L`essence de la Morale Catholique
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L`essence de la Morale Catholique
LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE ® LA SÈRIE LUKE E. HART Comment les catholiques vivent Section 1: L’essence de la Morale Catholique Les Chevaliers de Colomb présentent La série Luke E. Hart Éléments de base de la Foi Catholique L’ ESSENCE DE LA M ORALE C ATHOLIQUE PARTIE TROIS• SECTION UN DE LA CHRÉTIENTÉ CATHOLIQUE Quelles sont les croyances d’un Catholique? Comment un Catholique prie-t-il? Comment un Catholique vit-il? Selon le Catéchisme de l’Église Catholique par Peter Kreeft Collection dirigée par la père Juan-Diego Brunetta, O.P. Directeur du Service d’information catholique Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb Nihil obstat Le père Alfred McBride, O.Praem. Imprimatur Le Cardinal Bernard Law 19 décembre 2000 Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant est libre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes qui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les déclarations exprimés. Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés. Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, Libreria Editrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © Concacan Inc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de la liturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris 1980 - Tous droits réservés. Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accord de l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C. Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques, SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (New York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée. Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du Vatican Council II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin Flannery OP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, en tout ou partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestion d’information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicite de la Costello Publishing Company. Couverture : Nicolas Colombel (1644-1717), LeChrist et la Samaritaine. Residenzgalerie, Salzbourg, Autriche. © Erich Lessing/Art Resource, New York. Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. 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Le Service d’information catholique recommande de lire chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une compréhension plus profonde, plus mature de la Foi. T R O I S I È M E PA R T I E : C O M M E N T L E S C AT H O L I Q U E S V I V E N T ( M O R A L I T É ) SECTION 1: L’ESSENCE DE LA MORAL CATHOLIQUE 1. Place de la morale dans la foi catholique Ayant sa source dans la foi, la présente série compte trois parties : 1) la manière de penser des catholiques (théologie catholique); 2) la manière de prier des catholiques (culte catholique); 3) la manière de vivre des catholiques (morale catholique). Toute religion comprend trois éléments : foi, vie spirituelle et morale; credo, culte (liturgie) et code; paroles, adoration et œuvres. Ces éléments correspondent aux trois parties de l’âme humaine : esprit, cœur, volonté. Les trois sont également vitales pour être catholique. Les trois parties ne sont pas séparées, mais jointes. Les catholiques ne commencent pas par décider quoi croire, pour passer ensuite à la prière et au culte et se mettre ensuite à vivre selon la morale. En fait, c’est parfois l’inverse qui se passe, car la cause la plus courante de la perte de la foi est une vie immorale, et les sources les plus puissantes d’une vie morale sont la prière et les sacrements. Plus on prie, plus on est vertueux, et plus on est vertueux, plus on a une grande foi. -5- Les trois parties sont comme les trois pattes d’un trépied. Les pattes peuvent être faibles ou solides, longues ou courtes, mais si les trois n’y sont pas, ce n’est pas un trépied. On n’est pas catholique sans croire que l’essentiel de l’enseignement de l’Église est la vérité révélée par Dieu, ni sans faire un effort sincère pour y obéir en admettant que l’Église enseigne les commandements de Dieu, ni sans rencontrer Dieu dans la prière comme le fait l’Église. Si on refuse de croire, d’obéir ou de prier, on n’est pas catholique; si on prie, obéit et prie faiblement, on est un catholique faible; si on croit, obéit et prie bien, on est un catholique solide. Dieu seul est capable de juger si quelqu’un est un catholique faible ou solide, mais vous pouvez et devez être capable de juger si vous êtes catholique ou non. 2. Les trois parties appartiennent à la même réalité Ces trois