11 Les seyt dernieres yaro{es de Christ

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11 Les seyt dernieres yaro{es de Christ
Les seyt dernieres
11 yaro{es
de Christ
EN RAISON DES DOULEURS que lui inflige la crucifixion,
Christ parle
avec beaucoup de difficulte au cours des demieres heures de sa
vie. L'Ecriture ne rapporte que sept breves paroles du Seigneur en
croix. Mais chacune d' elles, riche en signification, revele que Christ
demeure souverainement Maitre de tout, meme en mourant.
UNE PRIERE DE PARDON
La premiere est une demande de misericorde en faveur de ses
tortionnaires. Luc precise que, peu apres I' erection de la croix a
Golgotha - tandis que les soldats se partagent encore ses
vetements en les tirant au sort -, Jesus demande effectivement a
Dieu de leur pardonner : « Lorsqu'ils furent arrives au lieu appeIe
Crane, ils le crucifierent la, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un a
droite, l' autre a gauche. Jesus dit : Pere, pardonne-Ieur, car ils ne
savent ce qu'ils font» CLuc 23.33,34a).
Rappelons-nous ce que J. C. Ryle a ecrit a ce sujet : «Le
Seigneur prononce probablement ces paroles au moment meme Oll
on le c10ue a la croix, ou aussitot que la croix est mise debout. On
remarquera un fait interessant : Des que le sang du grand Sacrifice
se met acouler, le grand Souverain Sacrificateur se met a interceder. »
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Le meurtre de Jesus
Tandis qu'on se moque de lui - et que les railleries sont a leur
paroxysme -, Christ reagit precisement al' oppose de la plupart des
hommes. Plutot que de proferer des menaces, des ripostes et des
injures al' endroit de ses ennemis, il prie Dieu en leur faveur.
Comme nous l' avons vu par tant de details entourant la mort
de Jesus, cette intercession sacerdotale en faveur de ses propres
assassins accomplit une propMtie de l' Ancien Testament: « parce
qu'il s' est livre lui-meme ala mort, et qu' il a eM mis au nombre des
malfaiteurs, parce qu'il a porte les pecMs de beaucoup d'hommes,
et qu 'il a intercede pour Zes coupabZes » (Esale 53.12, italiques
pour souligner). Or, ce geste d'intercession renferme tout le sens
de la croix : « Dieu, en effet, n' a pas envoye son Fils dans le monde
pour qu'iljuge le monde, mais pour que le monde soit sauve par
lui » (Jean 3.17). II est certain qu' asa place, tout homme mortel
n' aurait que malediction et injures aproferer contre ses assassins.
On pourrait meme croire que Dieu incarne souhaiterait frapper de
tels hommes d'un effroyable jugement. Mais Christ se trouve en
mission de misericorde. II est en train de mourir pour acheter le
pardon de Dieu en faveur des pecheurs. Et, ici, au pire de l' agonie,
il a le creur rempli de compassion.
La phrase « car ils ne savent ce qu'ils font» ne suggere pas
qu'ils ignorent etre en train de pecher. L'ignorance n'absout
personne du pecM. Ces personnes agissent par mechancete, et le
savent, pour la plupart pertinemment. Pilate a lui-meme temoigne
de l'innocence de Jesus. Le sanMdrin est parfaitement con scient
de l'impossibiliM de porter des accusations legitimes contre Christ.
Meme si les soldats et la foule peuvent aisement discerner la grande
injustice qui lui est faite, tous se mettent joyeusement de la partie.
Rappelons-nous que bon nombre d' entre les spectateurs qui sont
venus aGolgotha pour railler Christ l' ont pourtant entendu enseigner
et vu accomplir des miracles. lIs ne peuvent reellement croire en
leur for interieur qu'il merite de mourir de cette fa<;on. Leur
ignorance en soi est inexcusable, et ne les absout certainement pas
de leur conduite reprehensible.
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Les sept dernieres paroles de Christ
Ce qu'ils ignorent, c' est l' enonnite de leur crime. lls ne realisent
pas qu'ils sont, en fait, en train de crucifier Dieu le Fils. lls sont
spirituellement insensibles, car ils prererent les renebres a la lurniere.
Ainsi, ils ne se rendent pas compte que celui-Ia meme qu' ils mettent
a mort est nul autre que la Lumiere du monde : « S' ils l' avaient
connue [la sagesse], ils n'auraient pas crucifie le Seigneur de
gloire» (1 Corinthiens 2.8b).
