etat des preservatifs feminins dans la strategie nationale de sante et

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etat des preservatifs feminins dans la strategie nationale de sante et
ETAT DES PRESERVATIFS FEMININS DANS LA STRATEGIE
NATIONALE DE SANTE ET DANS LE CADRE DE LA
SECURISATION DES PRODUITS CONTRACEPTIFS AU
CAMEROUN
RAPPORT D’ANALYSE
PREPARE PAR
L’ONG FEMMES-SANTE-DEVELOPPEMENT (FESADE)
Avril 2016
REALISE GRACE A L’APPUI TECHNIQUE ET FINANCIER DE :
TABLE DES MATIERES
ABREVIATIONS
2
INTRODUCTION
4
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
CONTEXTE DEMOGRAPHIQUE ET SANITAIRE EN MATIERE DE PLANIFICATION
FAMILIALE AU CAMEROUN
ENVIRONNEMENT POLITIQUE DE LA SANTE DE LA REPRODUCTION
5
ETAT DES LIEUX DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
8
1. Demande de services de PF
8
2. Offre de services de PF
8
INITIATIVES RECENTES ET EN COURS EN RAPPORT AVEC LA PLANIFICATION
FAMILIALE
9
1. L’Initiative FP2020
9
2. Le Mécanisme de Financement Mondial en soutien à chaque femme, Chaque enfant
/ Global Financing Facility (GFF)
9
6
3. Le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme
10
ETAT DES LIEUX DE L’APPROVISIONNEMENT DES CONTRACEPTIFS DANS LE
CADRE DE LA SECURISATION CONTRACEPTIVE
1. Approvisionnement en contraceptifs
10
2. Contrôle de qualité des contraceptifs
11
3. Financement des contraceptifs
11
4. Sources d’approvisionnement des bénéficiaires et coûts des contraceptifs
11
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
12
10
REMERCIEMENTS
14
DOCUMENTS DE REFERENCE
15
ANNEXE
16
1
ABREVIATIONS
AFASO
:
Association des Femmes et Amies Solidaires
ACMS
:
Association Camerounaise de Marketing Social
BUCREP
:
Bureau Central de Recensement et d'Etude de la population au Cameroun.
CAMNAFAW :
Cameroun National Family Welfare Association
CAPR/ FRPS
:
Centre d’Approvisionnement Pharmaceutique Régional
CARMMA
:
CBCHS
:
Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle et
Infantile en Afrique
Cameroon Baptist Convention Health Services
CENAME
:
CIPD
:
Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables
Médicaux Essentiels
Conférence Internationale pour la Population et le Développement
CIS
:
Cellule des Informations Sanitaires
CNLS
:
Comité National de Lutte contre le SIDA
CSI
:
Centre de santé Intégré
DIU
:
Dispositif Intra Utérin
DSF
:
Direction de la Santé Familiale
EDS – MICS
:
ESEC
:
Enregistrement et statistiques de l’Etat Civile
FESADE
:
Femmes –Santé –Développement
FP2020
:
Family Planning 2020
GFF
:
Global Financing Facility
GIZ
:
Organisme de Coopération Allemande
IPPF
:
International Planned Parenthood Federation
IST
Enquête Démographique de Santé- Multi Indicator Country Survey
Infections Sexuellement Transmissibles
LANACOME
:
Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments et d’expertise
MINSANTE
:
Ministère de la Santé Publique
OMD
:
Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG
:
Organisation Non Gouvernementale
ONU
Organisation des Nations Unies
OSC
:
Organisations de la Société Civile
PF
:
Planification Familiale
PLMI
:
Programme National de Lutte contre la Mortalité Maternelle et Infanto-juvénile
PPSAC
:
Projet de Prévention du Sida en Afrique Centrale
PSSC
:
Plan de Stratégique de Sécurisation des Produits Contraceptifs
2
PTF
:
Partenaires Techniques et Financiers
REJOSADE
:
Réseau des Journalistes pour la Santé et le Développement
RENATA
:
Réseau National des Tantines
RGPH-III
:
Recensement Général de la Population et de l’Habitat-III
RHSC
:
Reproductive Health Supplies Coalition
SIDA
:
Syndrome d’Immuno Déficience Acquis
SR
:
Santé de la Reproduction
SRMNEA
:
Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, Infantile et des Adolescents
SWAA
:
Society of Women Against Aids
UAFC
:
Universal Access For Female Condoms
UNFPA
:
United Nations Population Fund
USAID
:
United States Agency for International Development
VIH
:
Virus de l’Immunodéficience Humaine
3
INTRODUCTION
L’ONG « Femmes-Santé-Développement » (FESADE) s’est engagée depuis 2013 à
mener un plaidoyer en faveur des préservatifs féminins au Cameroun. Dans le
cadre du programme Universal Access to Female Condoms (UAFC), FESADE avait
travaillé avec le MINSANTE, ACMS, CAMNAFAW, SWAA-CAMEROON, et d’autres
Organisations de la Société Civile (OSC) pour contribuer à la promotion et la
distribution des préservatifs féminins au Cameroun. Les initiatives des plaidoyers
des OSC au Cameroun ont abouti en 2012 à une diminution des prix des
contraceptifs notamment des préservatifs féminins et en 2014, à l’inscription
dans le budget de l’Etat, d’une ligne pour l’achat des contraceptifs y compris les
préservatifs féminins, bien que ces allocations ne soient pas toujours mobilisées
effectivement.
