35 musique - Deaf Rock Records

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35 musique - Deaf Rock Records
MUSIQUE 35
jeudi 26 avril 2012
MOTB, contrairement aux apparences, ne boude pas son plaisir, notamment sur scène, où le groupe aura l'occasion de se mettre en évidence, avec 18 concerts prévus au mois de mai.
donner à 100 %, vu que l'on a tout
en main. Comme tout le monde, on
a toujours eu des restrictions, entre
la famille, le boulot... Mais il faut savoir saisir les opportunités et se mettre en danger. La vie tranquille et la
sécurité, ça va un temps!
La
sécurité,
voilà un mot qui
revient souvent
chez les groupes
au Luxembourg.
Les niveaux de
vie et l'accès relativement facile à l'emploi
sont-ils un frein
majeur
à
l'émancipation
musicale?
Cédric : Les
choses changent,
heureusement.
Aujourd'hui, la
scène luxembourgeoise se professionnalise. Elle est notamment
mieux encadrée par des structures –
salles, bureau d'export – et se voit
appuyer financièrement. Mais c'est
vrai que, parallèlement, il y a une retenue, résultante des conditions de
vie que l'on observe au pays. Les risques de se lancer sont ici plus importants qu'ailleurs. Aux yeux des
gens, en tout cas.
Sacha : Il y a autre chose qui ne
«
sert pas la cause musicale : l'absence
totale d'industrie au Grand-Duché,
que l'on évoque les labels, les agences de booking... Il faut donc se faire
violence pour sortir de sa réserve et
aller démarcher à l'extérieur. Et, en
plus, il faut venir avec des arguments car au-delà
des
frontières,
c'est toujours difficile de convaincre. Le Luxembourg n'est pas
réputé pour sa
musique...
Quelle a été la
réaction de votre
entourage
quand vous avez
annoncé
tout
plaquer
pour
tenter de vivre
de la musique?
Sacha : Mais les
gens sont souvent plus inquiets que
nous!
Nicolas : C'est toute une mentalité, véhiculée par les parents, les
amis... On habite dans un pays où
tout le monde semble plus ou moins
à l'aise, sans grande difficulté. Être
en dehors de ce schéma paraît, aux
yeux de beaucoup, suicidaire.
Est-ce un état d'esprit contre lequel, selon vous, il faut lutter?
Cédric : Tout doit venir de l'envie
Quoi qu'il arrive,
on conservera
toujours notre
philosophie,
à savoir jouer
pour jouer
«
Parlons, maintenant, de l'"aprèsrelease". MOTB a déjà 24 dates
prévues dont 17 en vingt jours. Il
y a une vraie ambition derrière
tout ça...
Cédric : Une vraie envie, plutôt. Le
CD est prêt, et notre travail commence maintenant. Il faut présenter
l'album partout, jouer un maximum
de concerts. Et c'est bien ce qui nous
plaît le plus : rencontrer d'autres
groupes, d'autres gens, découvrir
d'autres villes et mentalités.
Sacha : C'est ce qu'on a toujours
fait, d'ailleurs! L'humain a toujours
été au centre de notre démarche. On
n'est pas du genre à juste jouer un
concert et vendre nos albums. La
musique, ça va au-delà de ça!
Cédric : Il y a le boulot, certes,
mais aussi le plaisir!
Nicolas : L'ambition entre en jeu
quand on sait que l'on veut faire de
la musique notre métier, et qu'il faudra, pour pérenniser l'idée, rentrer
un minimum d'argent. Mais avant,
comme maintenant et dans le futur,
on conservera notre philosophie, à
savoir jouer pour jouer. C'est ce que
l'on a toujours voulu faire.
Arrêter de bosser pour se consacrer pleinement à un travail artistique, c'est assez audacieux, surtout aujourd'hui dans un marché
du disque en crise...
Sacha : Mais c'est le moment de se
Mutiny On The Bounty
I
ssu des défunts Actarus, Ganesha, Treasure
Chest At The End Of The Rainbow et Tiger Fernandez, Mutiny On The Bounty – du nom de la célèbre révolte de l'équipage du Bounty, navire de la
Royal Navy, contre son commandant William
Bligh en 1789 – naît de la réunion de quatre musiciens luxembourgeois en avril 2004. Attiré par le
mélange des styles (math rock, screamo, rock progressif), virtuose lorsqu'il s'agit de faire parler une
guitare, MOTB prend très vite la route. Et il y en a
eu des voyages (pas moins de 10 tournées et quelque 400 concerts au compteur, aux côtés de pointures du genre comme These Arms Are Snakes,
Pelican ou Engine Down et d'autres groupes de
renom, à l'instar de Franz Ferdinand, Kings Of
Leon, Portugal The Man...).
