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Modélisation dynamique du rein par une approche de type morphing De la reconstruction 3D à la simulation du mouvement Valentin Leonardi Laboratoire LSIS (UMR CNRS 7296) ESIL - Campus de Luminy - Case 925 163, Avenue de Luminy 13288 Cedex 9 [email protected] L’utilisation d’une méthode non-invasive de destruction de tumeur par transmission d’ondes transcutanée nécessite de garder le faisceau d’ondes ciblé sur la tumeur. Lorsque la tumeur se situe au sein d’un organe mobile comme le rein, la simulation de son mouvement devient nécessaire. Nous présentons ici une méthode originale afin d’obtenir cette simulation : le mesh morphing (nous considérons que le rein a déjà été segmenté et reconstruit pour trois phases du cycle respiratoire). Une telle approche permet la transition progressive entre différents modèles rénaux, conduisant à la simulation du mouvement. Ainsi, la méthode est purement géométrique et ne nécessite pas de marqueur ou d’appareil de tracking. Les résultats sont directement des simulations 3D et les modèles sont animés en temps réel. Finalement, notre approche est automatique et rapide, et peut donc être utilisée dans un environnement médical. RÉSUMÉ. When using a non-invasive way of tumor destruction through transcutaneous transmition of waves, it is primordial to keep the wave beam focused on the tumor. If the tumor is located in a moving organ like the kidney, motion simulation is necessary. We present here an original method to obtain the kidney motion simulation: this is done using a mesh morphing. Such an approach allows a smooth transition between the different kidney models, resulting in a motion simulation. Thus, the method is purely geometric and does not need any kind of markers or tracking device. It gives directly a full 3D simulation and models are animated in real time. Finally, our approach is automatic and fast, so that it can easily be used in a medical environment. ABSTRACT. Modélisation géométrique, simulation de mouvement d’organe, modélisation du rein, mesh morphing MOTS-CLÉS : KEYWORDS: Geometrical modeling, organ motion simulation, kidney modeling, mesh morphing JDL’6 2012, pages 1 à 12 1. Introduction Le projet KiTT (pour Kidney Tumor Tracking), dans lequel nous sommes impliqués, s’inscrit dans un contexte de traitement mini-invasif des tumeurs rénales. Sa finalité est de développer une nouvelle approche totalement non-invasive en transmettant un agent physique (ondes de radiofréquence, ultrasons, ...) par voie transcutanée jusqu’à éradication de la tumeur. La principale difficulté est d’avoir le faisceau d’ondes continuellement focalisé sur la tumeur alors que celle-ci est bouge en raison du mouvement et de la déformation du rein sous l’influence cycle du respiratoire. Un tracking temps-réel du rein (et donc de la tumeur) est alors nécessaire. Avant cette étape de suivi de l’organe, il faut en obtenir un modèle 3D robuste. Ces travaux sont décrits dans une précédente publication (Leonardi et al., 2011b) Nous proposons ici une nouvelle méthode dont l’objectif est double : le premier est d’obtenir le mouvement et la déformation d’un organe (le rein dans notre cas) sous l’influence de la respiration. Le second objectif découle logiquement du premier et est le tracking d’une partie de cet organe, la tumeur. L’originalité de notre méthode est qu’elle repose sur une approche entièrement géométrique : le mesh morphing. Elle est ainsi accélérée et ne nécessite que trois modèles correspondants à trois phases respiratoires : la phase d’inspiration (quand le volume d’air dans les poumons est maximal), la phase d’expiration (quand le volume d’air dans les poumons est minimal) et la phase située entre les deux dernières que nous appellerons phase médiane. De plus, les résultats obtenus sont eux aussi de nature géométrique puisqu’il s’agit d’un modèle 3D animé. De ce fait, le mouvement et les déformations peuvent