parties de la religion catholique, foi, œuvres et culte, sont trois aspects ou dimensions d’une réalité unique, comme les trois dimensions de l’espace. C’est la même réalité que nous confessons dans le Credo, à laquelle nous obéissons dans les commandements et à laquelle nous participons dans les sacrements. Cette unique réalité, c’est la vie du Christ : pas seulement l’imitation de sa vie, mais sa vie même; pas seulement un effort pour copier son essence imaginée, mais la participation à sa réalité. Finalement, c’est cela être catholique. Le Catéchisme (1692) affirme : « Ce que la foi confesse, les sacrements le communiquent : par les “sacrements qui les ont fait renaître” [et tout d’abord le Baptême], les chrétiens sont devenus “enfants de Dieu” (Jean 1, 12; 1 Jean 3, 1), “participants de la nature divine” (2 Pierre 1, 4). […] [L]es chrétiens sont appelés à mener désormais une “vie digne de l’Évangile du Christ” (Philippiens 1, 27) », c’est-à-dire vivre sur le plan moral la vie même du Christ que nous recevons sacramentellement et confessons dans le Credo. C’est une seule réalité, une seule vie. -6- 3. Place centrale du Christ dans la morale catholique Dans notre monde affairé et complexe, le Christ nous dit assurément ce qu’Il a dit à Marthe (Luc 10, 41-42) : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. » Cette seule chose, c’est le Christ Lui-même. De même que l’Eucharistie n’est pas seulement un rite ou un symbole, mais le Christ Lui-même, ainsi la vie morale du chrétien est le Christ Lui-même qui vit sa vie dans son peuple. Nous sommes son propre Corps! Le Christ est présent dans notre vie morale d’une autre manière que dans l’Eucharistie, évidemment : Il est mélangé à nos imperfections humaines de telle sorte que nous n’adorons pas les hommes bons ni les bonnes actions comme nous adorons l’Eucharistie. Mais la vie morale du chrétien n’est pas simplement un effort humain pour imiter le Christ; elle est ce que saint Paul a appelé « ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire! » (Colossiens 4, 3) Le Christ n’est pas seulement l’enseignant d’un code moral, mais Il est Dieu Lui-même, l’Unique qui est à l’origine de tout bien. Deux biens très grands sont la loi morale et notre obéissance à cette loi; il s’ensuit qu’Il est à l’origine des deux : Il est le Dieu qui a donné la loi morale à Moïse (comparer Jean 8, 58 à Exode 3, 14) et le Dieu qui nous donne la grâce de la vivre. Quand nous obéissons aux commandements, nous obéissons au Christ, car ces commandements sont de Lui. La morale chrétienne n’est pas que le moyen vers la fin d’un monde meilleur, de la paix et de la justice, du bien-être de la famille ou de l’harmonie sociale (quoique tous ces biens soient excellents). Ces biens se rapportent au Christ; ce n’est pas le Christ qui s’y rapporte. Ils sont des moyens d’obéir à sa volonté. Ils sont bons parce qu’ils viennent de Lui; ce n’est pas Lui qui est bon parce qu’Il les enseigne. -7- Le catéchisme affirme clairement son christocentrisme au début de chacune de ses grandes sections, y compris celle sur la morale : « La référence première et ultime de cette catéchèse sera toujours Jésus-Christ Lui-même qui est “le chemin, la vérité et la vie” (Jean 14, 6) » (CÉC 1698), puis cite, au même paragraphe, le meilleur résumé de la morale chrétienne jamais donné, ce simple mot de saint Paul : « Ma vie, c’est le Christ. » (Philippiens 1, 21) Saint Paul ajoute ensuite : « mourir est un gain », car si notre vie est le Christ, la mort est le Christ avec plus de plénitude, une vie plus grande. 4. Conséquences pratiques du christocentrisme La conscience de la nature christocentrique de la morale catholique n’est pas seulement la manière la plus exacte de la comprendre, mais aussi la manière la plus efficace de la pratiquer et de surmonter nos péchés et nos faiblesses. Les tout premiers mots de la section du catéchisme sur la morale expliquent ce lien. « “Chrétien, reconnais ta dignité. Puisque tu participes maintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à la déchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel Chef tu appartiens et de quel Corps tu es membre.” »1 (CÉC 1691)* Il n’existe rien de comparable dans la morale profane. Aucun fondement de la dignité humaine ne peut se comparer à celui-ci : que Dieu nous a donné part à sa propre nature divine en nous intégrant au Corps du Christ. Au début de ce cours sur la morale catholique, au début de chaque jour, avant chaque choix moral, nous devrions prendre le temps de nous imprégner de ce point essentiel, d’écouter le battement de ce cœur de la morale