SERRES RICHEL : AUTOMATISME À OUTRANCE
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SERRES RICHEL : AUTOMATISME À OUTRANCE
ENTREPRISES ET RÉGIONS 14 MERCREDI 1er AOÛT 2012 LES ECHOS CES PME QUI DÉFENDENT LE MADE IN FRANCE SERRES RICHEL : AUTOMATISME À OUTRANCE Pour rester en France malgré une production fortement consommatrice de maind’œuvre, l’entreprise pousse les automatismes. Elle exporte dans 80 pays. Quand ses troupeaux ont ététouchéspar la fièvre aphteuse, dans les années1960,le PME père de ChristianRichels’est lancé dans le négocedeproduits agricoles. Aux premières logespourobserverlesévolutionsdu marché, il voit naître les couvertures sous serres. L’urbanisation grandit. Les besoins de maraîchage précoce explosent. L’entreprise suit la même courbe. Mais encore trop chétive pour absorber une croissance à marche forcée, elle doit se vendre à son principal fournisseur. Toutjustesortiedel’écoledecommerce, le jeune Richel est aux commandes. La deuxième crise pétrolière s’annonce sévère. Il a l’idée de concevoir une enveloppe plastique à double paroi gonflable. Plus isolante, elle procure 30 % d’économie d’énergie par rapport aux abris en verre. Son succès est immédiat et place d’emblée Richel Serres de France parmi les fournisseurs de qualité sur le marché. « En une dizaine d’années, notre réputation RICHEL SERRES DE FRANCE EN CHIFFRES Implanté à Eygalières (Bouches-du-Rhône). Présent dans 80 pays. Chiffre d’affaires consolidé de 84 millions d’euros. 65 % de son activité sont réalisés à l’export. Un effectif de 240 salariés, dont une vingtaine d’expatriés dans les bureaux de représentation de l’entreprise à l’étranger. Contrat : 200.000 mètres carrés de serres viennent d’être livrés à un exploitant mexicain, pour une facture de 5 millions d’euros. 13 DR SÉRIE D’ÉTÉ # DÉVELOPPEMENT La maîtrise de la qualité passe par le contrôle de l’ensemble des composants d’une serre, à commencer par les profilés d’acier complexes. s’est propagée dans 80 pays », expliqueChristianRichel,leprésidentdu groupe. Ingénieurs ou techniciens, les responsables commerciaux de zone sont tous recrutés en France et expatriés. Ils peuvent ainsi relayer mieux qu’un distributeur le savoirfaire de l’entreprise. « Nous possédons maintenant 18 bureaux à l’étranger qui nous coûtent cher en salaires, mais les services que nous rendons à nos clients sont inestimables : conception sur mesure, suivi de commande, supervision du mon- sesetrenoncéàchaquefois :impossible de maîtriser aussi bien la logistique, la qualité de nos sous-traitants (une cinquantaine, tous basés en Europe) et nos approvisionnements en matières premières sans une organisation verticale comme la nôtre. » Pour maîtriser ses coûts, l’entreprise automatise à outrance. « En vingt ans, nous avons quadruplé notre chiffre d’affaires mais seulement doublé nos effectifs de production », résume le patron. Sur 30.000 mètres carrés d’ateliers dans tage… Notre présence sur place garantit les délais de livraison dans un milieu agricole qui compte les jours. » Grâce à ces implantations, l’entreprise peut répondre à de gros appels d’offres : des projets de 1 à plusde10hectares,quisenégocient plusieurs mois et se chiffrent en millions d’euros d’investissement. Produire en France coûte cher et les discussions se cristallisent souvent sur le prix, admet le patron. « Nous avons regardé des opportunitésdedélocalisationàplusieursrepri- le village provençal d’Eygalières, il transforme15.000tonnesd’acierpar an en profilés complexes permettant la construction de 300 hectares de serres qui font de l’entreprise le numérounmondialdusecteuravec 65 millions d’euros de chiffre d’affaires et 180 employés (dont le tiers en production). Numéro un mondial du secteur La maîtrise de la qualité passe aussi par le contrôle de l’ensemble des composants d’une serre. « Nous livrons des usines clefs en main, comprenantleséquipementsdegestionde la température et de l’irrigation », souligne Christian Richel. Après tée par un même capitaine, Alsace Capital, dont les 5 salariés chapeautent tous les dossiers d’intervention dans le haut du bilan. « Nous créons aussi un nouveau fonds d’intervention en faveur des PME, doté de 25 millions d’euros, conjointement avec la région Franche-Comté », souligne l’élu. Le vaisseau amiral de la stratégie régionale, Alsace Croissance, étudiera également des dossiers d’entreprises des régions voisines, indique-t-on au conseil régional. Doté de 50 millions d’euros (25 millions d’euros du Crédit Mutuel, 18 millions du FSI et « Les règles sont transparentes, il existe une volonté de jouer collectif. » 7 millions de la région), le FCPR privilégie une gouvernance basée sur la confiance mutuelle : « Les règles du jeu sont claires et transparentes, il existe une volonté de jouer collectif », souligne Philippe Braidy, directeur général délégué du FSI, qui constate « un petit miracle alsacien ». Je a n - L i n B e r g é, d i re c t e u r d’Alsace Capital, rappelle que le FCPR est prévu pour dix ans et qu’il est dirigé par 2 comités où les souscripteurs s’expriment, même si les règles de l’AMF exigent l’indépendance de la société de gestion d’un fonds. « Nous pren- PHILIPPE BRAIDY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU FSI drons ensemble nos décisions, en visant l’unanimité », indique-t-il. Parmi les écueils potentiels, les divergences d’analyse sur des dossiers d’entreprise en difficulté, pour lesquelles la volonté d’un soutien « politique » peut se heurter aux règles plus tranchées des Piscines : Waterair veut se développer dans le « prêt-à-plonger » Une culture très familiale « Non seulement cette opération consolide l’entreprise, mais assure aussi sa pérennité et permettra, le jour venu, de saisir des opportunités de croissance externe », explique le PDG. En effet, le groupe alsacien DR Le plongeon de ses ventes en Espagne, au Portugal et en Grèce n’affecte pas la bonne santé financière des piscines en kit Waterair, à Seppois-le-Bas, dont l’actionnariat vient de se renforcer avec l’arrivée du fonds Alsace Croissance. Sale temps pour le marché de la piscine privée. La piètre météo du printemps et du début d’été, alliée à la morosité économique ambiante, s’est traduite pour le numéro un européen de la piscine en kit par un recul de son chiffre d’affaires de 7 % sur les six premiers mois. Pas de quoi inquiéter, pourtant, Jacques Braun, qui avait racheté en 2002 cette PME alsacienne avec l’appui de deux établissements financiers. Le CIAL, aujourd’hui intégré dans CM-CCI Finance, reste dans le tour de table des actionnaires, à côté d’Alsace Croissance qui, avec un apport de 3 millions d’euros, vient de prendre le relais du fonds MBO Partenaires. La famille Braun et le management conservent 80 %. PAUL MOLGA CORRESPONDANT À MARSEILLE Demain : Pétrole Hahn, 100 % rémois Les trois premiers dossiers traités par le nouveau FCPR Alsace Croissance représentent 5 millions d’euros investis dans trois PME régionales. Cet outil s’inscrit dans la nouvelle stratégie de soutien à l’économie alsacienne par le renforcement des fonds propres des entreprises. L’Alsace renforce le haut de bilan de ses PME L e Conseil régional d’Alsace, confronté comme toutes les collectivités à la raréfaction de ses ressources, a choisi de réduire ses subventions directes et de privilégier l’entrée dans le capital des entreprises. « Nous déployons une panoplie complète de structures capables d’intervenir dans des dossiers de création, d’innovation, de croissance et de développement en partant des plus petites entreprises jusqu’aux PME jusqu’à environ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires », commente Philippe Richert, président du conseil régional. Et cette stratégie est désormais pilo- avoir racheté son entreprise (passée entre-temps dans les mains d’Elf Atochem),ilmetlamainen2007sur l’équipementier angevin Dimac, un spécialiste régional du chauffage et de l’irrigation assistée par ordinateur. L’entreprise compte un millier de clientsréguliers,dontplusdelamoitié à l’étranger. « Nous accompagnons leur croissance en répondant à leurs exigences de sécurité et de productivité », poursuit le patron. Son dernier-né a demandé deux années de travaux à ses ingénieurs et 8 millionsd’eurosd’investissementsdans une nouvelle ligne pour concevoir uneserrepluslargeetplushautequi optimise le microclimat et l’apport lumineux aux plantes. Deux ans après ses débuts, le modèle représente 40 % des ventes et pourrait bientôt couvrir deux tiers de l’activité,assurantàl’entrepriseunecroissancerégulièredeplusde5 %paran. Prochaine étape : gagner le cœur d’un plus large public avec des abris inspirés de la structure de ses serres pour protéger toutes sortes de machines ou de véhicules dans un jardin. « C’est un relais de croissance important qui s’appuie sur notre notoriétépoursécuriserl’activitéavec une production régulière. » Lancée il y a peu, la gamme représente déjà 10 % des ventes. La société a été créée il y a quarante ans sur la base d’un brevet de bassin dont l’ossature consiste en panneaux d’acier galvanisé. cherche à se développer sur le marché français du « prêt-à-plonger » et examine plusieurs opportunités d’acquisitions. C’est d’ailleurs l’un des axes de son plan stratégique 2014, à côté de l’activité de vente de consommables et de rénovation de bassins, dont la croissance dépasse actuellement les 10 % et qui pèse déjà pour un