LA chirurgie mAxiLLo-fAciALe
Transcription
LA chirurgie mAxiLLo-fAciALe
N° 14 • A oût 2010 Bureau de dépôt : Bruxelles X LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE L A c h ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e Site 2 Alice Site St-Michel Site Ste-Elisabeth | www.cliniquesdeleurope.be • [email protected] | s o m m a ir e ÉDIT EUR RESPO NSA B LE Dr Marc Van Campenhoudt éDIT O E. NEW S - Nouveaux collaborateurs - Clinique du périnée - Rythmic Clinic - Symposium de Gastro-Entérologie - Ateliers Ste-Elisabeth et St-Michel - AsPeCaF - Panarthrothérapie - Clinique du sein 04 09 05 05 06 09 09 10 12 RÉDA CT RICE EN CHEF Dr Roxane Audistère assistante de rédaction Mme Jacqueline Snoeck CO O RDINA T IO N Dr Roxane Audistère Mme Chantal Dekempeneer CO M IT É DE LECT URE Dr Dorothée Berben Dr Albert de Decker Dr Didier Delmarcelle Dr Leopold Ghijselings Dr Frédéric Haven Dr Daniel Hublet Dr Luca Leone Dr Carl Salembier Dr Jean-Marie van Caster Dr Guy Vielle DO SSIER : LA CHIRURG IE M A X ILLO -FA CIA LE - La chirurgie maxillo-faciale Dr Edmond LAHY - Le cancer de l’oropharynx Dr Sergio SICILIANO - La chirurgie orthognatique Dr Philippe BODDEZ - Chirurgie préprothétique et reconstructrice L’Equipe maxillo-faciale - La chirurgie orbito-palpébrale Dr Sergio SICILIANO - La distraction osseuse Dr Aurélie DAELEMANS 14 16 20 23 28 30 A Q UO I SERT CET T E T ECHNIQ UE ? - Le denta scanner Dr Emmanuel FOUARGE 34 JE T ’A I DA NS LA PEA U - Un “bouton”… un “petit nodule”… G RA PHISM E & IM PRESSIO N Maca-Cloetens Dr Sergio SICILIANO 36 EN PRA T IQ UE - Soins continus et prise éthique de décision Dr Michel STROOBANT 38 A DRESSE DE RÉDA CT IO N Euroscoop Site Ste-Elisabeth avenue De Fré 206 1180 Bruxelles Tél. : 02-614 26 89 Fax : 02-614 28 94 E-mail : [email protected] éV éNEM ENT S - 2 Alice : les 10 ans de la Psychiatrie 39 - 15ème anniversaire des Ateliers de cardiologie 40- - Humour, humeur et facéties… Dr Roxane AUDISTèRE41 CO UP DE CŒ UR - Eric Emmanuel Schmitt et les Hôpi-Clowns 42 DA NS LE PRO CHA IN NUM éRO - La nutrition Magazine réservé au corps médical. Les médecins qui souhaitent recevoir l’Euroscoop sont invités à prendre contact avec la Rédaction. 43 Le contenu des articles n’engage que la responsabilité de leur(s) auteur(s). Tous droits réservés, y compris la traduction. rue de Linthout 150, 1040 Bruxelles Tél. : 02-614 30 00 - Fax : 02-614 35 94 Urgences 24h/24 - T él. : 02-614 39 00 2 A lice S t-M ichel S te-E lisabeth avenue De Fré 206, 1180 Bruxelles Tél. : 02-614 20 00 - Fax : 02-614 28 94 Urgences 24h/24 - T él. : 02-614 29 00 rue Groeselenberg 57, 1180 Bruxelles Tél. : 02-373 45 11 - Fax : 02-373 46 86 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 03 EDIT O Le sourire aux lèvres… Loin de nous l’idée de “faire dans la presse people”, mais “C’est arrivé près de chez vous”… c’était “chez nous”. Il était une fois … les 2A… pour accueillir une grande famille du cinéma… et nous invitons d’ores et déjà curieux et cinéphiles à se précipiter à la page 41 de notre Euroscoop ! Du haut vol … en ce site, du 4ème étage transformé en “ciné d’un jour” au sous-sol, en Stomatologie ! Car c’est là qu’officie l’équipe des stars de ce numéro, celle de nos “professionnels maxillo-faciaux” qui rassemblent leurs compétences pour modeler un sourire, réparer un profil, illuminer un faciès accidenté ou encore délabré par la maladie. Créativité, haute technicité, gestes minutieux, rigueur des procédures se conjuguent au sein de cette Equipe, dont les “acteurs” travaillent sur les trois sites de nos Cliniques. Alors, “Silence, on tourne !”, … et au gré des pages de notre dossier, découvrez leur travail exigeant. De l’implantologie à la cancérologie, nous souhaitions faire la lumière sur leurs tâches, si souvent qualifiées d’énigmatiques ! Ils réalisent encore “bien d’autres choses” mais, comme au cinéma, nous espérons susciter, chez nos lecteurs, l’envie d’aller plus loin que la bande de lancement… N’hésitez donc pas à prendre contact avec eux ! Et d’ajouter sur une note intimiste, que j’aimerais évoquer le souvenir d’un sourire d’une très jolie vieille Dame, récemment ravivé par les récits d’une de ses filles. Des sourires, vous nous en avez offerts à foison, tout au long de ces années de relation où s’échangèrent propos médicaux et personnels, parfois teintés d’une touche de philosophie, au gré de nos humeurs respectives. Et si malgré le “soin respectueux de vous et des autres” que vous avez toujours souhaité apporter à votre apparence, à l’approche de votre départ votre morphologie s’est modifiée, vos traits se sont émaciés, votre profil s’est aiguisé, sachez qu’au-delà des innombrables plissements épars inscrits au coin de vos lèvres et de vos yeux, vous fûtes si belle, Madame, … et de combien de sourires gravés, vos rides n’ont-elles été les témoins. Merci à vous, anonymes et people, patients et soignants, pour toutes les rencontres “stylées” que vous suscitez et bienvenue dans notre nouvel Euroscoop, surprenante “mise en bouche” d’une spécialité si pointue ! Dr Roxane Audistère Rédactrice en Chef 04 | N°14 - AOÛT 2010 E. NEWS Les nouveaux collaborateurs Dr Jérôme DELESCAILLE UCL 2006 Ophtalmologie générale et cataracte Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice Pédiatrie Ophtalmologie Soins palliatifs Dr Isabelle DEBOCK UCL 2004 Médecine générale Site 2 Alice Dr Anna D’ARPA UCL 2009 Pédiatrie générale Site Ste-Elisabeth Clinique du périnée Sur le site Ste-Elisabeth à Uccle, les Cliniques de l’Europe ouvrent une Clinique du périnée. Les services Gynécologie, Urologie et Physiothérapie y sont réunis en une structure multidisciplinaire où, en collaboration avec le médecin généraliste, une solution est offerte aux patients atteints de prolapsus et/ou d’incontinence. “L’affaissement” du plancher pelvien et la perte involontaire d’urine constituent un problème difficilement accepté sur le plan social. Une situation qui interpelle, quand on sait que presque 11 % des personnes atteintes d’un prolapsus finissent par opter pour un traitement chirurgical et que la prévention de la perte involontaire d’urine concerne 20 à 30 % de la population. Le problème touche avant tout une population féminine, vieillissante, mais toujours active. Les femmes sont également fréquemment confrontées à l’incontinence pendant la période du postpartum. Ces affections ne rendent que rarement “malade” et ne mettent pas la vie en danger mais occasionnent cependant bien des problèmes : isolement social, douleur chronique, perte de sang ou d’urine et/ou infection. Il est important de diagnostiquer en premier lieu l’origine du problème. L’affaissement de la paroi de la vessie, de l’utérus, de l’intestin ou une combinaison de ces éléments peut en être la cause. Il peut aussi s’agir d’un problème fonctionnel ou médical, comme une vessie “hyperactive” ou un diabète. Il faut ensuite décider du meilleur traitement. Très souvent la kinésithérapie combinée à un traitement hormonal local représentera déjà une solution. Dans d’autres cas il y a lieu d’envisager une intervention chirurgicale ou une médication. Le traitement chirurgical proposé peut être une intervention par voie vaginale ou par laparoscopie, avec recours ou non à un “filet” ou mesh. Dans certains cas précis, la chirurgie robotisée peut constituer une option. Le vœu de notre équipe multidisciplinaire est avant tout d’offrir aux patients des soins de bien meilleure qualité encore. C’est en concertation avec le médecin généraliste que nous cherchons à offrir une solution à ce problème fonctionnel. Dr Albert DE DECKER, Gynécologue CLINIQ UE DU PÉRINÉE Gynécologie Dr Albert De Decker - Dr Marc Waterkeyn Tél. : 02-614 27 30 Urologie Dr Christophe Assenmacher - Dr Jan Benijts Dr Daniel Hublet - Dr Sylvain Nesa Tél. : 02-614 27 40 Physiothérapie Mr Benoit de Quervin Tél. : 02-614 27 60 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 05 E. NEWS Du nouveau aux Cliniques 1 ère annonce : Inauguration septembre 2010 Trajet actuel du patient souffrant d’une arythmie cardiaque Une structure intégrée pour la prise en charge des arythmies cardiaques Médecin généraliste Médecin généraliste Consult Rythmo Consult Cardio Urgences Consultation Cardio Echo transœso Urgences Ry t Hmic Clinic Echo transœso Ablations Pacemakers Cardioversions Hospi. Télémétrie RX Scanner Ablations Pacemakers Cardioversions Hospi. Télémétrie RX Scanner Une Equipe : 1 cardiologue - rythmologue (bientôt 2 !), 1 cardiologue spécialisé en imagerie cardiaque (CT Scanner, TEE), 1 infirmière - technicienne d’Electrophysiologie, 1 chirurgien spécialisé dans les interventions cardiaques à visée rythmique, 1 neurologue spécialisé en pathologie neurovasculaire et embolique, 1 psychologue intéressé par la prise en charge spécifique des patients présentant des arythmies ou porteurs de pacemakers et de défibrillateurs. Une Consultation de R ythmologie, pour une approche spécifique des arythmies dans un contexte favorable : plages horaires plus larges, Holters et moniteurs d’événements réservés et disponibles en plus grand nombre, infirmière de Rythmo pour aider à l’information des patients, organiser les procédures et faciliter les prises de RV pour ablations, pacemakers, cardioversions électriques. Une nouvelle salle d’Electrophysiologie dotée d’un matériel de pointe pour les procédures d’ablation et les cartographies 3D. Un Staff hebdomadaire de R ythmo. Une “ Hotline” : pas de substitution à un Service Urgences 24h/24 mais un “horaire d’ouverture” clair et stable de disponibilité pour les patients et les médecins généralistes. Une adresse E-M ail pour patients et médecins généralistes. Une Newsletter mensuelle. 06 | N°14 - AOÛT 2010 Ces dernières décennies, l’évolution de la Cardiologie a été impressionnante Une meilleure compréhension et prise en charge des facteurs de risque vasculaire, des politiques de prévention et d’éducation à la santé s’appuyant sur des Recommandations Internationales faisant elles-mêmes référence aux conclusions d’Etudes Scientifiques sérieuses et de grande envergure : l’Evidence-based Medecine est désormais la règle. L’élargissement de l’arsenal thérapeutique mis à notre disposition par la Recherche et l’Industrie du Médicament a été énorme. Des diagnostics toujours plus précis sont rendus possibles par une imagerie cardiaque et vasculaire extraordinairement pointue, en constante évolution. Le développement majeur de la cardiologie interventionnelle coronaire au cours des 20 dernières années a été principalement basé sur des évolutions technologiques dont les stents coronaires, pharmacologiquement actifs ou pas. La prise en charge des valvulopathies a également considérablement évolué, avec notamment le traitement percutané de lésions chez des patients qui se voyaient auparavant récusés pour une chirurgie conventionnelle en raison d’un risque opératoire trop élevé. Le traitement de l’insuffisance cardiaque, l’approche cardiologique du patient âgé, la revalidation cardiaque, une collaboration accrue avec nos collègues chirurgiens cardiaques pour des interventions hybrides : autant de secteurs, et j’en passe, de la révolution des Statines à la fermeture percutanée du PFO ou à l’espoir soulevé par le recours aux cellules-souches de l’Europe qui font de la cardiologie de 2010 une spécialité enthousiasmante, tellement différente de celle que je choisissais voilà bientôt 20 ans. La révolution Internet : m édecins et patients n’ont jamais eu accès à autant d’informations Malgré les craintes souvent justifiées d’abus ou de mauvaise interprétation de données plus ou moins correctes jetées brutes en pâture sur des sites de vulgarisation médicale plus ou moins sérieux, l’émergence d’Internet dans le domaine de la Santé établit un nouvel espace d’information aux données médicales, tant pour les médecins que pour les patients. Il donne une nouvelle dimension à l’exercice médical et bouleverse souvent le rapport médecin – patient. Auriculaire, arythmie cardiaque la plus fréquente de toutes, véritable épidémie moderne alors que, dans nos pays du moins, l’incidence de la coronaropathie semble se stabiliser, est désormais accessible à l’ablation. En découvrant, fin des années 90, la localisation dans les veines pulmonaires d’un substrat arythmogène déclencheur des accès paroxystiques de FA, le Professeur bordelais Michel Haïssaguerre déclenchait un formidable mouvement qui, chaque jour encore, évolue sous nos yeux : l’ablation de la fibrillation atriale est devenue une réalité quotidienne, assez bien codifiée pour les FA paroxystiques, de mieux en mieux comprise pour des FA persistantes voire chroniques. L’imagerie et les techniques de navigation 3D, de même que les cathéters et les énergies utilisées (radio-fréquence, cryo-ablation), sont en perpétuel développement. Au confluent de l’informatique médicale et de la santé publique, la Cybermédecine constitue une véritable prise en main par le patient des dernières données médicales et scientifiques pouvant le concerner. La Télémédecine, quant à elle, changera progressivement mais radicalement le suivi de certains patients. Un secteur de la Cardiologie a connu un développement spectaculaire ces dernières années : la Ry thmologie Réduite à sa plus simple expression il y a encore 20 ans, l’approche des maladies du rythme cardiaque se résumait encore souvent à un ECG, un Holter de 24 heures, des antiarythmiques et/ou un pacemaker anti-bradycardie. Avec les nouvelles générations de pacemakers, les défibrillateurs implantables, les stimulateurs triple-chambre de resynchronisation, mais surtout les techniques d’Electrophysiologie Interventionnelle et d’Ablation, elle est devenue une spécialité à part entière en croissance permanente. Lorsqu’en 1990, assistant en Cardiologie aux Cliniques UCL de Mont-Godinne, je proposais au Professeur Luc Deroy, un des pionniers de l’ablation des arythmies cardiaques en Belgique, d’ouvrir pour moi un poste d’assistant de Rythmo, je n’imaginais pas que 20 ans plus tard la plupart des grands centres de Cardiologie dans notre pays en arriveraient à élargir leur équipe à 2 “Rythmologues”, voire plus. Ces toutes dernières années ont encore marqué une accélération dans le développement de la Rythmologie : la Fibrillation LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 07 E. NEWS Disposant d’un matériel de pointe de Cartographie et de Navigation 3D, nous effectuons les ablations de Fibrillation Auriculaire depuis début 2009. Hormis les ablations et implantations de pacemakers, le reste des activités de Rythmologie est intégré aux activités