LeSoir_adieux_du_PÃ

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LeSoir_adieux_du_PÃ
Le Soir Jeudi 11 décembre 2014
8 LASOCIÉTÉ
L’adieu du Pérou à ses glaciers
Un délinquant
sexuel
en attente
ENVIRONNEMENT La fonte des châteaux d’eau péruviens s’accélère
d’euthanasie
ÉTHIQUE
a diffusion par TF1, dimanche, d’un reportage
L
consacré à Frank Van Den Blee-
de
s
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UNE CRÉATION ORIGINALE
Un recul
de 19 mètres par an
e
P.24 CARTE BLANCHE
CHAUD
lèr
FRÉDÉRIC SOUMOIS
C
’était le 11 avril 2010. Il
était huit heures du matin », se souvient Lorenzo
Grassa, la cinquantaine largement entamée. Le petit homme
sec et cuivré est planté dans deux
bottes en caoutchouc qui ne l’empêchent pas d’attaquer comme un
COLOMBIE
cabri le terrain
ÉQUATEUR
pentu qui mène à
sa parcelle. « Les
PÉROU
gens se sont mis à
crier, le sol tremBRÉSIL
blait. Je me trouvais sur mon terCordillère blanche
Huaraz
rain, quand la
Lima
vague a déboulé
A
nd
BOLIVIE
dans la vallée.
es
Tout le monde est
Lac
Pacifique
venu se réfugier
Titicaca
près de moi. L’eau
Lorenzo Grassa, une agriculture familiale qui s’adapte en se diversifiant à l’ombre
300 km
LE SOIR - 12.03.14
n’est pas passée
du glacier Hualcan en pleine retraite sous l’effet du changement climatique. © M.D.M.
loin. De toute ma vie je n’avais jamais vu ça. » Dans le bas du pue- taine. Des lagunes comme celles tuations difficiles. « Depuis cinq passer la saison sèche. A Cablito, des maisons sont frappées de Huaraz, creusées par l’inexo- ans, certaines zones de Huaraz rhuaz, la pose du long tuyau qui
par les rochers charriés par le rable retraite des masses de sont privées d’eau à certains mo- serpente sous les parcelles et alitorrent soudainement mis hors glaces, il en existe des centaines ments de la journée lors de la sai- mente le rudimentaire bassin de
de lui. En aval, une dizaine de dans le pays. « Au-dessus de son sèche d’avril à octobre. La Lorenzo et d’une dizaine de « somaisons et de nombreuses par- Huaraz, 150.000 habitants, sous même eau sert à irriguer des cios » de son village a été financelles sont dévastées. Ce jour-là, l’effet de la fonte du glacier Palca- grandes exploitations agricoles cée par ADG, une ONG de Gemdétaille Luis Meza Romàn, archi- cocha, la contenance de la lagune près de la côte où l’on cultive des bloux, avec le soutien de la coopétecte à la petite commune de Ca- est passée en quelques années de asperges, des poivrons ou des pi- ration belge. A Huarza, des basrhuaz, « une gigantesque ava- 500.000 à 17 millions de m3, in- ments pour l’exportation. Là, les sins plus grands se font attendre.