catholique. *CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique -8- 5. Personnalisme de la morale catholique Quelle est l’image de la morale catholique répandue par le monde profane d’aujourd’hui, surtout l’establishment des médias qui façonne les esprits modernes par la télévision, les films, le journalisme et les écoles publiques? C’est un système sans joie, répressif, déshumanisant, impersonnel et borné, d’un autre monde, inhumain et souvent carrément stupide. La morale catholique a un aspect totalement différent de l’intérieur, du point de vue de ceux qui la vivent, particulièrement les saints! Quand les médias rencontrent une personne largement considérée comme sainte, par exemple mère Teresa, leurs stéréotypes disparaissent et s’effacent. Rien n’a l’air plus différent de l’intérieur et de l’extérieur que la morale catholique, sauf peut-être le fait d’être en amour : rien ne peut sembler plus stupide à ceux qui n’aiment pas, ni plus sage et plus merveilleux pour les amants. En effet, la morale catholique est une affaire d’amour avec le Christ et son peuple, même si ce n’est pas « l’amour romantique ». Elle a ses lois et ses règles, comme une ville a ses rues. Les rues sont essentielles dans une ville, mais elles ne sont pas l’essence de la ville. Elles ne sont pas non plus un lieu où vivre (même si les malheureux clochards le font). Les rues sont un moyen pour une fin, qui est d’aller chez soi. C’est à la maison qu’on vit vraiment. Pareillement, les lois morales sont la carte géographique qui conduit à une bonne vie et non la réalité elle-même. Cette réalité est une relation d’amour, comme un mariage. L’alliance matrimoniale a ses lois, comme l’alliance de Dieu avec nous. Mais le mari et la femme sont fidèles tout d’abord l’un à l’autre, et non aux lois. Les lois définissent et prescrivent leur fidélité mutuelle. Les principes sont pour les personnes, non les personnes pour les principes. La morale catholique est -9- personnaliste, centrée sur la personne, parce qu’elle est christocentrique et que le Christ est une personne, non un principe. Mais bien qu’elles soient seulement un moyen en vue de la fin supérieure du bien des personnes, les lois sont un moyen essentiel. De même qu’on ne peut pas être ingénieur sans connaître et respecter les lois matérielles de la physique, on ne peut pas être chrétien sans connaître et respecter les lois spirituelles de la morale. Le christianisme est essentiellement une relation d’amour avec des personnes, Dieu et le prochain. Qu’est-ce qu’aimer Dieu? Voici comment Dieu le définit : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » (Jean 14, 15) Le Christ ne met pas l’amour et la loi en opposition, mais Il les unit, comme l’âme et le corps. L’amour sans la loi est comme une âme sans corps, un fantôme. La loi sans amour est comme un corps sans âme, un cadavre. 6. Voir le tableau d’ensemble Pour réévangéliser le monde moderne, rien n’est plus nécessaire que cette vision de la vie humaine, cette vue d’ensemble donnée par la morale catholique, où on voit ce que voit l’Église. L’une des raisons principales pour lesquelles nous pratiquons mal notre morale est que nous la comprenons mal. Nous ne comprenons pas qu’elle n’est pas seulement une manière d’agir, mais une manière d’être; il ne s’agit pas seulement de mener une bonne vie, mais de devenir « une créature nouvelle » (2 Corinthiens 5, 17), un autre Christ. Quand nous lisons ce que disent les saints au sujet de la perfection de la charité, ou ce que dit le Christ Lui-même dans les Béatitudes, nous sommes stupéfaits de voir combien cette vision diffère de la conception courante de la morale, combien elle est élevée, sainte, belle et pleine de joie. -10- Si nous oublions cette vue d’ensemble, cette raison ultime de respecter la morale (entrer dans la vie et l’amour même du Christ), même si nous nous souvenons de tout le reste de la morale catholique – son réalisme, sa rationalité, sa justice –, nous n’en voyons pas la beauté et nous ne connaissons pas la joie de l’aventure où elle nous conduit. En effet, la morale catholique consiste à suivre non seulement des lois, mais le Christ, c’est comme suivre une voiture qui fait de l’excès de vitesse au lieu de suivre une série d’indications : c’est ça la vie! Annie Dillard dit que, quand nous allons à la messe, nous sommes « comme des enfants qui jouent sur le plancher avec leurs trousses de chimie et mélangent un lot de TNT pour passer un dimanche matin. C’est de la folie de porter […] des chapeaux de feutre à l’église; nous devrions tous porter des casques protecteurs. Les portiers devraient remettre des gilets de sauvetage et des fusées