être étudiés sous n’importe quel angle alors que certaines méthodes n’offrent que la possibilité d’une visualisation 2D. Enfin, la tumeur étant également animée il est possible de connaître sa position à tout moment. La partie 2 de cet article traite des travaux précédents concernant le tracking d’un organe et le mesh morphing. Une présentation de la méthode est fait dans la partie 3 : un bref rappel de la reconstruction du rein est abordé, puis l’algorithme utilisé pour le mesh morphing est décrit en détails. Dans la partie 4, les résultats obtenus sont présentés, les performances de la méthode commentées et une discussion est faite concernant ses limites et les possibilités de les contourner. 2. État de l’art 2.1. Tracking d’organe Les méthodes de tracking d’organe sont soit basées sur des modèles mathématiques représentant le cycle respiratoire comme une fonction périodique, soit sur des algorithmes empiriques permettant des prédire les futurs mouvements par observation et analyse des précédents. La manière la plus intuitive de traquer un organe et de placer un marqueur facilement détectable par une acquisition d’imagerie médicale près de celui-ci (Nakamoto et al., 2008), (Nicolau et al., 2007), (Olbricha et al., 2005), (Schweikard et al., 2000), (Shirato et al., 2000). Ce formalisme est également utilisé dans les systèmes robotiques de radio-chirurgie comme le Cyberknife (Murphy et al., 2003). Ce genre de méthode nécessite une intervention chirurgicale qui n’est pas adapté à notre problématique. Les approches suivantes supposent que l’organe à traquer a déjà été segmenté et reconstruit au préalable. Dans la plupart des cas deux modèles sont suffisants, mais trois (Sarrut et al., 2006) ou parfois plus (Rohlfing et al., 2001) sont quelques fois nécessaires. Ces acquisitions en plus peuvent être utilisées pour améliorer la précision de la simulation. Dans d’autre cas, ce ne sont pas des acquisitions qui sont nécessaires mais d’autres types de données essentielles à la méthode. Hostettler et al. (Hostettler et al., 2008) utilisent le mouvement du diaphragme afin de la répercuter sur les organes de l’abdomen. Dans (Sarrut et al., 2006), l’air, les tissus et les poumons de trois phases respiratoires doivent être segmentés pour obtenir le tracking de l’organe. Les champs de déformations sont utilisés afin d’analyser les mouvement d’un organe. Ces champs servent à calculer les déformations nécessaires à appliquer sur un modèle source donné Ms afin de le déformer en un modèle cible donné Mt . Le champ de déformation peut être calculé par Maximum de vraisemblance / EspéranceMaximisation (Reyes et al., 2005), moindres carrés (Sarrut et al., 2006) ou des approches basés sur l’Information Mutuelle Normalisée (Rueckert et al., 1999). Les déformations peuvent également être appliquées sur un maillage via une superquadratique déformable afin d’obtenir les mouvements de l’organe (Bardinet et al., 1996). Les méthodes de recalage sont également un bon moyen d’arriver au tracking d’un organe. Nicolau et al. (Nicolau et al., 2007) utilisent deux acquisitions. Sur la première des marqueurs sont placés afin de relever la position de l’organe d’intérêt. Une seconde acquisition est ensuite faite, sans marqueurs. L’analyse de la différence de position de la colonne vertébrale entre les deux acquisitions permet de calculer le recalage par minimisation de l’Extended Projective Point Criterion. Dans (Rueckert et al., 1999) deux opérations sont nécessaires pour obtenir le recalage : une transformation affine est utilisée pour les mouvements globaux tandis d’une Déformation de Forme Libre est utilisée pour les mouvements locaux. Deux algorithmes de recalage basés sur le flux optique sont implémentés et accélérés par programmation GPU dans (Noe et al., 2008) afin de procéder à une radiothérapie guidée par images. 