Les Béni Meskine. Essai monographique sur leurs origines

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Les Béni Meskine. Essai monographique sur leurs origines
Les Béni Meskine.
Essai monographique sur leurs origines
Le patronyme « béni meskine » désignait et désigne encore la population de l’actuel
cercle d’El Borouj. Ce territoire faisait partie d’une région plus vaste que les anciens
historiens arabes dénommaient le Tamesna. C’est le pays des berbères Berghwata qui ont
régné sur ce royaume durant plusieurs siècles.
Les souverains Almoravides puis leurs successeurs Almohades vont mettre fin à ce
royaume qui constituait une entrave à leur hégémonie sur le Maroc et par delà sur
l’Andalousie.
Les exagérations de certains historiens font état du massacre des armées Berghwata et
vont jusqu’à affirmer la disparition de toute la population du Tamesna. Ce qui est et ne peut
qu’être faux. D’ailleurs des chefs Berghwata vont jouer des rôles politiques et militaires
importants durant le règne des almohades et des mérinides.
L’avènement des almohades va agrandir considérablement l’empire de leurs
prédécesseurs Almoravides. Ils vont étendre leur influence sur un empire qui englobe, en plus
des territoires de la péninsule Ibérique, tous les pays de l’actuel Grand Maghreb Arabe. Et
c’est le souverain de cette dynastie en l’occurrence Yacoub Al Mansour qui va entamer le
cycle des déportations des éléments les plus turbulents des tribus arabes Béni-Hilal et BéniSouleïm pour les installer au Maroc.
Mais, pour ce qui nous intéresse, c’est sous le règne du sultan Mérinide Abou l’Hassan que
les Béni Meskine vont s’installer au Maroc.
En cette fin de la première moitié du 14ème siècle ; les Béni Meskine résidaient encore
en Tunisie (l’Ifriqiya des anciens) ; Ils vont participer comme alliés des Hafsides à la guerre
qui opposait ces derniers aux armées mérinides. Ibn Khaldoun décrit l’évènement qui s’est
soldé par la victoire des armées d’Abou l’Hassan Al Marini et la prise de la ville de Tunis :
« Les débris de l'armée vaincue s'étant réfugiés dans Cabes, Abd-el-Malek-lbn-Mekki,
gouverneur de cette ville, fit arrêter Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, cheikh des Almohades qui
s'était attaché à la fortune d'Abou-Hafs-Omar, ainsi que Sakhr-Ibn-Mouça, cheikh des
Béni-Meskîn, et plusieurs autres grands personnages. Tous ces malheureux furent
enchaînés deux à deux et envoyés au sultan ».
Les Béni Meskine appartiennent donc à la tribu des Hakim qui fait partie de la grande
confédération des Béni Souleïm. Et malgré la faible importance en nombre des Béni Meskine,
ce sont des chefs aux patronymes de Meskine qui commandent la puissante tribu des Hakim.
Le même auteur nous en donne la confirmation :
« Pendant le règne du sultan Abou-Yahya (souverain Hafside), Mohammed-Ibn-Meskîn
continua à gouverner les Hakim et à servir ce prince avec une fidélité à toute épreuve.
Après sa mort, le commandement passa à son neveu, Khalifa-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Meskîn,
l'un des cheikhs que le sultan Abou-’l-Hacen avait fait arrêter à Tunis quelque temps avant
l'affaire de Cairouan. Ce monarque était encore bloqué dans cette dernière ville quand il
accorda la liberté à son prisonnier, dont il se concilia l'amitié par cet acte de clémence bien
entendue.
A la suite du désastre de Cairouan, les Arabes étendirent leur domination partout, et
comme la famille Meskîn s'était mise en possession de Souça, le sultan concéda cette ville
à Khalîfa. A la mort de ce chef, le commandement des Hakim passa entre les mains de son
cousin, Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Meskîn».