de signalisation; ils devraient nous attacher à nos bancs, car le Dieu qui sommeille pourrait se réveiller un jour et […] nous entraîner à un endroit d’où nous ne reviendrons jamais. » Les païens, antiques ou modernes, aiment la bonté dans l’homme, là où ils peuvent la voir. Les Juifs et les musulmans, aussi bien que les chrétiens, aiment également, et en premier lieu, la bonté en Dieu, où ils ne peuvent pas la voir, mais les chrétiens aiment la bonté surtout là où ils l’ont vue parfaitement sur la terre, dans le Christ. À quoi la bonté ressemblait-elle alors? À une croix : Dieu qui nous aime jusqu’à la mort, jusqu’à la fin, peu importe ce que cela Lui coûte et peu importe que nous ne le méritons pas. Cet amour n’est pas jusqu’à ce que, ou à moins que, mais un amour sans restriction. Il est la source vivante de la morale catholique, une source aussi réelle et aussi brûlante que le buisson ardent où Moïse a vu Dieu. Telle est la vision de la morale -11- qui a fait les saints : ils ne l’ont pas seulement imitée, mais ils ont participé à sa vie comme les sarments à la vigne (voir Jean 15, 5). 7. Relation entre religion et morale : pouvons-nous être bons sans Dieu? « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis », a écrit Dostoïevski. En effet, si c’est seulement le vouloir de l’homme et non celui de Dieu qui établit les lois morales, celles-ci sont aussi variables et aussi arbitraires que les règles d’un jeu. Si nous établissons les règles, nous pouvons les changer ou les abolir. Si on détruit la religion, on détruit la morale. Pourtant, beaucoup de grands penseurs païens avant le Christ comme Socrate, Platon, Aristote, Cicéron, Confucius et Lao Zi ont connu une grande partie du contenu de la loi morale et ont reconnu sa force contraignante sans connaître grand chose de Dieu. Saint Paul a d’ailleurs écrit que tous les hommes, tant païens que chrétiens, connaissent la loi morale de Dieu par la raison naturelle et leur conscience (Romains 1, 17-21), et il a utilisé ce principe en prêchant aux philosophes païens d’Athènes (Actes des Apôtres 16). Il peut donc y avoir une vraie morale sans vraie religion. Dostoïevski et saint Paul ont tous deux raison. Dostoïevski a raison parce que si Dieu, cause première et origine dernière de la loi morale, n’existait pas, alors une loi morale objectivement réelle et universellement contraignante n’existerait pas non plus. Mais saint Paul a raison également, parce que l’homme peut connaître les effets de Dieu sans connaître explicitement Dieu en tant que cause, en morale comme en sciences naturelles. Tous les hommes connaissent la création; tous ne connaissent pas le Créateur. Tous les hommes connaissent la loi morale; tous ne connaissent pas le Législateur. Mais nous ne pouvons pas connaître la loi morale aussi bien sans connaître le Législateur et son caractère. La révélation -12- surnaturelle de Dieu éclaircit la connaissance de la morale que nous avons par notre raison naturelle, et elle corrige nos erreurs. En effet, la connaissance morale de l’homme déchu n’est pas infaillible, mais la Révélation divine l’est. Une conséquence pratique de l’assertion de saint Paul voulant que tous les hommes connaissent la morale par la raison naturelle (ou conscience) est que nous pouvons réfuter des erreurs comme l’avortement et l’euthanasie à partir des principes rationnels universels, tout comme nous pouvons réfuter l’esclavage ou le racisme. Ceux-ci ne sont pas simplement des « questions religieuses » ou des tentatives d’imposer une morale religieuse donnée aux incroyants. La prescription « Tu ne tueras pas » n’est pas suivie d’une clause précisant « pour catholiques seulement ». Une conséquence pratique de l’assertion de Dostoïevski voulant que, sans Dieu, tout soit permis est que nous ne pouvons pas vraiment être bons sans Dieu, même si nous ne savons pas que tel est le cas. Quand quelqu’un est bon, c’est la grâce de Dieu qui est à l’œuvre, que nous le sachions ou non. Le mérite et les remerciements reviennent à Dieu, car « [t]out don de valeur et tout cadeau parfait descendent d’en haut » (Jacques 1, 17), particulièrement notre connaissance morale naturelle et nos bons choix moraux. Ils sont à nous et ils sont libres, mais ils sont aussi une grâce de Dieu, car la grâce de Dieu fait naître notre liberté, elle ne la supprime pas. 8. Pourquoi être catholique si on peut vivre une bonne vie morale sans l’être? On peut respecter la morale sans être catholique, sans être chrétien, sans être religieux du tout. On peut également vivre longtemps en santé sans suivre de régime alimentaire, sans faire d’exercices, sans rien connaître