cliniques et de consultation. La Rythmologie, dorénavant surtout interventionnelle, exige une expertise de plus en plus spécifique, requiert un matériel sophistiqué, ainsi qu’un personnel spécialement formé à des interventions longues et complexes. Il y va de la sécurité des patients et du succès des procédures. L’ablation de la Fibrillation Atriale est apparue dans les Recommandations Internationales dès 2006 et est vite devenue l’ablation la plus pratiquée dans le monde. Des études récentes semblent démontrer sa supériorité sur le traitement antiarythmique pour les FA paroxystiques. Parallèlement à l’ablation de la FA pour les patients symptomatiques, les esprits ont également changé pour les FA rebelles et asymptomatiques, entre autres depuis l’Etude Affirm. Pour certains patients l’option thérapeutique de “rate control” est acceptable et n’est plus considérée comme un échec. Les recommandations ont également changé en matière de prévention des complications thrombo-emboliques de la FA. Il ne s’agit plus désormais d’anticoaguler une FA en fonction de sa présentation clinique ou de sa durée, mais d’anticoaguler un patient en fonction de son risque thrombo-embolique individuel (CHADS² score). Le développement de nouveaux anticoagulants est en passe de révolutionner totalement le quotidien des patients actuellement sous anti-Vit. K. Pour la première fois depuis bien longtemps un nouvel anti-arythmique est apparu, la Dronédarone, disponible prochainement en Belgique. L’avènement de la Télémédecine, nous informant par alertes E-Mail du passage en FA d’un de nos patients porteur d’un pacemaker ou du choc délivré à un autre porteur d’un défibrillateur implantable, fait également partie de la révolution technologique en cours. Du nouveau dès septembre 2010 aux Cliniques de l’Europe Notre nouvelle salle d’Electrophysiologie est installée depuis 1 an, pleinement opérationnelle pour la prise en charge de toutes les arythmies cardiaques, notamment pour les ablations de Fibrillation Atriale. Une inauguration officielle et une journée portes ouvertes sont prévues, de même qu’une journée scientifique avec symposium de Rythmologie. Ce sera l’occasion rêvée de présenter officiellement la RYTHMIC CLINIC et ses membres, et pour tous de faire la connaissance du nouveau Cardiologue qui débutera ses fonctions sur le site Ste-Elisabeth début octobre : le Dr Hannes Van Acker qui sera membre à part entière de l’équipe de Cardiologie bien entendu, avec notamment une activité de cathétérisme coronaire, mais aussi le 2ème Rythmologue de nos Cliniques. Dr Bernard DERUYTER, Cardiologue – Rythmologue Cardiologues – Rythmologues Dr Bernard DERUYTER Dr Hannes VAN ACKER Infirmière – Technicienne d’Electrophysiologie Mme Nathalie LEGRAND Ry thmologie : situation actuelle au sein des Cliniques de l’Europe Chirurgien cardio-vasculaire Dr Jean-Christophe FUNKEN Sur le site Ste-Elisabeth, le laboratoire d’Electrophysiologie est actif depuis bientôt 15 ans et y sont pratiquées depuis lors les ablations d’arythmies classiques, principalement au niveau du cœur droit (Tachycardie par réentrée intra-nodale, WPW, Flutter, Tachycardie atriale, Tachycardie ventriculaire originaire du VD). Y sont implantés également les pacemakers anti-bradycardie et triple-chambre de resynchronisation pour le traitement de l’insuffisance cardiaque. Neurologue Dr Matthieu RUTGERS Cardiologue Scanner et Echo transoesophagienne Dr Taniyel DIKRANIAN Psychologue Mlle Isabel SUAREZ SAN JOSE 08 | N°14 - AOÛT 2010 A vos agendas ! Sy mposium de G astro -Ent érologie Un Symposium de Gastro-Entérologie destiné aux médecins généralistes est organisé par nos confrères des sites Ste-Elisabeth et 2 Alice, le jeudi 28 octobre 2010, à partir de 19h30. C’est au Château du Lac à Genval que seront développés les thèmes suivants : - M aladies inflammatoires chroniques de l’intestin : “State of the art”, par le Dr J.-M. Maisin - La “vidéo-capsule”, par le Dr J. Van Isveldt - L ’écho-endoscopie diagnostique et thérapeutique : indications et place dans le cadre des bilans d’extension des cancers, par le Dr M. Fiasse A teliers pluridisciplinaires Les Ateliers pluridisciplinaires auront lieu le samedi 27 novembre 2010. Ils se tiendront de 9 à 12 h sur le site Ste-Elisabeth. Au programme : - Bilan de tremblements sy mposium de M édecine g énérale Le Symposium de Médecine générale, centré sur la Gériatrie se tiendra sur le site St-Michel le jeudi 25 novembre 2010, à partir de 19 h. - Le point sur l’incontinence urinaire - Rhumatologie - Ophtalmologie - Actualités techniques AsPeCaF L’AsPeCaF (Association du Personnel de Cathétérisme en Francophonie) est une association professionnelle dont l’objectif est d’assurer la formation et de favoriser le contact entre le personnel des différentes salles de coronarographie de Belgique francophone, du GrandDuché de Luxembourg et du Nord de la France. Cette année, c’est notre équipe dynamique de Ste-Elisabeth qui a été choisie pour organiser la 16ème journée scientifique ! Le programme, adapté au vécu infirmier, vous éclairera sur des sujets comme la fermeture du foramen ovale (Dr Haine), l’existence de deux mondes en salle de cathé (Dr Deruyter), le cathétérisme droit (Dr De Man), la revalidation cardiaque (Dr Vandergoten)… Si votre cœur palpite déjà à l’idée d’en savoir plus, nous vous accueillerons le 20 novembre 2010 sur le site verdoyant des Deux Alice, après inscription auprès de l’AsPeCaF (www.aspecaf.eu). Vous pouvez également prendre contact avec l’équipe infirmière de la salle de coronarographie de Ste-Elisabeth (Tél. : 02-614 28 10). LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 09 E. NEWS PANarthroTHÉRAPIE © Les Cliniques de l’Europe accueillent, sur leur site Ste-Elisabeth, un concept de prise en charge pluridisciplinaire des syndromes douloureux aigus et chroniques. l’acupuncture classique, à savoir le positionnement d’aiguilles selon une combinaison de points individuels précis. Ces traitements atténuent notablement les douleurs et améliorent significativement la mobilité. Ils sont exempts d’effets secondaires et aisément tolérés, même dans un contexte algique important. La “PANARTHROTHÉRAPIE©” constitue une approche thérapeutique individualisée centrée sur une prise en charge holistique, somme des compétences particulières, médicales et paramédicales, de plusieurs soignants. Les compétences d’ostéopathe et la grande expérience professionnelle de Mme MYRIAM PEEMANS et de son staff permettent de compléter et d’optimaliser l’approche thérapeutique, de lever les blocages résiduels et d’améliorer la notion de “terrain”, le tout pour diminuer le risque de récidives. Le Dr ROXANE AUDISTERE a recours à une technique d’acupuncture avec aiguilles Laser (système LASERneedle®). Cette thérapeutique, dénommée “LLLT” (Low Level Laser Therapy) permet d’associer les effets biologiques intrinsèques du laser – tels que l’analgésie, la myorelaxation, la stimulation de la microcirculation – à la méthode de travail de 10 | N°14 - AOÛT 2010 Afin de pérenniser les résultats obtenus, le patient est invité à reprendre une activité physique appropriée (renforcement postural, gymnastique adéquate, “danse-thérapie”, …) activité choisie en fonction de ses possibilités et de ses préférences. Cette approche thérapeutique n’est proposée qu’après un bilan complet de l’affection, effectué par le médecin traitant, ou en interne si le patient n’a pas de soignant référant. Un diagnostic précis est la clé d’une approche adéquate. L’introduction de ce concept en Pédiatrie et en Gynécologie – Obstétrique offre de nouvelles et prometteuses possibilités thérapeutiques non-médicamenteuses. Les domaines d’intervention sont multiples : Bibliographie -O rthopédie – T raumatologie : gonarthrose, coxarthrose, rhizarthrose, périarthrite scapulo-humérale, épicondylite, tendinopathies, algoneurodystrophie, lumbago, whiplash, névralgie d’Arnold, entorses, … - Neurologie : céphalées d’étiologies diverses, migraines, névralgies (en particulier trigéminées), parésies dans le décours d’accidents cérébrovasculaires, … - M aladies de système : syndromes douloureux des spondylarthrites ankylosantes, des polyarthrites chroniques évolutives, des Bechterew, … - Stomatologie : arthrite temporo-mandibulaire, gingivite, … - O R L : sinusites, syndromes vertigineux, … Ces thérapeutiques combinées peuvent être proposées à tout âge de la vie, en raison de leur caractère indolore et apaisant (manipulations douces et simple pose des aiguilles laser sur la peau, sans piqûre). Efficacy of low-level laser therapy in the management of neck pain: a systematic review and meta-analysis of randomised placebo or active-treatment controlled trials. Chow RT, Johnson MI, Lopes-Martins RA, Bjordal JM. Nerve Research Foundation, Brain and Mind Research Institute, University of Sydney, Sydney, NSW, Australia. Lancet. 2009 Nov 12. Ultrasonographic evaluation of plantar fasciitis after low-level laser therapy: results of a double-blind, randomized, placebo-controlled trial. Kiritsi O, Tsitas K, Malliaropoulos N, Mikroulis G. Prognosis, Diagnostic Center, Larnaca, Zaka 56, 56727, Thessaloniki, Greece. Lasers Med Sci. 2009 Oct 20. The effects of low level laser in clinical outcome and neurophysiological results of carpal tunnel syndrome. Shooshtari SM, Badiee V, Taghizadeh SH, Nematollahi AH, Amanollahi AH, Grami MT. Shiraz University of medical science, Shiraz, Iran. Electromyogr Clin Neurophysiol. 2008 Jun-Jul;48(5):229-31. Low-level laser therapy and myofacial pain dysfunction syndrome: a randomized controlled clinical trial. Shirani AM, Gutknecht N, Taghizadeh M, Mir M.Department of Oral Medicine, School of Dentistry, Isfahan University of Medical Sciences, Isfahan, Iran. Lasers Med Sci. 2009 Sep;24(5):715-20. The efficacy of low-power lasers in tissue repair and pain control: a meta-analysis study. Enwemeka CS, Parker JC, Dowdy DS, Harkness EE, Sanford LE, Woodruff LD. School of Health Professions, Behavioral and Life Sciences, New York Institute of Technology, Old Westbury, NY 11568-8000, USA. Photomed Laser Surg. 2004 Aug;22(4):323-9. Cliniques de l’Europe asbl Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice Consultations sur rendez-vous : Tél. : 02-614 27 60 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 11 E. NEWS Reconnaissance du programme spécialisé pour le cancer du sein Le Centre du sein des Cliniques de l’Europe existe déjà depuis plusieurs années. Depuis sa création l’on s’attelle à y prodiguer des soins de qualité pour des femmes et des hommes atteints d’affections bénignes ou malignes. L’équipe multidisciplinaire, composée de gynécologues, d’oncologues, de radiothérapeutes, de radiologues, d’anatomopathologistes et de chirurgiens plasticiens, se porte garante d’un fonctionnement orienté vers le patient et d’un service de soins organisé. La collaboration et la cohésion entre ces différentes disciplines médicales optimisent la pose de diagnostic ainsi que la détermination du traitement. Ce concept bénéficie maintenant d’une reconnaissance officielle en tant que “Clinique du sein”, octroyée par le Conseil consultatif des soins de santé et du bien-être étant donné que la “Clinique du sein” des Cliniques de l’Europe satisfait pleinement aux normes fixées par l’Arrêté Royal du 26 avril 2007. Jusqu’à ce jour, seul le Centre du sein des Cliniques de l’Europe a obtenu cette reconnaissance, parmi les diverses institutions non universitaires de la région bruxelloise. L’équipe multidisciplinaire de la Clinique du sein s’est entretemps étendue, au-delà des frontières purement médicales. Dans un premier temps par la participation d’une infirmière du sein. Celle-ci s’occupe de l’accompagnement de chaque patient et/ou de sa famille, dès l’annonce du diagnostic jusqu’à la fin du traitement, et constitue dès lors la base d’une relation de confiance avec le patient. Par ailleurs, une large équipe de psychologues, d’assistants sociaux et de consultants de la beauté, se tient à la disposition des patients. Grâce à la “Fondation MIMI” ces services peuvent être proposés gratuitement. FondationMIMI. 12 | N°14 - AOÛT 2010 de soin Un des moments clés de cette prise en charge est représenté par la Consultation Multidisciplinaire d’Oncologie (CMO). Lors de la réunion hebdomadaire de l’équipe multidisciplinaire les spécialistes se concertent au sujet du diagnostic, du traitement et du suivi ultérieur de tous les patients. Dans cette dynamique, le médecin traitant occupe une place centrale. Arseus Medical Boomsesteenweg 524 2610 Wilrijk - Belgium T: 0800 76 769 F: 0800 76 770 I: www.arseus-medical.com Au cas où vous, médecins traitants, avez des questions ou souhaitez simplement assister à cette réunion, il vous est loisible de prendre contact avec le Docteur S. Vanderlinden, coördinatrice de la Clinique du sein des Cliniques de l’Europe, ou avec le Docteur J.-L. Dekeyser, responsable de la Clinique du sein sur le site St-Michel. Dr Sonia Vanderlinden intern transport en opslag voor de gezondheidszorg le transport et stockage interne pour le monde hospitalier ARMOR L'AUTRE FAÇON DE TRAVAILLER POUR LA NATURE *Nous consulter pour connaître les cartouches certifiées selon ces normes. LIF ETI ME aalbroekstraat 3 - 9890 semmerzake - t. 09 / 243 10 10 - [email protected] Imprimer tout en préservant l'environnement, c'est possible Les cartouches remanufacturées ARMOR : Un gain d'achat significatif sur votre budget consommables Une autonomie et une qualité équivalentes à l'origine Des consommables 100% garantis sans limite de temps** La garantie constructeur de votre imprimante préservée Un choix éco-responsable qui réduit les déchets et nos impacts sur l’environnement ** Cartouches Laser uniquement www.armor-group.com * Imprimer autrement. ARMOR SA - Capital social: 10.299.450€ - SIREN: 857 800 692 RCS Nantes Brochure.indd 1 12/07/2010 10:36:2 Allo supplies, the easy solution for you IT supplies Tél. : 02-352 84 00 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 13 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e LA CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE Origines et avenir Dr Edmond LAHY Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel INT RO DUCT IO N – CHA M PS D’A CT IV IT ES La CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE, comme son nom l’indique, représente une spécialité chirurgicale qui traite les affections et pathologies des maxillaires (mâchoires) et des tissus durs et mous de la face. Elle se décrit donc plutôt selon un concept anatomique mais son développement très important au cours de ces 20 dernières années la fait englober des confins anatomiques élargis comme le crâne, le cou ainsi les régions proches ou éloignées notamment utilisées en tant que sites de prélèvement, pour la chirurgie oncologique et reconstructrice maxillo-faciale (ex : thorax – membres supérieurs et inférieurs – os du bassin, …). Elle est directement liée à la STOMATOLOGIE, spécialité médicale dont le point de départ est la bouche et ses annexes, comme son nom d’origine grecque (stoma, stomata = orifice) l’indique, ainsi que son contenu, c’est-à-dire les dents et leurs structures avoisinantes. Le vocable “oral” (du latin os, oris = bouche) est d’ailleurs de plus en plus utilisé en terminologie anglo-saxonne, contrairement à l’appellation Stomatologie (ou Stomatologica) en terminologie plus latine également plus représentée en Europe du Sud et de l’Est. En Belgique, la chirurgie maxillo-faciale est essentiellement pratiquée par des médecins spécialisés en stomatologie, dont la double qualification (médecine – dentisterie) est suivie d’une spécialisation supplémentaire de 4 années au moins en chirurgie orale et maxillo-faciale et nécessite donc un total de 12 à 14 années universitaires de formation. Le champ d’activité du chirurgien maxillo-facial a très récemment été spécifié dans le livre de référence de l’UEMS (organe officiel de l’Union Européenne des Spécialités Médicales). 