JVC 367 FR-xxx ECO - Clusters Wallonie

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JVC 367 FR-xxx ECO - Clusters Wallonie
GROS ŒUVRE
TEXTE : Johan Debière
La paille
Un matériau léger, local, isolant et sain
«C
onstruire ma maison en paille ?
Vous n’y pensez pas ! » Cet a priori,
sans doute grandement nourri par l’histoire des trois petits cochons, n’a plus de raison d’être. Aujourd’hui, dans le sillage du
cluster Eco-construction, des ingénieurs,
des architectes et des spécialistes de l’écoconstruction ont fait émerger de nouvelles techniques qui donnent à la paille
toute sa raison d’être pour la construction
de maisons unifamiliales, voire de bâtiments professionnels. Chez Paille-Tech,
une coopérative installée dans la région
de Floreffe, c’est l’association de planches
d’épicéa avec de la paille et de l’argile qui a
déjà permis d’ériger des dizaines de bâtiments : « L’ossature porteuse en bois est
constituée de planches d’épicéa brutes de
faible section. Ces planches sont placées
entre les bottes de paille. Il reste alors à encastrer les circuits électriques. Enfin, le
tout est noyé dans une couche d’argile
qui donnera à la fois souplesse et solidité à
la paroi », explique Julien Lefrancq, l’un
des administrateurs de la coopérative. La
formule est avantageuse à plusieurs
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égards : la paille est un excellent isolant et
confère à l’ensemble une belle inertie
thermique ; le placement des ballots permet de ménager des espaces ouverts là
où c’est nécessaire, pour les portes et fenêtres ; enfin, le béton d’argile est préparé
à partir de ressources locales et, tout
comme la paille, il ménage la planète avec
un bilan CO 2 des plus favorables. De ce
point de vue, seul l’épicéa déroge à la
règle puisque Paille-Tech est obligé d’aller
chercher ce matériau en France en raison
de problèmes de qualité relevés dans les
gisements locaux.
Paille et bambou
Au sein du bureau Gosset, l’ingénieur
Serge Gosset est lui aussi convaincu des
qualités de la paille. À travers Cycl’home, il
a développé une approche constructive
reposant sur l’association – tout à fait
inédite – de la paille et du bambou. « Nous
travaillons avec des structures qui sont
soit des poutres, soit des voiles, soit des
coques. Les faces extérieures sont en bois
de faible épaisseur et sont reliées entre
JevaisConstruire & Rénover • février 2014
elles par des barres de bambou vidées à
leurs deux extrémités. Cela nous permet
d’avoir un élément très rigide entre les
deux faces de bois car le bambou est aussi
résistant que l’acier de construction », souligne Serge Gosset. Appelé Woobago, le
système constructif peut être isolé avec
de la paille ou des flocons végétaux et revêtu d’enduits d’argile et de chaux, voire
de panneaux de fibres de bois.
Contrôle, norme?
Comme tout matériau naturel, la paille et
le bambou peuvent présenter des imperfections mais, au contraire de ce qui se
passe avec le bois, « ces défauts – tout au
moins ceux qui sont relevés dans le bambou – renforcent la structure », souligne
Serge Gosset.
Cette façon de concevoir l’enveloppe estelle certifiée par les instances telles que le
CSTC ? « Pour l’instant, ces organismes ne
sont pas équipés pour faire ce type de vérification [...]. Nous avons donc réalisé des
tests avec certains organismes extérieurs
qui nous ont par exemple permis de met-
© ALTAR architecture
La paille va-t-elle remplacer les matériaux de construction ou les isolants
conventionnels ? Poser cette question, c’est assurément avoir les yeux plus
grands que le ventre. Car on en est encore à une demande marginale,
émanant de maîtres d’ouvrage sensibles au caractère durable de leur
construction. Pourtant, jour après jour, ce matériau gagne du terrain.
tre en évidence des modes de rupture,
certains problèmes au niveau du
collage... », explique encore l’ingénieur. À
cet égard, Serge Gosset salue l’apport des
agréments techniques européens, moins
parcellaires que les ATG appliqués en Belgique. À travers un ETAG, ces agréments
européens vont permettre d’identifier le
respect d’une série de normes, de procédures et de méthodes caractéristiques
d’un matériau sortant d’une chaîne de
production.
des techniques de construction, avec un
effort de standardisation pour une plus
grande simplicité et une plus grande rapidité de mise en œuvre. In fine, l’objectif est
de fournir une maison passive finie à 1 250
euros/m², primes et avantages fiscaux déduits. Beau, sain et pas trop cher. Que
rêver de mieux ? ■
Une initiative du Cluster Eco-construction dans le cadre du projet
européen BatiD (Interreg IVa FWF et la Wallonie).
Paroi Altar
Architecte et propriétaire d’un bâtiment
mixte récemment construit sur les hauteurs de Moxhe, Adelin Leclef a mis au
point un nouveau procédé de construction de paroi utilisant la paille comme isolant. C’est à la fois le caractère bon marché, local et écologique de la paille qui a
poussé l’administrateur d’ALTAR à associer
ce matériau avec le bois. De cette démarche est née la paroi Altar, une paroi qui a
pour but de combiner la dimension écologique et le développement rationnel
En savoir plus
• www.pailletech.be
• www.gosset.biz/woobago.html
• http://cyclhome.com
• www.altar.be
• www.mc2000.be
• www.ecoconstruction.be
• www.batid2.eu
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