2.2. Morphing Le mesh morphing est une méthode utilisée pour transformer progressivement un modèle source Ms en un modèle cible Mt . La manière la plus usuelle d’obtenir un mesh morphing est de trouver un réseau de sommet/arête/face commun aux deux modèles afin de calculer un metamesh Mm comprenant la topologie de Ms et Mt . Ce réseau commun est obtenu par projection des modèles sur des formes arbitraires, ces projections étant basées sur la résolution d’un système linéaire. Cette approche a été utilisée en premier par Kent et al. dans (Kent et al., 1992) où les deux modèles sont projetés sur le disque unité. Dans (Alexa et al., 2000), Alexa et al. créent un mesh morphing pour lequel l’intérieur est pris en compte. Un modèle 3D est décomposé en un ensemble de tétraèdres et une forme 2D en un ensemble de triangles. L’interpolation d’un tétraèdre est faite via l’utilisation de matrice de rotation et de cisaillement à valeurs positives. Dans (Gregory et al., 1998) Ms et Mt sont divisés en un nombre identique de patchs P. Chaque patch est ensuite transformé de manière à ce que le patch Pk de Ms soit transformé en Pk de Mt . Cette approche est proche de celle utilisée dans (Kanai et al., 2000) où les modèles sont divisés en n formes arbitraires. Ces formes sont ensuite projetées sur un polygone de manière à ce que leurs bords soient sur le bord du polygone. Les positions des sommets restants sont calculées en considérant la forme comme un système masse-ressort au repos, les sommets du bord étant les masses fixes. Dans (Lee et al., 1999) Ms et Mt sont simplifiés en Ms0 et Mt0 par la méthode MAPS (Lee et al., 1998). Les sommets pour lesquelles la correspondance sommet à sommet entre Ms et Mt est déjà connue sont conservés. Ms et Mt sont finalement transformés afin de garder ces correspondances. Malheureusement, les approches précédentes nécessitent soit une interaction de l’utilisateur (ce qui peut être long et très fastidieux pour certaines méthodes), soit une correspondance sommet à sommet entre Ms et Mt connue au préalable. Il est possible d’automatiser entièrement un algorithme de mesh morphing en utilisant une découpe du maillage automatique. Des travaux existent malgré que la tâche soit difficile : certaines méthodes sont basées sur l’utilisation d’un unique patch (Kanai et al., 1997), d’autres sont apparentés à des problèmes de théorie des graphes et visent à équilibrer la taille des patchs (Eck et al., 1995), (Karypis et al., 1999). Un autre moyen d’automatiser le mesh morphing est de projeter les modèles sur la sphère unité (Kent et al., 1992). En effet, il n’est plus besoin de diviser les modèles étant donné qu’ils sont homéomorphes à une sphère. En revanche, ils doivent être étoilés. Alexa (Alexa et al., 2000) introduit une variante pour la projection sur la sphère unité : de même que pour la projection barycentrique, chaque sommet est placé au barycentre de ses voisins. Enfin, une nouvelle approche de mesh morphing est décrite dans (Yan et al., 2007). Le principe est de calculer un champ de contrainte C afin de déformer Ms en Mt . C est ensuite interpolé pour déterminer un nouveau champ de déformation C0 et obtenir un modèle intermédiaire Mi . 3. Contribution scientifique 3.1. Reconstruction du rein Une description complète de la méthode de reconstruction du rein peut être trouvée dans (Leonardi et al., 2011a). Elle permet d’obtenir un modèle 3D du rein et se divise en 2 étapes : la première est la segmentation de l’organe duquel est issu un nuage de points. Elle est basée sur une approche par croissance de région, initialisée manuellement pour la coupe médiane puis propagée automatiquement. La seconde étape consiste à reconstruire le nuage de points afin d’en obtenir un modèle. La reconstruction utilisée est la reconstruction de surface de Poisson (Kazhdan et al., 2006). 