14 | N°14 - AOÛT 2010 Il concerne “les conditions congénitales et pathologiques acquises, aiguës et chroniques, du crâne, de la face, de la tête et du cou, de la cavité orale et des mâchoires (incluant la dentition)”. Ceci englobe donc : - l a chirurgie dento-alvéolaire (dents incluses, kystes, …) - l es pathologies orales (muqueuses endobuccales, os maxillaires et annexes) - l es pathologies salivaires (fonctionnelles et tumorales) - l es pathologies des articulations temporomandibulaires (fonctionnelles et chirurgicales) - la chirurgie orthognatique et orthopédique faciale - l a chirurgie crânio-faciale et l’ostéo-distraction - l es traumatismes crânio-maxillo-faciaux (os, dents et tissus mous) et leurs séquelles - l a chirurgie préprothétique, incluant l’implantologie intra et extra-orale - l a chirurgie oncologique maxillo-faciale, incluant les évidements cervicaux - l a chirurgie reconstructrice, incluant la réfection des tissus durs et des tissus mous par greffes et lambeaux pédiculés ou libres avec ou sans microchirurgie - l a chirurgie des malformations congénitales orales (fente labiale, alvéolaire et palatine) et crânio-faciales - l a chirurgie plastique et esthétique de la face A cela s’ajoute une compétence en imagerie médicale de la cavité orale, de la tête et du cou. C’est dire combien est vaste le champ d’activité du chirurgien maxillo-facial et comme il lui est primordial de le développer au sein d’institutions hospitalières multidisciplinaires et en étroite collaboration avec Dr A. Daelemans, Dr E. Lahy, Dr P. Boddez, Dr S. Siciliano, Dr J. Demeulemeester. les spécialistes que sont les oncologues, les O RL, les ophtalmologues, les chirurgiens plasticiens, les neurochirurgiens, les urgentistes, les dermatologues, les orthodontistes et les praticiens dentaires. HIST O RIQ UE Mais pourquoi un tel développement et quelles sont les étapes marquantes de cette spécialité médicale, fondée sur la dentisterie il y a plus d’un siècle ? Après l’étape des “chirurgiens barbiers” du 19ème siècle, vint l’époque des “chirurgiens dentistes”, car c’est bien eux qui mirent au point et inventèrent certaines techniques chirurgicales, surtout pour traiter les traumatismes dentaires et maxillaires. Et l’histoire nous apprend que c’est bien lors des deux grandes guerres mondiales 14-18 et 40-45 que les techniques chirurgicales se sont améliorées puis codifiées, d’abord à l’aide d’attelles dentaires métalliques ou d’ostéosynthèse au fil d’acier, puis à l’aide de vis et de plaques d’ostéosynthèse, garantissant une stabilité adéquate des os fracturés. Parallèlement à cette évolution de traitements des fractures maxillo-faciales, ces pionniers (dentistes encore) anglais (Hullihen en 1852 et Blair en 1907) osèrent les premières ostéotomies de la mandibule (très segmentaires) pour corriger des malpositions des arcades dentaires. La CHIRURGIE ORTHOGNATIQUE doit ses lettres de noblesse à l’ingéniosité et à l’audace de chirurgiens remarquables, comme l’allemand Wassmund (1927) qui pratiqua une ostéotomie subapicale et segmentaire des maxillaires, le tchèque Kostecka (1931) qui effectua une ostéotomie subcondylaire de la mandibule pour obtenir un recul mandibulaire dans le cas de la prognathie inférieure, l’allemand Schuchardt (1942-1954) qui réalisa une ostéotomie à l’horizontale du maxillaire supérieur (selon Lefort I) et une ostéotomie postérieure segmentaire de la mandibule (modifiée plus tard par les américains West et Epker), l’américain Robinson (1956) qui modifia l’ostéotomie de la mandibule au niveau de la branche ascendante (Ramus), et surtout l’allemand Obwegeser (1959) qui, le premier, osa une correction de prognathisme mandibulaire par l’ostéotomie sagittale bilatérale des deux branches montantes de la mandibule, modifiée par la suite par Dalpont (1958), Hunsuck (1968) et Epker (1977). La chirurgie orthognatique maxillo-faciale entrait dans la cour des grands et les avancées remarquables des années 1965 à 1990 marquèrent ensuite principalement l’intérêt chirurgical des orthodontistes (surtout américains tels Poulton, Profitt et Mc Neil) à corriger les dysmorphoses dento-maxillo-faciales. D’autres modifications techniques eurent encore lieu, surtout grâce à l’utilisation de matériel chirurgical plus adéquat et repris aux chirurgiens orthopédistes, comme les vis à compression (lag screw) proposés par Spiessl (1974), puis les plaques et les vis d’ostéosynthèse rigides (Rigid Fixation conçu par AO System en Suisse) et enfin la mise au point de la miniaturisation du matériel d’ostéosynthèse : mini-plaques et mini-vis (seulement 1,5 à 2 mm de diamètre) préconisée par le français Champy (1975-1978) et les allemands Pape et Gerlach(1980). Ils fondèrent ensemble un groupe de recherche internationalement reconnu, le S.O.R.G. (Strasbourg Ostéosyntesis Research Group), encore et toujours d’actualité, reconnu à ce jour comme référence pour tout chirurgien maxillo-facial, européen ou d’outre-Atlantique. Ces principes furent étendus à la chirurgie crânio-faciale et reconstructrice notamment par l’utilisation de matériel encore plus miniaturisé (microplaques, micro-mesh et microvis de 1,1 mm de diamètre seulement) et internationalement largement diffusés. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 15 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e Le cancer de Dr Sergio SICILIANO Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel DéV ELO PPEM ENT S La chirurgie orthognatique s’est pourvue ces dernières années d’avancées remarquables et notamment de celle des principes de la DISTRACTION OSSEUSE (selon les travaux d’Ilizarov) appliqués aux maxillaires, au palais, à l’os alvéolaire, etc…des matériaux d’OSTEOSYNTHESE RESORBABLE (selon les principes de Bio-Engineering), et surtout des applications des nouvelles technologies d’imagerie médicale en trois dimensions grâce au SOFTWARE 3D pour le diagnostic et le planning virtuel du traitement chirurgical 3D sur les tissus durs et les tissus mous, ainsi que de l’utilisation de données informatisées tomographiques du CONE BEAM CT (CBCT), beaucoup plus accessible par sa rapidité et sa faible nocivité pour le patient. Ces diverses technologies ouvrent des voies d’applications multiples et très enthousiasmantes. La chirurgie oncologique et reconstructrice est également toujours en plein développement, depuis les modifications multiples des lambeaux libres ou micro-anastomosés, permettant la restauration des tissus réséqués (peau, muscle, muqueuse, os, …) en une seule phase chirurgicale, telle l’utilisation des lambeaux ostéo-musculo-cutanés depuis l’avant-bras (radius) ou la jambe (péroné). La greffe faciale a été réalisée à plusieurs reprises avec succès (Lengelé et Devauchelle, en 2005) et ouvre aussi de nouvelles perspectives. Enfin, l’endoscopie a été introduite en chirurgie maxillo-faciale pour le traitement a minima (Minimal Invasive Treatment) des pathologies des ATM (articulations temporo-mandibulaires) et est même d’application en chirurgie orthognatique, comme pour une variante technique d’ostéotomie sagittale mandibulaire (Mommaerts et coll. en 2008). Voici donc en ces quelques lignes un bref aperçu des domaines et des champs d’activités chirurgicales auxquels est confronté le chirurgien maxillo-facial. Quelques chapitres plus spécifiques, présentés par les membres de notre équipe, sont développés dans ce même numéro. 16 | N°14 - AOÛT 2010 Un des secteurs d’intérêt majeur de notre discipline est l’oncologie de la tête et du cou et surtout, de la cavité buccale et de l’oropharynx. Jusqu’il y a quelques dizaines d’années, la priorité était de “sauver” les patients de ce mal du siècle, ce qui pouvait nécessiter des interventions très mutilantes… mais aujourd’hui, dans notre société, “soigner” veut aussi dire s’occuper de la qualité de vie de nos patients et pas seulement les libérer de leur cancer. éPIDéM IO LO G IE-éT IO -PA T HO G éNèSE En Belgique, les cancers de cette zone anatomique représentent environ 3 % de tous les cancers confondus, ce qui veut dire 5 à 6 patients par 100.000 habitants, dont souvent la répartition géographique est liée malheureusement à des situations de conditions socio-économiques défavorisées. Ceci s’explique par les facteurs étio-pathogéniques de ces cancers, que sont essentiellement l’alcool et le tabac : l’un et l’autre multiplient le risque par 5 (le risque lié à la consommation d’alcool est par ailleurs dose dépendant). La durée est plus importante que l’intensité et il faut au moins de 10 à 15 ans d’interruption pour que ce risque s’arrête de croître. Fumer et boire augmentent le risque non pas de façon additive mais de façon exponentielle (au moins 30x). L’âge moyen est de 55-60 ans, mais il ne manque pas de sujets beaucoup plus jeunes ou âgés où d’autres facteurs peuvent s’ajouter ou être responsables, comme les papillomavirus, les lésions pré-cancéreuses (lichen érosif, érythrodysplasie etc.), l’immunodépression et le terrain cancéromateux liés à des problèmes de génétique moléculaire (comme les proto-oncogènes). Il y a 25 ans les hommes était plus atteints que les femmes avec un sex-ratio de 8H/1F mais avec l’égalité l’oropharynx des sexes, du contexte social et des habitudes, l’on tend vers une égalité de risque : 3H/1F, voire même 2/1, jusqu’à 1/1 dans certaines régions. Bien que tous les tissus peuvent être le siège d’un cancer, c’est le carcinome épidermoïde de la muqueuse buccale, avec localisation dégressive langue, plancher buccal, joues et mandibule, qui est de loin le plus fréquent. Il y a donc trois degrés de prévention possible : -la prév ention primaire qui consiste à éviter toutes les causes directes comme l’alcool, le tabac, les infections HPV, les lésions pré-cancéreuses en stade d’atypie avancé, etc. -la prév ention secondaire qui consiste en la détection précoce des lésions par un examen buccal correct par les professionnels de la santé en première ligne comme les dentistes et le médecin de famille. -la prév ention tertiaire consistant en l’augmentation des défenses immunitaires de l’organisme et des muqueuses locorégionales comme l’utilisation de facteurs de nutrition (une nutrition saine !) d’oligo-éléments, d’antioxydants, etc. DIA G NO ST IC L’examen buccal est heureusement d’accès facile et une simple inspection et palpation permettent déjà d’avoir une idée du problème. Il faut aussi dire qu’une lésion suspecte, avant de pouvoir être visible par un simple examen visuel de la bouche, doit déjà avoir une taille minimale de 3 mm. L’aspect clinique plus fréquent est une ulcération indurée avec bords relevés et irréguliers. Avec le temps et la prolifération, celle-ci devient une ulcération exophytique (comme un chou-fleur) avec envahissement des structures osseuses (mandibule et maxillaire supérieur) sous l’aspect d’érosion et d’ostéolyse, sans limites nettes. Parfois on note un aspect d’apposition osseuse comme une “bosse” ou “tuméfaction dure” sur la surface des maxillaires. L’aspect en “points blancs et rouges”, la douleur, le saignement au frottement et en cas d’envahissement osseux, la mobilité dentaire inexpliquée et les paresthésies du nerf trijumeau, sont des symptômes caractéristiques et très suspects. Toute lésion muqueuse érosive qui ne cicatrise pas dans les 15 jours doit être considérée comme fortement suspecte et nécessiter d’être biopsiée, ce qui représente le seul examen de certitude de malignité. En effet il faut toujours garder à l’esprit qu’un carcinome est le résultat final de différents aspects évolutifs qui vont de l’hypertrophie > la dysplasie (et/ou atypie cellulaire) > le carcinome in situ > le carcinome confirmé, et que les lésions bénignes qui peuvent plus facilement et fréquemment dégénérer en carcinome, sont représentées en ordre décroissant par : le lichen érosif, l’érythrodysplasie, la leucoplasie dyshomogène, la glossite de Wilson. Strictement lié à l’examen buccal est l’examen cervical, surtout de palpation, à la recherche de tuméfaction, nodules et ganglions dont on essaye de déterminer la taille, la consistance (dure ou molle élastique) la mobilité sur les plans superficiels et profonds, le nombre et la localisation parce ce qu’il existe une carte lymphographique du drainage très utile dans le choix thérapeutique. On distingue 6 “niveaux” ou regroupements ganglionnaires dans le cou selon des régions et plans limités par des structures anatomiques, comme le bord inférieur de la mandibule en haut, le muscle sterno-cléido-mastoïdien, le cartilage thyroïdien, la clavicule, le bord antérieur du muscle trapèze. Les carcinomes de l’oropharynx peuvent donner des métastases locorégionales dans les ganglions cervicaux dans 20 à 23 % des cas, ce qui n’est pas négligeable, et selon le Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, elles sont localisées au niveau des 3 premiers “levels” ganglionnaires du cou. Après avoir posé le diagnostic de carcinome oral suite à la biopsie, l’on procède à un bilan d’extension à la recherche de métastases locorégionales et/ou à distance (en ordre décroissant de fréquence : les poumons, le foie, le cerveau, le squelette et le cœur). Plus rarement, la mandibule et la muqueuse orale peuvent également être le siège d’une localisation métastasique d’un carcinome d’une autre origine primaire (prostate, glande mammaire, et d’autres encore plus rares). Il incombe à l’anatomopathologiste d’identifier les structures cellulaires ou bio-moléculaires afin de déterminer l’origine possible dudit carcinome. Les examens diagnostiques, pour le bilan locorégional, sont le CT scan et la résonance magnétique nucléaire de la tête et du cou, afin de visualiser l’envahissement des structures anatomiques (squelette maxillo-facial et gros vaisseaux cervicaux : carotide et jugulaire) ce qui permet de décider de l’éventuelle possibilité d’exérèse chirurgicale curative et du degré de mutilation, ainsi que de la possibilité de reconstruction. Pour les métastases à distance, on explore les organes plus susceptibles d’être atteints, comme les poumons par un CT scan thoracique, le foie par une échographie de l’abdomen, et de plus en plus on réalise dans les standards diagnostiques, un PET scan Total Body qui permet d’avoir une vision d’ensemble tant du squelette que des autres organes. En cas de doute, des examens plus sensibles et précis telle une scintigraphie osseuse au Technétium ou des clichés Rx centrés, voire même une résonance magnétique nucléaire centrée sur l’organe suspect seront indiqués. