LeSoir_adieux_du_PÃ
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Le Soir Jeudi 11 décembre 2014 8 LASOCIÉTÉ L’adieu du Pérou à ses glaciers Un délinquant sexuel en attente ENVIRONNEMENT La fonte des châteaux d’eau péruviens s’accélère d’euthanasie ÉTHIQUE a diffusion par TF1, dimanche, d’un reportage L consacré à Frank Van Den Blee- de s Tous les 15 jours collectionnez chez votre libraire les Figurines Tintin Le Soir et Le Soir magazine présentent la collection officielle N°79 12,99€* © Hergé / Moulinsart 2014 Une création Moulinsart / TF1 Entreprises Peggy Alcazar, la tigresse la figurine + le livret + le passeport des figurines de Tintin. Une collection inédite de figurines en résine de 12 cm. Chaque personnage est accompagné d’un livret d’identité et d’un passeport numéroté, véritable certificat d’authenticité. Pour obtenir ces figurines, découpez votre bon dans Le Soir ou Le Soir magazine et remettez-le à votre libraire. * Hors prix du journal Le Soir ou du Soir magazine. Hors grandes surfaces et suivant disponibilités. Offre valable du 10/12 au 23/12/2014. UNE CRÉATION ORIGINALE Un recul de 19 mètres par an e P.24 CARTE BLANCHE CHAUD lèr FRÉDÉRIC SOUMOIS C ’était le 11 avril 2010. Il était huit heures du matin », se souvient Lorenzo Grassa, la cinquantaine largement entamée. Le petit homme sec et cuivré est planté dans deux bottes en caoutchouc qui ne l’empêchent pas d’attaquer comme un COLOMBIE cabri le terrain ÉQUATEUR pentu qui mène à sa parcelle. « Les PÉROU gens se sont mis à crier, le sol tremBRÉSIL blait. Je me trouvais sur mon terCordillère blanche Huaraz rain, quand la Lima vague a déboulé A nd BOLIVIE dans la vallée. es Tout le monde est Lac Pacifique venu se réfugier Titicaca près de moi. L’eau Lorenzo Grassa, une agriculture familiale qui s’adapte en se diversifiant à l’ombre 300 km LE SOIR - 12.03.14 n’est pas passée du glacier Hualcan en pleine retraite sous l’effet du changement climatique. © M.D.M. loin. De toute ma vie je n’avais jamais vu ça. » Dans le bas du pue- taine. Des lagunes comme celles tuations difficiles. « Depuis cinq passer la saison sèche. A Cablito, des maisons sont frappées de Huaraz, creusées par l’inexo- ans, certaines zones de Huaraz rhuaz, la pose du long tuyau qui par les rochers charriés par le rable retraite des masses de sont privées d’eau à certains mo- serpente sous les parcelles et alitorrent soudainement mis hors glaces, il en existe des centaines ments de la journée lors de la sai- mente le rudimentaire bassin de de lui. En aval, une dizaine de dans le pays. « Au-dessus de son sèche d’avril à octobre. La Lorenzo et d’une dizaine de « somaisons et de nombreuses par- Huaraz, 150.000 habitants, sous même eau sert à irriguer des cios » de son village a été financelles sont dévastées. Ce jour-là, l’effet de la fonte du glacier Palca- grandes exploitations agricoles cée par ADG, une ONG de Gemdétaille Luis Meza Romàn, archi- cocha, la contenance de la lagune près de la côte où l’on cultive des bloux, avec le soutien de la coopétecte à la petite commune de Ca- est passée en quelques années de asperges, des poivrons ou des pi- ration belge. A Huarza, des basrhuaz, « une gigantesque ava- 500.000 à 17 millions de m3, in- ments pour l’exportation. Là, les sins plus grands se font attendre. « Il faut que nous apprenions à lanche sur le glacier Hualcan a dique Cochachin, carte à l’appui. restrictions imposées provoquent planifier et à gérer l’eau », insiste emporté des milliers de tonnes de 60.000 personnes sont directe- de véritables conflits sociaux. » Ce n’est pas la seule mauvaise Cesar Alfaro, coordinateur du roches. Le tout s’est précipité dans ment menacées. Partout, la situala lagune en contrebas du glacier tion ne peut qu’empirer. » Coincé nouvelle venue du ciel. Depuis projet glacier de l’ONG Care à en formant une vague de 28 à