Le Creuset
Transcription
Le Creuset
Atelier M07 : L’entreprise Le Creuset Le Creuset est une entreprise produisant et commercialisant des articles culinaires en fonte émaillée. Elle est installée à Fresnoy le Grand (Aisne) depuis sa création en 1925. La visite est assurée par un guide conférencier de l’office du tourisme de Saint Quentin. I) De Fresnoy à l’international Avant 1925, le site a accueilli une sucrerie, puis un centre de traitement de phosphates. En 1925, deux belges, l’un fondeur, l’autre émailleur, ont lancé une production d’articles en fonte : radiateurs, cuisinières, crucifix, ustensiles culinaires. Le site de Fresnoy le Grand présente des avantages comme l’espace disponible ou l’existence d’une voie ferrée Paris-Bruxelles pour le transport (une voie aujourd’hui inutilisée au profit de camions en raison des coûts). En 1939 l’usine est réquisitionnée pour la production de grenades et à la fin du conflit l’avenir du site se pose. M. Schmitt, expert en marketing, relance l’entreprise en apportant des nouveautés : couleur, publicité, amélioration de la qualité de la fonte. La production se recentre sur les seuls articles culinaires. En 1950, 50% de la production est exportée. En 1957, Le Creuset reprend le contrôle de la fonderie Cousance datant de 1553. Les nouveautés se succèdent autour des réussites diverses, par exemple le succès de la cocotte Doufeu, en 1962, le service à fondue complet toujours réalisé ou en 1963 un barbecue aujourd’hui abandonné. En 1970, Le Creuset est repris par Godin jusque 1988, date de son rapprochement avec les cheminées Philippe. C’est en 1970 que l’actuel logo a été créé. Trois cercles imbriqués font référence à la fonte en fusion et aux deux parties du moule autour. Aujourd’hui le développement de l’entreprise est basé sur trois piliers : une production variée, une production haut de gamme et une production tournée vers l’exportation. 1) Une production diversifiée Le Creuset propose à ses clients environ 300 formes de cocottes et 3000 références en fonction de la couleur de l’émail. En 1991, le rachat d’une entreprise américaine produisant des ustensiles pour le vin en polycarbonate a permis de diversifier les activités. Aujourd’hui Le Creuset emploie 550 personnes à Fresnoy et 1100 dans le monde. 2) Une production de qualité Lorsqu’un travail sort de l’usine, il a été manipulé par environ 40 personnes. Certes le déroulement de la production donne une impression de travail à la chaîne, mais les produits sont régulièrement vérifiés et l’objectif affiché est le zéro défaut. Afin de préserver cette image de prestige, Le Creuset n’est pas présent dans les grandes surfaces, mais seulement dans les magasins spécialisés. 3) Une production exportée Le Creuset produit 60% de la fonte culinaire mondiale et 90% de sa production est exportée ( 50% en 1950), notamment 20% vers le Japon où les cocottes sont vendues deux fois plus chères qu’en France et sont considérées comme un produit de luxe. La fonction de négoce de l’entreprise est donc très affirmée. A Fresnoy la moitié des emplois sont dans les bureaux. Au total, Le Creuset a multiplié par trois son chiffre d’affaires depuis 1990 passant de 37 millions d’euros à 125 millions d’euros en 2005. II) De la fonte en fusion à la cocotte émaillée 1) La matière première La cocotte que nous appelons en fonte est en réalité le mélange de 10 à 12% de fonte achetée en Allemagne, de 35% d’aciers qui sont les rebuts d’autres industries, de 50% de retour de fonte, d’additifs (ferro-phosphore et ferro-silicien) et de coke de pétrole afin de compenser la teneur en carbone perdue par l’introduction de l’acier. 