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 17 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e IV Primary site Oral cavity First echelon lymph nodes Level I Level II Level III III 100 Une fois le bilan complété, l’étape suivante est la classification clinique du cancer. Il existe 3 types de classifications : 1) 2) la première, anatomopathologique, nous donne des renseignements sur la typologie/différenciation cellulaire de la tumeur : indifférenciée, moyennement et bien différenciée; la présence ou non du degré d’infiltration. la deuxième est la stadification T NM (Tumor, Node, Metastasis) selon l’American Joint Committee Against Cancer AJCC, basée sur des mesures et qui comprend : a. le T : T1 < 2 cm; T2 < 4 cm; T3 > 4 cm; T4 envahissant les structures adjacentes comme l’os, les muscles, etc. b. le N, un peu plus compliqué et qui varie de N1 (< de 3 cm) à N3 (> 6 cm) avec des sous-groupes (N2a, N2b, N2c) selon la taille, la mobilité et la présence uni- ou bilatérale. c. le M, qui comprend le M0 (pas de métastase), M1 (avec métastase), Mx (en cours de bilan). 3) la troisième est la classification en stades définis, en anglais “Stage”, de I à IV (IVa, b, c) qui regroupe le stade TNM selon une gravité statistiquement relevée; par exemple, le Stage I comprend une tumeur classée T1 N0, et le Stage IVa comprend aussi une tumeur T1 mais une N3 qui signifie que, même si la tumeur primaire de la bouche est petite, elle présente un ganglion cervical envahi d’un diamètre d’environ 6 cm et dont le pronostic est très mauvais. 18 | N°14 - AOÛT 2010 Stage Distribution 80 % 60 40 20 0 The first echelon lymph nodes at highest risk for early dissemination by metastatic cancer, from primary tumors in the oral cavity I II Stage I Stage II Stage III Stage IV Stage distribution and survival by stage for oral cancer at MSKCC T RA IT EM ENT L’ensemble de ces renseignements permet de planifier le traitement qui consistera en une chirurgie et/ou radiothérapie ou radio-chimiothérapie; la chimiothérapie seule n’a qu’un intérêt limité et essentiellement palliatif dans les carcinomes de l’oropharynx. En général, le choix du traitement se fait selon des standards thérapeutiques reconnus dans la littérature spécifique. Plusieurs paramètres doivent être pris en compte : pour la chirurgie, il est important d’avoir l’étendue de la lésion et l’état de santé générale pour évaluer “l’opérabilité” et la “curabilité” du patient. L’âge du patient, vu l’espoir de vie des pays occidentaux et le progrès des techniques d’anesthésie et de chirurgie, ne représente pas une contre-indication comme dans le passé. En d’autres termes, la qualité et la dignité de vie, la prise en charge de la douleur sont des arguments importants pour envisager le traitement rapide de ces patients qui parfois pour des raisons multiples nous parviennent en phase déjà avancée de la maladie. Techniquement, l’exérèse d’un cancer en stade précoce peut être une simple excision avec suture directe, même sous anesthésie locale, ce qui n’entraîne aucun déficit esthétique ou fonctionnel vu l’élasticité des tissus muqueux et leur localisation intrabuccale. En cas de lésions étendues, l’intervention devient plus invasive, nécessitant des voies d’abord externes trans-cutanées, des évidements ganglionnaires cervicaux de type prophylactique ou curatif si des métastases locorégionales sont déjà apparues, et qu’il faut réparer le déficit généré. Il faut alors recourir à des techniques de reconstruction par des lambeaux locaux de tissus pédiculés, ou à distance par des lambeaux libres, dits microvasculaires, où les tissus de remplacement sont prélevés avec un axe vasculaire (artère et veine et parfois même le nerf pour une ré-innervation) et microanastomosés localement aux vaisseaux cervico-faciaux pour la revascularisation des structures anatomiques. Ces techniques ont permis de réaliser des exérèses de cancers fort étendus sans les séquelles et mutilations esthétiques et fonctionnelles qu’on a connues par le passé. L’exérèse d’une partie de la mandibule avec solution de continuité peut par exemple lourdement péjorer les fonctions vitales telles la respiration, la déglutition, la mastication et la phonation. Actuellement on est capable de reconstruire une mandibule entière par un lambeau microanastomosé de péroné, modelé par des ostéotomies à la forme de la mâchoire. Les interventions de ce genre demandent des compétences spécifiques, elles sont de longue durée (de 8 à 10 heures); il faut prévoir une hospitalisation d’environ 15 jours, un séjour de contrôle post-opératoire de 24 h aux soins intensifs et parfois une trachéotomie transitoire de sécurité. 3 1 4 1. Carcinomeépidermoïdelabial. 2. Post-opératoire+ 18mois. 3. Carcinomeépidermoïdejugal. 4. Post-opératoire+ 1anaprès reconstructionpar lambeauostéo-myo-cutané defibula. 2 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 19 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e La chirurgie orthognatique Dr Philippe BODDEZ Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel Introduction S’il y a bien une chirurgie propre à la sphère maxillofaciale, c’est la chirurgie orthognatique ou chirurgie des mâchoires. Par définition : “Ortho” + “Gnathique” : remettre les mâchoires en position correcte. Bien qu’elle se situe au carrefour entre l’orthopédie – la dentisterie – la chirurgie plastique, elle requiert des connaissances tellement spécifiques à notre spécialité qu’elle en constitue un domaine de prédilection, associant les compétences du médecin et du dentiste, double appartenance malheureusement abandonnée dans certains pays même voisins de la Belgique (la France e.a.). De l’orthopédie elle a repris les techniques chirurgicales et utilise des instruments similaires. De la dentisterie, les connaissances nécessaires à l’établissement d’un plan de travail en faisant appel à l’orthodontie. De la chirurgie plastique, l’amélioration de l’esthétique, en l’occurrence ici, celle de la face. Indications La majorité des cas que nous traitons sont d’ordre “orthodontique”. Là où l’orthodontie ne peut améliorer les rapports entre les arcades dentaires parce que la dysharmonie est à ce point importante qu’un simple traitement orthodontique ne peut à lui seul la corriger. Les autres indications sont plus rares : préprothétiques, posttraumatiques, apnées du sommeil. 1. Indications orthodontiques Lorsque la dysharmonie entre les mâchoires supérieure et inférieure, ou entre les trois tiers de la face est à ce point importante que l’orthodontie ne peut fournir une réponse à elle seule, l’orthodontiste va recourir au chirurgien maxillofacial. Le diagnostic est établi après analyse de la position des mâchoires, en trois dimensions. Les clichés radiologiques 20 | N°14 - AOÛT 2010 1 4 comprennent un orthopantomogramme (panoramique dentaire) ainsi que des téléradiographies de face et de profil. Des empreintes (moulages) des dents sont également effectuées, de même qu’un examen clinique approfondi aussi bien intrabuccal que de la face, avec prise de mesures et éventuellement photographies. L’ensemble de ces éléments permet de poser un diagnostic et dès lors un plan de traitement. La majorité des dysharmonies concerne le plan sagittal : position avant-arrière, moins souvent le plan vertical : hauteur des mâchoires, et transversal : asymétrie gauche-droite avec inclinaison des mâchoires. En ce qui concerne le plan sagittal, l’on distingue ce qu’on appelle les classes d’Angle. Angle I : relation sagittale harmonieuse Angle II : position en arrière de la mâchoire inférieure par rapport à la supérieure : rétrognathie 1, 2, 3. Béanceocclusaleantérieurepré-ostéotomie(clichés pré-op). 4, 5, 6. Béanceocclusaleantérieurepost-ostéotomie(clichés post-op). 2 3 5 6 Angle III : position avancée de la mâchoire inférieure par rapport à la supérieure : promandibulie (Fig. 1) Dans ces classes d’Angle on distingue encore les classes dites “squelettiques” et “dentaires” selon qu’elle n’affecte que les dents ou les mâchoires, ou les deux. Du diagnostic dépendra naturellement le traitement, détaillé plus loin, lequel vise généralement des patients relativement jeunes, en fin de croissance (15-25 ans). 2. Indications préprothétiques Avec le développement de l’implantologie et des méthodes de greffes osseuses, de plus en plus d’indications préprothétiques se présentent. Le principe est le même que chez les jeunes : positionner les mâchoires correctement l’une en face de l’autre. Le but est un peu différent. Il ne s’agit plus de mettre les dents les unes en face des autres mais de permettre la réalisation de prothèses esthétiquement et fonctionnellement acceptables pour le patient. Bien souvent les dents sont déjà manquantes, depuis des années, ce qui a entrainé une dysharmonie entre les mâchoires par résorption osseuse centripète à la mâchoire supérieure et centrifuge à la mâchoire inférieure : “pseudo-promandibulie”. Ceci se traduit fréquemment par une impossibilité pour le dentiste de réaliser des prothèses acceptables. La chirurgie orthognatique offre là un bel outil pour obtenir les conditions optimales à la réalisation des prothèses. 3. Indications post-traumatiques La chirurgie orthognatique permet de replacer les mâchoires correctement si après un traumatisme la correction n’a pu être réalisée immédiatement. 4. Indications dans les apnées du sommeil Dans certaines conditions, l’avancée mandibulaire permet de libérer les voies aériennes et de corriger les apnées-hypopnées, et d’améliorer la symptomatologie et la morbidité qu’elle entraîne. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 21 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e T raitement Lorsque les raisons sont d’origines orthodontiques, le patient bénéficie d’une préparation orthodontique à la chirurgie orthognatique, préparation qui dure généralement entre 6 et 18 mois. Une phase de finition orthodontique suivra la chirurgie, elle s’étale sur une durée de maximum 6 mois. Dans tous les cas la chirurgie fait appel à des incisions intrabuccales. Aucune cicatrice n’est donc visible par la suite. Lorsque les muqueuses sont décollées et que l’os des maxillaires est bien découvert, des traits d’ostéotomie sont réalisés à la scie et à l’aide de fraises coupantes, suivis d’ostéotomes jusqu’à obtenir une mobilité complète de la partie dentée du maxillaire. Celui-ci est ensuite positionné correctement à l’aide d’une clef en résine (splint réalisé avant la chirurgie) par rapport aux dents de la mâchoire opposée, et fixé dans sa nouvelle position à l’aide de plaques et de vis en titane. fracture de mâchoire. Celle-ci restera alors bloquée un peu plus longtemps et sur fil métallique rigide. L’insatisfaction du résultat… beaucoup plus difficile à traiter ! Dans la majorité des cas l’esthétique suit la fonction. On remarque donc une amélioration esthétique postopératoire. Son appréciation étant subjective, l’avis du patient peut être différent. Plus difficile à gérer ! T raitements particuliers 1. La corticotomie ou dysjonction Il s’agit d’une ostéotomie maxillaire supérieure ou inférieure qui vise à augmenter la largeur du maxillaire. Celle-ci se fait généralement en début d’orthodontie chez des patients qui bénéficieront ensuite de la chirurgie orthognatique. 2. La génioplastie La chirurgie peut concerner une seule mâchoire ou les deux, en fonction de la dysharmonie de départ et du diagnostic. La durée moyenne de l’hospitalisation est de 1 à 3 nuits. Il arrive que le patient doive rentrer chez lui avec un blocage des mâchoires sur élastiques. C’est l’ostéotomie du menton, souvent combinée aux autres ostéotomies mais qui peut parfois constituer à elle seule une solution à une dysharmonie purement esthétique. 3. D ’autres ostéotomies : les pommettes. D ifficultés, complications Bien que ce type de chirurgie provoque souvent un sentiment d’inquiétude auprès des patients, les difficultés post-opératoires sont généralement peu fréquentes et souvent temporaires. Il s’agit principalement de problèmes de sensibilité à la mâchoire inférieure liés à l’anatomie du nerf dentaire inférieur qui se situe dans l’os de la mâchoire. Les hypo-esthésies temporaires postopératoires sont fréquentes, les anesthésies définitives très rares. Le “bad-split” : il s’agit d’une fracture non-programmée de l’os de la mâchoire. La mâchoire ne casse pas là où on le voudrait. C’est assez rare et cette situation sera traitée comme toute CO NCLUSIO N Bien que pour beaucoup de patients la chirurgie orthognatique reste une chirurgie considérée comme lourde, nous remarquons une augmentation constante des cas opérés. Il s’agit là plutôt d’une idée répandue dans l’imaginaire collectif où “casser” des mâchoires pour les déplacer semble plus ressembler à de la barbarie qu’à de la médecine. Mais lorsque les étapes et toutes les implications chirurgicales sont bien expliquées au patient, notamment en montrant une mâchoire en plastique, la confiance est à nouveau instaurée. Essentielle durant ce long traitement, la motivation est quant à elle réactivée. Beaucoup d’innovations sont encore à espérer dans ce domaine, entre autres en ce qui concerne la planification de la chirurgie, comme précisé lors du Congrès de chirurgie maxillo-faciale 3D, fin mars 2010 à Eindhoven. Avec l’apparition et la rapide croissance des ventes de Cone-beam CT, il sera possible, très prochainement, de simuler virtuellement l’ensemble de cette chirurgie sur nos ordinateurs et de préparer des clefs (splints, cf. plus haut) qui permettront d’obtenir fidèlement le résultat attendu. Post ostéotomiesagittalebilatéraledes branches montantes demandibule(BSSO). 