Troisième essai nucléaire de la Corée du Nord : où en est Pyongyang

Transcription

Troisième essai nucléaire de la Corée du Nord : où en est Pyongyang
La chronique de l’Observatoire de la non-prolifération, février 2013
The Non-Proliferation Monthly’s Editorial, February 2013
Troisième essai nucléaire de la
Third North Korean nuclear test :
Corée du Nord :
what is the state of
où en est Pyongyang ?
the North’s programme ?
Par Bernard Sitt, directeur CESIM
By Bernard Sitt, director, CESIM
Il y a deux mois, nous évoquions dans ces colonnes, après la mise sur orbite d’un petit satellite
par la Corée du Nord à l’aide d’un lanceur Unha-3
le 13 décembre, l’éventualité d’un troisième essai
nucléaire.
Comme il fallait s’y attendre, Pyongyang n’a
pas failli à sa politique traditionnelle de provocation. Avec un timing soigneusement calculé, elle a
effectué son troisième essai nucléaire le 12 février, quelques heures avant que Barack Obama
ne prononce son discours annuel sur l’état de
l’Union, quatre jours avant la célébration de l’anniversaire du défunt Kim Jong-il et à la veille de
l’intronisation le 25 février de la nouvelle présidente de la Corée du Sud. De surcroît, cet essai
(voir article en page 7 de ce numéro) est présenté
par le régime comme une réplique aux nouvelles
sanctions adoptées par le Conseil de sécurité le 22
janvier à la suite du lancement Unha-3 de décembre, et il avait été annoncé le 24 janvier.
Mais au-delà de la gesticulation qui l’accompagne, cet essai vient confirmer si besoin
était la détermination de ce pays à développer
une dissuasion nucléaire effective. Certes, le
terme de miniaturisation employé relève au
moins en partie de la propagande (peut-on accomplir une miniaturisation réelle en trois essais
nucléaires, dont le succès est douteux pour un ou
deux d’entre eux ?). Mais les nord-coréens ont
Two months ago, following North Korea’s
Unha-3 launch, which put a small satellite into
orbit, this publication discussed the possibility of
a third North Korean nuclear test.
As expected, Pyongyang remained true to
its traditional policy of provocation. With carefully calculated timing, it carried out a third nuclear
test on the 12th February, just hours after Barack
Obama’s State of the Union address, four days
before former leader Kim Jong-il’s birthday, and
on the eve of the investiture of the new South Korean president on the 25th February. Moreover,
the North Korean regime is billing this test as a
riposte to the new round of sanctions adopted on
by the Security Council on the 22nd January following the Unha-3 launch in December, as it announced on the 24th January (see page 7 of this
issue).
Yet, aside from the associated posturing,
this test confirms, if more confirmation were
needed, the North’s determination to develop an
effective nuclear deterrent. The use of the term
miniaturisation is certainly in part a propaganda
exercise (can actual miniaturisation be achieved
after three nuclear tests, one or two of whose success is highly doubtful?). Nonetheless, North Korea has clearly made progress in developing a nuclear weapon and an intercontinental ballistic
certainement accompli des progrès sur la mise
au point d’une arme. Ils en ont accompli aussi sur
la mise au point d’un missile intercontinental dérivé du Taepodong-2, et ils ont promis d’effectuer
d’autres tirs balistiques. Sans aucun doute, même
s’ils sont vraisemblablement encore loin de disposer d’une capacité nucléaire opérationnelle ainsi que nous le disions, leur détermination leur
permet d’accomplir des progrès, et ils ne donnent
aucun signe de vouloir s’arrêter en chemin.
Face à ce constat, que peut faire la communauté internationale au-delà des régimes de sanctions existants ou à venir ? Pas grand-chose sans
doute.
La Chine, qui continue de soutenir Pyongyang et qui pouvait par le passé avoir quelque
influence, a exprimé son fort mécontentement
mais à l’évidence n’a pas de prise sur Kim Jongun. Les pourparlers à six n’ont guère de chance
de reprendre, car le désarmement nucléaire de la
Corée du Nord n’est plus d’actualité, et l’accord
de février 2007 est resté lettre morte, ainsi d’ailleurs que le cadre agréé de septembre 2005 qui
en établissait l’ensemble des préliminaires et qui
prévoyait entre autres la normalisation des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. De fait,
toutes les négociations entreprises avec la Corée
du Nord depuis le milieu des années quatre-vingt
-dix se sont soldées par des échecs. Et les EtatsUnis sont moins que jamais en mesure de mener
un dialogue bilatéral constructif et de le faire
aboutir. L’Union européenne, pour sa part, n’a pu
qu’adopter un train de sanctions additionnelles.
Face à la communauté internationale, la
résilience du pouvoir nord-coréen, à la tête d’un
pays ruiné, ne lasse pas de surprendre. Le maintien du soutien de la Chine y est assurément pour
quelque chose, tant il est vrai que son aide massive assure la survie du régime. Dans le contexte
actuel de distension des relations entre Pékin et
Pyongyang, le moment n’est-il pas venu de dialoguer autrement avec la Chine sur ce problème, et
d’inventer une autre approche ?
Retrouvez chaque mois l’Observatoire de la nonprolifération sur www.cesim.fr
missile derived from the Taepodong-2, and has
promised to carry out further ballistic launches.
Without a doubt, even if the North is a long way
from possessing what we would consider an operational nuclear capability, its determination has
helped it to make progress, and the country
shows no signs of wanting to change course.
In light of this fact, what can the international community do beyond existing and future
sanctions regimes? Doubtless very little.
China, which continues to support the
North and which has been known in the past to
exert influence on Pyongyang, has expressed its
firm displeasure as to the North’s activities but
appears to have no leverage over Kim Jong-un.
The Six-Party talks have little chance of being revived, as North Korean nuclear disarmament is
no longer on the table, and the February 2007
agreement has failed to get out of the starting
blocks, as has the framework agreed in September 2005 which established the preliminary steps
for disarmament and which envisaged, among
other elements, the normalisation of diplomatic
relations with the United States. Indeed, all the
negotiations opened with the North since the mid
1990s have come to nothing, and the United
States is in less of a position than ever to undertake a constructive bilateral dialogue that produces tangible results. For its part, the European Union can do no more than adopt further rounds of
sanctions.
The resilience of the North Korea leadership, heading up a devastated country, in the face
of the international community does not cease to
amaze. Maintaining China’s support is clearly a
factor in this respect, since the huge amounts of
Chinese aid assures the regime’s survival. In the
current climate of straining relations between
Beijing and Pyongyang, is it not time to change
tack with China with regard to North Korea and
develop a fresh approach?
Read the Non-Proliferation Monthly at www.cesim.fr

Documents pareils