Calculer et réduire le risque à la source
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Calculer et réduire le risque à la source
34 |Technique les experts vous parlent | VIBRATIONS MÉCANIQUES Calculer et réduire le risque à la source Nombreux sont les travailleurs du BTP exposés aux vibrations mécaniques. Ces vibrations sont à l’origine d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Pour mieux comprendre et anticiper ces effets, quelques précisions s’imposent. Des mouvements rapides, souvent imperceptibles à l’œil, exécutés dans différentes directions par un corps autour d’une position repos… Les vibrations ont la fâcheuse tendance à être trop souvent négligées par l’opérateur. Or, elles produisent des effets sur le corps entier, sur les bras et les mains. De 0,5 à 100 Hz (voir lexique), fréquence que l’on re- Les engins concernés par la réglementation trouve sur les engins de chantier, les vibrations affectant l’ensemble du corps humain peuvent entraîner des lombalgies et des microtraumatismes de la colonne vertébrale. De 5 à 1 500 Hz, les vibrations sont transmises aux membres supérieurs (mains et bras). Dans ce cas-ci, elles peuvent entraîner des troubles vasculaires, des lésions ostéo-articulaires ou encore des troubles neurologiques. On retrouve dans cette catégorie une majeure partie d’outils électroportatifs. Identifier les machines Dès lors, comment agir ? La première étape consiste à identifier les machines exposant à des vibrations. La seconde est de connaître la valeur de l’accélération des vibrations des machines. Les notices d’instructions doiventdonner à l’utilisateur des indications en ce sens. Pour les vibrations mains-bras, le fabricant est tenu d’indiquer la valeur totale des vibrations lorsqu’elle est LEXIQUE • L a fréquence : c’est, par seconde, le nombre de fois où le corps Illustrations Placide se déplace dans une direction et revient en position initiale. Unité : Hertz (Hz). • L ’amplitude : le corps se déplace à une vitesse comprise entre 0 et une valeur maximale. L’accélération traduit la variation de cette vitesse et caractérise l’amplitude de la vibration. Unité : m/s². À compter du 6 juillet 2010, les valeurs limites d’exposition (VLE) journalières en ce qui concerne les vibrations transmises à l’ensemble du corps sont applicables pour les engins mis en service avant le 6 juillet 2007. a Prévention btp – Numéro 133 – Septembre 2010 supérieure à 2,5 m/s2. Si la valeur est inférieure, le fabricant doit mentionner que la valeur est inférieure à 2,5 m/s2. Pour les vibrations « ensemble du corps », la même procédure est appliquée si la valeur moyenne est supérieure à 0,5 m/s2. Dans la pratique, elles doivent être pondérées pour tenir compte des conditions d’utilisation des machines. L’amplitude de la vibration peut être mesurée avec un accéléromètre. La troisième étape consiste à calculer la valeur d’expo- | 35 Calcul de la valeur d’exposition journalière pour les engins mobiles de chantier * L’essentiel évalue et, si nécessaire, d L’mesure employeur l’importance des vibrations Calcul de la valeur d’exposition journalière pour les engins mobiles de chantier * « mains-bras » et à « l’ensemble du corps » auxquelles est exposé le personnel de l’entreprise. réduit les expositions en d Ilconsultant supprimeleoupersonnel et en menant une politique d’achat d’équipements appropriés. d Il prévoit un suivi médical convenu avec les services de santé au travail. résultats et les met à la d Ildisposition conserve les du CHSCT, de l’inspection du Travail et de la Carsat. Accélération équivalente Aeq en m/s2 1,5 1,45 1,4 1,35 1,3 1,25 1,2 1,15 1,1 1,05 1 0,95 0,9 0,85 0,8 0,75 0,7 0,65 0,6 0,55 0,5 0,4 0,3 0,2 28 56 113 27 53 105 25 49 98 23 46 91 21 42 85 19 39 78 18 36 72 17 33 66 15 30 61 14 28 55 13 25 50 12 23 45 10 20 41 9 18 36 8 16 32 7 14 28 6 12 25 5 11 21 5 9 18 4 8 15 3 6 13 2 4 8 1 2 5 1 1 2 15 min 30 min 1 h 225 210 196 182 169 156 144 132 121 110 100 90 81 72 64 56 49 42 36 30 25 16 9 4 2h 338 315 294 273 254 234 216 198 182 165 150 135 122 108 96 84 74 63 54 45 38 24 14 6 3h 450 421 392 365 338 313 288 265 242 221 200 181 162 145 130 113 98 85 72 61 50 32 18 8 4h 563 526 490 456 423 391 360 331 303 276 250 226 203 181 160 141 125 106 90 76 63 40 23 10 5h 675 631 588 547 507 469 432 397 363 331 300 271 243 217 190 168 145 126 108 91 75 48 27 12 6h 