22 | N°14 - AOÛT 2010 Actualités en chirurgie préprothétique et reconstructrice Définition et Historique La CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE orale et maxillofaciale est née du développement et des techniques de reconstruction des os des maxillaires et de la face. Elle fut créée dans les années 1960-1970 par des chirurgiens maxillo-faciaux, essentiellement orthognatiques, pour palier les troubles et dysfonctions multiples liés à l’édentation des maxillaires. En effet, la perte partielle ou totale des dents entraîne irréversiblement des modifications anatomiques et fonctionnelles, et participent au vieillissement précoce de la face chez l’individu édenté. Dr Edmond LAHY Dr Philippe BODDEZ Dr Jean DEMEULEMEESTER Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel Les restaurations prothétiques conventionnelles par prothèses amovibles partielles ou totales (dentiers, appareils squelettiques…) ne parviennent pas à satisfaire la plupart des patients édentés, car elles réduisent d’au moins 30 à 40 % l’efficacité masticatoire, sans parler des préjudices esthétiques et de leur inconfort. La reconstruction des bases osseuses maxillaires et de leur contingent muqueux permet, au contraire, d’insérer des restaurations prothétiques fixes, soit sur les dents naturelles, soit sur implants. Les techniques des greffes osseuses et muqueuses ont été largement diffusées lors des 2 dernières décennies et sont de nos jours devenues routinières pour le chirurgien maxillo-facial. Résorption osseuse maxillaire édentations Autant les maxillaires sont stimulés par la croissance et l’édification des arcades dentaires, autant ceux-ci se réduisent ou plutôt se résorbent suite à la perte précoce ou tardive des dents. Ceci s’aggrave encore suite aux phénomènes inflammatoires chroniques liés aux infections (parodontite, ostéite, …), lors des destructions osseuses (kystes, traumatismes alvéolo-dentaires, …) et surtout à cause et suite aux extractions dentaires. Il en résulte un affaissement ou “résorption osseuse” marquée de façon centripète au maxillaire et centrifuge à la mandibule. La hauteur occlusale (= inter-arcades dentaires) est alors réduite, provoquant un écrasement de la hauteur faciale et son vieillissement (visage écrasé, menton de sorcière, …). Affaissement dela facechez l’édentétotal. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 23 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e 1 2 1. Greffeosseusemandibulaire. 2. Greffeosseusemaxillaired’origineiliaque. Reconstructions osseuses des maxillaires 3. Reconstructionmandibulairehorizontale, totale. Os iliaque. 4. Préparationdulit implantairedans unegreffed’apposition, os iliaque, 4mois après la reconstructionosseuse. La flècheindiquela limiteentrelegreffonet l’os dela mandibule. Qu’elle soit partielle (limitée à une petite région anatomique) ou totale (le maxillaire entier), la reconstruction osseuse permet de reconstituer les bases maxillaires pour devenir le support aux implants nécessaires à la réhabilitation orale (Fig. 1, 2). Petites greffes osseuses En implantologie nous sommes fréquemment confrontés à des résorptions osseuses de l’os maxillaire dans les trois dimensions de l’espace. Pour augmenter le niveau osseux en largeur suite à une perte osseuse appelée dans notre jargon “horizontale”, nous disposons de plusieurs techniques de reconstruction osseuse. Pour de petites résorptions nous tenterons l’augmentation par l’utilisation de biomatériaux compatibles qui se résorberont plus ou moins vite et seront à terme colonisés voire remplacés par l’os autologue. Si ces matériaux donnent de bons résultats pour les reconstructions limitées, dans les grandes pertes osseuses, l’os autologue sera préféré. L’os du patient reste le “gold standard” de par sa capacité d’intégration, de compatibilité, de faible risque de surinfection. Cela nécessite par contre le prélèvement au niveau d’un site donneur. 3 Technique - Préparation du lit receveur par levée d’un lambeau mucopériosté - Prélèvement au niveau d’un site receveur : os iliaque – branche montante de la mandibule – menton – os pariétal - Ostéosynthèse du greffon au site receveur et suture sans tension - Après 4 mois : évaluation du résultat par scanner et mise en place de l’implant Si cette technique est très fiable pour le maxillaire supérieur, il n’en va pas de même pour la mâchoire inférieure où la tension de la gencive aboutit parfois à la mise à nu du greffon et à sa perte en tout ou en partie (Fig. 3, 4). 4 24 | N°14 - AOÛT 2010 Sinus lift Le sinus lift est une technique d’augmentation osseuse au niveau postérieur du maxillaire supérieur, permettant la pose d’implants dans les cas de déficit de hauteur osseuse résiduelle. La résorption de la crête alvéolaire est liée à la perte des dents à ce niveau, celle-ci augmentant les effets de la pression positive intra-sinusienne responsable de l’agrandissement de la cavité sinusale. Développée au milieu des années ’70 par Tatum, cette technique fit l’objet d’une première publication par Boyne en 1980, et depuis près de 1700 études lui furent consacrées. Le principe est le suivant : la forme du sinus maxillaire, en somme une cavité osseuse avec quatre parois, prédispose à une néo-formation osseuse une fois la membrane sinusienne décollée du fond et des parois osseuses. Cette régénération osseuse se fait à partir des parois osseuses environnantes à condition que celles-ci disposent d’une capacité régénérative suffisante (épaisseur minimale et vascularisation) et que l’espace soit comblé au moyen d’un matériau adéquat. L’augmentation verticale du volume osseux ainsi obtenue permet la pose, per-opératoire ou différée, d’implants dentaires. Récemment des facteurs comme les concentrés plaquettaires (PRP = Platelet-Rich Plasma), prélevés au début de l’intervention chez le patient, ont été ajoutés aux matériaux de comblement afin d’influencer la prolifération cellulaire et la vascularisation. Ce PRP contient l’intégralité des plaquettes (2 à 3 millions par tube) et des globules blancs du prélèvement (action anti-microbienne locale), mais également l’IGF (Insulin Growth Factor) qui est le facteur de croissance le plus abondant dans la matrice osseuse. Technique chirurgicale - Décollement d’un lambeau muco-périosté suffisamment grand dont les marges restent à distance de la fenestration osseuse prévue. Ce décollement permet d’exposer la paroi osseuse latérale du sinus maxillaire où sera pratiquée la fenestration. - Réalisation d’une fenêtre osseuse dont le bord inférieur reste généralement à 5 mm au-dessus du plancher sinusien. Cette opération délicate nécessite une très grande précision; il s’agit en effet de fraiser toute l’épaisseur de la paroi sinusienne pour pouvoir mobiliser un volet osseux, mais sans perforer ou déchirer la membrane sinusienne (de 0,13 à 0,5 mm d’épaisseur) qui y adhère sur la face interne. Le fraisage est stoppé lorsque la muqueuse (membrane de Schneider) apparaît “en transparence” de l’os aminci (Fig. 5, 6). Matériaux de comblement - L’os autologue : il reste la référence de par son potentiel de régénération osseuse, l’absence de risque de contamination, un risque infectieux moindre et sa résorption faible. L’inconvénient majeur réside bien entendu dans la morbidité liée au prélèvement. Celui-ci s’effectue essentiellement au niveau de la mandibule (ramus, région para-symphysaire), de la crête iliaque, ou de la table externe de l’os crânien. - Les allo-greffes : l’os de cadavre (os de banque) peut être soit irradié, afin de dénaturer les protéines et composantes ARN-ADN de l’os, soit déminéralisé, lyophylisé et congelé (“Demineralised freeze-dried bone”). Dans le premier cas, il ne reste qu’une structure minérale qui sert de support pour l’ostéo-conduction, dans le second cas il ne subsiste qu’une matrice de collagène contenant les protéines et qui possède des capacités d’ostéo-induction. - Les xéno-greffes : ces greffes d’origine animale (essentiellement bovine et porcine) constituent une matrice minérale (Bio-Oss p.ex.) et sont généralement obtenues par traitement thermique. Leur point faible (théorique) réside dans le risque potentiel de contamination. - Les matériaux synthétiques ou alloplastiques : ce sont divers matériaux “bio-actifs” où la structure moléculaire ou la taille spécifique des particules (Bioglas p.ex.) sont un stimulant pour la régénération osseuse. Le phosphate tricalcique est largement utilisé, avec de très bons résultats (p.ex. Cerasorb). 5 6 - Décollement de la membrane sinusienne au moyen d’instruments spécifiques, en commençant par le bas de la fenêtre d’ostéotomie. La présence de septa osseux cloisonnant le sinus peut rendre la manœuvre plus difficile. L’intégrité de la membrane peut être vérifiée (sous anesthésie locale) grâce au mouvement synchrone de celle-ci avec la respiration du patient. - Comblement de l’espace libre créé à la base du sinus maxillaire au moyen d’un des matériaux décrits précédemment (ou une combinaison de ceux-ci) (Fig. 7, 8, 9, 10). On veillera particulièrement à ne pas laisser d’espaces vides entre les parois osseuses et la greffe, les vacuités pouvant occasionner des séquestrations. 7 8 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 25 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e - L’intervention est réalisée le plus souvent sous anesthésie locale, en ambulatoire, sauf dans les cas d’augmentations bilatérales ou très étendues avec prélèvement osseux extrabuccal (Fig. 11, 12, 13). Pose d’implants La pose des implants dans la zone greffée peut se faire soit simultanément à l’augmentation osseuse, soit après une période d’attente de 4 à 6 mois (Fig. 14, 15, 16, 17). La décision dépend des facteurs suivants : - Hauteur d’os résiduelle : celle-ci détermine la stabilité primaire de l’implant, et une hauteur de 5 à 7 mm est en général suffisante pour permettre la pose immédiate des implants (“one-stage”). L’apposition osseuse sur la partie de l’implant émergeant dans la zone d’augmentation est moindre en comparaison avec l’os vascularisé. 9 10 - Densité de l’os résiduel : une densité très faible est une contreindication à une chirurgie one-stage, pour les mêmes raisons de stabilité primaire. - Lors d’une pose différée d’implants, la durée de la période d’attente dépendra essentiellement du type de greffe utilisée. Les greffes d’os autologue requièrent en moyenne 3 à 4 mois d’intégration, les autres matériaux peuvent requérir jusqu’à 6 mois. 11 12 14 15 13 16 17 26 | N°14 - AOÛT 2010 Complications R econstructions totales En dehors des complications possibles liées à tout acte chirurgical (saignement, infection), on notera : Dans les cas de grands édentements avec résorption osseuse majeure, les techniques décrites ci-dessus sont utilisées “en combinaison” pour obtenir de nouvelles bases osseuses, permettant ainsi la mise en place d’ancrages implantaires multiples étalés sur toute l’arcade (Fig. 18, 19, 20). Tout ceci est réalisé en 1 ou 2 phases chirurgicales, très souvent à l’aide de guides acryliques ou “Template”, préparés dans un concept prothétique (Nobelguide®, Surgiguide®). - Perforation ou déchirure de la membrane sinusienne : des lésions supra-centimétriques sont difficiles à contrôler, et entraîneront le plus souvent l’interruption de l’intervention. Une réintervention est possible 3 mois plus tard, après cicatrisation de la membrane de Schneider. - Migration des particules greffées : le niveau trop bas de l’ostéotomie (fenêtre) d’accès, une condensation insuffisante des particules ou la non utilisation d’une membrane de collagène au niveau de la fenêtre peuvent en être la cause. - Absence de néo-formation osseuse : cette complication, fort heureusement rare, se manifeste par l’aspect inchangé du matériau greffé, et la quasi absence de vascularisation sur le site de préparation implantaire. - Communication bucco-sinusale : en cas de large lésion de la membrane sinusienne, d’infection et/ou d’un implant nonintégré. La communication ne sera refermée (par plastie mucosale) qu’après résorption totale de l’infection. 18 Un planning informatique en 3D est actuellement disponible grâce aux avancées technologiques récentes de l’imagerie médicale dont le Cone Beam CT qui permet une analyse tridimensionnelle avec programme software plus accessible au chirurgien maxillo-facial. En quelque sorte, il peut “visualiser” virtuellement son travail chirurgical afin de l’optimiser. Nous sommes bien dans l’ère du 3D, en image et en réalité ! Et nous ne sommes qu’au début de cette révolution médicale. Gageons qu’elle stimulera encore davantage le champ d’activité de la chirurgie maxillo-faciale. 11. Sinus lift par biomatériau(CERASORB). 12-13. Sinus lift unilatéral gauche(CERASORB). 14. Sinus lift partiel bilatéral + implants unitaires. 15. Sinus lift et implant dans reconstruction(avant-après). 16. Sinus lift localiséet implant. 17. 3implants dans greffoniliaqueenbloc. 18. ReconstructionmaxillairetotaleAVANT. 19. ReconstructionmaxillairetotaleAPRÈS. 20. Réabilitationmaxillairepar crêteiliaque+ bridgesur 6implants. 21. Nobelguide® pour analyseimplantaireen3D. 19 20 21 LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 27 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e “ Docteur… Les yeux me sortent de la tête…” Dr Sergio SICILIANO Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel Les chirurgiens maxillo-faciaux s’intéressent également particulièrement à la chirurgie orbito-palpébrale. Bien que leurs compétences dans les traumatismes et fractures de cette région soient bien reconnues, on ne pense pas toujours à leur rôle dans d’autres types de pathologies orbitaires comme par exemple l’ophtalmopathie thyroïdienne de Basedow, où le traitement de la décompression orbitaire et du nerf optique représente une des étapes importantes de la prise en charge de cette maladie systémique du système endocrinien et dont les aspects généraux ont déjà été développés dans un numéro précédent. 