à la médecine. Mais ce n’est pas -13- facile! Les chances de réussite dans toute entreprise augmentent toujours si on connaît une plus grande part de vérité. On a donc de bien meilleures chances de vivre une bonne vie si on a une meilleure connaissance de ce qu’est vraiment une bonne vie, grâce à la Révélation divine. On a aussi un bien plus grand pouvoir d’être bon si on recourt aux sacrements de l’Église, canaux de la grâce divine établis précisément à cette fin par le Christ. Mais on peut honnêtement être catholique seulement si on croit que cela est vrai. Nous ne pouvons pas croire ce que nous ne pensons pas être vrai, même si nous pensons que cela nous rendra bons. Nous ne croyons pas au Père Noël même si cette croyance nous a probablement rendus très bons à chaque fête de Noël quand nous étions enfants. Et pourquoi pas? Parce que nous savons que ce n’est pas vrai. « Pourquoi être catholique si on peut vivre une bonne vie morale sans l’être? » Si vous posez cette question pour avoir une raison d’éviter de devenir catholique, ou de cesser de l’être, vous dites en réalité que vous ne tenez pas à savoir ce qui est vrai, mais seulement ce qui est bon. Mais cela n’est pas vraiment honnête, et donc pas vraiment bon. La bonté est absolument importante, mais la vérité aussi. Les deux sont pour nous des exigences absolues. Il n’est jamais correct de faire un compromis sur l’une ou l’autre. 9. Importance absolue de la morale dans l’Écriture La morale catholique (les œuvres) s’accorde avec la théologie catholique (les croyances). Cette théologie enseigne ce que Dieu a révélé. Les données premières de cette révélation viennent de l’Écriture. Or, l’Écriture enseigne que la principale source des bénédictions de Dieu est une morale droite et non seulement une théologie correcte. Cette simple assertion est répétée -14- constamment dans l’Écriture, par Moïse (Deutéronome 30), par David (Psaumes 1) et par le Christ (Matthieu 25). La foi correcte (« orthodoxie ») est essentielle, mais une pratique droite (« orthopraxie ») est également nécessaire. L’orthodoxie est indispensable, mais elle n’existe pas comme une fin en soi, mais en vue d’un autre objectif, comme les racines d’une plante existent pour ses fruits. Les Pharisiens avaient une théologie correcte, mais ils ont rejeté le Christ parce qu’ils n’étaient pas moralement honnêtes et humbles, mais hypocrites et orgueilleux. Le récit historique de l’Ancien Testament, qui couvre 2 000 ans, prouve un principe incontournable : tant que le peuple de Dieu obéit à ses lois, il est béni; tant qu’il désobéit, il est puni, afin d’être amené au repentir et à l’obéissance et d’être béni de nouveau. Le même principe est clair dans l’histoire de l’Église, le nouvel Israël. Pendant les premiers siècles, c’était une Église de saints et de martyrs, et elle a conquis le monde. Elle a converti au Christ l’Empire romain païen. Quand les catholiques se démarquaient, quand cela leur coûtait quelque chose (souvent leur sang!) d’être catholiques, l’Église prospérait, et elle le fait encore dans les périodes d’adversité. De plus en plus, dans l’Occident des siècles récents, cela coûte très peu, et les catholiques vivent de la même façon que le monde profane, qui leur échappe donc de plus en plus. Les statistiques montrent qu’aux États-Unis, le pays occidental où la pratique de la religion est la plus élevée, les catholiques commettent l’adultère, l’avortement, la fornication, le viol, le meurtre, l’euthanasie et le suicide à peu près autant que n’importe qui! 10. Rôle de la morale dans la décision de croire Comment décide-t-on de croire à une religion ou non? -15- Consciemment ou non, on se base sur trois qualités qu’on recherche : la vérité, la bonté et la beauté. Ce sont trois attributs de Dieu : Dieu est vérité infinie, bonté infinie et beauté infinie. Et Dieu a créé l’homme à son image (Genèse 1, 27); c’est pourquoi l’homme cherche naturellement la vérité, la bonté et la beauté. Toutes les religions du monde, toute quête de Dieu par l’homme, aspirent à ces trois idéaux. Le christianisme les réalise parce qu’il n’est pas la quête de Dieu par l’homme mais la quête de l’homme par Dieu, il n’est pas la montée de l’homme mais la descente de Dieu, la Révélation divine. C’est ainsi que nous trouvons la vérité, la bonté et la beauté suprêmes dans le Christ. Et l’Église catholique est essentiellement la présence du Christ qui continue sur la terre. Le christianisme catholique, quand il est fidèle à sa nature, attire l’esprit de l’homme, quand l’homme est fidèle à sa nature, par ces trois qualités. C’est la bonté qui exerce habituellement la plus forte attraction. Si l’Église ne produisait pas de saints, même ses plus brillants théologiens et ses artistes les plus créatifs ne convaincraient pas l’homme de lui confier le soin de son âme. En commençant par la Vierge Marie, qui est dans une catégorie à part, jusqu’à mère Teresa, la sainteté a toujours été l’attrait le plus puissant de l’Église. Le chemin le plus courant vers Dieu est celui de la bonté; l’argument le plus courant pour Dieu est celui qui va de la bonté à la vérité, de la fiabilité des saints à la fiabilité de leur foi, du bon fruit au bon arbre (Matthieu 7, 16), car la vérité et la bonté ne peuvent pas être fondamentalement contraires l’une à l’autre. 