Les allocations budgétaires de l’Etat sont accordées en fonction de choix
programmatiques consignés dans différents documents de politiques et stratégies
nationales. Ces documents formulent les orientations que le pays veut prendre
pour son développement dans une période donnée.
La présente analyse vise à décrire les options politiques et stratégiques du
Cameroun en matière de Planification Familiale (PF). Elle porte une attention
particulière sur la sécurisation des produits contraceptifs et s’appesantie sur les
préservatifs féminins, un des 13 produits essentiels pour la vie des femmes
considérés comme sous-utilisés et sous-financés par la Commission de NationsUnies sur les produits essentiels. Pourtant, il faut relever que dans le cadre de la
stratégie globale, « les préservatifs féminins sont la seule méthode initiée par la
femme offrant une double protection contre les grossesses non désirées et les IST,
notamment le VIH »1.
Le présent rapport d’analyse a vocation à être utilisé au Cameroun, comme un
outil de plaidoyer en faveur des produits contraceptifs en général et des
préservatifs féminins en particulier. Il a été élaboré dans le cadre d’un projet de
plaidoyer de quatre mois pour le renforcement du positionnement des
préservatifs féminins dans
la sécurisation des produits contraceptifs au
Cameroun, exécuté avec l’appui financier de la Commission des Nations Unies sur
les produits essentiels par le Reproductive Health Supplies Coalition (RHSC), et
l’appui technique de Rutgers (Pays-Bas).
1
Généraliser les produits indispensables aux femmes, aux enfants et aux nouveau-nés, Un kit de sensibilisation, Life
Saving Commodities , PATH, 2015, Page 42.
4
I.
CONTEXTE DEMOGRAPHIQUE ET SANITAIRE EN MATIERE DE
PLANIFICATION FAMILIALE AU CAMEROUN
Le Cameroun est un pays à revenu intermédiaire tranche inferieur situé en
Afrique Centrale. Les données du Recensement Général de la Population et de
l’Habitat (RGPH-III) effectué en 2005 estimaient la population du Cameroun à
17 463 836 602 habitants. Les travaux du BUCREP ont montré qu’avec un taux
annuel moyen de croissance de 2.6 %, l’effectif de la population du Cameroun se
situera à près de 22 millions en 2015 et à 40 millions en 2035.
Les données du RGPH-III montrent également une relative prédominance féminine
dans la structure par sexe de la population avec un rapport de masculinité de 97,7
hommes pour 100 femmes. En ce qui concerne la structure par âge, la population
camerounaise reste caractérisée par son extrême jeunesse. L’âge médian de la
population est de 17,7 ans et l’âge moyen se situe à 22,1 ans. La population ayant
moins de 25 ans représente 64,2%.
Selon l’EDS MISC 2011, L’indice Synthétique de Fécondité est évalué à 5,1 enfants
par femme au Cameroun. Ceci illustre un niveau de fécondité parmi les plus
élevés en Afrique. Au Cameroun, un tiers des femmes accouchent leur premier
enfant avant l’âge de 18 ans.