Carhuaz dans un minuscule bu- plusieurs années, le régime des Huaraz. Mais pour beaucoup, il mètres de haut. Le mur de la la- reau décati, le jeune architecte précipitations dans la cordillère a faut aussi changer les pratiques gune, haut de 23 mètres, n’a rien qui a mis au point la surveillance changé. « C’est parfois trop, par- agricoles sur des terrains souvent pu faire ». En quinze minutes, les du glacier par géophones et ca- fois trop peu, dit Gaspar Calde- très petits. Sur moins d’un hecflots relâchés à 4.500 mètres d’al- méras ainsi que les plans d’alerte ron, responsable à la direction tare de terrasses, Lorenzo entretient pêchers, avocatiers, pomtitude, ont atteint les premiers miers, cannes à sucre, courges, villages. En trente, ils entraient Les glaciers, ce sont aussi les réservoirs d’eau dont citronniers, choux, salades, dans le gros bourg de 10.500 ha- dépendent tous les villages et les villes dans les Andes pommes de terre, concombres… bitants logé près de la rivière, 2.000 mètres en contrebas et à et d’évacuation du village ne régionale de l’agriculture. Avec Aidé comme d’autres par les 12 km de là. « Heureusement, cache pas qu’il préférerait être les températures plus chaudes, ONG qui y voient une manière de c’était un matin, en semaine, les ailleurs : « Selon les scientifiques, certains fléaux se multiplient, mieux s’adapter aux effets du gens n’étaient pas chez eux », dit une autre lagune encore plus comme les pucerons qui re- changement climatique, tout en un villageois. dangereuse apparaîtra plus montent de la côte et attaquent les luttant contre la malnutrition et « Ce fut la panique et les habi- haut. Dans 20 ans… » pêches et les avocats. » Dans sa en soutenant la petite agriculture tants de Carhuaz ont été privés Ce n’est pas la seule consé- parcelle, Lorenzo pointe un ci- familiale, l’homme a opté pour d’eau pendant un mois », ex- quence de la retraite de la glace tronnier qui a séché sur pied. l’agroécologie, bannissant les plique Alejo Cochachin, coordi- dans la cordillère blanche. « Les « Pas assez d’eau. Avant, les pesticides, usant d’engrais natunateur de l’Unité de glaciologie glaciers, ce sont aussi les réser- pluies suffisaient. Désormais, on rels, respectant la biodiversité. de l’Autorité nationale de l’eau. voirs dont dépendent tous les vil- doit arroser. Nous avons dû Avec, à la clef, de meilleurs renAu Pérou, ceux qui surveillent les lages et les villes pour leur appro- construire une réserve d’eau, ali- dements. Des plus beaux proglaciers savent le sens des mots visionnement en eau potable et mentée par un tuyau qui capte duits. Et l’assurance « d’avoir « changement climatique ». On un usage agricole », insiste le gla- plus haut dans la montagne. » quelque chose à vendre toute ann’est pas dans un scénario d’une ciologue. Leur amaigrissement Partout cet enjeu : retenir un née ». ■ science-fiction absconse et loin- place les habitants dans des si- maximum de précipitations pour MICHEL DE MUELENAERE dil Consensus obligatoire Quel est le sens de la décision des médecins ? « Seuls les médecins connaissent précisément le contenu du dossier médical du patient et peuvent apprécier son état. L’affection psychiatrique causant une souffrance incurable est une cause prévue par la loi, mais elle doit être vérifiée par tous les médecins, en consensus. Ils doivent être convaincus que toutes les alternatives ont été examinées. Si l’un de ces médecins (ou plusieurs) estime par exemple que l’Etat belge ne remplit pas son rôle en n’utilisant pas la ressource d’un transfert vers l’étranger, il peut considérer que les conditions ne sont pas remplies. Il peut considérer que la demande de Van Den Bleeken est motivée comme un chantage, le transfert ou la mort demandée », dit Jacqueline Herremans. Les médecins, dont l’identité n’a pas été divulguée, doivent se prononcer