre. La prescience de la proximité des opérateurs y est sans doute pour quelque chose. Il n’y a pas lieu de s’étonner du décalage entre le degré d’automatisation des avions et celui du contrôle. Dans le premier cas le problème est bien délimité, la connaissance de l’état très précise ainsi que celle des lois qui le régissent; dans le second cas, le problème est quasi-global, les données fluctuent en permanence, les inputs sont imprévisibles. La sécurité est indispensable pour la promotion du transport aérien et des appareils qui l’assurent. Cette conjonction, rassurante pour l’utilisateur, ne devrait pas être remise en cause par une révolution telle que la disparition de l’opérateur humain embarqué, du moins pour le transport de passagers. Le transport de fret verra très certainement l’emploi de véhicules inhabités, et le contrôle devra les accepter sans trop de problème si leurs routes restent confinées dans des zones particulières. L’amortissement des développements nécessaires sera un facteur déterminant. L’attention ne doit pas se focaliser sur la partie la plus moderne et la plus prestigieuse du transport aérien mais couvrir la totalité du problème, qu’il s’agisse des réseaux de deuxième ou troisième niveau, ou des pays qui utilisent les appareils dont se défont les grandes compagnies, et ne peuvent équiper leurs aéroports au standard le plus avancé: une nécessaire compatibilité doit être maintenue entre tous ces réseaux et entre tous ces équipements. Mêmes les pays les plus riches ne pourront remodeler rapidement toutes leurs infrastructures au sol. Le concept d’une stricte automatisation des vols et de leur gestion, de passerelle à passerelle, est donc une vision à très long terme qui interfère avec d’autres perspectives, économiques ou sociétales. Passer à une automatisation totale serait un signal de déshumanisation pour la société, dans l’un des rares domaines qui laissent encore au rêve une part raisonnable. Après avoir très largement orienté, par des techniques spécifiques, l’évolution des avions et du transport aérien, les ingénieurs et les chercheurs doivent désormais se préoccuper de la construction cohérente d’un système dans lequel l’avion n’est qu’un élément et la société humaine le bénéficiaire prioritaire. Jean-Claude RIPOLL L A L ETTRE AAAF Derrière chaque ordinateur se cache une foule. Il est fondamental que ces foules ne s’ignorent pas. Les méthodologies de partage des expériences et des compétences sont partiellement utilisées: concurrent engineering, coconception, crew ressources management doivent être étendues à tout le système. L’évolution générale des techniques aussi bien que du mode de vie, a entraîné une évolution des métiers, le transport aérien ne saurait y échapper. Il en résulte une profonde évolution du Conclusion S C I E N C E & T EC H N O LO G I E nant sur des gigacalculateurs débitant en permanence les instructions aux opérateurs, faisant du système de transport aérien un méta-automate capable d’absorber des spécifications de résultats, d’en déduire tous les plans de vol et trajectoires associées. L’objectif d’une réduction des mouvements par organisation doit être mis en perspective avec les prévisions de croissance constatée du transport aérien, mais qui reste assez fragile: on pense aux effets de l’insécurité et de l’instabilité politique, aux conflits ouverts, au terrorisme, éléments réputés contingents et provisoires. En revanche la question de l’accessibilité est plus importante, les pouvoirs d’achat des clientèles risquent de ne pas suivre, et surtout se posera la question du coût du carburant. Passé un sommet dans deux ou trois décennies (la durée de vie d’un avion est de quarante ans) et, en l’absence de substitut, si le transport aérien est prioritaire il le paiera. 