Nous revenons sur les circonstances dans lesquelles les Béni Meskine vont quitter
l’Ifriqiya et se retrouver dans leur territoire actuel. Nous avons dit que ces circonstances sont
liées à la conquête du royaume Hafside de Tunis par le Sultan Abou l’Hassan. C’est encore
l’historien Ibn Khaldoun qui nous le confirme :
« En l'an 780 (1378), le sultan entreprit une expédition contre le Djérid, afin de faire
rentrer les chefs de cette province dans l'obéissance. La famille de Hamza, encouragée par
les promesses séduisantes qu'elle venait de recevoir de ces émirs, et soutenue par une
foule de brigands arabes et bédouins, osa s'opposer à la marche du prince. Malgré tous
leurs efforts, il parvint à délivrer le Djérid (sud des provinces de Tunis) des gens qui
l'opprimaient, à en expulser les Arabes, faire prisonniers plusieurs des chefs insoumis et en
chasser les autres du pays. S'étant alors emparé de leurs places fortes et de leurs trésors, il
contraignit la famille Hamza à s'enfuir dans le Maghreb avec ses alliés de la tribu de
Hakîm. »
Nous retrouvons donc les Béni-Meskine au cœur du Maroc. Cette circonstance va
jouer contre Abou l’Hassan lors de la guerre qui va l’opposer à son fils Abou Inane. Cette
guerre entre le père et le fils a pour origine les faits suivants :
Après ses premières victoires et son triomphe à Tunis, Abou l’Hassan subit une défaite à
Kairouan. Ce revers va transformer la conquête du sultan en un désastre, qu’Ibn Khaldoun
surnomme : Le désastre de Kairouan.
Entre-temps Abou Inane, fils d’Abou l’Hassan et à qui ce dernier avait confié le
gouvernement du royaume mérinide a été instruit de ce désastre et de la prétendue mort de
son père. Aussi, il prend de vitesse ses frères et concurrents au trône de Fès et impose son
intronisation comme sultan du royaume Mérinide.
Cette circonstance pousse Abou l’Hassan à rentrer immédiatement au Maroc pour
détrôner l’usurpateur. Pour ce faire il réunit tout ce qui lui reste de ses armées et rentre à
Sidjilmessa, puis à Marrakech où il réorganisa son armée.
« Ensuite, le sultan se porta à la rencontre de son fils et le trouva posté sur l'autre bord de
l'Oumm-Rebiâ. Pendant quelque temps, les deux armées restèrent en observation, chacune
d'elles attendant l'autre au passage du fleuve. Enfin, le sultan traversa cette barrière et mit
ses troupes en ordre de bataille. Ce fut à Tamedgharst, vers la fin du mois de Safer 751
(mai 1350), que le combat s'engagea entre le père et le fils. Les Mérinides enfoncèrent
l'armée du sultan et la mirent en pleine déroute ». (Ibn Khaldoun Tome IV p 290, histoire
des berbères).
Ce qui confirme ces dires c’est le lieu et le déroulement de la guerre. Tamedgharst
ressemble à la région dite Taghmast. L’appui des tribus du Tadla à Abou Inane et la présence
des Béni Meskine au sein de cette région confirment les faits avancés plus haut quand à
l’origine des Béni Meskine. Leur rancune contre Abou l’Hassan qui les a déportés justifie leur
participation à la coalition d’Abou Inane.
En outre, les Béni Meskine qui ont fait partie successivement du territoire administré
par Settat sous le protectorat, puis actuellement par la province de Settat, ne sont pas
ethniquement des Chaouia.
La mémoire collective rapporte que les « Meskini » ne se reconnaissent pas comme
appartenant à la Chaouia et la réciproque est vraie. Les variantes lexicales et syntaxiques qui
caractérisent le langage local se différencie de celui usité par la population de la Chaouia mais
correspond exactement au parler des habitants du Tadla.
Cette réalité est confirmée par un travail effectué pour le renseignement militaire
Français par un lieutenant ; en l’occurrence le vicomte Charles de FOUCAULD. Ce dernier
dans son ouvrage intitulé « reconnaissance au Maroc » a traversé le Tadla en 1883 et donné la
liste des tribus qui la composaient :
« Le Tadla, où je suis entré aujourd'hui, n'est point une tribu : c'est une contrée, peuplée de
plusieurs tribus distinctes. Elle est bornée : au nord, par les Zaïan et les Zaïr ; à l'est, par les
Zaïan et les Ichqern ; au sud, par les Aït Seri, les Aït Atta d’Amalou, les Aït Bou Zîd, les Aït
Ayad, les Ait A’tab ; à l'ouest, par les Entifa, les Sraghna, les Chaouïa.
Elle se compose, au sud, d'une immense plaine, arrosée par l’oumm er Rebia et
s'étendant jusqu'au pied du Moyen Atlas ; au nord, d'une région montueuse moins vaste. Les
tribus qui l'occupent sont au nombre de neuf : cinq se trouvent dans la partie septentrionale,
quatre dans la portion méridionale. Ce sont en allant de l'est à l'ouest :
Au nord, les Béni Zemmour, les Smâla, les Béni Khîran, les ouardigha, les Béni Miskin ».