Rayon productions, en 2005, avec l'appui du label
New Romance For Kids, le quatuor enregistre un
split-CD avec Treasure Chest At The End Of The
Rainbow. Après un changement de line-up en
2007, le groupe, fraîchement hébergé par le label
allemand Redfield Records et appuyé par celui an-
glais Big Scary Monsters, sort, deux ans après, son
premier album, Danger Mouth, un disque tout en
énergie épileptique et en délire technique, fort de
onze titres aux structures tortueuses combinées à
des mélodies raffinées. MOTB en profite même
pour incruster du chant dans ses compositions,
jusqu'alors instrumentales. Désormais, avec l'arrivée de Cédric Czaika à la basse et celle, encore
plus récente, de Clément Delporte à la guitare, le
quatuor compte faire parler son talent avec un second LP, Trials, enregistré en août 2011. La «release» est prévue à l'Atelier, le vendredi 4 mai (à
20 h), avec, comme compagnons de jeu, les locaux
de Mount Stealth et Heartbeat Parade.
Le groupe
Cédric Czaika : basse & seconde voix
Clément Delporte : guitare
Nicolas Przeor : guitare & seconde voix
Sacha Schmitz : batterie et chant
Site : www.motb.net
et de l'investissement qu'un groupe
est prêt à mettre dans son art. Ça se
résume à ça.
Nicolas : Ici, on est du genre à attendre les opportunités. Mais ça
évolue. On peut y jouer plus facilement et les appuis sont plus nombreux. Après, selon moi, le plus important, c'est d'entretenir la flamme
de la passion, avant de chercher à
gagner sa vie avec sa musique. Un
groupe comme dEFDUMp en était
une belle illustration. S'il l'a fait,
pourquoi pas nous?
Sacha : Et il faut essayer. Moi, je
n'ai pas envie d'avoir des regrets
toute ma vie. Surtout qu'on sait très
bien à quoi s'attendre, vu que ça fait
quand même sept ans qu'on tourne!
Être sur les routes, ce n'est pas toujours joli. Vivre avec trois fois rien,
dormir par terre, ça ne sera pas une
nouveauté!
Vous fixez-vous une date butoir,
où il sera temps tirer un bilan?
Cédric : On en a déjà une, à savoir
l'après-tournée. On va être confrontés à la réalité et devoir trouver notre
chemin qui est toujours un peu flou.
Nicolas : Ce qui est sûr, c'est que
l'on va connaître des mois pourris et
d'autres où l'on sera aussi à l'aise financièrement que si on avait gardé
notre travail. Même si les mois pourris seront plus nombreux (rires).
Sacha : Rien n'est impossible, à
condition d'y croire. Après, est-ce
que cela va durer dix ans? Pas sûr...
Quels sont vos appuis?
Sacha : On dispose d'un label en
Allemagne (Redfield Records), qui
distribue dans toute l'Europe, un
nouveau en Angleterre, qui s'occupe
lui de la Grande-Bretagne et l'Irlande, peut-être un en France, sans
oublier les tourneurs et autres "boo-
Le nouvel album
kers", indispensables. Au Luxembourg, Music:LX, la Sacem et le ministère de la Culture apportent leur
aide financière et logistique.
Cédric : Et morale!
Ces soutiens, au sein du Luxembourg, relativement nouveaux
d'ailleurs, sont-ils déterminants?
Sacha : C'est essentiel pour un pays
qui ne part de rien. Il faudrait, d'ailleurs, au fur et à mesure, développer
les espaces autour du groupe même,
du label à l'agence qui loue des vans!
Nicolas : Plus de choses se créent,
mieux c'est pour le futur au GrandDuché. Et à partir du moment où il y
des groupes qui mettent la machine
en route, pourquoi ne pas espérer
que d'autres personnes prennent le
relai et surfent sur la vague?
Cédric : Il y a beaucoup à faire au
pays. Mais c'est un beau challenge.
Cela permettrait, aussi, à certaines formations, de prendre
conscience de leur potentiel, et
d'abandonner un certain sentiment d'infériorité, très enraciné...
Sacha : C'est toujours en relation
avec la situation économique en vigueur ici. Déjà, il faut des groupes
précurseurs, qui ouvrent la voie et
montrent que ça peut marcher. Surtout que musicalement, le Luxembourg n'a pas à rougir ou à se cacher,
avec ses nombreux représentants, et
de qualité. Après, il faut lutter contre
les mentalités, comme on l'a déjà dit.
C'est comme ça, il faut savoir nager à
contre-courant.
Nicolas : Oui, il y des barrières à
faire tomber!
(*) Matt Bayls a notamment produit
des albums de Soundgarden, Pearl Jam,
Botch, Mastodon, Minus The Bear,
Norma Jean ou encore Isis.
TRIALS
> Deuxième LP
(après Danger Mouth - 2009)
> Produit, enregistré et mixé par
Matt Bayles au Red Room Studio
à Seattle (États-Unis)
> Mastering réalisé par Ed
Brooks au RFI Studios à Seattle
(États-Unis)
> Design signé Kit Mason
> Douze chansons
> Label : Redfield Records
(www.redfield-records.de)
> Sortie prévue : demain

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