Courrier adressé à M. le Maire de Valence
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Courrier adressé à M. le Maire de Valence
5 rue Louvois - 26000 Valence [email protected] Mairie de Valence M. Nicolas DARAGON 1 place de la Liberté 26000 VALENCE Objet : Animaux du Parc Jouvet Monsieur le Maire, Peu avant votre élection, vous nous avez fait connaître votre point de vue sur les animaux maintenus au Parc Jouvet : « S’agissant des animaux nés en captivité, il convient de toujours adapter leurs conditions de vie aux exigences biologiques des espèces auxquelles ils appartiennent. Exigences biologiques qui doivent bien évidemment être apprécies à l’aune de l’éthologie. Le parc Jouvet se doit effectivement d’être exemplaire à ce niveau et j’y veillerai. […]. Je tiens en effet à ce que les petits Valentinois, dès le plus jeune âge, soient sensibilisés au respect de la vie, du vivant et de la sensibilité animale. » La municipalité propose actuellement un aménagement du Parc Jouvet pour les enfants. Ajouter du divertissement pour les jeunes valentinois est une bonne idée, mais qu’en est-il du sort des animaux captifs de ce parc ? Avez-vous envisagé de réaménager ou de supprimer ces enclos ? Quelle est leur fonction ? Que sont-ils censés apporter aux visiteurs du parc ? Il ne s’agit visiblement pas de sauvegarde des espèces, ni d’objectifs culturels ou pédagogiques (aucun panneau informatif n’est présenté aux passants). De nombreux jardins zoologiques ont évolué en essayant de mieux satisfaire les besoins biologiques des animaux détenus, en prévoyant notamment un élargissement conséquent et un enrichissement des enclos, ainsi que du personnel formé. La ville de Valence dispose-t-elle des moyens nécessaires pour suivre cette voie, ou bien ne serait-il pas opportun de réfléchir à utiliser ces espaces autrement ? En effet, les daims du Parc Jouvet vivent dans des conditions qui ne respectent pas du tout leurs besoins physiologiques : • Le biotope classique des daims est la forêt claire de feuillus et le domaine vital annuel d’un individu recouvre 100 à 200 ha (données ONCFS). En captivité, cet animal a besoin pour son épanouissement, d’un terrain clôturé de 3 000 m² au minimum. Au Parc Jouvet l’espace qui leur est offert est très largement insuffisant et ils n’ont accès à aucune végétation. • Les daims sont herbivores, ils consomment majoritairement des herbacées, des pousses, des feuilles, des ronces et lierres, ainsi que des fruits (glands, châtaignes, marrons d’Inde, guis, baies diverses) et des céréales. Au Parc Jouvet, malgré le double grillage et l’interdiction de les nourrir, on peut facilement constater que les passants leur donnent tous les jours des aliments indigestes pour eux. • Les daims du parc s’ennuient et montrent des signes de souffrance psychologique et physique. Leur bois présentent des malformations typiques chez ces animaux lorsqu’ils sont maintenus en captivité. Ils présentent des comportements déviants comme des allers et retours incessants. Ils souffrent de la chaleur accablante en été et ne peuvent se protéger à l’ombre de grands arbres qui pourtant existent à deux pas de leur enclos. Pourquoi persister à maintenir ces animaux au Parc Jouvet dans ces conditions ? Les oiseaux en cage ne sont pas mieux lotis. Des dizaines d’espèces toutes exotiques sont enfermées entre trois murs gris et exposées aux passants derrière des grillages ou des plexiglas. Leurs pattes ne sont jamais en contact avec la végétation et leurs ailes ne leur permettent nullement de voler librement. Ils souffrent de la chaleur en été et du froid en hiver. En aucun cas la présence de ces animaux ne participe à sensibiliser les valentinois au respect de la vie, du vivant et de la sensibilité animale. Bien au contraire, ces mises en scène ancrent l’idée que les animaux sauvages peuvent être considérés comme de simples objets décoratifs. L’assemblée nationale a pourtant accordé en janvier dernier la qualité d' « êtres vivants doués de sensibilité » aux animaux. De plus, la science de l’éthologie ne cesse de dévoiler la sensibilité et l’intelligence de nombreuses espèces comme les perroquets dont les capacités cognitives sont stupéfiantes. Nous nous tenons en tout cas à votre disposition pour discuter plus amplement de ce sujet et sommes prêts à vous aider, si besoin, à trouver une solution satisfaisante pour toutes et tous. Nous comptons en tout cas sur vous pour prendre au plus vite les décisions qui s’imposent. Muriel Barrat, co-présidente de AVRE