Une autre spécificité des Béni Meskine et qui a constitué la raison principale de leur
annexion par le protectorat à Settat est leur statut makhzénien. En effet le territoire des Béni
Meskine n’a jamais fait partie de ce que le protectorat a appelé Bled SIBA. Cette situation est
exploitée par le protectorat à des fins fiscales. Déjà cette information est donnée à ses
supérieurs par le lieutenant Charles de FOUCAULD. Il écrit :
Les tribus les plus puissantes étant insoumises ou indépendantes, ne fournissent pas un
homme: telles sont, pour le centre seulement, celles des Ichqern, des Zaïan, Zaïr, des
Zemmour Chellaha, des Béni Mgild, des Béni Mtir, et toutes celles du Tadla, excepté les Béni
Miskin.
Il faut rappeler que la mort du sultan Moulay El Hassan premier a été dissimulée
durant toute la traversée du Tadla. Elle n’a été annoncée qu’une fois la Mehalla sultanienne
installée à El Borouj et donc en sûreté. Un témoignage de ce fait est la koubba de Sidi Hassan
située à l’ouest de la ville.
Un autre élément de confirmation est révélé par un article de L’illustration du 23
juillet 1910. Cet article relate l’opération militaire décidée par le général MOINIER et confiée
à deux colonnes ; Une première, sous les ordres du commandant AUBERT, de l'infanterie
coloniale, et comprenant un bataillon de tirailleurs sénégalais, un escadron du 3ème spahi, une
section d'artillerie de montagne et une section de mitrailleuses, se rassemblait à Ben Ahmed.
Une autre colonne, sensiblement moins importante, se formait à Settat, sous le
commandement
du
capitaine
TRIBALET,
chef du service des
renseignements.
Cette étude faite,
il faut avoir à l’esprit que
l’unité
ethnique
est
souvent un leurre. Au
sein des Béni Meskine,
l’unité d’origine n’est
jamais
affirmée.
L’histoire nous apprend
que le groupe dominant
est souvent hégémonique
et finit par imposer son
propre nom aux autres communautés soumises à son autorité. Aussi, on ne peut faire fi des
anciennes populations composées de Masmouda et particulièrement de Berghwata. Le
langage comporte encore un lexique amazigh assez important (zga, fellous, gadir etc. Sans
parler du vocabulaire agraire et de la toponymie locale (Tissouirine, Tanaffalte etc.)
Le barrage Al Massira :
La région dispose sur son territoire du second barrage en importance du Maroc. D’une
capacité de près de trois milliards de mètres cube d’eau, l’étendue de la retenue avoisine les
140 kilomètres carrés.
Jusqu’ici le barrage n’a engendré que des désagréments aux habitants de la commune
qui ont vu leurs douars et leurs terres engloutis par le plan d’eau.
Pour rendre justice aux habitants de la région, il faudrait aménager au plus vite un accès au
croisement de l’autoroute et de la P 3503 qui rejoint la nationale n°9.
Cette sortie s’impose d’autant plus qu’il n’en existe actuellement aucune entre Settat et
Skhour-Rehamna, tronçon d’une longueur supérieure à soixante kilomètres. La sécurité et la
célérité des secours en cas d’accident sur l’autoroute A7 imposent à elles seules un tel
ouvrage.
Grâce à cet accès direct, le barrage Al Massira représentera un enjeu de premier ordre pour le
développement de la région qui possède la berge la plus longue, la plus pittoresque et la plus
facile d’accès. Le plan d’eau est une ressource naturelle à haut potentiel touristique créateur
d’emplois variés et source de revenus tout en s’inscrivant dans le projet du Maroc vert.
L’investissement des acteurs économiques est souhaitable et les ressortissants des Béni
Meskine devront œuvrer par leurs propres moyens financiers s’ils le peuvent, ou par leur
prospection auprès de connaissances et d’amis pour les inciter à réaliser des projets
respectueux de l’environnement mais tout en préservant les qualités écologiques et la beauté
encore sauvage de ce site.
Monuments historiques :
La kasbah :
L’existence de superbes ruines de la demeure des caïds Chaffaï, père et fils, témoigne
encore de la magnificence de ce palais et affirme si besoin est la qualité architecturale de
notre pays.