3.2. Morphing Dans notre cas, l’étape de morphing ne doit comporter que des interactions très basiques avec l’utilisateur. La topologie des deux modèles à transformer sont proches l’un de l’autre étant donné qu’ils viennent du même rein. De ce fait, la méthode de mesh morphing utilisée est basée sur une découpe automatique du maillage en deux patchs, une projection sur le disque unité et la création d’un metamesh. Toutes ces étapes sont décrites ci-dessous. Pour le reste de l’article nous utiliserons les symboles suivants : M représente un modèle donné, Ms le modèle source et Mt le modèle cible (target en anglais) comme utilisé précédemment. La connectivité entre les sommets, arêtes et faces de M est notée C. V = {v1 , v2 , v3 , ..., vn } est la position dans R3 des sommets. Les arêtes sont représentées par une paire de sommet {i, j} et les faces par un triplet {i, j, k}. Enfin, N(i) est l’ensemble des sommets adjacents au sommet {i}, i.e. N(i) = {{ j}|{i, j} ∈ C}. 3.2.1. Découpe du maillage : obtention du chemin de découpe La première phase de découpe du maillage consiste à calculer son axe principal. Cela peut être fait en ne considérant que les sommets de M et en utilisant l’Analyse en Composante Principale (ACP). De plus, l’ACP donne les 3 vecteurs principaux du maillage ; les deux premiers définissent le plan principal. La phase suivante consiste alors à calculer les intersection entre les arêtes de M et le plan principal, définissant ainsi les arêtes coupées. De la même manière, les sommets {i, j} d’une arête coupée sont appelés sommets coupés. Cet ensemble d’arêtes coupées est un premier pas vers le chemin de découpe final. Le chemin de découpe doit être un boucle unique d’arêtes dans C, i.e. {{i1 , i2 }, {i2 , i3 }, ..., {in−1 , in } , {in , i1 } | {ik , im } ∈ C ∀(k, m) ∈ [1; n] ; cet ensemble est un sous-ensemble de C et est appelé c. Ainsi, deux arêtes successives doivent avoir un sommet en commun. Le but du premier post-traitement des arêtes coupées est de supprimer les arêtes cul-de-sac de c. L’un des sommets d’un telle arête n’est en commun avec aucune autre arête coupée, i.e. {{i, j}|∀l ∈ N( j){ j, l} ∈ / c}. Afin de détecter ces sommets, la liste d’adjacence partielle est dressée pour chaque sommet de c. Cette liste est l’ensemble des sommets { j} adjacents à un sommet {i} dans c, i.e. {{ j}|{i, j} ∈ c}. Une arête cul-de-sac est alors simplement trouvée quand au moins l’un de ses sommets n’a qu’un seul voisin, i.e. sa liste d’adjacence partielle est de longueur 1 (Figure 1 - b). Le second post-traitement consiste à supprimer les boucle locales : le chemin de découpe doit être une unique succession d’arêtes et chaque sommet doit être commun à deux et seulement deux arêtes. Grâce à la liste d’adjacence partielle, les sommets à partir desquels le chemin de découpe se sépare sont facilement détectés ; de tels sommets ont au moins 3 voisins. Les boucles locales sont alors supprimées de la manière suivante : en partant d’un sommet d’adjacence 2, un voisin est arbitrairement choisi et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un sommet d’adjacence 3 soit atteint. Pendant cette phase, chaque sommet n’est visité qu’une seule fois de manière à ce qu’il apparaisse au plus une fois dans le chemin de découpe final. Un voisin du sommet d’adjacence 3 est également choisi arbitrairement, mais toutes les autres arêtes contenant ce sommet sont supprimées de c. Un tel traitement créant de nouvelles arêtes cul-de-sac, les arêtes de chaque voisin d’adjacence 2 sont supprimées récursivement jusqu’à ce qu’un voisin d’adjacence 3 soit trouvé (Figure 1 - c,d,e). Ainsi, le sommet d’adjacence 3 courant étant devenu un sommet d’adjacence 2, le processus entier est répété jusqu’à ce que l’on tombe sur le premier sommet. Figure 1 – Exemple du post-traitement du chemin de découpe. Bien qu’il soit impossible, il illustre tous les cas qui sont résolus. De haut en bas : (a) Chemin de découpe initial - (b) Les sommets d’adjacence 1 sont détectés (losange) et les arêtes cul-desac supprimées - (c) Les sommets d’adjacence 3 (ou plus) sont détectés (carré). En partant du sommet désigné, un voisin est choisi arbitrairement - (d) Pour un sommet d’adjacence 3, un voisin est toujours choisi arbitrairement, mais toutes les autres arêtes sont supprimées - (e) Afin d’éviter l’apparition de nouvelles arêtes cul-de-sac, on supprime récursivement chaque arête issue d’un voisin d’adjacence 2 - (f) Le chemin de découpe final, obtenu après post-traitement. 