Selon les Enquêtes Démographiques de Santé (EDS) 2004, 2009 et 2011, la
mortalité maternelle au Cameroun a connu une augmentation constante. Elle est
passée successivement de 430 à 669, pour atteindre 782 décès maternels pour
100 000 naissances vivantes. Bien que la tendance de mortalité infanto-juvénile
soit légèrement à la baisse sur les trois années, leurs taux restent assez élevés
(146 en 2004, 144 en 2009 et 122 en 2011 pour 1000 naissances vivantes).
Le taux de prévalence du VIH au sein de la population générale au Cameroun est
estimé à 4,3% selon l’EDS MICS 2011. La même source indique, d’une part, que le
taux d’infection le plus élevé se situe dans la tranche d'âge de 25 à 39 ans, et
d’autre part, que dans la tranche d’âge particulière de 19-24 ans, les jeunes filles
sont trois fois plus infectées que les jeunes garçons. Ces données confirment non
seulement une juvénilisation, mais également une forte féminisation de la
pandémie sur le plan national. En effet, le taux de prévalence du VIH est
largement supérieur chez les femmes (5,6%) comparativement à celui des
hommes (2,9%).
Le taux de prévalence des méthodes contraceptive modernes au Cameroun est
faible. Selon l’EDS MICS 2011 il est seulement de 16,1% chez les femmes en âge de
procréer (15-49 ans), alors que la demande potentielle de la contraception est de
41,1% et les besoins non satisfaits de 23,4%. En ce qui concerne les jeunes filles
(15-24 ans) la prévalence contraceptive des méthodes modernes ne dépassent
guère 12,1%.
Au Cameroun, les femmes ont un niveau de connaissance de l’existence des
méthodes contraceptives modernes moins élevé que les hommes (pour 94 %
contre 98%). Le condom masculin est la méthode la mieux connue avec 91% chez
5
les femmes et 97% chez les hommes. Les préservatifs féminins, ne sont connus
qu’à 70% chez les femmes et 78% chez les hommes.
Les femmes en âge de procréer (15-49 ans) utilisent les méthodes contraceptives
modernes à des proportions diverses. Le tableau ci-après montre les taux
d’utilisation de certaines méthodes contraceptives modernes.2
Méthodes contraceptives modernes
Taux d’utilisation
condom masculin
10,8 %,
injectable
2.3 %
pilule
1,6%
DIU
0,2%
Implant
0,5%
Préservatif féminin
0,1%
Selon l’étude TRaC – UAFC (2012) commandée par l’ACMS,3 « …le préservatif
masculin est largement plus utilisé que le préservatif féminin, pour des raisons
d’abord d’aptitude à l’utiliser, puis de disponibilité, enfin de simple préférence.
Dans un tel contexte, le préservatif féminin se fraie un petit chemin, ... »
EtII.l’utilisation
durant les derniers
rapports sexuels
ENVIRONNEMENT
POLITIQUE
DE LA ???
SANTE DE LA
REPRODUCTION
Le Cameroun a pris des engagements importants dans le domaine de la santé de
la reproduction parmi lesquels :






l’adoption du concept de la santé de la reproduction en 1999,
l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en 2000,
la charte africaine sur les droits de l’homme relatifs aux droits de la femme et
de l’enfant (protocole de Maputo) en 2006,
la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle et
Infantile en Afrique (CARMMA) en 2010,
le plan d’action mondial du Secrétaire Général des Nations Unies en faveur de
la santé de la mère et de l’enfant en 2011,
l’atteinte des Objectifs de Développement Durables (ODD) 2015-2030
Le Cameroun s’est approprié ces engagements dans plusieurs documents et
programmes stratégiques nationaux tels que :
- Le Document de Politique Nationale de Population dans sa version de 1993 qui
s’est fixé comme objectif spécifique «Promouvoir et faciliter I’ accessibilité
2
3
Enquête Démographique et de Santé - Multi Indicator Country Survey, EDS MICS 2011, tableau 7.3, p. 104.
Rapport final White Dove, étude TRaC – UAFC, avril 2012, p. 7.
6
volontaire aux services de planification familiale en vue d’assurer la maitrise de
la fécondité, notamment par l’implantation de ces services sur toute l‘étendue du
territoire national».
- La Politique Nationale de SR qui a été révisée en 2012 en mettant une emphase
sur le repositionnement de la planification familiale et l’importance de la
distribution à base communautaire.
