Rachmaninov - Concerto pour piano n°2

Transcription

Rachmaninov - Concerto pour piano n°2
Serge Rachmaninov
(1873-1943)
Concerto pour piano n°2 en ut mineur op.18
« Dans mes compositions, je ne fais aucun effort conscient pour être original, romantique,
nationaliste ou quoi que ce soit d’autre. J’écris sur le papier la musique que j’entends en moi
et aussi naturellement que possible » affirma Rachmaninov à un journaliste venu l’interviewer en
1941. Ce pourrait être aussi la réponse aux propos désobligeants d’Igor Stravinsky (1882 –
1971) soutenant que le Concerto en ut mineur n’est qu’une « grandiose musique de film ».
Le 15 mars 1897, à Saint-Pétersbourg, Alexander Glazounov (1865-1936) dirigea la Première
Symphonie de Rachmaninov. L’échec fut tel que le jeune musicien faillit arrêter la composition.
Il ne fut guéri de sa dépression qu’à l’issue d’une psychothérapie. Le 15 décembre 1900, lors
d’un concert privé, il dirigea les deux derniers mouvements de son Second Concerto pour
piano. Ragaillardi par le succès, il confia la création de l’œuvre au pianiste et chef
d’orchestre Alexandre Siloti (1863-1945). Le 27 octobre 1901, le public moscovite entendit
pour la première fois la célèbre introduction avec ses premiers accords au piano. Le triomphe
fut à la mesure du fiasco de 1897.
Le Moderato s’ouvre sur les accords du piano qui sont comme l’écho du carillon de la
cathédrale de Novgorod, ville où Rachmaninov vit le jour en 1873. L’orchestre marque son
entrée comme le signe d’une résurrection. Les contrastes s’accumulent dans un flot sonore
révélant l’hypersensibilité du musicien. Le climat nostalgique se mêle aux traits martelés de la
partie maestoso. Le mouvement s’achève avec légèreté, mais dans une virtuosité
éblouissante.
L’Adagio sostenuto qui s’enchaîne évoque autant un choral religieux que des danses
archaïques qui rappellent l’écriture des concertos de Franz Liszt (1811-1886). Le dialogue
entre le soliste, la flûte et la clarinette créent une impression d’immobilité d’une étrange
beauté. A la fin mouvement, le climat du début de l’adagio est repris de manière abrégée.
L’Allegro scherzando clame l’espoir retrouvé. Il surgit avec une verve lyrique triomphante et
une virtuosité “pyrotechnique”. Celle-ci cède quelque peu dans un passage mélodique
irrésistible. Le second thème est traité sous forme de variations, puis le finale offre une coda
triomphale en ut majeur.
Stéphane Friedrich
A lire
Jean-Jacques Groleau, Rachmaninov (éditions Actes Sud / Classica, 2011)