Comment Dieu exauce-t-ilIa priere de Jesus ? De nombreuses
manieres. La premiere reponse prend la forme de la conversion
d'un des brigands crucifies aux cores de Jesus (Luc 23.40-43).
Puis Christ obtient une deuxieme reponse, en la conversion d'un
centenier, soit un des soldats qui l'ont crucifie (v. 47). II recevra
aussi d' autres reponses a cette priere au cours des semaines et
des mois qui suivront sa crucifixion - en particulier lors de la
Pentecote -lorsque, a Jerusalem, d'innombrables personnes se
convertiront a Christ. Plusieurs d' entre elles feront indubitablement
partie de celles qui ont revendique la mort de Jesus et qui l'injurient
maintenant en se tenant au pied de sa croix. Actes 6.7 nous indique,
par exemple, qu'un grand nombre de sacrificateurs professeront
Jesus comme leur Seigneur.
11 importe que nous comprenions que la demande de pardon
qu'adresse Jesus en faveur de ses assassins ne garantit pas le
pardon immediat et inconditionnel de tous ceux qui auront participe
a sa crucifixion. En fait, il prie ici en faveur de tous ceux qui se
repentiront et le reconnaitront comme leur Seigneur et leur
Sauveur. Sa priere, c' est que, lorsqu'ils auront realise l' enormite
de leur mauvaise conduite et qu' ils auront implore le Pere celeste
de leur pardonner leur peche, Dieu ne leur en veuille pas d' avoir
assassine son Fils bien-aime. Dieu n' accorde jamais son pardon
a ceux qui persistent dans l'incredulite et le peche. La priere de
Jesus ne change rien au fait que Dieu ne saurait absoudre
automatiquement quiconque s' entete a haIr son Fils. Par contre,
tous ceux qui se repentent et demandent pardon, a l'instar du
centenier, du brigand crucifie, des sacrificateurs et des gens de la
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Le meurtre de Jesus
foule qui l' ont fait, obtiendront une grace surabondante en reponse
a la requete de Christ en leur faveur.
La priere de Jesus constitue un gage de misericorde pour tous
ceux qui l' ecoutent. 11 prie a haute voix dans leur interet
(cf. Jean 11.42). En fait, leur peche est si inconcevablement odieux
que, si les temoins ne l'entendaient d'eux-memes prier pour le
pardon de ses assassins, la plupart risqueraient de presumer qu' ils
ont commis un delit impardonnable.
Le pardon pour lequel Christ prie ici, Dieu l' offre gratuitement
(Apocalypse 22.17) et avec empressement a tous les pecheurs
repentants. (Le pere du fils prodigue personnifie d' ailleurs ce Dieu
qui pardonne avec empressement.) Jesus intercede pour que tout
pecheur soit reconcilie avec Dieu (2 Corinthiens 5.20 ;
EzechieI18.3-32 ;Actes 17.30). Surceux qui sereconcilient avec
lui, Dieu promet de deverser abondamment son pardon, une offre
qu'il etend meme aceux qui ont pris part al'assassinat de Jesus.
UNE PROMESSE DE SALUT
La deuxieme parole que Christ prononce sur la croix marque le
premier exaucement glorieux de la priere qu'il a faite pour le pardon
de ses assassins, et demontre toute la generosite avec laquelle ce
pardon est accorde, meme aux plus improbables des beneficiaires.
Au fil des heures d' agonie qui s' egrenent sur la croix, il s' opere
un changement de creur chez un des deux brigands qui se moquaient
de Christ plus tot. On ne mentionne pas la raison de ce changement.
Peut-etre le brigand a-t-il entendu la demande de misericorde de
Jesus et en a-t-il ete touche, realisantde coup qu'elle s'appliquait
a lui. Mais qu' importe ce qui le pousse maintenant a retoumer sa
veste, il s' agit d'un miracle extraordinaire.
Notons que l'homme en question est sans contredit une des
personnes les plus profondement degenerees qui se trouvent la.
Lui et son complice sont des criminels professionnels, des hommes
qui ont voue leur vie aux vols et aux mefaits. Le fait qu' ils emploient
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leurs toutes demieres forces pour railler Christ trahit le caractere
visceral de leur mechancete. De toute evidence, ils savent Jesus
innocent, puisque le brigand penitent finit par reprimander ainsi son
acolyte:« mais celui-ci n'arien fait de mal» (Luc 23.41b). Reste
qu' avant qu 'un d' eux ne se repente, ils le couvraient tous deux de
ridicule et de mepris.