3.2.2. Projection sur le disque unité Une fois que le chemin de découpe est obtenu, les sommets sont tagués de trois manières différentes que nous appellerons tag 0, 1 et 2. Les sommets définissant le chemin de découpe sont tagués à 0. Un voisin arbitraire d’un sommet tagué à 0 est tagué à 1. Tous les voisins du sommet tagué à 1 sont alors récursivement tagués de même manière, de sorte qu’une partie du maillage soit taguée à 1. L’autre partie est tagué à 2. Les deux modèles sont ensuite tournés afin que leur plan principal soit aligné avec le plan xz. Ainsi, il est possible de vérifier que les parties taguées identiquement pour les deux modèles aient la même orientation y. Si ce n’est pas le cas, alors les tags 1 et 2 sont permutés. Cette étape est essentielle car la partie de Ms taguée à 1 (resp. 2) sera transformée en la partie de Mt taguée à 1 (resp. 2). Une fois que tous les sommets sont tagués, ils peuvent être projetés sur le disque unité. Bien que n’importe quel type de projection puisse être utilisée, nous avons choisi la projection discrète harmonique (Polthier, 2000) étant donné qu’elle préserve le plus possible la topologie des faces des modèles. La partie la plus simple de cette projection concerne les sommets coupés. Ils sont projetés sur le bord du disque de manière à ce que la longueur de l’arc entre une paire de sommets successifs soit proportionnelle à la longueur de l’arête du maillage entre ces deux sommets. Pour les sommets tagués à 1 ou 2, la projection discrète harmonique revient à résoudre un système linéaire décrit ci-dessous. Deux projections distinctes sont faites, une pour chaque tag. Soit Vi le sommet à projeter avec 0 ≤ i < n l’indice des sommets tagués à 1 (resp. 2) et n ≤ i < N l’indice des sommets tagués à 0. Le système linéaire à résoudre est alors : (I − Λ) v1 v2 v3 .. . vn−1 ∑N−1 i=n λ0,i vi ∑N−1 i=n λ1,i vi ∑N−1 i=n λ2,i vi .. . = ∑N−1 i=n λn−1,i vi où Λ = {λi, j } et λi, j est un coefficient dépendant de la projection utilisée. Ici : ( λi, j = cotαi, j +cotβ i, j ∑ j∈N(i) (cotαi, j +cotβi, j ) if {i, j} ∈ C 0 if {i, j} ∈ /C avec αi, j = ∠(i, k0 , j) et βi, j = ∠(i, k1 , j). L’arête {i, j} est adjacente à deux et seulement deux faces car M est un maillage triangulé. k0 et k1 sont les deux sommets définissant ces faces. Nous appelons Ms0 N Mt0 N la projection de Ms et Mt pour le tag N. De même, {i0 } est un sommet projeté. Bien que ces annotations n’aient pas réellement de sens puisque seule la position des sommets (vi ) change durant la projection, elles permettront de rendre les futures expressions plus claires. 3.2.3. Création et animation du metamesh : calcul des intersections et des coordonnées barycentriques La troisième étape du mesh morphing est de superposer Ms0 N et Mt0 N pour chaque tag afin de créer le metamesh. La première phase consiste à détecter les intersections entre les arêtes projetées. Lorsque deux arêtes {i0 , j0 } ∈ C pour Ms0 et {k0 , l 0 } ∈ C pour Mt0 se coupent, un nouveau sommet est créé. Il existe deux manières de définir ce point −→ −−→ d’intersection : v0i + α v0i v0j et v0k + β v0k v0l . Les coefficients α et β sont sauvegardés avec le nouveau sommet. Ceux-ci seront nécessaires pour les modèles intermédiaires étant donné qu’ils sont suffisants pour connaître les coordonnées du sommet, même lorsque que vi , v j , vk et vl sont interpolés. Ce type de sommet est appelé sommet d’intersection. Lorsqu’un sommet d’intersection est créé, les arêtes et faces appropriées sont également créées afin de construire la topologie du metamesh Mm . Ces nouvelles arêtes et faces permettront à Mm de combiner les