1 2 Cas clinique Mme A. G. , 44 ans, est suivie depuis environ 4 ans pour un hyperthyroïdisme dans le cadre d’une Maladie de Basedow (ou Graves dans la littérature anglophone). Hormis son problème endocrinien, ses antécédents médicaux sont sans particularité. Elle a déjà bénéficié d’une ablation chirurgicale de la thyroïde, est traitée par hormones de substitution et est pratiquement eu-thyroïdienne. Depuis plus de 2 ans elle présente une exophtalmie progressive et importante dans le cadre d’une ophtalmopathie complexe. L’examen clinique facial montre une exophtalmie de 27 mm à droite et de 28 à gauche, une rétraction bilatérale de la paupière supérieure, ainsi que de la diplopie et de la lagophtalmie (Fig. 1). La patiente a bénéficié d’un traitement prolongé par corticostéroïdes et radiothérapie (environ 2000 cGy) sur les 2/3 postérieurs des orbites. Vu l’absence de récession des symptômes (aggravés par une réduction légère de l’acuité visuelle) et sur demande de la patiente qui désire une amélioration fonctionnelle et esthétique, son ophtalmologue me l’adresse pour traitement chirurgical. 28 | N°14 - AOÛT 2010 3 Après bilan biologique, radiologique et RMN pré-opératoire (Fig. 2), la patiente a bénéficié d’une décompression orbitaire bilatérale sous anesthésie générale. L’intervention a consisté en une orbitotomie avec ostectomie des trois parois orbitaires (médiale, latérale et inférieure) (Fig. 4) par voie trans-conjonctivale, ouverture de la périorbite et lipectomie (environ 3cc) de graisse extraconale au niveau médial, inférieur et latéral. Quelque 6 mois plus tard une blépharoplastie des paupières supérieures sous anesthésie locale a complété le résultat esthétique. Le dernier contrôle post-op récent à environ 14 mois montre un résultat clinique plus que satisfaisant et actuellement stable; la patiente n’a plus de diplopie (pas de correction musculaire réalisée !) ni de lagophtalmie, l’exophtalmie a été réduite à 20 mm pour les deux yeux et la tension oculaire est normale (Fig. 5). Discussion L’étio-pathogénèse de l’ophtalmopathie de Basedow est un processus auto-immunitaire conduisant à un oedème, une fibrose de la graisse et des muscles extra-oculaires, un dépôt BR 8593 - 01/2009 4 5 de mucopolysaccharides des fibroblastes ainsi qu’une réaction inflammatoire. L’augmentation du volume des muscles et de la graisse intra-orbitaire détermine la proptose (exophtalmie) associée à un cercle vicieux de symptômes et de signes cliniques. Les effets secondaires de l’obstruction veineuse et du drainage lymphatique sont responsables de la congestion, de l’interaction inflammatoire, de l’effet de masse et de la compliance orbitaire. On comprend donc que l’action thérapeutique consiste en la réduction du volume (philosophie de la lipectomie) et/ ou augmentation du contenant, soit l’orbite (philosophie de l’ostéotomie). La décompression orbitaire dans l’ophtalmopathie de Basedow par résection osseuse chirurgicale a été décrite pour la première fois en 1911 par Dollinger en Allemagne. Depuis, de nombreuses techniques et variantes ont été développées; elles concernent, surtout du point de vue technique, la voie d’abord, et le timing de l’ostéotomie (par exemple, avant ou après la radiothérapie). L’indication principale est la neuropathie compressive du nerf optique, suivie des effets de la proptosis (l’exposition cornéale), la douleur et enfin des raisons esthétiques. 1. Pré-op. 2. RMNpré-op. 3. RMNpost-op. 4. Schéma osteotomie. 5. Post-op. La décompression orbitaire peut intéresser une, deux ou trois parois, et être associée ou non à une lipectomie, en fonction de la gravité de l’exophtalmie (en général on note une amélioration de 2-3 mm d’exophtalmie par paroi). On peut, dans les cas très sévères, l’associer aussi à un déplacement du rebord orbitaire (valgisation du rebord externe ou du volet fronto-orbito-malaire). Les cas très légers de 2-3 mm d’exophtalmie, et dans des indications bien précises, peuvent être traités dans certains centres par les ORL par voie endoscopique (ethmoïdectomie). Cette voie est associée à l’ostéotomie afin d’accéder au canal optique et de permettre l’ouverture de la gaine nerveuse du nerf optique. La lipectomie simple avec blépharoplastie est aussi limitée à des cas plutôt benins. La correction des muscles extra-oculaires en cas de diplopie persistante est réalisée après la décompression orbitaire. La correction des paupières supérieures et inférieures si nécessaire est l’étape finale. Celle ci consiste en une blépharoplastie avec le rallongement du Muscle de Muller et une greffe de muqueuse palatine pour traiter la rétraction des paupières. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 29 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e L a d is tr a ctio n o s s eu s e en Dr Aurélie DAELEMANS Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel La distraction osseuse est devenue un outil chirurgical incontournable dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale, non seulement pour la correction des dysmorphoses faciales mais aussi dans le domaine de la chirurgie pré-prothétique. “ M ais qu’est -ce donc que la distraction osseuse ?” La distraction osseuse est le processus d’allongement des os par ostéosynthèse dynamique. Bien plus tard, en 1956, Ilizarov réalise la même opération de distraction grâce à une corticotomie préservant le périoste. Après des études expérimentales et biomécaniques, ce dernier publie en 1971 les conditions nécessaires au succès de la distraction des os longs, connue sous le nom de “principes d’Ilizarov”. Le concept d’ostéogénèse par distraction progressive a constitué une formidable avancée en chirurgie orthopédique. Ses principes seront alors appliqués progressivement dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale notamment grâce à Mac Carthy (1992). “ M ais encore ?...” Le principe est simple et se compose de 4 étapes : “ Pourquoi est -ce si g énial ?” 1.P hase chirurgicale : réalisation d’un trait d’ostéotomie et placement d’un “module de distraction” entre les deux fragments osseux. 2.P hase de latence : attente d’un délai de cicatrisation de 5 à 7 jours (formation d’un cal fibreux souple). 3.P hase d’activ ation : application lente et progressive d’une force centrifuge entre les deux fragments ostéotomisés. C’est le début de la phase d’ostéogénèse (la néoformation osseuse est de maximum 1 mm par jour). 4.P hase de consolidation : après l’obtention du gain osseux souhaité, il est nécessaire de soutenir le cal osseux néoformé pour en assurer sa consolidation. Le module de distraction est bloqué et laissé en place au moins 8 semaines. Tout d’abord, cette technique fait appel à la plasticité naturelle de la guérison d’une fracture. “ M ais qui a eu cette id ée g éniale ?” En 1905, Codivilla décrit le premier l’allongement d’un fémur en utilisant les forces d’étirement axiales sur un plâtre et transmises à l’os via la peau. 30 | N°14 - AOÛT 2010 Par ailleurs, la distraction osseuse présente un avantage majeur par rapport à l’ostéotomie classique (repositionnement des fragments dans la position souhaitée à l’aide de matériel d’ostéosynthèse statique) : car outre le gain osseux “infini”, les forces d’étirement s’appliquent également aux tissus mous (tissus cutanéo-musculaires et vasculo-nerveux). Il y a donc non seulement une ostéogénèse mais aussi une histogénèse. Tout ceci permet d’obtenir des gains osseux importants sans risques de récidives suite à la traction des tissus mous. Actuellement, les procédures permettent la distraction de la mandibule, du maxillaire supérieur ou plus spécifiquement de l’os alvéolaire. Les distracteurs sont pour la plupart intra-oraux. ch ir u r g ie m a x illo -fa cia le Il est possible de réaliser des techniques de distraction sagittale, transversale, verticale ou combinant les précédentes au moyen des distracteurs multi-directionnels. - L e traitement des défects osseux segmentaires secondaires à des résections de tumeurs -Sagittalement : afin de corriger un décalage des bases osseuses par rapport à la base du crâne ou afin de corriger un trouble de l’occlusion majeur (maxillaire supérieur ou mandibule trop en arrière). -Transversalement : maxillaire ou mandibule trop étroits, hypoplasiques menant à une “endognathie”. -Verticalement : hypoplasie du maxillaire supérieur, crête alvéolaire trop fine pour le placement d’implants dentaires… - Soit une combinaison de celles-ci. - L es endognathies (hypoplasies transversales des maxillaires) - Les rétrognathies - L ’augmentation de l’os alvéolaire pour le placement d’implants dentaires. V oici, en image, quelques exemples d’indications classiques 1.Cas d’allongement de la branche montante pour corriger une asymétrie Le positionnement incorrect des maxillaires par rapport à la base du crâne ou entre eux est directement lié à certains troubles fonctionnels tels que la mastication, la déglutition, la respiration, l’élocution, ou encore la fonction vélo-pharyngienne. Leur positionnement correct amène l’amélioration de la fonction mais aussi l’harmonie dans le visage. Les premières applications de la distraction osseuse avaient un but reconstructeur. Jusqu’à la fin des années nonante, la grande majorité des publications portaient sur diverses techniques appliquées chez des patients souffrant de larges défects osseux congénitaux ou acquis, et responsables de déficits esthétiques majeurs. Le rétablissement du trouble de l’occlusion que permet la distraction osseuse trouve également un écho en orthodontie, lorsque les traitements orthodontiques seuls ne peuvent résoudre la malocclusion. Ses indications principales sont donc multiples : - L es malformations faciales syndromiques (Syndrome de Pierre Robin) - Les patients porteurs de fentes labio-palatines - Les troubles de croissance post-traumatique (Articulation Temporo-Mandibulaire) avec asymétrie mandibulaire Il s’agit d’un patient de 18 ans ayant développé une asymétrie de la croissance mandibulaire suite à un traumatisme de son ATM droite dans l’enfance. Le distracteur est placé de part et d’autre du trait d’ostéotomie au niveau de la branche montante à l’aide de 6 vis. La tige métallique sert à l’activation du module et peut parfois être placée en transcutané pour faciliter l’activation. L’abord chirurgical se fait en vestibulaire, le trait d’ostéotomie est en marche d’escalier pour assurer une meilleure stabilité lors de la distraction. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 31 ch ir u r g ie m a x ill o -f a c ial e 2. Cas d’élargissement du palais Dans ce cas-ci, l’éruption dentaire n’a pu se faire correctement suite à la relative étroitesse du palais. Pour réaliser un alignement correct des dents, l’orthodontiste a besoin de place. Avant le développement de la distraction osseuse, la seule solution consistait à extraire les prémolaires. La conséquence de ce type de plan thérapeutique était un aplatissement du profil par perte de support osseux du maxillaire supérieur. Actuellement, grâce à la distraction palatine, le gain de place se fait sans extractions. Outre l’avantage certain d’éviter toute extraction dentaire, cette technique amène souvent une amélioration de la fonction respiratoire, le profil et le sourire sont plus harmonieux et elle améliore la stabilité du résultat de l’orthodontie. Cette jeune fille présentait non seulement un maxillaire trop étroit mais aussi un problème de béance antérieure. L’intervention est simple et consiste à effectuer un trait d’ostéotomie de Lefort I au niveau du maxillaire supérieur. Le distracteur est placé au niveau du palais grâce à deux petites plaquettes insérées sous la gencive. Photos avant le début du traitement (Fig. 1). Puis après distraction palatine (Fig. 2) et orthodontie (Fig. 3), ensuite après ostéotomie de bascule du maxillaire supérieur afin de fermer la béance antérieure résiduelle (Fig. 4). 11 1 32 | N°14 - AOÛT 2010 4.Cas d’augmentation de la hauteur de crête alv éolaire 2 3 En cas d’édentation, la mise en place d’implants est une solution séduisante pour éviter le port de prothèses partielle ou complète parfois mal tolérées. L’os disponible doit être suffisant en hauteur et en largeur pour permettre le placement optimal de ceux-ci. Les greffes osseuses sont bien souvent la solution idéale pour optimiser le site à implanter. Cependant, celles-ci nécessitent un délai de cicatrisation de parfois 6 mois et cela peut présenter un délai trop important chez certains patients. D’autre part, cela nécessite le prélèvement au niveau d’un site donneur. En cas de distraction, le délai avant implantation peut être ramené à environ 2 mois. Néanmoins, ceci ne peut s’appliquer à tous les types d’édentation. Le coût du distracteur reste élevé et son volume en bouche est parfois encombrant. 4 3. Cas d’élargissement de la mandibule Le même type d’encombrement dentaire peut se produire au niveau de la mandibule. Il est également dû à une mandibule trop étroite. Là aussi, afin de faciliter le travail de l’orthodontiste sans appliquer de traction trop forte sur les dents, la distraction de la symphyse mentonnière est indiquée. Celle-ci consiste simplement à réaliser un trait d’ostéotomie verticale, entre les incisives centrales. Le module de distraction est dans ce cas-ci fixé au niveau des dents au niveau du versant lingual. CO NCLUSIO N La distraction osseuse est devenue incontournable dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale. Au début de son développement elle a été réservée au traitement de cas complexes de reconstruction post-traumatique ou encore chez de jeunes patients atteints de syndromes tels que Pierre Robin ou Treacher Collins. Elle s’est progressivement étendue aux cas de malocclusions classiques en facilitant le travail de l’orthodontiste et ce, sans devoir procéder à des extractions dentaires. Son atout majeur est de pouvoir être appliquée tôt dans le développement, ce qui permet de rééquilibrer les rapports osseux et de faciliter ainsi une croissance harmonieuse. L’orthodontie peut alors se faire sans traction importante sur les dents, il n’y a pas de compensation et dès lors pas de récidive après le traitement. Au niveau chirurgical, les suites opératoires sont en général bien tolérées, outre l’œdème, la gêne se limitant à une sensation de pression lors de l’activation du module de distraction. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 33 a q u o i se r t c e tt e t e c h n iq u e Le denta scanner en chirurgie maxillo-faciale Dr Emmanuel FOUARGE Imagerie médicale Site St-Michel L’Imagerie Médicale actuelle par CT Scan connu depuis plus de 20 ans s’est considérablement développée en Chirurgie Maxillo-faciale grâce à une technique spécifique adaptée aux os des maxillaires, étant donné la particularité de ceux-ci (os contourné, plus ou moins semi-circulaire et médian). Il s’agit du DENTA SCANNER. T echnique du scanner dentaire Les coupes axiales millimétriques se chevauchent tous les 0,5 mm sur une hauteur d’environ 40 à 50 mm, englobant l’ensemble du maxillaire supérieur ou de la mandibule. Les reconstructions coronales sont perpendiculaires à la courbure des maxillaires, les reconstructions panoramiques sont parallèles à cette courbure. Ces reconstructions sont effectuées tous les millimètres. Les reconstructions tridimensionnelles sont parfois demandées pour avoir une vision plus globale des pathologies (Fig. 1). Le temps d’acquisition est actuellement de 5 secondes pour nos scanners, ce qui limite les artéfacts. L’optimalisation de nos examens permet de ramener l’irradiation à moins de 100 miligrays. Nous évitons également les organes sensibles comme la thyroïde et les orbites. 1 En ce qui concerne le MAXILLAIRE SUPERIEUR, le chirurgien maxillo-facial doit être informé des modifications anatomiques des sinus maxillaires (hypoplasique, hyperpneumatisé ou cloisonné). Si le sinus maxillaire est procident, il s’invagine vers le bas, provoquant une importante atrophie de l’os alvéolaire. Si le sinus est inflammatoire, il y aura toujours lieu de rechercher la cause de l’inflammation avant la mise en place d’un implant (recherche de granulome apicodentaire, de pâte dentaire intrasinusienne, d’un corps étranger éventuel : reste radiculaire dentaire, implant procident intra-sinusien, …). Une atrophie des fosses nasales peut également contre-indiquer la mise en place d’un implant. Une tumeur maligne sinusienne (épithélioma – papillome inversé) ou une dystrophie osseuse, ainsi qu’un kyste nasopalatin, contre-indique également le geste implantaire. Une dent incluse peut également contre-indiquer l’implantation, ainsi que la présence d’une fistule bucco-sinusienne (ancienne extraction dentaire traumatique) (Fig. 2, 3). Indications du scanner dentaire La chirurgie maxillo-faciale bénéficie de plein droit de l’apport de cette technique d’imagerie médicale, principalement en chirurgie préprothétique et reconstructrice, notamment en implantologie orale, mais aussi en chirurgie dento-alvéolaire courante ou lors d’un bilan sinusal ou tumoral des maxillaires. L’implantologie représente la raison principale des demandes. Seule la scanographie permet avec une précision quasi absolue de poser l’indication d’un geste implantaire et d’en prévoir les modalités grâce à l’étude tridimensionnelle qu’elle procure. 2 2, 3. Atrophieosseusemaxillaire. 34 | N°14 - AOÛT 2010 3 4, 5, 6. Atrophieosseusemandibulaire. 7. Dent incluse+ nerf dentaireinférieur. 8, 9. Dent incluseectopique. 10, 11. Kystemaxillairedroit. 4 5 8 9 6 7 10 11 Quant au M AXILLAIRE INFERIEUR (M ANDIBULE), c’est surtout le rapport anatomique avec le nerf dentaire inférieur et son émergence au trou mentonnier (foramen mentalis) qui retiendra toute l’attention en implantologie. La résorption osseuse alvéolaire externe (vestibulaire) ou verticale (occlusale) sera appréciée selon le planning implantaire, tout en tenant compte de la densité osseuse au niveau des sites choisis (Fig. 4, 5, 6). Chirurgie dento -alv éolaire L’étude des dents de sagesse (Fig. 7) est fréquemment réalisée. L’examen permettra d’apprécier l’état de la dent, le rapport avec les dents de voisinage, les corticales et surtout les rapports avec le canal mandibulaire : le risque le plus important est l’ablation de la dent de sagesse s’enroulant en crochet autour du nerf dentaire inférieur. L’examen permettra d’examiner la nature des racines dentaires et les rapports de celles-ci avec le canal mandibulaire, les sinus, les fosses nasales, les corticales osseuses de voisinage et les dents adjacentes (Fig. 8, 9). L’ank ylose dentaire peut aussi être détectée par cet examen et aider les gestes chirurgicaux d’extractions, s’ils s’avèrent nécessaires. Elle se définit par une perte du ligament desmodontal, mettant en contact l’os cortical avec le cément puis la dentine. Chirurgie tumorale Le bilan classique d’expansion des tumeurs et des kystes sera réalisé par scanner conventionnel (Ct Scan). L’examen par DentaScan permettra d’orienter plus précisément le diagnostic quant à la nature du processus et son extension maxillaire et/ou extramaxillaire, ainsi que de définir les limites fines des tissus durs ou mous (Fig. 10, 11). A ffections sinusiennes L’examen de Dentascanner trouve de plus en plus fréquemment son indication dans le bilan de sinusite chronique, pour rechercher l’origine dentaire. Le plus souvent, le foyer infectieux se présente sous forme d’une ostéolyse circonscrite péri-apicale communiquant soit directement soit par un trajet fistuleux avec le sinus maxillaire en regard. En cas de déplacement de la pâte dentaire faisant irruption dans le sinus maxillaire, certaines sinusites peuvent se compliquer d’une greffe aspergillaire dont le Dentascanner précisera le point de départ et l’extension. L’examen sera une aide précieuse dans la recherche de canaux radiculaires aberrants, surnuméraires ou accessoires. T raumatologie oro -maxillo -faciale En Traumatologie oro-maxillo-faciale, l’examen permet d’effectuer un bilan précis des lésions osseuses en zone dentée ou non dentée et de montrer leur rapport anatomique avec les paquets vasculonerveux dentaires. L’examen permettra également de contrôler la qualité de la consolidation. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 35 je t ’ a i dan s la p e a u Le support L’examen et l’ensemble des reproductions sont gravés sur un CD-Rom. Le praticien pourra aisément réaliser les agrandissements qu’il désire, ainsi que l’ensemble des mesures à partir de sa console (densité osseuse – longueur – angulation, …). L’ensemble de ces mesures permettra, par exemple en implantologie orale, une stratégie opératoire rigoureuse avec prévision du nombre, de la répartition, du diamètre, de la longueur et de l’orientation des implants. L’intérêt tomodensitométrique est également médicolégal (risques liés à la proximité nerveuse intra-mandibulaire, …). INSTRUMA N.V. Boudewijnlaan 22 3300 Tienen Tel. : 016-81 94 99 Fax : 016-81 20 18 gsm : 0475-41 86 78 mailto:[email protected] www.instruma.be 1 36 | Un “ bouton” … Mme V. B. âgée de 37 ans, adressée par un confrère et ami plasticien, est venue me consulter fin novembre 2008. Son histoire semble banale… Il y a environ 1 an, elle observe une petite lésion cutanée en regard du bord postérieur du muscle masséter. Elle pense qu’il s’agit d’un “bouton” qu’elle essaie même de “percer” et n’y prête pas plus d’attention… Au bout de quelques mois la lésion toujours présente s’est très légèrement agrandie, et la patiente, après en avoir parlé avec sa maman, décide de consulter sa dermatologue. L’examen clinique est tout à fait rassurant : petit nodule palpable de 5 à 6 mm de diamètre, de consistance ferme mais néanmoins élastique, recouvert d’un épiderme normal bien mobile sur le plan superficiel, un peu moins sur le plan profond. La consoeur dermatologue pense à une lésion bénigne de type kyste dermique voire même un petit lipome, mais vu sa situation en plein visage, et pour que la cicatrice soit “belle et pas visible”, elle préfère adresser la patiente à un confrère plasticien. En raison du peu de disponibilité dont dispose la patiente, enseignante, ce n’est qu’après quelques mois qu’a lieu la consultation. Le chirurgien plasticien prescrit un examen échographique lequel confirme la présence d’un “nodule” clairement intra-parotidien dont le diamètre atteint plus de 1,4 cm, situé en profondeur dans le parenchyme. Le diagnostic évoqué est celui d’un adénome pléomorphe de la parotide; la patiente m’est alors adressée pour le traitement chirurgical. L’anamnèse médicale de la patiente est sans particularité. Un bilan pré-opératoire classique (biologie, RX thorax et ECG) est réalisé et se révèle également sans particularité. Une résonance magnétique nucléaire (Fig. 1) de la région parotidienne et cervicale est demandée. L’examen radiologique montre la présence d’une “masse” intra-parotidienne relativement bien délimitée, se projetant vers l’avant; aucun ganglion n’est décelé. 2 N°14 - AOÛT 2010 un “ petit nodule” … un “ carcinome” … Dr Sergio SICILIANO Chirurgie maxillo-faciale Sites 2 Alice – Ste-Elisabeth – St-Michel La patiente bénéficie en 2009 d’une parotidectomie du lobe superficiel (Fig. 2) de la parotide incluant la “masse”, avec dissection et préservation du nerf facial, sous anesthésie générale. L’intervention ne se déroule pas sans difficultés vu que la “masse” se situe en position plutôt antérieure ce qui demande une dissection complète de toutes les branches du nerf facial. Rien ne laisse alors présager le résultat anatomo-pathologique… La patiente quitte la clinique le lendemain avec une prescription d‘antibiotiques, d’anti-inflammatoires et un simple pansement cutané. Lors du contrôle post-opératoire, une semaine plus tard, les fils cutanés sont ôtés; la cicatrice est belle, la patiente ne présente ni déficit ni paralysie du nerf facial. Malheureusement, le protocole anatomo-pathologique révèle la présence d’un carcinome muco-épidermoïde de bas grade et dont la marge de résection inférieure est en contact avec la tumeur… Après discussion avec la patiente, une nouvelle intervention est programmée 5 jours plus tard. Une parotidectomie totale avec résection d’une partie superficielle du muscle masséter et du premier relais ganglionnaire cervical supérieur est réalisée. Vu l’aspect histologique de la tumeur et le jeune âge de la patiente, le nerf facial est à nouveau complètement disséqué et préservé. A l’examen anatomo-pathologique, l’on ne constate aucune cellule tumorale et l’examen clinique post-opératoire, soit une semaine après la ré-intervention, montre une excellente évolution sans paralysie faciale (Fig. 3, 4). Lors de la discussion pluridisciplinaire, vu la présence de marges saines, l’absence de ganglions positifs et le bas degré de typologie cellulaire, nous avons décidé de soumettre la patiente à des contrôles réguliers, sans thérapie complémentaire, et de réserver la radiothérapie en cas de récidive. La patiente est donc revue tous les trois mois pendant trois ans. Discussion Le carcinome muco-épidermoïde, individualisé par Stewart et al. en 1945, représente 3 à 10 % des tumeurs des glandes salivaires, essentiellement de la glande parotide dont elle constitue la tumeur maligne la plus fréquente chez l’adulte comme chez l’enfant. Elle se développe à partir des cellules canalaires glandulaires et montre une triple composante cellulaire plus au moins bien différenciée : les cellules mucosécrétantes, les cellules épidermoïdes et les cellules dites intermédiaires. L’étiologie n’est pas ou très peu connue. A l’examen microscopique, l’on reconnaît trois aspects histologiques correspondant avec les facteurs cliniques et pronostiques : 1)low grade : tumeur bien différenciée, bien délimitée, ferme et mobile, de faible malignité 2)intermediate grade : tumeur moins différenciée, plus molle, pouvant être adhérente, de malignité intermédiaire 3)high grade : tumeur indifférenciée, mal délimitée, adhérente aux tissus voisins, de forte malignité. L’atteinte du nerf facial est possible et il peut y avoir présence d’ adénopathies satellites. La résonance magnétique est l’examen diagnostic de choix. La ponction à l’aiguille pour l’examen cytologique pré-opératoire est controversée et rarement utilisée dans les tumeurs des glandes salivaires en raison de la pauvreté du matériel cellulaire obtenu, des difficultés d’interprétation et de diagnostic différentiel, des risques de dissémination et/ou de lésion du nerf facial. Le traitement primaire est chirurgical, plus ou moins agressif et associé ou non à la radiothérapie (tumeur radiosensible) en fonction de différents paramètres définis. Le pronostic peut donc varier, de très bon (80 % de survie et absence de récidive à 5 ans) à mauvais (22 % de survie à 5 ans) en fonction de la différenciation histologique. 3 4 1. RMNpré-op. 2. Per-op. 3. Post-op: intégritédunerf facial. 4. Cicatricepost-op. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 37 en p r at i q u e La notion de Soins continus et la prise éthique de décision Dr Michel STROOBANT Soins palliatifs Site 2 Alice Aux différents stades de la maladie grave correspondent différentes stratégies thérapeutiques. Ceci doit se comprendre dans une perspective de continuité de soins. Ainsi, on a coutume de distinguer : En terme de pronostic Objectif prioritaire Une phase curative Une phase palliative Une phase terminale guérison rémissions durables survie en mois semaines survie en jours heures la quantité de vie la qualité de vie le confort (tout en maintenant la meilleure qualité possible) Morbidité des traitements peut être élevée faible se réduit au risque thérapeutique Indication des supports* oui à discuter non Indication des examens complémentaires* oui peut-être si… non * Supports : alimentation parentérale ou par sonde nasale, transfusions… * Examens complémentaires : sont parfois nécessaires en phase palliative; par exemple, dans le cadre d’une ascite cloisonnée, il sera utile de pratiquer une échographie de repérage si l’on se décide à ponctionner. L ’assertion “en phase palliative, on ne fait plus d’examens” est évidemment une contrevérité absurde. Ce qui doit nous guider : le maximum de confort dans l’instant ! Et ce, en utilisant tous les moyens à disposition pour y arriver. Le schéma qui suit résume cette option de continuité. Ainsi la frontière entre le curatif et la phase palliative n’est pas hermétique : une possibilité de retour doit exister si l’état clinique s’améliore. 