Mais, ici, un des brigands se tait, et sa prise de conscience
l' amene se repentir, ce qui changera completement son creur.
Tandis qu' il examine Jesus, en train de supporter toutes sortes de
mauvais traitements avec une telle patience - sans jamais injurier
ses tortionnaires -, le brigand commence voir que ce Jesus est
bel et bien qui il dit etre. Son changement immediat de conduite fait
d' ailleurs la preuve de sa repentance, car ses insultes se changent
en louanges pour Christ.
D' abord, il reprend son partenaire de crime : « Ne crains-tu
pas Dieu, toi qui subis la meme condamnation ? Pour nous, c' est
justice, car nous recevons ce qu' ont merite nos crimes; mais celui-ci
n'a rien fait de mal» (Luc 23.40,41). Ce faisant, il confesse sa
propre culpabilite et reconnait qu' il merite la peine qu'il subit. De
meme qu'il affrrme l'innocence de Christ.
Puis il se toume vers Jesus et le confesse comme Seigneur :
« Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton regne » (v. 42).
A cette confession du brigand, reconnaissant Jesus comme
Seigneur et Roi, succede immediatement la deuxieme des sept
demieres paroles de Christ: « Jesus lui repondit : Je te le dis en
verite, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (v. 43).
Aucun pecheur n' a j amais re<;u confirmation plus explicite de
son salut. Ce saint des plus invraisemblable se voit ainsi accueillir
instantanement et inconditionnellement dans le royaume du Sauveur.
L'incident constitue une des illustrations bibliques parmi les plus
extraordinaires de la verite de la justification par la foi. Cet homme
n'a rien fait pour meriter le salut. 11 n'est certes pas en position
d' agir de maniere meritoire. Etant lui-meme l' agonie, il n' a aucun
espoir de gagner la faveur de Christ. Mais realisant qu'il se trouve
a
a
a
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clans une situation tout a fait desesperee, le brigand sollicite un simple
petit gage de misericorde aupres de Christ: « Souviens-toi de moi ».
Au seuil de la mort, epuise et desespere, il demande une
demiere petite faveur, qu'il saitne pas meriter. Sarequete rappelle
la complainte du publicain, qui « n' osait meme pas lever les yeux
au ciel ; [et qui] se frappait la poitrine, en disant : 6 Dieu, sois
apaise envers moi, qui suis un pecheur» CLuc 18.13). Pour qu'un
homme re<;oive la vie etemelle et soit accueilli dans le royaume de
Dieu, cela doit se faire par le merite d'un autre. Et pourtant, dans
les deux cas, Jesus accorde sur-le-champ la pleine assurance d'un
pardon total et de la vie etemelle. Ce sont la des preuves c1assiques
de ce que la justification s' obtient par le seul moyen de la foi.
Jesus fait ici au brigand a l' agonie une promesse incroyable,
celle de lui pardonner inregralement et d' effacer toutes les mauvaises
actions qu'il a pu commettre. 11 n' est pas tenu d' expier ses propres
pecMs, ni de faire penitence ni d' accomplir un que1conque rituel.
11 ne se fait pas condarnner au purgatoire - bien que, s' il existait un
tellieu et si les doctrines dont s' accompagne invariablement la
croyance dans le purgatoire etaient veridiques, cet homme devrait
indubitablement y purger une tres longue peine. Mais, au lieu de
cela, il re<;oit un pardon total, gratuit et immediat : « aujourd' hui
tu seras avec moi dans le paradis ».
C' est tout ce que Christ lui dit. Et c' est tout ce que le brigand a
besoin d' entendre. 11 ressent encore d'horribles douleurs physiques,
mais son ame est desormais purgee de la misere. Pour la premiere
fois de sa vie, il est soulage du fardeau de ses pecMs. Le Sauveur, a
ses cotes, le porte a I' instant meme a sa place. Le brigand est donc
maintenant revetu de la justice parfaite de Christ. Bientot, ils seront
ensemble au paradis, car Christ lui en a donne sa parole.
