Comment la relation client peut-elle saisir les
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Comment la relation client peut-elle saisir les
SHORT TRACK SEPTEMBRE 2011 Comment la relation client peut-elle saisir les opportunités offertes par les médias sociaux ? Avec 20 millions d’inscrits sur Facebook en France début 2011, rares sont les secteurs de l’économie qui peuvent ignorer l’importance croissante des medias sociaux. Les acteurs du web, des médias et les publicitaires se sont très vite convertis. Le marketing et la communication dans divers autres secteurs leur ont emboîté le pas et ont atteint un certain niveau de maturité. A cet effet, des éditeurs de logiciels comme BlueKiwi ont vu le jour pour développer les réseaux sociaux d’entreprises. En revanche, dans la fonction Relation Client, on se gratte encore souvent la tête pour comprendre les implications de ces nouveaux médias, partagés entre l’angoisse insidieuse de manquer de belles opportunités de différenciation et la peur de voir sa réputation ternie durablement en dehors de tout contrôle. Ainsi, pour cette fonction bien précise de l’entreprise, l’utilisation des médias sociaux est dans l’ensemble assez peu avancée, avec néanmoins des exemples intéressants. Short Track tâche aujourd’hui d’y voir plus clair sur le sujet. A. DE QUOI PARLE-T-ON ? Quelques précisions s’imposent afin de circonscrire le propos. Par Medias Sociaux on désignera, ici, les outils de communication qui permettent la création et l’échange de contenus générés par les utilisateurs eux-mêmes. Ils s’adressent à un réseau plus ou moins étendu ce qui donne un caractère public aux informations qu’on y fait figurer. Les sites de partage de photos, les forums, en font donc partie au même titre que Facebook ou Twitter. En revanche, un chat (sauf s’il est public) n’est pas un média social même s’il vient souvent compléter le dispositif général de ce dernier. En effet, il procède d’une interaction exclusive entre peu de personnes et n’a donc pas de caractère public. Il s’apparente donc aux canaux classiques, téléphone, email, courrier même s’il est d’invention plus récente. Finalement, la caractéristique du média social repose sur le lien entre les utilisateurs qui, hier, se limitait au courrier des lecteurs et au comptoir de café et qui est devenu aujourd’hui à la fois plus rapide et beaucoup plus large : Facebook, le dernier salon où l’on cause. • Marketing et Communication ont généralement une approche majoritairement collective (un message pour X clients et prospects), la tendance étant d’aller vers de l’individuel personnalisé ou plus finement segmenté (Marketing Direct, Marketing Relationnel). • A l’inverse, la Relation Client traite plutôt des cas individuels, tout en recherchant souvent un traitement collectif (self-care, FAQ, etc). • En ce qui concerne les Ventes, tous les cas existent (libre-service, vente assistée, achat anonyme etc.). Nos réflexions se focalisent ici sur la rencontre entre la Relation Client et les Médias Sociaux. C. L’APPORT DES RÉSEAUX SOCIAUX EN RELATION CLIENT La Relation Client désigne les échanges entre clients et fournisseurs, portant sur la relation propre entre un client déjà utilisateur de biens ou de services et la marque. Elle comprend une dimension individuelle du point de vue du client. Une affiche 4 x 3 n’en fait pas partie, pas plus qu’un mailing de masse. On est dans ces cas précis dans la sphère du Marketing. Entre les 2, le Marketing direct personnalisé vers des clients peut être rattaché soit au Marketing, soit à la Relation Client. Et c’est là que les choses se compliquent, s’entrelacent. Avant les réseaux sociaux, le Marketing était essentiellement l’affaire de communication « descendante » et « collective ». Sur les réseaux sociaux, la communication est montante autant que descendante, individuelle autant que collective, chacun pouvant réagir à l’annonce de produits, d’événements, d’une façon qui ne s’adresse pas forcément à la marque, mais qui l’intéresse. C’est cette communication montante, une vraie révolution pour le Marketing, qui fait ressembler le Marketing Social à la Relation Client. Comme le Canada Dry… qui trompe efficacement : Digimind et Acticall concluent probablement un peu vite « que la direction de la relation client est seul acteur légitime pour effectuer cette veille [sur les réseaux sociaux] et y répondre » [compte rendu de la conférence de i-expo de mai 2011]. B. LES RAPPORTS CLIENT-ENTREPRISE AVANT LES RÉSEAUX SOCIAUX Dans notre cartographie, l’apport des réseaux sociaux, s’il n’est pas essentiel, est central. Les principales opportunités sont les suivantes : 1. Une nouvelle porte d’entrée Puisque certains clients passent une large part de leur temps connectés sur l’un ou l’autre réseau, l’entreprise peut ouvrir la possibilité d’être contactée par exemple depuis sa page Facebook. L’utilisateur pourra grâce à cette dernière, envoyer un message instantané, un email ou obtenir le numéro de téléphone du service client… Fonctionnellement cela n’apporte rien de nouveau et reste dans une logique de traitement individuel, mais cela évite au client d’avoir à rechercher un espace client sur le portail de la marque. Naturellement, l’usage ou non de ce levier doit obéir à la stratégie de la marque en termes d’ouverture ou non de canaux multiples (cf. Short Track Contact Avoidance Strategy, octobre 2010). 