11. Importance de la morale dans l’histoire : notre héritage moral juif L’instinct moral de l’homme (sa conscience) et l’instinct religieux qui le porte à adorer lui sont tous deux innés et naturels, -16- et on les retrouve donc dans tous les lieux et à toutes les époques de l’histoire de l’humanité. Mais ces deux yeux de l’âme n’ont pas toujours eu une vision unifiée. Leur parfaite unité a été réalisée par un seul peuple de l’Antiquité, celui que Dieu a choisi pour être collectivement son prophète pour le monde, pour révéler son vrai caractère, qui est moral, bon et saint et qui nous demande d’être saints. Aujourd’hui, près de la moitié de l’humanité connaît ce Dieu, car les deux plus grandes religions du monde, le christianisme et l’Islam, ont appris des Juifs à Le connaître. Mais avant le Christ, seuls Abraham et le peuple formé par Dieu à partir de lui ont connu le vrai Dieu. La morale n’était pas essentielle aux religions païennes comme elle l’était au judaïsme; les dieux des païens étaient aussi immoraux que les hommes qui les ont fabriqués à leur propre image. Alors que l’erreur courante de l’Antiquité consistait à séparer la religion de la morale, l’erreur courante des temps modernes consiste à réduire la religion à la morale et à rejeter ou à délaisser les éléments surnaturels de la religion. Les deux principaux motifs de ce « modernisme » sont l’embarras injustifié face au surnaturel, qu’on croit contraire à la science, et l’embarras justifié face à l’histoire des guerres, des persécutions et des haines religieuses, qui proviennent, selon les modernistes, des contradictions entre les théologies différentes et de la croyance que l’orthodoxie théologique est importante et que la vérité est objective. (En fait, les guerres, les haines et les persécutions viennent du péché, pas de la croyance en une vérité objective!) Les modernistes soutiennent que, si nous oublions les dogmes théologiques et si nous réduisons la religion à la morale, nous atteindrons l’unité et la paix entre les diverses religions du monde. Mais cette fin bonne ne justifie pas des moyens peu honnêtes. Nous ne pouvons écarter la vérité. Nous ne pouvons -17- négocier aucune partie du don de la Révélation divine, car celleci est la vérité immuable de Dieu. La vérité est immuable, mais la connaissance que nous en avons n’est pas immuable pour autant. L’Église est un être vivant. Comme un arbre qui produit de nouvelles branches de l’intérieur, son enseignement s’accroît en théologie comme en morale tandis qu’elle explore la « profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu » (Romains 11, 33) que Dieu lui a révélée dans le « dépôt de la foi » qu’elle a reçu du Christ, et tandis qu’elle applique ces principes inchangés à des situations sans cesse changeantes. 12. Importance de la morale aujourd’hui : la crise morale de notre époque L’évolution du Moyen Âge aux temps modernes a été à la fois un progrès et un recul, si on la juge selon les normes de la morale chrétienne. D’une part, il y a eu des progrès importants non seulement dans les connaissances scientifiques mais aussi dans les connaissances morales : par exemple, le souci des droits de la personne, le traitement compatissant des handicapés et le consensus quasi universel contre la torture, la cruauté, l’esclavage et le racisme. D’autre part, surtout depuis le soi-disant « siècle des Lumières », la civilisation occidentale est de plus en plus sécularisée et déchristianisée, sur le plan moral aussi bien que théologique et ecclésiastique. La tentative de préserver la morale chrétienne sans la doctrine, l’autorité et les sacrements catholiques n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, les médias profanes, qui dirigent la façon de penser de notre civilisation, sont de plus en plus méfiants envers la morale traditionnelle, particulièrement la morale sexuelle; ils rejettent l’idée de toute certitude ou -18- d’absolus en morale et l’idée d’une