788 736 686 638 592 547 504 463 424 386 350 316 284 253 222 196 170 147 126 106 88 56 32 14 7h 900 841 784 729 676 625 576 529 484 441 400 361 324 289 255 225 195 169 144 121 100 64 36 16 8h en dessous du seuil d’action actions de prévention à déclencher revoir le poste de travail Exemple, pour un opérateur conduisant : - Un dumper (1,2 m/s²) durant 2 h : 144 points - Une niveleuse (0,9 m/s²) durant 1 h : 41 points - Un tombereau articulé (1,1 m/s²) durant 3 h : 182 points Cumul des points = 367 points (colonne 8 h). L’opérateur est dans la zone orange, une action de prévention doit être déclenchée. Temps de travail de l'engin T * Vibrations ensemble du corps. sition journalière rapportée à une période de référence de 8 heures. Cette valeur est le résultat d’un calcul qui combine la valeur de l’accélération de chaque vibration, la durée d’exposition avec une pondération selon des facteurs liés aux conditions réelles. Pour les machines électroportatives, certains constructeurs proposent sur leur site Internet un outil de calcul qui donne automatiquement la valeur d’exposition recherchée. Pour les engins de chantier, la valeur de l’exposition peut être déterminée en utilisant l’abaque de calcul de la méthode « simplifiée » (voir tableau). La valeur d’exposition journalière est calculée à partir de la valeur de l’accélération de chaque vibration et de la durée d’exposition. La table de calcul ci-dessus aide à déterminer cette valeur. a Les actions de prévention L’exposition journalière d’un travailleur, rapportée à une période de référence de 8 heures, ne peut dépasser : • 5 m/s² pour les vibrations transmises aux mains et aux bras ; • 1,15 m/s² pour les vibrations transmises à l’ensemble du corps. La valeur d’exposition journalière rapportée à une période de référence de 8 heures déclenchant une action visant à réduire l’exposition aux vibrations est fixée à : • 2,5 m/s² pour les vibrations transmises aux mains et aux bras ; • 0,5 m/s² pour les vibrations transmises à l’ensemble du corps. L’évaluation des risques liés aux vibrations mécaniques est insérée dans le document unique. Les actions de prévention visent entre autres la réduction des vibrations à la source, des transmissions des vibrations à l’opérateur, de la durée d’exposition. L’entretien des équipements, selon les indications de la notice d’instructions, ou encore les aménagements des postes de travail ou de conduite font également partie de ces actions. Vibrations affectant les membres supérieurs Les outils portatifs tels que meuleuses, perceuses, tronçonneuses, marteaux-piqueurs et burineurs génèrent des vibrations qui sont indispensables pour leur efficacité. Le découplage entre la source excitatrice et les poi- Les conducteurs d’engins Les conducteurs d’engins sont évidemment concernés et plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre, par exemple, en réduisant les inégalités de surface de circulation, en répartissant correctement les chargements, en adaptant la vitesse aux conditions de roulage. Il faut veiller également à respecter les pressions de gonflage données dans la notice d’instructions en fonction du type de terrain et en ajustant la raideur de la suspension à la masse transportée et aux conditions de roulage. Enfin, un siège « antivibrations » est efficace s’il est correctement réglé (formation du conducteur). EN CLAIR Les valeurs limites d’exposition fixées par Code du travail La directive « Machines » (décret 2008-1156 du 7 novembre 2008) demande que les constructeurs réduisent les vibrations au plus bas niveau possible. L’arrêté du 4 mai 2007 mentionnait une liste limitative de machines (engins de chantier et machines portatives) mises en service avant juillet 2007, qui étaient susceptibles de dépasser les valeurs limites d’exposition aux vibrations. Depuis le 6 juillet 2010, les valeurs fixées par le décret 2005-746 du 4 juillet 2005, article R4443-1 du Code du travail, sont applicables. gnées réduit la transmission des vibrations. Les poignées antivibratiles ou la suspension de l’outil sont des moyens efficaces. Le port de gants n’est pas efficace pour réduire les vibrations ; en revanche, il permet une bonne prise en main de l’outil et la conservation des mains au sec et au chaud (le froid et l’humidité sont des facteurs aggravants). n BERNARD BIBOLLET Septembre 2010 – Numéro 133 – Prévention btp