2. Un moyen pour orienter pro activement le client vers le canal le plus adapté Trois grandes fonctions se partagent généralement les rapports client-entreprise : Marketing/Communication, Ventes, Relation Client. SHORT TRACK SEPTEMBRE 2011 Il s’agit ici de venir, par des moyens variés (informations statiques, participation aux discussions, etc.). Indiquer aux clients qui font part d’une difficulté – ou qui ne font que lire – les points d’entrée adaptés (espace client, numéro d’appel etc.) pour traiter leur demande ou résoudre leur problème. On notera à ce niveau que le traitement des bad buzz, ces rumeurs néfastes qui peuvent avoir des conséquences pénalisantes pour les entreprises, peut relever à la fois de la relation client (email d’excuses personnalisées et invitation à contacter le service client) et de la Communication (affichage sur la page Facebook de l’entreprise d’une note explicative du problème rencontré). Ce point est développé plus loin. 3. Un traitement collectif pour combiner l’évitement de contact et un meilleur suivi Partant des principes que : • 80 % des demandes clients correspondent à un nombre réduit de problèmes récurrents ; • une part grandissante de clients a pris l’habitude de trouver lui-même la solution à ses problèmes, notamment grâce à une bonne aisance à la fois sur le web et dans les démarches administratives ; • les contributeurs gratuits à la connaissance collective, nourris de l’ADN Wikipedia ou du logiciel libre, constituent une force de frappe massive et utile pour peu que l’on s’assure de la fiabilité de leur contribution ; l’opportunité est vaste de faciliter la résolution de leurs problèmes par les clients eux-mêmes. Un bon forum officiel comme l’ont conçu les opérateurs télécom (ex : entraide.orange.fr) est bien plus puissant que les traditionnelles FAQ, car beaucoup plus exhaustif et rapide à la fois, tant en termes d’identification du problème que de solution. Ces forums développés au départ dans un esprit de hotline technique peuvent répondre à des demandes aussi diverses que le calcul de remboursements de lentilles de contact, la meilleure façon d’ajuster les factures d’électricité à sa consommation, ou l’attitude à adopter face à un transporteur lors de la livraison. Vivent les forums d’entraide ! D. DES RISQUES À NE PAS SOUS-ÉVALUER 1. Oublier de laver son linge sale en famille Avec les réseaux sociaux, les témoins sont nombreux ou peuvent se multiplier très rapidement. Des marques telles que Kitkat en ont fait une expérience cuisante. Même si un client ou prospect fait part publiquement de son mécontentement, le traitement, sur le fond, du problème, demeure un process individuel et a vocation à être mené à huis clos. Pour intervenir publiquement sans risquer la contestation et le ridicule – fût-il l’œuvre d’un rhéteur plus habile que pertinent – il faudrait avoir autorité sur l’espace d’expression, comme un magistrat a l’autorité dans la salle d’audience. Et ce n’est ni dans la nature, ni dans la culture des réseaux sociaux de reconnaître une telle autorité. Afin d’éviter d’y laisser des plumes, il convient : • de limiter la résolution publique de problèmes à des demandes purement techniques et pas trop sensibles pour le client ; • pour les autres types de problèmes, de favoriser le renvoi de la résolution vers un canal plus privé (mail, téléphone, boutique, etc.). Le client qui fait scandale dans le hall d’un palace se voit généralement emmené avec un respect affecté dans un lieu moins exposé ; • de favoriser les lieux officiels tels que les forums de la marque, la page Facebook ; • d’apprendre à administrer ces espaces avec un ton et des pratiques adéquates. 2. Administrer insuffisamment les contributions des internautes sur les espaces mis à disposition par l’entreprise Même plein de bonne volonté, les contributeurs ne sont pas infaillibles. Leur envie d’aider leur prochain – ou de briller en public – peut dépasser la compétence ou la pertinence du commentaire, du tutoriel, du lien mis à disposition des clients. Le remède peut être pire que le mal. Il vaut mieux donc bien penser à : • faire valider systématiquement les rubriques d’aides ou de tutoriel, non seulement sur le fond mais aussi la forme ; • segmenter les intervenants en contributeurs passifs, contributeurs actifs et ambassadeurs ; • inscrire sur les pages en attente de validation qu’elles ne sont pas encore visées officiellement. 