38 | N°14 - AOÛT 2010 CO NCLUSIO N Il y a donc trois critères : le patient, sa maladie, sa souffrance. Une interrogation qui se répète très souvent : quel rôle joue la Famille dans cette prise de décision ? J’incline à penser que la famille a un rôle qu’il n’est ni possible ni souhaitable d’éluder, mais que ce rôle est avant tout consultatif; en d’autres mots : l’opinion de la famille est là pour nous éclairer mais ne se substitue pas aux trois critères fondamentaux. Après avoir examiné les trois paramètres fondamentaux et après avoir cerné les décisions possibles, il importe de faire précéder la décision d’aujourd’hui d’un examen attentif des conséquences, des avantages et des inconvénients. Il y a donc un mouvement de retour indispensable. Enfin, il importe de confronter notre décision avec les principes de l’éthique : - P rincipe de la justice : toute personne doit avoir accès à une qualité de soins optimale. -P rincipe de la non malfaisance et de la bienfaisance, ceci suppose la réponse à quatre questions : • En agissant ainsi suis-je sûr de ne pas nuire ? • Puis-je agir pour prévenir un effet nocif ou de la maladie ou de mon traitement ? • Ai-je la possibilité de supprimer un effet nocif ? • Mon action apportera-t-elle un réel bénéfice ? -P rincipe de l’autonomie et de l’autodétermination : respecter le malade, c’est d’abord lui reconnaître la capacité d’exprimer sa “loi” puis de prendre une décision personnelle. Le malade n’est pas un moyen mais une fin en soi, et de surcroît toute décision prise ne peut l’être que si elle est généralisable à tous. On évitera aussi de faire porter au malade le poids de la décision médicale. - Principe de proportionnalité – bénéfices/risques : tenter de mettre en rapport les avantages versus les désagréments d’un soin. é v é n e m e nt s La notion de soins continus Phase curative Phase palliative Les critères de passage du stade curatif au stade palliatif Critères relatifs au patient Phase terminale Décès suivi du deuil Quantité de vie Qualité de vie Confort La famille est soutenue Soins continus • Désir du malade (bipolarité*) • Communication au sein du cheminement • Âge, autonomie, espérance de vie, confort Critères relatifs à la maladie • Inefficacité des traitements antérieurs • Dégâts organiques graves et irréversibles • Perte évolutive Autres critères • Désir de la famille • Position éthique de l’équipe • Consensus social** * B ipolarité : on pourrait dire ambivalence : d’un côté, il veut; d’un autre, il n’en veut plus ! ** Consensus social ou implication économique de la décision ! 2 Alice : les 10 ans de la Psychiatrie A l’occasion du 10ème anniversaire de notre département, nos psychiatres ont invité toute l’équipe psychiatrique pluridisciplinaire à une croisière le long du canal du Centre. Le soleil timide et le vent frisquet ont vite été compensés par l’atmosphère chaleureuse et sympathique. Nous avons profité du magnifique paysage, de l’impressionnante technologie (ascenseurs à bateaux) et découvert le riche passé industriel de ce coin du Hainaut. Et… surprise, chaque membre de l’équipe a également reçu un cadeau en souvenir de cette journée : un beau T-shirt imprimé. Ce merveilleux après-midi s’est clôturé aussi bien qu’à la Cour de Bourgogne, dans un petit restaurant d’Uccle. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 39 é v é n e m e nt s 15 e anniversaire des Ateliers de cardiologie des Cliniques de l’Europe Les Ateliers de cardiologie des Cliniques de l’Europe ont fêté leur 15e année d’existence samedi passé. Une formule de formation continue appréciée. “Ces rencontres connaissent un succès croissant grâce à l’esprit unique dans lequel ils ont été conçus, résume le cardiologue Emmanuel Haine. Plus de 130 médecins y ont participé ce samedi”. Le concept de cette réunion de formation continue est original : elle bénéficie d’une préparation conjointe par des spécialistes et des généralistes, les sujets abordés sont proposés par des spécialistes mais finalement sélectionnés par des généralistes. “Les présentations se font en groupes restreints (30 auditeurs…) afin de favoriser l’interactivité et sont un subtil mélange de théorie et de pratique afin de correspondre aux préoccupations des généralistes, explique le Dr Haine. La participation des généralistes se fait par le biais des différents groupes de garde de la région qui travaillent ou souhaitent travailler avec les Cliniques de l’Europe. Ces sessions permettent aux généralistes d’avoir une meilleure collaboration avec les spécialistes auxquels ils réfèrent des patients”. L’un des ateliers comprend un volet éthique (cette année, les enjeux du syndrome métabolique pour le médecin traitant) si bien qu’une accréditation spécifique est prévue. Fidèles à leurs bonnes habitudes, les Cliniques de l’Europe complètent le volet scientifique par un aspect plus festif : un dîner “de gala” au Cercle de Lorraine. Le Jdm reviendra plus en détails sur les thématiques scientifiques (la prise en charge multidisciplinaire de l’insuffisance cardiaque, le traitement du syndrome métabolique, les arythmies malignes et les actualités cardiologiques). Le groupe des cardiologues des Cliniques de l’Europe : les Dr T. Dikranian, Prof. J. Renkin, Dr E. Haine, Dr I. Vlassak, Dr B. Deruyter et Dr F. De Man. ArticletiréduJournal du médecin | 2006| du12mars 2010. 40 | N°14 - AOÛT 2010 Humour, humeur et facéties… Il était une fois… les 2 A… En ce joli matin d’avril, la rumeur va bon train… Dans les étages, des chuchotements épars : “Il paraît que l’on tourne un film dans nos vieux couloirs”… C’est une journée un peu alternative qui débute, et nous allons la vivre au rythme de celles et ceux qui suscitent nos rires amusés au fond des salles obscures, et de tous ceux qui y contribuent par leur travail dans l’ombre… Car c’est bien d’une Equipe dont ils font partie, et nous remercions leur courtoisie, toujours présente malgré le stress incontestable que constitue sans nul doute une journée de tournage ! Gentillesse, élégance et facéties, un doux mélange plein de fraîcheur, en ces temps belges si troublés… Il s’agit d’un film “frontalier”, franco-belge … Devrons-nous bientôt dire “bruxellois-wallon-flamand-français” ? Tristesse et nostalgie… Mais la Belgique ne fut-elle pas le berceau du surréalisme ? Heureusement, grâce à vous, Monsieur Boon, j’ai à nouveau souri, à la lecture d’une de vos récentes interviews dans un de nos quotidiens… L’on vous a demandé : “Que signifie donc pour vous, BHV ?”. Et vous de répondre… “Bazar de l’Hôtel de Ville ?”. Car c’est bien de cela dont il est question, d’un “immense bazar” … ou peut-être même d’une “cour des miracles”. Puisse cette profonde crise institutionnelle épargner “notre” institution de soins de toutes ces tribulations. Ici on naît, on meurt, on souffre, on retrouve aussi le sourire… On y prône la culture du bilinguisme, et même du multilinguisme, pour accompagner le patient, l’aider à communiquer, à dialoguer avec les divers membres de notre personnel. Tout ceci serait en effet vain, sans ce profond désir de cohésion : c’est de nous tous, travailleurs de la Santé, médicaux, paramédicaux, techniciens, brancardiers, administratifs, membres du personnel de l’entretien, de la maintenance, de la cuisine, … dont les patients ont besoin. De notre volonté de communication, de notre souci de transmission des informations, du regard attentif de l’infirmière de l’étage sur la patiente un peu taciturne, qui ne se sent pas bien et qui ne sait comment exprimer ses craintes, du don silencieux d’un sourire qui illumine un visage, transformant un faciès fatigué en un joli minois. Car l’ébauche d’un sourire et l’éclat d’un regard ne sont-ils pas les prémices d’une santé recouvrée ? Alors, Mesdames, Messieurs, accessoiristes, régisseurs, preneurs de son, cameramen, acteurs, réalisateur – une liste exhaustive serait bien trop longue ! – nous nous souviendrons longtemps de votre subtile “leçon” de communication, au gré des “Silence !” annonçant une séquence, des applaudissements et des compliments que vous vous êtes prodigués, et soyez assurés que de l’intrigue, le secret sera bien gardé… car jusqu’à la sortie de votre film, l’an prochain, année qui verra également notre déménagement vers notre “nouvelle” clinique, nous n’aurons “rien à déclarer”… Juste de bien agréables souvenirs de nos couloirs, archives de cœur à préserver. Dr Roxane Audistère LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 41 coup de cœ ur Eric-Emmanuel Schmitt et les Hôpi-clowns : lucides optimistes ! ArticletirédumagazineTélépro du19septembre2009. Au chevet de petits malades, l’écrivain s’est transformé en lecteur. Et… en clown. Murs rosés et dessins pastel, l’aile pédiatrique de la Clinique Sainte-Elisabeth à Uccle (Bruxelles) a accueilli dans son doux écrin des invités pas comme les autres, pour un Noël avant l’heure. Eric-Emmanuel Schmitt, réalisateur du film “Oscar et la dame rose” relatant les aventures d’un garçonnet malade, est venu distribuer des présents aux jeunes patients. Aidé dans sa tâche par Télépro et Belgomedia qui avaient rassemblés les cadeaux, l’écrivain-cinéaste est passé de chambre en chambre, saluant les parents et s’informant du fonctionnement de l’étage auprès du personnel médical. Un v rai échange humain Durant sa visite, Eric-Emmanuel Schmitt a avant tout été sensible au courage des plus petits, dont une fillette de 5 ans pour laquelle il s’est transformé en lecteur bénévole. Dans cette volonté de distraire et faire rêver, l’équipe des Comi-clowns puis des Hôpi-clowns l’ont bien vite rejoint. “Les services pédiatriques sont de mieux en mieux organisés afin de créer des lieux de vie et de joie”, a d’emblée remarqué le romancier. “Jadis, lorsque j’accompagnais mon père kinésithérapeute dans les établissements de soins, ceux-ci étaient moins chaleureux. Aujourd’hui, c’est heureusement très différent !” A ses côtés, le docteur Sauvage, vêtu d’une blouse blanche constellée de badges multicolores acquiesce : “Dans cet environnement un peu agressif, nous essayons d’améliorer l’ambiance au maximum. Bien que la capacité d’adaptation des enfants soit énorme, il faut adoucir le terrain”. “L’hôpital est désormais moins…“ clinique ”!” ajoute l’écrivain. “Le plus beau, c’est ce travail des lecteurs, accompagnants ou clowns bénévoles. Ils transforment l’ordinaire des piqûres et perfusions en extraordinaire grâce à leurs histoires, leurs mimiques ou leur musique. Des moments vides, presque déprimés, sont ainsi comblés au cours d’un vrai échange humain”. da ns le procha in numéro 42 | N°14 - AOÛT 2010 Recherche b énévoles désespérément Si les Cliniques de l’Europe (Ste-Elisabeth, les 2 Alice et St-Michel) ont leurs fines équipes de clowns au complet, de nombreux autres établissements bruxellois et wallons en cherchent encore. Mary, des Hôpi-clowns, lance un appel : “Venez rejoindre nos bénévoles. Une formation attend les nouveaux venus. Durant cinq jours, on se familiarise aux techniques de jeu, chant, sculpture de ballons, improvisation adaptées aux malades de 0 à 16 ans. Nous signons aussi une charte déontologique avec un médecin. Celui-ci nous informe des échelles de douleur des patients et des attitudes à adopter face à eux. C’est une aventure unique, un véritable don de soi.” asbl Hôpi-clown. Tél. : 071-59 30 34 Site : www.hopiclown.be Dons : 360-1210671-20 asbl Comi-clown. Tél. : 0486-42 71 98 Site : www.comiclown.be Dons : 000-3076355-97 Franchir les barrières Cette réflexion fait l’unanimité chez les amuseurs publics n°1 : Robert (52 ans), alias le clown Figaro, Dominique (37 ans), surnommée Lollipop, et Mary (47 ans) qui endosse le costume flashy et le surnom de Pop Corn depuis plus de quatre ans. Membres des Hôpi-clowns, tous soulignent l’importance de la communication à travers le regard et le jeu : “ces activités quasi non verbales nous permettent de franchir les barrières de la langue ou des âges. Et d’atteindre notre but : toujours quitter une chambre sur une note positive” ! Car les clowns revendiquent ce magnifique statut dont Eric-Emmanuel Schmitt fait régulièrement l’apologie : être des lucides optimistes. Carol THILL La nutrition LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 43 Solutions de la Retrouvez le sourire dent à la racine. Nobel Biocare s’attache à résoudre les problèmes dentaires depuis plus de 40 ans. Nous sommes devenus les leaders mondiaux en dentisterie esthétique grâce au développement de solutions optimisées afin de répondre à tout type de problème dentaire. Inutile de vous faire du souci si vous avez perdu une dent, ou même plusieurs. Des millions de personnes dans le monde bénéficient aujourd’hui des implants Nobel Biocare. Cette Dent naturelle Couronne sur implant intervention simple peut vous faire retrouver confiance en vous et améliorer votre apparence. Couronne naturelle Couronne personnalisée Nos solutions prothétiques sont << Après avoir porté des appareils dentaires pendant ces anréaliséestoutes dans des matériaux bio compatibles avec les tissus. Elles nées, je me sens à nouveau moi-même. Je me sens physiquement stimulent ainsi la cicatrisation de la qui se repositionne autour et moralement mieux avec mes nouvelles dents gencive sur implants qu’avec de la dent, de façon très naturelle. mes propres dents. Ma qualité de vie s’est radicalement transformée, Les technologies dentaires sur lesquelles nousregard nous appuyons je me sens plus jeune et j’ai plus confiance en moi. Mon sur la permettent de proposer des dents vie a complètement changé.>> de substitution et des couronnes Tissu mou (gencive) offrant une restauration fonctionnelle à l’aspect très naturel. Edith R., 58 ans Restauration complète des mâchoirs supérieure et inférieure: bridges implantaires NobelProcera™ Implant dentaire La patiente avait porté des prothèses adjointes complètes sur les deux mâchoires pendant des années et Nos implants sont réalisés en titane biocompatible. IlsEn remplacent était mécontente de leur fonctionnalité, des capacités d’élocution résultantes et de leur aspect. faisant Racine de la dent la racine de votre dent naturelle, en appel à un logiciel de chirurgie guidée et planifiée, des implants ont été posés sur les deux mâchoires et servant de support à la restauration immédiatement restaurés au moyen de prothèses provisoires. Pour répondre aux prothétique. Il est prouvé que nos implants améliorent la cohésion bio exigences hautement esthétiques de la patiente, des restaurations logique avec l’os (ostéointégration), e en céramique NobelProcera™ fixes sur implants ont été et donc augmentent la prévisibilité écesit n i u du traitement implantaire. q fabriquées pour les deux arcades dentaires. t. dent Os avant/après Cas clinique avec l’aimable autorisation du Dr. Peter Wörle et de Mme Aki Ogata, Etats-Unis. den l de ’une d e ma l u n e o i u res o rat e. pas q entai estau r m i / rtanc l t o a lI n’ y n p e s e m m i lace bitud voir de l’ remp vaises ha ta u a uven De m laintes pe sp autre Restaurations unitaires Restaurations plurales Restaurations pour édentement complet Restauration d’une dent endommagée : couronne sur une dent naturelle. Bridge sur dents naturelles. Prothèse adjointe supra-implantaire avec système de fixation sur implants. Prothèse fixe vissée directement sur des implants. Remplacement d’une dent manquante : couronne sur implant. Bridge sur implants. Prothèse adjointe supra-implantaire sur barre implanto-portée Prothèse fixe vissée sur des piliers Multi-unit Abutments. www.nobelbiocare.com 71155 FR 1003 Imprimé en Suède © Nobel Biocare Services AG, 2010. le