Une partie des ruines de la kasbah,
témoignages persistants de la qualité architecturale de
cet édifice.
Il est difficile de restaurer un tel édifice tant
l’action destructrice des hommes et de la nature l’a
condamné à une inéluctable disparition. Seul un
mécène amoureux de vieille demeure serait en mesure
d’entamer sa restauration avec le concours de
chantiers de jeunes bénévoles. Il n’est pas exclu
qu’un tel monument puisse se transformer en
résidence touristique.
L’empreinte de Ben RocRoc :
Sur le plateau d’Oulad Si Moussa, des
substratums calcaires affleurent à la surface du sol.
Oulad Si moussa est le siège de la commune de Sidi Ahmed El Khadir. Elle est située à 18 km
à l’ouest d’El Borouj et à 7 km à l’est de Dar Chaffaï.
Cette empreinte de modestes dimensions devrait être répertoriée et datée. Les
spécialistes dans le domaine devraient étudier cette empreinte et nous en communiquer tout ce
qu’elle peut nous apprendre sur l’ancêtre qui a laissé cette trace. Dans quelles conditions cette
marque a traversé les siècles ou les millénaires pour arriver jusqu’à nous. Une partie de
l’histoire de cet ancêtre peut être décryptée. Les responsables et les spécialistes en ce domaine
devraient aussi aider à sa préservation.
Autres données sur les Béni Meskine :
Cadre ethnique et administratif :
La mémoire collective a véhiculé jusqu’à nous l’existence d’une division ethnique des
Béni Meskine en 2 groupes : Oulad Naji et Oulad Ali.
Le groupe d’Oulad Naji recouvre l’actuelle caidat de Béni Meskine al Charquiya. Elle se
compose des fractions suivantes : Ahl Robta (actuelle municipalité d’El Borouj en plus de
Ksar Lamzagra et le territoire situé au nord d’El Borouj) ; Oulad Bouali, d’Oulad Fares ,
Lakrakra, Oulad Amer. Ces fractions recouvrent actuellement les communes rurales du même
nom.
Le groupe d’Oulad Ali recouvre l’actuelle caidat de Béni Meskine al Gharbiya. Elle se
compose des fractions de Béni Khloug, Oulad Salem Oulad Si Yahya Ben Aïch, El Khnansa,
Oulad Freiha, Oulad si Mass’aoud, Oulad el Akkaria et Ain Blal. La mosaïque ethnique des
Béni Meskine al Gharbiya n’a pas permis la création de commune rurale à ethnie homogène.
Les fractions de tribu étaient commandées jusqu’à l’instauration du protectorat par des
Caïds. C’est l’action sournoise du Caïd Mohammed ben Bouhafa qui va mettre fin à
l’existence de ces petits Caïds. Les anciens racontent que c’est à la faveur de la guerre
d’Abdelkrim dans le Rif que ce forfait a pu se faire. En effet un groupe guerrier, les
Soualhates, originaires du Tadla se sont opposés au colonisateur français dans une solidarité
assez lointaine avec Abdelkrim. Mohammed Ben Bouhafa a alors monté des scénarios pour
faire accuser les Caïds rivaux de complicité avec les Soualhates. Deux Caïds à ce que l’on
raconte ont été fusillés par l’armée française.
Depuis l’instauration du protectorat et l’annexion des Béni Meskine au Tertib de
Settat, le territoire a été administré par une Caidat, une fois les autres Caïds éliminés. Ensuite
elle est devenue Cercle d’El Borouj avec deux caïdats et la municipalité d’El Borouj. Cette
ville abrite les sièges du Pachalik, du Cercle et de la caidat de Béni Meskine al Charquiya. La
seconde caidat est Béni Meskine al Gharbiya et a pour siège Tnine de Béni Khloug. Chacune
des caïdats compte 6 communes. Le tableau du chapitre suivant répertorie les recensements de
population et énumère les noms des 11 communes rurales et la Municipalité d’El Borouj.
Situation géographique
Les béni Meskine peuplent le territoire administratif du cercle d’El Borouj. Ils sont situés
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au sud de la province de Settat. Le territoire du cercle s'étend sur une surface de 200 km environ
et se situe sur la partie méridionale de la province de Settat. Le Cercle d’El Borouj est limitée au
Nord par le territoire des Oulad Si Bendaoud, à l'ouest par les Oulad Bou Ziri. Au sud par la
rivière de l'Oum-Rebiâ et à l’est par les provinces de Khouribga et de Fkih ben Salah.