3. Oublier de tenir ses promesses Les promesses engagent, même formulées en privé. Rien n’est plus préjudiciable qu’un internaute qui vient rapporter au grand jour que le problème dont il avait fait état, et sur lequel lui a été promise une solution en 48 heures, n’a pas eu de nouvelles de votre part 3 jours plus tard. Plus encore que le problème lui-même, le nonrespect des engagements peut ternir une réputation. 4. Avoir une vision erronée de la satisfaction client Une fois le trafic et la résolution de problèmes déplacés vers ces nouveaux canaux, il ne s’agira pas de tirer des conclusions hâtives sur la satisfaction des clients. En particulier, on prendra garde à deux biais possibles. • Certains segments du parc clients sont potentiellement complètement étrangers aux médias sociaux. Non seulement ils trouveront difficilement le moyen de résoudre leur problème mais leur insatisfaction sera mal appréhendée par l’entreprise qui aura très peu de retour de leur part. • De la même manière, les clients, adeptes des médias sociaux, qui ont résolu leur problème eux même, ou avec l’aide d’autres internautes, échappent aux mesures classiques de la satisfaction (écoutes, analyses sémantiques des emails, …). Ainsi, avec l’utilisation des médias sociaux pour la Relation Client il faudra adapter les méthodes de mesure de la satisfaction (enquêtes de satisfaction, veille sur les média sociaux …). 5. Mal appréhender les règles du jeu. Sur la planète des réseaux sociaux, les règles du jeu sont bien réelles et bien différentes des règles classiques. • En premier lieu, l’influence des intervenants n’est pas égale ni corrélée à leur expérience. Certains peuvent être de gros prescripteurs ou de gros détracteurs, et peuvent sembler aussi légitimes que la marque. Il convient de montrer qu’il y a un pilote dans l’avion, mais de manière particulièrement adroite. C’est le rôle de la modération ou de la communauté d’ambassadeurs. • En second lieu, un espace mis à disposition par la marque (page Facebook, forum propriétaire) permet plus de contrôle qu’un espace « public ». D’ailleurs, l’éditeur reste juridiquement responsable du contenu. Pour autant, dès lors que cette espace est à disposition des utilisateurs, il est soumis aux lois tacites des réseaux sociaux et échappe au moins en partie aux contrôles (modération, etc.). E. QUELLE ORGANISATION ? La question se pose naturellement de savoir dans une entreprise organisée classiquement (Direction Marketing, Direction de la Relation Client, …), qui doit prendre en charge l’intervention sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas de réponse évidente, mais voici quelques éléments : SHORT TRACK SEPTEMBRE 2011 1. Dès lors que le message est public, on rentre dans la Communication. Même si vous vous adressez à un utilisateur individuel, 1 000 témoins sont là pour décortiquer ce qui est dit. La non-prise en compte de ce facteur peut poser problème. cation, vente, relation client) sont traduits d’une façon pertinente. Il peut parfaitement travailler à la fois avec le département Marketing et la Relation Client, à condition d’avoir le jugement nécessaire pour faire la distinction entre les rôles et risques des deux fonctions. 2. Une organisation favorisant l’amélioration continue et le Trial&Error doit favoriser le drainage des clients vers des canaux de résolution individuelle F. CONCLUSION En termes de relation client pure, l’apport des réseaux sociaux est probablement moins une révolution qu’en termes de communication ou de marketing. Pour autant, l’opportunité est attractive de faire travailler ses clients à la résolution des questions et problèmes de la communauté, pour la plus grande satisfaction de tous. Il conviendra d’avoir conscience des risques. Ayons également en tête que, dans un contexte de recherche de la fidélisation, l’usage des self-care doit représenter un vrai avantage pour le client et pas simplement un outil d’économie pour l’entreprise. 3. Le Community Manager est un rôle à part entière qui comporte des responsabilités importantes (organisation des échanges, maintien des règles, animation, relais de communication montante ou descendante). On ira lire avec intérêt la définition du poste donnée par Wikipédia. Quel que soit son service de rattachement, il doit rester l’interface entre l’entreprise et les réseaux sociaux et être garant que les efforts de l’entreprise (communi- Générateur de performance en Relation Client > Conseil en stratégie, organisation et management de la relation client multicanal > Études clients (attentes, comportements, satisfaction, fidélisation) > Formation à la performance client sur le point de vente, en face à face et à distance appels et e-mails mystères, www.Schuller-Graphic.com - tél. 02 31 66 29 29 > Mystery shopping (visites mystères, flashcode audits sur enregistrements) 8-10 rue de la Ferme 92100 BOULOGNE BILLANCOURT Téléchargez ce document en version électronique [email protected] Tél : 01 46 10 11 00 web www.colorado-conseil.com