UNE ATTENTION POUR SA MERE
Les ennemis de Jesus ne sont pas les seuls spectateurs presents
a la croix. Tandis que la nouvelle de l'arrestation et de la
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Les sept dernieres paroles de Christ
condamnation a mort de Christ par le sanhedrin circule dans
Jerusalem, quelques-uns de ses proches viennent I' entourer. Voici
comment Jean decrit la scene: « Pres de la croix de Jesus se
tenaient sa mere et la sreur de sa mere, Marie, femme de Clopas,
et Marie de Magdala» (Jean 19.25). Certains interpretes croient
que Jean ne mentionne ici que trois femmes, et que« la sreur de sa
mere» et« Marie, femme de Clop as », ne forment qU'une seule
personne. Mais cela signifierait que ces deux sreurs s' appelleraient
Marie, ce qui semble tres improbable. On dirait plutot que Jean
precise qu'il y a la trois femmes nommees Marie (la mere de Jesus,
Mme Clopas et Marie de Magdala), ainsi qU'une quatrieme femme
(la sreur de Marie) dont il ne cite pas le nom - mais il se peut qu' il
s'agisse de Salome, la mere de Jean et de Jacques. Jean indique
egalement, dans le verset 26, qu'il est lui-meme present, se
designant, comme ille fait toujours dans son Evangile, sous
l'appellation« le disciple que Jesus aimait» (cf. Jean 21.20-24).
En regardant mourir Jesus, ses proches doivent affreusement
souffrir. Mais jamais autant que ne do it souffrir Marie, sa mere
terrestre. Rappelons-nous les paroles que le prophete Simeon lui a
adressees bien des annees plus tot, a la naissance de Jesus: « Voici,
cet enfant est destine a amener la chute et le relevement de beaucoup
en Israel, et a devenir un signe qui provoquera la contradiction, et
atoi-meme une epee te transpercera l' ame, afin que les pensees
de beaucoup de creurs soient devoilees » (Luc 2.34,35, italiques
pour souligner). Or, l'epee dont lui a parle Simeon lui perce
maintenant le creur, tandis qu' elle regarde mourir son Fils mne.
EIle l'a eleve depuis l'enfance. Connaissant sa perfection
absolue mieux que quiconque, eIle se tient la, a regarder son Fils
se faire mepriser, raiIler et maltraiter crueIlement par la foule. Le
corps emacie et sanglant du malheureux agonise sur la croix, et elle
ne peut rien y faire. On ne saurait imaginer la tristesse et la douleur
qu' eIle doit ressentir. Et pourtant, plutot que de s' effondrer, de
s'abandonner a l'hysterie, de s'enfuir horrifiee ou de perdre
connaissance, elle se tient la. Quel exemple de courage !
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Le meurtre de Jesus
Or, la voyant ainsi affiigee, Jesus lui destine la troisieme parole
qu'il prononce sur la croix, une parole empreinte du tendre amour
d' un Fils pour sa mere : « Jesus, voyant sa mere, et aupres d' elle
le disciple qu' il aimait, dit a sa mere: Femme, voila ton fils. Puis il
dit au disciple : Voila ta mere. Et, des ce moment, le disciple la prit
chez lui» (Jean 19.26,27). En laconfiantainsi a Jean, Jesus assure
amoureusement a sa mere un avenir sur, car Jean prendra soin
d'elle dans ses vieuxjours.
n s' agit d'un beau geste, qui en dit long sur la nature personnelle
de l' amour de Jesus. Bien qu'il soit en train de mourir de la pire
des morts, Jesus, le Roi de l'amour, fait abstraction de lui-meme
pour repondre aux besoins terrestres de ceux qui l' entourent. Ainsi,
bien qu'il se trouve au creur meme de l' evenement le plus important
de l' histoire de la redemption, il n' oublie pas de voir aux besoins
d'une femme, sa mere.
n l'interpelle en l'appelant « femme ». Nulle part dans les
Evangiles Jesus l'appelle-t-il« mere », mais toujours« femme ».
Notons qu'il ne lui manque pas ainsi de respect, mais qu'il souligne
le fait qu'il est pour Marie bien plus qu'un Fils. 11 est son Sauveur
egalement (cf. Luc 1.47). Marie n'est toutefois pas une
co-redemptrice sans peche. Elle depend tout autant de la grace divine
que le plus viI des pecheurs, si bien qu'une fois que Christ a atteint
l' age adulte, sa relation avec lui est devenue la meme que celle de
tout croyant obeissant au Seigneur. Elle est un disciple; il est le Maitre.
