Portrait de Papy Dance
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Portrait de Papy Dance
Portrait de Papy Dance Écrit par Virginie Tauzin Dis, papy, pourquoi tu danses ? En dix ans, il est passé du statut de « vieux qui danse sur la place d'Italie » à celui de Papy Dance, vedette branchée d'Internet. Pour nous, il est Élie, 76 ans, ni marginal ni sans-le-sou, mais simple retraité qui, au rythme de ses déhanchements, se libère de ses peines. Cet homme est célèbre. Son histoire, il affirme l'avoir racontée à des gens d'ici, de là, du bout du monde. « Regardez sur Internet, vous trouverez tout sur moi. » En effet : vidéos, articles sur des blogs étrangers, groupes de fans sur Facebook ou même tapis de souris à son effigie. En tout, une douzaine de pages Google lui sont consacrées. De qui parle-t-on ? Oubliez David Guetta ou Kamel Ouali, place à Papy Dance. 1/3 Portrait de Papy Dance Écrit par Virginie Tauzin Une fois de plus, il accepte de se livrer, concédant que, malgré sa notoriété, la plupart des gens continuent de se demander : « Mais que peut-il bien se passer dans la tête de ce type pour faire ça ? » Bouger pendant des heures, en public, sur des tubes de boîtes de nuit, à son âge ? « On me prend pour un cinglé, surtout la première fois », dit-il. Tous ceux qui l'ont croisé peuvent confirmer : la première fois, c'est unique. Devant le centre commercial de la place d'Italie, le samedi après-midi ou d'autres jours de la semaine, sur fond de Lady Gaga and co. sortis d'un petit baladeur relié à deux amplis, Papy Dance, casquette de travers, tee-shirt floqué à son nom et cigarillo coincé entre les dents, met les gaz. Les poignets miment la moto qu'on pousse à fond, les pas enjambent des marches imaginaires, quand il ne se met pas en position de surfeur pieds scotchés-corps qui se balancent de gauche à droite, avec les bras qui tournoient au-dessus de la tête. La technique du dilettante, en somme. « Je ne suis pas un danseur, juste un gars qui bouge », justifie-t-il. Des heures durant quand il fait frais, un peu moins ces temps-ci : trop chaud. « Ni cloche ni mendiant » 2/3 Portrait de Papy Dance Écrit par Virginie Tauzin C'est justement sous la forte chaleur de cette fin septembre que nous rencontrons Papy Dance, ou plutôt Élie, 76 ans, sur un banc ombragé du boulevard Auguste-Blanqui. La casquette est toujours vissée, mais droite. « J'ai les cheveux blancs, j'aime pas faire voir mon âge » ; les habits sont les mêmes que sur « scène » : pantalon beige et tee-shirt blanc, non-floqué cette fois, « parce que je veux qu'on me reconnaisse, qu'on se dise : ʺTiens c'est le mec d'Internetʺ ». Pourtant, le succès auprès du public, qu'il n'ose toujours pas regarder en face lors de ses prestations, lui importe peu quand, il y a un peu plus de dix ans, Élie décide de « bouger ». « Je ne suis ni une cloche ni un mendiant », évacue-t-il au bout de cinq minutes, histoire de faire comprendre que ses motivations viennent d'ailleurs. D'où, alors ? D'« ennuis personnels », qu'il traduit bientôt par « le décès de mon épouse », suivie d'une année « chez moi dans le noir complet », à hésiter entre vivre et mourir. Et puis, un beau jour, sa décision est prise. Élie sort enfin, mais pas n'importe où : « Je suis allé en boîte, à la Coupole. Les gens n'en croyaient pas leurs yeux. Les filles attendaient leur tour pour danser avec moi. Je montais même sur le podium », rit-il, encore flatté par ce succès. À vrai dire, Élie ne sait pas « comment c'est arrivé, cette envie », lui qui n'avait jamais dansé avant, ni trop écouté de musique. « Vous comprenez, j'ai passé dix ans à m'occuper de ma femme malade. Quand je l'ai perdue je me suis senti tellement inutile. Alors il fallait que je fasse la musique dans la rue. » « Faire la musique », c'est comme cela qu'il appelle son activité. Lire la suite dans Le 13 du Mois # 11 3/3