La Neira - LES AMIS D`ALLEGRE
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La Neira - LES AMIS D`ALLEGRE
La NEIRA ! La brebis Noire du Velay authentique emblème de biodiversité. En patois du Velay, on ne dit guère « les moutons ». On emploie plutôt le terme générique de l’espèce, le féminin : « fedas » (feda’) : les brebis. Bélier se dit « aret », prononcé ari … Et mouton… mouton ! Aussi ne parle t-on pas des « moutons noirs du Velay », mais de « la brebis noire du Velay »… Sa toison de jais est exceptionnelle parmi les races ovines françaises. Noir aussi, le mouton nain d’Ouessant. Elle est authentiquement une part du Patrimoine Vellave. Comme un rappel des sols volcaniques. Lave noire ou basalte. La Neira (que vous prononcerez néÿr’ ou naÿr’ ). La Neira, la Noire. La Neira des Montagnes du Velay à la belle toison noire est reconnue, pour sa capacité d´adaptation, ses agnelages en toutes saisons. Elle tire des reliefs sauvages du Velay sa robustesse et sa souplesse d´adaptation aux conditions de vie dans les régions accidentées au climat rigoureux. Standard. Son standard est séduisant par sa beauté et la finesse de son squelette. La robe de l’agneau (ou agnelle) est noire, comme sa peau, avec parfois comme une jolie petite étoile blanche ou un petit bonnet blanc sur le sommet de la tête ou au bout de la queue ! Cette étoile blanche est une trace d’anciens croisements. Elle tend à disparaître. Le petit bout de queue blanc persiste davantage, mais est souvent coupé par mesure d’hygiène. Lorsqu’elle a passé toute la belle saison au pré, sous l’influence du soleil, sa toison vire du noir au brun foncé puis au brun-roux. Sa peau demeure noire, d’un noir-bleuté. La Neira est une brebis économe au format moyen (60 à 70 Kgs pour les brebis et 80 à 110 Kgs pour les béliers). Elle a un comportement maternel exemplaire. Origines. La Neira semble provenir du Moyen Orient et est arrivée en Auvergne lors de peuplements Celtes vers 1500 av JC. Elle a été peu touchée par la vaste mérinisation du cheptel sous Napoléon 1er. En France la laine était alors la valorisation principale de l’élevage ovin, bien devant le lait (fromages) et la viande. D’abord connue sous le nom de « Mouton Noir de Bains » (Bains, près du Puy-en-Velay), elle est désignée vers 1914, comme race ovine des plateaux volcaniques du Velay. En 1931 le Syndicat d´Elevage de la race en a sauvé, amélioré et fixé le standard. Sa dénomination actuelle de Noire du Velay est obtenue en 1950. On la rencontre désormais dans la plupart des régions montagneuses de France. Aptitudes. La Neira démontre sa rusticité par sa capacité d´adaptation aux conditions climatiques variables et sa bonne valorisation de surfaces peu productives. L´héritage du système traditionnel d´élevage rencontré sur les hauts plateaux volcaniques du Velay permet à cette bonne marcheuse d´exploiter des landes et des pacages parfois peu accessibles. Le bélier restait alors en permanence dans le troupeau et les agnelages s´étalaient toute l´année. Ce désaisonnement naturel est exploité rationnellement. Les béliers sont désormais « mis en lutte » par périodes. Cela autorise des systèmes d´agnelage raisonnés où près de la moitié des brebis du troupeau réalise une double mise bas dans l´année. Cette qualité primordiale assure la production et la commercialisation d´agneaux à « contre saison ». La Neira est calme, son instinct maternel exemplaire. Elle ramasse bien ses agneaux, ce qui limite la nécessité de constitution de cases d´agnelage. Ce comportement allié à une bonne production laitière assure des agneaux vigoureux à bonne croissance et facilite le travail des éleveurs en période d´agnelage. La fréquence des naissances gémellaires (prolificité moyenne = 153 %) et l´accélération du rythme d´agnelage favorisent une productivité annuelle élevée. La brebis Noire du Velay donne naissance à 1,9 agneau en moyenne chaque année. Cela reflète les potentialités de la race quelles que soient les pratiques d´élevage. Elle extériorise au maximum ses qualités en système intensif* et assure une production correcte en conditions moins favorables. La précocité sexuelle des agnelles favorise de bons résultats techniques dans les troupeaux grâce à une fertilité élevée dès l´âge de 7 mois. *. Toutefois les éleveurs respectueux de la nature et de la santé des brebis préfèrent l’élevage extensif, sur de grandes surfaces de prés naturels ! C’est heureusement souvent le cas ! Les brebis sont à l’herbe aussi souvent et longtemps que le permet le climat d’altitude de notre région. A la mauvaise saison les brebis sont en bergerie, nourries au foin naturel. Jeune mère avec ses deux agneaux. Utilisation en croisement. Les qualités bouchères des agneaux Noire du Velay sont appréciées malgré une conformation moyenne (20 % classé R). Ce classement est amélioré par le croisement