El Borouj représente la seule municipalité du cercle et fait fonction de centre
administratif des Béni Meskine.
La ville d'El Borouj est distante de 72 km de Settat, ville à laquelle elle est reliée
principalement par la route régionale R308.
Il y a lieu de rappeler qu'avant le découpage de 1992, l'ex commune rurale d'El Borouj
englobait la Commune Rurale de Oulad Ameur et une grande partie de celle de Meskoura.
Cadre physique
Les Béni Meskine occupent une partie du plateau phosphatier. C’est un relief
collinaire qui prolonge celui de Khouribga franchit l’Oum-Rebiâ et rejoint Youssoufia en
passant par Skhour Rehamna et Ben Guerir.
Les contreforts de la Meseta (plateau phosphatier) qui dominent la plaine des Sraghna
offrent une superbe vue panoramique vers le sud. Par temps clair, on aperçoit au loin les
sommets enneigés des chaînes du Moyen et du Haut Atlas.
Climat
Le climat est de type semi aride ; très chaud en été et relativement froid en hiver (il
gèle parfois). De fortes amplitudes thermiques journalières et saisonnières sont enregistrées.
Les températures maximales moyennes annuelles sont de l’ordre de 26.6°C, les plus hautes
sont relevées au mois d’août et atteignent parfois les 45°C et les minimales moyennes
annuelles sont de l’ordre de 11.7°C les plus faibles relevées au mois de janvier et frôlent le
0°C. La moyenne des précipitations annuelles est de l’ordre de 250 mm. La pluviosité est
marquée par une grande variabilité inter et intra-annuelle.
Le chergui souffle de l’Est et provoque de fortes élévations des températures. Il est
fréquent au mois de mai et parfois pendant les autres mois de l’été. De novembre à février, les
vents du Sud-ouest apportent les pluies les plus importantes. La période de mars à mai est
caractérisée par des précipitations très aléatoires, parfois orageuses, les vents soufflant d’est
en cette période peuvent hypothéquer la récolte céréalière.
Sols
Les sols sont en général, caillouteux, peu profonds, pauvres en matière organique et
très érodés. Ils appartiennent à la classe des calcimagnésiques et sont, selon la classification
locale, de quatre types : « Hrach », « Bayad », « Hamri » et ce qui est très rare « Tirs ».
Ressources en eau
Les ressources en eau sont limitées et l’accès aux nappes souterraines est difficile. Les
eaux proviennent essentiellement de la nappe alluviale. En surface, il y a des petits oueds à
écoulements irréguliers et débits très faibles ou nuls. Il existe par ailleurs, 126 puits dont la
profondeur moyenne est de 15 mètres. Les sources de surfaces, anciennement d’un bon débit
se sont taries. C’est le cas des sources d’El Borouj, d’Ain Blal, d’Oulad Hammou etc.
Situation démographique
La population des Béni Meskine est estimée selon le recensement de 2004 à 110.365
habitants. Le tableau suivant fait apparaitre une très faible croissance démographique. La
cause principale en est l’exode rural et non une faiblesse du taux de natalité. Les divers
recensements montrent bien que le taux de reproduction en milieu rural est supérieur de 50%
à celui des villes. Le dernier recensement national donne le chiffre de 2,1 enfants par femme
citadine contre 3,1 pour la femme rurale.
Les recensements révèlent aussi une donnée curieuse : Béni Meskine al Charquiya,
malgré la ville d’El Borouj qui draine une bonne partie de l’exode rural des habitants du
Cercle, a une plus faible croissance démographique que Béni Meskine al Gharbiya qui ne
regroupe que des communes rurales.
Il serait d’un grand intérêt d’analyser les causes de cette particularité. La commune
rurale de Dar Chaffaï en serait le sujet le plus significatif étant donné que, nonobstant la ville
d’El Borouj, elle affiche le meilleur taux de croissance démographique. Il est de 10,21 % en
10 ans à peine inférieur à celui de Settat (12,85 %), siège de la province premier bénéficiaire
de l’exode rurale de la dite province.
Cette particularité est un sujet dont doivent se saisir démographes et sociologues pour
approfondir et affiner les données sociodémographiques globales et, si possible, en déduire les
éléments qui expliquent cette caractéristique. Les résultats peuvent être exploités à des fins de
limitation voire lutte contre l’exode rural pour raison économique.