Christ a lui-meme reprimande ceux qui souhaitaient venerer
Marie : « Tandis que Jesus parlait ainsi, une femme, elevant la voix
du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t' a porte ! heureuses
les mamelles qui t' ont allaite ! Et il repondit : Heureux plut6t ceux
qui ecoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »(Luc 11.27,28.)
Si Marie est benie, c' est parce qu' elle obeit a la Parole de Dieu comme c' est le cas de tout croyant. Son statut de mere du Christ
ne s' accompagne d' aucun titre special, tel que co-mediatrice, reine
des cieux, ou toute autre forme de deification qu' on a pu associer
au concept populaire de Marie par superstition medievale.
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Les sept dernieres paroles de Christ
Pour dire les choses bien c1airement : C' est pure id6latrie que
d' accorder a Marie des honneurs, des titres ou des attributs qui
font d' elle l' egale de Dieu dans l' reuvre redemptrice de son Fils ou
qui l' amenent a etre veneree.
Quoi qu'il en soit, Christ a aime et honore sa mere en tant que
mere. II a obei au cinquieme commandement aussi parfaitement
qu'il a obei a tous les autres. Or, quand il s'agit d'honorer ses
parents, on doit notamment prendre soin d' eux dans leur vieillesse.
Responsabilit6 que Christ n' a pas negligee.
Le fait, ici, que Jesus ne confie pas sa mere a ses propres
demi-freres peut etre significatif. Marie est manifestement veuve a
ce stade-ci. On ne dit plus rien de Joseph apres les recits des
Evangiles qui rapportent la naissance et l' enfance de Jesus. II est
apparemment mort avant que Jesus n' entame son ministere public.
Mais l':Ecriture laisse entendre qu' apres la naissance de Jesus, Marie
et Joseph ont entretenu des relations conjugales normales a tous
egards (Matthieu 1.25). Contrairement ace qu' affirme I'Eglise
catholique romaine, l'Ecriture ne nous permet pas de croire que
Marie soit demeuree vierge a perpetuite. En fait, les Evangiles
dec1arent c1airement que Jesus avait des freres (Marc 3.31-35 ;
Luc 8.19-21 ; Jean 2.12). Matthieu en precise meme les noms:
« Jacques, Joseph, Simon et Jude » (Matthieu 13.55). lIs sont en
fait les demi-freres de Jesus, les enfants naturels de Marie et de
Joseph.
Pourquoi Jesus ne choisit-il pas ici de confier sa mere a un de
ses propres freres ? Parce que, selon Jean 7.5,« ses freres non
plus ne [croientJ pas en lui ». lIs ne deviendront croyants que
lorsque Jesus ressuscitera d' entre les morts, ce pourquoi il est ecrit
qu'ils seront du nombre de ceux qui se seront reunis pour prier
dans la chambre haute lorsque le Saint-Esprit descendra le jour de
la Pentec6te : « Tous d'un commun accord perseveraient dans la
priere, avec les femmes, et Marie, mere de Jesus, et avec les freres
de Jesus» (Actes 1.14, italiques pour souligner). Mais ici, au jour
de la mort de Jesus, ils ne sont manifestement pas encore convertis.
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Le meurtre de Jesus
Voila donc pourquoi, en mourant sur la croix, Jesus confie sa mere
a Jean, son bien-aime disciple.
UNE REQUETE ADRESSEE AU PERE
La quatrieme parole que prononce Christ sur la croix est de loin la
plus riche en mystere et en signification. Ace sujet, Matthieu ecrit :
« Depuis la sixieme heure jusqu' a la neuvieme, il y eut des tenebres
sur toute la terre. Et vers la neuvieme heure, Jesus s'ecria d'une
voix forte: Eli, Eli, lama sabachthani ? c'est-a-dire : Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonne ? »(Matthieu 27.45,46.)
Jesus peut sembler a priori reciter tout simplement le
Psaume 22.2 (<< Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m' as-tu
abandonne ? Et t' eloignes-tu sans me secourir, sans ecouter mes
plaintes ? »). Mais etant donne que tout le Psaume 22 constitue une
propMtie detaill6e sur la crucifixion, il vaut peut-etre mieux considerer
le psaume comme anticipant prophetiquement le cri du creur que
Jesus allait laisser echapper au moment de porter les peches du
monde sur la croix. II ne s' agit donc pas d'une simple recitation.