topologies des deux modèles Ms et Mt , et d’assurer une interpolation continue entre les deux modèles (Figure 2). Figure 2 – Exemple d’une intersection entre deux arêtes projetées de Ms (trait plein) et Mt (pointillés). Les sommets d’intersection 1, 2, 3 et 4 sont crées ainsi que les arêtes (C1, 1D, C2, 2F, ...) et les faces (C12, F23, ...). La deuxième phase de la création du metamesh est le calcul des coordonnées barycentriques (CB) pour chaque sommet de Ms et Mt . Il est d’abord nécessaire de savoir sur quelle face {i0 , j0 , k0 } de Mt0 (resp. de Ms0 ) un sommet projeté v0m de Ms0 (resp. de Mt0 ) se trouve. Les CB sont un unique triplet u, v, w de manière à ce que v0m = uv0i + vv0j + wv0k . La face sur laquelle v0m se trouve ainsi que ses CB sont sauvegardés. Ce type de sommet est appelé un sommet de maillage. Ainsi, le metamesh est composé entièrement par un ensemble de sommets d’intersection et de sommets de maillage. Les modèles intermédiaires peuvent alors être obtenus facilement en interpolant la position de ces sommets. Cette interpolation est possible étant donné que la position initiale et finale de chaque point est connue : pour un sommet de maillage venant de Ms , sa position initiale est sa position dans Ms . Sa position finale est connue par la combinaison de ses CB et de la face de Mt sur laquelle le projeté du sommet se trouve. Inversement, pour un sommet de maillage venant de Mt , sa position initiale est connue par combinaison de ses CB et de la face de Ms sur laquelle le sommet se projette. Sa position finale est sa position naturelle dans Mt . Pour un sommet d’intersection, la position initiale est connue grâce au coefficient α et l’arête de Ms sur laquelle il se projette. La position finale est connue grâce à son coefficient β et l’arête de Mt sur laquelle le sommet est projeté. 3.3. Tracking de la tumeur Le tracking de la tumeur est le second objectif de notre méthode. En effet, il est important de savoir où celle-ci se situe à tout moment afin d’ajuster le faisceau d’ondes en conséquence. Cependant, il y a deux différences majeures entre la tumeur et le rein. La première est que la tumeur n’est pas déformée sous l’influence de la respiration, elle bouge simplement avec le rein. La deuxième est qu’elle peut être assimilée à un ellipsoïde. Dans la phase de segmentation, la tumeur est segmentée séparément du rein, de manière à ce que le centre de la tumeur soit connu. L’utilisation d’un autre mesh morphing pour obtenir les mouvements de la tumeur (i.e. son tracking) ne serait pas approprié étant donné que sa forme ne change pas d’une phase respiratoire à une autre. De plus, cela nécessiterait du temps de calcul inutile. Un moyen plus rapide et adéquat est d’interpoler sa position, les coordonnées de son centre étant connues pour les phases d’inspiration, d’expiration et médiane. L’interpolation permet alors de connaître la position de la tumeur pour les phases intermédiaires. Ainsi les coordonnées 3D sont connus à tout moment, permettant le tracking de la tumeur. 4. Conclusion et discussion 4.1. Résultats Notre méthode a été testée sur trois modèles de rein M1 , M2 et M3 obtenus par la méthode décrite en 3.1. Ces modèles correspondent respectivement aux phases d’inspiration, médiane et d’expiration. Deux mesh morphing ont été faits : le premier entre M1 et M2 et le second entre M2 et M3 . Les Figures 4 et 5 montrent plusieurs modèles intermédiaires obtenus par mesh morphing entre M1 , M2 et M3 . Les résultats n’étant pas explicites avec des modèles figés, une version animée peut être vue à l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=dhPqLp2X8NQ. Le mouvement et les déformations globales du rein sont respectés. La rotation naturelle de l’axe principal de l’organe est présent ainsi que son grossissement. Cependant, les déformations locales ne sont pas totalement satisfaisantes, spécialement pour la tumeur. Celle présente sur le rein transformé est absorbée