- Le Plan stratégique du Programme Multisectoriel de Réduction de la Mortalité
Maternelle, Néonatale, Infantile et Juvénile 2014-2018 (PNLMMI) qui a prévu entre
autres cibles, d’ «Assurer la disponibilité effective des intrants SMNI essentiels
(tests de dépistage du VIH, contraceptifs, ATB, Ocytocine, etc.) dans au moins 90%
des Hôpitaux de Districts/ CSI selon les normes d’ici 2018».
- Le Plan Stratégique SRMNI 2014-2020 dont l’un des objectifs est d’ «Augmenter
la prévalence contraceptive des méthodes modernes chez les Femmes en âge de
procréer de 16,1% à 30% à l’horizon 2020»
- Le Plan Stratégique de Sécurisation des Produits Contraceptifs (PSSC) 2015-2020
dont le but et est de contribuer à « l’amélioration de l’offre de planification
familiale ainsi qu’à une meilleure gestion des stocks des produits contraceptifs
afin d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des services de planification
familiale pour toutes les femmes et tous les hommes en âge de procréer de même
que pour les adolescents jeunes qui en ont besoin »
- Le Plan Opérationnel de Planification Familiale 2015-2020 qui a identifié parmi
les 10
interventions à haut impact, le renforcement de la chaine
d’approvisionnement en contraceptifs.
Il faut relever qu’au Ministre de la Santé Publique des groupes de travail
thématiques dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie sectorielle de
santé ont été mis sur pied, et parmi lesquels, le Groupe thématique Mère et Enfant
sous la coordination du Secrétaire Général. Ces groupes ont pour rôle d’assurer la
coordination des interventions en faveur de la santé de la mère et de l’enfant. Le
Sous-groupe Planification Familiale est un élément de ce groupe. Il intègre les
responsables du MINSANTE, du PNLMMI, les Partenaires au Développement, la
Société Civile et le secteur privé. Il se réunit une fois par trimestre pour discuter
des questions de planification familiale.
Le Gouvernement du Cameroun préconise l’intégration des préservatifs
masculins et des préservatifs féminins aussi bien dans le cadre de la lutte contre
le VIH/SIDA que dans le cadre de la planification familiale. L’intégration des
préservatifs par ces deux voies est importante, car les préservatifs féminins sont
des méthodes de protection double ; contre les grossesses non-désirées et contre
les IST, y inclus le VIH. Toutefois, les ressources à mobiliser pour les préservatifs
féminins doivent être plus accrus car le ceux-ci doivent encore bénéficier de
beaucoup de communication autour de son acceptation et de son utilisation ainsi
que de son rôle pour l’autonomisation des femmes et des filles.
7
III.
ETAT DES LIEUX DE LA PLANIFICATION FAMILIALE AU
CAMEROUN
La Planification Familiale (PF) est définie comme l’ensemble des méthodes
permettant à un couple de décider du nombre, de l’espacement et de la
planification des naissances. Le plan stratégique SRMNI 2014-2020 s’est donné
pour objectif d’atteindre un taux de prévalence contraceptive moderne de 30%
pour les femmes en âge de procréer (15-49 ans), un taux d’utilisation de méthodes
de longue durée de 20% et de réduire les besoins non satisfaits à 10%.
1- Demande de services en PF
Dans le diagnostic de la demande des services de PF du « Plan Opérationnel de la
Planification Familiale au Cameroun 2015-2020 » il ressort que, sur un total de 5
137 760 femmes en âge de procréer en 2014, plus de 3 026 141 ne se sentent
donc pas concernées par l’utilisation de la PF. En revanche, plus de 2 111 619
femmes, soit 41,1% de ces femmes, expriment le désir d’utiliser une méthode
contraceptive mais n’y ont pas accès pour diverses raisons, tels que l’opposition
d’un tiers, faute de connaissance, peur, rumeurs sur des effets secondaires,
barrières financières/ géographiques, et l’indisponibilité des services et produits.
Cette faible demande et utilisation de la PF expliqueraient en partie les taux
élevés de mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Il faut relever qu’au
Cameroun plus de 36% des grossesses ne sont pas planifiées et se terminent
souvent par des avortements provoqués qui peuvent être à haut risque.