Commune ou Municipalité
Population en
2004
Population en
1994
BENI MESKINE CHARQUIYA
EL BOROUJ ( Municipalité)
OULAD FARES EL HALLA
OULAD BOU ALI NOUAJA
MESKOURA
OULAD AMER
LAQRAQRA
TOTAL B.MESKINE CHARQUIYA
16222
3609
7402
7482
5779
10262
50756
13 798
4 669
8 418
6 836
5 783
10 003
49 507
BENI MESKINE GHARBIYA
BNI KHLOUG
SIDI BOUMEHDI
S.AHMED EL KHADIR
DAR CHAFFAI
AIN BLAL
OULAD FREIHA
TOTAL B.MESKINE GHARBIYA
12722
4832
8683
17632
5166
10844
59879
12 460
5 606
8 374
15 998
5 318
10 271
58027
TOTAL BENI MESKINE
VILLE de SETTAT (comme indicateur)
TOTAL MAROC
110 635
956904
29 891 708
107 534
847938
26 073 717
accroissement
2 424
-1 060
-1 016
646
-4
259
1 249
0
0
262
-774
309
1 634
-152
573
1 852
Pourcentage
17,57%
-22,70%
-12,07%
9,45%
-0,07%
2,59%
2,52%
2,10%
-13,81%
3,69%
10,21%
-2,86%
5,58%
3,19%
3 101
2,88%
108 966
0
0
3 817 991
12,85%
Le contexte urbain
Les Béni Meskine ne comptent sur leur territoire qu’une seule municipalité : El
Borouj. D’ailleurs de fraîche date.
La promotion de l’ancienne commune rurale d'El Borouj au stade de municipalité est surtout
un fait administratif. La structure urbaine de la ville et le mode de vie des habitants est encore
de type rural. La citadinité est une entreprise humaine de longue haleine et ne peut s’acquérir
par une simple décision administrative. C’est un fait historique et non un certificat délivré par
la puissance publique.
14,64%
Le contexte socio-économique
L’agriculture et l’élevage constituent les principales sources de revenus pour la
population des Béni Meskine.
La superficie globale du territoire est exploitée par les activités agricoles et pastorales
de type extensif. Il s’agit d’une agriculture céréalière saisonnière et un élevage à dominante
ovine. L’agriculture est de très faible rentabilité, l’élevage ovin, caprin et aussi bovin est de
meilleur profit.
La culture intensive est quasi inexistante. En effet les terres irriguées ne constituent
que quelques centaines d’hectares sur un territoire qui en compte 200 km2. Or la proximité du
Barrage al Massira devrait être mise à profit pour étendre les cultures irriguées et en
particulier l’olivier et les plantes fourragères par pompage utilisant l’énergie solaire. Cette
énergie étant la plus adaptée puisque le recours à l’irrigation se fait justement dans les
périodes où le soleil est à profusion. Concernant les plantes fourragères il faut noter que
l’élevage ovin, très répandu, et en majorité de race "Sardi" ; connue pour la qualité de sa
viande et pour sa bonne productivité, justifierait des efforts dans ce sens.
Notre association déploie ses efforts dans la promotion du mouton Sardi et la
sensibilisation des éleveurs sur les nouvelles techniques d’élevage afin d’améliorer la
production et donc le niveau de vie des paysans.
Une autre ressource spécifique provient du grand nombre de RME. Ces citoyens,
natifs de la région, qui travaillent à l'étranger, principalement en Italie et en Espagne,
rapatrient des sommes considérables qui ne trouvent pas, faute de stratégie économique
adaptée, à s'investir localement. Ils investissent dans l'immobilier à Casablanca, à Khouribga,
à Settat, à Berrechid ou à Fkih ben Salah. Ils sont pourtant animés du désir de voir leur terre
natale prospérer et déplorent cette situation autant que la population locale. Tous espèrent y
mettre un terme.
Note :
il existe d’autres références qui doivent être exploitées pour pousser plus loin cette
monographie, en l’occurrence les écrits de Tabari, d'al Oufrani , de Mohammed Hassan al
Ouazzane (Léon l'africain) de Marmol , de Diégo de Torres, d’Ennaciri et tout dernièrement
d’un manuscrit de l’ancien chef du Tertib de Settat Paul TORRES.
Rahal KAISSER et la participation de MOUBARIK mustapha
Membres de l’association ABM-DH.