morale fondée sur les commandements de Dieu plutôt que sur les idéaux de l’homme. L’histoire du XXe siècle a été beaucoup plus sanglante que celle de tout autre siècle. Pour la première fois de l’histoire, la civilisation la plus influente de la planète a cessé de croire en une loi morale objectivement fondée et universellement contraignante. La crise se fait sentir dans l’Église également. Dans la plupart des pays d’Europe et en Amérique du Nord, beaucoup de catholiques, ou même la plupart, disent croire que la morale est subjective et relative. C’est nouveau. Il y a toujours eu des crises dans l’Église, mais dans le passé, elles étaient généralement théologiques plutôt que morales. L’Église des six premiers siècles a fait face à beaucoup d’hérésies et a formulé les doctrines de la Trinité et de l’Incarnation; le christianisme médiéval en a fait autant pour les sacrements, et de même la Contre-Réforme pour les doctrines du salut et de l’autorité de l’Église. Mais aujourd’hui, les controverses portent presque toujours sur la morale. Les enseignements les plus essentiels de l’Église d’aujourd’hui sont donc ses enseignements moraux, sa réponse à la crise morale qui sévit dans l’Église et dans le monde. 13. Caractère surnaturel de la morale catholique La crise actuelle de la foi découle de la perte du sens du surnaturel : en théologie (notamment, on « démythologise » les miracles et la résurrection du Christ), en liturgie (notamment, la communauté humaine horizontale remplace l’adoration divine verticale) et en morale (notamment, on remplace les commandements absolus de Dieu par les valeurs relatives de l’homme). -19- Mais la morale chrétienne est surnaturelle par son essence (paragraphe 13), son origine (paragraphe 14) et sa fin (paragraphe 15). L’essence de la morale chrétienne est une relation avec Dieu et avec sa volonté; la morale n’est pas seulement l’accomplissement de soi ou de la société, ni des valeurs ou des idéaux abstraits, si importants que puissent être ces aspects de la morale. La quête du bonheur personnel, de la justice sociale, de la paix et de valeurs humaines plus élevées et plus profondes est encore fort populaire dans la civilisation moderne séculière, heureusement. Mais l’idée de la soumission à l’autorité de Dieu et de l’obéissance à ses lois n’est certainement pas populaire. (Quelle est la réaction spontanée provoquée par des mots comme soumission, autorité, obéissance et loi?) 14. Origine surnaturelle de la morale catholique La morale a une origine surnaturelle : la vérité de Dieu, qui fait partie de sa nature ou de son caractère immuable. La vérité de Dieu nous est connue de deux façons : de façon naturelle par la raison et la conscience, et de façon surnaturelle par la révélation spéciale faite par Dieu à Abraham, à Moïse, aux prophètes juifs et, de façon complète, dans le Christ et dans l’Église qu’Il a instituée avec « pour fondations les Apôtres » afin d’enseigner en son Nom et avec son autorité (Luc 10, 16; Éphésiens 2, 20). 15. Fin surnaturelle de la morale catholique La fin surnaturelle de la morale est le bonheur éternel du ciel. Tout d’abord, c’est pour cela que nous existons, c’est pour cela que Dieu nous a créés, c’est le sens ultime et le but de la vie humaine : « Dieu nous a mis au monde pour Le connaître, Le servir et L’aimer et ainsi parvenir en Paradis. » (CÉC 1721) Cela -20- est présenté ainsi dans le début, très bien connu et aimé, du vieux catéchisme de Baltimore : 1) Q. Qui vous a créé? R. C’est Dieu qui m’a créé. 2) Q. Pourquoi Dieu vous a-t-il créé? R. Dieu m’a créé pour Le connaître, L’aimer et Le servir en ce monde et pour être heureux pour toujours avec Lui dans le ciel. Le « désir naturel du bonheur […] est d’origine divine; Dieu l’a mis dans le cœur de l’homme afin de l’attirer à Lui qui seul peut le combler » (CÉC 1718). Comme l’a dit saint Augustin dans la phrase chrétienne la plus célèbre hors de l’Écriture : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et [c’est pourquoi] notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en Toi » (Confessions I, 1). La morale catholique est la carte géographique qui trace notre route à travers ce monde jusqu’au ciel. Le plus important de tous ses enseignements est sa réponse à la question la plus importante de la vie : quel est le plus grand bien, le but ultime, le sens de la vie? Bien sûr, la réponse est « le bonheur », car « “[t]ous certainement nous voulons vivre heureux, et dans le genre humain il n’est personne qui ne donne son assentiment à cette proposition” »1 (CÉC 1718). Mais où trouve-t-on le bonheur? Voilà la question cruciale. L’Église nous