« Il faut que nous apprenions à
lanche sur le glacier Hualcan a dique Cochachin, carte à l’appui. restrictions imposées provoquent
planifier et à gérer l’eau », insiste
emporté des milliers de tonnes de 60.000 personnes sont directe- de véritables conflits sociaux. »
Ce n’est pas la seule mauvaise Cesar Alfaro, coordinateur du
roches. Le tout s’est précipité dans ment menacées. Partout, la situala lagune en contrebas du glacier tion ne peut qu’empirer. » Coincé nouvelle venue du ciel. Depuis projet glacier de l’ONG Care à
en formant une vague de 28 à Carhuaz dans un minuscule bu- plusieurs années, le régime des Huaraz. Mais pour beaucoup, il
mètres de haut. Le mur de la la- reau décati, le jeune architecte précipitations dans la cordillère a faut aussi changer les pratiques
gune, haut de 23 mètres, n’a rien qui a mis au point la surveillance changé. « C’est parfois trop, par- agricoles sur des terrains souvent
pu faire ». En quinze minutes, les du glacier par géophones et ca- fois trop peu, dit Gaspar Calde- très petits. Sur moins d’un hecflots relâchés à 4.500 mètres d’al- méras ainsi que les plans d’alerte ron, responsable à la direction tare de terrasses, Lorenzo entretient pêchers, avocatiers, pomtitude, ont atteint les premiers
miers, cannes à sucre, courges,
villages. En trente, ils entraient Les glaciers, ce sont aussi les réservoirs d’eau dont
citronniers, choux, salades,
dans le gros bourg de 10.500 ha- dépendent tous les villages et les villes dans les Andes
pommes de terre, concombres…
bitants logé près de la rivière,
2.000 mètres en contrebas et à et d’évacuation du village ne régionale de l’agriculture. Avec Aidé comme d’autres par les
12 km de là. « Heureusement, cache pas qu’il préférerait être les températures plus chaudes, ONG qui y voient une manière de
c’était un matin, en semaine, les ailleurs : « Selon les scientifiques, certains fléaux se multiplient, mieux s’adapter aux effets du
gens n’étaient pas chez eux », dit une autre lagune encore plus comme les pucerons qui re- changement climatique, tout en
un villageois.
dangereuse apparaîtra plus montent de la côte et attaquent les luttant contre la malnutrition et
« Ce fut la panique et les habi- haut. Dans 20 ans… »
pêches et les avocats. » Dans sa en soutenant la petite agriculture
tants de Carhuaz ont été privés
Ce n’est pas la seule consé- parcelle, Lorenzo pointe un ci- familiale, l’homme a opté pour
d’eau pendant un mois », ex- quence de la retraite de la glace tronnier qui a séché sur pied. l’agroécologie, bannissant les
plique Alejo Cochachin, coordi- dans la cordillère blanche. « Les « Pas assez d’eau. Avant, les pesticides, usant d’engrais natunateur de l’Unité de glaciologie glaciers, ce sont aussi les réser- pluies suffisaient. Désormais, on rels, respectant la biodiversité.
de l’Autorité nationale de l’eau. voirs dont dépendent tous les vil- doit arroser. Nous avons dû Avec, à la clef, de meilleurs renAu Pérou, ceux qui surveillent les lages et les villes pour leur appro- construire une réserve d’eau, ali- dements. Des plus beaux proglaciers savent le sens des mots visionnement en eau potable et mentée par un tuyau qui capte duits. Et l’assurance « d’avoir
« changement climatique ». On un usage agricole », insiste le gla- plus haut dans la montagne. » quelque chose à vendre toute ann’est pas dans un scénario d’une ciologue. Leur amaigrissement Partout cet enjeu : retenir un née ». ■
science-fiction absconse et loin- place les habitants dans des si- maximum de précipitations pour
MICHEL DE MUELENAERE
dil
Consensus obligatoire
Quel est le sens de la décision
des médecins ? « Seuls les médecins connaissent précisément le
contenu du dossier médical du
patient et peuvent apprécier son
état. L’affection psychiatrique
causant une souffrance incurable
est une cause prévue par la loi,
mais elle doit être vérifiée par
tous les médecins, en consensus.
Ils doivent être convaincus que
toutes les alternatives ont été
examinées. Si l’un de ces médecins (ou plusieurs) estime par
exemple que l’Etat belge ne remplit pas son rôle en n’utilisant pas
la ressource d’un transfert vers
l’étranger, il peut considérer que
les conditions ne sont pas remplies. Il peut considérer que la demande de Van Den Bleeken est
motivée comme un chantage, le
transfert ou la mort demandée »,
dit Jacqueline Herremans. Les
médecins, dont l’identité n’a pas
été divulguée, doivent se prononcer en âme et conscience. La démarche est choquante : comment
accepter qu’un patient réclame la
mort parce qu’il n’est pas correctement pris en charge ? ■
HUARAZ
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Cor
ken, interné depuis 30 ans pour
plusieurs viols et meurtre et qui
demande l’euthanasie puisqu’un
transfert aux Pays-Bas, dans une
institution spécialisée, lui est refusé, fait resurgir le cas dans l’actualité. Il se dit atteint d’une maladie qui exacerbe ses pulsions
sexuelles. « C’est normal que je
sois en prison, je représente un
danger pour la société. »
Mais TF1 se trompe en affirmant que le détenu a obtenu « le
droit » à l’euthanasie, la légitimité de cet acte ne pouvant être vérifiée qu’a posteriori par la Commission de contrôle spécifique.