Certains commentateurs se donnent beaucoup de mal pour
expliquer ce que Jesus veut dire par la. lIs ne peuvent concevoir
que Jesus se sente abandonne sur la croix - et encore moins que
Dieu abandonne son Fils d'une quelconque maniere. lIs insistent
donc pour dire que Jesus ne fait que reciter les Ecritures, plut6t
qu' exprimer ce qu' il res sent au plus profond de son creur.
Mais cette theorie trahit une grande incomprehension de ce
qui se passe ici. Pendu a la croix, Christ est en train de porter les
peches du monde, de mourir a la place d' autrui. II prend sur lui la
culpabilite de leurs peches, et subit a leur place le chatiment
qu' encourent leurs peches. Or, I' essence meme de ce chatiment
consiste pour lui a essuyer la colere de Dieu contre les pecheurs.
D'une maniere mysterieuse, durant les heures d'horreur que Jesus
passe sur la croix, le Pere deverse sur lui, son propre Fils bien-aime,
toute la colere que lui inspirent les pecMs du monde.
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Les sept dernieres paroles de Christ
Voila tout le sens de la croix. Ceux qui tentent d' expliquer
l' reuvre expiatoire de Christ d' une quelque autre fa<;on finissent
inevitablement par en annuler totalement la verite. Christ ne nous a
pas simplement donne ainsi un exemple a suivre. 11 n' etait pas un
simple martyr, que Dieu a sacrifie a la mechancete des hommes qui
l' ont crucifie. 11 ne faisait pas simplement une demonstration en
public, pour que les gens realisent toute l'horreur du peche. 11
n' offrait pas la une ran<;on a Satan. Ni aucune autre explication
que les religieux liberaux, les membres d'une secte ou les faux
chretiens ont pu avancer au cours des annees.
Voici ce qui se passe sur la croix : Dieu est en train de punir
son Fils comme s' il avait lui-meme commis chacune des mauvaises
actions que chaque pecheur repentant a pu commettre. Et ill' a fait
pour pouvoir pardonner aces rachetes et les traiter comme s'ils
avaient vecu la meme vie de justice parfaite que Christ.
Cela, l':Ecriture l' enseigne explicitement, comme le demontrent
les citations qui suivent. « Celui qui n' a point connu le pecM, ill' a
fait devenir peche pour nous, afin que nous devenions en lui
justice de Dieu» (2 Corinthiens 5.21).« Cependant, ce sontnos
souffrances qu'il a portees, c' est de nos douleurs qu'il s' est charge;
et nous l' avons considere comme puni, frappe de Dieu, et humilie.
Mais il etait blesse pour nos peches, brise pour nos iniquites ; le
chatiment qui nous donne la paix est tombe sur lui, et c' est par ses
meurtrissures que nous sommes gueris »(Esrue 53.4,5). « Quoiqu'il
n' ait point commis de violence et qu' il n' y ait point eu de fraude
dans sa bouche. 11 a pIu a l'ETERNEL de le briser par la souffrance ...
[afin de livrerJ sa vie en sacrifice pour le peche» (v. 9b,lOa).
« Le Messie sera retranche, et il n' aura pas de successeur »
(Daniel 9 .26a). « Car - chose impossible a la loi, parce que la chair
la rendait sans force, - Dieu a condarnne le pecM dans la chair, en
envoyant, a cause du pecM, son propre Fils dans une chair semblable
a celle du pecM » (Romains 8.3). « Christ nous a rachetes de la
malediction de la loi, etant devenu malediction pour nous - car il est
ecrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Galates 3.13).
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Le meurtre de Jesus
« Christ aussi a souffert une fois pour les pecMs, lui juste pour des
injustes, afin de nous amener aDieu ; il a ete mis a mort quant a la
chair» (1 Pierre 3.18).« llestlui-memeunevictimeexpiatoirepour
nos peches » (l Jean 2.2a).
Le syntagme victime expiatoire designe une offrande destinee
a satisfaire Dieu. C' est donc dire que la mort de Christ a servi a
rassasier Dieu au nom de ceux qu'il a rachetes. Rappelons-nous
ceci : « 11 a piu a l'ETERNEL de le briser » (EsaIe 53.10, italiques
pour souligner). Dieu le Pere a vu l'ame de son Fils au travail, ce
qui l' a rassasie (v. 11). Christ a donc expie les peches en versant
son sang (Romains 3.25 ; Hebreux 2.17).