Selon EDS-MICS 2011, Les méthodes modernes de la planification familiale
utilisées par la population en âge de procréer (15-49 ans) sont : les préservatifs
masculins (10,8%), les préservatifs féminins (0.1%), les injectables (2,3%), les
implants (0,5%) et les DIU (0,2%). Les taux d’utilisation pour les adolescents (15-19
ans) sont les suivants : les préservatifs masculins (11%), les préservatifs féminins
(0.2%), les injectables (0,5%), et les implants (0,1%)
2- Offre de services de PF
Il ressort des documents stratégiques du Cameroun que la PF fait partie du
paquet minimum d’activités de formations sanitaires. Toutefois cette offre souffre
d’une insuffisante quantitative et qualitative des ressources humaines. La base de
données des ressources humaines en PF montre que seulement 26 % de formation
sanitaires disposent d’au moins un prestataire formé en PF. De plus, les
prestataires en service dans les unités de PF sont en général peu formés pour
accueillir notamment les jeunes. Ce mauvais accueil a pour conséquence de
réduire l’accès des jeunes aux services de Planning Familial,
En ce qui concerne la disponibilité des produits contraceptifs, l’étude « Report on
the Evaluation of Family Planning Services in Cameroon 2011 » menée par le
MINSANTE et la GIZ estime que seulement 10% de la proportion de formations
sanitaires offrent au moins 5 méthodes modernes dans les services de Planning
Familial. La disponibilité des produits contraceptifs souffrent de certains
8
dysfonctionnent aussi bien dans l’évaluation de besoins réels que dans les
chaînes d’approvisionnement et de distribution. Ceci a pour conséquence
l’inexistence de produits contraceptifs souvent constatés en dehors de la capitale.
Les trois (03) produits contraceptifs compris dans la liste des 13 produits retenus
comme indispensables aux femmes, aux enfants et aux nouveaux nés sont
réglementairement autorisés au Cameroun. Il s’agit des préservatifs féminins ; de
la pilule du lendemain ou contraception d’urgence (Norlevo®) et des implants
contraceptifs (Implanon NXT/Jadelle).
IV.
INITIATIVES RECENTES ET EN COURS EN RAPPORT AVEC LA
PLANIFICATION FAMILIALE AU CAMEROUN
1- L’initiative FP2020
A la suite de plusieurs pays, le Cameroun a pris en 2015, des engagements dans
le cadre de FP2020. A cet effet 10 engagements ont été pris pour que d’ici à 2020,
900 000 femmes additionnelles soient mises sous contraceptions. Les
mécanismes de suivi et de coordination du Plan Opérationnel de PF au Cameroun
intègrent les indicateurs en PF. L’outil de collecte d’information sur la santé de la
mère et de l’enfant par la Cellule des Informations Sanitaires (CIS) sera alors
révisé pour prendre en compte ces différents indicateurs en vue de leur
exploitation dans le système national d’information sanitaire. Le nouvel outil
permettra de vérifier si l’augmentation du nombre de femmes sous méthodes
contraceptives modernes évolue vers les cibles prévues dans ce plan pour chaque
Région et notamment pour les trois Régions du septentrion (Adamaoua, Nord et
Extrême-nord) qui présentent les taux de mortalité maternelle les plus élevés au
Cameroun.
2- Le Mécanisme de Financement Mondial en soutien à l’Initiative Chaque
Femme, Chaque Enfant
Le Cameroun a été retenu comme un des 12 premiers pays éligibles et a engagé en
octobre 2015, son processus de mise en place du Mécanisme de Financement
Mondial (Global Financing Facility – GFF) pour la période 2015-2030. Le GFF est
un partenariat de financement impulsé par le pays pour fournir un financement
intelligent, à l’échelle et durable afin d’accélérer les efforts déployés pour mettre
fin aux décès évitables des mères, des nouveau-nés, d’enfants d’adolescents d’ici
2030.
Le Cameroun compte mobiliser à travers cette initiative, environ 7 milliard de
FCFA (soit 134 millions
USD) par an pendant 3 ans comme ressources
supplémentaires en soutien à la Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, Infantile et
des Adolescents (SRMNEA) ainsi qu’au système d’Enregistrement et de Statistiques
de l’Etat Civil (ESEC). La mise en place de ce Mécanisme est pilotée au Cameroun
par le Programme de Lutte contre la Mortalité Maternelle et Infantile (PLMI) et la
Direction de la Santé Familiale (DSF).
