LA TOILETTE, UN ACTE MAJEUR DU PERSONNEL SOIGNANT
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LA TOILETTE, UN ACTE MAJEUR DU PERSONNEL SOIGNANT
169 Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 1999, 138, 169-171 LA TOILETTE, UN ACTE MAJEUR DU PERSONNEL SOIGNANT : UN ACTE À REVALORISER. (*) Nicole GIRE (1) La toilette un acte majeur de la démarche de soins La toilette est un acte infirmier qui peut représenter jusqu'à 70 % des actes en exercice libéral. En moyenne, dans un service de médecine classique, le patient est en relation avec le personnel soignant 35 minutes par jour dont 14 à 18 minutes pour la toilette, 10 minutes pour les soins techniques, un peu moins de 2 minutes pour le kinésithérapeute, le reste pour des soins annexes. La toilette est le soin qui représente le temps maximum passé en contact avec le patient. La toilette un acte banalisé et souvent dévalorisé Cet acte, essentiel à la bonne qualité de vie des personnes âgées, est synonyme non seulement de gestes techniques, mais également d'écoute et de relations humaines. Dans la pratique, il est parfois difficile d'intégrer ces deux dimensions, car la nomenclature ne prend pas en compte cet aspect relationnel. Il est donc important de rendre à ce soin, trop souvent banalisé (*) Manuscrit reçu le 2 Décembre 1999 (1) Infirmière, Bordeaux. 170 par les prescripteurs mais aussi par les bénéficiaires ou leur famille, la noblesse qu'il mérite au même titre que les autres soins. Une démarche d'avenir, la démarche qualité Depuis plusieurs années, la démarche qualité existe dans les entreprises ; les ordonnances Juppé de 1996 l'ont introduit dans le secteur de la santé. La méthodologie empruntée au domaine industriel est riche d'enseignements : — tout d'abord dans la définition de la qualité : " L'aptitude d'un service à satisfaire le client au coût optimum ". Le "client" (patient) est au cœur de la démarche et ses attentes sont primordiales. Ils convient dans le secteur de la santé d'y ajouter les attentes du prescripteur (médecin) et des financeurs (caisses, mutuelles, tutelles). — ensuite dans la méthode : • Analyser les attentes • Définir et écrire ce que l'on doit faire • Vérifier que ce qu'on a fait correspond à ce que l'on a écrit et aux attentes • Corriger et reprendre en boucle itérative. Enfin, comme le dit Bernadette Stinglhamber, présidente de l'Association Francophone Européenne des Diagnostics Infirmiers, la qualité du soin, mieux que n'importe quel discours, sera notre meilleur avocate dans le procès pour "excès de prix" trop souvent intenté à notre profession. À quelles autres attentes peut répondre la toilette ? Bien sûr une toilette c'est répondre à un besoin fondamental d'hygiène. Mais être propre c'est aussi se plaire à soi-même et conserver sa dignité humaine, c'est rester aux yeux de son entourage une personne à part entière. Au-delà de l'aspect de propreté, la toilette est l'occasion de prévenir les dégradations corporelles (prévention d'escarres, mobilisation systématique pour éviter les positions vicieuses, surveillance de l'hydratation ...) et à ce titre participer pleinement à la baisse des coûts par la prévention. 171 C'est également un moment de communication privilégié qui peut permettre au patient de ne pas sombrer dans un syndrome d'immobilisme. La communication non-verbale, et notamment le toucher, est d'autant plus importante lorsque le dialogue n'est plus possible. C'est être partie prenante d'un réseau de santé en remontant les informations nécessaires aux autres intervenants pour optimiser la prise en charge. Si nous nous contentons de limiter notre action à la satisfaction des soins d'hygiène dans le seul objectif de propreté, nous ne satisferons pas l'ensemble des besoins et les contraintes économiques feront que cet acte sera délégué à des prestataires de moins en moins qualifiés. La toilette doit rester le travail de professionnels formés qui intègrent une démarche qualité.