en âme et conscience. La démarche est choquante : comment accepter qu’un patient réclame la mort parce qu’il n’est pas correctement pris en charge ? ■ HUARAZ DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL Cor ken, interné depuis 30 ans pour plusieurs viols et meurtre et qui demande l’euthanasie puisqu’un transfert aux Pays-Bas, dans une institution spécialisée, lui est refusé, fait resurgir le cas dans l’actualité. Il se dit atteint d’une maladie qui exacerbe ses pulsions sexuelles. « C’est normal que je sois en prison, je représente un danger pour la société. » Mais TF1 se trompe en affirmant que le détenu a obtenu « le droit » à l’euthanasie, la légitimité de cet acte ne pouvant être vérifiée qu’a posteriori par la Commission de contrôle spécifique. Ce que l’interné a obtenu en septembre de la Justice, c’est le droit d’être transféré de la prison à un hôpital… si un geste d’euthanasie peut être posé par un médecin. Mais il ne semble pas s’être trouvé ni un hôpital ni trois médecins unanimes pour reconnaître que le patient souffre d’une « souffrance psychique insupportable » et surtout incurable et sans issue. « Ce sont les conditions de base de la loi sur l’euthanasie de 2002 », rappelle Jacqueline Herremans, présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. L’élévation de la température fait reculer les glaciers andins. Une menace pour la sécurité. Un enjeu pour les ressources en eau. MOULINSARTTF1 DISTRIBUÉE EXCLUSIVEMENT PAR LE SOIR ET LE SOIR MAGAZINE Depuis le milieu du XXe siècle jusqu’à 1977, les glaciers péruviens ont reculé d’environ 8 mètres par an. A partir de 1977, ce recul s’est accéléré. Il est désormais de 19 mètres par an. La superficie générale des glaciers andins au Pérou a diminué de 40 % depuis le début des mesures, de 27 % dans la cordillère blanche. Selon les experts, les glaciers situés à moins de 5.000 mètres d’altitude auront disparu dans 20 ans. La température moyenne a augmenté de 1o entre 1970 et 1990. Pour l’avenir, on table désormais sur 2, voire 3 degrés. Les glaciers ne sont pas seulement essentiels pour l’alimentation des villages et des villes en eau. Ils jouent aussi un rôle de « refroidisseurs ». Le vent, en glissant à leur surface, se rafraîchit. De moins en moins à mesure de la fonte : dans la cordillère blanche, on trouve désormais à 4.000 mètres des plantes qui ne dépassaient pas 3.500 mètres. Il y a 840 lagunes glaciaires au Pérou. Autour de Huaraz, 14 sont jugées dangereuses mais 56 n’ont pas encore été explorées. M.D.M. Les étudiants de l’Ulg quittent la FEF ENSEIGNEMENT Divergences de vue ors d’une assemblée générale qui s’est tenue ce mardi, les L représentants étudiants de l’Université de Liège ont décidé, à une large majorité, de se désaffilier de la Fédération des étudiants francophones (FEF). Dans un communiqué, ils expliquent notamment leur choix en évoquant les doutes qu’ils nourrissent « quant aux modes de fonctionnement interne de la FEF » qui ne lui permettent plus, disent-ils, « de se positionner de manière forte et crédible » face aux interlocuteurs politiques. Les Liégeois regrettent par ailleurs certaines prises de position défendues par la FEF qui leur semblent « être bien éloi- gnées des préoccupations estudiantines ou en totale rupture avec l’avis de ces derniers ». « Nous avons ainsi constaté, disent-ils, que la FEF, en optant bien souvent pour des positions dogmatiques ou politiques, était parfois aux antipodes des préoccupations concrètes de nos étudiants ». Ils pointent la question de la sélection dans les facultés de médecine et se disent « extrêmement déçus » de la gestion du dossier Inami : « Alors que cette problématique était connue depuis plusieurs années et que la FEF avait négocié la fin du numerus clausus, il a fallu attendre la lettre des Doyens pour prendre ce problème à bras-le-corps ». ■ 8