15 E S PAC E J E U N E S Avis de candidature Tandis que des jeunes, en nombre croissant, délaissent les carrières scientifiques, d’autres, passionnés par l’aventure aéronautique et spatiale peinent à trouver leur premier emploi, malgré une forte culture technique. L’AAAF, par la mobilisation solidaire de ses membres, se doit d’aider ces jeunes talents à trouver leur place dans notre communauté scientifique et technique. La Lettre entend contribuer à ce travail de solidarité en présentant dans cet « Espace Jeunes » des projets professionnels de nouveaux diplômés. A vous, chers adhérents, chères adhérentes, de susciter à tous les niveaux de vote sphère d’influence les opportunités qui leur permettront, peut-être, de prendre corps et de s’épanouir. L’ENSAM forme des ingénieurs généralistes, à dominante bureaux d’études et production. L’enseignement technique et humain, résolument tourné vers le monde de l’entreprise, prépare à la conduite de projet et au travail en équipe. La formation de base sur les process industriels et la qualité ont développé mon intérêt pour l’organisation spécifique des centres de production (5S, TPM), l’amélioration continue et l’implication du personnel dans la qualité des produits et j’aimerais concrétiser sur le terrain toutes ces notions. INGENIEUR ARTS & METIERS ENSAM 2003 SPECIALISATION AUTOMOBILE & AERONAUTIQUE « motivé par le management et l’organisation, cherche à intégrer une entreprise automobile ou aéronautique à forte culture technique, dans la production ou la conception mécanique » Une spécialisation de dernière année en automobile et en aéronautique m’a confronté à la conception d’ensembles mécaniques, à l’étude des performances de turbomachines et au calcul par éléments finis. Quatorze mois passés en entreprise, incluant un CDD, ont conforté mon intérêt pour la technique et les relations humaines : en charge du calcul et du développement de pièces mécaniques au bureau d’études de RENAULT Automation, j’ai acquis une première vision globale d’un projet automobile. C’est pouquoi je souhaite aujourd’hui intégrer une entreprise du domaine automobile ou aéronautique à forte culture technique, dans la production ou la conception mécanique. Joseph VITTI Joseph VITTI 24 ans, célibataire 01 69 09 41 77 - 06 84 85 15 04 - [email protected] Italien courant - Anglais - Espagnol EXPERIENCE PROFESSIONNELLE 2003 PSA PEUGEOT CITROEN : projet de fin d’études (5 mois) • Réalisation d’essais et étude du comportement du conducteur ; • Modélisation du conducteur lors du démarrage dynamique (décollage) sur différents véhicules. 2001 – 2002 RENAULT AUTOMATION : stage et CDD (7 mois) • Calculateur responsable du bloc avant : maillage, modélisation des chargements, calculs inertiels et statiques sur modèle complet ou local. 2000 SCIAKY SA : stage (2 mois) • Assistant pour la conception d’un ensemble préhenseur de portière sur CATIA 4. 1999 La Poste : emploi d’été N°3 - MARS 2004 FORMATION 1999 – 2003 Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers ; 1997 – 1999 Classe Préparatoire Technique et Sciences de l’Ingénieur (Cachan) ; 1996 – 1997 Baccalauréat Scientifique (Morangis). 16 INFORMATIQUE • Windows 98, 2000 et XP et UNIX ; • Microsoft Office : Word, Excel, Access, Visual Basic; • CAO : CATIA V4 et V5 ; • Calcul : ANSA, I-DEAS, NASTRAN; • Simulation : Matlab et Simulink ; • CFD : initiation Fluent. CENTRES D’INTERET • Aquariophilie, arts plastiques, design et sports (mécaniques, VTT, tennis, badminton) ; • Responsable du développement du Robot E=M6 ; • Dessinateur du journal des élèves de l’école. LA LETTRE AAAF Éditeur : Association Aéronautique et Astronautique de France, AAAF 61, av. du Château - 78480 Verneuil/Seine Tél : 01 39 79 75 15 • Fax : 01 39 79 75 27 [email protected] • www.aaaf.asso.fr Directeur de la publication : Michel SCHELLER Rédacteur en chef : Khoa DANG-TRAN Comité de rédaction : Michel de la BURGADE, Shirley COMPARD, Claude HANTZ, Jacques HAUVETTE, Philippe JUNG, Georges MEAUZE Rédaction : Tél : 01 46 73 37 80 ; Fax : 01 46 73 41 72 ; E-mail : [email protected] Ont notamment collaboré à ce numéro : Fernand d'AMBRA, Jean-Jacques CUNY, Khoa DANG-TRAN, Jean LIZON-TATI, Bernard MANSUY, Serge MORLAN, Joseph VITTI. Crédits Photos : Airbus Military, ONERA, ESA, Snecma Moteurs. Conception : Khoa DANG-TRAN, Sophie BOUGNON Réalisation : Sophie BOUGNON Imprimerie : Imprimerie CLAUDEL Dépôt légal : 1er trimestre 2004 ISSN en cours Droits de reproduction, texte et illustrations réservés pour tous pays