ARCHIPEL DES AÇORES, MODE DLEMPLOI !

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ARCHIPEL DES AÇORES, MODE DLEMPLOI !
croisière
Archipel des Açores,
mode d’emploi !
J’étais parti pour une balade ensoleillée, j’associais anticyclone des Açores avec pétole, je me
voyais errant de mouillage en mouillage. Je n’avais pas tout faux, ça on ne peut pas le dire,
mais j’avoue que j’étais loin d’avoir tout bon !
L’archipel des Açores se trouve sur la dorsale médio-atlantique, entre l’Europe et les
Amériques. Pas tout à fait au milieu de nulle part parce que sur la route Caraïbe – Europe.
L’anticyclone qui lui doit son nom influence favorablement les conditions météo dans
l’archipel de fin juin à fin août, période où statistiquement l’anticyclone se centre sur les
îles. Le reste de l’année, il se décale vers l’ouest ou le nord et les îles se trouvent dans un
vigoureux flux de SW ou NE et représentent un parfait piège pour l’humidité de l’atmosphère
qui s’agglutine alors formant une dense couverture nuageuse et pluvieuse.
Et cela peut durer des semaines…
Photos © Michel Tordoir
C
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oncernant la navigation, le
relief de ces îles volcaniques
crée une zone perturbée où
s’amusent rafales, contrevents, rotations et calmes plats. Pas facile à gérer.
Et comme si cela ne devait pas suffire,
ce même genre de relief, mais sousmarins cette fois, agite les eaux créant
courant et contre-courant, tourbillons
et mer hachée, agitée. Puis, côté
frissons, je peux encore vous dire
qu’en cas de coup de vent, la houle
associée permet à certains écueils normalement situés à quelques mètres de
profondeur de venir respirer l’air. Certaines de ces roches se trouvent à des
dizaines de milles de toutes terres. Pas
besoin de dire qu’elles sont dangereuses et que tous les guides nautiques
les mentionnent.
Bon, si vous n’avez pas renoncé à la
lecture de cet article à cause de ce
préambule peu avenant, mais réel,
venez, je vous emmène par la plume
du beau côté du décor. Hé oui, comme
toujours, les médailles ont leur revers,
les feuilles de papier leur verso, la lune
sa face cachée, et la navigation son
côté magique.
Il suffit d’attendre que le plafond nuageux accroché à 50 mètres d’altitude
soit déchiré par le beau temps et que
le vent devienne maniable ; alors, que
la fête commence ! Le ciel bleuit, la
température se cale à 20°-25°C, la vie
du marin se fait paisible.
Les îles s’étendent sur 300 milles estouest et 170 milles nord-sud. Elles
se rassemblent en trois groupes. À
l’ouest Flores et Corvo, dépaysement
et solitude assurée. Au centre, Faial,
Pico, Sao Jorge, Graciosa et Terceira, c’est le plus connu et il y a en
cela de bonnes raisons ! À l’Est, Sao
Miguel et Santa Maria qu’il serait
dommage de rater. Toutes valent vraiment la peine d’une visite, mais en
même temps, je trouve qu’il vaut
mieux prendre le temps d’apprécier
un lieu plutôt que de courir de l’un à
l’autre et tout rater. Alors, en fonction
du temps que vous passerez sur place,
vous verrez une ou deux îles, ou 5, ou
9 ! Quelle importance…
Que choisir ? Bien sûr il y a Horta,
sur Faial. L’escale réputée incontournable. Ceci dit, c’était vrai du temps
où Horta était l’unique baie un peu
abritée de l’archipel, à tel point que
l’historique et Anglaise Compagnie
du Câble y avait situé sa base atlantique. Et c’était tout aussi logique du
temps où la baie hébergeait l’unique
vrai port du coin. Aujourd’hui, je ne
sais quel peut être l’intérêt d’aller
s’entasser jusqu’à 5 à couple dans
une marina au confort assez sommaire, dans une île qui n’est pas la
plus belle, alors que d’autres marinas, modernes et accueillantes, sises
à côté d’aéroports internationaux,
possédant magasins, voire shipchandlers, existent. À part aller à Horta
• Horta, île de Faial
• Le Pico de Faial
• L’île de Santa Maria au petit matin
• P ufins cendrés
• Dauphin lagenorhynque a flancs blancs
pour aller boire un verre au « Café
des Sports », chez Peter, je ne pense
pas que cette escale soit encore
« obligatoire ». Pour l’escale technique, je pense au grand port de Ponta
Delgada sur Sao Miguel qui pour
moi devrait être considéré comme
l’escale par défaut des Açores. Ou
alors, mais sans shipchandler, il y
a Terceira (Angra do Heroismo ou
Praia da Vitoria) qui permettra un
changement d’équipage sans problème grâce à l’aéroport international.