2) Les fours Quatre tonnes de ces éléments sont mélangés et mis dans un four. Deux fours fonctionnent à tour de rôle selon une cadence de 10 minutes. Ces fours sont de grandes cuves en prisée réfractaire avec de l’eau serpentant autour. L’envoi d’un courant induit permet la fusion rapide de la fonte en 45 minutes à 1500 degrés. Cette opération consomme beaucoup d’énergie, 3400 kW/h pour un four, c’est à dire l’équivalent de la production de deux éoliennes. La fonte en fusion est alors transportée et maintenue à 1340 degrés avant la coulée. 3) La coulée Les moules sont du sable de rivière envoyé avec du noir végétal afin d’empêcher la fonte de coller, de l’argile et un peu d’humidité. Deux parties sont rassemblées par des pistons afin de former le moule et un canal de coulée est ménagé pour la fonte en fusion. La forme des moules dépend de deux plaques modèles (partie basse et partie haute) dont la réalisation se fait au sein de l’usine par des fraiseurs, tourneurs, et ajusteurs. Deux plaques modèles permettent de réaliser environ 200 000 moules. Une fois la fonte à 1340 degrés envoyée par gravité dans les moules, ceux-ci avancent sur une chaîne de 32 mètres. A l’extrémité de celle-ci les moules basculent sur une grille vibrante entraînant la destruction des moules en sable qui sont évacués par le dessous et qui seront réutilisés Enfin deux personnes détachent la pièce du canal de coulée qui constituera un retour de fonte. 4) Moulage, ébarbage, grenaillage Les pièces sont meulées une à une par de nombreux ouvriers, passées dans un tunnel et nettoyées par des billes d’acier, ébarbées automatiquement en ce qui concerne les couvercles. Un atelier de grenaillage poursuit ce travail de finition. Les pièces sont positionnées sur des épis et des billes d’acier légèrement anguleuses sont envoyées afin de donner un aspect granité qui permettra une bonne adhésion de l’émail. Chaque pièce passe environ 3 minutes dans un des deux tunnels. Chaque ustensile est repris un à un et inspecté. Les vérifications sont nombreuses et le matériel récent nécessite une main d’œuvre qualifie. Enfin une couche de protection est appliquée et cuite pendant 30 minutes à 840 degrés. 5) L’émaillage L’émail se compose de verre – des paillettes de silice achetées à Saint Gobain, de colorants, de suspensifs (argile) pour maintenir en suspension le colorant ; d’ajouts maison pour la qualité de l’émail et de 50% d’eau. L’ensemble est broyé et mélangé à l’aide de boules de porcelaine et forme l’émail. L’émail est d’abord appliqué (3microns d’épaisseur au maximum) à l’intérieur, puis sur les oreilles de la cocotte (chaque rebord est essuyé à l’éponge par un ouvrier) et à l’extérieur. Le séchage donne un aspect mat. La cuisson dans un four en U dure une heure à 790 degrés contre 30 minutes pour un four en ligne. A la sortie l’émail a un aspect brillant en raison du processus de vitrification qui s’est opéré lors de la cuisson de la poudre de verre contenue dans l’émail. Chaque pièce subit alors un contrôle qualité final. Selon le pays, les couleurs préférées sont le rouge/orangé pour la France, le noir pour l’ Allemagne, le vert pour les Etats-Unis et le bleu pour l’Angleterre. 6) L’emballage Chaque article est à nouveau vérifié avant d’être emballé. Si l’objet présente un défaut, il est grenaillé et refondu. Les stocks sont faibles en raison des coûts et de la cadence de production qui est d’environ 12 000 pièces par jour. En dépit d’une apparence austère et de conditions de travail difficiles dignes de l’industrie lourde, Le Creuset réalise à Fresnoy le Grand des cocottes en fonte de grande qualité à partir de machines de plus en plus modernes et grâce à de nombreuses vérifications. Le produit haut de gamme trouve naturellement ses débouchés vers les magasins spécialisés et surtout l’exportation vers des pays à haut pouvoir d’achat comme le Japon. Christian LAUDE Professeur d’histoire-géographie à Couloisy