Ce que l’interné a obtenu en septembre de la Justice, c’est le droit
d’être transféré de la prison à un
hôpital… si un geste d’euthanasie
peut être posé par un médecin.
Mais il ne semble pas s’être trouvé ni un hôpital ni trois médecins
unanimes pour reconnaître que
le patient souffre d’une « souffrance psychique insupportable » et surtout incurable et
sans issue. « Ce sont les conditions de base de la loi sur l’euthanasie de 2002 », rappelle Jacqueline Herremans, présidente de
l’Association pour le droit de
mourir dans la dignité.
L’élévation de la
température fait reculer
les glaciers andins.
Une menace
pour la sécurité.
Un enjeu pour
les ressources en eau.
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Depuis le milieu du XXe
siècle jusqu’à 1977, les
glaciers péruviens ont
reculé d’environ 8 mètres
par an. A partir de 1977,
ce recul s’est accéléré. Il
est désormais de 19
mètres par an. La superficie générale des glaciers
andins au Pérou a diminué
de 40 % depuis le début
des mesures, de 27 %
dans la cordillère blanche.
Selon les experts, les
glaciers situés à moins de
5.000 mètres d’altitude
auront disparu dans 20
ans. La température
moyenne a augmenté de
1o entre 1970 et 1990.
Pour l’avenir, on table
désormais sur 2, voire 3
degrés.
Les glaciers ne sont pas
seulement essentiels pour
l’alimentation des villages
et des villes en eau. Ils
jouent aussi un rôle de
« refroidisseurs ». Le vent,
en glissant à leur surface,
se rafraîchit. De moins en
moins à mesure de la
fonte : dans la cordillère
blanche, on trouve désormais à 4.000 mètres des
plantes qui ne dépassaient pas 3.500 mètres.
Il y a 840 lagunes glaciaires au Pérou. Autour
de Huaraz, 14 sont jugées
dangereuses mais 56
n’ont pas encore été explorées.
M.D.M.
Les étudiants
de l’Ulg quittent la FEF
ENSEIGNEMENT Divergences de vue
ors d’une assemblée générale
qui s’est tenue ce mardi, les
L
représentants étudiants de l’Université de Liège ont décidé, à une
large majorité, de se désaffilier de
la Fédération des étudiants francophones (FEF).
Dans un communiqué, ils expliquent notamment leur choix
en évoquant les doutes qu’ils
nourrissent « quant aux modes
de fonctionnement interne de la
FEF » qui ne lui permettent plus,
disent-ils, « de se positionner de
manière forte et crédible » face
aux interlocuteurs politiques.
Les Liégeois regrettent par
ailleurs certaines prises de position défendues par la FEF qui
leur semblent « être bien éloi-
gnées des préoccupations estudiantines ou en totale rupture
avec l’avis de ces derniers ».
« Nous avons ainsi constaté,
disent-ils, que la FEF, en optant
bien souvent pour des positions
dogmatiques ou politiques, était
parfois aux antipodes des préoccupations concrètes de nos étudiants ». Ils pointent la question
de la sélection dans les facultés de
médecine et se disent « extrêmement déçus » de la gestion du dossier Inami : « Alors que cette problématique était connue depuis
plusieurs années et que la FEF
avait négocié la fin du numerus
clausus, il a fallu attendre la
lettre des Doyens pour prendre ce
problème à bras-le-corps ». ■
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