Sur la croix, c' est la propre colere de Dieu contre le pecM, la
propre droiture de Dieu et le propre sens de la justice de Dieu que
Christ a rassasies. En versant son sang, il s'est offert a Dieu en
guise de victime expiatoire pour les pecMs. Par sa mort, il n' a pas
satisfait publiquement a la justice de Dieu, ni verse a Satan la ran<;on
des pecheurs. Ni Satan ni personne d'autre n'ale droit d'exiger
de Dieu une telle ran<;on. La ran<;on pour les elus (1 TimotMe 2.6),
Christ l' a payee a Dieu. Christ est mort a notre place - et il a
essuye precisement le courroux divin, que nous meritions a cause
de nos peches. Bien que le fait pour un homme mortel de passer
toute l' etemite dans les tourments de l' enfer constitue un chatiment
tres severe, il ne servirait pas meme le moindrement a apaiser la
colere divine que Dieu a deversee sur Christ a la croix.
Voila combien Christ a souffert sur la croix ! Les douleurs
physiques associees a la crucifixion, aussi terribles dussent-elles
etre, n'etaient rien en comparaison de la colere que le Pere a
deversee sur lui. C' est en anticipant cela, justement, qu'il a sue du
sang dans le j ardin. C' est pour cela qu' il avait considere la croix
avec une telle horreur. Comment imaginer l' ampleur du prix qu'iI a
dfi payer? 11 suffit de comprendre que toutes nos pires craintes
concernant Ies horreurs de l' enfer - et plus encore - se sont
concretisees en Iui, Iorsqu'iI a efface la dette que nous avions
encourue par nos fautes.
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Les sept dernieres paroles de Christ
Or, a cette heure terrible et sacree, c'est comme si le Pere
l' avait abandonne. Bien que le Pere n' ait certainement jamais cesse
de l' aimer comme un Fils, Dieu s' en est neanmoins detoume et
l' a tout de meme delaisse comme notre substitut.
Le fait que Christ - souffrant d' epuisement, de la perte de sang,
d' asphyxie et de toutes les autres afflictions associees a la croix se soit quand meme eerie « d'une voix forte» prouve qu' il ne reeitait
pas simplement un psaume. C' etait un cri de l' ame ; c' etait cela
meme que le psaume avait predit. Et comme nous le verrons dans
le prochain chapitre, la nature tout entiere soupire avec lui.
UNE DEMANDE DE SECOURS
« Apres cela, Jesus, qui savait que tout etait deja consomme, dit,
afin quel'Ecriture soitaccomplie : J'ai soif» (Jean 19.28). Voila la
cinquieme parole que Christ a prononcee sur la croix. Au seuil de
la mort, il demande une derniere fois qu' on le soulage physiquement.
II a recrache plus tot la mixture de vinaigre et de calmant qu' on lui
a offerte. Maintenant qu' il souhaite apaiser son horrible soif due a
la deshydratation, on lui sert une eponge saturee de vinaigre pur :
« II y avait la un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent
une eponge, et, l'ayant fixee a une branche d'hysope, ils
l' approcherent de sa bouche » (v. 29).
Sa soif reflete l' entiere humanire de Christ. Bien qu'il soit Dieu
incame, il ressent en son corps terrestre toutes les limitations
normales qu' impose la chair humaine. Or, queUe autre limitation
saurait mieux nous en convaincre que cette soif terrible qui le tenaille,
d' avoir passe plusieurs heures sur la croix ? Rares sont ceux qui
auront physiquement souffert autant que lui. Mais ici encore, pour
que l'Ecriture s' accomplis se, tout ce qu' on lui sert pour etancher
sa soif ardente, c' est du vinaigre : « lIs mettent du fiel dans ma
nourriture, et, pour apaiser ma soif, ils m' abreuvent de vinaigre »
(Ps 69.22).