9
Les Organisations de la Société civile sont des représentés au sein de la
plateforme nationale du GFF. A ce titre les OSC participent régulièrement depuis
février 2016, aux travaux d’élaboration du Dossier d’Investissement sur la Santé
Reproductive, Maternelle, Néonatale, Infantile et des Adolescents (SRMNEA). Il faut
toutefois relever que l’inclusion et la circulation des informations au sein de la
Société civile doivent être améliorées afin de lui permettre de jouer son rôle au
sein de ce mécanisme.
3- Le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme
« Le Fonds Mondial » mobilise les fonds auprès des pays donateurs afin de
contribuer de manière durable et significative à réduire l’impact du VIH/Sida, de
la tuberculose et du paludisme auprès des populations vulnérables dans les pays
de revenus inférieurs.
Le « Fonds au Mondial » a dans la cadre du nouveau modèle de financement
accordé au Cameroun, un appui à son Plan stratégique de lutte contre le VIH et le
SIDA au titre des subventions pour la période 2015-2017. Les axes stratégiques de
ce plan portent entre autres sur le renforcement de la disponibilité et de
l’accessibilité aux préservatifs masculins et féminins pour la population générale,
le renforcement de l’assurance qualité des préservatifs masculins et féminins, le
renforcement de la promotion de l'utilisation correcte et systématique du
préservatif (masculin et féminin) en milieu jeune , sur les lieux de travail, et parmi
les populations clés et les autochtones.
V.
ETAT DES LIEUX DE L’APPROVISONNEMENT DES CONTRACEPTIFS
DANS LE CADRE DE LA SECURISATION CONTRACEPTIVE
1- Approvisionnement en contraceptifs
L’approvisionnement des contraceptifs au Cameroun est principalement tributaire
des donateurs dont les deux principaux sont l’USAID et l’UNFPA, pour la
distribution dans le secteur publique. Malheureusement cette forte dépendance à
l’égard des Partenaires Techniques et Financiers a souvent été à l’origine de
ruptures de stocks de contraceptifs.
Le Système National d’Approvisionnement en Médicaments Essentiels y compris
les contraceptifs repose en ce qui concerne le secteur public, sur la Centrale
Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux
Essentiels (CENAME) et les Centres d’Approvisionnement Pharmaceutique
Régional (CAPR). Toutefois, quelques structures du secteur privé telles que
l’ACMS, la CAMNAFAW/IPPF et la Cameroon Baptist Convention Heath Services
(CBCHS) acquièrent également des produits contraceptifs pour distribution dans
leurs propres cliniques ainsi que dans les structures publiques.
10
En ce qui ce concerne les préservatifs féminins, avec l'appui des partenaires tels
que l’UNFPA, l’USAID et le Programme UAFC, le Cameroun a commencé à travers
l’ACMS, un programme de distribution de préservatifs féminin avec 321 895
préservatifs féminins distribués en 2009 au Cameroun. Avec le passage à l’échelle
de la distribution des préservatifs féminins par l’approche du marketing social
d’ACMS, les préservatifs féminins sont de plus en plus connus par le public. On
estime à 923 000 le nombre de préservatifs féminins distribués au Cameroun en
2015. L’ACMS ayant distribué 812 000 à elle seule.
Les besoins de l’ensemble des contraceptifs sont quantifiés par le Sous-groupe PF
coordonnée par la Direction de la Santé Familiale (DSF) du Ministère de la Santé
Publique. Les prévisions des préservatifs féminins sont estimées à 5 016 478 pour
2016.
2- Contrôle de qualité des contraceptifs
Le contrôle de qualité de tous les produits contraceptifs au Cameroun, y compris
les préservatifs féminins, est assuré par Laboratoire National de Contrôle de
Qualité du Médicament (LANACOME). LANACOME est parfois confronté à des
difficultés liées à la disponibilité des équipements adéquats et à leur maintenance
ainsi qu’au renforcement des capacités des techniciens du Laboratoire. Le travail
de LANACOME est souvent ainsi conditionné par des contrats de partenariat avec
les firmes ou les institutions approvisionnement. Pour la parfaite réalisation de sa
mission, il est important que l’Etat camerounais puisse doter LANACOME des
moyens adéquats pour permettre à LANACOME de réduire cette dépendance
envers les fonds extérieurs.