dans une partie de l’organe et réapparaît d’une seconde partie, à côté de sa position d’origine. La déformation naturelle de la tumeur aurait été un déplacement progressif, presque comme une translation. Cela est dû à la méthode de morphing elle-même. Bien que ces erreurs de déformation ne soient pas vraiment perceptibles, elles deviennent évidentes lorsque la tumeur est également modélisée : l’ellipsoïde la représentant déborde du rein (Figures 3). Un autre inconvénient de notre méthode est qu’elle est basée sur une découpe du maillage par plan. Afin que le morphing soit possible, le chemin de découpe obtenu par l’intersection entre le modèle et ce plan doit être composé d’une seule composante connexe. Un tel critère n’est pas garanti. Par expériences et analyses, l’intersection entre un rein et son plan principal sera constitué d’une composante connexe, mais cela ne serait pas nécessairement le cas pour un autre organe un tout autre type de modèle arbitraire. Les trois modèles ayant plus ou moins le même nombre de sommets, arêtes et faces, les temps de calcul pour un morphing sont équivalents pour le second. Les maillages sont composés d’environ 2300 sommets, 6900 arêtes et 4600 faces. Le morphing est exécuté en 40s. Bien que ce temps d’exécution ne permette pas un morphing temps réel, celui-ci reste acceptable pour notre contexte médical où les interventions réalisées pour détruire les tumeurs de manière non-invasive (par High Focused Ultrasound) sont très longues (jusqu’à 3 heures). De plus, tout le temps de calcul est dédié à la création du metamesh qui n’est réalisé qu’une fois. Son animation est en- suite faite en temps réel étant donné qu’il s’agit simplement d’une interpolation entre une position initiale et finale de ses sommets, comme vu à la fin de la section 3.2. Figure 3 – Mise en évidence des problèmes de déformations locales. Le modèle intermédiaire avec la tumeur (ellipsoïde bleu) présente des imprécisions locales, spécialement pour la région tumorale (cercle). Figure 4 – Résultats finaux présentant les mouvements naturels du rein sous l’influence de la respiration. Les modèles sources et cibles obtenus par segmentation puis reconstruction sont en rouge, les modèles intermédiaires sont en gris. Le morphing de M1 à M2 est représenté (de gauche à droite). Figure 5 – Le morphing de M2 à M3 , vu sous un autre angle (rotation de 180 degrés autour de l’axe vertical). Les modèles sont affichés en fil de fer et la tumeur est visible (ellipsoïde bleu). 4.2. Conclusion Nous avons présenté une approche originale et entièrement géométrique en vue d’obtenir une simulation de mouvement naturel du rein dû à la respiration. A partir de 3 acquisitions d’imagerie médicale de l’organe, chacune pour une phase différente du cycle, le rein est d’abord segmenté puis reconstruit afin de créer un modèle pour chaque phase. L’organe est finalement animé en 3D et les mouvement respiratoires simulés sont obtenus par mesh morphing entre les trois modèles précédemment créés (du premier au second puis du second au troisième). Pour ce faire, il est d’abord nécessaire de découper le maillage, ce qui est fait automatiquement dans notre cas. Puis, les deux parties du modèle sont projetées sur le disque unité afin de créer un metamesh qui comprend la topologie de deux modèles successifs. La transition progressive entres ces modèles, et ainsi l’animation du rein, est obtenue en interpolant chaque sommet du metamesh entre une position initiale et finale. Bien que les déformations générales et le mouvement du rein soient bien simulés, les déformations locales manquent de précisions surtout pour les tumeurs proches de la surface de l’organe. La résolution de ces erreurs fera l’objet d’études futures. 5. Bibliographie Alexa M., Cohen-Or D., Levin D., « As-Rigid-as-Possible Shape Interpolation », Proceedings of Computer Graphics and Interactive Techniques, 2000. 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