quart du chiffre d’affaires de l’entreprise. L’objectif étant de se doter d’une source de revenus récurrents. Par nature, en effet, le secteur de la piscine traverse des hauts et des bas. « Nous avons été très touchés depuis deux ans par la chute des ventes en Grèce, au Portugal et surtout en Espagne, où notre filiale était leader sur le marché », commente Jacques Braun. Malgré tout, Waterair avait encore enregistré une croissance globale de son chif- fre d’affaires de 6 % en 2011. Mais le dirigeant, compte tenu de la baisse du premier semestre, sait qu’il n’atteindra pas les 55 millions d’euros en 2012. Si l’export, qui représente 20 % de l’activité, a été son talon d’Achille de 2011 et de 2012, le groupe n’en persévère pas moins : il vient de lancer une offensive dans les pays du Golfe, notamment à Dubaï, et a ouvert un showroom à Bangalore avec un partenaire indien. Sur le plan industriel, Waterair poursuit son développement et ses investissements à Seppois-le-Bas, où le groupe emploie quelque 130 salariés sur 342 au total, tout comme à Damazan (Lot-et-Garonne), où sont fabriqués les escaliers de piscine, et dans la filiale allemande de Marsal, qui produit les margelles. Créée voici quarante ans sur la base d’un brevet de bassin dont l’ossature se compose de panneaux d’acier galvanisés, cette entreprise aux 90.000 piscines aujourd’hui a su conserver une culture très familiale. Et elle se distingue par une politique sociale à la fois dynamique et généreuse, ce que revendique le PDG. Le mois dernier, l’intéressement et la participation versés ont représenté deux mois de salaire. CHRISTIAN LIENHARDT CORRESPONDANT À STRASBOURG financiers privés. « Nous gérerons en intelligence et la région reste minoritaire », commente Philippe Richert. « Notre volonté est de ne pas perdre d’argent, mais il n’y a pas d’objectif de rentabilité », ajoute Jean-Lin Bergé, qui précise que les conditions de sortie du capital seront négociées au cas par cas. Restant pour l’heure le plus richement doté des FCPR français en activité, Alsace Croissance vise à traiter de 5 à 7 dossiers par an. Mais sa reproduction ailleurs en France avec l’appui du Crédit Mutuel n’est pas à l’ordre du jour, Michel Lucas (président du groupe) ayant clairement répondu qu’il n’avait pas donné suite à des demandes émanant d’autres régions. Le montage, associant le banquier numéro un en Alsace, le FSI et une collectivité, repose principalement sur l’« intuitu personae » de Philippe Richert, qui n’exclut pas de travailler aussi avec la région Lorraine, si l’occasion s’en présente, pour faire profiter des compétences régionales en matière de gestion de fonds d’aide aux TPE et PME. DIDIER BONNET CORRESPONDANT À STRASBOURG EN BREF NOVASEP. Spécialiste des solutions de purification et de production pour les industries des sciences de la vie, Novasep engage un investissement de 3 millions d’euros pour augmenter ses capacités de production d’ingrédients pharmaceutiques hautement actifs (HPAPI) sur son site du Mans (Sarthe). Le STIF sommé par Montebourg de revoir l’attribution de son centre d’appels Le feuilleton continue dans l’affaire de délocalisation du centre d’appels du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). Hier, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affirmé devant l’Assemblée nationale que le président (PS) du STIF, Jean-Paul Huchon, allait revoir l’appel d’offres pour son centre de relations clientèle pour l’instant confié à un prestataire implanté au Maroc. Cette annonce intervient après que le président François Hollande a appelé les responsables publics à « faire prévaloir » autant que possible « le travail en France », même s’il a précisé que les règles des marchés publics avaient été respectées par le STIF. Cette délocalisation menace deux centres d’appels en France, à Fontenay-le-Comte, en Vendée, et à Saint-Avold, en Moselle, appartenant à la société Webhelp. Xilofrance : liquidation judiciaire avec maintien de l’activité pendant un mois Faute d’accord sur la prise en charge partielle des créances évaluées à 45 millions d’euros entre les banques italiennes et le candidat à la reprise, la société holding MAR, constituée par des cadres de Rolpin à Labouheyre (Landes), le tribunal de commerce d’Agen a décidé la liquidation judiciaire avec maintien de l’activité jusqu’au 31 août du fabricant de contreplaqués de peupliers Xilofrance à Damazan (Lot-etGaronne). A cette date, MAR a encore la possibilité de déposer son offre qui consiste à reprendre 50 des 68 salariés de Xilofrance et à mettre à niveau l’outil de production. Créée en 2008, l’usine conçue pour produire 200 m3 de contreplaqués par jour n’a jamais pu fonctionner à plein régime.