3- Le financement des contraceptifs
Au Cameroun, les contraceptifs bénéficient essentiellement des financements des
partenaires techniques et Financiers (USAID, UNFPA, IPPF). Pour la période 20142020 le MINSANTE a estimé les besoins financiers en contraceptifs à 4 612 887,73
USD (soit environ 391 302 998 FCFA).
Le financement domestique des contraceptif est presqu’inexistant. En 2013 une
ligne budgétaire à hauteur de 100 millions FCFA avait été affectée à l’achat des
produits contraceptifs. Mais cette ligne a été constamment réduite au fil des
années pour se situer à 30 millions en 2015. Nous notons que ces fonds destinés
à l’achat des contraceptifs sont systématiquement utilisés pour d’autres urgences
de santé. Afin de pouvoir répondre de manière durable aux besoins financiers en
contraceptifs, Une réflexion est en cours au sein du Sous-groupe PF du MINSANTE
afin que les fonds alloués soient effectivement mobilisés pour l’achat des
contraceptifs et puissent éventuellement suppléer aux ruptures de stocks.
4- Sources d’approvisionnement des bénéficiaires et coûts des contraceptifs
Selon L’EDS-MISC 2011, seulement 20% des utilisatrices des méthodes
contraceptives modernes ont recours au secteur public pour se procurer leurs
produits. En général, les condoms masculins et les préservatifs féminins
11
s’obtiennent dans les points de vente du réseau de marketing social mis en place
par l’ACMS par des salons de coiffures, des boutiques, des pharmacies et des OSC.
A défaut d’en acheter, les jeunes se procurent souvent les préservatifs auprès de
leurs frères, sœurs et ami(e)s.
Au Cameroun actuellement, les préservatifs féminins, distribué par les réseaux de
marketing social de l’ACMS le sont sous les labels de « Protectiv » pour le FC2 et
« Sécurité Plus » pour le Cupid introduits au Cameroun par le Programme PPSAC.
Les prix de vente des préservatifs « Protectiv » ont connu une réduction pour se
vendre au prix de trois unités à 100 FCFA au lieu de 100 FCFA l’unité.
Cette baisse du prix des préservatifs « Protectiv » survenue en 2013 ont
immédiatement favorisé la distribution d’une quantité plus importante de
préservatifs féminins. Les préservatifs « Sécurité Plus » se vendent au prix de 2
unités à 100 FCFA. Ils permettent de diversifier l’offre en préservatifs féminin.
Il faut également noter que les produits contraceptifs sont classés comme
médicaments essentiels. Leurs prix sont régis par la LETTRE-CIRCULATION N°D3672/LC/MINSANTE/SG/DSF.
VI.
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Le Cameroun a globalement mis en place un environnement politique et
institutionnel favorables à la planification familiale. Toutefois de grands efforts
restent à faire pour traduire ces engagements en actions efficaces.
L’on note que les fonds prévus dans le budget pour l’achat des contraceptifs sont
insuffisants d’une part, et d’autre part ne sont pas mobilisés à cet effet. De ce fait,
la sécurité contraceptive au Cameroun reste fortement dépendante des
financements extérieurs.
Le Processus de mise en place du GFF est actuellement dans l’étape de
d’élaboration du Dossier d’investissement de la stratégie de financement.
L’implication des OSC au sein de plateforme nationale offrent une opportunité
pour la prise en compte des besoins prioritaires des populations à la base. En
effet, la demande en produits contraceptifs reste basse en raison des contraintes
géographiques, financières ou culturelles, tandis que les besoins non satisfaits en
planification familiale sont élevés. Certaines OSC ont intégré les groupes
techniques de travail notamment sur les thématiques de la mortalité maternelle et
de la santé des adolescents.
Dans la dynamique de la détermination des priorités au sein du GFF, une dizaine
d’OSC réunis autour de la plateforme pour les préservatifs féminins sont
mobilisés pour plaider en faveur du positionnement des préservatifs féminins
parmi les produits de planification familiale prioritaires.