Ces deux îles, et surtout Sao Miguel,
ayant en plus un attrait touristique et
une nature intéressante.
• L’île de Sao Jorge
• Ilheus das Cabras
Si les récits de voyage évoquent les
mouillages açoréens, les temps ont à
ce sujet bien changé. Dans presque
toutes les baies où un mouillage était
possible, les années 2000 ont vu se
construire des marinas, petites, moyennes ou grandes. Maintenant il est
possible d’aller s’amarrer sur catway
et prendre une douche pour ainsi
dire partout. Vouloir encore aller au
mouillage ne pourra se faire que dans
des lieux retirés, loin de tout, de manière précaire et en gardant la météo bien
à l’œil. Faut-il s’en plaindre ? Je pense
que non ; je pense que pour certaines
des raisons déjà évoquées, le gros
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croisière
Archipel des Açores,
mode d’emploi !
L’archipel des Açores
en (très) bref :
• Santa Maria - Vila do Porto
tourisme de masse n’existera pas aux Açores,
alors pourquoi refuser ces facilités : eau, électricité, wi-fi, douches…
Côté nature, on ne va pas aux Açores pour
jouer avec les oiseaux de mer. À part le puffin
cendré qui y est basé, ce que l’on y rencontre
sont les traditionnels goélands et sternes. En
revanche, avec un peu de chance, dauphins,
baleines et cachalots seront au rendez-vous des navigations. On peut aussi espérer
avoir la joie d’une rencontre avec une tortue marine. Les escales offrent des possibilités infinies de promenades. On se balade dans les îles en voiture de location et
en bus, et de nombreuses promenades pédestres dans des forêts subtropicales ou
autour de lac de montagne sont possibles. De rares plages permettent la baignade,
mais attention aux courants et aux méduses, les deux peuvent être dangereux.
En conclusion
Allez-y vous ne serez pas déçu. L’archipel des Açores est aujourd’hui un lieu touristique, mais pas trop, où l’escale n’est franchement pas difficile, où les balades peuvent
être grandioses et où y faire de la voile oscille entre paisible navigation estivale et
sportif combat. La balade d’île en île permet de rencontrer des voyageurs intéressants
qui ont chacun leur histoire, toute différente les unes des autres. Les Açores sont
un vrai carrefour de routes et il n’est pas rare que l’escale se prolonge des années.
Plusieurs bateaux se sont même arrêtés pour
• Sao Miguel - Ponta Delgada
ne plus jamais repartir, pour le plus grand
bonheur de gens qui ont trouvé leur juste équilibre, beau temps – mauvais temps, pas trop
chaud pas trop froid, bout du monde – mais
on a de tout, pas de foule, et surtout des îliens
très accueillants. Et, cerise sur le gâteau, on y
mange bien des produits naturels.
• Michel Tordoir
• Sao Miguel - Lac bleu et lac vert
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➤ Y aller
Lapalissade : attendre un bon gros
anticyclone coincé sur l’Europe
continentale et profiter de son flux
NE pour démancher, dégolfer et
accrocher les alizés portugais, vent
principalement du nord le long des
côtes portugaises. Sinon… tirer des
bords ! En fait, faire autant que
possible, une route directe. L’orthodromie depuis la Belgique est de
quelque 1.500 milles.
➤ Y vivre
L’euro est la monnaie qui a cours, les
Açores, îles portugaises font partie
de l’Union Européenne. Les cartes
bancaires y sont acceptées comme
chez nous, la vie n’y est pas chère,
surtout dans les restaurants et épiceries locales. Charcuteries et fromages
n’ont rien à envier à leurs équivalants
d’outre-océan. En revanche le vin, s’il
se vend entre l’euro et les 5 euros la
bouteille, s’il se laisse boire, il n’a rien
pour moi d’un vin raffiné.
On y loue des voitures sans problème,
avions et ferry desservent toutes les
îles avec 3 aéroports internationaux,
vols quotidiens : Terceira, Faial et
Sao Miguel.
La langue est portugaise, avec des
accents différents d’île en île, mais
on s’habitue. Si l’on parle espagnol
on est généralement compris, sinon
pas mal de gens maîtrisent soit le
français soit l’anglais.
➤ En revenir
Facile : route plein nord voir NW
dans de la brisette d’Est voire NE, et
quand on croche les vents d’ouest,
retour à la maison, fouette cocher
c’est la grande cavalcade, bien viser,
Scilly à bâbord, Ouessant à tribord
et tout est bon. Il y a bien quelques
petites variantes, mais si l’on ne
traîne pas trop en saison, cela devrait
bien se passer. En fait on estime que
pour la mi-août il faut avoir quitté les
îles. Après, arrive l’époque de l’année où les coups de vents atlantiques
prennent trop souvent leur costume
de tempête.
• M.T

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