avec des béliers de races plus lourdes. Dans les années 50 les éleveurs croisaient la Brebis Noire avec des béliers de race britannique SouthDown (prononcé en Velay « soudoune »). Actuellement on utilise plutôt des béliers Noirs du Velay, ou Suffolk, ou Limousins (blancs). La réponse au croisement de la race (80 % d´agneaux classés R) garantit des agneaux de qualité, à bonne croissance et bien conformés, appréciés par la filière pour la facilité de leurs débouchés*. *. Il convient de préciser qu’une croissance trop rapide, poussée, donne une chair moins fine et de moindre qualité gustative. Un avantage de l’élevage extensif à l’herbe, dans les prés, est que la croissance est plus lente, en apparence moins profitable pour l’éleveur. A croissance lente, viande fine, souple, tendre et goûteuse. Une croissance lente garde plus longtemps l’Agneau Noir à l’élevage. C’est donc plus coûteux pour l’éleveur. Mais c’est une garantie de qualité largement supérieure que le consommateur averti recherche et sait désormais apprécier ! Brebis Noire et bélier Suffolk. Implantation. Jadis à la limite de perdre ses qualités intrinsèques et son patrimoine génétique à cause des croisements anarchiques (antérieurement aux années 50), la Noire du Velay est en expansion. Elle est recherchée précisément pour ce qu’elle possède de spécifique, d’unique. Outre l’Auvergne (le Velay est la partie SudEst de l’Auvergne, la plus méridionale de cet ensemble du Massif-Central) des éleveurs l’implantent dans les Vosges, le Jura, les Alpes et Hautes-Alpes, les Pyrénées. Dans chacun de ces autres massifs montagneux, ainsi que dans le Cantal et le Puy-de-Dôme, on dénombre une moyenne de mille Noires du Velay. En Ardèche on atteint les 2500 bêtes. Les départements où on rencontre le plus de Brebis Noires du Velay, sont la Haute-Loire, puis par ordre alphabétique l’Ardèche, le Cantal, le Doubs et le Jura, l’Hérault, le Puy-de-Dôme, les Pyrénées, la Savoie. En Haute-Loire ce chiffre est de l’ordre de 22000, en croissance. Cette force de réaction des nouveaux éleveurs, bergers et moutonniers à la fois, force le respect et fait bien de la Noire du Velay un emblème de la biodiversité ovine locale. Un emblème de biodiversité ! Sélection. « La création de l´UPRA-ROM* en 1972 par un petit groupe d´éleveurs, fiers de leurs Neiras, et attachés à ses qualités de production et d´adaptation, a sauvé la race menacée par des croisements anarchiques avec des races à viande. L’amélioration rapide de la race repose sur le choix judicieux des reproducteurs mâles. Les adhérents de l´UPRA-ROM créent en 1978 un centre d´élevage de béliers pour conserver les meilleurs géniteurs. Fédérée au sein de l´UPRA, la Section Noire du Velay continue de sélectionner les reproducteurs sur les qualités d´élevage (prolificité et valeur laitière) sans dénigrer la rusticité, le désaisonnement et l´instinct maternel. Elle porte aussi un effort particulier sur l´amélioration des qualités bouchères, avec la mise en place de la Station de Contrôle Individuel des jeunes mâles en 2001, et sur la résistance à la tremblante, par la diffusion de béliers typés résistants. « 36 élevages, représentent 13 000 brebis. « Ils constituent la base de sélection et assurent la commercialisation annuelle de 60 béliers recommandés et 1000 agnelles inscrites. « Les éleveurs d’hier peuvent être fiers d’avoir pris en main le devenir de leur Noire du Velay, sauvée d’une disparition certaine, et ainsi d’avoir permis à de jeunes éleveurs de prendre la relève », proclame l’UPRA. *. UPRA : Union Pour La race : terme générique. *. UPRA-ROM : Union Pour La Race appliquée aux Races Ovines des Massifs. Quelques chiffres. Moyenne dans les bons élevages : Nombre de mise bas adulte = 378 Nombre d’agneaux nés Pourcentage de femelles agnelées deux fois Taux de prolificité Taux de productivité = = = = 651 39,25% 1,72. 2,383. Pics d’agnelages : avril, septembre et décembre (27 et 28%). Quelques dates : 1931 : création du Syndicat d’Elevage du Mouton Noir de Bains. Fixation du Standard de cette race. 1950 : dénomination Brebis Noire du Velay. 1972 : organisation de la Sélection au sein de l’UPRA. 1976 : mise en place d’un Centre d’Elevage de jeunes béliers Noirs du Velay pour diffuser les meilleurs reproducteurs. 1994 : début des campagnes d’insémination pour favoriser la connexion des troupeaux entre eux, et de diversification des origines pour éviter la consanguinité. 2000 : transformation du Centre d’Elevage en Station de Contrôle Individuel pour améliorer la sélection des béliers en direction des qualités bouchères. Cet article a été réalisé d’après : le Souffle de la Neira, l’UPRA, Pâtre, le livre « La Neira des Volcans », etc. Le troupeau photographié est celui du Gaec de Combe d’Azou, aux Astiers. Allègre. Texte et photos de G. Duflos pour l’Association des Amis d’Allègre. 2013.