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Le meurtre de Jesus
UNE PROCLAMATION DE LA VICTOIRE
Jean poursuit ainsi son recit de la crucifixion: « Quand Jesus eut
pris le vinaigre, ildit: Tout est accompli »(Jean 19.30a). Pr6cisons
que, dans le grec, cette sixieme parole que Jesus prononce sur la
croix ne forme qu'un mot: Tetelestai! Ce mot que, selon
Luc 23.46, Christ lance ici « d' une voix forte».
ns' agit d'un cri triomphal, riche en signification. Par cette parole,
Jesus n'indique pas seulement que sa vie terrestre est terminee,
mais encore qu' il a maintenant acheve I' reuvre que son Pere lui
avait confiee. Pendu a la croix, ayant l' apparence d'une pauvre
victime decharnee, il celebre neanmoins la plus grande victoire de
I'histoire de l'univers. L'reuvre expiatoire de Christ est achevee, la
redemption des pecheurs est accomplie, et c' est lui qui remporte
la victoire.
Christ a accompli pour les pecheurs tout ce que la loi de Dieu
exigeait d'eux. L'expiation aeu lieu dans son integralite. Tout ce
que la loi ceremoniale a annonce s' est desormais realise. La justice
de Dieu a ete satisfaite. La ran<;on a ete versee au complet pour les
pecheurs. Le salaire du pecM a ete paye en entier. Tout ce qui
reste afaire pour Christ, c' est de mourir, afin de pouvoir ressusciter.
Voila pourquoi on ne peut rien ajouter a l' reuvre redemptrice
de Christ. Pour faire pleinement effet, son reuvre ne requiert aucun
rite religieux - ni bapteme, ni penitence, ni aucune autre action
religieuse. Aucune reuvre humaine complementaire ne saurait
accroitre ou ameliorer l' expiation qu' il a accomplie sur la croix. Le
pecheur n'est tenu d'apporter aucune contribution pour
s' approprier le pardon de Dieu ou sa pleine acceptation ; le seul
merite de Christ suffit a nous sauver pleinement. Tetelestai ! Son
reuvre expiatoire est accomplie, en entier : « Car c' est par la grace
que vous etes sauves, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas
de vous, c' est le don de Dieu. Ce n' est point par les reuvres, afin
que personne ne se glorifie » (EpMsiens 2.8,9).
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Les sept dernieres paroles de Christ
UNE PRIERE DE COURONNEMENT DE SON aUVRE
Juste apres s'etre ecrie« Tout est accompli », Christ prononce
maintenant sa demiere parole sur la croix, une priere qui exprime
la soumission inegalee a laquelle il est entierement devoue depuis
le tout debut. Voici comment Luc nous decrit la scene: « Jesus
s' ecria d'une voix forte: Pere, je remets mon esprit entre tes mains.
Et, en disant ces paroles, il expira » (Luc 23.46).
Christ est mort comme personne d' autre n' est mort et ne mourra
jamais. Dans un sens, ce sont des impies qui l' ont assassine
(Actes 2.23). Mais dans un autre, c' est son Pere qui l' a envoye a
lacroix pour l'ybriserparlasouffrance -ce qui ad'ailleurs pIu au
Pere (Esale 53.10). Et dans un autre encore, personne n'a pris la
vie de Christ, car c' est lui qui l' a donnee de son propre gre pour
ceux qu'il aime (Jean 10.17,18).
Ici, tandis qu'il rend son demier souffle, Christ ne nourrit aucune
animo site envers ses assassins. n ne panique pas devant la mort. En
s'abandonnant finalement a la mort, il agit deliberement et
souverainement selon son bon vouloir, demontrant ainsi jusqu' a la
toute fin, comme ill' a fait a tous les stades du drame de la crucifixion,
qu'il est parfaitement maitre de tout ce qui se passe. Jean nous rapporte
ainsi les faits:« Et, baissantla rete, ilrenditl'esprit» (Jean 19.30b).
11 se contente de rendre l' ame, dans le calme et la soumission.
Tout s'est realise exactement comme ill'avait predit. Non
seulement Jesus, mais encore ses assassins, la foule railleuse, Pilate,
Herode et le sanhedrin, tous ont accompli jusque dans les moindres
details les desseins predetermines selon la prescience de Dieu.
Voila avec quel calme et quelle majeste Christ a demontre son
entiere souverainete jusqu' a la fin. Aux yeux de ceux qui l' aiment,
et meme de beaucoup d'entre ceux qui ne l'aiment pas, tout cela
semble etre la pire des tragedies. Mais c'est, en realite, la plus
grande victoire jamais remportee dans toute I'histoire de la
redemption. Ce fait, Christ le demontrera glorieusement lorsqu' il
sortira victorieux du tombeau quelques jours plus tard.
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12
Assurement, cet homme etait FiIs de Dieu.
-Matthieu 27.54
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