Rachid Badouri à la conquête du monde

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Rachid Badouri à la conquête du monde
Rachid Badouri à la conquête du monde
Lundi, 16 Mars 2015 06:00
Le Québec, l’autre pays de l’humour. Après nous avoir offert Courtemanche, Stéphane
Rousseau, Anthony Kavanagh ou Véronique Dicaire, nos cousins d’outre-Atlantique
nous ont envoyé Rachid Badouri, recordman en son pays avec son spectacle « Arrête
ton cinéma », à voir le 31 mars au Fémina. Entretien.
Plus de sept ans déjà que votre « Arrête ton cinéma » tourne ! Il avait été le spectacle de
tous les records au Québec l’année du lancement – 100 000 spectateurs en moins d’un
an, du jamais vu. Comment expliquez-vous cette longévité ?
Il faut croire qu’il y a toujours de la demande, et puis c’est le spectacle par lequel les gens
apprennent vraiment à me connaître. J’y parle de ma vie, de mes passions – la musique,
Michael Jackson… – et, surtout, je crois que l’ensemble est haut en couleur, en énergie, en
son, en musique. Et puis il y a le fait que c’est en quelque sorte une autre version que la version
canadienne, largement renouvelée. L’une de mes principales influences, c’est Anthony
Kavanagh : dès que j’ai vu ses shows, j’ai eu l’impression qu’il me parlait à travers le poste, qu’il
me disait « Ne te cantonne pas au Québec, tu peux avoir le monde entier ». Et, pour ça, comme
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lui, j’ai adapté le spectacle au public français – obligé, à moins d’être dans le genre mime à la
Courtemanche : avec l’accent pur laine et les blagues typiquement québécoises, les gens ici ne
comprendraient pas.
Puisqu’on parle accent, il y a un truc extraordinaire chez vous, c’est vos imitiations
d’accents – l’arabe, le vietnamien… Tout le monde le prend bien ?
Dans le spectacle oui. L’observation des différentes cultures, de ce qui les réunit ou les
différencie, c’est quelque chose qui m’a toujours passionné. C’est quelque chose que j’ai
beaucoup travaillé. Après, il m’est arrivé une fois de poster sur Facebook une imitation de «
Gangnam Style » que la communauté asiatique n’avait pas trop aimé. Je leur ai dit que ce
n’était pas de ma faute si j’avais une tête de personnage de BD avec déjà les yeux bridés…
(rires) Mais je me suis excusé quand même et j’ai retiré la vidéo. Le truc, c’est que j’essaie
d’éviter les sujets qui fâchent : mes spectacles parlent de ma vie, de ce qui m’intéresse d’une
manière plutôt décalée, et quand je me moque c’est gentiment. Je ne m’engage jamais
politiquement, ce n’est pas mon humour.
Hormis Kavanagh, y a-t-il d’autres humoristes qui vous ont influencé ?
Oui, plein. J’ai grandi à la croisée des trois cultures, québécoise, américaine et française. Chez
les Américains, il y a Eddie Murphy, Jim Carrey ou Jamie Foxx qui m’ont toujours fait kiffer
(comme on dit chez vous, nous on dirait plus « tripper »). En France, à travers la télé, j’ai grandi
avec les premiers Magdane, Smaïn, les Inconnus, le premier Gad, « Décalages », et j’ai admiré
l’ascension de Jamel. Ah oui, et tout Francis Veber ! Comme j’étais un super-gaffeur, mon père
me surnommait « François Pignon » ! (rires).
Quand est-ce qu’on verra le nouveau spectacle lancé l’an dernier au Québec ? Il
s’appelle « Badouri rechargé », est-ce à dire que « Arrête ton cinéma » est en train de
vous vider ?
(Rires) Bonne question. Non, c’est surtout que, depuis quelques années, j’ai eu le temps de me
recharger en anecdotes. Il reflète mon nouvel âge émotionnel, parle de ce qui m’est arrivé entre
temps. Mon mariage, ma femme… Le décès de ma mère aussi, un sujet que j’essaie d’aborder
avec humour – j’espère que ça pourra aider ou au moins faire sourire des gens qui ont traversé
pareille épreuve. Et ma volte-face sur le plan alimentaire aussi : les McDo, les Quick, fini, ce
n’est plus pour moi. Et puis j’ai plein de nouvelles observations sur la vie en France : ça fait
depuis 2010 que j’y passe trois à six mois par an, pour la tournée ou pour l’émission « Vendredi
tout est permis » d’Arthur qui m’a bien fait connaître ici – on peut y voir mon énergie, mon jeu
très physique, on dirait une émission écrite sur mesure pour moi ! Voilà, donc, la version
française avance mais ne comptez pas dessus avant l’automne 2016.
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En dehors de ça, des projets pour la suite ?
Oui, je compte me mettre à la peinture à la gouache avec mes orteils (rires). Non, plus
sérieusement, je me suis mis à l’humour anglais. Le spectacle est prêt et il devrait faire sa
première à New York tout prochainement. Autant vous le dire, j’ai très hâte ! •
Recueilli par Sébastien Le Jeune
Mardi 31 mars à 20h30 au Fémina. 30-36€. Tél. 05 56 48 26 26 ou www.box.fr
Photo : Showman à l’américaine, Badouri rend hommage à son idole Michael Jackson. © Éric
Myre
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