enseigne le vrai sens du bonheur : « le vrai bonheur ne réside ni dans la richesse ou le bien-être, ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dans aucune œuvre humaine, si utile soit-elle, comme les sciences, les techniques et les arts, ni dans aucune créature, mais en Dieu seul, source de tout bien et de tout amour » (CÉC 1723). Ou encore, en trois mots : « “Dieu seul rassasie.” »3 (CÉC 1718) -21- 16. Les deux voies Il y a bien des façons de vivre, beaucoup de chemins à travers le monde, mais en dernière analyse, il n’y en a que deux. « La voie du Christ “mène à la vie” (Matthieu 7, 14), une voie contraire “mène à la perdition” (Matthieu 7, 13)13. La parabole évangélique des deux voies […] signifie l’importance des décisions morales pour notre salut. “Il y a deux voies, l’une de la vie, l’autre de la mort; mais entre les deux, une grande différence.”14 » (CÉC 1696) Cette antithèse, ce dualisme, cette vision dichotomique de la vie ou de la mort est loin d’être courante dans les esprits profanes modernes, mais elle est bien connue dans toutes les autres cultures. L’image la plus courante de la vie dans la littérature du monde entier est le « chemin » de la vie. Les chemins ont des croisées, et à chaque croisée, le voyageur doit faire un choix; d’où le besoin de cartes géographiques morales : il y a une bonne voie et une mauvaise voie. Le Christ, l’Église et l’Écriture nous l’enseignent, de même que la raison naturelle, la conscience et l’expérience. C’est du réalisme moral. Dans le monde réel, les choix ont des conséquences réelles : on ne peut pas aller de Chicago à la côte du Pacifique en marchant vers l’est, même avec la plus grande sincérité. La sincérité subjective ne suffit pas. Nous ne devons pas seulement choisir dans un bon esprit, mais aussi faire le bon choix. Moïse résume toutes les exigences morales de Dieu en deux mots : « Choisis la vie » (Deutéronome 30), car le choix moral est finalement une question de vie ou de mort, pour chaque personne et chaque civilisation. Si notre civilisation devient ce que le pape Jean-Paul II a osé appeler une « culture de la mort », nous devons l’appeler à reprendre le chemin de la vie, tant humaine que divine. Mais nous devons d’abord trouver nous-mêmes ce chemin et y marcher. -22- 17. Béatitude Sur ce chemin de la vie, les Dix Commandements (Exode 20, 1-17) résument une sorte de minimum (ce qui est nécessaire), et les Béatitudes (Matthieu 5, 1-8) résument une sorte de maximum (ce qui est suffisant). Les « Béatitudes » décrivent la béatitude (la perfection de la charité et du bonheur). La béatitude est surnaturelle; elle dépasse la nature humaine, la compréhension humaine, la puissance humaine. « La béatitude nous fait participer à la nature divine (2 Pierre 1, 4) et à la Vie éternelle.5 Avec elle, l’homme entre dans la gloire du Christ6 et dans la jouissance de la vie trinitaire. » (CÉC 1721) « Une telle béatitude dépasse l’intelligence et les seules forces humaines. Elle résulte d’un don gratuit de Dieu. C’est pourquoi on la dit surnaturelle » (CÉC 1722). Mais cela commence sur la terre; cela commence au Baptême. Par après, tout bon choix moral que nous faisons n’est pas seulement un choix pour ou contre quelque idéal distant, mais un choix pour ou contre ce que nous sommes déjà par la grâce de Dieu, pour ou contre la vie du Christ en nous. C’est pourquoi la morale est si pratique : nos choix entre le bien et le mal sont finalement des choix entre notre béatitude et notre misère. Du fait que cette béatitude nous est donnée librement par Dieu, elle doit être choisie librement par nous, car un don doit être donné librement et reçu librement. C’est pourquoi « [l]a béatitude promise nous place devant les choix moraux décisifs » (CÉC 1723). Puisque ces choix concernent notre éternité, puisque la morale a une fin surnaturelle, la morale est infiniment dramatique. Cette fin surnaturelle donne aussi à la morale catholique une espérance et une joie supérieures à toute autre. En effet, sa fin est le ciel, et « tout le chemin vers le ciel est déjà le ciel », comme l’a dit une grande sainte. Une joie profonde accompagne souvent -23- la sainteté qui distingue les saints remarquables de l’Église. C’est la morale profane sans Dieu qui est sans joie et morne; la morale catholique est plus remplie de joie que La joie du sexe. On pourrait l’appeler à bon droit « la joie de l’amour ». ___________________________ Notes dans les citations du catéchisme 1 S. Léon le Grand, serm. 21, 3. 1 S. Augustin, mor. eccl. 1, 3, 4. 3 S. Thomas d’A., symb. 15. 13 Cf. Dt 30, 15-20. 14 Didaché 1, 1. 5 Cf. Jn 17, 3. 6 Cf. Rm 8, 18. -24-