12
Eu égard de l’état des lieux relatifs aux stratégies nationales portant sur les
produit contraceptifs en général et des préservatifs féminins en particulier, cette
analyse recommande :
AU GOUVERNEMENT :
Mettre en place des mécanismes susceptibles d’assurer la pérennité de l’offre
et la satisfaction de la demande des produits de Planification Familiale au
Cameroun;
Revaloriser le niveau de priorités programmatiques des produits contraceptifs
ayant un impact direct à la fois sur la santé sexuelle et reproductive, et sur
l’autonomisation des femmes tels que les préservatifs féminins ;
Amener les départements ministériels à prévoir les budgets adéquats non
seulement pour l’achat des produits contraceptifs mais également pour leur
distribution et leur programmation ;
Prendre en compte l’évolution de la recherche sur les produits contraceptifs et
diversifier l’offre y relative.
AUX ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE :
Développer les actions de plaidoyer pour l’augmentation progressive des lignes
allouées pour l’achat des contraceptifs dans le Budget de l’Etat ;
Mener des actions de plaidoyer et de mobilisation communautaire pour
l’appropriation, la promotion/l’adoption et l’utilisation du préservatif féminin
par les communautés en général et les femmes en particulier ;
Mieux s’organiser pour aider le gouvernement à apporter les données sur la
consommation réelle des produits, et la demande des produits contraceptifs ;
Veiller au respect des engagements et faire le suivi des promesses du
gouvernement, en collaboration avec les média.
AU SECTEUR PRIVE :
Mobiliser et orienter les ressources au sein des entreprises en direction de la
santé sexuelle et reproductive en général et l’approvisionnement en
contraceptifs en particulier, notamment les préservatifs féminins.
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REMERCIEMENTS
L’Equipe de FESADE exprime ses sincères remerciements à la Commission des
Nations Unis pour les Produits Essentiels et le Reproductive Health Supplies
Coalition (RHSC) pour ses encouragements et son appui financier ; à Rutgers pour
son appui technique ; au Dr Kouo Ngambi Marquise pour ses avis précieux dans la
rédaction de ce document ; aux organisations de la société civile du Cameroun
réunis autour de de la plateforme en faveur des préservatifs féminins, pour leur
engagement au plaidoyer et leurs
contributions à élaboration du présent
document. Il s’agit de l’ACMS, la CAMNAFAW, la SWAA-Cameroon, le
JNMAP/REJOSADE, Horizons-Femmes, le RENATA, AFASO, et Positive-Generation.
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DOCUMENTS DE REFERENCE

Planification Familiale, Plan Opérationnelle du Cameroun 2015-2020.

Programme National Multisectoriel de Lutte contre la Mortalité Maternelle
Néonatale et Infanto-juvénile au Cameroun, Plan Stratégique 2014-2020.

ACE Europe, Context International Cooperation. End of term evaluation UAFC
Joint Program phase II, evaluation report of the country visit Cameroon. Juillet
2015.

Plan Opérationnel du plan Stratégique National de Lutte contre le VIH/SIDA au
Cameroun 2014-2017, Avril 2014.

Plan Stratégique de Sécurisation des Produits Contraceptifs 2014-2020,
Septembre 2015

Cameroun, Enquête Démographique et de Santé et à indicateurs – Multiples

Etude sur les conditions de bénéfice du Dividende démographique au Cameroun,
MINEPAT, 2012.

Recherches sur l’internet :
 www.femalecondoms4all.org ,
 www.lifesavingcommodities.org ,
 les briefings sur le GFF de la part d’IPPF et de la RHSC, « AIDE-MÉMOIRE
DES CONSULTATIONS PAYS DU MÉCANISME DE FINANCEMENT
MONDIAL (GFF) »
 Le site du World Bank sur le GFF. Global Financing Facility Launched with
Billions Already Mobilized to End Maternal and Child Mortality by 2030
New partnership to raise resources from private capital markets to help close
global financing gap for investments in maternal, adolescent and child
health
 www.wrld.bg/M50zt : Financement Mondial en Soutien à Chaque Femme
Chaque Enfant
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ANNEXE
LISTE DE L’EQUIPE TECHNIQUE AYANT PARTICIPE A L’ELABORATION ET A LA
RELECTURE DU PRESENT RAPPORT
NOMS ET PRENOMS
STRUCTURE
Urbain ABEGA AKONGO
ONG Femmes-Santé-Développement (FESADE)
Valérie Gystiane TSEMO
ONG Femmes-Santé-Développement (FESADE)
Dr Marquise KOUO NGAMBI EKEDY
Direction de la Santé Familiale (DFS)
Saskia HÜSKEN
ONG Rutgers ( Pays-Bas)
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